RESUME
Au Bénin, la diversification des cultures de rente,
parallèlement à celle des sources de financement du budget
national est devenue un enjeu important pour la promotion de la croissance
économique à deux (02) chiffres et pour les politiques de lutter
contre la pauvreté. Pour se faire, la politique agricole s'est
tournée vers une valorisation des filières porteuses dont
l'anacarde. Mais une chose est de promouvoir ces filières dites
porteuses et l'autre chose est de savoir l'avantage qu'elles revêtent
pour ceux qui s'y consacrent et le reste de la communauté. C'est dans ce
cadre que la présente étude s'est intéressée
à la rentabilité de la filière anacarde dans le
département des collines et plus précisément dans la
commune de Savalou.
A cet effet, cette étude a adopté une approche
méthodologique basée essentiellement sur la recherche
documentaire, les observations directes, les enquêtes de terrain, les
interviews structurées, à partir desquelles, les données
relatives aux systèmes de production et de commercialisation, aux
acteurs, à la commune, à la méthode d'analyse et à
la filière anacarde en générale ont été
collectées. Ces données aussi bien primaires que secondaires ont
été analysées avec la Matrice d'Analyse des
Politiques(MAP). Aussi, de l'analyse, il ressort que la production et la
commercialisation de l'anacarde sont financièrement et
économiquement rentables. En effet, la production de l'anacarde
dégage des rentabilités financière et économique
respectives de 34.622,13FCFA/ha et de 65.511,149FCFA/ha. Avec un CPE=0,9936 et
un transfert net de -30.889,02FCFA/ha, les producteurs sont implicitement
taxés et ne profitent d'aucune incitation à produire. Quant
à la commercialisation, elle mobilise une rentabilité
financière de 118.031,71F CFA/tonne et une rentabilité
économique de 74.651,71FCFA/tonne. Avec un CPE =1,0987 et un transfert
net de 43.380FCFA/tonne, les grossistes sont implicitement subventionnés
et profitent d'une incitation à continuer leur activité.
Cependant, seules les mesures de politique visant à
augmenter le rendement à l'hectare et le prix de vente aux exportateurs
sont profitables aux différents acteurs de la filière anacarde.
Mais toute augmentation des prix de vente bord-champ des stocks à partir
de 519,388FCFA/kg devient une perte pour le commerçant grossiste. De
même que toute diminution du prix de vente des stocks aux exportateurs en
dessous de 456.468FCFA / tonne devient néfaste aux grossistes. Par
ailleurs, si toute augmentation du rendement de 5% par hectare (soit
377,30kg/hectare) augmente la rentabilité financière de
20,65% ; il n'en demeure pas moins que toute diminution du rendement en
dessous de 270,87kg/ha ou toute diminution du prix de vente bord-champ des
stocks en dessous de 303,135F CFA/kg deviennent des pertes pour les
producteurs.
Enfin, quand bien même la commune compte 20.000
producteurs d'anacarde et une superficie des plantations d'anacardiers
estimée à 25.000ha, deux usines semi-industrielles de
transformation des noix de cajou et que cette filière résolve un
grand problème économique et de développement qu'est le
chômage, la filière anacarde ne bénéfice d'aucun
appui de la part des autorités communales ni gouvernementales. Ce
état de chose confronte les acteurs de la filière à
diverses contraintes notamment l'insuffisance d'encadrement, la mauvaise
organisation des différentes fonctions de la filière et le manque
de financement entraînant une persistance suicidaire du
préfinancement de la commercialisation et du mode de financement "avance
sur achat" à taux de remboursement de 100%.
|