Efficience des systèmes de santé: application de la méthode DEA sur les pays à revenu intermédiaire( Télécharger le fichier original )par Rajae TOUZANI Université d'Auvergne/CERDI - Master 2 économie de la santé et développement international 2013 |
I. Les systèmes de santé de la région MENAAvant d'aborder le sujet de l'efficience des systèmes de santé, ce chapitre sera consacré à la présentation de la région étudiée. Savoir quelques éléments de la situation sanitaire de la région nous permettra par la suite de choisir les bons inputs et outputs pour la mesure de l'efficience. MENA est l'acronyme de Middle East and North-Africa (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Elle est aussi nommée « la région Méditerranéenne ». Cette région comprend tous les pays du Moyen Orient et de l'Afrique Nord, depuis le Maroc au nord-ouest de l'Afrique jusqu'à Iran au sud-ouest de l'Asie. Les pays appartenant à cette région sont : Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Cisjordanie, Gaza, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Iran, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Malte, Maroc, Oman, Qatar, Syrie, Tunisie et Yémen. La région méditerranéenne abrite 355 millions d'habitants, dont 85% vivent dans des pays à revenu intermédiaire, 8% dans des pays à revenu élevé et le reste dans des pays à faible revenu. Elle possède de multiples atouts, une population jeune et instruite, une base de ressources solide et une résilience aux chocs économiques qui lui a permis de surmonter la crise financière internationale de 2008-2009. 60% des réserves mondiales de pétroles et 45% des réserves mondiales de gaz naturel (Oil dans Gas journal, 2009) sont détenues par la région MENA. La pauvreté absolue est peu répandue dans la région ; environ 4% de la population vivent avec moins de 1.25 dollar par jour. Mais les bénéfices de la croissance ne concernent qu'une petite élite. Cette situation a nourri la frustration sociale et a engendré le ressentiment généralisé en 2011 connu sous le nom du printemps arabe. 1. L'état de santé de la population de la région1.1. Une vue globale sur la situation sanitaireLes pays de la région MENA ont opéré des améliorations remarquables sur le plan sanitaire. Suite à des changements au niveau socio-économique et l'évolution des transitions démographiques et épidémiologiques, la région a connu une transformation, si rapide, au niveau de l'état de santé de sa population. On enregistre une augmentation de plus de 10 ans au niveau de l'espérance de vie ainsi qu'une réduction de la moitié le taux de mortalité infantile au cours de la période 1980 et 2005. La moyenne du taux de fécondité est nettement supérieure à celle des autres pays en développement de l'Asie de l'Est et d'Amérique latine malgré l'instauration de plusieurs pays de la région des politiques démographiques (4 naissances par femme dans la région MENA contre à peine deux naissances en moyenne dans les autres régions4(*)). Cette baisse non importante du taux de fécondité constitue à la fois une opportunité et un défi pour la croissance socio-économique de la région. Elle se retrouve avec une population jeune en croissance rapide qui ne nécessite pas de grandes dépenses de santé. Cependant, la prévalence de facteurs de risques sanitaires chez la population jeune de la région est en augmentation remarquable. Les jeunes de la région sont de plus en plus obèses, optent pour un mode de vie sédentaire et consomment plus de tabac. Selon l'OMS, la morbidité adulte attribuable au tabagisme devrait croître de 2.4% en 1990 à 9.5% en 2020. Les accidents de route sont aussi la cause majeure de décès et d'invalidité. Ces derniers touchent essentiellement la population active (cf. encadré ci-dessous). Encadré 1: Les accidents de la route dans la région MENA
D'après les chiffres de l'OMS, en avril 2011 18.6%o des iraniens âgés entre 15 et 59 ans sont morts suite aux accidents de la route. Ce chiffre est seulement de 0.6%o en Liban. L'Algérie comme la Tunisie et le Maroc connaît les mêmes problèmes liés à la sécurité routière. Si leurs chiffres de morts suite aux accidents de la route sont en baisse par rapport aux autres pays de la région MENA, c'est du à l'instauration des lois qui organisent la circulation routière. Ces pays du Maghreb ont introduit le permis à points, ont durcis les peines d'emprisonnement et les amendes. Ils ont aussi augmenté les campagnes de sensibilisation et d'éducation routière au près des jeunes conducteurs ; cette tranche de population qui ne respecte pas en grande partie le code de la route.
Selon l'OMS, quatorze pays de la région sont exempts de paludisme, 20 pays sont libérés de la poliomyélite ainsi que le taux de vaccination, contre les maladies évitables, a dépassé les 85% sur les 5 dernières années. Or, malgré les progrès réalisés par de nombreux pays de la région, la mortalité des enfants de moins de 5 ans reste importante. Certains pays figurent parmi les pays qui ont les taux de mortalité infantile et néonatale les plus élevés au monde. Il en est de même pour la mortalité maternelle (250 pour 100 000 naissances vivantes selon les estimations de l'OMS, 2009). La région MENA peut être répartie en trois groupes5(*) : les pays touchés par un conflit, les pays à revenu intermédiaire et les pays du conseil de coopération du Golfe (GCC). - Les pays touchés par un conflit (Gaza et Iraq) enregistrent des résultats en matière de santé alarmants en raison des difficultés liées aux situations de conflits et d'instabilité politique. - Les pays à revenu intermédiaire sont : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Jordanie, Liban, Syrie et Iran. Des pays qui ont mis en place de grandes infrastructures de prestation de services de santé publique mais qui sont confrontés actuellement à des contraintes budgétaires. - Les pays du GCC sont dotés d'un système de santé dont la performance globale est proche de celle des pays développés. * 4 Chiffres de la banque mondiale 2007 * 5 Fiche sur le secteur de la santé dans la région MENA, Banque mondiale, Septembre 2010. |
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