UNIVERSITE DU BURUNDI
FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES
SCIENCES DE L'EDUCATION :
DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE
LE VECU PSYCHOSOCIAL DES FONCTIONNAIRES DIVORCES :
Enquête menée en Commune BUTIHINDA
Bujumbura, octobre 2011
Mémoire présenté et défendu
publiquement en vue de l'obtention du grade de licencié en
Psychologie
Option : Psychologie Clinique et
Sociale.
Sous la Direction du:
Professeur Sylvère SAKUBU
Par :
Willy BAYIZERE
DEDICACE
A notre chère épouse,
A notre regrettée fille aînée ;
A nos enfants Audry, Alida, Liesse, Olga, Daniella;
A nos parents ;
A nos frères et soeurs ;
A nos cousins et cousines;
A la famille NSABIMANA Paulin Prosper;
A la famille NAHIMANA Olivier;
A la famille MISAGO Sébastien;
A la famille KAJABWAMI Valentin ;
A tous ceux qui nous sont chers;
Nous dédions ce mémoire.
REMERCIEMENTS
La présentation de ce travail est pour nous une
occasion d'exprimer nos sentiments de satisfaction et de profonde gratitude
envers toutes les personnes qui, de près ou de loin ont contribué
à sa réalisation.
Nos remerciements s'adressent plus particulièrement au
Professeur SAKUBU Sylvère, Professeur à la Faculté de
Psychologie et des Sciences de l'Education qui, malgré ses multiples
engagements, a accepté de diriger ce mémoire. Ses remarques et
ses explications éclairées nous ont beaucoup aidé dans la
réalisation de ce travail.
Que tous nos éducateurs, du primaire à
l'Université du Burundi, en particulier ceux de la Faculté de
Psychologie et des Sciences de l'Education, ayant contribué à
notre formation tant morale qu'intellectuelle et à toute personne qui a
accepté de nous entretenir et nous fournir des informations dont nous
avions besoin, trouvent ici un grand merci.
Que ce travail fasse honneur aux familles NIBIZI Gabriel,
RUNDITSE Jean Baptiste, BARUTWANAYO Aaron, BIGIRIMANA Corneille, NKERAMIHIGO
Philippe, DOMINIQUE Grison ainsi que les membres de notre famille qui n'ont
jamais cessé de témoigner l'intérêt qu'ils accordent
à la réussite de nos études.
Nos sentiments de reconnaissance s'adressent à
l'endroit de Mesdames NABUKENE Edith, NZEYIMANA Rosalie pour l'appui tant moral
que matériel qu'elles nous ont témoigné sans cesse.
Qu'elles trouvent à travers chaque page de ce mémoire
l'expression de notre grande reconnaissance.
Notre profonde gratitude va envers tous nos amis et camarades
de classe qui ont partagé avec nous des moments de bonheur et de
difficultés. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre attachement.
A toute personne qui, de près ou de loin, directement
ou indirectement, nous a prêté main forte, nous disons merci.
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
A.A. : Année Académique
A.D.D.F : Association pour la Défense des Droits de
la Femme
A.F.J. : Association des Femmes Juristes.
al : Collaborateurs.
B.O.B : Bulletin Officiel du Burundi
C.D.F. : Centre de Développement Familial
C.A.E.F : Communautés et Assemblées
Evangéliques de France
E.N.S : Ecole Normale Supérieure
E.S.F. : Expansion Scientifique Française
Ed : Edition
F.P.S.E : Faculté de Psychologie et des Sciences de
l'Education
FAWE : Forum for African Women and Education
Ibid. : Même auteur
O.N.G : Organisation Non Gouvernementale
O.M.S : Organisation Mondiale de la Santé
p. : Page
P.U.F : Presses Universitaires de France
P.C.S : Psychologie Clinique et Sociale
T. : Tome
T.G.I : Tribunal de Grande Instance
U.C.L : Université Catholique de Louvain
TABLE DES MATIERES
DEDICACE.....................
i
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
TABLE DES MATIERES
iii
0. INTRODUCTION GENERALE
3
0.1. Justification du sujet
3
0.2. Délimitation du sujet
3
Ière
PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
CONSIDERATIONS
METHODOLOGIQUES
3
CHAPITRE I: ELUCIDATION DES MOTS CLES
3
1.0. Introduction
3
1.1. Affinité
3
1.2. Amour
3
1.3. Union
3
1.4. Conflit
3
1.5. Mariage
3
1.6. Divorce
3
1.7. Couple conjugal
3
1. 8. Famille.....................
3
1. 9. Vécu psychosocial
3
CHAPITRE II: QUELQUES GENERALITES SUR LE
DIVORCE
3
2.0. Introduction................
3
2.1. Notion de divorce
3
2.2. Aperçu historique
3
2.3. Evolution du divorce dans le temps et dans
l'espace
3
2.4. Origines étymologiques du mot
divorce
3
2. 5. Position de différentes églises
sur le divorce
3
2. 5. 1. Position de l'église catholique
3
2.5.1.1. Personnes séparées et
divorcées non remariées
3
2.5.1.2. Divorcés remariés
3
2.5.2. Position de l'église orthodoxe
3
2.5.3. Position des églises de la
fédération protestante de France
3
2.5.4. Position des églises protestantes
évangéliques non membres de la fédération
protestante de France
3
2. 5. 5. Conclusion
3
CHAPITRE III: LES PARTICULARITES DE L'AMOUR
CONJUGAL
3
3.0. Introduction
3
3.1. Facteurs handicapant l'amour
conjugal
3
3.1.1. Jalousie excessive
3
3. 1. 2. Routine sexuelle
3
3. 1. 3. Manque de dialogue
3
3.1.4. Disparition de la séduction
3
3. 1. 5. Obligations..............
3
3.2. Biens et exigences de l'amour conjugal
3
3.2.1. Unité et stabilité du
mariage
3
3.2.2. Amour des époux
3
3.2.3. Fidélité conjugale
3
3.3. Eléments clés pour
s'épanouir dans le couple
3
CHAPITRE IV : PROBLEMATIQUE ET
DEMARCHE METHOLOGIQUE.
3
4.1. Problématique
3
4.2. Objectifs de la recherche
3
4.2.1. Objectif général
3
4. 2. 2. Objectifs spécifiques
3
4. 3. Démarche méthodologique
3
4.3. 1 Méthode de recherche
3
4.3.2. Technique de collecte des
données : l'entretien semi-directif
3
4. 4. Univers d'enquête ou
population-mère
3
4. 5. Détermination des cas ou
échantillonnage
3
4.6. Description du terrain d'enquête
3
4. 7. Déroulement de l'enquête
3
4. 7. 1. Pré enquête
3
4.7.2. Enquête proprement dite
3
4.8. Difficultés rencontrées
3
4.9. Procédé de traitement des
données
3
IIème PARTIE: PRESENTATION DES CAS,
ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION DES
RESULTATS....................................43
CHAPITRE V: PRESENTATIONS DES
MONOGRAPHIES
3
5.0. Introduction
3
5.1. Cas BISO
3
5.2. Cas DONI
3
5. 3. Cas SECI
3
5.4. Cas BIBI
3
5.5. Cas SIFI
3
5.6. Cas GAGA
3
5.7. Cas MAMI
3
5. 8. Cas BAJU
3
CHAPITRE VI: PRINCIPAUX FACTEURS DE DIVORCE
SELON LES ENQUETES
3
6.0. Introduction
3
6. 1. Violence conjugale
3
6.2. Manque d'amour conjugal
3
6.3. Absences de fiançailles
3
6. 4. Maladie grave
3
6.5. Insuffisance de dialogue dans le couple et
difficultés à communiquer
3
CHAPITRE VII : LES EFFETS DIRECTS ET
INDIRECTS DU DIVORCE
3
7. 1. Conséquences du divorce liées
à sa procédure
3
7. 2. Sanctions à l'égard de
l'époux coupable
3
7. 2. 1. Sanction intervenant de plein droit
3
7. 2. 2. Sanction consistant en la condamnation de
l'époux coupable
3
7. 2. 3. Dommages intérêts
3
CHAPITRE VIII. DIFFICULTES PSYCHOLOGIQUES
DES FONCTIONNAIRES DIVORCES
3
8.0. Introduction.....................
3
8.1. Le fonctionnaire divorcé et ses
sentiments
3
8. 1. 1. Sentiments de malaise
3
8. 1. 2. Sentiments de honte
3
8. 1. 3. Perte de l'estime de soi
3
8. 1.4. Sentiments de peur
3
8. 1. 5. Sentiments de culpabilité
3
8.2. Relations d'un fonctionnaire divorcé
avec sa famille paternelle
3
8.3. Relations du fonctionnaire divorcé sur
le lieu de travail
3
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
3
ANNEXES...........................
3
0. INTRODUCTION GENERALE
L'homme et la femme sont faits l'un pour l'autre pour qu'ils
soient complémentaires en tant que masculin et féminin.
C'est-à-dire qu'un homme peut éprouver des désirs sexuels
envers une femme et vice versa. Souvent, ils peuvent transmettre la vie humaine
par la procréation. Personne ne peut contester que ce qui fait honneur
au mariage soit la stabilité de l'union conjugale.
Pourtant, il est un constat amer qu'il existe des
ménages mal assortis, parfois même au point d'en arriver à
la dislocation et aux divorces. Et pourtant, dans le projet du mariage,
l'idéal est que ce dernier soit contracté dans un esprit de
pérennité. La décision du mariage devrait reposer sur une
attirance réciproque entre un homme et une femme et c'est ce qui
constitue normalement l'essentiel d'une bonne entente.
Cependant, au moment de prendre leur engagement, les deux
partenaires prétendent se connaître mutuellement mais au bout d'un
certain temps, ils peuvent découvrir qu'il y a entre eux des divergences
fondamentales. Il arrive des fois où des éléments
extérieurs viennent troubler gravement une entente qui jusque là
paraissait bonne. En ce moment là, la situation change dans le foyer et
elle finit par devenir insupportable. La vie en commun n'étant plus
possible, le divorce peut constituer une seule issue. Le divorce aussitôt
prononcé, les deux conjoints commencent ainsi une vie solitaire sans
assistance et sans complémentarité. Pour la plupart, leur revenu
est réduit à moitié. Quant aux enfants, bien qu'ils ne
soient pas responsables de la situation, ils sont obligés de souffrir
comme leurs parents.
Sur ce point, TIECHE (1971, p.507) souligne que « le
divorce est un phénomène social de plus en plus fréquent.
Or, ajoute-t-il les difficultés qu'il implique, le malaise qu'il
entraîne dans la famille, le tort immense qu'il fait aux enfants en font
le fléau dont il est urgent de limiter les ravages ».
De manière générale, le divorce est un
phénomène social qui s'observe dans toutes les
sociétés aussi bien dans les pays développés que
dans les pays moins développés. C'est un problème
délicat entre les époux et qui a des conséquences
néfastes affectant les victimes sur tous les plans: social,
psychologique, moral, etc.
Dans le présent travail qui porte sur «le
vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés», notre
objectif est d'essayer de comprendre des difficultés psychosociales que
rencontrent ces derniers. Pour être mieux éclairé sur ce
sujet, nous allons mener des investigations plus approfondies auprès de
certains couples divorcés car nous estimons qu'ils sont mieux
indiqués pour nous fournir des informations fiables.
0.1. Justification du sujet
Le choix du sujet à l'étude n'a pas
été fait de manière aléatoire. La plus grande
raison est la curiosité scientifique visant à déceler les
difficultés psychosociales que vivent un homme et une femme dans leur
situation de divorce. En plus, nous préférons aller
au-delà de nos constatations et connaissances théoriques sur les
situations de divorce. L'idée principale est de faire une analyse
approfondie sur des relations entretenues par des personnes divorcées
avec leur entourage en particulier la catégorie des fonctionnaires.
La motivation à entreprendre une telle étude
est à la fois intrinsèque et extrinsèque. D'une part,
c'est une occasion d'approfondir nos connaissances sur la situation qui semble
être à la fois vécue sur un mode dramatique par une
personne divorcée et d'autre part, de déceler les
conséquences du divorce sur la vie psychosociale des
concernés.
D'autres recherches ont été menées sur la
thématique du divorce comme « Les déterminants du
divorce en milieu urbain » par NJEBARIKANUYE Elias,
« Problématique du divorce en milieu urbain »
par NIJIMBERE Gédéon,
« Problèmes psychosociologiques des enfants victimes du
divorce » par NJENEZA Alice. Pour notre part, nous allons nous
focaliser sur les difficultés psychosociales que vivent les
fonctionnaires divorcés.
D' après les observations faites sur terrain, nous
avons remarqué que la question de divorce est un sujet absent dans le
débat public et demeure donc un sujet délicat pour la recherche.
Elle a rarement fait l'objet d'études surtout en rapport avec le
vécu psychosocial et, c'est pour cela que la littérature
consacrée à ce sujet est assez maigre.
Nous comptons donc apporter une contribution si minime soit
elle à l'étude de divorce qui, à notre connaissance, n'est
pas encore suffisamment fouillée dans notre société.
Enfin, la présente étude pourrait aussi contribuer à
informer l'opinion en général, l'homme et la femme fonctionnaires
en particulier, des écueils à éviter pour construire un
couple épanoui.
0.2. Délimitation du
sujet
Le sujet en question traite un thème
déjà exploité, raison pour laquelle il importe de le
spécifier et de le délimiter. En effet, à travers les
mémoires que nous avons pu consulter, le domaine du divorce est un monde
qui intéresse beaucoup surtout du point de vue du vécu de ces
personnes divorcées suivant leurs catégories, que
celles-là soient des rurales ou urbaines.
Pour nous, nos lectures nous ont laissé à notre
soif et nous voulons satisfaire notre désir de savoir le vécu
psychosocial des personnes divorcées mais cette fois -ci nous nous
sommes limités sur la catégorie des fonctionnaires, car à
notre connaissance, ce sujet n'est pas encore traité. En plus, nos
personnes enquêtées sont des fonctionnaires divorcées
officiellement de la commune BUTIHINDA. C'est là où réside
la spécificité de notre sujet.
Le présent travail se subdivise en deux parties
essentielles qui sont les suivantes : la première partie comprend
le cadre théorique et considérations méthodologiques.
C'est dans cette partie où nous avons élucidé les concepts
clés, posé le problème de notre recherche, formulé
les objectifs et montré la méthodologie pour atteindre ces
objectifs ; la deuxième partie est consacrée à la
présentation des cas, analyse des données et
l'interprétation des résultats du terrain d'enquête.
Le travail se termine par une conclusion
générale.
Ière PARTIE:
CADRE THEORIQUE ET CONSIDERATIONS
METHODOLOGIQUES
CHAPITREI: ELUCIDATION DES
MOTS CLES
1.0. Introduction
Un mot peut avoir plusieurs sens selon les contextes dans
lesquels il est utilisé et complique ainsi la compréhension de la
théorie qui est construite autour de lui. C'est ainsi qu'il convient de
l'expliciter dans ses divers aspects et préciser le sens retenu. Pour ce
qui concerne, nous élucidons successivement les mots-clés
suivants: affinité, amour, union, conflit, mariage, divorce, couple
conjugal, famille, vécu psychosocial.
1.1.
Affinité
Dans toutes les relations interhumaines, il
doit y avoir des affinités. Le mot affinité a plusieurs
définitions. Alain, (1969, p.21) signale qu'elle est en premier
lieu : « l'alliance avec la famille de celui ou celle
qu'on épouse». En droit civil : « c'est le
degré de proximité et de quasi parenté que le mariage
établit entre conjoints et parents de l'autre ».
Par extension, le mot affinité désigne toute
alliance, liaison de ressemblance entre plusieurs choses, conformité,
convenance, attraction entre les humains. Nous remarquons donc qu'à
travers ces définitions, le mariage occupe une place très
importante dans les affinités et les relations entre les époux
1.2. Amour
On ne peut pas parler de mariage entre hommes et femmes sans
parler du concept d'amour car le mariage est précédé par
l'amour. ROLAND DORON & FRANCOISE (1971 p. 33), définissent le terme
amour comme : « un sentiment malheureux s'il n'est pas
réciproque, et qui , s'il est partagé et satisfait dans la
plupart des attentes, produit du bonheur; ce sentiment d'une personne s'adresse
à une autre personne précise et fait désir à la
première de recevoir la seconde et de lui donner des plaisirs (sexuels
s'il s'agit d'adultes), de tendresse, de l'admiration , de coopération
ou du moins ses satisfactions ». L'amour est un sentiment qui engage
deux personnes entre autre un homme et une femme. Lorsque ce sentiment n'est
pas réciproque, il produit du malheur et lorsqu'il est
réciproque, il produit du bonheur.
Selon SATIR (1980, p.201) d'ajouter que : «
l'amour est un sentiment puissant qui libère le potentiel d'une
personne, lui permet de poursuivre ses rêves, crainte d'être
jugé et de laisser de côté ses propres besoins au profit
des besoins de l'autre. Ainsi, l'amour permet d'être patient et de ne pas
perdre le sentiment de sa propre valeur tout en s'efforçant
péniblement de comprendre l'autre, de surmonter les différences
individuelles, de supporter le sentiment de solitude qui s'élève
inévitablement de temps en temps quand chacun prend ses distances
à l'égard de l'autre pour vivre sa propre vie ».
Cependant, il importe de signaler que l'amour est un
élément très important dans la vie du couple conjugal,
ensuite la compréhension mutuelle et la réciprocité sont
des outils très nécessaires pour qu'on parle d'amour conjugal.
1.3. Union
C'est une relation réciproque qui existe entre deux ou
plusieurs personnes, sentiments réciproques et relations suivies: vie en
commun, liens de parenté. ROBERT (1980, p.250), a donné sa
définition qui souligne que l'union de l'homme et de la femme dans un
couple est : « une union conjugale, légitime et cette
dernière se forme une fois que le mariage est consommé ».
Ainsi, pour notre travail, il a été surtout question de
l'union conjugale qui se fait entre les époux.
1.4. Conflit
Le mot conflit vient du latin « confligère
» qui signifie « choquer » ou « combattre
». Il existe une situation de conflits chaque fois que deux ou
plusieurs groupes sont en antagonisme déclaré, en
désaccord violent à l'occasion d'intérêt ou
d'idées qui les opposent. BIROU (1969, p.31), définit le conflit
comme : « une situation de lutte où chacun des adversaires
utilise divers moyens pour contraindre l'autre à capituler dans ses
ambitions ».
Ainsi, les conflits sociaux sont aussi nombreux que diverses
formes d'oppositions et de lutte dans les relations comme nous les observons
dans les ménages burundais. Dans notre travail, le mot conflit a
été considéré comme une source de rupture des liens
conjugaux existant entre deux conjoints.
1.5. Mariage
En étudiant le vécu psychosocial d'une personne
divorcée, on ne peut pas passer outre le terme mariage car la
dissolution de ce dernier ne peut y avoir que s'il a été
consommé. SILLAMY (1980, p.280), définit le mariage comme :
« une union solennelle d'un homme et d'une femme, l'un des actes les
plus importants de l'existence, car il engage profondément leur avenir
». Cependant, le mariage n'est pas toujours attesté par une
union solennelle notamment dans le Burundi traditionnel où les hommes
et les femmes se mariaient sans qu'il y ait célébration civile ou
religieuse.
BIGANGARA (1975, p.77) donne la définition du mariage
coutumier burundais comme : « la cohabitation volontaire et
stable de deux personnes de sexes différents après accord et
entente de leurs familles respectives reconnues par la coutume, en vue de la
procréation, de l'éducation des enfants, d'un
épanouissement dans l'amour et dans l'aide mutuelle ».
En effet, le mariage est célébré
publiquement et par conséquent, c'est un acte public par lequel un homme
et une femme décident de s'unir légalement en se reconnaissant
engagés ensemble avec des droits et des devoirs réciproques. Le
mariage est un phénomène qui, chez tous les peuples, fait l'objet
d'une réglementation juridique. Même si le mariage sous - tend une
bonne cohabitation d'un homme et d'une femme et que cette cohabitation
revêt un caractère d'amour et de stabilité, des
perturbations tant internes qu'externes peuvent provoquer des
mésententes à l'intérieur des couples jusqu'au point d'en
arriver à la dissolution, au divorce. Ce qui entraîne des
conséquences majeures sur le vécu psychosocial de la personne
divorcée.
1.6. Divorce
Le divorce peut être défini comme un jugement
prononçant la rupture d'un mariage. Selon le premier axe de
définition : « le divorce est une rupture légale du
lien conjugal ». (SILLAMY 1980, p.50). Au sens
étroit d'après un autre axe de définition ce
terme consiste : « en la rupture totale et définitive
des liens conjugaux». (SILLAMY 1969, p.60)
Le divorce d'un couple entraîne des conséquences
dans tous les domaines. Nous voyons que dans toutes ces définitions, le
divorce est défini légalement, donc sa procédure
s'institutionnalise avec la présence du juge le jour de sa rupture.
1.7. Couple conjugal
Le terme conjugal qui vient du mot conjoint va dans le sens
des personnes jointes et unies par amour. Qui dit couple conjugal veut dire
comme le précise SILLAMY (1980, p.305) : « une union ou
une relation entre homme et femme qui s'impose comme réalité
biologique et social ». Cette définition de SILLAMY ne
mentionne pas que cette réalité est aussi de nature
psychologique.
MUCCHIELLI (1980, p.11) souligne que : « la
grande majorité des auteurs reconnaissent aujourd'hui un couple
comme une réalité interpersonnelle originale». Et pour
ce dernier, la définition ne suffit pas car la relation dans un couple
n'est pas seulement une relation cimentée par l'amour conjugal.
CAHEN R. cité par MUCCHIELLI (1980, p.11) indique dans
son article que : « le couple n'est pas seulement le
cadre formel d'une vie à deux, mais un centre dynamique où les
forces interfèrent avec les formes et les conditions ». Selon
cet auteur, le couple conjugal n'a pas seulement attesté par le cadre
formel mais les forces psychologiques et sociales de deux époux de leurs
familles.
André LAMARCHE (cité par MUCCHIELLI, 1980,
p.41) montre dans son article qu':« un couple, ce n'est
pas seulement une paire de gens qui ont décidé de vivre ensemble
et qui sont unis par des liens juridiques du mariage, un couple ne se fonde et
dure dans la mesure où il a une vie commune, qui représente
l'intimité du couple, où il y a territoire du couple, existant
pour les deux, dépendant des deux, appartenant aux deux».
Un couple, en procréant, forme une famille. Une vie
profonde du couple est d'abord d'ordre sexuel, puisque fondée sur les
échanges et sur la complémentarité entre deux partenaires
sexués. Pour DEHARVENG (cité par MUCCHIELLI, 1980, p.81) le
couple : « c'est une union de deux personnes en vue d'entretien
réciproquement, de la génération et l'éducation
des enfants».
Pour la définition du couple conjugal, dans notre
travail de recherche, nous retiendrons celle de
DEHARVENG (cité par MUCCHIELLI, 1980 p.81), il
s'agit de deux personnes qui s'unissent et qui ont généralement
des enfants et dans ce dernier cas, on parle de famille.
1. 8. Famille
Le mot famille est un terme général qui
s'applique à diverses réalités. De ce fait, plusieurs
auteurs définissent ce terme de différentes manières selon
leur spécialité et leur conception. Ainsi, pour SILLAMY (1980,
p.60), la famille est définie au sens large comme : « un
ensemble d'individus unis par des liens de mariage, du sang, de l'adoption qui
vivent ensemble un même toit ou séparés, qui se connaissent
au foyer commun». Au sens étroit, elle désigne
« une totalité de personnes d'une même maison: femme,
enfants, domestiques soumises à l'autorité ».
En analysant toutes ces définitions, il est très
difficile d'en donner une définition unique et précise. En effet,
ces deux définitions montrent que SILLAMY se base sur deux
caractéristiques à savoir le même sang et le toit
commun.
MAC IVER (1973, p.70) lui aussi donne son point de vue
à propos de la définition de la famille à savoir
« une relation sexuelle, suffisamment précise et durable pour
pourvoir à la procréation et à l'éducation des
enfants ».
Il distingue cinq caractéristiques essentielles de la
famille:
· un rapport conjugal;
· une forme de mariage qui permet d'établir et de
maintenir le rapport conjugal;
· un système d'appartenance normale qui implique
une forme de dénombrement des descendants;
· des ressources économiques communes, mais
particulièrement destinées aux besoins de la nourriture des
enfants;
· une habitation, un foyer et des objets communs.
Les deux auteurs convergent sur deux points importants autour
desquels tournent leurs opinions. Il s'agit de la famille nucléaire et
de la famille étendue. La première est la forme la plus
restreinte et la plus élémentaire dans l'organisation-formation.
Elle constitue la production de la société et de son organisation
à une échelle restreinte.
En effet, c'est dans la famille nucléaire que se
transmettent les symboles, les formes et valeurs morales de la
société. Quant à la famille étendue
répondant aux relations multiples et variées, elle montre le
degré illimité de la famille.
Concernant notre société, BINDARIYE (2006) dit
que l'emploi du terme «famille» exprime donc à lui
seul trois degrés selon lesquels on distingue trois sortes de familles
à savoir :
· La famille parentale comprenant plusieurs familles
moyennes soumises à une même autorité paternelle;
· La famille clanique qui regroupe plusieurs familles
parentales et qui ont un ancêtre commun;
· La famille ménage composée du mari, de sa
femme et de ses enfants.
Quand nous essayons d'analyser toutes ces définitions
données par différents auteurs, nous retenons en ce qui concerne
notre sujet de recherche que la famille est un groupe biologique, fondé
sur les instincts et qui est symbolisé par la relation triangulaire:
«père - mère - enfant». C'est donc la famille
nucléaire au vrai sens du terme.
1. 9. Vécu
psychosocial
Il s'avère impérieux de définir le
groupe de mots «vécu psychosocial»
séparément. Le mot «vécu» peut
être considéré comme l'auto perception ou l'image de soi.
C'est donc la situation éprouvée par une personne par rapport
à son passé, son présent et la façon dont elle se
présente et se projette dans l'avenir. Le vécu psychosocial
désigne ici une corrélation indissociable entre la vie
personnelle et la réalité sociale.
En effet, l'homme est considéré en situation
sociale, face à un environnement socio culturel qu'il contribue par
ailleurs à créer. Son expérience personnelle se
matérialise ainsi dans la vie collective comme le souligne BADIN (1971,
p.5) : «En réalité, l'homme et la
société ne sont pas exclusifs (...). L'homme naît au sein
d'un groupe social (...) Il est pratiquement impossible de vivre et de se
développer en dehors de la société.
Il y a un lien indissociable entre l'histoire
individuelle du sujet et la réalité sociale au point qu'on a pu
dire que le social vit en chacun de nous ».
Nous remarquons que le vécu psychosocial
s'intéresse au domaine de l'interaction, notamment celle des personnes
et des groupes dans le cadre de la vie quotidienne. Par le vécu
psychosocial, nous entendons au bout du compte une manière de vivre pour
une personne influencée par l'environnement socioculturel.
1.10. Conclusion
Après avoir donné le sens des mots clés
de notre étude tels que affinité, amour, union, conflit, mariage,
divorce, couple conjugal, famille, vécu psychosocial, nous avons
développé certaines généralités en rapport
avec le divorce. C'est l'objet du chapitre qui va commencer dans les lignes qui
vont suivre.
CHAPITRE II: QUELQUES
GENERALITES SUR LE DIVORCE
2.0. Introduction
Tout homme fait l'expérience du mal autour de lui et
en lui-même. Cette expérience se fait aussi sentir dans les
relations entre l'homme et la femme. De tout temps, leur union est
menacée par la discorde, l'esprit de domination,
l'infidélité, la jalousie et par des conflits qui peuvent aller
jusqu'à la haine et la rupture. Ce désordre peut se manifester de
façon plus ou moins aigue et il peut être plus ou moins
surmonté, selon les cultures, les époques, mais il semble bien
avoir un caractère universel. Dans ce chapitre, nous avons
développé la notion de divorce, l'aperçu historique du
divorce, l'évolution du divorce dans le temps et dans l'espace, les
origines ethnologiques du mot divorce ainsi que la position des
différentes églises sur le divorce.
2.1. Notion de divorce
La loi n° 1/1 du 15 Janvier 1993 portant code des
personnes et de la famille définit le divorce. « Elle
précise qu'il existe deux sortes de divorces à savoir le divorce
pour cause et le divorce par consentement mutuel ». Ce divorce pour
cause déterminée n'est possible qu'après la disposition
des articles 158 et 159 qui dans les cas limitativement prévus:
l'adultère, les excès, les sévices et les injures graves
et la condamnation de l'un des époux pour un fait entachant l'honneur
peut d'après les circonstances constituer une cause de divorce.
Concernant le divorce pour consentement mutuel, il peut
être prononcé en cas de double volonté exprimé
conjointement ou lorsque par demande de l'un des époux, dans une action
en divorce pour cause déterminée, l'autre reconnaît le bien
fondé de la demande et donne son consentement. Quand on recourt au cas,
on donne la définition du divorce d'après DEPAGE (1966, p 150),
qui dit que « le divorce est la dissolution complète et
définitive du lien conjugal pour l'avenir ». C'est la
rupture d'un mariage valable, prononcé par la justice du vivant des
époux, pour l'une des causes spécifiées par la loi en
vertu de leur double volonté exprimée d'une manière
persistante et solennelle.
2.2. Aperçu
historique
Le divorce sous la forme actuelle est la résultante
d'une synthèse entre tradition vieille de plusieurs siècles et
évolution des mentalités dans le temps et dans l'espace. JANIER
(1976, p.80), explique que : « les civilisations anciennes
et notamment les peuples hébreux, égyptiens et grecs connaissent
déjà de divorce, mais c'est à Rome que le divorce
prit naissance et qu'il connut sa forme moderne».
L'alcoolisme qui s'appelait alors consommation du vin,
était déjà une cause de divorce. Les Romains eurent le
choix entre deux types de procédures: le divorce par consentement mutuel
dit: «divortium bana gratia» et la répudiation de
«repedium».
Le droit au divorce disparut avec l'emprise sur le droit
canon du mariage car le christianisme s'est montré résolument
hostile au divorce. A ce sujet, de nombreuses alternatives ont
été avancées et différentes réactions ont
été mises en avant à travers différentes
époques jusqu'à ce que la libéralisation du divorce soit
consacrée non seulement en France, mais également sur toute
étendue de l'Europe.
A ce sujet de divorce, BOULANGER & al (1966), se sont
exprimés en disant qu'en France, le principe d'indissolubilité du
mariage a triomphé quand l'église catholique a obtenu un pouvoir
de légiférer et de juger en matière matrimoniale. Ce
principe a été d'abord discuté dans sa portée car
si les textes évangéliques de Saint Luc et de Saint Marc
contiennent une prohibition absolue du divorce, le droit canonique admet
cependant des tempéraments à la rigueur de la prohibition du
divorce. Il s'agit de la théorie des nullités du mariage qu'on
développe artificiellement pour mettre fin à des unions
malheureuses sans pour autant déloger un principe de stabilité de
mariage. Encore plus pour BOULANGER le droit canon autorisant encore dans
certains cas où la vie commune est devenue insupportable, la
séparation de corps également appelé divorce des
catholiques.
La séparation des corps est un diminutif du divorce
dans la mesure où elle dispense du devoir de la cohabitation sans mettre
fin au lien conjugal; les époux ainsi séparés restant
tenus du devoir de fidélité. En résumé, on peut
dire que le mariage civil qui a été longtemps la règle
l'est demeuré tant que le mariage du droit civil l'a
révélé.
2.3. Evolution du divorce dans
le temps et dans l'espace
Pour ROUSSEL (1979) depuis le dix-neuvième
siècle, dans les pays occidentaux, le nombre de divorce est en constante
progression. En France en 1960, on comptait un divorce pour douze mariages, en
1977, cette progression était de un pour huit. Au pays Bas, selon une
étude de Kopp, 10 personnes sur 100 des mariages contractés entre
1940 et 1945, ont aboutit à la séparation. Cette progression
linéaire suggère que le pourcentage des divorces des personnes
mariées entre 1966 et 1970 sera de 20 personnes sur 100 des cas. Kopp
montre que les divorces sont autant fréquents que les hommes sont
mariés à 19 ans, contre 12 personnes sur 100 pour ceux qui sont
mariées à 30 ans.
Le même auteur poursuit en disant que des chiffres
semblables sont obtenus aux Etats- Unis. Le taux de divorce est de 100
personnes sur 150 et, lorsqu'il s'agit de jeunes gens, 33 personnes sur 100
divorcent. On peut appliquer cette augmentation par la conjonction des trois
phénomènes: la mise en question de la famille sous sa forme
traditionnelle, l'émancipation des femmes, l'assouplissement de la
législation. ROUSSEL dit aussi que lorsque l'épouse a une
activité professionnelle, les divorces sont quatre fois plus
fréquents lorsqu'elle se consacre exclusivement à sa famille.
Longtemps interdit dans les pays catholiques; le divorce a
fini par être toléré en cas de faute grave d'un ou des deux
époux. En France, ce n'est que depuis la loi du 11 juillet 1962 qu'un
mariage peut être dissout par consentement mutuel.
Au Burundi, aucune enquête n'a été
effectuée sur l'historique de divorce en ce qui concerne son
évolution dans le temps et dans l'espace. D'après les visites que
nous avons effectuées auprès de l'ADDF, FAWE, AFJ, NTURENGAHO,
CDF, des associations supposées mieux indiquées en la
matière, la question du divorce n'est pas sur plateau, pour dire qu'on
ne peut pas donner des statistiques sur le divorce au Burundi.
2.4. Origines
étymologiques du mot divorce
Le mot divorce a plusieurs origines étymologiques.
Pour ROSSEL (1979), dans la période ancienne et plus
précisément en Grèce, on employait le terme
«repudiare» pour designer la dissolution du mariage par
l'homme sans la consultation de sa femme. Ce mode de divorce
représentait bien la place de la femme dans la société
patrimoniale rigide. Ensuite, l'usage du mot «divertere»
anciennement «divortere», s'est appliqué à la femme
initiant une procédure de divorce. Le terme impliquait l'intention de la
femme de se séparer du chemin de son mari. Enfin, on vit
apparaître «dimeltere» (dissoudre) qui avait le
même sens que «divertere» mais d'un usage plus neutre
ce qui signifie à cette époque que la dissolution de la vie
conjugale n'engage que la femme uniquement. Dans un temps très ancien,
le divorce était donc unilatéral de la seule volonté d'un
de deux conjoints alors que plus tard, il pourrait aussi être
qualifié de bilatéral, contracté par deux époux.
2. 5. Position de
différentes églises sur le divorce
Il nous semble intéressant et nécessaire de
rappeler la position des différentes églises en face de ce
phénomène social qu'est le divorce. Nous avons choisi de
présenter quatre courants différents qui nous semblent
résumer les points de vue. Nous avons développé
successivement la pensée catholique, la pensée orthodoxe, celle
de la fédération protestante de France et celle des
églises protestantes évangéliques non membres de la
fédération protestante de France. C'est BOUCHAUD & al (2007)
qui donne la position de ces différentes églises sur le
divorce.
2. 5. 1. Position de
l'église catholique
2.5.1.1. Personnes
séparées et divorcées non remariées
Divers motifs tels l'incompréhension
réciproque, l'incapacité de s'ouvrir à des relations
interpersonnelles, etc., peuvent amener à une blessure douloureuse,
souvent irréparable du mariage civil. Il est évident que l'on
peut envisager la séparation comme un remède extrême
après que l'on ait vraiment tenté tout ce qui était
raisonnablement possible pour l'éviter.
La solitude et d'autres difficultés encore sont souvent
le lot du conjoint séparé même s'il est innocent. Dans ce
cas, il revient à la communauté environnante de le soutenir plus
que jamais, de lui apporter estime, solidarité, compréhension,
aide concrète afin qu'il puisse rester soutenu même dans la
situation difficile qui est la sienne.
2.5.1.2. Divorcés
remariés
BOUCHAUD, (2007) dit que l'expérience quotidienne
montre que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de
passer à une nouvelle union, évidement sans
cérémonies religieuses catholiques. Et comme il s'agit là
d'un fléau qui, comme les autres s'attachent de plus en plus largement
aux milieux catholiques, il faut d'urgence affronter ce problème avec la
plus grande sollicitude.
Dans la situation du divorce, l'église catholique
recommande aux prêtres qu'ils doivent savoir que, par l'amour de la
vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses
situations. Il y a en effet, une différenciation de ceux qui se sont
efforcés, avec sincérité de sauver un premier mariage mais
qui ont été injustement abandonnés, et ceux qui, par une
faute grave, ont détruit leur mariage canoniquement valide. Il y a enfin
ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de
leurs enfants et qui ont parfois, en conscience, la validité de leur
union.
Le pape J. Paul II exhorte chaleureusement les prêtres
et la communauté des fidèles dans son ensemble d'aider les
divorcés remariés. Avec une forte charité, tous feront en
sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'église car ils
peuvent et même ils doivent participer à sa vie. Que
l'église prie pour eux, qu'elle les encourage et montre à leur
mère miséricordieuse et qu'ainsi, elle les maintienne dans
l'espérance (BOUCHAUD, 2007, p. 36).
L'église réaffirme cependant sa discipline
fondée sur l'écriture sainte selon laquelle elle ne peut plus
admettre à la communion eucharistique des divorcés
remariés. Cela implique concrètement que lorsque qu'un homme et
une femme ne peuvent pas, pour de graves motifs, par exemple l'éducation
des enfants, remplir l'obligation de la séparation, ils prennent
l'engagement de vivre en complète séparation, c'est-à-dire
en s'abstenant des actes réservés aux époux.
De la même manière, le respect dû au
sacrement de mariage aux conjoints eux-mêmes et à leurs proches et
aussi à la communauté des fidèles, interdit à tous
les prêtres pour quelques motifs ou sous quelque prétexte que ce
soit, même d'ordre pastoral de célébrer, en faveur des
divorcés qui se remarient.
En agissant ainsi l'église professe sa propre
vérité et en même temps elle se penche avec un coeur
maternel vers ses enfants en particulier, vers ceux qui sans faute de leur part
ont été abandonnés par leur conjoint légitime.
Remarquons que pour les catholiques, le mariage n'est pas un simple constat
juridique, il crée un lien plus ou moins inséparable entre
époux, ce lien engage pour toute la vie et il est durable. Autrement
dit, les liens de mariage religieux ne peuvent pas être rompus.
L'église catholique accepte malgré tout qu'un couple marié
religieusement soit amené à se séparer ou même
à divorcer. Le fait de vivre séparé de son conjoint n'est
pas un péché, un motif d'exclusion.
2.5.2. Position de
l'église orthodoxe
Dans l'ouvrage intitulé «église
orthodoxe et la sexualité», Olivier (1999) résume la
position de l'église orthodoxe face au divorce. Le mariage orthodoxe
crée un lien éternel entre les époux, ce lien ne peut pas
être rompu même si elle considère que le mariage unique
reste la norme, l'église orthodoxe accepte qu'un couple marié
religieusement soit amené au divorce. L'église orthodoxe adopte
ainsi une position plus simple que l'église catholique. Elle admet non
seulement le divorce mais accepte aussi le remariage religieux.
En fait, l'église orthodoxe agit selon le principe de
l'économie: puisque l'humain est faible, sujet au péché,
sachons- nous accommoder de cette situation et faisons preuve de
compréhension à l'égard de ceux qui souffrent d'une
séparation. L'épanouissement spirituel de chacun n'est-il pas
priorité en dépit des erreurs qu'il a pu connaître.
Après un temps de réflexion pendant lequel l'époux
divorcé fera le bilan de son échec, l'église orthodoxe
accepte de célébrer un second mariage et même un
troisième certes, beaucoup moins solennel que le premier basé sur
les actes de pénitence. C'est une cérémonie toujours
empreinte de miséricorde et de compréhension.
Le point de vue orthodoxe sur la difficile question du divorce
et du mariage est empreint de sagesse. Une sagesse qui encourage de donner le
pardon, qui permet de l'espoir à tous ceux qui souffrent d'une
séparation. L'église ne reconnaît ni accorde le divorce.
2.5.3. Position des
églises de la fédération protestante de France
Selon les CAEF dans leur ouvrage
intitulé « mariage, divorce, remariage » (2004)
disent que pour les églises membres de la
fédération protestante de France, la rupture d'un mariage ne met
pas en cause un sacrément de mariage. Le mariage est d'ordre civil, le
divorce aussi. Pour la théologie protestante, l'amour et la
sexualité sont des grâces accordées par Dieu à un
homme et à une femme invités à vivre ensemble. Mais cette
relation conjugale est affaire pleinement humaine où se jouent la
responsabilité, mais aussi la fragilité et la faiblesse des
créatures de la terre. Lorsque malgré le sérieux de
l'engagement de mariage la discorde s'installe dans un couple, l'église
protestante propose aide et soutien aux époux en vue d'obtenir leur
réconciliation.
Ce qu'ils peuvent, s'ils le souhaitent, c'est de s'engager
dans une démarche pastorale, participer à une thérapie de
couple ou encore rencontrer un conseiller conjugal. Lorsqu'un couple en arrive
à un point de rupture et qu'il a honnêtement tenté
d'éviter la cassure, lorsque la situation familiale atteint une tension
insupportable pour tous, il vaut sans doute mieux se résoudre au
divorce, même s'il y a des enfants. Mais une union qui brise ne laisse
pas indifférente l'église qui reste attentive dans
l'écoute et l'accompagnement pastoral à la souffrance et au
devenir des personnes divorcées et de leur famille nouvelle. Certes,
cette seconde bénédiction n'a rien d'automatique ni de
systématique. Chaque église, membre de la
fédération protestante de France a son propre fonctionnement et
peut accepter ou refuser cette demande d'une seconde bénédiction.
Tout en affirmant le sérieux de l'engagement du mariage, la confession
protestante adopte une position assez souple et équilibrée
à l'égard des divorcés et remariés. (BOUCHAUD,
2007, P.48).
2.5.4. Position des
églises protestantes évangéliques non membres de la
fédération protestante de France
Pour BOUCHAUD (2007 p.25) le mariage est «une
institution relationnelle, c'est-à-dire de l'ordre de
création.» C'est pour cette raison qu'on peut trouver les
traces de ces valeurs et de ces caractéristiques fondamentales dans
l'ensemble des cultures de tous les temps.
Les trois verbes, quitter, s'attacher, devenir,
décrivent l'ensemble des changements physiques, affectifs et sociaux qui
s'opèrent normalement dans ces trois étapes menant au mariage.
Ces églises se réfèrent aux textes bibliques qui semblent
indiquer que le divorce fut permis parce que la vie conjugale pouvait devenir
impossible dans certaines circonstances. Cette issue était la concession
faite par Dieu à l'homme à cause de la dureté du coeur de
ce dernier. Elle précise toutefois que c'est à cause de la
dureté du coeur que la possibilité du divorce était
admise. L'église dénonce énergiquement la confusion de ses
détracteurs entre laxisme et rigorisme.
Elle n'admet pas qu'on puisse répudier sa femme pour
n'importe quel motif mis à part une exception, la porneia. Ce mot grec,
généralement traduit par l'infidélité ou
l'impudicité parfois par adultère signifiait à
l'époque toute anomalie ou immoralité sexuelle. A noter que ce
terme porneia a en effet un sens large, il couvre la convoitise tout autant que
la prostitution, la fornication, l'adultère, l'homosexualité,
toute déviance sexuelle en action ou en pensées.
Dans l'église protestante, le divorce entre
l'époux chrétien était a priori interdit, mais une
situation nouvelle a surgi du fait de l'existence des conjoints restés
non croyant, voulant rompre le mariage. Il importe avant tout de vivre la paix
et ne pas se laisser envahir par l'inquiétude.
En dehors des points particuliers qui ont été
développés, d'autres situations peuvent rendre invivables la vie
conjugale. D'autres situations comme (violences de toute nature, atteintes
à la vie du conjoint ou des enfants) peuvent entraîner la rupture
du mariage.
2. 5. 5. Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons montré que le divorce se
remarque dans tous les pays et à des époques différentes.
De plus, les positions des églises sont différentes les unes des
autres : L'église catholique considère que le mariage n'est
pas un simple fait juridique et s'oppose au remariage des personnes
divorcées, l'église orthodoxe est pour un second, même un
troisième mariage des époux divorcés s'ils
préfèrent se remarier, les églises de la
fédération protestante de France sont pour le divorce et propose
l'écoute et l'accompagnement pastoral des personnes divorcées et
de leur famille nouvelle. Mais cette fédération donne la
liberté à chacune de ses églises membres à
célébrer ou non un second mariage. Enfin, les églises
protestantes évangéliques non membres de la
fédération protestante de France permettent le divorce dans le
cas où la vie conjugale peut devenir impossible dans certaines
circonstances.
Ainsi, après avoir développé cet
aperçu historique sur le divorce, nous allons montrer dans le chapitre
qui suit les particularités de l'amour conjugal.
CHAPITRE III: LES
PARTICULARITES DE L'AMOUR CONJUGAL
3.0. Introduction
La vie du couple n'est pas un long fleuve tranquille.
Certains écueils peuvent handicaper son fonctionnement. Pour permettre
au couple de bien évoluer pendant longtemps et lui éviter les
crises de jalousie ou même d'en arriver à la rupture après
une infidélité, découvrons les facteurs qui handicapent la
vie heureuse et équilibrée du couple. Dans le présent
chapitre, nous avons abordé successivement les facteurs handicapant
l'amour conjugal tels que la jalousie, la routine sexuelle, le manque de
dialogue, la disparition de la séduction et les obligations, les
exigences de l'amour conjugal et enfin les éléments clés
d'un couple épanoui.
3.1. Facteurs handicapant
l'amour conjugal
3.1.1. Jalousie excessive
Pour DOCTICIMO (1970, p.36), « un conjoint qui ne
supporte pas qu'on regarde son partenaire, qui surveille toutes ses
sorties, celui-ci est jaloux». Si le sentiment de jalousie
n'épargne personne, il se forme en calvaire pour celui qui le vit et
celui qui le subit. Ce sentiment semble inévitable au sein du couple.
Mais quelles sont ses origines ? La jalousie existe dans toutes les
cultures, selon les individus, les origines de ce sentiment sont
diverses : manque de confiance, projection, refoulement. DOCTICIMO(1970)
revient sur les motivations cachées derrière cette
possessivité amoureuse.
La jalousie est un sentiment courant: dès l'enfance,
on a ce besoin d'être aimé et même d'être
préféré. Ce sentiment peut alors apparaître envers
l'un des parents, un frère ou une soeur. D'ailleurs, FREUD (cité
par PIERRE, 1990, p.48) écrivait qu' « il n'est pas normal
de ne pas éprouver la jalousie ». Selon lui, ce sentiment est
un besoin. Il est vrai qu'on observe ce sentiment dans toutes les cultures,
sous toutes les latitudes Néanmoins, il faut souligner l'influence des
valeurs de la société : la place de la
fidélité dans le couple est importante dans le
développement de ce sentiment. FREUD distingue trois formes de
jalousie:
1. Jalousie normale ou concurrentielle: c'est lorsque le
partenaire est inconsciemment identifié à la mère ou le
père;
2. Jalousie projetée: c'est lorsque le jaloux
soupçonne l'autre car il est lui-même infidèle;
3. Jalousie délirante: il s'agit d'une
dénégation de son homosexualité: «je ne l'aime
pas car c'est un homme, mais c'est ma femme qui l'aime.»
On se pose la question de savoir entre un homme et une femme
celui qui est plus jaloux que l'autre. Pour PIERRE (1990), il semble y avoir
plus de femmes qui ont de la jalousie de manière pathologique que
d'hommes. Certes, le même auteur continue en disant qu'on ne
possède pas de chiffres exacts sur le phénomène mais ce
sentiment serait équitablement choisi, partagé, et simplement
plus visible chez le sexe féminin. Et, il y a peut être un biais
lié à la culture: on considère souvent qu'un homme peut
avoir des relations uniquement pour le sexe, alors qu'une femme met
forcément des sentiments dans sa relation. L'infidélité
féminine est considérée comme plus grave, ce qui pourrait
expliquer des réactions plus violentes des partenaires.
PIERRE (1990, p. 274) dit que : « la jalousie
s'observe dans un couple lorsqu'il y a manque de confiance ». Les
spécialistes soulignent aujourd'hui que ce sentiment peut trouver une
explication plus simple, tel que le manque de confiance en soi, le jaloux doute
de son potentiel de séduction. Lorsqu'on a suffisamment de confiance en
soi on projette en général sa confiance sur l'autre, il pourrait
également s'agir dans certains cas d'une angoisse de fusion. Le jaloux a
peur de perdre son identité dans le couple et cherche donc une tierce
personne pour se rassurer. La jalousie lui permet en quelque sorte de
consolider son autonomie, d'exister.
3. 1. 2. Routine sexuelle
DOCTICIMO (197, p.61) fait remarquer que : « la
routine sexuelle est un des principaux handicaps du désir
érotique. En général, une fois qu'un conjoint
connaît le mode de comportement de l'autre sur le bout des doigts, il a
une fâcheuse tendance à rejouer sans cesse la même
scène: celle où il dit «je sais qu'elle/ il aime comme cela
donc, je vais agir de la même manière !»
Or, ce genre de pensées entraîne
inéluctablement une forme de routine sexuelle! Si on
répète les mêmes gestes dans le même ordre, on finit
tous à se lasser et avoir envie de nouveauté ».
Il faut que le conjoint n'hésite pas à
communiquer ses désirs et ses fantasmes à l'autre pour mettre un
peu de piment dans leur vie de couple. En ce moment là, si il ose
également faire le premier pas, il est fort probable que son conjoint
ressente le même sentiment que lui mais il n'ose pas, non plus, proposer
des changements ce qui pourrait handicaper leur communication.
3. 1. 3. Manque de dialogue
Le manque de dialogue est bien sûr néfaste pour
le couple. Certes, il découle d'un manque de temps ou d'attention
lié aux diverses causes. Cependant, il est fréquent que le
dialogue existe mais que personne n'écoute l'avis de l'autre. Dans ce
cas, il revient au couple de se faire ensemble un travail de dialogue
posé, en faisant des efforts pour réellement chercher à
comprendre ce que l'autre veut dire.
Pour DAHAL (2000, p.36), «le dialogue est un
élément le plus important dans un couple». Il poursuit
en disant qu'au début d'une relation, ce besoin de tout communiquer est
omniprésent (appels, lettres et maintenant les messages
électroniques).Cependant, pris par les tracas du quotidien, les
occasions de discuter et de débattre sur « tout ou
rien » se font de plus en plus rare et dans le couple on finit
par se contenter de savoir et enfin l'auteur clôture en disant que des
interrogations peuvent aussi surgir dans le couple comme :
«qu'est ce qu'on mange ce soir? Etc.».
Si un des conjoints estime être de plus en plus
éloigné de son partenaire, le couple doit mettre le
problème sur la table ouvertement et réfléchir ensemble
sur ce manque de communication. Par ailleurs et de manière
générale, les conjoints peuvent prendre un temps de parler
(savoir être à l'écoute de l'autre), cela leur permettra de
préciser quelles sont leurs attentes et leur aidera à mieux
gérer leurs conflits personnels, professionnels et conjugaux. DAHAL
(2000, p.40) ajoute aussi que si une fois le vase continue à
déborder, au besoin, il faut que le couple n'hésite à se
faire aider par un thérapeute familiale.
3.1.4. Disparition de la
séduction
La crainte ou la colère à l'égard du
partenaire ne sont pas des émotions propices au désir charnel.
Les conflits entre conjoints peuvent même conduire à la perte du
sentiment amoureux, à l'infidélité ou à
l'impression que l'un des conjoints ne désire plus l'autre et par
conséquent il y a la disparition de la séduction. A ce sujet,
SATIR (1980, p.60), précise que «la séduction, ce sont
tous ces efforts que le conjoint fait pour attirer l'attention de l'autre quand
il n'est pas encore totalement acquis, et dont il finira par se passer quand
son couple paraît stable. Les cadeaux, les petites attentions,
surprises, les déclarations ou les ballades ne devraient jamais
disparaître de la vie amoureuse du couple conjugal.»
Dans un couple, une femme a besoin des mots rassurants et une
multitude des petites marques d'attention pour se sentir aimée et aimer
en retour. Il ne faut pas que son mari n'offre une douzaine de roses mais
plutôt douze fois une fleur différente dans des circonstances
toujours différentes. La femme doit aussi savoir qu'un homme, quant
à lui, a besoin de sentir que sa partenaire a confiance en lui et
qu'elle le valorise dans ses actions.
3. 1. 5. Obligations
A travers les obligations familiales, conjugales et
professionnelles, les journées ressemblent à d'interminables
courses contre l'amour conjugal. A cela, l'intimité amoureuse y prend la
limite. Si le couple met bout à bout les mariages, les anniversaires,
les dîners chez les beaux-parents de l'un puis de l'autre, les vies des
conjoints deviennent très rapidement un cortège incessant
d'obligations.
Une étude récente dit que certains sont
inquiets de faillir à leurs engagements en pensant qu'ils vont
décevoir en faisant le social, d'autres considèrent que refuser
une invitation c'est s'isoler du monde et finir par ne plus être
invité nulle part (PIERRE, 1990). Pourtant, personne ne se rend compte
si, de temps en temps, on se permet de passer une soirée toute
entière avec sa conjointe! Il est important de savoir dire NON et de ne
pas être totalement à la disposition des autres. Vu tout ce qui
précède on voit que les obligations familiales peuvent handicaper
le bon fonctionnement du couple conjugal.
3.2. Biens et exigences de
l'amour conjugal
3.2.1. Unité et
stabilité du mariage
Les conjoints doivent se souvenir qu'à l'époque
d'avant le mariage, ils vivaient tous un amour intensif. Leur harmonie
fusionnelle était au centre de leurs préoccupations. Puisque la
vraie vie a repris leurs droits et devoirs, désormais les seules
déclarations qu'ils font encore sont destinées à
l'administration fiscale. Plutôt que de mettre en cause leur vie
amoureuse en se disant qu'ils profitent de leur vie de couple plus tard, il
faut aussi qu'ils apprennent également à oublier le reste et
profitent de chaque instant passé près de leur compagnon. Selon
GARDINER (1986, p.25), «l'amour des époux exige par sa nature
même l'unité et la stabilité de leur communauté de
personnes qui englobe toute leur vie, ils sont des conjoints. Ils sont
appelés à grandir sans cesse dans leur union conjugale à
travers la fidélité quotidienne, à la promesse du don
mutuel total que comporte le mariage».
Cette union humaine est confirmée par la relation
naturelle que comporte l'amour conjugal. L'amour conjugal n'est pas inné
mais il est acquis et il doit être renouvelé à chaque
instant. La dignité personnelle qu'il faut reconnaître à la
femme et à l'homme dans l'amour qui se prête l'un à l'autre
fait clairement apparaître l'unité du couple. Le divorce est
contraire à cette cohésion qui conditionne l'amour conjugal.
L'amour des époux est l'une des exigences de la vie conjugale. Cet amour
peut se manifester sur le plan sexuel assumé par les époux.
3.2.2. Amour des
époux
Pour OLIVIER (2006, p.50),
« la sexualité est aussi une base de l'amour
conjugal.» Dans le mariage, l'intimité corporelle des
époux devient un signe et un juge de l'amour conjugal. Entre homme et
femme, les liens du mariage sont fondés sur le respect mutuel et l'amour
réciproque. La sexualité par laquelle l'homme et la femme se
donnent l'un à l'autre par des actes propres et exclusifs des
époux est quelque chose purement biologique et cela concerne la personne
humaine.
Donc, la force de la pulsion sexuelle est assurée par
le déterminisme biologique de l'espèce humaine en interaction
avec les facteurs psychologique et social. La sexualité concerne la
personne humaine dans ce qu'elle a de plus intime.
Elle se réalise de façon véritable si
elle est partie intégrante de l'amour dans lequel un homme et une femme
s'engagent entièrement.
Chaque histoire est unique, surtout depuis que l'homme et la
femme se choisissent librement, c'est à dire avant le mariage, mais
c'est à cette époque où on trouve quand même des
ingrédients qui cimentent les couples. L'amour bien sûr, mais au
fil du temps, il se décline sous toutes ses formes. Le couple qui s'aime
comme il faut prépare un bon terrain et cela leur permettra d'avoir une
grande espérance de rester ensemble jusqu'à ce que la mort les
sépare.
3.2.3. Fidélité
conjugale
A propos de la fidélité conjugale, OLIVIER
(2006, p.200) dit que : « le couple conjugal forme une intime
communauté de vie et d'amour fondée et dotée de ses lois
propres par la nature ». Quand on parle de lois, cela signifie que ce
sont toutes ces lois qui régissent la société humaine au
niveau du mariage. Elle s'établit sur l'alliance des conjoints,
c'est-à-dire sur leur consentement personnel. Tous deux se donnent
définitivement et totalement l'un à l'autre. L'alliance
contractée par les époux leur impose l'obligation de la
maintenir. La fidélité exprime la constance dans le maintien des
engagements des époux et c'est pour cela que le mariage fait entre
l'homme et la femme implique une certaine cohésion et dans le cas
contraire l'infidélité est l'une des causes de rupture conjugale.
Nous pensons que l'amour hétérosexuel est le
sentiment le plus enrichissant et le plus satisfaisant que l'être humain
puisse éprouver. Sans être aimé, l'âme et l'esprit de
la personne se figent et meurent, c'est-à-dire que l'époux (e)
non aimé (e) fait un repli sur soi, s'auto-désapprécie
mais, l'amour ne peut pas à lui seul répondre à toutes les
exigences de la vie, mais également s'ajoutent l'intelligence, les
connaissances, la conscience et la compétence.
Pour BINDARIYE (2006, p.58) : « l'amour
conjugal comporte une totalité où entrent toutes les composantes
de la personne et où il y a appel du corps et de l'instinct, aspiration
de l'esprit et de la volonté, il vise une unité proprement
personnelle, celle qui, au delà de l'union en amour réciproque
conduit à ne faire une âme, stable, il exige la durée et la
fidélité dans la donation réciproque et définitive,
et il s'ouvre sur la fécondité ».
Il s'agit bien des caractéristiques normales de tout
amour conjugal naturel, mais avec une signification nouvelle qui, non seulement
les soude et les consolide mais les élève aux points d'en faire
l'expression des valeurs proprement amoureuses.
3.3. Eléments
clés pour s'épanouir dans le couple
Un ensemble de points et d'aspects doivent se réunir
pour faire de la vie au sein d'un couple une vie agréable: l'engagement
affectif dans la relation de l'autre, le partage de tout à
l'intérieur du couple, le bon fonctionnement et l'équilibre sur
tous les aspects. Les habiletés du couple à gérer les
problèmes et les situations difficiles, et surtout la communication et
le dialogue, c'est-à-dire s'exprimer et laisser l'autre s'exprimer,
savoir écouter l'autre, la compréhension. A ce sujet OLIVIER,
(2006, p.71) a donné une panoplie d'éléments clés
pour un couple épanoui. Selon lui : « La qualité de
la relation dans le couple influence grandement la qualité de la vie des
conjoints.».
En effet, il est rare que des gens qui se détestent ou
qui sont en colère l'un contre l'autre puissent vivre la vie
intéressante et satisfaisante ensemble. Il est difficile de
séparer une relation de couple satisfaisante et une vie affective
satisfaisante car, si l'une ou l'autre de ces dimensions est affectée,
l'autre ne tardera à l'être aussi. OLIVIER se prononce à ce
propos en indiquant des éléments qui s'y rapportent.
Premièrement, il y a l'aspect du degré
d'engagement affectif dans la relation avec l'autre. Cet engagement peut aller
d'une union très superficielle où presque rien n'est
partagé, à une union très fusionnelle où presque
tout est totalement partagé sans laisser la liberté individuelle.
Il est évident qu'un équilibre devrait exister entre ces deux
extrêmes : il doit y avoir un degré suffisant d'engagement
dans la relation et de liberté individuelle pour qu'un couple fonctionne
bien. Sans engagement suffisant, il n'y a pas assez de confiance entre les
conjoints, et alors il est difficile d'exprimer ses craintes, ses peines, etc.
Ou encore, sans un degré suffisant de liberté individuelle et de
confiance en soi, les conjoints hésiteront à proposer des
changements ou des aménagements nécessaires à leur couple
de peur de se retrouver seuls.
En second lieu, la question du partage du pouvoir à
l'intérieur du couple est très importante. En effet, la
façon dont le pouvoir est partagé dans le couple et le
degré de satisfaction des conjoints dans ce partage va affecter la
façon dont la sexualité va se vivre. Cela implique que l'on
reconnaît l'individualité de chacun, qu'il n'y a pas
d'inégalité entre les conjoints et qu'il y a un respect entre les
conjoints qui permet de favoriser une meilleure communication.
En troisième lieu, un couple qui fonctionne bien doit
trouver un équilibre entre l'aspect affectif, les émotions et les
sentiments, l'aspect rationnel (logique) et l'aspect comportemental (l'action).
Cet équilibre permet aux conjoints de s'exprimer et de vivre
pleinement.
Quatrièmement, dans la vie d'un couple, il va se
présenter des situations plus difficiles à vivre. Les
habiletés du couple à gérer les conflits ou à faire
face à des difficultés vont lui permettre de survivre et
même de sortir gagnant de ces situations.
C'est cependant la communication qui va permettre les
échanges entre les conjoints sur les points précédents. La
communication est quelque chose d'obligatoire: on ne peut pas ne pas
communiquer. En fait, dès que deux personnes sont ensemble, il y a
obligatoirement une certaine forme de communication qui s'établit entre
elles. Cette communication peut être verbale ou non verbale. Cependant,
la communication qui se produit dans un couple n'est pas toujours efficace.
Pour qu'elle soit efficace, cela requiert certaines habiletés.
Un des ingrédients d'une bonne communication est la
capacité d'exprimer clairement et efficacement autant ses pensées
que ses émotions. Cela demande, entre autres, l'utilisation du
«JE», plutôt que du «TU»
accusateur. Ainsi, on exprime plus clairement ses sentiments en disant «je
suis triste», que «tu es un monstre, tu me fais
souffrir». Un autre ingrédient est la capacité de
demander à l'autre des clarifications et des confirmations de ce que
l'on a cru comprendre. Donc, avant de se mettre en colère, pourquoi ne
pas demander si on a bien compris ce que l'autre a voulu dire.
La communication n'est pas seulement le fait de parler, mais
c'est aussi savoir écouter. L'écoute doit être active pour
que l'autre n'ait pas l'impression de parler dans le vide. Cela veut dire qu'il
peut être important de donner des indications précises à
l'autre que l'on écoute et l'on comprend ce qu'il a à dire. Pour
MUCCHIELLI (1980, p. 73), «Quand on parle des fonctions de
communication au sein d'un couple, il lui reconnaît entre autres les
fonctions de l'interconnaissance et satisfaction de l'autre».
Tous ces aspects de la vie du couple influencent grandement la
sexualité. Un couple peut tenter d'améliorer la qualité de
sa communication ou d'autres aspects de la vie du couple. Mais si des
difficultés particulières se présentent, il vaut mieux
rencontrer un professionnel pour avoir de l'aide avant que les relations du
couple ne se dégradent.
3.4. Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons montré les facteurs
handicapant l'amour conjugal : la jalousie excessive, la routine sexuelle,
le manque de dialogue, la disparition de la séduction et les
obligations. En fait, le dénominateur commun de ces facteurs est la
communication. Les couples qui savent communiquer en paroles et en actes s'en
sortent mieux. Ensuite, nous avons montré les biens et les exigences de
l'amour conjugal que sont l'unité et la stabilité du mariage,
l'amour des époux et la fidélité conjugale. A ce sujet, la
fidélité est un vrai indicateur de l'amour et de l'unité
conjugale.
Enfin, des éléments clés d'un couple
épanoui ont été passés en revu , que sont
l'engagement affectif, le partage de tout à l'intérieur du couple
ainsi que le bon fonctionnement et l'équilibre. De tous ces
éléments clés, le partage de tout à
l'intérieur du couple est un élément central dans la vie
du couple conjugal.
Ainsi, les éclaircissements de ce chapitre en rapport
avec les particularités de l'amour conjugal nous ont permis d'aborder la
problématique générale et la démarche
méthodologique.
CHAPITRE IV :
PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHOLOGIQUE.
4.1. Problématique
L'union conjugale a toujours revêtu, quel que soit le
degré de développement des civilisations, des formes normatives.
Donc cela montre que depuis les temps les plus reculés de l'histoire de
l'humanité, le mariage était une institution.
Le mariage crée entre les époux une association
des efforts, une unité de vie et une communauté des buts. Partant
de l'importance du mariage, HAROLD (1576, p.7), explique
que : « Le mariage fait partie de la vie normale ; il
est indispensable à la plénitude de la vie; le mariage est en
quelque sorte le synonyme de la vie, puisqu'il est dans la fusion des
êtres (...). Le mariage est d'une telle importance dans la vie qui
concerne notre carrière et vice versa ».
La société burundaise voit dans le mariage un
bien-être normal et un oasis de paix. Pourtant, certaines gens pensent
aux problèmes majeurs que rencontrent des conjoints dans leur vie
quotidienne ; d'autres indiquent que la valeur du mariage est
déterminée par le confort. Certes, le confort et les biens
matériels aident dans la réussite du mariage mais n'en
constituent pas les conditions sine qua none. Le mariage que certains
considèrent comme une aventure et d'autres une source de bonheur est
vécu différemment d'un couple à l'autre. Abstraction faite
de la volonté des conjoints, bien des facteurs contribuent à
rendre heureux ou à créer des problèmes à
l'intérieur des foyers.
La décision du mariage ne se fait pas au hasard. Deux
individus qui décident de s'unir pour la vie possèdent chacun des
attentes, c'est-à-dire que chacun des deux a des souhaits de faire un
couple là où il y a une vie aisée, une vie sans conflit,
une vie dans laquelle un homme et une femme s'engagent entièrement l'un
vis-à-vis de l'autre. En réalité, ce qui fait l'honneur et
la dignité morale de l'union dans le mariage est la notion de sa
pérennité. Cependant, nous remarquons qu'il existe des
ménages qui ne sont pas fondés sur l'unité conjugale,
c'est-à-dire des mariages mal assortis au point d'en arriver à la
rupture.
Dans la société burundaise, parmi les buts
essentiels du mariage, la perpétuation de la famille est un
élément important. Signalons qu'avant d'entreprendre le projet du
mariage, chacun des partenaires à des attentes et si ces
dernières ne sont pas satisfaites, ceci peut être à
l'origine de mauvaises relations familiales.
Ainsi, l'insatisfaction quant aux attentes telles qu'elles ont
été souhaitées par l'un ou l'autre des conjoints peut
être une source de frustration. Si celle-ci n'est pas
atténuée, elle peut être à l'origine de mauvaises
relations familiales et sociales. Le problème qui se pose est que les
deux époux vont commencer à se faire des reproches sur telle ou
telle autre situation : le mari reprochant à sa femme d'être
responsable de la situation et vice versa. La personne qui est souvent
accusée d'être responsable va souffrir beaucoup.
Cela peut être à l'origine de troubles divers
dont le plus important est celui de la dépersonnalisation que SUGURU
(2002-2003) définit comme suit : « un sentiment
de n'être plus soi-même dans son intégralité
corporelle, soit dans la conscience du moi psychique, soit dans l'ensemble des
diverses composantes de la personnalité ; sentiments accompagnés
d'une impression d'étrangeté et de non familiarité avec le
cadre de la vie habituelle (déréalisation), en somme, rupture
d'avec les perceptions qui permettent habituellement de se sentir en soi et
hors de soi ». Lorsqu'un des époux a un trouble mental,
celui-ci peut être un prétexte pour l'autre conjoint de demander
le divorce tout en ignorant son implication dans le déclenchement de la
maladie.
Selon MARKALE (1875, p.89) « Le divorce est un mal
nécessaire dans l'état actuel des choses. Il est un moindre mal,
il permet d'éviter le pire.» D'après cet auteur, l'on
remarque que le divorce est un médicament qu'on ingurgite pour soigner
un organe mais qui par voie de conséquence, en guérissant cet
organe, provoque des effets secondaires aussi graves que la maladie qu'on a
voulu soigner. Ainsi, un homme et une femme peuvent s'en sortir diminués
et marqués. Quant aux enfants, ils sont bien entendus les
premières victimes qui subissent des conséquences de cette
désunion.
Dans la société burundaise, les facteurs
à l'origine du divorce sont un sujet tabou et l'on inculque aux
gens à ne rien dire des scènes du ménage, ce qui fait
qu'en cas de divorce, la personne concernée, parfois se résigne,
encaisse et refoule ses tendances pulsionnelles. Au Burundi, du fait de la
tradition qui prône le silence, nombreux sont les divorcés qui ne
dévoilent pas les secrets du divorce dont ils ont été
victimes. Ils s'enferment dans un silence absolu et préfèrent
souffrir en silence plutôt que de voir leur vie privée
exposée au grand jour. BIGANGARA (1973, p.21) confirme cette
réalité en indiquant que : « dans la
société traditionnelle, les conflits du ménage sont
assumés avec une grande discrétion » et un adage rundi
est couramment entendu tel que :
« nikozubakwa » ce qui signifie :
« c'est comme cela que les foyers se
construisent »
En définitive, la situation de divorce perturbe la
personnalité des enfants et celle de leurs parents. Il est donc
traumatisant pour un enfant qui voit ses deux parents se détester
après qu'ils se sont tant aimés. Alors si le divorce est
douloureux pour les époux, il est dramatique pour un enfant qui voit
l'un ou l'autre parent partir loin du foyer familial. En rappelant qu'un homme
et une femme sont faits naturellement l'un pour l'autre, nous nous posons la
question de savoir ce qui arrive aux personnes divorcées.
Signalons que le divorce entraîne des
conséquences importantes dans tous les domaines. Les multiples
conséquences du divorce peuvent affecter la santé humaine en
générale et la santé mentale du divorcé en
particulier et le plus souvent l'éducation des enfants. Le divorce peut
être à l'origine des comportements anormaux et des blessures
psychologiques, comme par exemple la prise excessive de l'alcool, la
délinquance, le suicide etc. Cette situation nous fait penser à
une série de questions suivantes.
- Comment une personne divorcée est perçue par
la société?
- Le divorce est-il un problème social ?
- Que faut-il faire pour l`éviter ?
- Quelle est l'image d'un fonctionnaire
divorcé ?
- Quelles sont les difficultés rencontrées par un
fonctionnaire divorcé dans son milieu socioprofessionnel ?
4.2. Objectifs de la
recherche
En considérant les différentes observations que
nous avons relevées ainsi que les différentes réflexions
émises à travers notre problématique, nous avons
formulé quelques objectifs de recherche.
4.2.1. Objectif
général
Avant d'entreprendre tout travail scientifique, le chercheur
doit se poser la question de départ et l'objectif général
découle de cette dernière. Pour le cas qui nous concerne
l'objectif général est le suivant : « Etudier le
vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés »
4. 2. 2. Objectifs
spécifiques
Les objectifs spécifiques sont les suivants :
- Cerner les principaux facteurs du divorce auprès des
enquêtés;
- Déterminer les principaux effets du divorce ;
- Identifier les difficultés psychosociales que
rencontrent des fonctionnaires divorcés ;
4. 3. Démarche
méthodologique
La méthodologie comme l'indiquent GRAWITZ& al
(1994, p.56) : « est la voie empruntée pour
réaliser un travail scientifique.» Ainsi, la méthode
est définie comme «un moyen de parvenir à un aspect de
la vérité, de répondre plus particulièrement
à la question comment ». C'est également d'après
le même auteur : « l'ensemble des opérations
intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit, les démontre et les
vérifie ».
Chaque chercheur est libre dans le choix d'une méthode
de recherche et c'est pourquoi en matière de recherche, il convient au
chercheur de choisir une méthode qui lui permet de mener efficacement
son étude. En plus de la méthode, le chercheur a besoin d'une ou
des techniques lui permettant de collecter des données et tout cela
dépend étroitement de la nature ou de l'objet du sujet à
l'étude.
4.3. 1 Méthode de recherche
Chaque chercheur est libre dans le choix d'une méthode
de recherche. Pour le cas qui nous concerne, nous avons
privilégié l'approche qualitative. POISSON (1990, p.18-19),
l'explique en indiquant qu'«une recherche qualitative, contrairement
à une recherche de type positiviste, laisse beaucoup de place à
l'improvisation. Le devis de recherche n'est habituellement pas
élaboré à partir d'une hypothèse qu'il faut
confirmer en faisant appel à des stratégies déjà
établies avant même la cueillette des
données.»
Nous avons choisi la méthode qualitative en s'inspirant
des propos de AUBEL, (1984, p.19) qui indique qu' «une
étude est dite qualitative lorsque elle vise à comprendre les
situations et comportements d'une population à partir d'une analyse
subjective». Nous avons opté pour cette approche car elle
convient pour une investigation approfondie et d'explorer un champ
d'étude. La méthode qualitative ne comporte pas de dimensions
statistiques. Il s'agit d'une étude de cas comportant une investigation
approfondie portant sur une unité ou un petit nombre d'unités.
L'unité peut être un individu, une famille, une institution voire
une société.
4.3.2. Technique de
collecte des données : l'entretien semi-directif
En matière de recherche, aucune technique ou aucun
instrument n'est parfait. Cependant, il revient au chercheur de choisir un
instrument qui cerne le mieux les principaux aspects à son étude.
Selon LEON (1973, p. 380) : « le choix des techniques est
étroitement solidaire à la nature du problème
étudié et des caractéristiques des sujets que constituent
le groupe sur lequel porte l'étude ». Pour le
présent travail, nous avons opté pour l'entretien semi directif
comme technique de collecte des données. Pour LAGACHE (1967, p.33),
«Dans l'entretien semi directif, on pose des questions au départ et
par la suite, laisser parler l'enquêté ou l'aider par les
sous questions sans pour autant diriger ». Le même auteur
poursuit en disant que : « dans l'entretien semi directif, tout
comportement posé est observable; par exemple les silences, l'agitation,
les gestes mimiques, les tics, l'accoutrement du répondant, l'humeur,
etc. ». L'entretien semi-directif a permis de nous rendre compte
effectivement des attitudes, des réactions, des perceptions, des
comportements, du vécu psychosocial des fonctionnaires
divorcés.
L'entretien semi-directif consiste en une interaction verbale
animée de façon simple par le chercheur, celui-ci se laisse
guider par le flux de l'entretien abordant les thèmes
généraux sur lesquels il souhaite entendre
l'interviewé ; permettant ainsi de dégager une bonne
compréhension du phénomène à l'étude. Cette
technique nous a permis d'entrer en contact direct avec les fonctionnaires
divorcés. L'entretien semi directif permet un dialogue guidé vers
un objectif permettant ainsi de faire des relances et des reformulations quand
c'est nécessaire sans interrompre brusquement le sujet qui parle.
L'entretien semi-directif comme l'écrit NTUNAGUZA
(1994, p.70) : « est une interaction essentiellement verbale
entre deux personnes en contact avec un objectif préalablement
posé». Il continue en ajoutant que : « ce
dernier facilite la collecte des données en question que se pose
le chercheur sur un thème donné ». Un autre
avantage non négligeable est qu'il permet d'entrer en contact direct
avec les individus qui en ont l'expérience. Ensuite, il laisse parler
l'enquêté sans pour autant diriger le discours.
Cette technique est mieux indiquée comme le
précise MUCCHIELLI (1973, p.170), dans ses propos là où il
souligne que : « l'on cherche à déterminer les
attitudes fondamentales de la personne interviewée sur le
problème qui intéresse l'interviewer ». L'entretien
semi-directif est encore avantageux car il permet à l'enquêteur de
proposer des thèmes du guide d'entretien.
En définitive, l'entretien semi-directif est une
technique qui vise à recueillir des données essentielles sur une
question spécifique et qui se déroule dans une situation
d'interaction sociale entre deux personnes.
4. 4. Univers
d'enquête ou population-mère
Comme dans la partie de la délimitation de notre sujet,
nous avons opté pour la province Muyinga comme lieu d'enquête,
l'univers d'enquête est constitué par l'ensemble des
fonctionnaires divorcés de ladite province. Cependant comme il
m'était pratiquement impossible de travailler sur toute la province,
nous avons choisi comme lieu d'enquête la commune BUTIHINDA par tirage au
sort. D'autres caractéristiques de cette commune seront
précisées dans la description du terrain d'enquête.
C'est dans l'univers d'enquête qu'a été
découpé l'échantillon. A ce propos, MUCCHIELLI (1974,
p.51) définit l'univers d'enquête comme : «
l'ensemble du groupe humain concerné par les objectifs d'enquête
».
4. 5. Détermination des
cas ou échantillonnage
Dans le présent travail, il est difficile et même
impossible de travailler sur tous les cas des divorcés et c'est pour
cela que nous tenons à montrer comment nous avons constitué notre
échantillon de cas. Pour déterminer les unités, nous nous
sommes basés sur les propos de CHAUCHAT (1985, p 49) qui écrit
que : « le choix des unités n'est pas fait selon un tirage
aléatoire et il n'est pas nécessaire d'avoir une base de
sondage».
Nous avons utilisé l'échantillon boule de neige
tout en s'inspirant des propos de DESLAURIER (1991, p.80). Selon
lui : « cette technique consiste à repérer quelques
individus présentant les caractéristiques du problème
à l'étude. Ces derniers donnent des informations en chaîne
car chacun, après avoir fourni des informations sur son cas indique au
chercheur les autres jusqu'à ce que l'échantillon suffisant soit
constitué ».
Par ailleurs, nous avons mené notre étude sur
des cas de fonctionnaires de l'état oeuvrant dans cette commune et ayant
vécu la situation de divorce pendant cinq ans et plus et dont le divorce
est officiel. Nous avons pensé qu'après cette période, les
personnes divorcées auraient déjà ressenties les effets du
divorce étant donné que la procédure du divorce est longue
est coûteuse. En plus de cela, le divorce une fois prononcé,
plonge à la longue les concernés dans des situations
précaires et difficiles.
Signalons que dans le T.G.I de MUYINGA, nous y avons fait ce
que DESLAURIER (1991) appelle « sondage sur document ».
Selon lui, il se rapporte à la documentation existante et/ou ayant paru
sur un sujet (archives de l'institution, revues, cours et journaux). En plus
d'ouvrages généraux et spécialisés en rapport avec
notre sujet, nous avons d'abord consulté les ouvrages en rapport avec le
code des personnes et de la famille. Enfin, nous nous sommes entretenu avec le
procureur de la république dans la province MUYINGA afin qu'il nous
renseigne sur certaines informations légales en rapport avec le divorce.
Concernant la taille de l'échantillon, nous nous sommes
aussi inspiré de DESLAURIER (1991, p.84) qui explique
qu' :« il y a des signes qui annoncent la fin prochaine de
recherche. Le chercheur se rend compte qu'il a réponse aux questions
posées initialement et aux autres soulevées par le terrain,
lorsqu'il connaît à l'avance les réponses de ses
interlocuteurs. Lorsque les données deviennent de moins à moins
fructueuses, les données répétitives et que la
cueillette de renseignements apporte un rendement décroissant, il vaut
mieux s'arrêter, car la prolongation de la recherche ne produira plus
aucune donnée nouvelle ». C'est-à-dire le
phénomène à l'étude a atteint le point de
saturation. Cela signifie que l'entretien des cas supplémentaires
n'apporte rien de nouveau, qu'il n'apprend rien de neuf au chercheur.
Ainsi la taille d'échantillon est composée de
cinq hommes et trois femmes comme le tableau ci-dessous l'indique. Les huit cas
obtenus ont été désignés dans le présent
travail par les deux premières lettres de leurs noms et prénoms
pour garantir l'anonymat. L'enquête a été
clôturée au huitième cas parce que c'est à ce niveau
que nous avons senti qu'il y avait saturation de l'information, car les
réponses données par le huitième enquêté
avaient une ressemblance avec celles déjà données par les
enquêtés précédents.
Tableau de la composition et des
caractéristiques des enquêtés
Divorcés
|
Sexe
|
Fonction exercée
|
Nombre d'années après le
divorce
|
Nombre d'enfants
|
BISO
|
F
|
Secrétaire
|
5 et 6mois
|
5
|
DONI
|
M
|
Enseignant
|
5 et 6mois
|
5
|
BIBI
|
M
|
Directeur
|
6
|
4
|
SIFI
|
F
|
Enseignante
|
5 et 8mois
|
3
|
GAGA
|
M
|
Directeur
|
5 et 6mois
|
3
|
MAMI
|
M
|
Moniteur Agricole
|
6
|
3
|
BAJU
|
M
|
Professeur
|
5 et 7mois
|
3
|
SECI
|
F
|
Infirmière
|
5
|
3
|
Pour compléter les informations sur les sujets
identifiés, nous nous sommes rendu au T.G.I de MUYINGA pour s'assurer
que les cas étaient divorcés officiellement.
4.6. Description du terrain
d'enquête
Notre terrain d'enquête est la commune BUTIHINDA. En
effet, cette dernière est parmi les communes riches de la province
MUYINGA grâce à la présence de l'or sur son sous-sol. La
commune en question accueille des gens en provenance de tous les coins du pays
étant donné d'abord qu'elle est frontalière avec la
Tanzanie et le trafic y est très florissant.
Du point de vue géographique, la commune BUTIHINDA est
entourée par quatre communes et la région de KAGERA de la
Tanzanie. Sa situation géographique est la suivante : au nord-est
se trouvent la commune GITERANYI et le pays voisin qui est la Tanzanie,
à l'ouest il y a la commune BWAMBARANGWE, à l'est c'est la
commune MUYINGA, au sud-ouest il y a la commune de GASHOHO et enfin au sud se
trouve la commune de GASORWE.
4. 7. Déroulement de
l'enquête
4. 7. 1. Pré
enquête
Dans toute recherche surtout en sciences sociales, la
pré enquête est très importante. A ce sujet, NISABWE
(2007-2008) indique que : « la préenquête est une
reconnaissance ou une familiarisation du terrain et permet la reformulation des
questions du guide d'entretien ».
Le pré enquête a été pour nous une
étape qui nous a permis d'être au courant des
réalités de notre terrain d'enquête. Pour le cas qui nous
concerne, avant de nous lancer dans la pré enquête, un guide
d'entretien a été élaboré d'avance.
Ainsi, nous avons mené la pré enquête sur
trois cas (un couple et un homme) que nous avons rencontrés par le biais
de nos connaissances. Lors des premières rencontres, nous avons
commencé par l'introduction de notre entretien par des questions d'ordre
général sous forme de causerie pour une mise en confiance.
4.7.2. Enquête proprement
dite
Durant la période d'enquête, nous avions dans
nos mains une autorisation de la part de l'administration locale et d'une
attestation de recherche délivrée par le Doyen de la
Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de
l'Université du Burundi.
Avant la descente sur terrain, nous avons d'abord
commencé à lire et à relire le guide d'entretien afin
d'éviter les tâtonnements le moment venu de notre entretien. Avant
d'entamer l'entretien, nous commencions par nous présenter à nos
enquêtés et leur préciser l'objet de notre recherche. Ces
contacts se passaient de façon douce et naturelle dans le but de gagner
et de garder leur confiance et leur collaboration.
Durant l'entretien avec nos enquêtés, nous
laissions le sujet s'exprimer librement sans pour autant diriger et interrompre
son discours. Nous avons donc essayé de suivre les propos de PINTO &
al (1964, p.815), là où ils ont donné des conseils qui
disent qu' « A partir du moment où l'enquêté
commence à parler, l'enquêteur ne doit pas l'interrompre ou le
questionner mais demeure dans une attitude de compréhension.»
Toutefois, cette position de PINTO est à relativiser
car pour les cas enquêtés, nous avons fait recours à la
reformulation de nos questions et à poser d'autres questions
liées aux informations livrées par les enquêtés.
Tenant compte de la nature de notre sujet d'enquête qui
est « le vécu psychosocial chez les fonctionnaires
divorcés », nous laissions l'enquêté
s'exprimer librement sur sa situation de divorce car comme le précise DE
LANDSHEERE (1976, p. 83), « ...cette méthode permet de
mieux comprendre les motivations, les conflits, les attitudes des sujets qui,
une fois mis en confiance, relèvent petit à petit leur
anxiété, leurs frustrations, leurs sentiments, leur espoir, leurs
préjugés ».
En ce qui concerne la conduite de l'interview, nous avons
préféré nous entretenir avec chaque cas à part,
dans le but d'éviter des résistances éventuelles. Nous
tenions en considération la disponibilité de nos
enquêtés. Nous nous fixions chaque fois un rendez-vous avec les
interviewés tandis que les entretiens se déroulaient soit sur
leur lieux de travail, soit au domicile des enquêtés, soit dans
n'importe quel lieu qui garantissait la sécurité et le calme
à l'endroit des enquêtés.
Afin de recueillir le maximum possible d'informations, un
seul cas pouvait nous prendre trois occasions ou plus en fonction de la
disponibilité de nos enquêtés. Signalons en passant que la
durée moyenne des entretiens est légèrement
inférieur à trente cinq minutes et cela dans le but de ne pas
fatiguer nos enquêtés.
L'enquête a duré presque un mois et une semaine,
c'est-à-dire du 22 août au 18 septembre 2010, alors que nous
avions prévu uniquement trois semaines, cela étant dû
à l'indisponibilité des enquêtés et aux distances
à parcourir. L'enquête a concerné huit cas auxquels nous
sommes entretenu successivement en date du 22 août pour BISO; du 24
août pour DONI; du 26; 28 et 29 août pour SECI; du 3 et 5 septembre
pour BIBI; du 7 septembre pour SIFI; du 10 septembre pour GAGA; du 15 septembre
pour MAMI et enfin du 18 septembre 2010 pour BAJU.
4.8. Difficultés
rencontrées
La récolte des données n'a pas
été sans obstacles. En effet, tout travail de recherche en
sciences sociales, et particulièrement le nôtre qui comporte des
questions touchant l'intimité de la personne enquêtée ne
peut pas se passer sans manquements.
En effet, une des difficultés majeures était de
trouver les enquêtés (les cas de divorce). Les cas de divorce
n'étaient pas nombreux comme certaines gens le croient. Même ceux
prononcés par le Tribunal de Grande Instance de Muyinga, nous ont fait
remarquer que les dossiers consultés audit Tribunal ne nous ont pas
servi à grand-chose car aucune adresse complète des
divorcés (es) n'était mentionnée. Il nous a fallu alors
chercher quelqu'un qui puisse nous donner les informations nécessaires,
c'est-à-dire quelqu'un qui pourrait nous orienter et nous mettre au
courant de la situation de tel ou tel autre cas du (de la) divorcé
(é) et de son adresse complète. Nous étions obligés
de nous faire conduire par quelqu'un d'autre.
Nous avons aussi connu la difficulté d'accès
dans les foyers car, parfois on refusait de nous recevoir et il fallait rentrer
et y revenir après, une fois, deux fois, voire quatre fois et même
plus. Une autre difficulté non négligeable a été
d'obtenir l'information voulue auprès des divorcés. Ils (elles)
éprouvaient la honte de nous livrer des informations si intimes de peur
qu'elles soient divulguées. Nous nous sommes également
heurté à des résistances de nos enquêtés dues
à l'utilisation d'un appareil enregistreur.
Malgré toutes ces difficultés, nous avons tout
de même pu mener des entretiens avec huit cas, c'est-à-dire trois
mères et cinq pères. Les informations intéressant notre
travail ont été donc récoltées malgré les
difficultés dont nous venons de citer ci- haut.
4.9. Procédé de
traitement des données
Après la collecte des données, nous avons
procédé à la transcription des données sur un bloc
note en vue de faciliter l'analyse et l'interprétation. La
démarche utilisée dans l'analyse et l'interprétation s'est
appuyée sur nos objectifs de recherche. Après quoi, nous avons
procédé à l'analyse qualitative des données. A ce
sujet NISABWE (2007) rappelle que : « dans l'analyse qualitative,
l'important implique la nouveauté, l'intérêt, la valeur
d'un thème, c'est-à-dire sa présence ou son absence
».
Dans la démarche qualitative, l'approche est
exploratoire. Ce qui est intéressant n'est pas la quantité
d'informations mais la qualité d'informations. Donc, c'est la
découverte de la nouveauté qui est importante. Lors de
l'interprétation nous sommes passé à la confrontation des
faits aux théories des différents auteurs pour cerner le sens des
propos de nos enquêtés et des observations faites.
IIème PARTIE : PRESENTATION DES CAS,
ANALYSE DES DONNEES ET L'INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE V: PRESENTATIONS
DES MONOGRAPHIES
5.0. Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons les huit cas dont
cinq hommes et trois femmes qui ont fait l'objet de notre recherche empirique.
En guise d'anonymat, les différents cas sont désignés par
deux premières lettres en majuscules de leurs noms et prénoms.
Ainsi, nous avons respectivement les cas nommés BISO, DONI, SECI, BIBI,
SIFI, GAGA, MAMI, BAJU.
5.1. Cas BISO
BISO est une jeune femme fonctionnaire âgée de
45 ans. Du coup quand on la voit, on réalise qu'elle a des
problèmes dans sa vie. Tout le temps qu'a duré notre entretien,
elle était anxieuse, elle nous a accueilli avec une mine bien sombre.
Il y a cinq ans et demi qu'elle a divorcé avec son mari
DONI. Elle s'est mariée avec celui-ci une année après ses
études secondaires. Avant le divorce BISO vivait à RABIRO avec
son mari enseignant. Avec son époux DONI, ils ont eu cinq enfants, deux
garçons et trois filles. Le premier de ces enfants est en dixième
année tandis que le cadet (le plus petit) est en 4ème
année primaire.
Dans les premiers moments de leur mariage, c'était
paisible à voir, ils s'aimaient beaucoup. Mais la situation s'est
renversée après la naissance de leur troisième enfant.
Nous avons voulu savoir les raisons essentielles de leur divorce. Elle nous a
révélé que c'était un enfant que son mari avait
fait avec une autre fille avant leur mariage qui en était la base: une
fois la mère de cet enfant a écrit à DONI, lui signifiant
qu'elle voudrait lui envoyer son enfant.
Dès lors, le degré de confiance avec son mari
DONI a sensiblement chuté .Ils ont alors commencé à vivre
dans un climat malsain jusqu'à ce qu'ils divorcent .Brièvement,
la raison majeure est que DONI avait caché à BISO l'existence de
cet enfant.
Une autre raison que BISO avance, c'est qu'ils n'ont pas eu
le temps suffisant de s'aimer et de se connaître avant le mariage, ce qui
aurait donné l'occasion à DONI de dire à BISO qu'il avait
un enfant qu'il avait fait avec une autre fille. Enfin, BISO nous a
révélé qu'aux moments des rapports sexuels, il n'y avait
pas de consentement mutuel. Son mari le lui obligeait de force et cela tous les
jours sans interruption. Quant à la question de savoir si vivre dans la
situation de divorce constitue une charge psychosociologique, BISO affirme dans
ses propos : «Ubu nsigaye ndi ikimaramare aho nciye hose
baravuma.» Ce qui signifie : «J'ai aujourd'hui
honte de moi-même, je suis une personne sur qui, tout le monde jette de
l'anathème.»
5.2. Cas DONI
DONI est celui qui fut le mari de BISO; il est
âgé de 48 ans. Il affiche aussi une mine de quelqu'un qui n'est
pas à l'aise. Bien qu'il accueille chaleureusement son invité,
quand vous lui parlez de son passé, il réagit avec beaucoup de
colère. Au sujet de ses études, DONI a une formation
universitaire. Il est professeur dans une école secondaire de BUTIHINDA.
Il vit actuellement cet endroit même avec ses deux petits frères
qui sont élèves au secondaire.
Quand nous avons voulu savoir les problèmes majeurs
qu'il a rencontré avant son divorce, il nous a
révélé que tout est parti de sa femme qui n'a pas voulu
élever un enfant dont elle n'était pas mère. Depuis que sa
femme a fait connaissance de l'existence de cet enfant, le ménage s'est
délabré par des querelles jusqu'à ce que DONI perde toute
influence et toute autorité familiale.
Poussés par leur mère, ses enfants ne lui
parlaient même plus. Mais aussi, le fait que DONI avait à la
longue pris une décision de rentrer tard dans la nuit afin de trouver sa
femme profondément ensommeillée, y est pour quelque chose. Il
nous a encore dit qu'il a divorcé pour qu'il vive paisiblement et qu'il
ne voudrait pas encore entendre parler de tout ce qui se rapporte aux femmes.
DONI affiche une agressivité à toute personne qui le rappelle de
sa femme.
Cependant, par amour à ses enfants, DONI leur paye les
frais de scolarité de même que tout le matériel scolaire.
DONI nous a enfin révélé qu'il a un problème
lié au sommeil: il n'en a plus et s'il lui arrive d'en avoir un tout
petit, c'est pour faire des cauchemars. Enfin c'est l'absence des
fiançailles qui a été la cause de leur divorce a
ajouté DONI.
A propos de la question de savoir si vivre dans la situation
de divorce étant fonctionnaire constitue un fardeau psychosocial, DONI
dit ceci : «Vyoreka kundemera gute kandi wumva mba
ndi umwe mu nzu ya jenyene ?» Ce qui signifie :
«Comment cela ne pourrait-il pas être un fardeau alors
que je suis seul à la maison » ? DONI
voit que la solitude constitue un problème psychologique pour lui.
5. 3. Cas SECI
SECI est une femme âgée de 43 ans,
divorcée il y a cinq ans. Son apparence physique est satisfaisante, elle
sourit à tout moment et accueille chaleureusement ses visiteurs. Elle
est maigre et d'une taille élancée. Comme elle nous a bien
reçu le premier jour de notre visite, nous ne pouvions pas nous imaginer
qu'elle avait des problèmes dans sa vie.
Mais tout au long de nos échanges, nous avons
découvert qu'elle avait des problèmes: elle ne voulait pas
répondre à nos questions, elle changeait de mine chaque fois que
nous lui posions une question en rapport à sa vie intime, elle nous
proposait de laisser tomber telles questions, prétextant que ce serait
ramener dans sa mémoire des situations qu'elle voudrait oublier et
qu'elle passerait toute la nuit en ne rêvant que de cela.
Après trois séances d'entretien, elle nous a
compris et nous a finalement dit sa vérité. De ce qu'elle nous a
dit, nous avons retenu que son mari lui reprochait de se comporter comme une
paysanne bien qu'elle ait été à l'école. Ensuite,
son mari lui obligeait de se cacher chaque fois qu'il se présentait un
visiteur dans leur demeure. Elle regrettait même qu'ils n'ont pas
donné un temps suffisant à leurs fiançailles; car si cela
avait eu lieu, elle n'aurait pas pu se hasarder à le prendre pour
époux. SECI nous a signifié que son mari avait aussi une maladie
mentale, et que lorsqu'il était en crise il commençait à
casser tous les objets ménagers.
En ce qui concerne la question de savoir si c'est un fardeau
de vivre dans une situation de divorce, SECI dit
ceci : «Biraremera kuko bose mbona umengo bavuga jewe.»
Ce qui se traduit : «C'est un fardeau car je vois que
tout le monde parle de moi partout où on est ».
SECI vit actuellement à BUDAHUNGA avec sa petite soeur
dans une maison qu'elle loue. Elle vit de son salaire car elle travaille dans
une O.N.G. Mais au point de vue social, elle nous a révélé
que n'importe qui la traite à sa manière, qu'elle n'a pas de
dignité.
5.4. Cas BIBI
BIBI est un homme âgé de 45 ans. Il est grand et
gros et sa voix porte loin. Il est directeur d'une école primaire et vit
avec son fils aîné. Il a eu avec sa femme trois enfants
âgés respectivement de 16, 12 et 10 ans. Les deux premiers sont
à l'école secondaire, et l'autre en 6ème
année. En ce qui concerne la vie psychosociale d'un fonctionnaire
divorcé, BIBI affirme y trouver un grand problème psychologique.
Il dit ceci : « Mu vy'ukuri ubuzima buragoye kuko hari
n'abama bantwenga ngo nataye umwanya wo kwiga ngo nta muntu yize yahukana,ivyo
birambabaza cane ». Ce qui signifie : « En
réalité, il s'agit d'une situation difficile car il y a des gens
qui se moquen²t de moi soit disant que je n'ai rien gagné sur le
banc de l'école car un intellectuel ne divorce pas.»
Pour lui, la raison majeure de son divorce est que sa femme ne
le respectait pas. Voici ce qu'il avance comme problème de fond:
« Umugore wanje yashoboye kuvuga ngo jewe karya kagabo ntidukwiranye
ngo kandi bisubiye ni kabi ».
ce qui signifie: « Ma femme a osé dire qu'elle
n'est pas à l'aise avec moi, je ne la mérite pas et que je suis
un petit bonhomme ».
Il n'a pas été facile à la femme de
divorcer d'avec BIBI car, chaque fois qu'elle se rendait au tribunal pour le
procès elle y trouvait un avocat de BIBI ce qui a fait que ce
procès a duré plus de 8 mois.
5.5. Cas SIFI
SIFI est une femme ex-épouse de GAGA. Sa coiffure est
d'une longue chevelure, porte de beaux habits et met du rouge aux
lèvres. Elle est âgée de 40ans et s'est officiellement
mariée avec son mari GAGA d'avec qui elle a divorcé il y a 5,5
ans.
Ce couple a eu trois enfants, tous des garçons. Quant
à sa formation, SIFI est un diplômé de l'Ecole Normale
Supérieure (E.N.S) et elle est pour le moment une enseignante dans une
école secondaire.
Avant le divorce, elle vivait à GASORWE. Elle vit
actuellement à KOBERO dans une propriété qu'elle a
héritée de son père. Elle habite une maison de trois
chambres et une salle de séjour. Elle est propriétaire de cette
maison car son père n'a eu que cette fille unique .Elle y habite avec
son fils cadet.
Pour lui, elle n'a pratiquement pas connu de problèmes
depuis qu'elle s'est mariée avec GAGA. Tout a changé depuis que
son mari a pris l'habitude de la battre en présence des enfants. Cela a
occasionné de grands problèmes familiaux: s'injurier, se lancer
des propos malveillants qui rongent le coeur. Le grand problème qui
poussait son mari à la battre, nous a-t-elle dit, c'est que celui - ci
voulait lui exigeait des rapports sexuels, qu'elle le veuille ou pas, et cela
tous les jours sans interruption. Ne pouvant pas supporter une telle situation,
SIFI a demandé plus tard de divorcer d'avec GAGA.
Quant à la manière dont elle s'y prend, elle dit
ceci : « Jewe nta mahoro mfise mbona umengo vyavuye
kuri jewe ». Ce qui signifie : «Je ne suis pas
tranquille car chaque fois je me culpabilise.»
Aujourd'hui, SIFI affirme qu'elle n'a pas de problèmes
particuliers, elle est habituée à la vie d'une divorcée.
Toutefois, le seul problème qu'elle éprouve est qu'elle n'a plus
de dignité auprès des autres comme celle qu'on lui
réservait quand elle vivait encore avec son mari et ensuite, des fois
elle se culpabilise.
5.6. Cas GAGA
GAGA est un homme de même âge que son
ex-épouse et il y a cinq ans et demi qu'il a divorcé avec
celle-ci. Il a beaucoup de cheveux blancs. Il réserve un accueil
chaleureux aux gens. Il est apparemment plus vieux par rapport à son
âge. GAGA est un directeur d'une école primaire.
Avant le divorce, il habitait MUYINGA, au chef-lieu de la
province. GAGA et sa femme ont eu trois enfants, tous des garçons. Il
vit actuellement à BUHORANA, mais deux de ses enfants sont chez leur
oncle à BUJUMBURA où ils fréquentent une école
privée .Il n'a pas pu nous recevoir lors de notre première
visite, car il était avec les autorités hiérarchiques de
son service. Le deuxième jour de notre visite, il nous a bien
reçu et répondu sincèrement à nos questions, dans
un climat d'ouverture d'esprit.
Quant nous avons voulu savoir les causes qui ont
occasionné son divorce il nous a répondu dans ces termes: «
Jewe nakuze mbona papa akubita mama mbere nogushika nje mu mwaka w'indwi.
Vyarangumyemwo mbere gushika n'ubu. Maze kwubaka umugore anshavuje nagato naca
ndamukubita kuko nibaza ko ari ukungaya kandi k'umugabo bamwemera muhira
iyo akubita umugore wiwe ».
Ce qui signifie: « Je voyais mon père battre
ma mère, depuis mon jeune âge jusqu' à ce que j'arrive en
7ème année. J'en ai gardé en souvenir et quand
je me suis marié, j'ai fait la même chose ; je battais ma
femme chaque fois qu'elle me fâchait et je croyais qu'elle ne me
respectait pas ; je me disais qu'un homme est respecté chez lui
quand il bat sa femme.»
GAGA vit actuellement seul dans une chambre qu'il loue. Il dit
qu'il n'éprouve pas de problème pour vivre, sauf qu'il vit seul
et qu'il n'a pas de femme. Un autre problème est qu'il a divorcé.
Il regrette le fait qu'avant le divorce, on lui témoignait une grande
confiance: on lui demandait d'être parrain des jeunes mariés ... ,
mais actuellement tout a changé. Quant il y pense, cela fait mal comme
une blessure au coeur. Quant à la question de savoir si la vie d'un
fonctionnaire divorcé constitue un problème psychosociologique,
GAGA dit ceci : « Nsigaye ndi nk'ikimaramare ».
Ce qui se traduit : « Je suis comme quelqu'un mis comme
une honte ».
5.7. Cas MAMI
MAMI est un homme âgé de 40 ans. Il fut
l'époux de SECI. Il est grand et gros. C'est un moniteur agricole. Il a
eu avec sa femme trois enfants tous garçons. Il y a six ans qu'il a
divorcé d'avec SECI. MAMI est un moniteur agricole.
Nous n'avons pas pu nous entretenir avec lui le premier jour
de notre visite car il avait eu un accident de moto. Toutefois, nous avons
constaté ce jour même que c'est quelqu'un qui accueille
chaleureusement un visiteur, car il était à tout moment
souriant.
Le deuxième jour de notre visite, il n'a pas voulu
répondre d'emblée à nos questions sur ses
problèmes. Mais quand nous lui avons réexpliqué l'objet de
notre travail et de notre état civil car il y tenait, il a
répondu à nos questions sans détours. Quand nous avons
voulu savoir le mobile de son divorce, il nous a répondu que cela est
dû à sa femme qui se comportait comme une paysanne. Il regrettait
le fait que son mariage a été improvisé.
Autrement dit si les fiançailles avaient duré
plus longtemps, il aurait pu découvrir le comportement de sa femme afin
de se désengager à temps de ce projet de mariage. Il vit
actuellement avec ses deux fils car le troisième vit chez sa
grand-mère à BUTIHINDA. Il habite dans sa propre maison.
La seule chose qui l'indispose sont les mauvaises
périodes que ses enfants ont vécues et qui ont affecté
leurs comportements. Ils sont devenus comme de « petits
animaux » et ne tiennent plus compte des conseils qu'il
leur prodigue. Il a même surpris récemment un de ses enfants dans
un cercle des fumeurs de chanvre. Une autre chose est qu'il avait eu des
problèmes à élever le troisième enfant car sa
mère l'a laissé à l'âge de 5 ans.
Concernant la question de savoir si vivre dans la situation de
divorce l'affecte, MAMI s'explique dans ces termes : «
Birashika nkagira isoni zo kuja gutemberera abagenzi banje bubatse
izabo.» Ce qui se traduit : «Il m'arrive d'avoir
honte, je me sous-estime, je ne veux même pas rendre visite à mes
amis mariés ».
5. 8. Cas BAJU
BAJU est un homme âgé de 39 ans. Il a
divorcé avec sa femme il y a cinq ans et sept mois, après avoir
eu ensemble trois enfants dont deux garçons et une fille. Les deux
premiers sont en 8ème année, tandis que l'autre est en
4ème année primaire. Il ne nous a pas facilité
la tâche le premier jour, il nous disait à tout moment de ne pas
lui rappeler de sa femme, affirmant que Dieu n'a pas voulu que sa femme vive
longtemps avec lui.
Quand nous avons voulu réellement savoir ce qui s'est
passé, avec sa femme il nous a dit que cela est dû à sa
femme qui a été atteint d'une maladie après la naissance
de leur troisième enfant. Il nous l'a dit dans ces termes :
« Jewe namuhoye ko yari arwaye indwara ituma tudashobora kurangura
amabanga y'abubatse ». Ce qui signifie: « Moi je l'ai
abandonnée parce qu'elle était atteinte d'une maladie qui ne nous
permettait pas que nous fassions des rapports sexuels ».
Il a ajouté que c'est sa femme qui, la première,
a demandé le divorce. Il lui a demandé également à
son tour car sa famille le pressait de divorcer lui disant qu'il aura une autre
femme surtout qu'il était encore très jeune. BAJU vit encore dans
sa propre maison mais tous ses enfants vivent avec leur mère. Au niveau
de ses relations avec les autres, BAJU dit que son autorité
hiérarchique ne le respecte pas au service, qu'il le malmène
actuellement comme il l'entend. A propos de la question de savoir ses
problèmes psychosociaux en rapport avec son statut de divorce, BAJU dit
ceci : « Kuva nahukanye n'uwo kwanje, nguma maramara,
nkibaza ukuntu nshobora kwegera abandi bakozi bareta ». Ce qui se
traduit : « Depuis que j'ai divorcé, j'ai eu honte,
je me demande comment je peux m'approcher des autres fonctionnaires ».
Quant à sa femme divorcée, nous n'avons pas pu nous
entretenir avec elle car nous avons appris qu'elle serait actuellement à
l'extérieur du pays.
CHAPITRE VI: PRINCIPAUX
FACTEURS DE DIVORCE SELON LES ENQUETES
6.0. Introduction
Notre recherche s'était donnée comme objectif de
mettre en exergue les difficultés psychosociales qu'a un fonctionnaire
divorcé. Nous avons récolté des données
auprès de cinq hommes et trois femmes. Ces données
récoltées ont ensuite été analysées sous
formes de quatre thèmes :
- Principaux facteurs de divorce
- Principaux effets du divorce
- Difficultés psychosociales des fonctionnaires
divorcés
6.
1. Violence conjugale
Soulignons que le mot violence a un contenu différent
et multidimensionnel. Le phénomène lui-même touche de
nombreux aspects de la vie collective et privée. Selon l'OMS (1998,
p.6) : « la violence est l'emploi de la force physique et du
pouvoir au détriment d'autrui avec comme objectif de dominer,
d'affaiblir, de blesser et/ou d'anéantir l'autre».
Cette violence entre conjoints s'est beaucoup remarquée
au cours de notre enquête. SIFI le précise: « Ibintu
vyagiye guhinduka aho umugabo wanje atanguye kunkubitira imbere y'abana
». Ce qui veut dire: « Tout a changé depuis que mon
mari a pris l'habitude de me battre en présence de nos enfants
».
Ici nous remarquons que cette violence qui se fait entre SIFI
et son conjoint est une violence physique. La violence physique a des effets
qui tendent à déstabiliser la femme battue sur tous les plans,
surtout lorsqu'elle se produit de façon continue et permanente.
Il arrive des cas où la violence prend une autre
orientation qui est une violence sexuelle. Malheureusement si l'homme est
violent dans son ménage, tout se résout par force, il n'a pas de
temps pour mesurer les conséquences des actes posés.
Les propos de BISO illustrent cela: « Mukurangura
amabanga y'abubatse, nta mwunvikano wari uhari, umugabo wanje yamfata ku nguvu
kandi ivyo vyaba imisi yose ». Cela peut se traduire ainsi:
« Aux moments des rapports sexuels, il n'y avait pas de consentement
mutuel, mon mari me l'obligeait de force et cela tous les jours».
L'homme qui use souvent de la force se livre facilement
à des actes répréhensibles comme l'agression physique
et/ou psychologique et ces facteurs favorisent le passage à l'acte dans
la situation de violence.
Signalons qu'au cours de notre enquête, nous avons
constaté que les violences sexuelles sont à la base des violences
verbales. Donc, la violence verbale peut être entendue sous forme
d'insultes, de mots grossiers etc. Alors la violence sexuelle est presque
toujours accompagnée de violence verbale.
A ce sujet SIFI exprime ceci: « twaguma turyana,
naramubwira ngo tuje kwa muganga akanka nkagira uburuhe bwo kwama ku mvyaro za
bur' igihe, nkagira n'uburuhe bwo kwama ndangura amabanga y'abubatse ».
Ce qui veut dire: « nous étions toujours en conflits, et
quand je lui disais de nous rendre à l'hôpital il refusait,
j'étais alors fatiguée des couches incessantes et par des
rapports sexuels de tous les jours ».
Les mots qui blessent causent de la terreur dans l'esprit de
la victime qui craint pour sa vie ou celle des ses proches. Il faut donc
reconnaître l'effet dévasteur de la violence verbale et les
traumatismes psychologiques particuliers causés par des insultes,
l'humiliation, la menace, etc. Voici les propos de BISO: « umugabo
wanje nk'ubu umukobwa aduciyeko yaca anyereka ngo ehe raba ngo ubona
atagusumvya ubwiza nawe wirata ngo uri mwiza ». Ce qui peut se
traduire: « chaque fois que mon mari voyait une fille qui passait, il
me disait: regarde combien cette fille est belle, peux-tu te comparer à
elle ».
Nous constatons qu'à partir des violences verbales
naissent des violences psychologiques. La violence psychologique, surtout si
elle est continuelle, peut détruire psychiquement la personne et causer
de graves problèmes de santé. Les insultes, les brimades, les
reproches répétés, les dénigrements
systématiques qui débouchent sur l'effondrement de l'estime de
soi, sont également des formes de violences psychologiques. Soulignons
en passant au cours de notre enquête que certains ont
révélé des violences verbales et psychologiques qui se
font en l'endroit des hommes.
Le cas BIBI illustre ce qui précède. BIBI
indique ce qui suit: « umugore wanje yashoboye kuvunga ngo jewe
karya kagabo ntidukwiranye ngo kandi ni kabi ». Ce qui signifie:
« Ma femme a osé dire qu'elle n'est pas à l'aise avec
moi, je ne la mérite pas et que je suis un petit bonhomme
».
Nous pouvons dire que la violence peut être acquise
comme le souligne BARAHWAHURA (2000, p39). Selon lui, « les gens
apprennent la violence. Bien entendu ceux qui la leur enseignent n'en sont pas
toujours conscients». Les enfants et les adultes violents apprennent
cette violence de leurs parents et de leur milieu de vie. Naturellement, aucun
d'entre eux ne se met délibérément et consciemment
à l'enseigner. Mais le résultat est le même au cours de son
apprentissage, l'enfant procède par imitation et identification. Il
copie ce qu'il observe dans son entourage. Il intériorise beaucoup plus
souvent les comportements manifestés par ses parents.
Selon DODSON (1972, P.60) : « L'enfant apprend
par imitation et identification. L'enfant fait ce qu'il voit. L'exemple le plus
développant qu'il m'ait été donné de voir
personnellement fut celui de l'adolescent qui lançait de bouteilles
à la tête de sa mère ». Voici ce que dit GAGA
à ce propos :« Jewe nakuze mbona papa akubita mama, mbere
nogushika mu mwaka w'indwi; vyangumyemwo gushika n'ubu. Maze kubaka umugore
wanje anshavuje naca ndamukubita kuko nibaza ko ari ukungaya kandi ko umugabo
bamwemera muhira iyo akubita umugore wiwe ». Ce qui signifie :
« Je voyais mon père battre ma mère, depuis mon jeune
âge jusque à ce que j'arrive en 7ème
année, j'en ai gardé en souvenir et quand je me suis
marié, j'ai fait la même chose ; je battais ma femme chaque
fois qu'elle me fâchait et je croyais qu'elle ne me respectait pas, je me
disais aussi qu'un homme est respecté chez lui quand il bat sa femme
».
Les enfants qui ont été victimes de violences
physiques ou psychologiques ou qui ont grandi dans une famille où ils
ont été témoins de scènes de violences dans leur
milieu familial, risquent d'être violents eux-mêmes une fois
adultes.
6.2. Manque d'amour
conjugal
Avant de faire l'analyse de cette cause de divorce, il est
nécessaire de se poser la question suivante: Qu'est-ce qu'être
aimé? En dépit des apparences, les réponses à
cette question sont les plus complexes. Pour BINDARIYE (2006, p.30),
« être aimé c'est sans doute être digne
d'amour. C'est être reconnu digne d'être protégé et
aussi digne d'être désiré. C'est donc être reconnu
dans son être profond et dans son être total avec ses
qualités mais aussi avec ses défauts. C'est être reconnu
avec sa conscience, avec ses potentialités, avec sa propre
capacité d'amour. Et voilà qui ouvre la voie à un
mouvement de réciprocité».
Nous pouvons affirmer que l'amour dans un couple conjugal va
dans les deux sens et non dans un sens unique pour qu'il soit fécond. Et
dans le cas contraire, on dirait qu'il y a manque d'amour conjugal. Cas BIBI
s'exprime ainsi à ce propos: «Karya kagabo ntidukwiranye ngo
kandi bisubiye ni kabi ». Ce qui veut dire: « je ne
mérite pas cet homme et en plus de cela, il est un petit bonhomme bien
moche ».
Etre aimé, c'est être jugé digne d'aimer.
C'est être reconnu comme un `'interlocuteur'' valable, comme un
partenaire désirable permettant l'épanouissement intégral
de l'autre sexe. L'amour dans un couple est un sous-produit d'un processus qui
englobe et dépasse la relation elle-même entre deux personnes. Si
nous analysons le concept amour sur le plan psychanalytique. EDWARD et al
(1982, p.11), y réfléchissent en ces termes: « Le groupe
donne naturellement et inconsciemment ce qu'aucun effort individuel, si assidu
soit-il ne pourrait donner. Il en est d'une relation d'amour
profondément enracinée ».
Si nous considérons maintenant l'art d'aimer qui est
souvent inconscient, il nous amène à un développement
d'idées complètes et variées. Au cours de notre
enquête, nous avons remarqué entre conjoints celui qui aime et
celui qui n'aime pas. Nous savons que dans la société
traditionnelle on apprenait à aimer un garçon ou une fille que
les parents avaient choisie(e) pour leur fille ou leur garçon comme
conjoint ou conjointe. Aujourd'hui une certaine liberté est
accordée pour choisir l'heureux bénéficiaire de l'amour.
Pour BINDARIYE (2006, p.21), «l'amour
véritable est un engagement réciproque qui se crée entre
deux personnes et dont la stabilité suppose une forte
personnalité et des sacrifices de l'un envers l'autre».
Ensuite, l'amour dans un couple est quelque chose qui se remarque
même dans les causeries de tous les jours et dans le cas contraire nous
pouvons affirmer qu'il y a manque d'amour conjugal. Les propos de SIFI en
disent ceci: « Uko kunkubitira imbere y'abana vyerekana ko atarukundo
amfitiye ». Ce qui veut dire: « Le fait de me battre en
présence des enfants montre qu'il ne manifeste pas de l'amour envers moi
». Nous remarquons à partir de ce cas là que le couple
conjugal forme une intime communauté de vie et d'amour
réciproque, si non l'union conjugale va être rompue.
6.3. Absences de
fiançailles
Le terme fiançailles peut avoir de nos jours
quelque chose de désuet. On assiste aujourd'hui à un renouveau
des fiançailles vécues comme un temps de préparation au
mariage avec officialisation familiale. BENABENT (1991, p. 4) donne son point
de vue en ce qui concerne la définition du mot fiançailles. Selon
lui, les fiançailles sont définies comme étant
«une promesse réciproque de se prendre plus tard comme
époux». Donc nous pouvons entendre les fiançailles
comme une promesse mutuelle de mariage.
Le temps qui s'écoule entre la promesse et la
célébration du mariage est une période très
importante car il donne l'occasion de faire rencontrer les deux familles, c'est
un temps pour se découvrir avant de s'engager dans le projet de mariage.
Les jeunes qui se promettent mutuellement mariage en se fiançant
jouissent d'une intimité physique et psychologique à travers les
sorties, les visites et les fêtes passées ensemble. Ces
différents moments de contact constituent bien des occasions propices
à une plus ample connaissance entre fiancés.
Même si le législateur burundais laisse
constater à travers les textes légaux qu'il prévoit le
divorce, il n'est nulle part mentionné l'absence des fiançailles
comme cause de divorce. Il a essayé de limiter les causes en
règlementant le divorce. Signalons dores et déjà que le
tribunal n'accepte pas d'emblée de prononcer le divorce puisqu'il statue
dans l'intérêt du ménage et des enfants, c'est pour cette
raison que quand deux époux se présentent chez le juge pour
demander le divorce, le juge entrevoit d'autres chances pour voir si les
époux ne peuvent pas changer d'avis. Toutefois, la législation
burundaise ne peut pas mettre les fiançailles dans les textes
légaux car ces derniers sont une affaire familiale et du couple futur.
Dans le BOB (1993), portant reforme du code des personnes et
de la famille, il est mentionné que: «Si les conjoints
persistent dans leur demande, la loi a prévu d'accorder le divorce dans
deux cas. Dans le premier cas, il s'agit de la cause de divorce pour cause
déterminée qui est stipulée dans l'Article 158 et 159 du
code des personnes ». L'article 158 stipule que:
« Chacun des époux peut demander le divorce pour cause
d'adultère, pour excès, sévices, injures graves ».
Quant à l'article 159, il mentionne ceci : « La
condamnation de l'un des époux pour un fait entachant l'honneur peut
d'après les circonstances constituer une cause de divorce
».
Certaines gens pensent que l'absence des fiançailles
ne peut pas être l'une des causes de divorce car même la loi
burundaise n'a pas prévu cela dans ses textes légaux mais
malgré tout cela, notre enquête a prouvé le contraire. La
moitié de nos enquêtés, c'est-à-dire 4 sur 8 a dit
que l'origine de la dislocation a été l'absence des
fiançailles. Voici ce qu'en dit BISO: «Ntitwaronse umwanya wo
gukundana kugira ngo tumenyane ». Ce qui signifie :
«Nous n'avons pas eu un temps suffisant pour s'aimer et se connaître
». MAMI poursuit encore en disant: « Iyo habanza kuba
kureshanya, nari gushobora kubona ingeso z'umugore wanje nkamuheba ico gihe
». Ce qui veut dire: « Si les fiançailles avaient eu
lieu, j'aurais pu découvrir les comportements de ma femme afin de me
désengager à temps de ce projet de mariage». Selon
BUSHAYIJA (1966, p38), «les fiançailles sont les
préludes, des pourparlers coutumiers et sociaux mais purement
privés entre deux familles en vue d'un futur mariage de leurs enfants
».
Dans les fiançailles, nous avons pu déterminer
qu'il doit y avoir l'accord des parents. L'accord des parents se manifeste
quand ceux-ci autorisent, permettent même à leurs enfants de
continuer des relations avec leur élu (e), sans rien demander. Avec
l'accord des parents, les cérémonies suivent leur cours normal
jusqu'au jour du mariage avec le concours et la participation de deux familles
respectives.
Au cours de notre recherche, nous avons constaté que
si le mariage a été hâtif c'est qu'il y a eu absence des
fiançailles. Ce qui fait que les parents ne se montrent pas du
même avis que leurs enfants, ils ne sont pas donc en parfaite harmonie
devant le choix de leurs enfants. Voici ce qu'en dit BAJU : «
Ntitwaronse umwanya wokumenyana kuko umuryango waciye unsaba ko norongora
vuba ».
Ce qui veut dire: « Nous n'avons pas eu un temps
suffisant de s'aimer et de se connaître car ma famille m'obligeait de
faire le mariage à la hâte ».
Nous voyons ici que lorsqu'il y a absence des
fiançailles, l'engagement du mariage est soumis à plusieurs
contraintes entre autres les contraintes socioculturelles. Mais dans tout ceci,
rien n'oblige forcement deux personnes à se fiancer. Il faut que
ça soit une décision partagée par les concernés en
dehors des opinons de leur famille ou entourage social, il ne faut pas que l'un
des partenaires se sente obligé de se lier avec l'autre, il faut surtout
que chacun se sente libre pour pouvoir assumer et supporter tout ce qui
découle de cette importante décision.
6. 4. Maladie grave
Même si le législateur ne prévoit pas le
cas de maladie grave comme cause de divorce, au cours de notre enquête
nous avons remarqué que dans certaines familles la maladie grave est un
facteur à la base de divorce. Le cas typique est le cas BAJU: «
Jewe namuhoye ko yari arwaye indwara ituma tutarangura amabanga y'abubatse
». Ce qui se traduit: « Je l'ai abandonnée car elle
était atteinte d'une maladie grave qui ne permettait pas que nous
fassions les rapports sexuels ».
Nous constatons ici que la femme de BAJU a manifesté un
comportement qui objectivement constitue un blocage au lien conjugal, ce qui a
détruit le mariage de manière définitive. Quand on parle
de maladie grave on ne peut pas oublier la notion de trouble d'esprit . Selon
le code de personne et de la famille (1993) la loi dit que la notion de trouble
d'esprit ne correspond pas exactement à la notion d'aliénation
mentale au sens de la médecine. Il suffit que l'époux ne soit
plus maître de sa volonté et de ses appétits sexuels et
qu'il ne possède plus d'une manière très diminuée
la capacité de reconnaître l'illicéité de son
comportement.
Concernant l'aliénation mentale, nous avons
constaté qu'au cours de notre enquête que la maladie mentale est
source de divorce Si la maladie mentale a rompu définitivement et
irréparablement la communauté des époux, le
législateur donne à l'autre époux le droit de demander le
divorce. Le cas SECI illustre cela: « Umugabo wanje yari afise indwara
yo mu mutwe, imufashe yaca atangura kumenagura ibintu vyo munzu ni co gituma
nasavye ko twotwahukana ».
Ce qui signifie: « Mon mari avait aussi une
maladie mentale lorsque il était en crise, il commençait à
casser tous les objets ménagers, c'est pourquoi j'ai demandé le
divorce ».
La réaction de SECI suite à la maladie mentale
de son époux et une réaction de fuite de responsabilités
conjugales. En fait la maladie mentale d'un des conjoints ne devrait pas
être une cause de divorce, plutôt le conjoint
« normal » devrait soutenir et faire soigner le conjoint
malade. Ceci témoigne d'un signe d'amour.
6.5. Insuffisance de dialogue
dans le couple et difficultés à communiquer
Le manque de dialogue dans le couple
implique une mauvaise cohabitation.
Selon BINDARIYE (2006), « La principale source
du divorce à l'intérieur du couple est sans aucun doute le manque
de communication ». Savoir exprimer ses problèmes
lorsqu'il y en a et sans contradiction, est la meilleure solution à ce
problème.
Or, il n'est pas donné à tous de savoir
facilement parler, de formuler ses désirs/ soucis, surmonter sa peur de
prendre la parole et de s'exprimer, la peur de ne pas être compris voire
d'être mal interprété sont des facteurs bloquant la
communication dans le couple ce qui peut créer des mésententes
entre conjoints. Voici ce que dit BISO à ce propos: « Umugabo
wanje imyaka twari tumaranye nta munsi n'umwe twari bwicare mu muryango ngo
tuyage ivy'urugo canke ngo dutwenge sinzi ko zari isoni canke yabigira abibona
». Ce qui se traduit: « Toutes les années que nous
avons vécues ensemble, nous ne nous sommes jamais assis au salon avec
mon mari pour parler des questions familiales ou pour rire un peu, je ne sais
pas si ça lui faisait honte ou si il le faisait
exprès.»
Selon YALA MPANGU (1980, p. 60), « le premier
point sur lequel les conjoints doivent focaliser est d'améliorer la
communication entre eux. Une fois installés en couple, les conjoints
pourront avoir tendance à s'installer dans un quotidien pouvant
être rébarbatif. L'habitude de se rendre au travail chaque matin
ne permettant pas de s'échapper(...) et d'aérer l'esprit pour
créer des tensions pouvant entraîner d'autres problèmes
bien plus importants comme le manque de temps pour s'asseoir
ensemble ».
L'analyse de YALA MPANGU est pertinente car, les obligations
professionnelles de l'un des époux ne doivent pas être un
prétexte pour ne pas trouver un temps suffisant pour dialoguer à
propos de la vie familiale. Les propos de SIFI sont un cas typique et dit ceci:
«Umugabo wanje iminsi twari tumaranye ntiyigera ashaka kumbwira ukuri,
muri make ntiyashaka ko menya amatungo yiwe kuko naramubwira ngo twicare hamwe
tubiganire akanka agaca ambwira ko agiye ku kazi». Ce qui se
traduit: « Pendant le temps que nous avons vécu ensemble, mon
mari n'avait jamais eu la volonté de me dire la vérité.
Bref, il ne voulait pas que nous parlions de ses biens, car je lui demandais
qu'on en parle dans un état calme et lui me le refusait et il me disait
chaque jour qu'il allait au travail ».
S'il y a une bonne communication dans le couple, il y a
absence de conflit de rôle. Il faut apprendre à partager
éducation, loisir et autorité entre couple. Il est certain que
personne n'a reçu un cours à l'éducation des enfants. Mais
on doit inciter chacun des parents à prendre part à chaque
tâche de leur épanouissement.
Plusieurs moyens existent pour mieux communiquer en couple,
pour parvenir à un dialogue régulier, confiant et amical.
BINDARIYE (2006, p31, 32) donne ces moyens. Parmi ceux-ci, nous pouvons
citer :
- « Ecouter votre aimé (e), le /la
laisser s'exprimer sans l'interrompre;
- Avoir des vraies conversations quotidiennes ensemble,
plutôt que des banalités utilitaires, échanger des
idées, partager des centres d'intérêts, vous parlez
simplement en amis, confiants l'un dans l'autre;
- Vous mettre plus souvent à sa place pour mieux
comprendre ses réactions et ses attitudes;
- Lui montrer et lui dire souvent combien vous
l'appréciez et combien votre vie de couple et ces dialogues sont
importants à vos yeux;
- Vous intéresser d'avantages à sa vie,
c'est là une source inépuisable de dialoguer;
- Rassurer votre partenaire en lui exprimant à
chaque occasion vos sentiments d'attachement à sa personne et à
votre relation etc ».
CHAPITRE VII : LES
EFFETS DIRECTS ET INDIRECTS DU DIVORCE
7. 1. Conséquences du
divorce liées à sa procédure
Selon le code des personnes et de la famille (1993), l'effet
juridique spécifique du divorce est évidement la dissolution du
mariage pour l'avenir. L'on sait encore que, dans les rapports entre les
époux, il y a une certaine rétroactivité mais le
rôle de faute est ici particulièrement mis en relief. Tout
jugement de divorce contient nécessairement une déclaration de
culpabilité et ceci entraîne des sanctions à l'égard
de l'un des époux coupable. La déclaration de culpabilité
est indispensable dans le droit burundais mais la question de faute ne joue pas
de rôle ici; même si l'époux qui fautivement a
détruit le mariage a le droit de demander le divorce. A ce sujet, BAJU
indique ceci: «Umugore wanje niwe yari afise amakosa kandi niwe
yasavye ubwa mbere ngo twahukane.» Ce qui se traduit: «
C'était ma femme qui était fautive et c'est bien elle qui, la
première, a demandé le divorce ». Il poursuit en
disant: « Nanje nca ndayisaba kuko umuryango wanje waciye undemera ngo
ninahukana nzoronka uwundi mugore ndacari muto ». Ce qui signifie:
« Moi aussi je l'ai demandé à mon tour car ma famille me
pressait de divorcer me disant que j'aurais une autre femme surtout que
j'étais encore très jeune». Nous voyons ici que ce
principe risque d'avoir des conséquences préjudiciables dans la
mesure où l'époux innocent peut être répudié
par la partie fautive.
La loi burundaise a développé dans sa
jurisprudence des règles bien claires qui garantissent dans la mesure du
possible, une application équitable et uniforme de la loi
,c'est-à-dire que l'on doit partager toute la richesse que l'on a
cherché ensemble. Il va de soi qu'il est, en règle
générale, difficile de constater lequel des époux est, par
sa faute, responsable de faillite du mariage. Ici, le juge doit tout d'abord
poser la question de savoir si la rupture des liens conjugaux est la suite du
comportement fautif d'une partie ou le fait du destin, dont la personne ne
porte pas la responsabilité. A ce sujet MAMI nous dit: « Muri
sentare umugore wanje ntiyemeye neza ko kwahukana kwacu ari inkurikizi
y'amakosa yiwe ». Ce qui se traduit:
« Au tribunal, ma femme n'a pas facilement
accepté que la rupture de nos liens conjugaux est la suite de son
comportement fautif ».
Si une seule demande a été introduite, le
tribunal a seulement le choix entre le jugement de rejet du divorce et un
jugement prononçant le divorce aux torts du défendeur. Si au
contraire, le défendeur a formulé à son tour une
« demande reconventionnelle », voire une
« demande principale », le tribunal dispose d'un
choix plus étendu, il peut rejeter l'une ou les deux demandes
hypothèses. Rare ou prononcé du divorce soit
indifféremment aux torts de l'un ou de l'autre époux. Mais
à côté de deux notions de « torts de
l'un des époux » et de « torts réciproques
», la jurisprudence influencée sans aucun doute par les
dispositions de certains codes étrangers a introduit une notion de celle
de « torts prépondérants ». C'est dans le cas
où les deux conjoints ont tous torts.
Certes, il faut tout de suite le noter, l'expression
n'apparaît pas dans les dispositifs du jugement du divorce. Le concept
nouveau n'est en effet utilisé que dans la mise en oeuvre de certaines
sanctions entraînées par le divorce et les dommages
intérêts. Dans le divorce officiel fondé sur la faute, il
est prévu certaines sanctions à l'égard de l'époux
coupable, tant dans ses rapports avec ses enfants que dans ses rapports avec
son ex-conjoint.
7. 2. Sanctions à
l'égard de l'époux coupable
7. 2. 1. Sanction intervenant
de plein droit
La première sanction intervenant de plein droit est la
déchéance des donations et des avantages matrimoniaux frappant
l'époux coupable ou les deux si le divorce est prononcé
« aux torts réciproques ». La
déchéance concerne d'abord les donations que l'époux
innocent avait faites à l'époux coupable pendant le mariage, de
même, selon la jurisprudence, avant la célébration, elle
concerne ensuite les avantages matrimoniaux, c'est-à-dire les
bénéfices pécuniaires que l'époux coupable peut
retirer du mariage tel une clause de partage inégal des biens
matrimoniaux.
Concernant le partage de la communauté, la coutume
précise que la femme divorcée partait avec tous ses objets
personnels, soit ce qu'elle avait apporté avec elle au temps du mariage,
soit les cadeaux reçus et ce qu'elle avait obtenu grâce à
son travail personnel. Aujourd'hui, avec le code des personnes et de la
famille, la femme divorcée a le plein droit de réclamer une part
des biens communs. Il sera cependant déduit de cette part, la contre
valeur des cadeaux reçus au cours du mariage. C'est le cas de SIFI qui,
pendant le processus de divorce, a connu des difficultés.
Voici ses propos: « Amatungo yacu twayagumije hamwe
». Ce qui signifie: « Nous avons gardé nos richesses
ensemble ». Avant la sentence du divorce, SIFI et son conjoint ont
gardé leurs biens ensemble. C'est après le prononcé du
divorce par le juge, qu'ils en ont fait le partage. Elle poursuit en disant:
«Ariko munyuma amatungo twarayagabuye, umwe wese atwara rwiwe ».
Ce qui veut dire: « Mais par après, nous avons
partagé nos richesses, chacun recevant sa part ». Nous
remarquons ici que la sanction à l'égard de l'époux
coupable devient une charge lourde de deux côtés.
7. 2. 2. Sanction consistant en
la condamnation de l'époux coupable
Selon le code des personnes et de la famille (1981), cette
sanction qui consiste dans la condamnation de l'époux coupable repose
sur le fait que de bénéficier d'une pension alimentaire au profit
de l'époux innocent. Cette sanction donne lieu en droit burundais
à des discussions abondantes relativement à sa nature juridique.
Ajoutons à cela qu'on peut attribuer à la pension
« un fondement indemnitaire » et un
caractère alimentaire. « Le fondement
indemnitaire » s'explique par le fait que suite à la
dissolution du mariage, le devoir de secours qui demeurait jusque là
entre les époux, disparaît.
La « pension indemnitaire » est
destinée à réparer le préjudice pour l'époux
innocent dans la perte du droit de secours. Le caractère alimentaire
destiné à le remplacer, se modèle sur le
« devoir de secours ». Quant à son
étendue, l'on peut dire qu'il a un rythme « d'une
créance alimentaire ». On peut dire que ce genre de
sanction est appliqué dans le « divorce
sanction ». Cela parce que la loi burundaise prévoit
deux types de divorce notamment le « divorce sanction »
et le « divorce remède ».
7. 2. 3. Dommages
intérêts
Les dommages intérêts sont destinés
à réparer le préjudice que l'époux innocent a pu
subir du fait de la dissolution du mariage. En effet, le préjudice
matériel n'est souvent pas intégralement réparé par
la pension alimentaire qui est limitée à la moitié des
revenues de l'époux coupable. Malgré cette pension, le train de
vie de la femme risque d'être fortement diminué. A ce sujet, BISO
dit ceci: « Umugabo wanje ntiyigeze atanga ivyo sentare
yamuciye ». Ce qui signifie: « Mon mari ne m'a jamais
donné la pension comme le tribunal l'a obligé ».
Les propos de BISO montrent que la femme divorcée est
beaucoup plus touchée par son statut de divorce. A cela s'ajoute parfois
un préjudice moral, notamment la déconsidération sociale
dans certains milieux, avec le statut de divorce. A ce propos voici comment
BISO s'exprime : « Ubu nsigaye ndi ikimaramare aho nciye bose
baravuma». Ce qui se traduit: « actuellement, j'ai honte de
moi-même, je suis une personne sur qui, tout le monde jète de
l'anathème ». Ces dires de BISO expiquent comment la personne
divorcée est déconsidérée tout en laissant entendre
combien le divorce est un mal pour les concernés. Cela montre que le
divorce est générateur de l'insécurité et de la
perte de la considération de la personne divorcée.
Selon le code des personnes et de la famille (1981), si la
nature juridique de la pension alimentaire a pu être discutée,
celle des dommages intérêts ne soulève aucun
problème de qualification. Les conséquences découlant de
cette qualification ne sont pas moindres. D'abord les dommages et
intérêts ne peuvent être accordés qu'à
l'époux innocent et sont donc exclus lorsque le divorce a
été prononcé aux « torts
réciproques ». Ensuite, l'époux demandeur doit
établir que le préjudice invoqué a bien été
causé par la dissolution du mariage. En plus, l'attribution des dommages
et intérêts n'est pas subordonnée à la justification
par l'époux innocent d'un état de besoin. Cependant, les
ressources de l'époux coupable ne sont pas prises en
considération. La sanction de l'époux coupable consiste aussi en
la perte de certaines prérogatives comme le droit de garde et/ou de
visite des enfants issus du mariage. A ce sujet MAMI indique ceci: «
Naragize ingorane yo kurera umwana kuko nyina yamusize ari muto cane afise
imyaka itanu ». Ce qui signifie: « J'ai eu des
problèmes sérieux à éduquer l'enfant car sa
mère l'a laissé quand il avait 5 ans».
Nous voyons ici que la garde des enfants pose des
problèmes majeurs avec le divorce. De plus, un enfant qui est
élevé par un seul parent risque d'avoir de problèmes sur
le plan éducatif car, l'enfant a besoin des deux figures parentaux
d'identification dans son éducation.
Les changements d'attitudes dus aux conséquences du
divorce occasionnées par cette situation se remarquent tout au long du
vécu quotidien de la personne divorcée. Comme le souligne les
témoignages de nos enquêtés, cette situation entraîne
une rupture dans la vie psychosociale de la personne divorcée. Cela fait
que les relations dans la vie de la personne divorcée soient
perturbées.
CHAPITRE VIII. DIFFICULTES
PSYCHOLOGIQUES DES FONCTIONNAIRES DIVORCES
8.0. Introduction
La survenue du divorce au sein du couple conjugal pousse la
personne divorcée à être préoccupée. Dans le
présent chapitre, nous avons mis en évidence les
différentes attitudes manifestées par les fonctionnaires
divorcés. Ces attitudes ou comportements de ces derniers
témoignent des sentiments inhérents à leur situation de
divorce. Ils indiquent en même temps la manière dont nos
enquêtés se perçoivent.
8.1. Le fonctionnaire
divorcé et ses sentiments
La survenue d'un divorce au sein du couple conjugal fait
apparaître un certain nombre de sentiments. Au cours de nos entretiens,
nous avons trouvé que les fonctionnaires divorcés
éprouvent des sentiments suivants : sentiment de malaise, sentiment
de honte, la perte de l'estime de soi, sentiments de peur, sentiment de
culpabilité.
8. 1. 1. Sentiments de
malaise
Le fonctionnaire divorcé ressent du malaise intense.
Chez GAGA, les relations sociales qui existaient avant le divorce
étaient mis en cause et pour ce, son for intérieur est
perturbé d'où lesdits sentiments d'un malaise intense. Il le
déclare par ces propos : « Ubu ntaho nkironka nca
kuko aho nciye bose bantunga urutoke ». Ce qui
signifie : « Je n'ai plus où passer, on me pointe du
doigt partout ». GAGA n'est plus tranquille car sa situation de
divorce perturbe ses relations sociales. Comme chez GAGA, SECI développe
les mêmes sentiments d'insécurité. Voici ses propos :
« Iyo ndavyibutse ndashobora kumara umusi ntariye ».
Ce qui veut dire : « Quand ces événements
reviennent dans ma conscience, je perd d'appétit ».
Pour lui, le problème est que son entourage n'a plus de
confiance en lui et quand il y pense cela rappelle une blessure narcissique. Il
ajoute qu'il lui arrive d'avoir des troubles digestifs mêmes. A ce sujet,
SUGURU (2000) explique ceci : « Les déprimés
présentent souvent les troubles digestifs, notamment une constipation,
un manque d'appétit qui est un manque de motivation pour la vie et son
entretien, un manque d'intérêt pour les aliments.» Nous
comprenons ici que ces troubles digestifs observés sont dus au malaise
intense découlant d'une dépression.
8. 1. 2. Sentiments de
honte
Parmi les personnes interviewées, MAMI et BAJU
affirment qu'elles éprouvent le sentiment de honte face à cette
situation de divorce. Ce sentiment les pousse à s'isoler jusqu'à
couper des contacts avec d'autres fonctionnaires. Les propos de BAJU illustrent
cela : « Kuva nahukana n'uwo kwanje, numva maramara,nkibaza
ukuntu nshobora kwegera abandi bakozi ba reta ». Ce qui
signifie : « Depuis que j'ai divorcé, j'ai honte, je
me demande comment je pourrais m'approcher des autres fonctionnaires
». Ce sentiment le pousse à l'isolement et il coupe tout
contact social. Quant à MAMI, il a aussi ce même sentiment de
honte. Il l'explique dans ses propos : « Birashika nkagira
isoni zo kuja gutemberera abagenzi bubatse izabo ». Ce
qui se traduit : « Il m'arrive d'avoir honte de quitter mon
domicile, pour aller visiter mes amis mariés ». La même
situation se retrouve chez BISO, elle l'indique comme
suit : « Ubu nsigaye ndi ikimaramare, aho nciye bose
baravuma ». Ce qui signifie : «J'ai aujourd'hui honte
de moi-même, je suis une personne sur qui, tout le monde jette de
l'anathème.»
8. 1. 3. Perte de l'estime de
soi
Le fonctionnaire divorcé s'imagine comment autrui
perçoit son image. Les données que nous avons recueillies nous
montrent les sentiments qui l'habitent. Ces derniers dépendent non
seulement de l'idée qu'il se fait de lui-même mais aussi de
l'idée que les autres se font de lui.
Parmi les personnes que nous avons interviewées,
SECI, SIFI, GAGA et DONI ont révélé avoir de mauvais
sentiments quand elles sont avec les membres de la famille d'origine. Ils ont
une image négative d'elles-mêmes. SECI a fait savoir que les
membres de sa famille d'origine ne la comprenait pas, il l'exprime en ces
termes : « Mu gihe nahukana mama ntiyanyumva ndetse n'ubu
,yaguma antako amakosa ». Ce qui se traduit : « Quand
j'ai divorcé, ma mère ne me comprenait pas et même
actuellement, elle ne cesse pas de me culpabiliser ». SECI a un
sentiment de désespoir découlant du rejet de sa famille d'origine
ce qui peut provoquer chez lui une perte de l'estime de soi. Il continue en
disant ceci : « Umuryango wanje ndawuvugako vyinshi kuko baciye
banyanka urunuka ».
Ce qui signifie : « à
propos de ma famille, j'en dis beaucoup car elle m'a rejeté
complètement ». Selon SECI, elle est mal perçue
par sa famille d'origine et cette situation se répercute sur son estime
de soi qui est très négative. Pour SIFI, la situation est la
même comme elle l'exprime dans ses propos : «Umuryango
wanje ntiduhuza na gato». Ce qui signifie : « je
suis en totale contradiction avec ma famille ». Ce même
sentiment d'insatisfaction se remarque chez GAGA qui s'exprime en ces
termes : « Mabukwe aho nciye yoturira ». Ce qui
signifie : « Ma belle-mère ne me supporte pas en
aucune façon ». La belle-famille de GAGA la maltraite, cela
lui donne une image très négative. Chez DONI, la situation est la
même, il n'a pas de parents, son frère la menace à cause de
son statut de divorce. Elle dit ceci : « Musazanje mfise
umwe ntiducana uwaka kubera nahukanye ». Ce qui se traduit :
« je suis en totale contradiction avec mon frère parce que
j'ai divorcé ».
8. 1.4. Sentiments de peur
Parmi les personnes que nous avons interviewées, SIFI,
SECI et BISO manifestent des sentiments de peur. Elles ont des
appréhensions sur le mal que leurs familles peuvent leur causer. Ainsi
des sentiments de persécution sont exprimés. A ce propos, voici
ce que SIFI déclare : « Ndafise ubwoba ko ababandi canke
abandi bo kwa mabukwe boza bakanyicira mu nzu ». Ce qui veut
dire : « J'ai une grande peur que les bandits ou les
membres de ma belle-famille ne viennent pendant la nuit pour me tuer
». Chez SECI, les sentiments de peur sont liés au fait qu'elle
est seule à la maison. Voici ses propos : « Birantera
uruhagarara iyo ndi mu hira jenyene ». Ce qui
signifie : « Je suis dans une grande
insécurité quand je suis seule à la maison ».
Quant à la situation de BISO, sa peur est liée au fait que
si l'enfant tombe malade elle n'aurait pas d'intervention rapide de
secours. Elle l'exprime ainsi : « Iyo bugorovye numva
amaganya kuko nkubu umwana arwaye sindonka uwumunjanisha kwa muganga
». Ce qui veut dire : « Quand la nuit tombe, c'est un
malheur pour moi car si l'enfant tombe malade, je n'ai personne pour m'aider
à le transporter à l'hôpital ».
8. 1. 5. Sentiments de
culpabilité
Parmi les fonctionnaires interviewés, SIFI et BIBI
disent qu'ils éprouvent des sentiments de culpabilité face
à sa situation de divorce. Les propos de BIBI illustrent
cela :« Kuva nahukanye nguma mbona umengo nije
vyavuyeko , iyo ngiye mu mugwi w'abo dusengera hamwe ndumva isoni, ivyo
biratuma mbabara ku mutima ».
Ce qui veut dire : « depuis que
j'ai divorcé, je me culpabilise, quand je suis dans mon groupe de
prière je sens une honte, tout cela me fait mal au coeur ».
Tous ces sentiments provoquent une blessure narcissique chez BIBI. Quant
à SIFI, elle ressent aussi des sentiments de culpabilité. Elle
l'exprime ainsi : « Jewe nta mahoro mfise kuko mbona umengo
vyavuye kuri jewe kuko iyo nagumayo usanga yari guheba kunkubitira imbere
y'abana ». Ce qui se traduit : « Je ne suis pas
tranquille car je me culpabilise. J'ai le regret d'avoir demandé le
divorce puisque si j'y avais resté, mon mari aurait abandonné
peut être à me battre devant mes enfants.»
La culpabilité est un sentiment qui touche beaucoup la
vie intérieure de la personne divorcée. Selon PIERRE(1990), ce
sentiment de culpabilité peut entraîner une fatigue et une
dépression. Lorsqu'on est dépressif, des tremblements de fatigue
peuvent se produire ainsi que des maux de tête, une hypotension
artérielle...et tout cela peut se répercuter sur la vie
socio-professionnelle d'un fonctionnaire divorcé.
Le divorce une fois prononcé, laisse très
souvent la personne divorcée dans un état psychologique
très critique. Cette situation nous a été
révélée par DONI comme nous le constatons à travers
ses propos : « Nta tiro ngifise, bishitse ngatora itiro naho, nguma
ndota nabi ». C'est-à-dire: « Je n'ai plus de sommeil et s'il
m'arrive d'en avoir un tout petit, c'est pour faire de cauchemars.»
Nous remarquons que le divorce laisse la personne
concernée dans une situation psychologique précaire étant
donné que le divorce entre conjoints est un problème profond.
Alors, la question de l'état psychologique de la personne
divorcée revient à répondre à la question de saisir
les comportements nouveaux suite à ce phénomène social
qu'est le divorce. Après le prononcé du divorce, nous avons
remarqué que les états psychologiques de la personne
concernée changent.
A ces difficultés psychologiques s'ajoutent d'autres
problèmes, à savoir la vie solitaire, la perte de dignité,
la perte de statut social, l'insécurité, la peur de la nuit, etc.
Si la société n'offre pas de soutien tant moral que psychologique
à ces personnes, celles-ci peuvent se sentir rejetées par la
communauté et risquent de vivre en marge de la société.
SECI en donne une illustration: « Jewe ubu mbayeho nabi, bisubiye
ntawukinyubaha, uwo ari we wese amfata uko yigombeye ».
Ce qui signifie pour SECI: « Je mène une vie
misérable, personne ne me respecte, tout le monde me sous-estime, je
n'ai plus de dignité ». Ces propos de SECI montrent combien
le divorce plonge la personne concernée dans une situation difficile
à supporter. Il est source d'insécurité et de la perte de
l'estime de soi. GAGA montre aussi que la personne divorcée perd son
estime de soi. Il précise ainsi : « Ubu ntaho nkironka nca kuko
aho nciye bose bantunga urutoke, nsigaye umengo ndi igicibwa ». Ce
qui signifie: « Je n'ai plus où passer, on me pointe le doigt
partout, je suis comme quelqu'un mis en quarantaine.»
A analyser les propos de GAGA, nous constatons qu'elle
manifeste une certaine perte de l'estime de soi, ce qui peut entrainer une
blessure narcissique. La culpabilité qui prédomine chez GAGA, est
donc un moment pour lui de méditer sur la période qu'il a
traversée. Suite à son statut de divorcé, GAGA mène
une vie psychique désequilibrée qui entraine des nuits
cauchemardesques. Voici ce qu'il dit: « Nkiri hamwe n'umugore wanje
tukibanye neza nararyama ngasinzira ariko ubu singitora agatiro ndara
ndakangagurika. Nsinziriye naho nguma ndota bibi, ikindi nuko nsigaye ndi
ikimaramare, aho nciye hose baramvuma ». Ce qui se traduit comme
ceci: « Avant le divorce, je menais une vie meilleure avec ma femme et
je dormais dans toute quiétude, maintenant que nous avons
divorcé, je n'ai plus de sommeil et j'ai souvent des insomnies. Quand il
m'arrive d'avoir un petit sommeil, je passe ce moment dans des cauchemars.
Ensuite, j'ai aujourd'hui honte de moi-même, je suis une personne sur qui
tout le monde jette l'anathème».
Et depuis, GAGA est menacée par cette blessure
psycho-sociale occasionnée par le divorce avec son épouse et son
isolement de sa propre famille. Voici ses propos: « Mabukwe aho nciye
yoturira ngo nije namutereye urubwa umwana wiwe ». Ce qui veut dire:
« Ma belle-mère ne supporte plus me voir car elle m'accuse
d'avoir déshonoré sa fille».
8.2. Relations d'un
fonctionnaire divorcé avec sa famille paternelle
Depuis longtemps, le mariage dans la société
burundaise était précédé par des relations
d'affinité. Les deux familles souhaitaient que le mariage soit une union
durable. L'idéal est que le projet du mariage soit contracté dans
un esprit de pérennité.
Pourtant, il arrive que les choses changent et prennent une
autre tournure. Des fois, l'union des époux est menacée par la
discorde, l'esprit de domination, des conflits, la jalousie etc. qui peuvent
aller jusqu'à la rupture. Autrement dit, si le degré de conflits
atteint son apogée, certains hommes ou femmes demandent le divorce. Ceci
est illustré par les propos d'un de nos enquêtés SIFA qui
dit ceci : «Naciye mbona ko icoba ciza ari ugusaba kwahukana
». Ce qui signifie : «J'ai constaté que ce qui
serait favorable est de demander le divorce ».
Le divorce est prononcé soit en faveur de l'un soit en
faveur de l'autre. Néanmoins le divorce n'est pas toujours bien
compris par la famille paternelle. C'est le cas de SECI qui nous ceci: «
Mugihe nahukana mama ntiyanyumva yaguma antako amakosa ngosinarikwemera
kwahukana n'umufasha wanje ». Ce qui veut dire: « Quand
j'ai divorcé, ma mère ne me comprenait pas et ne cessait de me
culpabiliser disant qu'il ne fallait pas que j'accepte le divorce
».
Quand une femme est malmenée par son mari, elle est
convaincue de trouver une place dans sa famille paternelle, mais les parents
peuvent la pousser à retourner sous le toit conjugal. Cela se faisait
remarquer dans la société traditionnelle mais nous pouvons
signaler que cela s'observe encore aujourd'hui pour dire que la femme
malmenée doit se résigner, encaisser.
L'attitude de la famille de la femme de ne pas soutenir le
divorce est liée à la peur des critiques à son
égard, comme si elle n'a pas bien éduqué sa fille.
Après le divorce, la femme peut retourner vivre chez ses parents, soit
chez ses frères et soeurs, soit chez ses collègues ou louer une
maison si elle en est capable. Signalons que si la femme est retournée
chez sa famille paternelle cela devient une charge lourde pour cette
dernière.
Quant aux femmes qui composent l'échantillon de notre
recherche, elles ne sont pas toutes retourné dans leur famille d'origine
car toutes les femmes qui composaient notre échantillon ont
préféré louer une maison ici et là. Dans la
société burundaise lorsque la femme est divorcée, on a
tendance à l'écarter et lui coller l'entière
responsabilité de l'échec conjugal. C'est pourquoi la
façon dont la femme divorcée est reçue dans sa famille
paternelle dépend de plusieurs facteurs, entre autre la confiance qu'on
a envers elle.
Ajoutons que l'homme peut être grondé par sa
famille mais ce sont des cas rares. L'unique nuance est que l'homme
divorcé ne regagne jamais la maison paternelle ou de ses frères,
il fait tout pour avoir une maison à louer ou rester dans la sienne. Ce
qui fait que les hommes divorcés ayant leur propre maison ne connaissent
pas des problèmes de logement.
Un seul cas sur 8 avait répondu qu'elle vit en bons
termes avec sa famille d'origine; d'autres nous disaient qu'elles ne
collaborent pas avec leurs parents, encore moins avec leurs frères. Les
propos suivants illustrent ce qui précède. DONI dit: «
Naho ndi impfuvyi, musazanje umwe mfise ntiducana uwaka kuberako nahukanye
». Ce qui signifie: « Même si je suis orpheline, le
seul frère que j'ai me déteste beaucoup à cause de mon
statut de divorce ». SIFI indique ce qui suit: « Umuryango
wanje ntiduhuza namba ». Ce qui veut dire: « je suis en
contradiction totale avec ma famille ». SECI aborde dans le
même sens en disant: « Jewe mfise maman gusa ariko ntiducana
uwaka ». Ce qui signifie: «J'ai ma mère seulement
mais je ne vis pas un bon terme avec elle ».
A partir de ces cas, nous constatons que la situation de
divorce perturbe les relations existant entre la personne divorcée et sa
famille d'origine. Néanmoins si la femme divorcée est confiante
envers sa famille d'origine nous comprenons que cette dernière peut
combler le vide tant moral que psychologique. Mais, malgré cela, les
conséquences du divorce au niveau relationnel restent nombreuses.
8.3. Relations du fonctionnaire
divorcé sur le lieu de travail
Comme nous l'avons vu dans les lignes
précédentes, la situation de divorce provoque des incidences
négatives dans tous les domaines. Nous pouvons dire que le divorce
entraîne souvent beaucoup de conséquences. Cette situation
contribue à amplifier des effets négatifs sur la
personnalité de la personne divorcée. Comme le divorce entre
l'homme et la femme est un problème qui se déroule d'une
manière minutieuse et qui a des effets négatifs qui tendent
à déstabiliser la victime sur tous les côtés, notre
enquête a révélé que la relation des fonctionnaires
divorcés à leurs postes d'attache peut être
perturbée. Les propos de BAJU illustre ce qui précède:
« Ku kazi umukoresha wanje ntakinyubahiriza asigaye amfata uko
yishakiye ». Ce qui signifie: « Mon employeur ne me
considère plus avec égards au service; il me traite actuellement
indignement ».
MAMI aborde dans ce même sens en disant: « Kuva
nahukanye ntiturasubira guhuza n'umukoresha wanje, yaciye anyishiramwo, sinzi
igituma» Ce qui signifie: « Depuis que j'ai divorcé,
je ne travaille pas dans un climat d'entente avec mon directeur. Il se
méfie beaucoup de moi et je ne sais pas pourquoi ».
A partir de ces cas là, nous constatons que le divorce
est un phénomène mal vu dans notre société. Ensuite
nous remarquons que la personne divorcée a une image négative
envers elle-même car elle se taxe souvent d'impossible voire de
marginale. La personne divorcée n'éprouve pas seulement les
difficultés d'intégration sociale à l'égard de son
chef direct mais aussi cela peut s'observer dans les relations qu'elle
entretient avec ses collègues de service. BIBI illustre cela :
« Abarimu dukorana ntibakindaba neza kuko ico mvuze cose bashaka
kukirwanya ». Ce qui veut dire: « Mes collègues
enseignants ne me considèrent plus avec dignité car ils
réagissent contre toute idée que j'avance ».
Ici nous remarquons que la situation de divorce change le
comportement du fonctionnaire concerné car à chaque instant de sa
vie de divorce, il se voit chaque jour pointé du doigt. BIBI voit que
tous ses collègues sont contre lui et cela montre que le divorce est
douloureux car il touche tous les points focaux de la vie de la personne
concernée.
CONCLUSION GENERALE
A la fin de notre travail intitulé « Le
vécu psychosocial des fonctionnaires divorcés »,
nous voudrions dégager quelques conclusions et formuler des suggestions.
Soulignons de façon brève les différentes étapes de
notre travail de recherche.
Dans la première partie, nous avons montré le
cadre théorique de référence. Après l'introduction
générale, la justification et la délimitation du sujet,
nous avons explicité les concepts-clés de notre travail. Nous
avons par la suite présenté quelques
généralités sur le divorce où il a
été question de parler de la notion sur le divorce, son
aperçu historique, l'évolution du divorce dans le temps et dans
l'espace, les origines étymologiques du mot divorce ainsi que les
positions des différentes églises sur le divorce. Il a
été aussi question des particularités de l'amour conjugal
à savoir les facteurs handicapant l'amour conjugal, ses biens et ses
exigences ainsi que les éléments-clés pour former un
couple épanoui. Cette première partie se termine par la
problématique, les objectifs de la recherche ainsi que la
méthodologie empruntée pour les atteindre
Dans la deuxième partie, il a été
question de présenter les monographies de nos enquêtés et
nous avons analysé et interprété les données
d'enquête sous forme des trois thèmes correspondant aux objectifs
spécifiques à savoir :
- Cerner les principaux facteurs de divorces chez les
fonctionnaires enquêtés
- Déterminer les effets directs et indirects du
divorce
- Identifier les difficultés psychosociales que
rencontrent les fonctionnaires divorcés.
Concernant le premier objectif qui consistait à
« cerner les principaux facteurs de divorce »,
nous avons trouvé que les fonctionnaires enquêtés
soulignent entre autre facteurs les violences conjugales, le manque d'amour,
l'absence de fiançailles, les maladies graves, l'insuffisance de
dialogue et les difficultés à communiquer dans les couples.
Ainsi, nous pouvons affirmer que cet objectif a été atteint.
Pour ce qui est du deuxième objectif
« déterminer les effets directs et indirects du
divorce », les fonctionnaires enquêtés ont
mentionné les effets liés à la procédure du
divorce, les sanctions à l'égard de l'époux coupable, les
dommages et intérêts. L'on peut dire que cet objectif a
été atteint.
Enfin pour le dernier objectif consistant à
«identifier les difficultés psychosociales que rencontrent les
fonctionnaires divorcés », il a été
constaté que l'image de soi est dominée par des sentiments de
malaise, de honte de peur, de culpabilité et des sentiments de
perte de l'estime de soi ensuite nous avons trouvé qu'il existe des
difficultés interrelationnelles et d'intégration des
fonctionnaires avec les membres de la famille paternelle ainsi que des
difficultés d'intégration sociale, de
déconsidération socioprofessionnelle Ainsi, cet objectif a
été atteint.
Et dans l'ensemble, l'objectif général qui
était d'étudier « Le vécu psychosocial des
fonctionnaires divorcés » a été atteint.
Enfin, nous ne pouvons pas terminer ce travail sans
émettre quelques suggestions dans le but d'améliorer le
vécu psychosocial des personnes divorcées en
générales et des fonctionnaires divorcés en
particulier.
v A l'Etat, nous proposons ce qui suit :
· Soutenir les associations qui oeuvrent dans le service
psychiatrique et ceci dans le but de favoriser la thérapie familiale;
· Reformer le code des personnes et de la
famille afin de corriger certaines lacunes qui se remarquent dans certains
articles ;
· Le divorce étant néfaste bien pour le
divorcé que pour la société en général
l'Etat doit soutenir la personne divorcée et dans ses aspects en
instaurant un système efficace de promotion du développement
socio-économique des personnes divorcées, plus
spécialement en valorisant ces dernières, en leur montrant que
malgré leur situation de divorcé elles restent avec leur
dignité d'un citoyen burundais et cela peut se concrétiser
par l'instauration des conseils des sages sur les collines.
v Aux familles d'origine des personnes divorcées, nous
proposons ce qui suit :
· Respecter la personne divorcée quelques soient
les mobiles de la désunion de son mariage ;
· Offrir aux personnes divorcées un soutient tant
moral que psychologique ceci parce que ces dernières peuvent sentir
rejetées par la société et risquent de vivre en marge de
la société ;
· Arrêter de spolier les champs et les biens des
femmes divorcées, mais les laisser les entretenir pour leur
intérêt car elles comptent sur l'assistance de la part de la
société;
· Il revient à la communauté environnante
de soutenir plus que jamais la personne divorcée, de lui apporter
estime, solidarité, aide concrète afin qu'elle puisse rester
soutenue dans la situation difficile qui est la sienne.
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ANNEXES
ANNEXE 1
UMWIDONDORO N'INTANGAMARARA
Jewe nitwa BAYIERE Willy, ndi umunyeshure mwishure Kaminuza
y'Uburundi mugisata c'inyifato n'imibano. Ndiko ndandika igikorwa kimpa
uburenganzira bwo kuronka urupapuro rw'umutsindo,nkaba nipfuza ko mwonterera
agacumu kubumwe kuvyerekeye abahukanye n'abo bari bubakanye babayeho .Ivyo
muza kumbwiravyose ndabikeneye .Nico gituma nkoresha akakuma gafata amajwi
kugira bifashe kutibagira na kimwe muvyo tuza kuganira .Vyongeye ivyo tuza
kuvugana aha atawundi azobimenya .
Mbaye ndabashimira ku ntererano yanyu.
ANNEXE 2
PRESENTATION ET CONSIGNE
Je m'appelle BAYIZERE Willy, je suis un étudiant de
l'Université du Burundi dans la Faculté de Psychologie et des
Sciences de l'Education .Je suis entrain de réaliser un travail de fin
d'études. Je souhaite m'entretenir avec vous pour savoir comment la
personne divorcée vie sa situation de divorce .Tout ce que vous me
direz me sera d'une grande nécessité, raison pour la laquelle je
suis muni d'un appareil enregistreur pour que rien ne m'échappe.
Je tiens à vous garantir que l'objet de votre
entretien gardera un caractère secret.
Je vous remercie d'avance pour votre compréhension et
votre collaboration.
ANNEXE 3
LE GUIDE D'ENTRETIEN (EN KIRUNDI)
Ingingo nyobozi
0. UWO ARI WE
· Imyaka ufise :
· Igitsina :
· Igitigiri c'abana :
· Imyaka ihaciye bahukanye :
· Aho uba ubu :
· Aho wahora uba kera :
· Akazi ukora :
1. IBIBAZO
1. Kuri mwebwe ni izihe mvo nyamukuru zituma abubakanye
bahukana?
2. Mwebwe none ni ikihe catumye mwahukana?
3. Ninde yatumye gusaba kwahukana hagati ya mwebwe n'uwo mwari
mwubakanye?
4. Mwoba mwari mwariyunviririye ubundi buryo bwari gutuma
mutahukana?
5. Ubu birashika mukaja kuramutsa abavyeyi?
6. None mufitaniye iyihe migenderanire nikibano canyu ?
7. Mufitaniye imigndeanire myiza n'umuryango wanyu ?
8. Abaganzi banyu n'abavyey banyu babibonye gute mumaze
kwahukana ?
9. Mwoshobora gutanga ivyiyumviro kuvyerekeye urukundo hagati
y'abubakanye ?
10. Ku bwanyu , umuntu yogira iki kugira ntiyahukane?
11. Mwoshobora kutubwira ingorane muhura mu kazi zijanye
n'ukwahukana?
12. Umukozi wa reta yahukanye abonmwa co kimwe mu kibano
n'uwutari umukozi wa reta? Mwoshobora gutanga insiguro?
13. None mushaka ko umugabo /umugore wanyu yobakunda gute ?
ANNEXE 4
TRADUCTION EN FRANCAIS DU GUIDE D'ENTRAITIEN
GUIDE D'ENTRAITIEN
0. IDENTIFICATION
- Votre âge:
- Nombre d'enfants:
- Temps écoulé après le divorce;
- Résidence actuelle:
- Profession:
1. QUESTONS
1. D'après vous quels sont les facteurs qui peuvent
être à l'origine du divorce?
2. Et vous, qu'est ce qui vous a poussé à
divorcer?
3. Qui a pris l'initiative en premier lieu dans la demande de
votre divorce?
4. Avez-vous tenté d'autres solutions pour
empêcher la rupture du mariage?
5. Il vous arrive de fréquenter le domicile
paternel?
6. Quelles sont vos relations avec l'entourage
7. Etes-vous en bonnes relations avec les membres de votre
famille?
8. Quelle a été l'attitude de vos amis et de vos
parents après le divorcé?
9. Pourriez-vous donner votre avis sur ce qui vous entendez
par l'amour conjugal ?
10. D'après vous, que faut-il faire pour éviter
le divorce ?
11. Pourriez-vous donner les difficultés que vous
rencontrent dans votre milieu professionnel ?
12. Etes-vous touchés de la même façon que
les non fonctionnaires ? Comment ?
13. Comment voulez-vous que votre femme et/ou homme vous
aime ?
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