CHAPITRE VI: PRINCIPAUX
FACTEURS DE DIVORCE SELON LES ENQUETES
6.0. Introduction
Notre recherche s'était donnée comme objectif de
mettre en exergue les difficultés psychosociales qu'a un fonctionnaire
divorcé. Nous avons récolté des données
auprès de cinq hommes et trois femmes. Ces données
récoltées ont ensuite été analysées sous
formes de quatre thèmes :
- Principaux facteurs de divorce
- Principaux effets du divorce
- Difficultés psychosociales des fonctionnaires
divorcés
6.
1. Violence conjugale
Soulignons que le mot violence a un contenu différent
et multidimensionnel. Le phénomène lui-même touche de
nombreux aspects de la vie collective et privée. Selon l'OMS (1998,
p.6) : « la violence est l'emploi de la force physique et du
pouvoir au détriment d'autrui avec comme objectif de dominer,
d'affaiblir, de blesser et/ou d'anéantir l'autre».
Cette violence entre conjoints s'est beaucoup remarquée
au cours de notre enquête. SIFI le précise: « Ibintu
vyagiye guhinduka aho umugabo wanje atanguye kunkubitira imbere y'abana
». Ce qui veut dire: « Tout a changé depuis que mon
mari a pris l'habitude de me battre en présence de nos enfants
».
Ici nous remarquons que cette violence qui se fait entre SIFI
et son conjoint est une violence physique. La violence physique a des effets
qui tendent à déstabiliser la femme battue sur tous les plans,
surtout lorsqu'elle se produit de façon continue et permanente.
Il arrive des cas où la violence prend une autre
orientation qui est une violence sexuelle. Malheureusement si l'homme est
violent dans son ménage, tout se résout par force, il n'a pas de
temps pour mesurer les conséquences des actes posés.
Les propos de BISO illustrent cela: « Mukurangura
amabanga y'abubatse, nta mwunvikano wari uhari, umugabo wanje yamfata ku nguvu
kandi ivyo vyaba imisi yose ». Cela peut se traduire ainsi:
« Aux moments des rapports sexuels, il n'y avait pas de consentement
mutuel, mon mari me l'obligeait de force et cela tous les jours».
L'homme qui use souvent de la force se livre facilement
à des actes répréhensibles comme l'agression physique
et/ou psychologique et ces facteurs favorisent le passage à l'acte dans
la situation de violence.
Signalons qu'au cours de notre enquête, nous avons
constaté que les violences sexuelles sont à la base des violences
verbales. Donc, la violence verbale peut être entendue sous forme
d'insultes, de mots grossiers etc. Alors la violence sexuelle est presque
toujours accompagnée de violence verbale.
A ce sujet SIFI exprime ceci: « twaguma turyana,
naramubwira ngo tuje kwa muganga akanka nkagira uburuhe bwo kwama ku mvyaro za
bur' igihe, nkagira n'uburuhe bwo kwama ndangura amabanga y'abubatse ».
Ce qui veut dire: « nous étions toujours en conflits, et
quand je lui disais de nous rendre à l'hôpital il refusait,
j'étais alors fatiguée des couches incessantes et par des
rapports sexuels de tous les jours ».
Les mots qui blessent causent de la terreur dans l'esprit de
la victime qui craint pour sa vie ou celle des ses proches. Il faut donc
reconnaître l'effet dévasteur de la violence verbale et les
traumatismes psychologiques particuliers causés par des insultes,
l'humiliation, la menace, etc. Voici les propos de BISO: « umugabo
wanje nk'ubu umukobwa aduciyeko yaca anyereka ngo ehe raba ngo ubona
atagusumvya ubwiza nawe wirata ngo uri mwiza ». Ce qui peut se
traduire: « chaque fois que mon mari voyait une fille qui passait, il
me disait: regarde combien cette fille est belle, peux-tu te comparer à
elle ».
Nous constatons qu'à partir des violences verbales
naissent des violences psychologiques. La violence psychologique, surtout si
elle est continuelle, peut détruire psychiquement la personne et causer
de graves problèmes de santé. Les insultes, les brimades, les
reproches répétés, les dénigrements
systématiques qui débouchent sur l'effondrement de l'estime de
soi, sont également des formes de violences psychologiques. Soulignons
en passant au cours de notre enquête que certains ont
révélé des violences verbales et psychologiques qui se
font en l'endroit des hommes.
Le cas BIBI illustre ce qui précède. BIBI
indique ce qui suit: « umugore wanje yashoboye kuvunga ngo jewe
karya kagabo ntidukwiranye ngo kandi ni kabi ». Ce qui signifie:
« Ma femme a osé dire qu'elle n'est pas à l'aise avec
moi, je ne la mérite pas et que je suis un petit bonhomme
».
Nous pouvons dire que la violence peut être acquise
comme le souligne BARAHWAHURA (2000, p39). Selon lui, « les gens
apprennent la violence. Bien entendu ceux qui la leur enseignent n'en sont pas
toujours conscients». Les enfants et les adultes violents apprennent
cette violence de leurs parents et de leur milieu de vie. Naturellement, aucun
d'entre eux ne se met délibérément et consciemment
à l'enseigner. Mais le résultat est le même au cours de son
apprentissage, l'enfant procède par imitation et identification. Il
copie ce qu'il observe dans son entourage. Il intériorise beaucoup plus
souvent les comportements manifestés par ses parents.
Selon DODSON (1972, P.60) : « L'enfant apprend
par imitation et identification. L'enfant fait ce qu'il voit. L'exemple le plus
développant qu'il m'ait été donné de voir
personnellement fut celui de l'adolescent qui lançait de bouteilles
à la tête de sa mère ». Voici ce que dit GAGA
à ce propos :« Jewe nakuze mbona papa akubita mama, mbere
nogushika mu mwaka w'indwi; vyangumyemwo gushika n'ubu. Maze kubaka umugore
wanje anshavuje naca ndamukubita kuko nibaza ko ari ukungaya kandi ko umugabo
bamwemera muhira iyo akubita umugore wiwe ». Ce qui signifie :
« Je voyais mon père battre ma mère, depuis mon jeune
âge jusque à ce que j'arrive en 7ème
année, j'en ai gardé en souvenir et quand je me suis
marié, j'ai fait la même chose ; je battais ma femme chaque
fois qu'elle me fâchait et je croyais qu'elle ne me respectait pas, je me
disais aussi qu'un homme est respecté chez lui quand il bat sa femme
».
Les enfants qui ont été victimes de violences
physiques ou psychologiques ou qui ont grandi dans une famille où ils
ont été témoins de scènes de violences dans leur
milieu familial, risquent d'être violents eux-mêmes une fois
adultes.
|