I.1.1- Le territoire : un concept polysémique
Il y a plus de vingt ans, le concept de territoire est apparu
dans la production scientifique des économistes (Becattini, Bagnasco,
Brusco, etc.), des géographes (Raffestin, Roncayolo, Brunet,
Frémont, etc.), des sociologues (Barel, Ganne, etc.), et d'autres
auteurs en sciences sociales (Allies, Lepetit, etc.). Cette
multidisciplinarité de ce concept le rend polysémique et ses
définitions sont multiples.
Partant de la définition donnée par le
dictionnaire de géographie7, il en ressort trois
interprétations du mot territoire qui ne s'excluent pas mutuellement.
Ainsi :
- Le territoire peut désigner un espace administratif ;
- Le territoire peut être limité par des
frontières et habité par une population particulière ;
7 P. Baud, S. Bourgeat, et C. Bras, 2003,
Dictionnaire de géographie, Hatier, Collection initial, 544p,
pp. 137-138.
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA
Par PEGUI Yannick Félix, Maître ès
sciences économiques 15
- Le territoire peut désigner tout espace
socialisé, approprié par ses habitants, qu'elle que soit sa
taille.
Cette définition met essentiellement le point sur le
territoire en tant qu'espace limité par des frontières
(administratives, géographique...) et dans lequel un groupe d'individus
cohabite.
Or dans les définitions portées par la notion de
développement local, le territoire ne s'entend pas comme un simple
échelon spatial. Il ne peut être postulé comme un bout de
terre soumis à une administration et ayant des frontières
internes et externes.
Bien au contraire, le territoire s'impose aujourd'hui comme un
espace vécu, « un espace complexe et actif ». Mais aussi comme
un construit social permanent en constante appropriation. Dans ce sens, il peut
être apparenté à un système dynamique complexe
(Leloup et Moyart, 2003). Il se construit ainsi grâce aux relations
durables de proximité géographique développée entre
une pluralité d'acteurs ; ces relations de « voisinage »
peuvent mener à des actions concrètes voire à
l'élaboration commune de normes, de projet : on rejoint alors la notion
de proximité institutionnelle. Par ailleurs, le territoire est nourri
par les échanges et les relations, emboîté dans un ensemble
d'autres espaces qu'il influence et qui l'influencent réciproquement.
Dans ce contexte, les limites du territoire ne sont plus définies en
référence à un périmètre politico
administratif (aspect politique) ou comme un fragment d'un système
productif national (aspect économique). Elles définissent d'une
part le lieu d'intersection de réseaux et d'interdépendances
entre acteurs et d'autre part, le lieu de production, de négociation et
de partage d'un devenir commun. En définitive, Les territoires sont des
constructions sociales et leurs performances dépendent largement de la
créativité et de l'innovation dans la mise en valeur des
ressources territoriales par la société locale. Ce qui
très souvent relève d'une combinaison pertinente de
décisions et des actions d'acteurs publics et privés dans le
cadre de la gouvernance locale.
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