UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
************
FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
**********
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE
(DS-A)
*********
MEMOIRE DE MAITRISE
SUJET
LA PROBLEMATIQUE DU TRAVAIL DES ENFANTS DANS
L'ARRONDISSEMENT DE GODOMEY
Soutenu par : Sous la Direction de
:
KANHONOU Henri Judicaël Dr Elisabeth FOURN
Maître-assistant à l'UAC
Membres du jury :
Président du jury : Dr Dodji H.M.
AMOUZOUVI, Maître-assistant
Rapporteur : Dr Elisabeth FOURN,
Maître-assistant
Examinateur : Dr Jean Marie BOTCHI,
Maître-assistant
Date de soutenance : Lundi 22 Novembre
2010
Salle de soutenance : Module 1
Heure de soutenance : 12h à 14h
Note obtenue : 16,5/20
Mention obtenue : Très bien
Année Académique : 2009-2010
DEDICACES
· A Dieu Tout Puissant, pour les bontés infinies
dont il m'a fait grâce. Merci.
· A mon père Adrien Atchadé KANHONOU et
à ma mère Victorine AVLESSI DOSSOU, pour tous les efforts et
sacrifices consentis pour toujours me donner l'essentiel ; que ce travail
puisse être le début de tous les espoirs.
· A mes frères et soeurs qui doivent savoir que
seul le travail bien fait est source de dignité.
· A tous les autres membres de ma famille, à mes
amis qui, de près ou de loin n'ont ménagé aucun effort
pour la réalisation de ce travail, sincères reconnaissances.
2
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
REMERCIEMENTS
'f' A notre Maître de mémoire, le
Docteur Elisabeth FOURN ; à qui je rends un grand
hommage pour avoir accepté de diriger ce travail. Tous les conseils
pédagogiques et les attentions de sa part ont permis d'améliorer
ce travail. Que ce travail soit donc l'expression de toute notre fierté
et notre admiration à son égard.
'f' A tous les professeurs, particulièrement ceux du
Département de Sociologie-Anthropologie, pour tout ce qu'ils ont fait
pour notre formation malgré les conditions difficiles. Qu'ils
reçoivent à travers ce travail toute notre gratitude.
'f' A Monsieur Hervé KOMBIENI pour tous ses conseils
et sa disponibilité.
'f' A M. Constant KITTI, de la Fondation Regard d'Amour.
'f' A M. Marcel DANSOUKPEVI, de la Direction
Générale du Travail.
'f' A toutes les structures en charge de la protection des
enfants et à toutes les personnes qui ont contribué à la
réalisation effective de ce travail.
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
SIGLES ET ACRONYMES
AGR : Activités
Génératrices de Revenus
BM : Banque Mondiale
BIT : Bureau International du Travail
BPM : Brigade de Protection des Mineurs
CS : Circonscription Scolaire
DGT : Direction Générale du
Travail
FRA : Fondation Regard d'Amour
INSAE: Institut National de la Statistique
et de l'Analyse Economique
NPE : Nouveaux Programme d'Etude
OIT : Organisation Internationale du
travail
OMD: Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG: Organisation Non Gouvernementale
RGPH: Recensement Général de
la Population et de l'Habitation
UNICEF: United Nations International
Children's Emergency Fund
(Fonds des Nations-Unies pour l'Enfance)
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
SOMMAIRE
INTRODUCTION.......................................................................................................................
7 1ERE PARTIE : PROBLEMATIQUE GENERALE DE L'ETUDE SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS A
GODOM EY
...............................................................................................
11 CHAPITRE I : FONDEMENT THEORIQUE
......................................................................
12
CHAPITRE II : DIFFERENTS PARCOURS DE RECUEIL DES
DONNEES SUR L'ETUDE DU TRAVAIL DES ENFANTS A GODOM EY
................................................... 29
2IEM E PARTIE : DETERMINANTS DU TRAVAIL DES ENFANTS
ET
IMPLICATIONS : RESULTATS ET ANALYSES
................................................................ 38
CHAPITRE III : LES FONDEMENTS SOCIOCULTURELS DU
TRAVAIL DES ENFANTSA GODOM EY
........................................................................................................
39
CHAPITRE IV : LES FONDEMENTS SOCIO-ECONOMIQUES DU
TRAVAIL DES
ENFANTSA GODOM EY 53
CHAPITRE V : LES IMPLICATIONS DU TRAVAIL DES ENFANTS A
GODOMEY 67
CONCLUSION..........................................................................................................................
86
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 87
ANNEXES 91
5
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET SCHEMA
PAGES
Liste des tableaux
Tableau N°I : Recherche documentaire 31
Tableau N°II : Répartition des enfants
interrogés par quartier 33
Tableau N°III : Classe d'âge des enfants 40
Liste des graphiques
Graphique N°I : Répartition des enfants
travailleurs selon le sexe 38
Graphique N°II : Niveau d'instruction des parents ou
tuteurs 42
Graphique N°III : Niveau d'instruction des enfants
interrogés 54
Graphique N° IV : Répartition des enfants suivant
les secteurs
d'activités 68
Schéma
Schéma présentant les motifs poussant les
enfants au travail
à Godomey ... . 65
6
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
RESUME
Les réalités du phénomène du
travail des enfants ont été constatées à Godomey,
un des arrondissements de la Commune d'Abomey-Calavi. Les enfants de Godomey,
en provenance de plusieurs localités du Bénin constituent une
grande partie de la main d'oeuvre exploitée par les adultes.
Le travail des enfants est un phénomène de
grande ampleur. Il a été longtemps occulté, mais un peu
avant les années quatre vingt dix, ce phénomène a
suscité une nouvelle mobilisation notamment de la part des institutions
internationales, des gouvernants, des ONG et des médias. Au
Bénin, la situation faite aux enfants ne laisse pas non plus
indifférent. Autrefois, le travail des enfants a été
passé sous silence compte tenu de certaines réalités
socioculturelles. En réalité, au sein des familles, les enfants
exerçaient des activités qui entraient dans le cadre de leur
éducation et de leur socialisation. Sans que cela ne soit une quelconque
exploitation, les enfants apprenaient et participaient aux travaux de leurs
parents. Aussi, en vue de consolider les liens de parenté et
d'amitié, les enfants étaient placés auprès de ces
parents et amis qui leur assuraient une bonne éducation.
Mais au fil du temps, la famille a connu une grande
transformation et, face aux contraintes économiques, les enfants sont
devenus des victimes des choix des personnes adultes. En effet, la bonne
tradition de placement des enfants s'est muée en une pratique mercantile
visant à laisser partir les enfants contre rémunération.
Aussi, les conditions de vie de certains parents font qu'ils se séparent
des enfants. En réalité, les enfants exercent des
activités qui, manifestement peuvent être synonymes
d'exploitation. Ces travaux affectent ainsi leur développement physique,
mental et émotionnel.
Mots clés : travail des enfants,
socialisation, réalités socioculturelles, contraintes
économiques.
7
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
INTRODUCTION
Les enfants constituent à l'instar des femmes, l'une
des couches les plus vulnérables de la société et l'espoir
de toute Nation. Aucun développement durable ne peut être
envisagé sans une prise en charge de leurs problèmes et de leurs
besoins par la communauté. L'enfance est une étape capitale dans
l'évolution de l'homme en relation avec sa société. Ainsi,
tout au long de sa croissance, le vécu de l'enfant dans diverses
situations peut avoir des répercussions sur sa vie.
La cellule familiale et les communautés de base sont
essentielles à l'épanouissement de l'enfant. Mais au fil du
temps, la famille se modifie et elle rencontre des difficultés pour
garantir ses fonctions (éducation, socialisation, protection ...)
auprès de l'enfant. Les enfants deviennent alors les principales
victimes de ces bouleversements. En effet, les enfants très
choyés autrefois, sont aujourd'hui de plus en plus
considérés comme des charges. On admet qu'ils soient
présents précocement sur le marché du travail ou dans la
rue, privés ainsi de leur enfance. Comme exemple, en matière de
travail des enfants, «on estime qu'environ 350 millions d'enfants sont
concernés dans le monde ; plus de 8 millions se trouvent dans une des
pires formes de travail des enfants : enfants soldats, prostitution,
pornographie, travail forcé, trafics et activités illicites
» (OIT, 2002).
Mais de plus en plus, les conditions de vie de l'enfant font
l'objet d'une attention particulière de la part des Gouvernants, des ONG
et des Organismes Internationaux.
Cette mobilisation sociale prend une envergure
planétaire car, à des degrés divers presque tous les pays
qu'ils soient africains, européens, américains, asiatiques sont
touchés par les préjudices qu'entrainent les mauvais traitements
que les enfants subissent. Ces traitements ont un effet néfaste sur ces
enfants.
8
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Aussi, note-t-on depuis 1989 une prise de conscience de plus
en plus grandissante de la communauté internationale et des
gouvernements, au sujet des problèmes relatifs à la survie et
à l'épanouissement des enfants. Cette prise de conscience s'est
traduite par la tenue de plusieurs conférences internationales sur les
enfants. Avec l'adoption de la convention relative aux droits des enfants par
l'Assemblée Générale des Nations Unies le 20 Novembre
1989, la communauté internationale a abordé la question du
développement et de l'amélioration des conditions de vie des
enfants de façon beaucoup plus spécifique.
Par ailleurs, si le travail des enfants existe dans quasiment
tous les pays du monde, c'est dans les pays en développement qu'il est
le plus fréquent. En termes de proportions, c'est « l'Afrique
sub-saharienne qui montre les taux les plus élevés, souvent
liés à la pauvreté du pays » (OIT, op cit).
Le Bénin en particulier n'échappe pas à
ce phénomène. En 2002, on dénombrait « 661.000
enfants de 6 à 17 ans travaillant au Bénin dont 480.000
âgés de 6 à 14 ans » (RGPH3, de 2002).
Ces enfants sont sur les chantiers de construction,
travaillent comme vendeurs sur les marchés, sont employés comme
domestiques ou exploités dans les carrières. Ils sont aussi
nombreux dans les ateliers, travaillant en tant qu'apprentis et constituent le
plus souvent une main d'oeuvre gratuite.
Généralement privés d'instruction,
beaucoup viennent des zones rurales pauvres pour occuper ces emplois dans les
milieux urbains.
Face à ce phénomène grandissant, il
devient impératif de connaître les principaux facteurs liés
au travail des enfants tels que les origines, les conditions de vie de ces
enfants et les conséquences de leurs activités aussi bien sur
leurs environnements physique et social que sur leur propre avenir.
Les réponses à ces interrogations qui ont
été élaborées à Godomey, un des
arrondissements de la commune d'Abomey-Calavi, se trouvent dans un
9
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
diagnostic du phénomène étudié,
fruit d'un ensemble de recherches méthodiques. L'objectif principal est
d'aider à mieux comprendre le phénomène du travail des
enfants à Godomey.
Pour y arriver, il sera abordé dans un premier temps
la problématique générale de l'étude sur le travail
des enfants, ensuite les déterminants et les implications du travail des
enfants présentés dans la restitution et l'analyse des
données.
10
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
1ère Partie : PROBLEMATIQUE
GENERALE DE L'ETUDE SUR
LE TRAVAIL DES ENFANTS A
GODOMEY
11
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
CHAPITRE I : FONDEMENT THEORIQUE
Cette partie traite de la base théorique qui
confère à cette recherche une valeur scientifique. Dans ce
chapitre, il sera question de manière successive du problème de
la recherche, des hypothèses, des objectifs de la recherche, de la
clarification conceptuelle, de la justification du choix du sujet, de la revue
de littérature et du modèle d'analyse.
I-1 Problématique
I-1-1 Problème de la recherche
Lorsque l'enfant apparaît, le cercle de la famille
s'agrandit. L'enfant constitue en Afrique, une véritable source de
richesse. Selon KEITA (1988) : « l'enfant est la vie. Lui seul
arrête la mort. Il en est l'unique et le plus efficace remède.
Grâce à lui, la vie sur terre se perpétue. Il est le lien
entre celui-ci et l'au-delà, entre ceux d'ici bas et ceux d'en haut et
de partout. Don de Dieu, il est aussi l'ancêtre, le parent disparu
réincarné ». Il permet donc d'assurer la continuité
de la lignée. C'est dire donc que l'enfant est un membre précieux
de la famille. Son éducation est assurée par la
communauté, la famille élargie. Les valeurs sociales du groupe
sont transmises aux garçons par le père et les oncles, tandis que
la mère et les tantes assurent l'éducation des filles.
Mais de nos jours, la pauvreté surtout celle absolue
traduisant l'incapacité d'une population ou d'un individu à
satisfaire ses besoins fondamentaux c'est-à dire se nourrir, se
vêtir, s'instruire, se loger et se soigner affecte une grande partie de
la population mondiale. Les populations de l'Afrique sub-saharienne sont
généralement plus touchées par ce phénomène
dont les manifestations ont une influence négative et notoire sur le
foyer tout entier, particulièrement sur les enfants ; et par
conséquent sur l'avenir de l'humanité.
En effet, avec le bouleversement des structures sociales et
le recul de la solidarité communautaire, l'éducation de l'enfant
est de plus en plus
12
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
confinée à la cellule familiale restreinte.
Elle revient désormais à ses géniteurs qui, avec le
développement des activités économiques et les charges
sociales n'arrivent plus à répondre entièrement aux
besoins des enfants. En plus, les effets de la crise financière qui ont
appauvri les populations ont conduit à l'effritement des valeurs
sociales et à certains comportements déviants observés
à l'égard des enfants.
Malheureusement, ces enfants ne seront pas à l'abri
d'un certain nombre de vices parfois acceptés socialement. Entre autres,
il y a la traite sous forme de travail des enfants. Selon les
spécialistes, le travail des enfants touche plusieurs secteurs
d'activités dont l'agriculture, les mines, l'artisanat, etc. ...
Par ailleurs, l'incapacité des parents à
subvenir aux besoins des enfants a conduit ces derniers, bien encore
vulnérables à la rue, au trafic ou à la vente, au travail
précoce et même à la prostitution. Cette situation explique
les mauvais traitements, les violations de tous genres dont les enfants sont
victimes et qui compromettent leur survie et leur développement.
Il est, en effet, très fréquent de rencontrer
dans beaucoup de villes et villages du Bénin, Godomey en est un exemple
particulier, des enfants sans défense, qui travaillent dans des
ateliers, sur des chantiers où ils subissent de nombreux sévices
de la part de leurs patrons. Ils sont également utilisés dans des
ménages au service de leurs employeurs. Châtiés,
surexploités, mal nourris, ces enfants aux regards inquiets sont
désespérés. Ils sont livrés pour la plupart aux
adultes qui semblent ignorer leurs droits. On les aperçoit aussi,
très souvent, marchandises sur la tête entrain de vendre des
produits divers et ce, sous un soleil accablant.
Bien que privés de loisirs et n'ayant que l'univers de
travail comme seul mode de vie, ils bénéficient très peu
de la bienveillance des
13
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
populations qui ont plutôt tendance à
considérer cette situation qui concerne un bon nombre de ces enfants
comme normal.
Très souvent, « il s'agit des enfants qui
n'accomplissent pas des travaux légers, mais au contraire travaillent
pendant des périodes plus longues en accomplissant des tâches qui
mettent en danger leur sécurité et nuisent à leur
santé physique ou mentale ou à leur développement »
(UNICEF 2007).
Aussi, assiste t-on à l'émergence de formes
pernicieuses du travail des enfants par des tiers avec la pauvreté des
familles, la mondialisation de l'économie, etc. Et ceci va plus loin en
réduisant l'enfant à l'état de «marchandise».
En outre, l'existence de réseaux de placement
organisés en filières ou transfrontaliers, constitue un
phénomène d'autant plus préoccupant qu'il se
développe rapidement à la faveur d'une aggravation de la
pauvreté en zone rurale et d'une demande croissante en main d'oeuvre
enfantine non coûteuse, destinée aux stratégies de survie
des ménages. Face à tout cela, le phénomène du
travail des enfants est bien réel et prend de l'ampleur.
Selon le 3ème RGPH de 2002, le Bénin
comptait 480.245 enfants travailleurs de moins de 15 ans. Et la majorité
de ces jeunes béninois au travail sont dans l'agriculture (60%), le
commerce (19%). Il y a aussi des ouvriers non agricoles (9%) et 4% dans les
services notamment les aides familiaux. En ce qui concerne le milieu
d'étude, bien que l'agriculture y soit peu développée,
Godomey regroupe toutes les catégories du travail des enfants
précédemment cités.
Ces conditions de vie privent les enfants de
l'éducation notamment scolaire pourtant fondamentale à tout
enfant.
Le Cahier des villages et quartiers de ville du
département de l'Atlantique (2004), estime à 23.724 le
nombre d'enfants de 06 à 11 ans dans l'arrondissement de Godomey. Mais
la question fondamentale qui se
14
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
pose est de savoir, pourquoi une partie de cette population,
pourtant scolarisable se retrouve dans la rue, les ateliers ou dans des
ménages entrain de vaquer à des occupations autres que
scolaires.
Ce tour d'horizon permet de se rendre compte de
l'écart qui existe entre ce que devrait être la vie de ces enfants
et les réalités quotidiennes auxquelles ils sont
confrontés.
Par ailleurs, GODET et al (2008), dans leur analyse
prospective, indiquent-ils que l'étude d'un phénomène
sociologique doit se faire à partir d'un diagnostic précis,
nécessitant une meilleure connaissance de son passé et de son
présent, afin de pouvoir projeter de nouvelles perspectives.
De toute évidence, même si les enfants semblent
vivre, en toute silence leur situation sociale dans ce milieu, une étude
mérite d'être faite pour connaitre les causes de ce
phénomène.
Ce qui permet de poser la question de recherche dans les
termes suivants : quels sont les fondements socioculturels et
économiques du travail des enfants ? Les réponses à cette
interrogation impliqueront de connaître également les
conséquences de ces activités sur les enfants.
Il s'agira de déterminer les causes et les
conséquences du travail des enfants dans l'arrondissement de Godomey.
En vue de répondre à ces interrogations, des
hypothèses ont été émises pour la recherche.
I-1-2 Hypothèses de la recherche
L'hypothèse de recherche étant la
prévision d'un lien entre un ou plusieurs facteurs et le problème
étudié qu'il est possible de vérifier, celles qui suivent
permettront d'étudier la problématique qui vient d'être
posée. Elles sont formulées comme suit :
· Les habitudes traditionnelles de placement sont à
l'origine du travail des enfants ;
15
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
· La situation socio-économique des parents
explique le phénomène du travail des enfants ;
· Le travail des enfants constitue un handicap pour leur
épanouissement.
Ces hypothèses impliquent la formulation des
objectifs.
I-1-3 Objectifs de la recherche
Ils sont de deux ordres à savoir : l'objectif
général et les objectifs
spécifiques.
I-1-3-1 Objectif général
La présente recherche vise de manière
générale à analyser les
situations qui poussent les enfants à travailler tout en
déterminant les
implications que cela engendre pour eux.
I-1-3-2 Objectifs spécifiques
Cette recherche vise de façon spécifique les
objectifs suivants :
· Identifier les pratiques socioculturelles de placement
qui sont à l'origine du travail des enfants.
· Déterminer les bases économiques du
placement et du travail des enfants.
· Analyser les conséquences des activités
exercées par les enfants sur leur bien-être tant physique,
psychologique, moral que social.
Après cette étape, il s'agira d'expliciter les
thèmes utilisés à travers la clarification des
concepts.
I-2 Clarification Conceptuelle
Dans le cadre de cette recherche, il est utile de
définir les concepts clés afin qu'il y ait une idée
précise de ce qui est traité. Les thèmes suivants
16
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
seront clarifiés: enfant, travail des enfants, enfant
placé et environnement social.
Au sens de la convention relative aux droits de l'enfant
adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies
le 20 Novembre 1989 en son article 1er, « un enfant
s'entend de tout être humain âgé de moins de dix
huit (18) ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu
de la législation qui lui est applicable » (UNICEF, 1990).
Selon GRAWITZ (2004), on retient que « l'enfance est la
période du développement de l'individu de la naissance à
l'adolescence ». Aussi, selon l'OIT(1999) « un enfant
est une personne de moins de dix huit (18) ans »; puisqu'il est
souvent considéré que les enfants de moins de cinq (05) ans sont
trop jeunes pour travailler (même s'il existe des cas d'abus), les
statistiques ne prennent souvent en compte que les enfants entre cinq (05) et
dix-sept (17) ans.
Il est entendu ici par enfant, tout
être humain dont l'âge est compris entre six(06) et quatorze(14)
ans inclus et dont les aptitudes physiques et mentales limitent naturellement
les domaines d'activités.
Ces limites sont fixées compte tenu de
l'article 107 du chapitre III du titre V du code du travail
qui stipule : « les enfants ne peuvent être employés
dans aucune entreprise même comme apprenti avant l'âge de
quatorze(14) ans. Un décret fixe la nature des travaux et les
catégories d'entreprises interdites aux jeunes gens et l'âge
limite auquel s'applique l'interdiction » (Code du travail 1985).
Que revêt l'expression travail des enfants
?
La définition de cette expression pose problème
dans la mesure où, il est difficile de faire la part exacte entre ce qui
relève du travail des enfants et ce qui n'en relève pas. La
définition varie suivant la signification qu'on donne aux termes «
enfant » et « travail ». En
effet, comme le soulignait SCHLEMMER (1996) : « comment considérer
comme travail l'aide
17
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
ménagère qu'apporte cette fille à sa
propre famille, le coup de main que donne ce garçon dans la boutique de
son père [...], ou encore l'aide ménagère qu'apporte une
fillette à la famille qui a accepté de l'accueillir, le coup de
main que donne ce garçon placé en apprentissage ? ».
Selon le BIT (2002), il s'agit de faire la part entre
l'acceptable et l'inacceptable.
La participation des enfants à des travaux qui ne
nuisent pas à leur santé et à leur développement
physique et qui n'entravent pas leur scolarité est une expérience
positive. Sont concernés les travaux ménagers exercés au
sein de la famille, les activités légères menées en
dehors des heures d'école et pendant les vacances pour gagner de
l'argent.
Le travail des enfants fait appel aux
travaux susceptibles de :
-nuire à la santé et au développement
physique, mental, moral ou social des enfants ;
- compromettre leur éducation en les privant de leur
scolarisation, en les contraignant à abandonner de façon
prématurée l'école ou encore en les obligeant à
cumuler activités scolaire et professionnelle.
De là, par le travail des enfants, il
est entendu toute stratégie que les enfants développent en tant
qu'individus en situation pour surmonter leurs nombreuses difficultés.
Il prendra en compte ici toute activité menée par ces enfants
moyennant une rémunération ou non mais exclu par contre toute
activité des enfants entrant dans le cadre de leur socialisation, de
leur éducation ou de l'aide qu'ils sont sensés apporter à
leur parents.
Les enfants placés se retrouvent dans
deux(02) catégories.
La première est constituée des enfants
placés en apprentissage et qui se retrouvent dans
différents corps de métiers. Pour les apprentis garçons,
ils sont mécaniciens, menuisiers, aide-maçons, matelassiers, etc.
En ce qui concerne les apprentis filles, elles sont : couturières,
coiffeuses, etc. Ils sont en majorité une main d'oeuvre gratuite et
docile pour les patrons.
18
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La seconde catégorie constitue ceux qui sont les plus
exploités et les plus courants en milieu urbain. Ce sont les
»Vidomègon'' ou enfants placés
auprès d'un tiers en langue Fon du Sud Bénin. Ils sont
placés chez des particuliers pour être des `bonnes' à tout
faire. En majorité, les petites filles se retrouvent dans ce cas
où elles vivent dans des conditions difficiles, de servilité
très visible.
I-3- Justification du choix du sujet
Tout fait social est toujours étudié dans un
espace et dans un temps précis. Godomey a été choisi comme
cadre de cette étude pour plusieurs raisons. Etant donné que
toute recherche commence toujours par un constat, le plus souvent fruit d'une
observation, la présente recherche a été portée sur
Godomey parce que marqué par un phénomène dont la
persistance a réveillé notre esprit scientifique : le travail des
enfants. Ce constat pourrait ne pas faire l'objet d'une recherche s'il se
limitait seulement à quelques enfants. Mais sa
généralisation pose sans aucun doute un certain nombre de
problèmes. Le travail des enfants, tel qu'il se présente touche
toutes les communes du Bénin. Son ampleur est donc nationale. En vue
d'objectivité, de concision et de contraintes financières,
l'étude a été limitée à Godomey. En effet,
partageant les limites de la commune de Cotonou, où le travail des
enfants est une évidence, Godomey aussi se trouve au coeur de cette
réalité.
Par ailleurs, il s'agira aussi de faire ressortir les
particularités de ce milieu face au sujet d'étude.
La partie suivante présente un aperçu des
ouvrages lus et la méthode d'étude adoptée.
19
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
I-4 Revue de littérature
« La recension des écrits constitue la pierre
angulaire de l'organisation systématique d'une recherche. Aucun
chercheur sérieux n'oserait entreprendre une recherche sans avoir au
préalable vérifié l'état de la question au niveau
des écrits sur le sujet investigué » (ASSABA 2002).
C'est fort de cela que des informations ont été
recueillies sur le sujet qui fait objet de recherche.
Les écrits sur le travail des enfants ont fait l'objet
d'étude des chercheurs. Seulement, force est de constater qu'il existe
très peu d'ouvrages sociologiques sur le travail des enfants. Ces
écrits existant posent un diagnostic sommaire qui fait état des
causes, des conséquences et de l'ampleur grandissant que prend le
phénomène. D'autres abordent les stratégies de lutte
contre le travail des enfants. Le principal objectif est l'élimination
des formes les plus pernicieuses de l'exploitation des enfants. Il est à
remarquer aussi que le travail des enfants est un mal qui mine le monde entier
; car tous les continents connaissent à des degrés divers cette
réalité.
En effet, en Europe par exemple, selon les auteurs ARIES
(1975) `'L'enfant et la vie familiale sous l'ancien Régime»
et MANIER (2003) `'Le travail des enfants dans le
monde», le travail des enfants existe depuis l'antiquité.
L'enfance étant une période courte en raison de la faible
espérance de vie, les jeunes filles sont mariées tôt (14
à 15 ans) et les enfants participent aux tâches domestiques et
agricoles. Le cercle familial est le principal « lieu de travail
», les enfants participant ainsi à l'économie du
ménage. En plus, si les garçons apprennent progressivement le
métier du père, les filles sont éduquées à
la tenue de la maison. Mais à partir du Moyen-âge, les enfants
commencent à travailler hors du foyer pour répondre à la
fois à la demande d'employeurs recherchant une main d'oeuvre peu
coûteuse et au besoin des familles pauvres de subvenir à leurs
20
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
besoins. La révolution industrielle était aussi
une opportunité pour les industriels d'exploiter les enfants.
En Afrique par contre, comme le soulignait GBESSEMEHLAN et al
(1989), l'enfant occupe une place de choix au sein du groupe social.
Considéré comme une incarnation des ancêtres, il est le
signe de leur présence et est une source de bonheur encore plus pour les
époux. Etant donné qu'il stabilise les couples, il est
également une garantie des parents pour leur période de
vieillesse. Ce qui fait qu'il était très intégré au
groupe auquel il appartient.
Dans les milieux traditionnels, l'enfant vit en groupe
où il subit une éducation. Selon ADEPOJU et al (1999), la famille
est d'abord un organe économique, à la fois en tant
qu'unité de production et en tant qu'unité de consommation. Car
dans le contexte culturel traditionnel africain, un enfant est
considéré à la fois comme un symbole de joie et comme un
appui économique, de sa naissance à son adolescence et à
partir du moment où il (ou elle) est capable de soutenir un parent
âgé. L'enfant était un soutien productif et les parents
retirent habituellement une immense satisfaction à en avoir.
L'importance du travail vu sous l'angle de la socialisation a
été abordé par ASSABA (1989) qui écrivait dans sa
thèse de doctorat que « ... le jeune garçon ne se
dérobe pas aux mêmes contraintes imposées à la jeune
fille de six ans aux environs de dix ans. Seulement, à partir du moment
où il peut tenir la houe dans le cas où ses parents sont
agriculteurs, il devra être en mesure d'avoir et de cultiver son petit
lopin de terre à côté de celui de ses parents ». Tout
ceci vise à rendre l'enfant responsable et à l'intégrer au
sein de sa communauté. À cet effet, le travail des enfants
demeure un moyen de socialisation et d'éducation important dans la
société traditionnelle, surtout dans le secteur rural.
21
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
DURKHEIM (1992) quant à lui, définit la
socialisation comme étant le processus par lequel la
société attire à elle l'individu, à travers
l'apprentissage méthodique de règles et de normes par les jeunes
générations ; elle favorise et renforce
l'homogénéité de la société.
Des auteurs classiques jusqu'aux sociologues des
années 1990, on remarque une préoccupation constante pour les
fonctions de la famille. Le PLAY, cité par QUÉNIART et al (1998)
voyait la famille souche comme une forme idéale de famille, dans son
rôle de maintien et de reproduction des valeurs et des traditions. Dans
le même sens, DURKHEIM (1921), cité par QUÉNIART,
s'inquiétait de l'émergence d'une nouvelle forme de famille, la
famille conjugale, qui, par son repli sur le domestique, le relationnel et
l'affectif, risquait d'engendrer plus d'anomie.
VALOIS (1966), en ce qui la concerne insiste beaucoup plus
sur le rôle du père et de la mère au sein de la famille.
C'est donc le père qui détient formellement l'autorité.
C'est lui qui dirige la production et qui, par conséquent, s'occupe de
l'apprentissage des enfants dans l'exécution des travaux de ferme. Quant
à la mère, elle se voit aussi attribuer un rôle
d'éducatrice, dans les travaux de la maison et du potager, et surtout
dans la transmission des valeurs religieuses et morales. Mais sa
présence se manifeste principalement à travers la relation de
confiance qui existe entre elle et ses enfants. Et l'on peut même dire
que "c'est par la puissance des liens affectifs qu'elle régit la
communauté familiale, sous l'autorité officielle du
père".
D'un autre point de vue, FOUEDJIO (2008) fait état de
tout ce qui conduit les parents à choisir pour leurs enfants d'aller
à l'école ou non. Pour lui, certes, le poids de la
pauvreté et l'imperfection du marché des capitaux pèsent
dans la décision de scolariser ou de faire travailler un enfant ; mais
ce ne sont pas là les seuls facteurs explicatifs. Il cite DESSY et
PALLAGE (2000), qui apportent une autre contribution au débat. Pour
22
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
ces chercheurs, la décision de l'offre du travail
infantile s'opère dans un cadre de jeu stratégique entre les
ménages et les entreprises. Chaque partie anticipe la décision de
l'autre soit à investir en éducation, soit à investir en
haute technologie. Il en découle que l'existence du travail des enfants
part d'un manque de coordination entre les décisions des parents et
celles des entreprises. Il se pose donc un double problème : celui de la
création des compétences et celui de l'absorption des
compétences nouvellement créées. La création des
compétences est conditionnée par le bon fonctionnement du
système éducatif ; et même si ces compétences
étaient créées, et que les entreprises ne peuvent les
absorber du fait de leur faible industrialisation, il s'en suivrait le
chômage. Ayant connaissance de ces informations, les ménages
pauvres ne désirent donc pas investir en éducation. En effet, la
décision de scolariser les enfants est essentiellement l'oeuvre des
parents. L'enfant n'est plus seulement une source de revenus
complémentaire pour le ménage. Il est aussi perçu comme un
coût d'investissement. Mis à part l'exigence de le nourrir, il
faut aussi l'éduquer. Or l'éducation des enfants engendre des
coûts que doivent supporter les parents. Le ménage est donc
amené à arbitrer entre mettre l'enfant au travail et lui donner
une éducation. C'est un point important en Afrique où
l'investissement de l'État dans le domaine scolaire devient de plus en
plus rare, voire inexistant. De plus, la crise économique que
connaissent bon nombre de pays africains a également bloqué le
recrutement dans tous les secteurs d'activités. De ce point de vue,
l'école ne joue plus, aux yeux des parents ou des chefs de
ménages, le rôle de garant de l'embauche une fois les
études terminées. Les ménages cherchent donc plusieurs
alternatives.
Dans la recherche de ces alternatives, les enfants sont
amenés à quitter leurs parents. Ainsi, ils sont privés de
leurs droits et leur force de travail est abusée.
23
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Selon un article de la BM (2001), les données de l'OIT
indiquent que plus de 40% des enfants africains travaillent. `'Beaucoup de
garçons du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Ghana, du Togo et du
Bénin émigrent pour travailler dans les plantations en Côte
d'Ivoire et au Nigéria, à côté d'enfants
réfugiés venant du Libéria et de Sierra
Léone». Par des réseaux de trafic transfrontalier, beaucoup
d'enfants se retrouvent en dehors du territoire national pour aller exercer des
travaux champêtres. Ce qui porte préjudice à leur
avenir.
En effet, à cet âge, l'enfant doit être
à l'école et non entrain d'exercer des activités
économiques.
A propos du travail des enfants, selon une étude de
l'INSAE (2003) menée sur : `'Les caractéristiques des
personnes vulnérables au Bénin», plusieurs raisons
expliquent l'absence des enfants des salles des classes. Ainsi, la
prédominance des aides familiales observées en milieu rural peut
être attribuée à l'utilisation d'une main d'oeuvre
abondante non rémunérée, constituée en
majorité d'enfants dans les travaux champêtres. Cette pratique
conduit les parents à retirer leurs enfants de l'école pendant la
période d'intenses activités champêtres. En milieu urbain
par contre, où les activités qui prédominent sont autres
que les travaux agricoles et où l'artisanat de production (menuiserie,
taillerie,...) et l'artisanat de services (mécanique, coiffure,...) sont
très développés, la plupart des enfants non
scolarisés et déscolarisés sont envoyés en
apprentissage chez des patrons qui exercent dans ces domaines.
Par ailleurs, en ce qui concerne la non scolarisation ou la
déscolarisation, certains parents ne sont guère motivés
à envoyer leurs enfants à l'école. Eux-mêmes en
majorité analphabètes voient dans l'école un état
de luxe auquel leur état de pauvreté ne permet d'accéder,
et ils préfèrent occuper leurs enfants à des tâches
domestiques, voire économiques.
24
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Aussi, de l'ouvrage du BIT (2002) : `'Eradiquer les
pires formes du travail des enfants», retient-on que la
pénurie d'infrastructures scolaires adéquates, la
considération selon laquelle l'école est inadaptée aux
conditions et aux besoins locaux compte tenu des connaissances abstraites
qu'elle véhicule, sont autant de raisons qui éloignent les
enfants d'elle.
A travers ces différents aspects, on remarque que les
causes du travail des enfants sont multiples. Face à tout ceci, des lois
et des conventions existent pour remédier au mal. Les gouvernants, les
ONG, les Institutions Internationales oeuvrent et adoptent des
stratégies plus ou moins efficaces. Le Bénin dispose de textes
législatifs et réglementaires sur lesquels sont basées
toutes les actions de protection et de défense des enfants travailleurs.
On peut donc citer la Loi N°2006-04 du 05 Avril 2006
portant conditions de déplacement des mineurs et
répression de la traite d'enfants en République du Bénin.
Il y a également le code du travail, la convention N°138 de l'OIT
sur l'âge d'admission à l'emploi ; la convention des droits de
l'enfant signée par le Bénin en Août 1990 ; la charte
africaine des droits de l'enfant de Mai 1996.
Les gouvernants se sont longtemps contentés de
déclarer illégal le travail des enfants en violation des
prescriptions légales édictées sans s'appesantir sur les
écarts énormes à réduire entre la
législation et la réalité sociale.
TINKPON(1999) dans son mémoire de D.E.A portant sur
`'l'exploitation économique des enfants au
Bénin'' décrit les caractéristiques du travail
des enfants et les fondements de l'exploitation de ceux-ci. Il fait
également une analyse des différentes mesures de protection des
droits des enfants.
Il est évident que la question sur le travail des
enfants a été largement traitée par de nombreux
chercheurs, mais il est toujours mieux
25
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
de la traiter en rapport avec les particularités du
milieu d'étude. C'est pourquoi le problème du travail des
enfants, en particulier dans l'arrondissement de Godomey demande une
étude spécifique à ce milieu. Ce qui conduit au
modèle d'analyse adopté pour cette recherche.
I-5 Modèle d'analyse
En vue d'expliquer de façon rationnelle le fait
social, plusieurs théories aussi variées les unes que les autres
apparaissent.
Certains auteurs précédemment abordés
dans la revue de littérature tels que DURKHEIM (op. cit) et QUENIART et
al (op. cit), abordent la question sous un angle fonctionnaliste. DURKHEIM
insiste sur le fait que c'est la société qui façonne
l'individu. Dans une famille par exemple, les parents ont pour rôle de
nourrir et d'éduquer l'enfant jusqu'à sa majorité.
QUENIART et al font ressortir la variété des définitions
sociales de la famille, des rôles respectifs des parents et des autres
agents de la socialisation.
Plus distant de DURKHEIM et plus occupé par le
rôle de l'individu, MALINOWSKI (1968) formule de façon plus nette
et originale encore les principes fondateurs du fonctionnalisme.
Selon GRAWITZ (2001), la difficulté de saisir la
cause, a orienté certains sociologues vers l'interprétation des
faits sociologiques par la notion de fonction. L'idée de fonction permet
d'analyser certaines situations, de fournir des observations ; mais elle
demeure à un niveau d'explication limité. MERTON (1965),
distingue à côté des fonctions, les dysfonctions qui
gênent le système.
Ainsi, pour le fonctionnalisme, la société est
plus que la somme des parties qui la composent. Comme dans un corps vivant,
chaque segment (la famille, l'école...) remplit un rôle
précis et contribue à la bonne marche du système social.
La famille a une hiérarchie. Ainsi, la position ou le statut de
26
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
chaque individu lui confère des rôles. Ceci
participe au fonctionnement de la famille. La fonction de la famille est
surtout d'assurer la socialisation de l'enfant, à savoir lui inculquer
l'ensemble des dispositions que suppose le fonctionnement du système
social. La fonction parentale consiste à éduquer et à
protéger l'enfant. Mais si l'enfant est amené à travailler
tôt, il faut se demander si ce rôle que les parents doivent jouer
est bien perçu. Le rôle de l'enfant dans ce contexte
répond-il à son âge, à son intelligence, à sa
force de travail ? Cette situation ainsi faite à l'enfant implique t-il
un dysfonctionnement ?
Quant au structuralisme, l'accent est surtout mis sur la
structure. L'explication d'un fait social ne peut se faire qu'en rapport avec
d'autres faits sociaux. Permanence et cohérence permettent au
structuralisme de prendre son sens. Les organes d'une société
forment la structure. La composition et le mode de fonctionnement de
l'unité familiale inclue l'organisation de la parenté. Il y a la
structure familiale et la structure d'accueil de l'enfant. Dans la
hiérarchie structurelle familiale, l'enfant est le dernier venu. De part
sa position, l'enfant dépend de ses parents. Le rapport parent-enfant
n'est pas toujours en sa faveur. Il n'est pas libre de faire tout ce qu'il
veut. L'enfant peut être amené à évoluer dans la
structure familiale ou non. Autant dans la structure familiale que dans la
structure d'accueil, le travail précoce de l'enfant n'implique t'il pas
une exploitation abusive de sa force de travail ?
Mais en voyant les limites de ces deux théories,
certains auteurs propose un alliage d'où le structuro-fonctionnalisme.
Selon PARSONS cité par GRAWITZ (2001), le point de départ ici,
est la société. Quelles sont les fonctions qui doivent être
remplies pour qu'elle existe ? Cette façon de poser la question est
fonctionnelle, l'analyse est aussi structurale, parce que les
éléments qui composent la société sont
considérés comme faisant partie d'un système global
où ils tendent à perpétuer l'équilibre
nécessaire pour
27
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
que persiste la société. RADCLIFFE-BROWN (1968)
reprend à son compte l'idée que les différentes
composantes d'une société peuvent s'expliquer par les fonctions
qu'elles remplissent et par le concours qu'elles apportent à la bonne
marche de la structure d'ensemble.
La présente étude sera fondée sur le
structuro-fonctionnalisme. Il s'agira d'identifier les acteurs en
présence, d'établir les liens et relations entre ces acteurs ;
car chacun d'eux dans leur ensemble forment la structure. En ce qui concerne
l'analyse fonctionnelle, il s'agira de trouver la fonction que joue chacun des
acteurs pour l'existence du travail de l'enfant. Chacun de ces acteurs jouent
un rôle en faveur de l'enfant, qui peut être
considéré comme l'acteur principal. A cet effet, les
différents éléments d'analyse dégagés
permettront de répondre aux questionnements du dysfonctionnement ou du
fonctionnement de la structure familiale relatif au travail des enfants. Quels
sont donc les facteurs explicatifs de ce fait ? Cette recherche s'articulera
à comprendre les causes inhérentes au travail précoce des
enfants.
Cela passera au travers d'une démarche
méthodologique particulière.
28
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
CHAPITRE II : DIFFERENTS PARCOURS DE RECUEIL DES
DONNEES SUR L'ETUDE DU TRAVAIL DES ENFANTS A GODOMEY
Dans ce chapitre, il sera abordé la
présentation générale de Godomey, ainsi que la
méthodologie qui a été adoptée au cours de cette
étude.
II-1 Cadre d'étude
II-1-1 Situation géographique et administrative
A toutes fins utiles, il est à rappeler que
l'arrondissement de Godomey est situé dans la commune d'Abomey-Calavi.
La commune d'Abomey- Calavi est située dans la partie Sud de la
République du Bénin et du département de l'Atlantique.
Elle est limitée au Nord par la commune de Zè, au Sud par
l'océan Atlantique, à l'Est par les communes de So-Ava et de
Cotonou et à l'Ouest par les communes de Tori-Bossito et d'Ouidah. C'est
la commune la plus vaste du département de l'Atlantique dont elle occupe
plus de 20 % et s'étend sur une superficie de 539 km2, ce qui
représente 0,48% de la superficie nationale du Bénin.
La commune d'Abomey-Calavi compte neuf (09) arrondissements au
nombre desquels Godomey, dirigé par un chef d'arrondissement.
L'arrondissement de Godomey est limité au Nord par les
arrondissements de Calavi, de Togba, de Ouèdo et de Hêvié,
au Sud par l'océan Atlantique, à l'Est par la commune de Cotonou
et le lac Nokoué et à l'Ouest par la commune de Ouidah.
Godomey est composé de neuf (09) quartiers à
savoir : Cococodji, Cocotomey, Dèkoungbé, Godomey-N'Ghèho,
Houalacomey, Salamey, Togbin, Godomey Togoudo, Ylomahouto.
La connaissance du milieu physique implique de porter un
regard sur le milieu humain, ainsi que sur les activités
économiques qui s'y mènent.
29
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
II-1-2 Milieu humain et activités
économiques
II-1-2-1 Groupes sociolinguistiques et croyances
religieuses
La population est l'ensemble des personnes vivant sur un
territoire à un moment donné. L'accroissement de la population de
Cotonou ajouté aux problèmes environnementaux, les sites
marécageux et l'absence de nouvelles terres disponibles ont amené
bon nombre d'habitants à choisir les environs immédiats de
Cotonou, en particulier Godomey. En effet, l'arrondissement subit une influence
de part sa proximité avec Cotonou.
Ainsi, le RGPH3 de 2002 indique que la commune
d'Abomey-Calavi comptait 307.745 habitants soit 21% de la population des
départements de l'Atlantique et du Littoral.
L'arrondissement de Godomey concentre à lui seul plus
de la moitié de la population de toute la commune. Il compte une
population d'environ 153.447 habitants (RGPH3, 2002).
Les groupes socioculturels en présence sont : les
Aïzo, les Fon, les Toffin, les Yoruba, les Nagots, les Goun et autres.
La diversité culturelle de Godomey est marquée
par une population qui évolue et qui est mobile.
Par ailleurs, en ce qui concerne les religions
pratiquées, il y a les religions traditionnelles et les religions dites
`'révélées». Ces religions
révélées sont le christianisme et l'islam.
On note une adhésion apparente pour ces religions
notamment le christianisme avec les temples qui sont érigés un
peu partout.
Dans leur quotidien, les habitants de Godomey exercent
plusieurs activités. Ces activités sont
énumérées dans le point suivant.
30
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
II-1-2-2- Activités socioprofessionnelles
Ces activités sont constituées par les
activités économiques et professionnelles accomplies par les
acteurs sociaux de Godomey dans le but de satisfaire leurs besoins.
L'arrondissement de Godomey compte plusieurs marchés
notamment ceux de Godomey, de Cococodji et de Cocotomey. Ces marchés
fonctionnent comme des marchés de distribution de divers produits. Les
habitants vivent du commerce. Ils s'adonnent aussi à d'autres
activités telles que l'agriculture de subsistance, le petit artisanat,
l'élevage et la pêche qui n'est pas très
développée malgré l'existence des cours d'eau. Les
habitants sont aussi des fonctionnaires du secteur public, du secteur
privé ou travaillent simplement à leur propre compte.
A des degrés divers, ces différentes
activités menées nécessitent le recours à des aides
qui, pour la plupart du temps sont des enfants.
II-1-2-3 Influence du milieu sur le travail des enfants
Du point précédent, on constate que
l'agriculture, l'artisanat, le commerce, le fonctionnariat sont les principales
activités menées par les habitants de la localité de
Godomey. Aussi, quel que soit le type d'activité exercée, la
présence d'enfants est très remarquée.
Les enfants sont présents dans la menuiserie, la
mécanique, la soudure, la maçonnerie. En général,
c'est un travail non rémunéré parce qu'ils sont
considérés comme des apprentis. Les activités agricoles ou
autres étant en perte de vitesse compte tenu de l'urbanisation
accélérée, la situation précaire et instable des
parents suite à leur baisse de revenu font que les enfants ne trouvent
plus un soutien et sont contraints à l'apprentissage.
Par ailleurs, les fonctionnaires résidants à
Godomey n'étant pas présents au cours de la journée ont
besoin d'enfants pour s'occuper de leurs
31
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
propres enfants et des tâches ménagères.
Une des raisons évoquées entre autres pour la
préférence des enfants est qu'ils semblent mériter plus de
confiance que les grandes personnes.
Pour mieux aborder cette recherche, une méthode
d'étude propre a été élaborée.
II-2 Nature de l'étude
Pour mieux appréhender le phénomène
étudié et recueillir des informations fiables, une analyse aussi
bien quantitative que qualitative sera effectuée.
Les données quantitatives recueillies sur le terrain
seront particulièrement utiles pour estimer l'incidence du travail des
enfants à partir des données statistiques.
Les informations qualitatives sont appropriées afin de
comprendre la nature, les causes et les conséquences du travail des
enfants. D'autre part, l'analyse qualitative permettra de collecter les
données sur les enfants et leurs conditions de vie à travers des
discussions et des entretiens. Des entretiens avec les personnes ressources
apporteront plus d'informations pour étayer ces analyses.
II-3 Sources d'information
II-3-1 sources documentaires
Il a été consulté dans le cadre de cette
étude : des articles, des revues, des rapports, des mémoires et
des ouvrages afin de s'imprégner de la tradition existante au sujet du
travail des enfants. A cet effet, différents centres de documentation
sont parcourus.
Le tableau suivant fait le point des informations obtenues.
32
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Tableau N°I : Recherche
documentaire
N°
D'ordre
|
Centre de documentation
|
Types de documents consultés
|
Nature de
l'information obtenue
|
01
|
Centres de documentation de l'ENAM et de la FLASH
|
Mémoires
|
Informations générales et constitution de
la bibliographie
|
02
|
Centres de documentation de la FRA et de l'UNICEF
|
Articles, rapports, mémoires et revues
|
Informations d'ordre spécifique,
historique, juridique
|
03
|
Bibliothèque de la Fraternité Saint
Dominique
|
Ouvrages sociologiques
|
Informations d'ordre théorique
et méthodologique
|
04
|
Ministère de la Famille et de la Solidarité
Nationale
|
Rapports, revues
|
Informations d'ordre juridique et
cadre institutionnel
|
|
Source : Données de terrain (2009)
Suivant chaque centre de documentation, les informations
obtenues ne sont pas les mêmes. Mais toutes les informations
reçues ont été très utiles pour la suite de la
présente recherche.
- II-3-2 Sources orales
Les informations orales sont obtenues par suite des
enquêtes de terrain qui ont été effectuées avec
l'utilisation de questionnaire et de guide d'entretien.
II-3-2-1 Pré-enquête
Commencée le 13 Mai 2008, elle a pris fin le 23 Mai
2008. Cette phase a permis, à la suite des premières informations
recueillies de reformuler les hypothèses et les objectifs de la
recherche, puis de revoir les outils méthodologiques pour la
recherche.
II-3-2-2 Enquête proprement dite
Après le dépôt du protocole de recherche,
le maitre de mémoire, après validation, a autorisé la
réalisation de l'enquête de terrain proprement dite. Ainsi, elle a
débuté le 16 Février 2009 et a pris fin le 15 Juin
2009.
33
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
A cette phase, il est important de préciser la
population qui a fait l'objet d'étude, ainsi que les techniques
utilisées pour collecter les données.
II-4 Groupe cible et échantillonnage
Cette étude porte sur le travail des enfants à
Godomey. La population cible de l'étude est donc constituée des
enfants travailleurs dont l'âge varie entre six (06) et quatorze (14)
ans.
Les chiffres du `' Cahier des villages et quartiers de
ville» du département de l'Atlantique de 2004 évaluent
à 61981 le nombre d'enfants de 0 à 14 ans, vivant à
Godomey. Ceux de 0 à 5 ans sont de 26084. Mais étant donné
que ceux-ci ne font pas partie de la tranche retenue, ils sont exclus de
l'échantillon.
Par ailleurs, la tranche d'âge retenue pour cette
étude qui est de 6 à 14 ans représenterait selon les
mêmes sources 35897 enfants.
Vu cet effectif important qu'ils représentent, et
conscient de l'impossibilité de pouvoir les interroger tous, il s'est
avéré indispensable, dès ce moment, de choisir un
échantillon représentatif d'un sous-ensemble de cette population
cible.
Fort de cela, les techniques non probabilistes
d'échantillonnage ont été utilisées. Ce choix a
été fait parce qu'il n'était pas possible de disposer
d'une base de données exhaustive sur les enfants : (Nom, prénoms,
âge, lieu de travail, résidence, etc.).
A cet effet, la technique qui a été
utilisée est l'échantillonnage par choix raisonné. Les
critères qui ont servi à opéré ce choix sont :
l'âge et l'occupation des enfants lors de l'enquête.
En plus, des personnes ressources et des structures en charge
de la protection des enfants ont été approchées.
34
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Mais tenant compte du fait que, le travail des enfants ne
serait pas une réalité sans des acteurs qui en profitent, les
employeurs et les parents représentent aussi un groupe cible.
A cet effet, l'échantillonnage par boule de neige a
été utilisé. Il a consisté à constituer
l'échantillon des parents des enfants à partir d'informations
précises obtenues de personnes ressources. A partir des personnes
ressources, il a été possible de remonter à des parents
qui ont leurs enfants en situation de travail.
Par ailleurs, en ce qui concerne la taille de
l'échantillon, sa détermination exacte a été
difficile dans un premier abord. Mais à un certain niveau de
l'enquête, les informations reçues ne permettaient plus de
rassembler de nouveaux éléments. Face à ce constat de
récurrence, l'échantillonnage a été
arrêté. Au total, il a été interrogé au cours
de cette recherche 107 personnes dont : 73 enfants, 15 employeurs et patrons,
15 parents et 07 personnes ressources.
Ne pouvant prendre en compte tous les quartiers de
l'arrondissement de Godomey, cette étude s'est portée sur six
(06) quartiers présentés dans le tableau N° II.
Tableau N°II :
Répartition des enfants interrogés par quartier
Quartiers parcourus
|
Nombre d'enfants
|
COCOCODJI
|
10
|
COCOTOMEY
|
12
|
DEKOUNGBE
|
09
|
HOUALACOMEY
|
11
|
SALAMEY
|
12
|
TOGOUDO
|
19
|
TOTAL
|
73
|
|
Source : enquête de terrain
(2009).
35
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Le tableau N°II rend compte du nombre d'enfants
effectivement interrogés dans les quartiers qui ont été
parcourus. Cette phase permet de déboucher sur les techniques et outils
utilisés pour l'investigation.
II-5 Techniques et outils de collecte de données
Les techniques utilisées sont : l'entretien, le
questionnaire, et l'observation.
L'entretien semi-directif avec un guide d'entretien a permis
de recueillir des informations auprès des personnes ressources qui sont
les parents, les structures (FRA, BPM) et d'autres acteurs.
La grille d'observation est utilisée pour
l'observation directe. Cette observation se fera dans les ateliers, les
marchés et autres lieux d'activité des enfants.
Aussi, le questionnaire à la fois technique et outil
d'investigation sera-t-il utilisé prioritairement pour les enfants en
vue d'avoir des informations sur leur condition de travail.
Les données prises sur le terrain ont fait l'objet de
dépouillement.
II-6 Traitement et analyse de données
Après avoir recueilli les données sur le
terrain, le dépouillement des fiches s'est déroulé
manuellement. En vue de limiter les pertes d'informations, les données
recueillies ont été traitées chaque jour. Ensuite, les
chiffres obtenus ont été rassemblés dans des tableaux et
des graphiques, grâce aux logiciels Word et Excel, ce qui a pu permettre
de faire les analyses.
Un schéma présente la synthèse des motifs
poussant les enfants au travail.
De façon systématique, les données sont
analysées et les aspects socioculturels et économiques du travail
des enfants et leurs conséquences ont été
dégagés.
36
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Ces résultats ainsi obtenus et analysés sont
présentés en trois chapitres récapitulés comme suit
:
- Le premier chapitre fait état des fondements
socioculturels du travail des enfants.
- Le deuxième chapitre présente les fondements
socio-économiques du travail des enfants.
- Le troisième chapitre aborde les implications du
travail des enfants.
Ces différentes parties font l'objet de la seconde
partie dont les chapitres sont synthétisés dans la restitution et
l'analyse des données.
37
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
2ième Partie :
DETERMINANTS DU
TRAVAIL DES ENFANTS
ET IMPLICATIONS :
Résultats et analyses
38
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
CHAPITRE III : LES FONDEMENTS SOCIOCULTURELS
DU TRAVAIL DES ENFANTS A GODOMEY
Au cours des investigations, les différentes
informations reçues sur le terrain montrent que le travail des enfants
est en partie lié à des habitudes propres à la
société.
Ainsi, au niveau socioculturel, plusieurs facteurs entrent en
ligne de compte pour étayer les causes du travail des enfants.
L'éducation est la première cause qui se trouve rattachée
à ces facteurs.
III-1- L'éducation familiale
La famille, cellule de base de la société
représente le creuset au sein duquel se forme la personnalité de
l'enfant. Elle représente le cadre essentiel de son éducation
avant l'âge scolaire et même après. La famille doit jouer
envers les enfants un rôle de protection et de sécurisation, mais
également de préparation à la vie, à la vie en
société et pour être plus précis, à un
rôle de socialisation en vue de bien intégrer les enfants. Par ce
fait, elle s'inscrit dans la même logique que DURKHEIM (1992) qui
écrit que : « l'éducation est l'action exercée par
les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore
mûres pour la vie sociale.
Elle a pour objet de susciter et de développer chez
l'enfant, un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux
que réclament de lui, la société politique dans son
ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement
destiné ».
L'apprentissage par l'enfant de la culture, des valeurs et
des règles de la société commence très tôt au
sein de sa communauté. Au cours de ce processus de socialisation,
l'enfant gagne en savoirs. Les enfants de Godomey ne font pas exception
à la règle. Les investigations menées montrent que ces
enfants viennent d'un peu partout du Bénin. Mais la
39
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
lleurs
nombre total d'enfants travai
graphique
préciser que
, il est utile de
Avant de procéder à l'analyse
du
dans diverses
activités.
tous les enfants interrogés ont
déjà des savoir-faire
filles. Il faut remarquer
que le nombre élevé de garçons par
rapport aux
grande majorité de ces enfants vient du Sud et du
Centre (Abomey, Allada
,
Zè, Toffo, Porto
Le graphique questionnés.
Graphique
Répartition des enfants travailleurs selon leur
sexe
-Novo)
N°I :
N°I, ci-dess
.
ous présente le
43,9%
56,1%
Gaçons
Filles
Source : Données de terrain
(2009)
En matière de savoir-faire, il
s'agit de toutes activités que les enfants
mènent au cours de leur processus de
socialisation. Au nombre de ces
activités, on peut
énumérer les petits travaux domestiques, l'aide
apportée à
leur père ou oncle dans les divers métiers
qu'ils exercent.
Ainsi, quand on fait une première lecture, on
remarque que sur les 73
enfants travailleurs interrogés 56,1% sont des
garçons et 43,9% sont des
filles vient du fait qu'il y a un nombre important de
garçons en
apprentissage que de filles. Le nombre
élevé de filles se trouve surtout au
Réalisé et présenté par
KANHONOU H. Judicaël
40
niveau des enfants qui sont utilisées comme des
domestiques ou comme vendeuses. (Cette partie sera abordée dans la suite
de l'analyse).
Toutefois, au niveau du graphique N°I, il est à
souligner que déjà très tôt, les enfants sont
initiés aux travaux de leurs parents. L'initiation des enfants telle
qu'elle se fait participe entièrement à leur éducation.
Selon les propos des parents auprès desquels l'enquête a
été menée, « l'éducation de l'enfant ne
pourrait être entière si celui-ci ne participait aux menus travaux
de la maison et cela dès le bas-âge » (parents
enquêtés, 2009). De même, l'enfant doit pouvoir au fur
et à mesure qu'il grandit participer aux activités
économiques de ses parents. Et c'est dans cet ordre d'idées que
ERNY(1987) définissait l'éducation comme : « le processus de
transmission de certaines pratiques, l'ensemble des moyens mis en oeuvre
collectivement et par lesquels une société initie sa jeune
génération aux valeurs et aux techniques qui caractérisent
la vie de sa civilisation ». De ce fait, on comprend aisément
pourquoi la totalité des garçons et des filles interrogés
ont une connaissance de base dans les travaux domestiques, champêtres et
autres. Pour certains parents interrogés, « les enfants
débordent d'énergie et la meilleure manière de les occuper
serait de leur confier quelques responsabilités qui font d'eux des
individus utiles à la communauté » (parents
enquêtés, 2009).
Ces données confirment dans une certaine mesure celles
de MERAND(1977) qui affirme que : « l'enfant participe aux travaux des
champs sous forme de jeu. Après les semailles, par exemple on fait appel
à lui pour crier à tue-tête, facilité naturelle
qu'ont tous les enfants ».
Par ailleurs, dans son mémoire de maîtrise,
QUENUM (1992) clarifie sur le fait que les membres de la famille assurent
à l'enfant dès son bas-âge une intégration sociale
en lui donnant le sentiment d'appartenir au groupe, en le `'coulant» dans
un `'moule» de coutume et de tradition tout en lui inculquant le
goût du travail et l'effort physique. Concrètement, en
41
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
l'éduquant. Et c'est toujours lui qui l'a clairement
mentionné dans les propos suivants : « ... ainsi, le garçon
devait recevoir une éducation virile, être courageux et
travailleur. Il était initié aux travaux champêtres,
à la construction de case, à grimper aux palmiers et aux
cocotiers pour récolter les régimes mûrs ». La prise
en compte de tous ces aspects amène à dire que les enfants de
Godomey dès la tendre enfance ne sont pas prédestinés
à la paresse.
A juste titre, les données du tableau N°III
montrent les classes d'âge des enfants qui ont été
interrogés.
Tableau N° III : Classe d'âge
des enfants
Sexe
Classe d'âge
|
Masculin
|
Pourcentage masculin(%)
|
Féminin
|
Pourcentage féminin (%)
|
[06-10 [
|
17
|
41,4
|
11
|
34,3
|
[10-14 [
|
24
|
58,6
|
21
|
65,7
|
|
Source : Données de terrain
(2009)
Les données de ce tableau corroborent de toute
évidence avec l'analyse du graphique N°I, qui a été
faite précédemment. En effet, déjà dans la classe
d'âge des [6-10[, représentant 41,4 % chez les garçons et
34,3% chez les filles, dès le jeune âge les enfants sont enclins
à travailler. Au niveau de la seconde classe des [10-14[, le pourcentage
est de 58,6 chez les garçons et de 65,7 chez les filles.
De ce point de vue, si tant est que ces enfants excellent
dans ces domaines, c'est compte tenu du fait que culturellement leur ardeur
précoce au travail est valorisée et encouragée par les
parents qui en tirent profit. Ce
42
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
faisant, ce travail entrant dans le cadre de la socialisation
s'est mué au fil du temps en une exploitation tacite des enfants.
En dehors de l'éducation que reçoivent les
enfants et qui déjà les prédispose à un travail
certain, plusieurs autres réalités ont été
notées lors de l'enquête de terrain et contribuent à mettre
les enfants au travail.
Toutefois, selon les parents interrogés et de l'avis
de certaines personnes ressources, « il n'y avait pas au départ
d'intention que les enfants aillent travailler, ou qu'ils soient
exploités » (parents et personnes ressources enquêtés,
2009). De même, un autre parent déclare : « Lorsque
tu es à la cuisine, et qu'à côté il y a ta petite
fille, elle peut t'être utile en t'aidant à verser de l'eau sale,
à prendre de l'oignon. Tu ne peux te lever chaque fois, alors qu'il y a
quelqu'un à tes côtés. Nul n'est inutile, même un
tout petit enfant » (propos d'une mère enquêtée,
2009). Ainsi, dans la pensée traditionnelle, l'enfant se doit
d'être utile à ses géniteurs et à son clan. Et pour
qu'il n'échappe pas à ce rôle, plusieurs dispositions
pragmatiques sont prises afin qu'au moment attendu, il puisse satisfaire
à cela. Savoir, savoir-faire et savoir-être lui sont
dispensé. Ce qui fait que toute habitude de paresse n'est pas
autorisée.
Il apparait à travers ces données que,
l'éducation reçue par les enfants dès le bas-âge
leur donne une certaine facilité à travailler. En outre, comme le
montre le paragraphe suivant, le niveau d'instruction des parents est parfois
aussi en défaveur des enfants. Ce qui expose des êtres
vulnérables à des pratiques peu recommandables.
III- 2- L'analphabétisme des parents et l'avenir
des enfants
Il est utile de souligner ici que l'analphabétisme de
certains parents n'est pas un facteur systématique de l'exploitation des
enfants. En effet, certains parents bien qu'ils soient analphabètes,
s'évertuent à envoyer leurs enfants à l'école et
à leur donner le maximum de ce dont ils ont besoin pour
43
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
leur réussite. Ils n' hésitent donc pas
à consacrer de gros sacrifices pour assurer l' avenir
de leurs enfants sur le plan éducationnel.
Ainsi, il convient de porter un regard sur le
graphique suivant qui présente le niveau d'instruction des parents ou
tuteurs questionnés et ayant des enfants qui travaillent.
Graphique N
|
°II : Niveau
|
d'instruction des parents ou tuteurs
|
|
|
|
|
Source : Données de terrain
|
(2009)
|
|
La lecture de ce graphique fait remarquer le faible taux
d'instruction
Non instruits Niveau primaire Niveau
secondaire
40%
13,3%
46,7%
des parents ou tuteurs des enfants en situati on de
travail. Ainsi, on a 46,7% qui ne sont pas instruits, 40% qui ont
atteint le niveau du primaire et seulement 13, 3 % ont
un niveau du secondaire. Par contre, quand on vient
au niveau du supérieur, on remarque
|
qu' aucun p
|
arent
|
n'a réussi à franchir
|
|
la barre du secondaire pour prétendre faire le
supérieur.
Le moins que l'on puisse dire est que ce fort taux
d'analphabétisme de ces parents rejaillit sur les enfants et favorise
leur exploitation. En effet, étant pour la plupart sans instruction,
beaucoup de parents ne voient pas
44
Réalisé et présenté par
KANHONOU H. Judicaël
l'utilité d'envoyer leurs enfants à
l'école, ou bien dans le cas où ils doivent fréquenter
point n'est besoin de faire de longues études. Sur les 15 parents
interrogés, un fort pourcentage d'entre eux (85,1%), considère
que : « l'éducation reçue à l'école est
inadaptée aux conditions et aux besoins locaux. Il n'y a donc presque
pas d'avantage à obliger les enfants à prolonger leurs
études » (propos de parents enquêtés). Ainsi, la
tradition veut que les enfants suivent les traces de leurs parents en apprenant
et en exerçant la même activité qu'eux à un
âge précoce. Et c'est dans cet ordre d'idées que ODUNLAMI
(2007) dit que : « l'enfant est pris en charge par la famille pour la
formation. C'est un enseignement oral. La pédagogie est l'observation,
l'imitation, la reproduction. Au cours de la formation, les instruments sont
ramenés à la taille de l'apprenant ». Selon que le
père soit cultivateur, pêcheur ou forgeron, il
préfère voir son fils s'initier à ses côtés.
Et ceci pour la simple raison que le travail forge le caractère et
permet aux enfants d'acquérir des compétences pratiques en vue de
les préparer à la vie adulte.
Beaucoup de parents enlèvent donc leurs enfants de
l'école pour diverses raisons. Voici un exemple : « tu vois,
aujourd'hui tu n'as plus besoin de fréquenter longtemps avant
d'être considéré dans la société »
(propos d'un parent enquêté, 2009). Ce choix ne se
fait pas sans réflexion, car ils le justifient très bien. Au
nombre de ces prétextes, il y a la trop grande dimension de la famille
qui empêche les parents d'assumer les besoins des enfants.
III-3 La dimension de la famille
La famille demeure toujours d'une grande importance en
Afrique et particulièrement au Bénin. S'il est fait abstraction
des villes où la famille nucléaire est beaucoup plus
acceptée, la famille traditionnelle a encore tout son poids culturel.
Etant le premier lieu d'initiation de l'enfant, elle joue
45
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
également un rôle primordial dans le processus
du travail de l'enfant. En effet, beaucoup de facteurs entrent en ligne de
compte au niveau familial pour déterminer si cet enfant sera
amené à travailler ou non. Au nombre de ces facteurs, on peut
citer : le niveau d'instruction des parents, leur statut professionnel, la
taille de la famille, etc.
Pour les parents interrogés, « les enfants
n'ont pas seulement que des droits, ils ont aussi des devoirs » (propos de
parents enquêtés, 2009). Et au nombre de ces devoirs, il y a
l'aide qu'ils sont tenus apporter à leurs parents dans leurs
activités. L'enfant est donc vu comme une force de travail dans le but
de contribuer à la production. Dans le même temps, dans les
milieux traditionnels, il existe beaucoup plus de ménages polygames.
Selon FOURN (2003), « la polygamie, comme l'indiquent les deux
premières syllabes »poly» (plusieurs), l'homme peut contracter
une union avec plusieurs femmes ». C'était un signe d'aisance et
aussi dans le but d'avoir une nombreuse descendance pour une main d'oeuvre
abondante et gratuite.
Sur les 73 enfants interrogés et des confidences
faites par ceux-ci, 69% sont issus d'un milieu polygame, contre 31% qui
viennent de familles monogames. Toujours selon FOURN (op. cit), « les
familles polygamiques sont formées à dessein... Du point de vue
de la reproduction biologique, la culture de la forte fécondité
est intégrée et la femme doit faire beaucoup d'enfants filles et
garçons qui ont une valeur à la fois économique, sociale
et culturelle ». Un seul homme pouvait avoir jusqu'à cinq femmes.
On peut donc imaginer le nombre d'enfants qu'un tel homme peut avoir. La terre
étant la richesse principale, et sous l'effet de la pression
démographique le problème du foncier se pose avec acuité.
Souvent, les surfaces disponibles pour la culture n'augmentent pas, tandis que
les descendants croissent. Au pire des cas, les terres sont vendues laissant
les jeunes générations dans le désoeuvrement alors que
ceux-ci n'ont que la terre comme héritage.
46
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La polygamie étant une réalité sociale,
il ne s'agit pas ici de la décrier. Même que des familles
monogames ont un nombre élevé d'enfants. Mais on peut poser le
problème de la forte fécondité qui devient une lourde
charge pour ceux qui s'y adonnent. A cet effet, des sensibilisations doivent
être menées dans le but d'amener les parents à pouvoir
contrôler et maîtriser les naissances.
La pratique du planning familial n'étant pas
très adoptée dans les villages, on assiste à des familles
nombreuses tant du côté des familles monogames que des familles
polygames. Ces enfants des familles nombreuses sont plus exposés au
travail même si ce travail n'exclut pas les enfants des familles plus
réduites. Sur les enfants interrogés, plus de 67% d'entre eux ont
déclaré avoir plus de six (6) frères et soeurs.
Généralement, les parents n'ont pas les ressources suffisantes
pour s'occuper de tous leurs enfants. Face à tout ceci, le travail
apparait comme une porte de sortie aux enfants. Il est donc remarquable que le
socioculturel sous-tend le travail des enfants. Au nombre de ces facteurs
socioculturels, le placement des enfants occupe une place de choix. C'est ce
qui constitue l'objet d'étude du point suivant.
III-4 Les traditions de placement d'enfants
Il existe au Bénin certaines habitudes consistant
à déplacer les enfants hors de leurs familles. Accueillir des
enfants hors du foyer parental est une pratique courante dans la tradition
béninoise. Elle répond à plusieurs besoins. En effet, ce
qui sous-tend le placement d'enfants est d'abord dans la volonté de
resserrer les liens de parenté et/ou d'alliance. L'habitude d'envoyer
ses enfants chez d'autres membres de la famille de façon plus ou moins
définitive est très remarquable dans de nombreuses ethnies au
Bénin. Ainsi, le témoigne une petite fille : « je viens
d'Abomey. Mes parents ont dit que j'allais partir à Cotonou, pour voir
une tante.
47
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
J'étais tellement contente d'aller en ville. Mais
ici je ne fais que travailler avec ma tante » (propos d'une fille de 12
ans enquêtée, 2009). L'enfant a alors la possibilité
d'entrer en relation avec toute sa parenté la plus large possible. Il
apprend donc à s'adapter et à rester dans des situations
différentes. Tous les membres de la famille élargie peuvent de ce
fait participer à la transmission des valeurs sociales à
l'enfant.
Selon FANGBO (2003), « c'est aussi la consolidation des
liens d'amitié et de reconnaissance entre les familles qui a
donné naissance au placement des enfants ».
Mais au fil du temps, avec le recul de la solidarité
traditionnelle et le bouleversement des structures de la société,
la bonne tradition de placement de l'enfant auprès des membres de sa
communauté perd de sa valeur traditionnelle et masque souvent des
pratiques mercantiles telles que l'exploitation des enfants. De là,
s'explique l'ampleur du phénomène des enfants placés qu'il
est admis d'appeler `'Vidomègon».
III-4-1 Du placement au travail des enfants
A l'origine, les enfants étaient confiés
à des parents proches, lointains ou même des amis. Ces derniers
avaient pour mission d'assurer l'éducation de ces enfants tout en
bénéficiant des services rendus par ces derniers. Il est
évident que ceux qui avaient en charge ces enfants tiraient profit des
divers services qu'ils offraient, mais d'un autre point de vue, la motivation
qui poussait les parents à adopter une telle pratique est qu'ils y
retiraient plusieurs avantages.
Compte tenu du fait que le déplacement se fait
beaucoup plus des campagnes vers les villes dans ces cas-ci, certains parents
pensent qu'en mettant leurs progénitures dans les mains d'un
fonctionnaire ou de quelqu'un qui travaille et qui réside en ville par
exemple, ce dernier pourra s'assurer de son éducation, de son avenir.
48
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
De même, pour d'autres parents, c'est un excellent
moyen de se débarrasser de ses nombreux enfants que l'on a sous les
bras.
Très souvent, quand les parents décident de
déplacer les enfants c'est qu'ils ont échoué à
trouver des réponses à leurs besoins économiques et
sociaux. Face à un choix limité d'alternatives, les parents
consentent à laisser partir leurs enfants.
La situation de ces enfants placés crée
néanmoins certains conflits. Dans les relations qui les lient aux
enfants de leurs tuteurs, ils remarquent des différences dans le sort
qui leur est réservé et cela ne manque pas de créer des
frustrations en eux. Souvent, les tuteurs trouvent ces comportements
injustifiés et cela peut être à la base d'une
réprimande. Parfois informés, les parents de ces enfants
maltraités portent des jugements sur ces tuteurs. Avec pour
conséquences des malentendus entre eux, ce qui peut amener jusqu'au
retrait des enfants.
Afin de pouvoir contourner ces obstacles, certaines personnes
font recours aux services rendus qu'ils payent. Dans ce cas, c'est surtout les
jeunes filles qui sont recherchées et utilisées. Il existe donc
diverses catégories d'enfants qui sont sous tutelle.
Selon l'Etude Nationale sur la traite des enfants (MFE 2007),
l'examen de la littérature béninoise sur les différents
aspects de la traite d'enfants connus permet de distinguer les formes suivantes
:
- Le placement comparable à une vente
: l'enfant est remis par les parents à un tiers contre une
somme déterminée ; la promesse faite aux parents d'un bon
traitement et des opportunités professionnelles accompagnent souvent
cette convention ;
- Le vol d'enfant ou enlèvement de mineur
: l'enfant est enlevé de force ou par ruse pour être
placé chez une tierce personne à diverses fins (mise en
prostitution, offert en sacrifice,...) ;
49
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
- Le placement-gage : l'enfant est
placé auprès d'un créancier de la famille, à titre
de paiement d'une dette ;
- Le placement-forfait : l'enfant
est remis à un tiers qui sera chargé de le placer pour une
durée déterminée contre une somme forfaitaire
(l'intermédiaire encaissera le salaire versé par l'employeur
durant la période du placement) ;
- L'adoption illégale :
l'enfant est donné ou confié à une autre personne en
dehors des procédures administratives et judiciaires en la
matière ;
- La demande de placement :
l'enfant est placé suite à une demande explicite d'un parent
proche ou éloigné ;
- Le placement service : le placeur
à la demande des parents ou sur sa propre initiative remet l'enfant en
contrepartie d'une prime ou de remboursement de « frais de dossiers »
(cas de certaines structures informelles de placement) ;
- Le placement détournement :
l'enfant est remis à un placeur professionnel ou un
intermédiaire, en échange d'une promesse de scolarisation, de
formation et ou de prise en charge par le ménage d'accueil. En
réalité, l'enfant est placé comme domestique ou vendeur et
son salaire est perçu par l'intermédiaire.
La plupart des enfants surtout les filles sont
employées comme domestiques. Certaines d'entre elles sont
employées dans le commerce. Des fois, certaines se retrouvent victimes
du trafic illicite d'enfants vers des pays comme le Nigéria, le Gabon,
la Côte d'Ivoire, pour ne citer que ceux-là.
Plusieurs stratégies sont donc mises en oeuvre afin de
pouvoir déplacer les enfants vers des lieux d'exploitation.
Pour diverses raisons, la demande en main d'oeuvre enfantine
s'accroît. C'est l'objet d'étude de la section suivante.
50
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
III-4-2 La demande en main d'oeuvre enfantine
L'existence de la main d'oeuvre enfantine répond
à une demande qui ne cesse d'augmenter. Cette demande est satisfaite
à travers les diverses stratégies de placement d'enfant.
Beaucoup de familles accueillent des enfants pour soulager
leurs propres enfants qui vont à l'école, afin que ces derniers
puissent mieux s'occuper de leurs études. Les filles sont beaucoup plus
recherchées dans les foyers parce qu'elles peuvent accomplir toutes les
tâches ménagères. En effet, comme l'a montré le
tableau n°3, sur les 73 enfants interrogés, 7 garçons soit
17% seulement sont employés comme des domestiques contre 84% dans
l'échantillon des filles. Pour les enfants interrogés, ils
travaillent en majorité pour des fonctionnaires et des bonnes dames. A
cet effet, il est utile de souligner que la nature du travail de la femme
influe sur le travail de l'enfant. En effet, les ménages où
l'homme et la femme vaquent tous à des occupations utilisent plus les
enfants. La présence d'un enfant Vidomègon dans le foyer
supplée celle des parents et ce dans le but d'apporter divers soins aux
enfants. Dans d'autres cas, lorsque la femme est commerçante ou
vendeuse, de mets par exemple, l'enfant Vidomègon l'aide dans ses
activités. Parfois quand il s'agit d'une fille, celle-ci se voit confier
les tâches ménagères et nourricières tout en
étant sollicitée par sa patronne. La main d'oeuvre enfantine est
sollicitée donc pour soulager un tant soit peu les parents qui
travaillent.
A Godomey, le phénomène est très
remarquable compte tenu de la situation de ses habitants. Beaucoup d'enfants
aussi bien des filles que des garçons sont utilisés comme des
`'gardes- enfants» en l'absence des parents de ceux-ci. Ils sont
également très sollicités pour faire les petites courses
et autres emplettes. L'utilité de ces enfants dans les foyers est
flagrante, si bien qu'il devient difficile reconnaissent certaines personnes de
se passer d'eux.
51
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
Selon FOURN (op. cit) : « ...à défaut
d'avoir beaucoup d'enfants en milieu urbain où tout s'achète,
où tout se gagne, la femme intègre au milieu familial des
`'Vidomègon» pour alléger les charges domestiques ».
Par ailleurs, parmi les facteurs socioculturels, il est
à remarquer en somme, qu'au niveau des enfants, il existe
déjà des aptitudes qui les prédisposent au travail de part
la nature de l'éducation reçue. Ce qui est à
déplorer toutefois, c'est l'abus que les `'grandes» personnes en
font. Ceci est renforcé par le dysfonctionnement noté au niveau
des structures familiales traditionnelles. Il faut reconnaitre aujourd'hui que
la famille n'assure plus ses responsabilités comme elle le faisait
jadis, surtout en matière de solidarité envers ses membres. On
note de plus en plus un individualisme qui éloigne l'un de l'autre les
mêmes membres d'une grande famille.
Beaucoup de ses fonctions qu'elle jouait se sont vues
réduites si elles n'ont pas disparues.
Le chapitre suivant aborde les fondements
socio-économiques du travail des enfants.
52
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
Chapitre IV : LES FONDEMENTS SOCIO-ECONOMIQUES
DU TRAVAIL DES ENFANTS A GODOMEY
Le chapitre précédent a fait état des
origines socioculturelles du travail des enfants. Mais ces fondements
socioculturels ne sont pas les seuls à entrer en ligne de compte pour
expliquer ce phénomène. En effet, les facteurs
socio-économiques occupent une grande place dans l'explication de
l'ampleur du travail des enfants. C'est ce qui sera étudié
à travers les différents volets suivants.
IV-1- Les stratégies de remise en cause de
l'éducation scolaire
L'instruction est une priorité pour tout homme.
L'enfant qui naît a besoin pour son épanouissement et pour sa vie
en société d'une éducation. Cette dernière se
reçoit dans plusieurs lieux différents. La responsabilité
incombe en premier abord aux parents.
A Godomey, lieu de cette étude, il est à noter
la présence d'écoles publiques et d'écoles privées.
Ces dernières années en effet, il y a eu une floraison
d'écoles privées dans le but sans doute de combler le vide
laissé par les écoles publiques et de réduire la distance
parcourue par les écoliers.
Selon les chiffres de la C.S. d'Abomey-Calavi II zone de
Godomey, en 2007, il y avait dans le primaire au niveau du public et du
privé 42839 écoliers répartis en 21651 garçons et
21188 filles. Avec un effectif de 1169 enseignants composés de 809
hommes et 360 femmes. Selon FANDY de la C.S., « ce taux de
fréquentation est assez important. Il souligne en outre que dans
certaines salles de classe, l'effectif des filles est supérieur à
celui des garçons » (propos d'un enquêté,
2009).
Comme le montre les statistiques de l'année 2008, on a
dénombré dans le public 18142 enfants dont 9271 filles et 8871
garçons. Pour ces écoliers, le nombre total d'enseignants
était de 244, parmi lesquelles 194 femmes et 60 hommes. Pour expliquer
cette situation, il souligne que : «ce
53
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
sont les mesures de gratuité de l'école
primaire envers les filles qui font que le nombre de filles est
supérieur à celui des garçons. Mais cet état de
chose ne perdure pas. En effet, au fil des années, le taux d'abandon au
niveau des filles est plus important que chez les garçons. Ce qui freine
considérablement le nombre de filles inscrites au départ »
(propos d'un enquêté, 2009).
Bien que le retrait des enfants soit beaucoup plus
poussé dans les villages, il n'en demeure pas moins que certaines zones
de Godomey connaissent aussi cette réalité. L'enquête
auprès de certains parents à Cocotomey et à Cococodji a
montré que, ces derniers apprécient les mesures de
gratuité mais demandent à ce que la gratuité soit
générale et touche aussi les garçons, mais encore mieux
les fournitures scolaires et la cantine des enfants. Certains parents semblent
ne pas trouver dans l'école un cadre d'avenir pour les enfants. Et c'est
en cela que ODUNLAMI (op. cit) dira en parlant des caractéristiques de
l'école moderne que : « le système éducatif moderne
est coupé de la vie. Le curricula n'est pas adapté ».
Beaucoup de parents se demandent l'utilité de maintenir les enfants
à l'école si, l'incertitude de trouver du travail à la fin
demeure. Ils pensent que l'école ne joue pas son rôle d'ascenseur
social. Ceci est justifié par le caractère latin de
l'école, héritage du système colonial. Ce caractère
latin donne beaucoup plus de priorité aux oeuvres de l'esprit, à
la recherche du beau au profit du travail manuel. Ce qui fait que, ceux qui
fréquentent l'école s'attendent toujours à la fin à
être employés par l'Etat. Mais la situation dans le pays fait voir
que l'état n'est pas en mesure d'utiliser tous ces
diplômés.
Face à cet état de chose, l'apprentissage fait
figure d'alternative par rapport au système scolaire. «
L'apprentissage permet d'éviter qu'à la fin de leur
formation, les enfants n'aient aucun savoir pratique ». (Propos d'un
parent enquêté, 2009). Le marché de travail devient un
déterminant de
54
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
l'investissement dans l'éducation des enfants. Pour
les parents, un marché de travail en crise n'encourage pas à
envoyer les enfants à l'école. Dans un tel contexte,
l'école n'apparait plus comme une alternative efficace au travail des
enfants. Les parents cherchent d'autres moyens d'éduquer les enfants.
L'apprentissage devient une solution aussi bien à l'école qu'au
travail. Il permet à la fois aux enfants d'accumuler du capital humain
technique, mais aussi de bénéficier d'un revenu pour satisfaire
les dépenses quotidiennes. L'apprentissage devient un choix
stratégique pour les parents les plus pauvres. Car, l'avantage est
qu'à la fin de leur apprentissage, les enfants peuvent très bien
se mettre à leur propre compte.
De toute évidence, la conclusion selon laquelle, les
parents de gré ou par contrainte cherchent toutes les issues possibles
pour retirer de l'école leurs enfants peut être tirée.
En conséquence, un nombre élevé
d'enfants investissent très jeunes le marché du travail. La
plupart du temps, ils sont sans instruction ou déscolarisés, ce
qui compromet certainement leurs potentialités d'améliorer leur
condition de vie future.
A cet effet, le graphique suivant récapitule le niveau
d'instruction des enfants qui ont été interrogés.
55
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
Graphique N°III : Niveau d'instruction des
enfants interrogés
61
29,2
53,1
40,7
6,2
9,
Non instruits Déscolarisés
Scolarisés
Garçons
Filles
70
60
50
40
30
20
10
0
Source : Données de terrain
A ce niveau, il est utile de donner deux(02)
précisions :
La première est que,
|
la catégorie des
|
non
|
instruits regroupe
|
les
|
|
enfants qui n'ont jamais été à
l'école et qui par conséquent ne savent ni lire ni écrire
en français. Et les déscolarisés sont ceux qui ont
fréquenté au moins une fois et qui pour une raison ou pour une
autre ont abandonné les classes. Quant aux
scolarisés, c'est la catégorie des enfants qui fréquentent
mais sont utilisés également dans les travaux de maison
, ou comme vendeuses.
La deuxième est que les enfants
interrogés ne sont pas tous de Godomey. En effet, il a été
en souligné un peu plus haut qu'ils viennent d'Allada, de Zè,
d'Abomey, de Bohicon, de la vallée de l'Ouémé,
etc.
Plusieurs réalités explicatives de
cette situation des enfants se sont présentées et ce,
suivant leur milieu d'origine.
56
Réalisé et présenté par
KANHONOU H. Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
L'analyse de ce tableau montre que 29,2 % des garçons
sont sans instruction et 61% d'entre eux sont des déscolarisés.
Les scolarisés représentent 09,8%.
Chez les filles, le taux des non instruites est de 53,1% et
les déscolarisées font 40,7%. Quant aux scolarisées, elles
ne représentent que 6,2%.
Une première lecture laisse voir la disparité
qui existe entre le pourcentage masculin et celui féminin au niveau des
différentes catégories.
En effet, beaucoup plus de filles que de garçons ne
savent ni lire ni écrire en français. Ainsi, selon TINGBE (2005)
: « malgré tous les efforts consentis jusqu'ici,
l'équité sur le plan du genre n'est pas encore une
réalité au niveau du système éducatif. Des
disparités ont toujours été notées en
défaveur des filles et ceci quel que soit le groupe d'âge
considéré ». Il est de ce fait évident que
l'accès des filles à l'école n'est pas encore d'une
garantie formelle malgré toutes les mesures prises.
Plusieurs raisons justifient cet état de chose. Les
filles interrogées donnent plusieurs raisons à propos de leur non
scolarisation : « je n'ai jamais mis pied à l'école. Mes
parents ne voulaient pas. Maman voulait que je sois à ses
côtés pour l'aider » (propos d'une fille de 10 ans
enquêtée, 2009).
Et c'est en cela que MERAND (op cit) affirme : « ... de
retour à la maison, une occupation attend la petite fille : s'occuper
d'un frère ou d'une soeur plus jeune. La petite fille de six ou sept ans
commence déjà à porter sur son dos un bébé
endormi. Elle prend vite l'habitude de transporter un sceau d'eau sur la
tête ». Pour renforcer cette triste réalité le milieu
familial ou traditionnel rejette volontiers le principe de la scolarisation des
filles. L'image traditionnelle de la femme veut qu'elle se soumette à
son mari. Elle est d'abord destinée à être mère et
épouse. A ce propos, TINGBE (op. cit) rapporte qu'en d'autres termes,
les filles sont faites pour le foyer. Le
57
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
seul apprentissage, réellement utile, qu'elles doivent
faire, est lié à ce rôle, apprentissage qui se
déroule auprès de sa mère, des coépouses de
celles-ci et de ses tantes. Un peu plus loin, TINGBE (op. cit) dira
expressément que compte tenu de l'appui qu'elles apportent à leur
mère, ce sont ces dernières qui parfois s'opposent à
l'envoi de leur fille à l'école et ce dans le but de
perpétuer la tradition comme elles l'ont connue.
Abondant toujours dans le même sens, FOURN (op. cit)
dira que la perception qu'on a de la femme et qui se résume dans
l'expression Fon : « Gnonnoun huessi, Sunnoun glégbénou
», conduit la société africaine à maintenir la femme
dans la sphère domestique qui implique la non instruction de la fille
donc, le non accès à une éducation formelle et le
développement du trafic des enfants.
Parfois, lorsqu'il s'agit d'envoyer les enfants des deux
sexes à l'école, les parents donneront beaucoup plus de
priorité aux garçons. Pour expliquer cela, un des
enquêtés, DANSOUKPEVI en charge de la lutte contre le travail des
enfants à la DGT/BIT parlera : « de pesanteurs socioculturelles
qui jouent en faveur des garçons » (propos d'un
enquêté, 2009).
En ce qui concerne la non scolarisation des garçons et
leur abandon des classes, ils ont évoqué plusieurs raisons comme
justification.
Des enfants ayant entre 08 et 12 ans ont été
rencontrés dans des ateliers d'apprentissage. Pour ceux d'entre eux qui
n'ont jamais fréquenté, c'était un choix des parents, et
par la suite, ils n'ont plus eu envie d'y aller. La priorité est
donnée ici aux travaux manuels qui payent plus vite. Pour la
deuxième catégorie qui concerne les déscolarisés,
beaucoup plus de raisons ont été avancées en ce qui
concerne leur interruption de scolarité. Voici le récit d'un
garçon : « J'ai 12 ans, et j'ai 07 frères. Avant, je
vivais dans mon village, Allada. Je fréquentais avec mon jeune
frère qui a 8 ans. Mais mon père a dit que nous ne pouvons plus
aller à l'école. Il a décidé qu'on allait
58
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
suivre quelqu'un. Il habitait à côté
de notre maison et nous l'appelions Tonton. Papa a dit qu'on allait le suivre
à Cotonou pour apprendre un métier. Maintenant, j'apprends la
mécanique chez le Tonton. Mon frère, qui est dans l'atelier
d'à côté apprend la fonderie ». (Propos d'un
garçon enquêté, 2009).
Certains ont évoqué le manque de moyens
financiers avec pour corollaire le non payement des contributions scolaires ce
qui équivaut au renvoi. En ceci, il est à noter que : soit les
parents n'ont pas réellement les moyens pour le faire, soit ils ne
s'engagent pas pour la scolarisation de leurs enfants.
Dans d'autres cas, la pénurie d'enseignants peut
contribuer à démotiver les enfants, ainsi que le manque
d'encadrement adéquat.
Face au manque de soutien financier des parents, certains
enfants exercent des travaux parallèles aux études, ce qui
contribue à baisser leur rendement scolaire.
Certains enfants ont évoqué aussi des
difficultés d'assimilation. Par la suite, les échecs
répétés contribuent aussi à décourager les
enfants. Il faut aussi noter que les enfants n'ont aucune émulation qui
les porterait à rester sur les bancs en vue de faire de longues
études. Face à l'appât du gain immédiat que leur
font miroiter certains de leurs camarades qui travaillent déjà et
au goût de l'aventure, beaucoup d'enfants se voient dans l'obligation
d'abandonner ou de raccourcir leur scolarité pour aller aussi
travailler. Tout ceci compromet les efforts fournis en vue d'assurer
l'éducation primaire pour tous préconisés par les OMD.
Dans toute société, la famille, quelle que soit
sa forme, est l'unité sociale de base. Elle a des fonctions essentielles
qui sont indispensables au bon développement de l'enfant.
Néanmoins, certains facteurs comme la taille de la famille font que des
familles n'arrivent pas à assurer les besoins de ses membres.
59
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
IV-2-Un environnement familial marqué par la
pauvreté
L'un des facteurs les plus puissants qui pousse les enfants
au travail est l'exploitation de la pauvreté des parents. Lorsque les
familles sont caractérisées par la pauvreté, le
pourcentage du travail des enfants a tendance à augmenter. Ainsi, pour
une famille pauvre, la petite part du revenu qu'un enfant peut apporter
grâce à son travail arrive à satisfaire des besoins et peut
être déterminant. Certains enfants sont mis au travail à
cause des conditions de vie de leurs parents. Ils n'ont donc pas le pouvoir de
choisir librement. En ce qui concerne les enfants interrogés, pour ceux
qui n'ont pas été scolarisés, c'est principalement parce
que les parents n'ont pas les moyens pour assurer leur scolarité qu'ils
ont préféré les confier à des proches pour que ces
derniers prennent en charge leur éducation. Mais on remarque que ce
n'est pas toujours le cas, puisque les enfants sont exploités à
d'autres fins.
D'un autre côté, les enfants
déscolarisés interrogés ont été
retiré des bancs de l'école par manque de moyens financiers. Au
lieu de supporter les frustrations des renvois pour non payement de
scolarité ou par manque de documents, certains encore
préfèrent laisser l'école et suivre un parent proche
résidant dans la zone urbaine, ici Godomey. Ils commencent par apprendre
un métier, souvent le métier du parent suivi. Dès ce
moment, le travail des enfants apparaît comme une stratégie de
survie des familles. Par ce biais, les parents pensent pouvoir assurer leur
lendemain. Un autre constat qui a été aussi fait est celui de
l'ignorance des parents, qui les pousse à faire rentrer les enfants dans
le piège du travail. En effet, croyant assurer l'avenir de leurs
enfants, ils insèrent ces derniers le plus souvent dès leur jeune
âge, dans l'environnement économique et productif de certains
proches installés en ville. C'est encore l'espérance d'un avenir
meilleur en ville qui pousse bon nombre de parents à agir de la sorte.
Au cours des entretiens avec les parents et les enfants, il est à noter
que le
60
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
manque d'AGR amène aussi les parents à se
séparer de leurs enfants. N'ayant pas des revenus stables et ayant
beaucoup d'enfants à la charge, certains parents en les plaçant
en tirent un revenu de façon plus ou moins périodique. Selon
DANSOUKPEVI (un enquêté cité plus haut), «
ceci est un leurre puisque en réalité, le travail des enfants
perpétue la pauvreté ». Il affirme : « c'est
un cercle vicieux, car le travail conduit l'enfant à avoir des revenus
maigres. Ce travail est donc à la fois cause et conséquence de la
pauvreté » (propos d'un enquêté,
2009).
Les conditions de vie précaire des parents jouent un
grand rôle dans l'exploitation des enfants. Le constat est que,
l'aggravation de la pauvreté fait que la plupart des chefs de famille ne
sont plus en mesure d'assurer comme il le faut, les besoins sociaux de leurs
descendants. Certains pères de famille résidant dans les zones de
Cocotomey et de Cococodji qui labourent la terre ont vu leur surface cultivable
s'amenuiser au fil des années et sous la forte poussée de
l'urbanisation. Ce qui a fait baissé leur production et du coup, leur
train de vie. Tout ceci fait que les parents n'arrivent plus à jouer
comme il se le doit leur rôle de pourvoyeurs de biens à la
famille. Cela pose le problème de la responsabilité des parents
face à leurs propres enfants.
Mais il est tentant d'en conclure que le travail des enfants
et la pauvreté sont liés, pour la raison évidente qu'il
apparaît comme une stratégie de diversification du revenu
parental.
Quelles que soient les raisons évoquées pour
justifier le travail des enfants, il faut se demander si les parents ne sont
pas entrain de faillir à leurs responsabilités.
IV-3- L'insuffisance des ressources
Dans une famille, lorsque le père et la mère
éduquent ensemble les enfants, lorsqu'ils les soutiennent et les
protègent, leurs intérêts sont
61
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
sauvegardés. Afin que la personnalité de
l'enfant soit épanouie et développée de manière
harmonieuse, il doit grandir dans un cadre familial où règnent
bonheur, amour et partage. Tous les efforts des parents et des institutions
sociales doivent aller dans ce sens. Mais de plus en plus, on remarque que les
parents n'ont plus la possibilité de répondre aux besoins des
enfants. Selon certaines personnes, l'exploitation des enfants est
justifiée par la démission des parents de leurs
responsabilités. Beaucoup de parents se créent des charges et ne
sont plus en mesure de les assumer.
La pauvreté est certainement le facteur majeur qui
facilite l'entrée des enfants sur le marché du travail. Lorsque
les ressources dégagées des activités parentales
n'arrivent pas à compenser les charges familiales, il se pose un
problème. Le revenu parental étant insuffisant pour couvrir les
besoins familiaux, certains parents voient dans le fait de mettre leurs enfants
au travail, une solution toute trouvée de réduire leur charge et
leur dépense. Au cours des enquêtes, le constat fait est que les
enfants en apprentissage ou placés ne sont plus nourris par les parents.
La conclusion qui a été donc faite est que, la possibilité
donnée aux enfants de se retrouver en situation de travail est le reflet
des nombreuses difficultés surtout financières auxquelles les
parents sont confrontés. La grande majorité de ces parents sont
cultivateurs et face à la dégradation des sols, pratiquent une
agriculture de subsistance.
Avec toutes ces difficultés, il leur est presque, voire
impossible de satisfaire les besoins des enfants, ce qui facilite de plus en
plus leur travail. C'est ce à quoi s'articule le point suivant.
IV- 4-- La non satisfaction des besoins des enfants
Très souvent, l'incapacité des parents à
subvenir aux besoins des enfants conduit ces derniers bien encore fragiles sur
le marché du travail, de l'exploitation. Beaucoup d'enfants qui
travaillent le font face aux
62
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
pressions économiques. En effet, les enfants
éprouvent des besoins que les parents n'arrivent pas à satisfaire
de façon convenable. Unanimement, aussi bien les parents que les enfants
ont reconnu que ces besoins ne sont pas fantaisistes. Les enfants qui ne sont
pas scolarisés ont évoqué le problème de moyens
financiers qui oblige les parents à les laisser errer ça et
là. Pour certains déscolarisés, le même
problème financier les aurait poussé à abandonner les
classes.
Le principe de la scolarisation des enfants se voit
réduit quant à sa réalisation par le manque de moyens
financiers et matériels. Dans certains cas, la priorité est
donnée aux garçons par rapport aux filles, ce qui constitue tout
de même une discrimination. Face à ces besoins importants que les
parents n'arrivent pas à satisfaire, confrontés au manque de
soutien, les enfants sont souvent poussés à assurer
eux-mêmes leurs besoins et même parfois ceux de leur famille. Pour
ceux qui fréquentent, ils mènent des activités
incompatibles avec les études.
Un autre besoin concernant les enfants est la confection de
nouveaux vêtements, mais selon les enfants, les parents ne s'en soucient
guère. Cela entre en contradiction avec l'un des besoins fondamentaux de
l'homme : se vêtir. De même, l'article 407 du Code des
Personnes et de la Famille stipule que : « l'autorité
parentale a pour but d'assurer la sécurité de l'enfant, sa
santé, son plein épanouissement et sa moralité ».
Pour certains, la mauvaise gestion des ressources les
amène à s'endetter. D'autres contractent des dettes pour
organiser des cérémonies qualifiées communément de
`'ruineuses» à grands frais en mémoire d'un disparu.
Il est aisé de constater que les parents s'endettent
pour des événements souvent futiles au lieu d'investir pour
l'avenir des enfants. De ce fait, les besoins des enfants ne sont pas
satisfaits ou le sont de façon partielle. Ils sont obligés de se
débrouiller.
63
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
En définitive, il est à noter que la faiblesse
des revenus des parents à un infléchissement dans le travail des
enfants.
Par ailleurs, la mauvaise gestion de ces ressources aussi peu
soient elles et l'endettement pénalisent les enfants. Malheureusement,
pour y parvenir, seule leur force de travail peut les aider. De même, vu
leur jeune âge, cet état de chose ne reste pas sans
conséquences pour eux. Consciemment ou non, les parents par leurs
comportements exposent les enfants à l'exploitation, au travail
où ils prennent de nombreux risques.
Mais bien avant d'aborder cette partie du travail, il est
nécessaire de faire la synthèse des raisons qui poussent les
enfants au travail. Elle se présente à travers le schéma
suivant :
64
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
Travail des enfants à Godomey
Manque de soutien aux enfants
Abandon des responsabilités parentales
Amenuisement des ressources parentales
Effets de la
pression
démographique
Détournement du travail T1 socialisation
T1des enfants
Placement des enfants
Famille
nombreuse
Dislocation de la famille élargie
Déperdition scolaire
Déscolarisation des enfants
Inadéquation du système éducatif
Non scolarisation des enfants
Schéma présentant les motifs poussant les
enfants au travail à Godomey. Source : données de terrain
(2009).
65
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
Le schéma précédent présente les
différents motifs qui poussent les enfants au travail. C'est une
synthèse qui découle des informations obtenues sur le terrain
Directement, trois (03) raisons conduisent les enfants au
travail. Il s'agit : du détournement du travail `'socialisation»
des enfants, de la déperdition scolaire et du manque de soutien des
parents aux enfants. D'autres raisons sous- jacentes expliquent en
détails ce qui conduit à cette situation.
66
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
Chapitre V : LES IMPLICATIONS DU TRAVAIL DES
ENFANTS A GODOMEY
Il sera mis en exergue dans ce chapitre les
réalités que vivent les enfants dans les différentes
activités menées. L'accent sera mis sur les conditions de
travail, de vie et les différents risques auxquels ils font face.
V-1- La situation des enfants travailleurs
V-1-1- L'exploitation des enfants
L'exploitation des enfants comprend toutes les situations
dans lesquelles les enfants se retrouvent entrain d'exécuter des travaux
domestiques et économiques, au profit d'une autre personne. Cette
personne peut être une parenté ou non, auprès de qui
l'enfant est placé. L'enfant, par son travail affirme son
utilité.
Seulement, le travail compromet l'éducation de
l'enfant et débouche la plupart du temps sur diverses formes
d'exploitation et de maltraitance. Le fait est que, un enfant qui travaille le
fait toujours au bénéfice d'un adulte. Et c'est parce que les
adultes sont prêts à exploiter les enfants que le travail des
enfants persiste. En effet, plusieurs personnes tirent des avantages des
retombées du travail des enfants. On peut citer entre autres les parents
des enfants, les patrons des ateliers, les employeurs (commerçantes, les
ménages d'accueil, etc.).
Les enquêtes menées ont montré que les
employeurs et les patrons des ateliers bénéficient beaucoup plus
des fruits du travail de ces enfants ; même s'il est vrai que des enfants
rencontrés aux abords du marché de Godomey, en majorité
des filles font de la vente à la sauvette pour leurs propres parents.
Par ailleurs, le constat qui a été fait est que
l'activité des enfants est beaucoup plus liée à leur sexe.
En effet, beaucoup plus de filles sont utilisées dans la vente d'objets
divers, dans les travaux ménagers et les
67
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
activités commerciales des femmes. Les garçons
sont beaucoup plus des apprentis soudeurs, maçons, mécaniciens,
meuniers, menuisiers, etc. Ces derniers sont au service de leur patron, parfois
de leur épouse. Ces enfants n'ayant pas encore l'âge requis pour
être en apprentissage demeurent là en rendant de petits services.
Ils constituent de ce fait une main d'oeuvre que l'on pourrait qualifier de
`'gratuite».
Aussi, si les enfants sont utilisés dans les
ménages et par des commerçantes, c'est parce qu'ils sont dociles.
Au-delà des liens familiaux, les employeurs moyennant
rémunération aux parents utilisent les enfants au-delà de
leur capacité. Les enfants sont exploités mais ne profitent pas
de leur labeur.
Pour certains employeurs, le traitement fait aux enfants ne
constitue pas une exploitation mais, est plutôt selon eux : «
une éducation pour la vie d'adulte qui n'offre aucune
facilité. C'est une manière d'aider les enfants à
ne pas tomber dans la facilité et à pouvoir être endurant
» (propos d'employeurs d'enfants enquêtés, 2009). Mais
lorsque la question leur a été posée de savoir si leurs
propres enfants sont traités de la même façon, presque tous
ont reconnu qu'il existe bel et bien une différence entre le sort
réservé à ces deux catégories d'enfants. Il ne fait
donc l'ombre d'aucun doute que les enfants sont exploités de
façon abusive. La situation que vivent ces enfants les amène
à exercer des travaux qu'on peut qualifier de travaux domestiques (dans
le cas où ils s'occupent de la maison) mais également des travaux
d'ordre économique (s'ils participent aux côtés de leurs
employeurs ou de leurs parents à des AGR).
Par ailleurs, un autre constat fait est que, certains enfants
sont présents à la fois dans les travaux domestiques et dans les
travaux économiques. Il s'agit notamment des filles qui exécutent
plusieurs tâches dans la journée. En effet, tôt le matin
elles font des travaux ménagers, ensuite, s'en vont faire de la vente
à la sauvette ou vont aider leurs
68
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
employeurs dans leur commerce avant de revenir le soir
s'occuper encore des travaux ménagers.
Tout ceci se passe souvent dans des conditions qui ne sont
pas très enviables.
V-1-2- Les conditions de travail
Les enfants exercent différentes activités et
ceci dans des conditions très variées. On peut donc classer en
deux catégories la nature des travaux qu'ils exercent.
La première catégorie prend en compte un
travail au profit des enfants en ce sens qu'il leur est
bénéfique. En effet, il favorise le développement
physique, mental, moral ou social de l'enfant sans porter entrave à sa
scolarité, à son épanouissement. Il s'agit des
activités ménagères ou familiales, des petites
activités non contraignantes (aide à la vente, assistance
portée à des proches dans leurs activités) faites lors des
vacances pour gagner un peu d'argent. Ces activités permettent aux
enfants d'acquérir des compétences.
La seconde catégorie est celle là qui porte
préjudice à l'enfant et nuit à son développement
sur les plans sus cités. Les activités peuvent être :
l'apprentissage à un âge précoce, la vente, les travaux
domestiques et ménagers à plein temps, etc. Ces activités
compromettent leur éducation, et obligent parfois les enfants à
cumuler activités scolaires et travail. L'exploitation des enfants est
inacceptable quelle que soit la situation.
Le quotidien de certains enfants travailleurs a
été investi, pour voir de manière concrète comment
se déroule leur journée au travail. Ceci a permis de voir dans
quelles conditions les enfants sont employés. Mais il est à
souligner qu'un enfant placé n'est pas systématiquement soumis
à un mauvais traitement. Le graphique suivant fait état de la
nature des activités exercées par les enfants.
69
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
Graphique N°IV : Répartition des
enfants suivant les secteurs d'ac tivités
Source :
|
données de terrain
|
(2009)
|
.
|
|
90
70
60
50
40
30
0
20
10
0
Apprentis
83
15,6
Domestiques
7
40,6
Domestiques et vendeurs
10
43,8
Garçons
Filles
L'analyse de ce graphique permet de
faire ressortir plusieur s réalités.
En effet, quand on prend la
catégorie des apprentis,
%
un pourcentage de 83
l'échantillon.
de 6 à 14 ans. Ceci
Il est à rappel
pousse à dire que les petites filles se
retrouvent en
, tandis que les filles ne représentent
que
er à toutes
fins utiles que la catégorie d'
il y a, chez
les garçons
15,6 % de
âge est
nombre minoritaire dans l'apprentissage, ce qui est
tout à fait le phénomène inverse chez les
garçons. Ce qui découle des résultats de terrain est que,
les garçons sont envoyés plus tôt en apprentissage. La
raison explicative serait que le garçon en tant que futur homme doit
apprendre assez vite son rôle d'homme.
Dans la catégorie des domestiques les
garçons sont de 07% et les filles 40, 6%. Ici, il s'agit des enfants
placés qui n'exercent que des travaux ménagers. Il faut remarqu
er ici la différence entre les pourcentages.
Enfin,
70
Réalisé et présenté par
KANHONOU H. Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
la dernière catégorie montre un effectif de 10%
chez les garçons et 43,8% chez les filles. Il s'agit ici des enfants qui
à la fois travaillent à la maison comme domestiques et sont tout
aussi présents dans la vente à la sauvette, ou plus encore se
retrouvent en pleine activité avec des vendeuses de mets, des patronnes
de maquis et autres. Il est à souligner qu'au nombre de ces enfants, il
s'y trouve certains qui sont employés par leurs propres parents.
Il a été remarqué dans les deux
dernières catégories une nette préférence des
filles qui sont employées pour plusieurs travaux à la fois. Le
facteur explicatif serait que, dans les aides domestiques et la vente, les
filles ont plus d'efficacité que les garçons. En effet, mieux que
les garçons, elles peuvent aider à la cuisine, faire les travaux
ménagers, appuyer la tutrice dans ses AGR. En dehors de toutes ces
activités, elles peuvent aussi garder les petits enfants ou les conduire
à l'école et les ramener. Compte tenu de toutes ces
activités menées, leurs journées de travail sont longues
et très fatigantes. Les enfants malgré leur jeune âge sont
surexploités, car ils n'ont presque aucun répit tout au long de
la journée. Pour ceux qui sont en apprentissage et ne rentrent que le
soir, malgré toute la fatigue de la journée, d'autres occupations
les attendent déjà à la maison. Parfois même, ils
n'ont pas le temps de prendre une douche avant de recommencer. Ceci donne
l'impression que leur travail est le prix de leur hébergement.
Par ailleurs, toujours selon les chiffres de l'enquête,
45 % des enfants sont des Vidomègon contre 30% qui constituent des
bonnes en ce sens que ces enfants sont payés pour le service qu'ils
rendent. Cette somme varie entre 6.000 et 12.000 F CFA et est perçue par
les parents ou des intermédiaires par qui l'enfant a été
amené. Le reste du pourcentage c'est-à dire 25% sont chez leurs
propres parents.
Pour la grande majorité (45%) qui sont des
Vidomègon, leur rémunération n'est ni fixe, ni
déterminée. En vérité, pour les parents
déjà soulagés du fait que l'enfant ne soit plus à
leur charge ne discutent pas d'un
71
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
prix en échange des services que rend l'enfant. Mais
en retour, ils attendent que les tuteurs de l'enfant leur offre de temps en
temps des cadeaux ou de l'argent. Aussi, les Vidomègon
bénéficient-ils de la part de leurs tuteurs des dons en nature
(chemises, pagne, chaussures, bracelets, etc...). Ce qui constitue des gestes
de reconnaissance.
Il est admis ici de reconnaître que le type de
placement détermine la compensation que reçoit l'enfant ou ses
parents.
Les enfants passent beaucoup d'heures au travail, ce qui ne
leur permet pas d'aller à l'école pour ceux qui en ont l'envie.
Ils peuvent passer toute la journée au travail avec quelques rares
moments de repos dans l'après-midi.
Voici une journée de travail d'une fille de 13 ans qui
a été interrogée comme le montre l'encadré suivant
:
«A six heures, je suis déjà
réveillée. Je balaie la cour puis les chambres. Après, je
puise de l'eau et je lave deux petits enfants. Je fais le feu et la maman ou
l'une des filles prépare le petit déjeuner. Quand les enfants ont
fini de manger, je les accompagne à l'école et je reviens
à la maison me laver. S'il n'y a pas de lessive à faire, je vais
rejoindre ma tutrice à sa boutique pas trop loin de la maison, au bord
du goudron. Je la rejoins et nous exposons les marchandises. Vers 10 heures,
j'ai une pause pour manger. Je l'aide à vendre et fais aussi de petites
courses. Un peu avant 12 heures je repars pour ramener les petits
enfants.
Une fois à la maison, je commence par
apprêter le repas de midi avant que les grandes filles ne viennent
m'aider à finir. Quand tout le monde a fini de manger, je peux aussi
manger et faire la vaisselle. Après avoir encore aidé les enfants
à se laver je les accompagne de nouveau à l'école, ensuite
je vais à la boutique.
Dès dix sept heures, je dois ramener les enfants,
m'occuper de ce
|
|
72
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
qu'ils doivent manger et rester avec eux jusqu'à
l'arrivée de ma tutrice. J'aide à la préparation du repas
du soir. Après que tout le monde ait fini de manger, je puise de l'eau
pour la douche, ils se lavent et après je peux manger et faire la
vaisselle. Je m'occupe aussi de quelques petits travaux, ensuite je me lave et
je m'endors. (Propos d'une enquêtée, 2009).
|
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V-2- Les conditions de vie des enfants travailleurs
On ne saurait parler des conditions de travail des enfants
sans faire référence à leur condition de vie. Il sera
abordé dans cette partie d'autres réalités du travail des
enfants.
V-2-1 Le lieu d'habitation
Le lieu d'habitation varie ici suivant ce que les enfants
font comme travail, mais aussi suivant les liens de parenté existant
entre eux et les employeurs. Toutefois, suivant les cas, leur condition
d'hébergement laisse toujours à désirer. Certains enfants
en apprentissage, à la fin de la journée rentrent chez un parent
proche ou éloigné. Certains sont chez leur propre parent,
d'autres par contre, vivent chez un oncle ou une connaissance du village de
provenance. Ces derniers peuvent être leur patron ou non.
Pour les Vidomègon, plus de 95% d'entre elles vivent
chez leur employeur ou tuteur. A cet effet, il faut souligner également
le fait que les enfants qui vivent et dorment chez leur employeur
déplorent les conditions dans lesquelles ils vivent. Ils peuvent dormir
sur des nattes ou pire à même le sol avec juste un pagne pour se
couvrir.
D'autre part, en ce qui concerne la catégorie des
apprentis qui sont pour la plupart des menuisiers, des meuniers, des
mécaniciens, des soudeurs, des aides-maçons, il y en a qui vivent
sous le même toit que leur patron même s'ils ne vivent pas dans les
mêmes conditions que les enfants
73
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
de ce dernier. Certains encore dans ce groupe ne rentrent que
durant le week-end, après avoir passé les autres jours à
dormir sur le lieu du travail.
La deuxième catégorie d'apprentis est
constituée de ceux- là qui tout le temps dorment dans les
ateliers ou sur les chantiers de travail. Les endroits où ceux-ci
dorment laissent à désirer. En effet, pour ce qui a
été vu, «les dortoirs « sont caractérisés
par l'insalubrité des lieux et l'insécurité. Les enfants
trouvent une couchette au milieu des instruments de travail, le plus souvent
presque les uns sur les autres. Aussi, les ateliers sont-ils des constructions
de fortune qui ne protègent pas contre le vent et à travers
lesquelles l'eau pénètre aisément en saison pluvieuse.
A toutes ces conditions de vie déplorable,
l'alimentation pose aussi un problème qu'il n'est pas admis de passer
sous silence.
V-2-2- les conditions d'alimentation
Se nourrir est un droit fondamental pour tout être
humain. Ce droit fait partie intégrante des cinq besoins fondamentaux de
l'homme. Pour beaucoup d'enfants le travail est la résultante de la
pauvreté économique des parents. Car il existe en effet, des
couches défavorisées de la population qui ploient sous la
misère. Selon de Castro (1961) « un des facteurs les plus
permanents et les plus actifs des terribles tensions sociales présentes
réside dans le déséquilibre économique du monde et
dans les inégalités sociales qui en résultent ». A un
niveau micro, la satisfaction des besoins alimentaires pose pour bon nombre de
parents un problème récurent. Ainsi, certains parents
interrogés ont déclaré leur incapacité à
pouvoir assurer convenablement à eux même et aux enfants les repas
quotidiens. Face aux difficiles conditions d'existence, faire travailler les
enfants apparaît quelques fois pour eux comme une alternative pour se
faire un peu d'argent. C'est encore une occasion pour que, celui qui prend
l'enfant s'occupe de lui. Même si l'enfant est pris en charge, cela ne se
fait pas sans
74
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
une certaine contrainte car on note toujours une
différence entre l'enfant du tuteur et l'enfant placé ou
Vidomègon.
Toutefois, les résultats des enquêtes ont
montré que la grande partie des Vidomègon sont nourris
quotidiennement. Ceci ne tient guère compte du fait qu'ils aient un lien
ou non avec la famille qui les accueille. Le nombre de repas pris par jour
varie entre 2 et 4. Ainsi, suivant leurs activités, d'autres ne prennent
ni petit déjeuner, ni déjeuner à la maison. Ils
reçoivent par conséquent entre 50 et 100 FCFA afin de pouvoir se
nourrir pour le temps qu'ils passent à l'extérieur.
En ce qui concerne les enfants qui exercent en tant
qu'apprentis dans la maçonnerie, la mécanique, la menuiserie,
etc., la qualité des repas pris par ceux-ci laisse beaucoup à
désirer. Même s'ils arrivent tant bien que mal à manger
deux à trois fois par jour, la farine de manioc (communément
appelé Gari) constitue souvent ce qu'ils mangent
régulièrement. Lorsqu'on sait que l'apport en kilocalories de cet
aliment est très faible, les enfants ne peuvent compenser le manque
après tout l'effort fourni au cours de la journée.
Très souvent aussi, les enfants reçoivent de
l'argent de la part de leur patron pour se nourrir et si c'est le cas, le petit
déjeuner vient tardivement et tient lieu du repas de midi.
Il faut souligner en fin de compte que même si les
enfants bénéficient d'une prise en charge alimentaire, elle est
insuffisante compte tenu de l'effort fourni dans la journée et aussi de
leurs besoins nutritifs pour une bonne croissance.
Ceci permet de déboucher sur les différents
risques encourus par les enfants au cours de leurs différentes
activités.
75
Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
V -3- Les risques et l'avenir des enfants
Les enfants ont droit à des conditions de vie
adaptées à leur développement physique, mental, spirituel
et social.
Afin de comprendre comment le travail constitue un handicap
pour les enfants, il est important de connaître les différents
risques qu'ils prennent. En effet un travail apparemment sans danger pour les
grandes personnes peut être nuisible aux enfants et compromettre certains
aspects du développement des enfants.
Dans cette partie, l'analyse qui sera faite met en
lumière les aspects négatifs du travail des enfants en relation
avec leur avenir. Le tout premier point qui sera abordé à trait
à la scolarité des enfants.
V-3-1- Au plan scolaire
Le droit à une éducation de base est un droit
inaliénable de tout enfant. Ce droit est reconnu par la constitution
béninoise. En effet, l'éducation stimule le développement
intellectuel et social de l'enfant tout en favorisant sa capacité de
pouvoir mieux gagner sa vie. Composante essentielle du développement
d'un pays, elle aide les acteurs sociaux à participer de manière
active à sa construction.
Toutefois, l'éducation qui aide un enfant à se
développer est souvent gravement menacée par le travail. Ce
travail les occupe à tel enseigne que les enfants n'arrivent pas
à fréquenter assidûment l'école.
En effet, beaucoup d'enfants abandonnent l'école ou
sont incapables de respecter les exigences du système scolaire parce
qu'ils doivent travailler. Certaines occupations obligent les enfants,
même lorsqu'ils sont inscrits à manquer les classes. Si certains
enfants se voient privés de leur droit à l'éducation
compte tenu de leur arrivée précoce sur le marché du
travail, d'autres par contre arrivent prématurément sur ce
marché simplement parce que leur droit à l'éducation n'est
pas formellement
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
garanti. Ceci explique le fait que l'environnement social du
travail mine parfois la valeur que les enfants accordent à
l'éducation.
Comme le montrent les chiffres issus des enquêtes de
terrain, la grande majorité des enfants sont déscolarisés
ou non scolarisés. Les raisons évoquées par les uns et les
autres en ce qui concerne l'abandon scolaire concernent le redoublement suite
aux renvois, au manque de moyen, à l'absence de volonté des
parents, etc.
Le plus important pour les enfants étaient de faire
face à leurs nombreux besoins. Les besoins alimentaires, vestimentaires
et en priorité ceux relatifs aux dépenses scolaires occupent la
pensée des jeunes écoliers. Ainsi, pour ceux qui ont
commencé l'école, ces préoccupations prennent très
souvent le pas sur leur rendement scolaire.
En effet, pour la majorité des enfants
déscolarisés, les parents ne prenaient plus en charge les
dépenses liées à leur scolarité, parce qu'ils
estimaient que ces dépenses leur reviennent chères. A cet effet,
les parents ont fustigé les dépenses supplémentaires
occasionnées par le fait des NPE compte tenu des manuels scolaires qu'il
faut renouveler chaque année pour chaque enfant. Ils estiment que
l'ancien programme a cela de bon qu'un seul livre acheté pour un
écolier peut être également utilisé par ses
frères qui passent par cette même classe.
Quoi que l'on dise, les études et le travail ne font
pas bon ménage. Et il est très difficile pour les enfants de
pouvoir travailler pour subvenir à leurs besoins et de suivre
assidûment les cours. Le travail a donc des retombées
négatives sur leur cursus scolaire. Très peu d'enfants
employés comme domestiques parmi ceux interrogés vont à
l'école. Le pourcentage est de 09,8 % chez les garçons et de 06,2
% chez les filles (confère graphique N°III). Contrairement aux
enfants de leurs employeurs, ces enfants ont rarement la possibilité de
terminer leurs études. En plus des conséquences sur leur avenir,
ces enfants seront incapables de lire et
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
d'écrire correctement. Même dans le cas
où ils ont la possibilité de fréquenter l'école,
ils doivent trouver le temps pour étudier tout en faisant leurs devoirs
domestiques. Bien souvent, la fatigue et le manque de temps les empêchent
de faire leurs devoirs d'école afin d'être au même niveau
que les autres enfants.
Pour cette raison, certains enfants se voient dans la triste
obligation de laisser les bancs. Au-delà de cette réalité,
d'autres enfants dès le jeune âge sont absorbés par le
travail et n'ont pas accès à l'éducation.
Ceci est d'autant plus grave, puisque le monde actuel est
marqué par l'avancée des technologies. En effet, la formation et
le perfectionnement quel que soit le secteur d'activité sont aujourd'hui
valorisés. Nul n'ignore non plus l'importance de la scolarisation qui
permet d'éviter l'analphabétisme et l'ignorance, car
l'école permet aussi la formation à la vie active. Et c'est sans
nul doute ce qu'a voulu mettre en évidence un groupe d'étude de
l'OMS (1987) dans un rapport sur la santé de l'enfant au travail en
écrivant : « les enfants qui travaillent ne sont pas seulement
privés de cette préparation essentielle ; la possibilité
de combler cette lacune par la suite leur est également refusée.
Illettrés ou médiocrement instruits, les jeunes travailleurs
resteront toute leur vie dans une situation précaire sur le
marché du travail ». Désorientés de leur avenir
scolaire, ces enfants seront limités dans leur choix.
Ceci est d'autant plus renforcé par le système
de la valorisation du diplôme dans notre société. Ceux qui
se retrouvent sans diplôme ou encore n'ont pas eu l'opportunité de
faire une école technique ou professionnelle risquent de se retrouver au
bas de l'échelle sociale.
Par ailleurs, l'analphabétisme compromet fortement le
développement d'un pays. Etant entendu que ces enfants travailleurs,
aujourd'hui analphabètes ou déscolarisés seront les
adultes de demain et seront appelés à gérer des familles,
des groupes, on peut se demander quel
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
sort serait réservé à ces derniers.
L'analphabétisme de ces enfants est sans doute un facteur négatif
pour eux-mêmes d'abord et ensuite pour l'arrondissement et pour le
Bénin. En effet, l'éducation favoriserait les enfants à
assurer une relève de qualité. Et si cette éducation n'est
pas assurée, cela pose un problème fondamental. De ce fait,
Godomey se voit privé des enfants qui seront les cadres et intellectuels
de demain. Aussi, trop de petits métiers sans qualifications
réelles submergeront-ils l'arrondissement.
Les dangers liés à la non scolarisation des
enfants viennent d'être abordés. Aussi, l'enfant a besoin de vivre
dans un environnement qui lui est favorable. Tel que le souligne le point
suivant, les violences verbales, physiques et les intimidations portent
atteinte à leur développement psychosocial.
V-3-2- Sur le développement psychosocial
Les enfants qui travaillent vivent pour la plupart d'entre
eux très loin de leurs parents. Etant donné leur jeune âge,
ils sont encore trop fragiles pour s'éloigner de leurs parents sans
risque. Les conséquences réelles peuvent être de plusieurs
ordres pour les enfants. Les enfants sont placés sous le contrôle
ou sous la tutelle d'adultes dont généralement la principale
préoccupation n'est pas leur bien-être, mais leur contribution au
bien-être du ménage. L'amour et les soins auxquels tout enfant a
droit, de même que l'initiation à la vie adulte en dehors de la
pratique des tâches domestiques ne sont pas garantis. En effet, l'enfant
a besoin de se sentir aimé, entouré, d'être dans un
environnement où il n'est pas rejeté. Mais la grande
majorité des enfants travaillant à Godomey vivent dans un
environnement social qui ne leur est pas entièrement favorable. Le cas
est plus fréquent chez les Vidomègon qui travaillent comme
domestiques dans les maisons et les petites vendeuses. Elles souffrent d'une
certaine discrimination susceptible
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
de nuire à leur amour propre, leur sens de
l'identité et leur capacité de socialiser, de coopérer
avec d'autres enfants et de se faire des amis. En outre, selon BLACK et al
(1997) : « lorsque l'enfant est l'objet de violences verbales ou
physiques, les conséquences risquent d'être plus graves. Il se
peut que l'employeur fasse peu d'efforts pour assumer son rôle
»parental» d'une autre manière que disciplinaire, et qu'il ne
procure pas à l'enfant les encouragements et conseils qui leur
permettraient de développer sa personnalité et de comprendre le
monde ».
Très tôt privés de leur enfance, les
enfants n'ont pas un épanouissement psychosocial complet. L'absence de
jeux, de loisirs et de fréquentation de leurs pairs les empêchent
de s'épanouir normalement. Les résultats des enquêtes
montrent que, la grande partie des enfants travailleurs de Godomey souffre d'un
isolement qui portera tôt ou tard des conséquences sur leur
état psychosocial. Cela peut créer en eux la crainte d'autrui et
les rendre vulnérables à l'exploitation, au point d'influencer
leur santé physique.
V-3-3- Sur la santé physique
En ce qui concerne les risques pris par les enfants, les
atteintes physiques représentent ceux qui sont les plus faciles à
remarquer.
Ces risques varient en fonction des activités
exercées par les enfants. Pour les enfants qui sont en apprentissage,
bon nombre d'entre eux travaillent dans des conditions assez pénibles et
ce, sans que leur santé ne soit protégée. Aucune mesure
n'est prise par leur patron en ce qui concerne la prévention des
accidents du travail et des maladies liées à leurs
activités. En ce qui concerne les accidents survenus au cours de leur
travail, 90 % d'entre eux ont déclaré en avoir été
victimes. Ces accidents sont souvent des brûlures d'échappement,
des coups de marteaux sur les doigts, des coupures aux bras ou aux jambes, les
chûtes sur des échafaudages. Selon
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
FAYOMI (2003), il est à retenir qu'au cours d'une
étude sur 511 enfants de moins de 15 ans, 89 % d'entre eux ont
été au moins victimes une fois d'accident de travail. L'examen de
ces enfants a montré selon FAYOMI (op cit) que les lésions
cutanées sont dominantes (plaies infectées, brûlures,
écorchures). Face à ces problèmes de santé, la
plupart des enfants s'adonnent à l'automédication.
Le risque des faux médicaments sur la santé est
bien connu et réel, de ce fait, il est évident de
s'inquiéter pour ces enfants. En effet, ces enfants, face au manque de
soins, n'hésitent pas à se confier aux bonnes dames qui vendent
des médicaments aux abords des rues de Godomey. Celles-ci
s'érigent en «pharmaciennes» et font des prescriptions aux
enfants. Vu la qualité douteuse des médicaments et le niveau de
connaissance de ces «pharmaciennes occasionnelles», on peut se poser
des questions sur le sort de ces enfants. Mais le mal est que ces
médicaments présentent l'avantage d'être de
proximité et ne coûtent pas souvent chers. Selon ESSOU (2001) dans
son mémoire de maîtrise : « ... ces médicaments sont
souvent achetés auprès des vendeurs ambulants. Ces derniers qui
s'improvisent agents de santé ou pharmaciens exposent par là
même la vie de leurs clients au danger. La qualité et le
conditionnement de ces médicaments étant douteux ». Le
risque pour les enfants est souvent à la longue une intoxication
médicamenteuse pouvant déboucher sur d'autres complications.
Par ailleurs, quant aux Vidomègon ou autres enfants
employés comme domestiques, la longueur du temps de travail, la mauvaise
alimentation, les dangers consécutifs aux conditions de travail peuvent
nuire à leur santé physique. Lorsqu'il arrive que les enfants
tombent malade, la probabilité qu'ils aient un soin adéquat ou
qu'ils aillent voir un médecin est bien faible. Très souvent,
c'est des comprimés de Paracétamol, de Chloroquine, de Mixagrip
ou autres qu'ils sont obligés de prendre pour
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
se soigner. Les enfants ne peuvent rester au lit et se
reposer pour se soigner pendant longtemps sinon, ils sont qualifiés de
paresseux ou de «jouer au malade».
En outre, les Vidomègon travaillent souvent sans
surveillance, ce qui est un risque vu leur jeune âge. Ils doivent par
exemple dans certaines familles où les deux parents sont absents du
domicile, faire la cuisine et servir le repas, couper les légumes avec
des couteaux tranchants, allumer le feu, faire bouillir de l'eau, transporter
de lourds récipients remplis d'eau, rester courber pendant de longs
moments à laver le linge, ensuite le repasser avec un fer chaud, aller
au marché, lieu où ils peuvent se faire rudoyer ou se faire
renverser par un véhicule.
Nous pensons que ces tâches peuvent ne pas
représenter un danger dans des circonstances normales, mais la fatigue
occasionnée par les longues heures de travail, le manque de repos,
l'insuffisance de sommeil peut rendre dangereuses les tâches les plus
légères.
Les filles interrogées qui sont dans l'intervalle
d'âge de 11-14 ans sont exposées bien souvent au
harcèlement sexuel, aux tentatives de viol de la part des hommes ou des
jeunes garçons qui cherchent à faire leurs premières
expériences sexuelles avec elles. Elles sont aussi victimes de
sollicitations sexuelles de la part des maçons, des ouvriers
lorsqu'elles font de la vente à la sauvette, surtout sur les chantiers
de construction, comme l'a confié une fille de 14 ans
interrogée.
Elles sont également victimes d'agressions d'ordre
verbal ou physique. Elles sont fréquemment victimes de cris et de coups
comme réprimandes, ou font l'objet de punition lorsqu'elles travaillent
lentement ou incorrectement. « J'ai peur quand je fais les travaux de
maison. Lorsque je ne fais pas bien quelque chose, la maman à son retour
de service me gronde ou me tape ». (Propos d'une fille de 12 ans
enquêtée).
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
L'enseignement des tâches domestiques pour que l'enfant
les accomplisse correctement est essentiel pour son avenir en tant qu'adulte,
mais si ces tâches doivent porter préjudice à leur
santé physique, les bases même de cet enseignement posent de
véritables problèmes.
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
· Vérification des
hypothèses
Dans le but de mener cette recherche à bout, 03
hypothèses ont été posées. Il s'agit maintenant
à ce niveau-ci, de vérifier dans quelles mesures se justifient
les hypothèses formulées.
y' Hypothèse 1 : Les
habitudes traditionnelles de placement sont à l'origine du travail des
enfants.
Le travail des enfants fait partie des problèmes
cruciaux auxquels font face les pays en développement. Ceci est
renforcé par certaines pratiques traditionnelles autrefois très
valorisées. La consolidation des liens de parenté et
d'amitié nécessitait le déplacement des enfants. Mais au
fil des années, cette bonne tradition s'est muée en un trafic
sous couvert de pratiques mercantiles telles que le placement contre
rémunération et la situation d'exploitation des enfants.
Cette hypothèse a donc été
vérifiée par les résultats obtenus.
y' Hypothèse 2 : La situation
socio-économique des parents explique le phénomène du
travail des enfants.
L'une des raisons principales du travail des enfants est la
situation économique souvent difficile des parents. L'incapacité
des parents à satisfaire les besoins des enfants, les amène
à laisser les enfants sur le marché du travail. D'un autre point
de vue, la qualité de l'enseignement constitue une autre raison qui fait
que les parents ne veulent pas toujours que leurs enfants restent sur les bancs
pendant longtemps.
Cette deuxième hypothèse est donc
vérifiée.
y' Hypothèse 3 : Le travail
des enfants constitue un handicap pour leur épanouissement.
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
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L'analphabétisme est la première grande cause
qui peut être rattachée à cette partie. Les droits des
enfants ne sont pas respectés s'ils sont exploités. Les enfants
sont vulnérables, ils peuvent subir des dommages redoutables en vivant
dans un environnement qui les opprime. Toutes ces conditions de vie nuisent
dangereusement à un développement harmonieux des enfants.
La troisième hypothèse est
vérifiée par les données recueillies sur le terrain.
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
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La problématique du travail des enfants dans
l'arrondissement de Godomey
CONCLUSION
Au terme de cette recherche, force est de constater les
réalités du travail des enfants au Bénin en
général, et en particulier en ce qui concerne cette étude,
dans l'arrondissement de Godomey. Par une approche essentiellement
structuro-fonctionnaliste, il a été possible à partir des
enquêtes de terrain de comprendre les raisons socioculturelles et
économiques permettant d'expliquer le travail des enfants. Les
indicateurs énoncés à cet effet se retrouvent encore dans
d'autres localités du Bénin avec certaines nuances. Godomey
constitue un point de rencontre entre Cotonou et d'autres villes et villages.
Compte tenu de ce fait, beaucoup d'enfants sont attirés dans le but
d'apprendre un métier ou de travailler. Mais ce faisant, les enfants
sont privés de certains de leurs droits. La nécessité de
préparer les enfants d'aujourd'hui à participer activement
à la construction du Bénin impose l'obligation de les prendre en
charge tant du côté de leur éducation que de leur
formation. Tout ceci ne peut être réalisé que dans la
mesure où des solutions idoines sont trouvées pour lutter contre
ce mal, qui sans doute détruit à petit coup la relève de
demain.
Au Bénin, la lutte contre le travail des enfants
bénéficie d'une attention particulière et des
stratégies sont mises en place. Mais les enfants continuent de
travailler malgré toutes les dispositions prises par les
différentes institutions en charge de veiller sur les droits des
enfants. Même si on ne peut garantir formellement que les enfants cessent
de travailler totalement, des sensibilisations en direction des parents et des
employeurs doivent être menées pour améliorer leur
situation.
Enfin, cette recherche n'est qu'une porte ouverte sur ce que
l'on pourrait appeler le trafic et l'exploitation des enfants, impliquant de
vastes réseaux de trafiquants et d'intermédiaires.
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
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La problématique du travail des enfants dans
l'arrondissement de Godomey
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- UNICEF, 2007, Les enfants et les
objectifs du millénaire pour le développement - progrès
accomplis dans l'édification d'un monde digne des enfants,
Genève.
WEBOGRAPHIE
http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/fonctionnalisme/,
Malinowski, 1968, une théorie scientifique de la culture et
Radcliffe-Brown, 1968, structure et fonction dans la société
primitive, lecture du 11/06/2009.
http://classiques.uqac.ca/contemporains/valois_jocelyne/famille_trad
itionnelle_moderne/famille_trad_mod.html, consulté le 07/09/2009.
http://fr.wikipedia.org/wiki/socialisation
, Emile Durkheim, consulté le 07/09/2010.
http://id.erudit.org/iderudit/001602ar,
Anne Quéniart et Roch Hurtubise, Nouvelles familles, nouveaux
défis pour la sociologie de la famille, lecture du 21/04/2010.
http://www.memoireonline.com/12/08/1687/m_Travail-des-enfants-de-5-14-ans-et-rendement-scolaire-au-Cameroun.0.html
, Francky FOUEDJIO consulté le 21/04/2010.
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants dans
l'arrondissement de Godomey
ANNEXES
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I- Questionnaire pour les enfants
travailleurs
1- Identification de l'enquêté
Nom : Prénoms :
Age :
Sexe : Masculin Féminin
2- Causes du Travail
Es-tu allé à l'école ? Oui Non
Sinon pour quelles raisons ?
Si oui jusqu'à quel niveau ? (précisez) Primaire
secondaire
Tes parents vivent-ils ? Oui Non
Si oui où vivent-ils ?
Ton papa est-il : monogame ? Polygame ?
Combien de frères et soeurs as-tu ?
Quels liens y a-t-il entre ton employeur et toi ? Parenté
Aucun
Que fais tu comme travail ? Apprenti Domestique
Depuis quand travailles-tu ici ? Moins de 6 mois 6 mois et
plus Pourquoi travailles-tu ici ? Pour de l'argent Autres raisons
Précisez quelles raisons ?
Qui reçoit l'argent ? Parent Intermédiaire
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3- Conditions de vie et de travail
Les enfants de ton employeur travaillent-ils comme toi ? Oui
Non
Si oui, sont -ils dans les mêmes conditions que toi ? Oui
Non
Quelles différences y a t-il entre vous ?
Travailles-tu tout le temps ? Oui Non
A quelle heure te réveilles-tu ? Avant 6 heures
Après 6 heures
A quelles heures te couches-tu ? Avant 22heures Après 22
heures
Où dors-tu ? Dans un lit Sur une natte Autres
Précisez
Te reposes-tu ? Oui Non
Qui te soigne quand tu tombes malade ?
Te maltraites-t-on ? Oui~ non
Si oui, que penses-tu de ta condition de vie ? Joues-tu avec
d'autres enfants ? Oui Non
Sinon pourquoi ? .
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II- Grille d'observation
Numéro
|
Thème
|
Observation
|
1
|
Comportement de l'enfant lors de l'entretien
|
|
2
|
Etat de santé de l'enfant
|
|
3
|
Lieu de travail
|
|
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III- Guide d'entretien destiné aux personnes
ressources
1- Eléments d'identification
Nom : Prénoms :
Sexe :
2- Travail des enfants
-Existence du phénomène dans la localité et
ampleur
-Critères à partir desquels on peut juger de
l'exploitation des enfants
-Connaissance d'enfants qui s'y adonnent
-Genres de travaux accomplis
-Age en moyenne des enfants
-Conditions de travail et de vie et conséquences
-Lieu de provenance des enfants
-Contexte familial : volonté / contrainte
3- Perspectives
Problèmes prioritaires à résoudre par
rapport à l'enfance au travail
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IV- Guide d'entretien pour les employeurs
1- Eléments d'identification Nom
:
Prénoms :
Sexe : Masculin Féminin Situation matrimoniale :
Age :
Profession :
2- Conditions de travail
- Types de travail confiés aux enfants
- Avantages d'utiliser un enfant à la place d'un
adulte
- Perceptions par rapport au travail des enfants
- Nombre d'heures de travail en moyenne des enfants par jour
- Rémunération faite aux enfants
3- Relations avec les enfants
-Support des frais de maladie ou secours apporté aux
enfants en cas
d'accident de travail
- Rapports avec les parents des enfants
- Liens entre les enfants : parentés, confiés
- Rapports entre les enfants travailleurs et vos enfants
- Soins particuliers apportés aux enfants
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V- Questionnaire destiné aux parents des
enfants
1- Eléments d'identification
Nom :
Prénoms :
Age :
Sexe : Masculin Féminin
Niveau d'instruction :
Primaire secondaire Supérieur Aucun Statut
matrimonial: Monogame Polygame
Profession :
2- Causes du travail des enfants
Combien d'enfants avez-vous ?
Vont-ils tous à l'école ? Oui Non
Sinon, pour quelles raisons ?
Avez-vous des enfants auprès de tierces personnes ? Oui
Non
Si oui pourquoi vous êtes vous séparés de vos
enfants ?
Quels liens existent-ils entre ces personnes et vous ?
Parenté Aucun
Ces enfants travaillent-ils ? Oui Non
Pour quelles raisons travaillent-ils ?
Prenez vous de l'argent en échange de leur travail ? Oui
Non
Vos enfants vous aident-ils à mieux vivre par leur travail
? Oui Non
Si oui, quels apports vous font-ils ?
Quel regard portez-vous sur cette situation ?
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Table des matières
DEDICACES................................................................................................................................
2
REMERCIEMENTS....................................................................................................................
3
SIGLES ET ACRONYMES
.................................................................................................
4
SOMMAIRE
................................................................................................................................
5 LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET SCHEMA
.......................................................... 6
RESUME............................................................................................................................
7
INTRODUCTION......................................................................................................................
8
1ERE PARTIE : PROBLEMATIQUE GENERALE DE L'ETUDE SUR LE
TRAVAIL DES ENFANTS A GODOM EY 11
CHAPITRE I : FONDEMENT THEORIQUE
......................................................................
12
I -1 PROBLEMATIQUE 12 I -1 -1 PROBLEME DE LA
RECHERCHE 12 I -1 -2 HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
15
I -1 -3 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 16
I-1- 3-1 OBJECTIF GENERAL 16 I-1-3-2 OBJECTIFS
SPECIFIQUES 16
I -2 CLARIFICATION CONCEPTUELLE 16
I -3 - JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
19
I-4 REVUE DE LITTERATURE 20
I-5 MODELE D'ANALYSE 26
CHAPITRE II : DIFFERENTS PARCOURS DE RECUEIL DES
DONNEES SUR
L'ETUDE DU TRAVAIL DES ENFANTS A GODOM EY
................................................... 29
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II -1 CADRE D'ETUDE
...........................................................................................................
29
II -1 -1 SITUATION GEOGRAPHIQUE ET
ADMINISTRATIVE ........................................ 29 II-1-2
MILIEU HUMAIN ET ACTIVITES ECONOMIQUES
............................................ 30 II-1-2-1 GROUPES
SOCIOLINGUISTIQUES ET CROYANCES RELIGIEUSES..............
30
II -1 -2 -2 - ACTIVITES
SOCIOPROFESSIONNELLES
......................................................... 31 II -1 -2 -3
INFLUENCE DU MILIEU SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS
............................ 31 II -2 NATURE DE L'ETUDE
..................................................................................................
32
II -3 SOURCES D'INFORMATION
.......................................................................................
32 II- 3-1 SOURCES DOCUMENTAIRES ..... ..........
............................................................ 32 II-3-2
SOURCES ORALES
...............................................................................................
33
II -3 -2 -1 PRE-ENQUETE
........................................................................................................
33
II- 3-2-2 ENQUETE PROPREMENT
DITE.................................................................... .
33 II-4 GROUPE CIBLE ET ECHANTILLONNAGE
......................................................... 34
II -5 TECHNIQUES ET OUTILS DE COLLECTE DE DONNEES
..................................... 36
II -6 TRAITEMENT ET ANALYSE DE DONNEES
............................................................ 36
2IEM E PARTIE : DETERMINANTS DU TRAVAIL DES ENFANTS
ET
IMPLICATIONS : RESULTATS ET ANALYSES
................................................................ 38
CHAPITRE III : LES FONDEMENTS SOCIOCULTURELS
DU TRAVAIL DES ENFANTSA GODOM EY
........................................................................................................
39
III -1 - L'EDUCATION FAM ILIALE
......................................................................................
39
III- 2 - L'ANALPHABETISME DES PARENTS ET L'AVENIR
DES ENFANTS 43
III -3 LA DIMENSION DE LA FAM ILLE
45
III -4 LES TRADITIONS DE PLACEMENT D'ENFANTS
47
III -4 -1 DU PLACEMENT AU TRAVAIL DES
ENFANTS 48
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III -4 -2 LA DEMANDE EN MAIN D'OEUVRE
ENFANTINE .............................................. 51
CHAPITRE IV : LES FONDEMENTS SOCIO-ECONOMIQUES DU TRAVAIL
DES
ENFANTSA GODOM EY 53
IV -1 - LES STRATEGIES DE REMISE EN CAUSE DE
L'EDUCATION SCOLAIRE 53 IV-2-UN ENVIRONNEMENT FAMILIAL MARQUE PAR LA
PAUVRETE 60
IV -3 - L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES
61
IV - 4 -- LA NON SATISFACTION DES BESOINS DES
ENFANTS 62 CHAPITRE V : LES IMPLICATIONS DU TRAVAIL DES ENFANTS A
GODOMEY 67
V -1 - LA SITUATION DES ENFANTS TRAVAILLEURS
67
V -1 -1 - L'EXPLOITATION DES ENFANTS
67
V -1 -2 - LES CONDITIONS DE TRAVAIL
69
V -2 - LES CONDITIONS DE VIE DES ENFANTS
TRAVAILLEURS 73
V -2 -1 LE LIEU D'HABITATION
73
V -2 -2 - LES CONDITIONS D'ALIMENTATION
74
V -3 - LES RISQUES ET L'AVENIR DES ENFANTS
76
V -3 -1 - AU PLAN SCOLAIRE
76
V -3 -2 - SUR LE DEVELOPPEMENT PSYCHOSOCIAL
79 V -3 -3 - SUR LA SANTE PHYSIQUE 80
· VERIFICATION DES HYPOTHESES 84
CONCLUSION..........................................................................................................................
86
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 87
ANNEXES 88
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