UNIVERSITE DE DSCHANG
UNIVERSITY OF DSCHANG
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an1.png)
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES
AGRICOLES
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS
DIAGNOSTIC SOCIO-ECONOMIQUE INITIAL DES
FORETS COMMUNAUTAIRES AUTOUR DU PARC NATIONAL DE CAMPO-MA'AN, SUD
CAMEROUN :
CAS D'AKAK, BIBOULEMAM ET TYA'ASSONO
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome
Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par
OMOKO AMAGNE Carine
Mle : 03A 075
Mars 2009
UNIVERSITE DE DSCHANG
UNIVERSITY OF DSCHANG
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an2.png)
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES
AGRICOLES
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS
DIAGNOSTIC SOCIO-ECONOMIQUE INITIAL DES
FORETS COMMUNAUTAIRES AUTOUR DU PARC NATIONAL DE CAMPO-MA'AN, SUD
CAMEROUN :
CAS D'AKAK, BIBOULEMAM ET TYA'ASSONO
Mémoire
présenté en vue de l'obtention du Diplôme
d'Ingénieur Agronome
Option : Economie et
Sociologie Rurales
Par
OMOKO AMAGNE Carine
Mle : 03A 075
Encadreurs au Programme Kudu-Zombo
WWF-Campo :
ENDAMANA Dominique
Socio-économiste
EKOUMOU Cyrille
Responsable des politiques
forestières
Superviseur :
Dr MOULENDE Thérèse épouse
FOUDA
Chargée de Cours Université de
Dschang
Mars 2009
FICHE DE CERTIFICATION DE
L'ORIGINALITE DU TRAVAIL
Je soussignée, OMOKO AMAGNE Carine, atteste que le
présent mémoire est le fruit de mes travaux effectués
auprès des communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono
dans le cadre du Programme Kudu-Zombo du WWF-Campo, Arrondissement de CAMPO,
Région du Sud, sous l'encadrement de MM. Dominique Endamana et Cyrille
Ekoumou, et de la supervision du Dr MOULENDE Thérèse
épouse FOUDA.
Ce mémoire est authentique et n'a jamais
été présenté antérieurement pour
l'acquisition de quelque grade universitaire que ce soit.
Visa de l'auteur
OMOKO AMAGNE Carine
Date.........../............/2009
Visa du chef de Département Visa du
Superviseur
Pr KAMAJOU François Dr MOULENDE
Thérèse
Date......../.........../2009
Date........./.........../2009
FICHE DE CERTIFICATION DES
CORRECTIONS APRES SOUTENANCE
Le présent mémoire a été revu et
corrigé conformément aux observations du jury.
Visa du Superviseur
Dr MOULENDE Thérèse
Date........./.........../2009
Visa du Président du jury Visa du chef de
Département
Pr TCHOUAMO Isaac Pr KAMAJOU
François
Date......../.........../2009
Date......../.........../2009
DEDICACE
Je dédie ce travail à mes parents,
Mr OMOKO Michel
et
Mme OMOKO née NYA Martine
Qu'ils trouvent en ce travail le fruit de leurs efforts
quotidiens.
Je ne saurais oublier mes frères,
OMOKO Guy,
OMOKO Christian
et
OMOKO Shalmain
Qui m'ont toujours soutenue moralement.
AVANT-PROPOS
La présente étude qui porte sur le "diagnostic
socio-économique initial de trois forêts communautaires autour du
Parc National de Campo-Ma'an" s'inscrit dans le cadre du mémoire de fin
d'études, présenté en vue de l'obtention du Diplôme
d'Ingénieur Agronome à la Faculté d'Agronomie et des
Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang. La période
allant du 1er mai au 31 octobre 2008 a donné lieu aux phases
de collecte des données sur le terrain dans les communautés
d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono, suivies de la rédaction du
mémoire dans les locaux du programme Kudu-Zombo à Campo et
ailleurs.
La réalisation de ce mémoire est l'aboutissement
d'un long processus qui a demandé mes efforts personnels et le concours
de plusieurs personnes. A cet effet, je remercie :
- Dr Moulendé Thérèse épouse Fouda
qui, malgré ses multiples occupations, a accepté de superviser ce
mémoire ;
- Dr Hiol Hiol François qui m'a permis d'effectuer le
stage d'insertion professionnelle au sein du World Wild Fund for
Nature ;
- Tous les enseignants de la FASA, particulièrement
ceux de l'option Economie et Sociologie Rurales pour le suivi académique
durant toute ma formation ;
- Mes encadreurs de terrain MM. Dominique Endamana et Cyrille
Ekoumou ;
- Mr Barthélemy Ondoua et Mme Hermine Ngo Mboua pour
l'appui sans faille pour la réalisation de ce travail ;
- Mr Nguenang Guy Merlin pour la documentation mise à
ma disposition ;
- Mr Akwah Georges Coordonnateur du programme programme
Kudu-Zombo et à tout son Staff ;
- Mes amis Paulin Tadjoung, Kourogue Rosine, Alain Dongfack,
Serge Djamen, Nimino G., Fongang Barthélémy, Tanon Innocent,
Tetha Chapeau, Ngouambé Nestor, Boukong J.Y., Central Awe, Moampang
Gisèle, Mbelem à Rim Serge et Ousseini pour leurs
conseils ;
- Mes camarades de stage : Ngo Mouelas, Eyebe Jean Paul,
Metsanou Paule K., Toncfack Gwladys, Daudet Nantchouang et Bélinga
JP ;
- La famille Njampou, spécialement maman Alice pour son
soutien ;
- La famille Mekon, plus particulièrement maman
Gabrielle Adèle et Gérard Moumbock pour leur aide
matérielle ;
- les communautés d'Akak, de Biboulemam et de
Tya'assono qui m'ont accueillie et hébergée tout au long des
enquêtes.
- Le DIEU TOUT PUISSANT qui m'a donné force et
persévérance durant tout ma formation.
TABLE DES MATIERES
Fiche de certification de l'originalité du
mémoire ii
Fiche de certification des corrections après soutenance
iii
Dédicace iv
Avant-propos v
Table des matières vi
Liste des tableaux viii
Liste des figures et carte ix
Liste des photos ix
Liste des abréviations x
Résumé xii
Abstract xiii
CHAPITRE 1: INTRODUCTION 1
1.1. Contexte 1
1.2. Problématique 2
1.3. Objectifs de l'étude 2
1.4. Importance de l'étude 3
1.5. Limite de l'étude 3
1.6. Organisation du mémoire 3
CHAPITRE 2: CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA
LITTERATURE 4
2.1. Contexte 4
2.1.1. Forêt Communautaire et concepts
associés 4
2.1.2. Forêt Communautaire dans l'approche du
développement durable 6
2.1.3. Les moyens d'existence durable 8
2.2. Revue de la littérature 11
2.2.1. Données socio-économiques 11
2.2.2. Quelques résultats sur la gestion des
Forêts Communautaires au Cameroun 13
2.2.3. Genre, Minorités et Forêts
Communautaires 16
2.2.4. Evaluation des Moyens d'existence durable des
populations autour du Tri National de la Sangha 19
CHAPITRE 3: METHODOLOGIE 21
3.1. Localisation géographique des trois
communautés 21
3.1.1. Situation géographique et description du
milieu physique 21
3.1.2. Description des communautés 24
3.1.3. Descriptions des Forêts Communautaires
25
3.2. Types et collecte des données 26
3.2.1. Types de données 26
3.2.2. Outils de collecte des données primaires
27
3.2.3. Niveaux de la collecte des données
28
3.3. Traitement et analyse des données 30
CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSION 33
4.1. Profil socio-économique des trois
communautés 33
4.1.1. Le milieu humain 33
4.1.2. Infrastructures socio-communautaires de base
34
4.2. Economie des ménages 44
4.2.1. Patrimoine et ressources des ménages
44
4.2.2. Activités Génératrices de
Revenu 46
4.2.3. Principaux postes de dépenses 48
4.2.4. Schéma de consommation des ménages
50
4. 3. Facteurs qui influencent la bonne marche des
unités de gestion des forêts communautaires 54
4.3.1. Facteurs sociaux 55
4.3.2. Facteurs institutionnels 56
4.3.3. Facteurs économiques 57
4.3.4. Facteurs techniques 58
4.3.5. Facteurs environnementaux 58
4. 4. Evaluation des moyens d'existence durable 59
CHAPITRE 5: CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
62
5.1. Conclusion 62
5.2. Recommandations 63
BIBLIOGRAPHIE 65
ANNEXES 68
Annexe 1 : Outils de collecte 68
Annexe 2 : Cartes participatives 85
Annexe 3 : Composition du bureau de l'unité de
gestion pour chaque communauté 87
Annexe 4 : Récapitulatif des initiatives
communautaires pour chaque communauté 88
Annexe 5 : Récapitulatif des associations et GIC
89
Annexe 6 : Liste de quelques espèces floristiques
et fauniques rencontrées dans la Forêt Communautaires 90
Annexe 7 : Organisation d'un chantier d'exploitation
artisanale 93
LISTE
DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : TYPES DE
BÉNÉFICES ISSUS DE LA FC ET CATÉGORIES DE
BÉNÉFICIAIRES 7
TABLEAU 2 :
EFFECTIFS DES ÉCOLES PRIMAIRES 13
TABLEAU 3 :
PRÉCIPITATIONS MOYENNES MENSUELLES, RÉGION DE CAMPO
(1999-
2000)............. 24
TABLEAU 4:
VILLAGES ET HAMEAUX DES TROIS COMMUNAUTÉS 25
TABLEAU 5:
USAGES PRIORITAIRES ET MICRO-PROJETS DE DÉVELOPPEMENT 26
TABLEAU 6:
TAILLE ET COMPOSITION DE L'ÉCHANTILLON 28
TABLEAU 7 :
DIFFÉRENTS POSTES DE DÉPENSES 31
TABLEAU 8 :
MÉTHODE UTILISÉE POUR L'ÉVALUATION DES MOYENS D'EXISTENCE
31
TABLEAU 9 :
RÉCAPITULATIF DE LA DÉMARCHE DE COLLECTE DES DONNÉES
32
TABLEAU 10:
DESCRIPTION DE L'HABITAT 34
TABLEAU 11: NIVEAU
D'ÉDUCATION DANS LES MÉNAGES ENQUÊTÉS
36
TABLEAU 12:
EFFECTIFS DES ÉCOLES PRIMAIRES D'AKAK, BIBOILEMAM ET
TYA'ASSONO 37
TABLEAU 13:
QUELQUES DONNÉES SANITAIRES AU COURS DES 12 DERNIERS MOIS
38
TABLEAU 14:
FRÉQUENTATION DE LA CASE COMMUNAUTAIRE DE BIBOULEMAM 40
TABLEAU 15:
DISPOSITION SPATIALE DES FORAGES DANS LES TROIS COMMUNAUTÉS
41
TABLEAU 16:
DISPOSITION DES HABITATIONS SUIVANT LES SOURCES D'ÉCLAIRAGE
42
TABLEAU 17:
INVENTAIRE DU CHEPTEL DES ENQUÊTÉS 45
TABLEAU 18:
PATRIMOINE DES MÉNAGES 45
TABLEAU 19: REVENU
MOYEN ANNUEL DES MÉNAGES ET LEUR PROVENANCE 46
TABLEAU 20:
DÉPENSES MOYENNES ANNUELLES DES MÉNAGES 49
TABLEAU 21:
FACTEURS QUI INFLUENCENT LE FONCTIONNEMENT DES ENTITES
DE GESTION DES FCS 54
TABLEAU 22:
CRITÈRES ET INDICATEURS D'APPRÉCIATION DES CHANGEMENTS
OCCASIONNÉS PAR LES EFC 59
LISTE DES FIGURES ET
CARTE
FIGURE 1: STRUCTURE
DES MOYENS D'EXISTENCE DURABLES (SMED) 9
FIGURE 2:
DIFFÉRENTES FORMES DU PENTAGONE DES ACQUIS EN FONCTION DE
L'ACCESSIBILITÉ DE
CHAQUE CAPITAL 11
FIGURE 3:
DÉMOGRAPHIE POUR LES TROIS COMMUNAUTÉS 33
FIGURE 4: EFFECTIFS
DES BULUS ET DES BAGYIÉLI DE BIBOULEMAM 34
FIGURE 5:
EQUIPEMENTS DE PRODUCTION 44
FIGURE 6:
CONTRIBUTION DES AGR DANS LE REVENU DES MÉNAGES 47
FIGURE 7:
CONTRIBUTION DU REVENU SUR LES MOYENS D'EXISTENCE 50
FIGURE 8: TAUX DE
CONSOMMATION EN PROTÉINES ANIMALES 51
FIGURE 9: TAUX
DE DÉPENDANCE EN PROTÉINE SUR LE MARCHÉ 52
FIGURE 10:
CONSOMMATION EN ÉNERGIE 53
FIGURE 11:
RÉPARTITION DU GENRE DANS LES ENTITÉS JURIDIQUE D'AKAK,
BIBOULEMAM ET TYA'ASSONO 56
FIGURE 12:
RÉPARTITION BULU/PYGMÉES DANS L'ENTITÉ JURIDIQUE DE
BIBOULEMAM 56
FIGURE 13:
POLYGONE DES ACQUIS 60
CARTE 1:
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE 22
LISTE DES PHOTOS
PHOTO 1:
RÉALISATION DE LA CARTE PARTICIPATIVE DE BIBOULEMAM PAR LA
POPULATION 30
PHOTO 2: ECOLE
PRIMAIRE DE TYA'ASSONO 38
PHOTO 3: CASE DE
SANTÉ COMMUNAUTAIRE DE BIBOULEMAM 40
PHOTO 4: FORAGE DU
VILLAGE NKO'ADJAP (AKAK) 41
LISTE
DES ABREVIATIONS
AES SONEL « American Energy Society »
Société Nationale d'Electricité
AFSONO Association Forêt Communautaire de
Tya'assono
AGR Activités Génératrices de
Revenus
AMED Approche des Moyens d'Existence Durable
APECRAK Association des Pêcheuses de Crevettes
d'Akak
CARPE Programme Régional pour l'Environnement en
Afrique Centrale
CIDE Centre d'Information sur la Documentation
Environnementale
CIFOR Centre International pour la Recherche
Forestière
CFDP-CFU Projet de Développement en Foresterie
Communautaire
CODERVIR ECOTOUR Comité de Développement
et de Vigilance Eco touristique
CRESA Centre Régional d'Enseignement
Spécialisé en Agriculture
DFID « Department For International
Development »
EFC Entreprises Forestières Communautaires
FAGAPE Auto-promotion des Groupes pour l'Environnement
FAO Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
FC Forêt Communautaire
GICACA Groupe d'Initiatives Communes des Agriculteurs du
Canton Akak
GTZ Coopération Technique Allemande
HEVECAM Hévéa du Cameroun
LLS «Livelihoods and Landscape
Strategy »
MARPP Méthode Active de Recherche et
Planification Participatives
MED Moyens d'Existence Durable
MINEF Ministère de l'Environnement et des
Forêts
MINFOF Ministère des Forêts et de la
Faune
OLA Organisation Locale d'Appui
OIBT Organisation Internationale des Bois Tropicaux
ONG Organisation Non Gouvernementale
OMD Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PFL Produits Forestiers Ligneux
PFNL Produits Forestiers Non Ligneux
PME Petites et Moyennes Entreprises
PNCM Parc National de Campo-Ma'an
PNDP Programme National de Développement
Participatif
PSG Plan Simple de Gestion
RAFCOM Réseau d'Appui à la Foresterie
Communautaire
RDFCAB Rassemblement pour le Développement en
Foresterie Communautaire et Agriculture de Biboulemam
RFA Redevance Forestière Annuelle
SAGED Stratégie d'Appui au Genre et à la
Gestion Environnementale Durable
SCIEB Société Camerounaise d'Industrie
et d'Exploitation du Bois
SDD Soutien au Développement Durable
SMED Structure des Moyens d'Existence Durable
SNV Société Néerlandaise de
Développement
SPSS «Statistical Package for Social
Sciences»
TNS Tri National de la Sangha
UICN Union Mondiale pour la Nature
UFA Unité Forestière
d'Aménagement
UTO Unité Technique Opérationnelle
WWF Fonds Mondial pour la Nature
RESUME
Dans le cadre du Programme
Kudu-Zombo (WWF-Campo) qui vise la gestion durable des ressources naturelles de
l'Unité Technique Opérationnelle (UTO) Campo-Ma'an, une
étude a été menée pour actualiser les
données socio-économiques de trois Forêts Communautaires
(FC) : Akak, Biboulemam et Tya'assono. L'étude consiste à
faire un diagnostic initial en vue de constituer une base de données de
référence pour suivre et évaluer les activités
liées à l'exploitation des FC. La présente étude se
propose de contribuer à l'amélioration de la connaissance de la
situation initiale des communautés d'Akak, de Biboulemam et de
Tya'assono sur les plans social et économique.
La collecte des
données s'est déroulée pendant un mois dans les trois
communautés, à travers 9 assemblées villageoises (dont une
pour les Pygmées), rassemblant au total 105 personnes ; 23
ménages ont été enquêtés et des entretiens
ont été menés avec 5 groupes focaux de femmes, 1 groupe
focal de Pygmées et les membres des entités de gestion des FC.
Cette méthodologie a permis d'identifier les infrastructures
communautaires, d'analyser les sources de revenus, les consommations des
ménages et leurs possessions en terme de biens physiques. L'analyse des
entités juridiques a servi à déterminer les facteurs qui
influencent leur mode de fonctionnement. Enfin, des indicateurs ont
été proposés pour permettre le suivi des activités
liées à la FC, à moyen et à long terme.
Les résultats de
cette étude ont montré que chacune des communautés dispose
d'au moins une école primaire et des routes carrossables. Une seule
communauté dispose d'une case de santé communautaire
opérationnelle. La majorité des ménages s'éclairent
avec des lampes tempêtes, quelques uns ont des groupes
électrogènes et des plaques solaires. Deux tiers
des communautés ont une source d'eau potable. Les activités
génératrices de revenu pratiquées sont l'agriculture, la
chasse, la pêche, l'élevage, la collecte des produits forestiers
non ligneux, le petit commerce et les activités salariales. Les facteurs
qui affectent la gestion des entreprises forestières communautaires sont
d'ordre social, institutionnel, économique, technique et
environnemental. L'évaluation des moyens d'existence a montré que
toutes les formes de capital sont disponibles mais avec des valeurs variables.
A cet effet, les communautés devraient équilibrer le pentagone
des acquis afin de relever les capitaux les plus bas, et accroître ceux
qui sont déjà élevés.
____________________________________________________________________________
Mots clés : Moyens d'Existence Durables,
Entreprise Forestière Communautaire, Forêt
Communautaire.
ABSTRACT
Within the framework of the Kudu-Zombo (WWF-Campo) Program
that carries sustainable development and conservation activities in the
Campo-Ma'an Operational Technical Unit (OTU), a study was undertaken to up date
the socio-economic data in three communities that have been allocated Community
Forests (CF).The objective of the study was to make diagnosis in order to
constitute a benchmark database for the monitoring and evaluation of the
activities related to the CF. It is around this need that the present study was
designed with the purpose of contributing to the improvement of the information
on the initial situation of the communities of Akak, Biboulemam and Tya' assono
from the economic and social points of view.
Data were collected in one month in the three communities in 9
village assemblies (including one for the Pygmies), involving a total of 105
people; twenty three households were surveyed and interviews were carried out
with 5 women and 1 Pygmies focus groups, and with the members of the CF
management units. This methodology led to the identification of the community
infrastructures, the analyse's sources of income, and the households assets and
consumption patterns. The analysis of the legal entities was used to determine
the factors which influence their operating mode. Finally, indicators were
proposed to allow the follow-up of activities related to the CF, in the medium
and long term.
The results of this study show that, each community has at
least a primary school and motorable roads. Only one community has a functional
community health center. The majority of the households use hurricane lamps,
some have power generating units and solar plates. Two of the three communities
have a source of drinking water. The income generating activities include
agriculture, hunting, fishing, animals breeding, collection of non timber
forest products, small trade and "wage" activities. The factors that affect the
community based forest enterprises are of social, economic, institutional,
technical and environmental nature. The evaluation of the sustainable
livelihoods showed that all forms of capital are available. It has been
recommended for the communities to balance the pentagon of assets in order to
raise the capital which is low and to increase those which are already high.
____________________________________________________________________________
Key words: Sustainable Livelihood Approach, Community
Based Forest Enterprise, Community Forest.
Chapitre 1 :
INTRODUCTION
1. 1.
Contexte
Au Sommet de la Terre de Rio en 1992, plusieurs facteurs ont
été pris en considération pour allier conservation de la
biodiversité et amélioration des conditions de vie des
populations. Au cours de ce sommet, il avait été déduit
que « l'élimination de la pauvreté et de la faim, la
répartition plus équitable des revenus et la valorisation des
ressources humaines restaient partout des enjeux d'importance
majeure » (Anonyme, 2008a).
Ce droit au développement s'identifie également
aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
fixés en 2000 à New York et qui visent « à
réduire la pauvreté, à promouvoir l'éducation,
à améliorer la santé maternelle, à faire avancer
l'égalité des sexes jusqu'en 2015... » (Anonyme, 2008b)
C'est à partir du sommet de Rio que le Cameroun a
adopté la loi N° 94/01 du 20/01/1994 portant régime des
forêts, de la faune et de la pêche qui offre aux populations
locales de nouvelles opportunités de développement, notamment
l'accès à une partie de la Redevance Forestière Annuelle
(RFA), la gestion de la Forêt Communale et de la Forêt
Communautaire (FC) (Poissonnet, 2005).
La FC joue un triple rôle : lutte contre la
pauvreté grâce aux revenus substantiels
générés par l'exploitation des Produits Forestiers Ligneux
(PFL) et des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) d'origine
végétale et animale, réduction de la dégradation
des forêts naturelles et conscientisation de la population
bénéficiaire dans la gestion des ressources naturelles
(MINEF/CFDP-CFU, 2001).
Soucieux de gérer durablement les ressources
naturelles, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) a identifié la FC
comme l'une des sources de revenu à renforcer et à diversifier
afin de diminuer sensiblement les impacts socio-environnementaux
désastreux sur la forêt et développer les capacités
locales en matière de gestion durable des ressources forestières
(Ondoua & Ekoumou, 2008).
Parmi les initiatives des FC dans l'Unité Technique
Opérationnelle (UTO) de Campo-Ma'an, on retrouve celles d'Akak, de
Biboulemam et de Tya'assono qui constituent les trois FCs pilotes
bénéficiant de l'appui technique et financier du Programme
Kudu-Zombo. La FC d'Akak a un Plan Simple de Gestion (PSG) approuvé et
une convention de gestion signée depuis 2005 tandis que celles de
Biboulemam et Tya'assono datent de 2006.
1. 2.
Problématique
L'une des activités du Programme Kudu-Zombo est la mise
en place des Entreprises Forestières Communautaires (EFC)
c'est-à-dire des petites industries forestières à but
lucratif gérées par des communautés locales. Ainsi Akak,
Biboulemam et Tya'assono ont été érigées en EFC qui
vont se livrer à la production, la transformation et le commerce du bois
d'oeuvre et des PFNLs de valeur marchande reconnue au niveau national et
international (Ondoua & Ekoumou, 2008).
Ces EFCs ont été mises en place pour faciliter
l'accès aux différentes formes d'acquis tels que les capitaux
humain, social, financier, physique et naturel. Il est nécessaire de
pouvoir déterminer à moyen et à long terme si ces EFCs ont
effectivement permis d'améliorer les conditions de vie des populations
d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono à travers l'évaluation
d'impact. Une telle évaluation permettrait de statuer sur un
développement harmonieux et équilibré occasionné
par les EFCs et repose sur un diagnostic initial. Ce dernier vise
également à réviser les données
socio-économiques des PSGs permettant ainsi le suivi-évaluation.
D'où les questions de recherche suivantes :
- quel est l'état des infrastructures
socio-communautaires dans ces villages ?
- quelles sont les activités créatrices de
richesse au sein de ces communautés ?
- quels sont les facteurs influençant la bonne marche
des unités de gestion des FC ?
- quels sont les indicateurs permettant d'évaluer les
moyens d'existence des communautés d'Akak, de Biboulemam et de
Tya'assono ?
1.3.
Objectifs de l'étude
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à une meilleure connaissance de la situation initiale des
communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono sur le plan social et
économique dans le but de proposer des critères et indicateurs
qui permettront d'apprécier les changements occasionnés par les
EFC. Plus spécifiquement, il s'agit :
- d'inventorier les infrastructures sociocommunautaires ;
- d'analyser l'économie des ménages ;
- de déterminer les facteurs influençant le
fonctionnement des unités de gestion des FC et
- d'évaluer les moyens d'existence des
communautés.
1. 4.
Importance de l'étude
Cette étude a une importance théorique et
pratique. Sur le plan théorique, cette étude contribue à
enrichir la littérature sur les EFC et d'approfondir les connaissances
sur le profil socio-économique des populations autour du PNCM. Sur le
plan pratique, cette étude va développer des indicateurs utiles
à la mesure de la progression des activités liées à
l'EFC et de leurs impacts socio-économiques c'est-à-dire les
changements que les EFC auront occasionné d'une manière
générale durant les 25 années d'exploitation. Cette
étude va permettre aux populations locales de mieux s'organiser sur la
gestion de leur EFC et par conséquent contribuera à leur
développement socio-économique.
Cette étude montrera jusqu'où les EFC peuvent
contribuer à atteindre les OMD qui visent à réduire de
moitié la pauvreté d'ici 2015.
1. 5. Limites de l'étude
Certaines informations n'ont pas pu être
collectées en raison de l'indisponibilité des populations et de
certains membres ayant des rôles importants dans les entités
juridiques. Ceux-ci étant occupés par les travaux
champêtres ou travaillant dans les métropoles, ont
été absents pendant la collecte des données. De plus, le
refus de livrer les informations sur les problèmes internes par
certains membres des entités juridiques n'a pas facilité les
enquêtes. L'absence des documents à valeur scientifique sur ces
communautés a également constitué une limite pour cette
étude.
1. 6.
Organisation du mémoire
Le présent document s'articule autour de cinq
chapitres :
- le premier est un chapitre introductif, qui présente
le contexte de l'étude, la problématique, les objectifs,
l'importance et les limites de l'étude ;
- le second est bâti sur les définitions des
concepts régulièrement utilisés, le cadre conceptuel et la
revue de la littérature ;
- le troisième relate la méthodologie de
collecte et le traitement des données ;
- le quatrième présente l'analyse et la
discussion des résultats et
- le cinquième résume les principales
conclusions et les recommandations proposées.
Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE
Pour tout travail de recherche, il est
nécessaire d'élucider le lecteur sur les termes couramment
utilisés, le cadre dans lequel l'étude s'inscrit et enfin une
revue de quelques études faites précédemment et
s'inscrivant dans le thème de l'étude sur le site et ailleurs.
2.1.
Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel de cette étude est
basé sur le développement durable grâce à la
forêt communautaire et les moyens d'existence durable.
2.1.1.
Forêts communautaires et concepts associés
Plusieurs termes permettent d'appréhender le concept de
forêt communautaire (FC). Pour le cas de cette étude, il a
été question de définir les termes en rapport logique avec
le concept de FC ainsi que ceux qui entrent dans le diagnostic
socio-économique initial.
La Forêt Communautaire est
définie comme « toute forêt du domaine forestier non
permanent pouvant mesurer jusqu'à 5000 ha, faisant l'objet d'une
convention de gestion entre une communauté villageoise et
l'administration en charge des forêts. La gestion de cette forêt
relève de la communauté villageoise concernée, avec le
concours ou l'assistance technique gratuite de l'administration chargée
des forêts » (MINEF, 1998). Son exploitation doit se faire
suivant un manuel ou un guide appelé Plan Simple de Gestion
et d'une Convention de Gestion (CG).
En effet, le Plan Simple de Gestion (PSG) est
un document technique élaboré par la communauté avec
l'appui des services locaux en charge des forêts (MINFOF) en vue de
planifier dans le temps et dans l'espace toutes les stratégies
d'exploitation durable des ressources de la FC (MINEF/CFDP-CFU, 2001). Une
CG est un contrat qui lie la communauté et l'Etat dans
lequel celle-ci s'engage à respecter scrupuleusement son PSG
préalablement approuvé. Le PSG peut être
considéré comme un plan d'aménagement simplifié du
fait qu'il s'applique à des forêts de superficies très
réduites qui sont gérées par les communautés
(MINEF, 1998). Il est élaboré à partir des études
d'inventaires floristiques et fauniques et d'un diagnostic
socio-économique de la situation initiale au sein des
communautés.
Le Diagnostic est l'identification et
l'analyse des problèmes, et donne des solutions qui vont former par la
suite la base d'un programme, d'un projet ou d'une activité
(MINEF/CFDP-CFU, 2001). L'identification du stade initial des activités
(liées ou non aux FCs) constitue le point de départ sur les plans
socio-économique et environnemental afin de mesurer les changements que
l'exploitation des FCs aura occasionné, notamment sur les conditions de
vie des ménages.
Les Moyens d'Existence Durable
(MED) permettent d'apprécier les conditions de vie des
communautés ainsi que les opportunités que présentent les
différents acquis (humain, social, financier, physique et naturel). Les
MED sont « les capacités, les
ressources matérielles et sociales, et les activités
nécessaires à un individu pour gagner sa vie » (Anonyme
c, 2008).
La communauté est
considérée comme un groupe d'individus (hommes, femmes et
enfants) vivant ensemble et liés par des normes et des valeurs
acceptées par tous. Dans le cadre de la foresterie communautaire, le
groupe vit à proximité des ressources forestières dont il
dépend pour sa subsistance (MINEF/CFDP-CFU, 2001). Une bonne
intégration de ces communautés dans l'exploitation de la FC est
cruciale pour une gestion durable.
L'implication active des membres de la communauté et
des intervenants extérieurs dans toutes les décisions
liées aux objectifs et aux activités de la FC est un gage de
durabilité dans les actions de développement. Elle traduit le
concept de participation de toutes les parties prenantes
publiques ou privées, les communautés villageoises et les
organismes d'appui et d'accompagnement dans l'exploitation des FCs à
travers les Entreprises Forestières Communautaires
(EFC). La participation inclut aussi l'aspect genre et
minorités dans la prise de décision et l'exécution des
activités liées aux EFC.
Une Entreprise Forestière
Communautaire est une petite et moyenne entreprise qui est
chargée de la gestion du chantier d'exploitation forestière.
Selon Mbelen à Rim (2007), certaines EFC sont plus organisées,
font de la transformation verticale et peuvent avoir davantage de
salariés et de fonds. Elles peuvent concilier leurs objectifs
économiques (bénéfices dus à la vente du bois,
création d'emplois) avec les objectifs sociaux (réalisation des
micro-projets communautaires) et environnementaux (respect des limites et
diminution de la coupe illicite du bois) de la communauté.
L'appréciation de ces changements va se faire par une analyse de
critères et indicateurs.
Les critères et indicateurs (C&I)
constituent un cadre d'intégration pour l'ensemble de valeurs, de
conditions, d'informations et de données sur la gestion durable des
forêts (Prabhu et al., 2000). En général, les
C&I servent à la poursuite de la promotion de la gestion durable des
forêts et sont essentiellement constitués des mêmes
éléments. Les composantes pertinentes d'un cadre
hiérarchisé de C&I incluent les
critères et les indicateurs :
Un Critère est une norme ou
condition qui permet d'émettre un jugement. Il précise la
signification et le sens d'application d'un principe sans être
lui-même une mesure de performance directe (Prabhu et al., 2000,
Page 5).
L'Indicateur est un attribut
quantitatif, qualitatif ou descriptif qui, lors de sa mesure périodique
et de son suivi indique la direction du changement. C'est une information
à collecter ou à mesurer de manière périodique et
à suivre (Prabhu et al., 2000, Page 5).
2.1.2.
La forêt communautaire dans l'approche globale du développement
durable
Le concept de Forêt Communautaire (FC) a
été développé par le gouvernement camerounais
à travers la loi N°94/01, dans le but de répondre aux
exigences internationales sur développement local et la gestion durable
des ressources naturelles.
La FC est une attribution de gestion de l'Etat camerounais
aux communautés afin que celles-ci puissent améliorer leurs
conditions de vie et entreprendre des actions de développement
communautaire grâce aux revenus issus de son exploitation (SNV, 2005).
Selon BIGOMBE (2000, Page 1), la FC est considérée comme
« l'ensemble des processus dynamiques de responsabilisation des
communautés rurales dans la gestion des ressources forestières,
pour contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie et
promouvoir le développement local ». Selon le même
auteur, la gestion durable des ressources forestières à travers
l'acquisition des FC ne peut être efficace qu'avec la participation
effective des populations locales.
A cause de la croissance de la pauvreté,
particulièrement dans les zones rurales, plusieurs communautés
avisées ont favorablement accueilli la foresterie communautaire comme
moyen qui leur permettrait d'améliorer leurs conditions de vie. Les
populations dépendantes des forêts se sont montrées
intéressées dès qu'elles ont eu la conviction qu'elles
auront droit au partage des bénéfices
générés par l'exploitation commerciale de leurs
forêts (MINEF/CFDP-CFU, 2001). La FC initie le développement sur
le plan socio-économique, institutionnel et environnemental.
Au niveau socio-économique, la FC
permet la création d'emplois et d'infrastructures sociales à
partir des retombées économiques de l'exploitation
forestière (Poissonnet, 2005). De même, l'accès à un
salaire local par l'intermédiaire d'un emploi
généré par l'EFC peut contribuer à un
développement économique local.
Au niveau institutionnel,
la FC fournit aux populations locales le droit d'exploiter
elles-mêmes une portion de forêt et de gérer les
bénéfices issus de cette exploitation pour leur propre
développement socio-économique. Une responsabilisation collective
vis-à-vis de la gestion de ces bénéfices monétaires
en fonction de l'intérêt général doit aboutir
à une amélioration des conditions de vie locale et aux
prémisses d'une « démocratie locale »
(Poissonnet, 2005).
Au niveau environnemental,
les bénéfices réalisés grâce
à l'exploitation forestière doivent contribuer à motiver
les populations concernées pour la gestion et la conservation à
long terme de leur massif forestier (Poissonnet, 2005).
La FC apporte généralement des avantages
directs (gains tangibles ou réels) et indirects (gains intangibles). Les
avantages directs liés à la FC sont des valeurs monétaires
ou commerciales des PFLs et PFNLs, ainsi que les services provenant de la FC.
Les avantages indirects incluent la préservation d'un micro climat
adéquat et de l'équilibre du climat global, la conservation des
normes et des valeurs culturelles des communautés villageoises, la
séquestration du dioxyde de carbone, la préservation des nappes
phréatiques, la stabilisation des terres et leur fertilité, et
l'atténuation de l'action érosive de l'eau, du vent et de la
gravité (MINEF/CFDP-CFU, 2001). Ces différents avantages sont
répartis entre diverses catégories de bénéficiaires
comme indiqués au tableau 1.
Tableau 1 :
Types de bénéfices issus de la FC et catégories de
bénéficiaires.
Bénéficiaires
|
Bois
|
PFNL
|
Revenus des
services
|
Revenus des
ventes
|
Séquestration du
carbone
|
Régulation de la
nappe et stabilisation des terres
|
Normes et valeurs
culturelles
|
Micro- climat
|
Equilibre du climat
global
|
Communautés
locales
|
x
|
x
|
x
|
x
|
|
x
|
x
|
x
|
x
|
Gouvernement
|
|
|
|
x
|
X
|
x
|
|
|
x
|
Opérateurs économiques
|
|
x
|
x
|
x
|
|
|
|
|
x
|
ONGs
|
|
|
x
|
|
|
|
|
|
x
|
Communauté internationale
|
|
|
|
|
X
|
x
|
|
|
x
|
Source :
Adapté du MINEF/CFDP-CFU, 2001. Page 9
Les bénéfices des FCs se font ressentir du
niveau local (communauté) au niveau international (communauté
internationale) en passant par le niveau intermédiaire (gouvernement).
Malgré les avantages et les multiples bénéficiaires des
FC, certaines études ont montré que ce processus n'est pas
exempt de difficultés.
2.1.3. Les moyens d'existence durable
Pour le cas de cette étude, le diagnostic initial se
fera à partir d'une approche basée sur la mise su pied des
indicateurs de suivi-évaluations qui seront développés
à partir de l'Approche des Moyens d'Existence Durable (AMED).
L'AMED sert à identifier les principales contraintes et
perspectives des pauvres, telles qu'eux-mêmes les expriment. Elle
comporte les principes directeurs qui n'édictent ni les solutions, ni
les méthodes, mais sont au contraire flexibles et adaptables aux
diverses conditions locales (Anonyme, 2008c). Elle analyse les moyens
d'existence des personnes et leur évolution dans le temps. Les personnes
elles-mêmes y participent activement tout au long du cycle du projet.
Elle tient compte du fait que les personnes adoptent de multiples
stratégies pour assurer leur subsistance (exploitation des FCs) et que
les acteurs impliqués sont nombreux (Anonyme, 2008c). Cette approche
s'appuie sur les forces et les perspectives des pauvres telles qu'ils les
perçoivent au lieu de se concentrer sur leurs problèmes et leurs
besoins (Anonyme, 2008c).
Les ressources et les biens associés aux moyens
d'existence incluent : les ressources naturelles (PFLs et PFNLs d'origine
animale et végétale), les compétences (main d'oeuvre
qualifiée), les connaissances (niveau d'éducation), les
capacités, la santé, les sources de crédit (tontine,
association), ou leurs réseaux d'appui social. L'accès à
ces ressources est également influencé par l'environnement
social, institutionnel et politique prévalant, qui a un effet sur les
façons dont les personnes associent et utilisent leurs ressources pour
atteindre améliorer leur bien être (Anonyme, 2008c).
Dans les ménages ruraux pauvres, l'amélioration
des moyens d'existence peut se faire par la pratique de nombreuses
activités génératrices de revenus (l'agriculture, la
chasse, la pêche, les emplois générés par les EFCs).
la réduction de la vulnérabilité (indisponibilité
des PFNLs, de la viande de brousse, des produits de pêche), les risques
(dégradation des sols par les feux de brousse) et une
amélioration de la santé, de la nutrition et de
l'éducation au sein des ménages. D'une manière
générale, l'amélioration des MED passe par un
progrès dans l'accès des pauvres à différentes
formes de capitaux (humain, social, financier, physique, naturel). Ces
différentes formes de capitaux constituent le pentagone des acquis et
est au centre de la Structure des MED (SMED), la figure 1 en donne un
aperçu.
Conséquences des moyens d'existence
- augmentation des revenus
- augmentation du bien être
- réduction de la vulnérabilité
- amélioration de la sécurité alimentaire
- utilisation durable des ressources naturelles de base
Processus et structure de transformation
Structure
-gouvernement
-secteur privé
- loi
- politique
- culture
- institutions
Processus
Atouts des moyens d'existence
Contexte de vulnérabilité
- chocs
- tendances
- saisonnalité
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an3.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an4.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an5.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an6.png)
Influence et évaluation
Stratégies de moyens d'existence
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an7.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an8.png)
Mots clés
H = Capital Humain
N = Capital Naturel
F = Capital Financier
S = Capital Social
P = Capital Physique
Figure 1 : Structure des Moyens d'Existence
Durables.
Source : Kollmair & Gamper (2002). Page 4
La SMED est un modèle simplifié qui permet de
visualiser les MEDs des populations ainsi que des facteurs qui les influencent.
Le polygone des acquis permet de réunir sur une même figure les
différents capitaux dont un individu a besoin pour améliorer son
bien-être : il s'agit du capital humain, social, naturel, physique
et financier (Kollmair & Gamper, 2002).
Le capital humain (H) englobe
les compétences ou le niveau d'éducation, les
connaissances, la capacité à travailler et un bon état de
santé.
Le capital social (S) désigne les
ressources sociales c'est-à-dire des groupes de personnes et des
connections sociales qui augmentent la confiance entre les membres d'un groupe,
leur habilité à coopérer ensemble ou leur capacité
à adhérer à plusieurs groupes formels tout en respectant
les règles, les normes et les sanctions (Kollmair & Gamper,
2002).
Le capital naturel (N) désigne les
stocks des ressources naturelles à partir desquelles dérivent les
flux de ressources et les services (comme la terre, l'eau, les forêts, la
qualité d'air, la protection d'érosion, le degré de
biodiversité, etc) utilisés pour satisfaire les moyens
d'existence.
Le capital physique (P) englobe les
infrastructures de base et les biens de production dont les moyens d'existence
ont besoin, tels que l'accessibilité au transport, un abri et les
bâtiments protégés; l'accès à l'eau
potable et à la propreté, l'accès à
l'énergie (électrification villageoise), l'accès à
l'information, l'accès aux facteurs de production (terre, travail,
capital).
Le capital financier (F) est
constitué des ressources financières (argent comptant,
dépôts en banque ou les actifs disponibles tels que le
bétail et les bijoux) et les apports réguliers d'argent (le
revenu de travail, les pensions retraites) (Kollmair & Gamper, 2002).
Le pentagone des acquis peut prendre différentes
formes, suivant l'accessibilité de chaque capital. La figure 2 montre
quelques différentes formes d'acquis en fonction de sa
disponibilité.
Figure 2 : Différentes formes du
pentagone des acquis en fonction de l'accessibilité de chaque
capital.
Source : Kollmair & Gamper (2002). Page 6
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an9.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an10.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an11.png)
Sur la figure 2a, les capitaux humain, social et financier
sont moins disponibles que sur la figure 2b. Le capital naturel est semblable
sur les deux figures. Plusieurs facteurs peuvent influencer
l'indisponibilité des acquis : ces facteurs constituent le contexte
de vulnérabilité.
Le contexte de vulnérabilité comprend les
tendances (tendances démographiques, tendances sur les ressources,
tendances dans la gouvernance), les chocs (épidémies, accidents
de travail, la dévastation des récoltes); les risques naturels
(feux de brousse), les conflits (inter ou intra-villages), et le
caractère de saisonnalité (fluctuation des prix des produits
agricoles ou forestiers, ou même des offres d'emploi dans les EFCs)
(Kollmair & Gamper, 2002).
Les MEDs permettront d'identifier le potentiel sur
l'environnement socio-économique des communautés d'Akak, de
Biboulemam et Tya'assono. Grâce au pentagone des acquis, une
identification de la disponibilité de chaque forme de capital pourra
être faite dans les différentes communautés.
2.2. Revue de la littérature
Des études socio-économiques menées dans
les communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono durant la
réalisation des PSGs et ailleurs, ont décrit les structures
sociales, économiques et culturelles.
2.2.1. Données socio-économiques
Structures sociales
Les structures sociales sont constituées des
écoles, des centres de santé et des boutiques.
Chacune de ces communautés dispose des écoles
primaires. Akak en a deux (une à Nkoélon et l'autre à
Akak), Biboulemam et Tya'assono en ont une chacune. Les effectifs des
écoles sont présentés dans le tableau 2.
Tableau 2 : Effectifs des écoles
primaires.
Communauté
|
Nombre d'école
|
Effectifs totaux
|
Effectif des filles
|
Nombre d'instituteurs
|
Akak
|
Nkoélon
|
1
|
31
|
26
|
2
|
Akak
|
1
|
39
|
22
|
2
|
Biboulemam
|
1
|
63
|
-
|
3
|
Tya'assono
|
1
|
103
|
-
|
3
|
Adapté de GICACA (2005) ; RDAFCB (2006) ;
AFSONO (2006).
Les filles constituent environ les 2/3 des effectifs totaux
dans la communauté d'Akak. Akak et Tya'assono ont en moyenne un
instituteur pour 34 élèves tandis que Biboulemam a un instituteur
pour 21 élèves.
Le canton Akak a une case de santé située dans
le village Akak mais elle n'a jamais été opérationnelle.
La population parcourt 18 km (pour les villages les plus proches) et 44 km
(pour les villages les plus éloignés) pour se rendre à
Campo où il y a l'hôpital le plus proche (GICACA, 2005).
Les communautés de Biboulemam et de Tya'assono ne
possèdent pas de centre de santé. La population de Biboulemam
parcourt 5 km pour aller se soigner à Ebemvok (RDFCAB, 2006). Celle de
Tya'assono parcoure 17km pour avoir des soins à Ma'an (AFSONO, 2006).
Les villages Nkoélon et Afan Essokié
(communauté d'Akak) ont des boutiques assez fournies appartenant
à des commerçants natifs et allogènes. Malheureusement le
manque d'électricité ne permet pas à ces boutiques de
s'approvisionner en aliments périssables. L'électrification
villageoise est un grand problème auquel fait face la communauté
d'Akak (GICACA, 2005). Le village Biboulemam est dépourvu de boutique
pouvant ravitailler tous les différents hameaux. Celui de Tya'assono a
trois boutiques : une dans le premier hameau et deux dans le second.
Grâce à ces informations sur les infrastructures
sociales, une comparaison pourra être faite avec les résultats de
notre 1er objectif, et on pourra apercevoir les changements qu'il y
a eu depuis la rédaction des PSG.
Activités rurales
L'agriculture est la principale activité dans ces trois
communautés mais elle n'est pas pratiquée avec la même
intensité. A Akak et Biboulemam, l'agriculture est surtout pour la
subsistance. Par contre à Tya'assono, elle permet de desservir les
marchés environnants. L'agriculture itinérante sur brûlis
est fortement pratiquée avec rotation sur différentes zones de
jachères et des associations culturales notamment la culture du manioc,
du taro, du maïs, de l'arachide, de la banane plantain, du concombre, de
l'igname, du gombo, de la patate et du melon. Les champs vivriers ne sont pas
permanents, ils sont cultivés deux fois par an (GICACA, 2005 ;
RDFCAB 2006 ; AFSONO, 2006).
Dans la communauté de Biboulemam, on rencontre une
ceinture d'arbres fruitiers (safoutiers, manguiers, agrumes, papayers), de
cultures maraîchères (tomate, herbes à sauces, oignons). On
y trouve aussi des pimentiers et autres légumes qui constituent les
champs de case. Les champs dans le campement Awomo sont autour des cabanes et
ne se limitant qu'à quelques dizaines de mètres carrés de
superficie de manioc associé au maïs et parfois à l'arachide
(RDFCAB, 2006).
Les cultures de rente (cacaoyer et caféier surtout
robusta) ont longuement été pratiquées dans la
communauté d'Akak. Elles ont disparu à cause du
découragement dû à la baisse drastique des prix de ces
produits sur le marché international. Par contre elles sont toujours
pratiquées à Tya'assono et à Biboulemam (par les Bulu), et
elles occupent une place assez importante dans l'apport des revenus aux
populations de Tya'assono.
La
chasse est une activité très pratiquée à Akak. Les
produits issus de la chasse sont la première source de protéine
dans ces communautés. Ils sont aussi vendus localement et procurent des
revenus non négligeables. Dans la communauté de Biboulemam, la
chasse procure d'importants revenus financiers aux Bagyéli. Compte tenu
de la raréfaction de cette ressource, les populations vont
déjà au delà des limites de leur forêt pour chasser.
C'est le cas des Pygmées d'Awomo qui dépendent fortement des
ressources fauniques pour leur alimentation. Bien qu'elle soit pratiquée
seulement par une frange de la communauté, l'activité
représente sans doute une menace pour le potentiel faunique de la
communauté de Tya'assono. L'espace utilisé par les populations
riveraines pour la chasse s'étend jusque dans l'UFA 09-021. Les
techniques de chasse utilisées dans ces trois communautés sont
principalement : la chasse au fusil, le piégeage et la chasse
à courre. La chasse à courre est surtout pratiquée pour
protéger les champs vivriers des rongeurs.
La pêche fait partie des activités très
pratiquées dans la communauté d'Akak ; c'est une
activité temporaire dont les produits sont destinés à
l'autoconsommation et/ou à la vente. Elle se pratique dans les petits
affluents du fleuve Ntem (GICACA, 2005). Biwomé et Awomo sont les plus
grandes rivières arrosant la communauté de Biboulemam. Elles sont
très importantes dans la pratique de la pêche au sein de la
communauté, ceci d'autant plus qu'elles sont poissonneuses (RDFCAB,
2006). Les techniques utilisées varient selon le sexe: les hommes
pêchent à la ligne et les femmes à la nasse et au barrage.
Les espèces pêchées sont : le silure (Clarias
sp.), le brochet, le tilapia (Oréochromis sp.) et les
crevettes (GICACA, 2005 ; RDFCAB, 2006 ; AFSONO, 2006).
Les PFNLs sont constitués des produits de
l'alimentation, de la pharmacopée et de l'artisanat. La collecte des
PFNLs est d'accès libre et sans restriction de zone. Elle est
saisonnière et se fait d'une manière individuelle ou en groupe
(GICACA, 2005 ; RDFCAB, 2006 ; AFSONO, 2006). Tous ces produits
forestiers sont indispensables pour l'équilibre des populations. Ces
produits sont consommés, vendus, utilisés dans l'artisanat, ou
dans la pharmacopée. Parmi ces produits, on peut citer : le
"ndo'o" ou mangue sauvage (Irvingia gabonensis), l'"ezezang"
(Ricinodendron heudoletii), l'"Akpwa" (Tetrapleura
tetraptera), l'"Assam" (Uapaca guineensis), l'"Adjap"
(Baillonella toxisperma), l'"Engong" (Trichoscypha acuminata),
le palmier (Elaeis guineensis) et le raphia (Raphia
sp.), les champignons et le miel.
Dans cette étude, il est
question de déterminer les activités génératrices
de revenus et leur contribution à l'économie des ménages.
Grâce à ces données, une comparaison pourra être
faite avec les résultats issus de notre 2nd objectif.
2.2.2. Quelques résultats sur la gestion des
Forêts Communautaires au Cameroun
D'après une étude menée par le MINFOF en
2006 sur le rapport de l'état des lieux des FCs au Cameroun, il en
ressort que 85 FCs ont déjà été attribuées,
réparties sur 7 régions et 16 départements. Cette
étude a relevé quelques acquis et lacunes présentés
par la FC dans les communautés bénéficiaires.
Comme acquis, l'étude a révélé que
l'avènement de la foresterie communautaire a entraîné
l'émergence d'une dynamique de démocratie et de bonne gouvernance
des dirigeants. La mise en oeuvre des PSGs par les populations a
renforcé progressivement les capacités de celles-ci dans les
aspects de l'exploitation forestière et de la gestion des revenus
communs : des prospecteurs, des scieurs ou encore des abatteurs ont
été formés grâce aux activités d'exploitation
des FCs. Les membres des communautés ont reconnu que l'exploitation et
la vente du bois d'oeuvre ont apporté un flux financier et social dans
les villages ; la gestion des forêts communautaires a permis la
réalisation d'oeuvres sociales à partir des revenus
générés à savoir : l'amélioration de
l'habitat (don du matériel de construction et mise à disposition
d'une main d'oeuvre qualifiée) ; la réhabilitation des
chapelles et la construction des maisons communautaires dans certains
villages ; quelques palmeraies villageoises (allant de1 à 3
hectares) ont été mises en place ; l'aménagement d'un
point d'eau, la construction des salles de classe dans plusieurs villages ainsi
que le paiement des salaires d'enseignants vacataires ont été
effectués (MINFOF, 2006).
Ce processus de FC a présenté certaines lacunes
telles que des infractions récurrentes dans les FCs visitées
à savoir l'exploitation hors limites, le non respect des volumes
accordés dans le certificat annuel d'exploitation, le non respect des
séries annuelles, le trafic des lettres de voiture, la non ouverture des
limites de la FC et le dépassement des volumes de bois accordés
(MINFOF, 2006).
Une autre lacune est due à l'exploitation
répétée des mêmes essences telles que : le
Moabi, le Sapelli, l'Iroko, le Pachyloba et le Doussié. Une
nécessite s'impose dans l'amélioration de la technicité
dans les activités d'exploitation forestière et des efforts de
communication et de transparence doivent être faits dans la gestion de
certaines FCs. Les partenariats conclus avec les opérateurs
économiques sont rarement à l'avantage des communautés et
on note un manque de capacités de gestion au sein des
communautés. Les communautés ne sont pas informées sur
certaines dispositions récentes du MINFOF sur les FCs. Les PSGs sont
élaborés selon les dispositions du manuel des procédures
d'attribution et des normes de gestion des FCs, malheureusement les
préoccupations intégrées dans ce manuel semblent cadrer
avec la zone forestière et beaucoup moins avec les zones de montagne, de
savane ou encore la zone septentrionale (MINFOF, 2006).
Exemple pratique de deux Forêts Communautaires au
Cameroun : cas de Moangué Bosquet et d'Endoum
Ces cas pratiques sont issus d'un état des lieux
mené sur la foresterie communautaire au Cameroun (Abe'ele et al.,
2003).
Moangué Bosquet est un village de Baka
(Pygmées) qui a une FC d'une superficie de 1 660 ha située
dans la région de l'Est. L'idée d'obtention de la FC (en 1998)
est une initiative d'un projet de la SNV qui a animé tout le processus
sur le plan technique et logistique et qui a financé une partie du
processus. La contribution de la communauté exigée dans le
partenariat s'est concrétisée par la participation des membres de
l'entité de gestion aux travaux concernant les différentes phases
du processus, sans être payés, ces volontaires devant être
rémunérés en priorité quand l'exploitation devait
commencer (c'est ce qui s'est fait). L'exploitation qui a commencé en
2001 d'abord par des opérateurs économiques puis par la
communauté elle-même a connu des fortunes diverses. Les revenus
ont cependant permis de rembourser les emprunts et de réaliser quelques
investissements socio-économiques.
Le village d'Endoum (Haute-Sanaga, région du Centre)
compte à lui seul trois forêts communautaires. Les trois GICs
constitués à cet effet sont : le GIC des hommes, le GIC
des femmes et le GIC des jeunes. Le chef de village (instigateur de la
création des trois GICs) au vu de l'étendue considérable
de l'espace forestier qui revient à son village a estimé que
5.000 ha sont insuffisants. C'est la raison qui a conduit à la
création de trois GICs pour obtenir 15.000 ha de FC. Ces trois
entités sont alors regroupées en une confédération
dont le chef du village est le responsable. Mais dès la première
mise en exploitation, la confédération (ensemble de trois GICs)
n'a pas pu maîtriser les GICs à cause de la centralisation des
décisions. Les conséquences de cette centralisation des
décisions ont été nombreuses :
- l'absence de démocratie sur l'élection des
responsables des entités juridiques ;
- le chef du village et ses protégés confisquent
tous les documents concernant les FCs ;
- les habitants des autres villages ne se sentent pas
impliqués dans les entités juridiques ; l'existence des GICs est
fictive et les revendications entraînent des emprisonnements de plusieurs
membres ;
- la mauvaise distribution des revenus issus de la FC
génère de nombreux conflits ;
- les revenus versés se partagent entre les villageois
par conséquent, pas d'investissements sociaux et aucun PSG n'a
été respecté.
Ces
deux exemples permettent d'apprécier les impacts positifs et
négatifs des FCs après des suivi-évaluations. D'un
côté, une FC qui a pu réaliser des investissements sociaux
malgré sa superficie réduite (1 660 ha) contre une autre
(15 000 ha) qui a généré davantage de
problèmes et conflits. Cette comparaison entre les FCs des villages
Moangué Bosquet et Endoum permet de montrer que les FCs ne contribuent
pas toujours au développement socio-économique des
communautés. Rappelons que cette situation est observée dans la
majorité des cas de FC au Cameroun.
C'est
à partir des problèmes techniques, organisationnels,
institutionnels et sociaux que les FCs ont connu au Cameroun, qu'est partie
l'idée de mettre en place des EFCs. Cette approche a fonctionné
dans les pays où les communautés et les petits producteurs
jouissent d'une sécurité d'accès à la terre, y
compris le droit de récolte et de vente des produits forestiers. La
finalité est de mettre sur pied une structure de gestion socialement
adaptable, économiquement rentable et techniquement
opérationnelle (Ondoua & Ekoumou, 2008). Le suivi-évaluation
des EFCs sera possible grâce à une analyse des moyens d'existence
durable.
2.2.3. Genre, Minorités
et Forêt Communautaire
Genre et Forêt Communautaire
D'après le principe 20 de la déclaration de Rio
(1992) sur l'environnement et le développement « les femmes
ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le
développement; leur pleine participation est donc essentielle à
la réalisation d'un développement durable » (Anonyme,
2008a). C'est dans cette même logique que le gouvernement camerounais
s'est engagé à travers la Loi n° 94/01 du 20/01/94 à
encourager toutes les parties prenantes dans le processus de co-gestion des
ressources forestières ; malheureusement certaines lacunes en
matière d'intégration du genre sont observées. Ngono
(2001) rappelle que cette forme de gestion est novatrice et donne une
importance « secondaire » au rôle que pourrait jouer
la femme dans la gestion des ressources forestières au sein des
communautés rurales africaines en générale.
L'implication des communautés dans la gestion des
ressources naturelles constitue un cadre de développement participatif
permettant aux communautés locales de lutter efficacement contre la
pauvreté et la misère; cette implication ne pourra être
efficace que si toutes les couches sociales tel que le genre sont
intégrées (Ondo, 2005).
Le genre est une relation sociale qui existe entre l'homme et
la femme (Vabi et al, 2001). D'après Ondo (2005), la question
«genre» est au centre de la gestion forestière participative
dans le contexte où beaucoup d'hommes et de femmes pauvres sont
directement tributaires de l'accès aux ressources forestières
communes pour satisfaire leurs besoins de survie.
Les femmes représentent 55% de la population totale de
l'UTO Campo-Ma'an; elles sont les principales utilisatrices des ressources
naturelles dont elles font également le commerce (Ondo, 2005). Les
femmes peuvent jouer un rôle très important dans la facilitation
des activités de l'éco-tourisme à travers l'organisation
dans l'accueil et la nutrition des touristes
Les résultats d'une étude menée sur la
situation du genre dans les FCs des régions du Sud et du Centre au
Cameroun par Nguenang (2006) ont permis de déceler quelques facteurs qui
décrivent le niveau d'intégration des femmes dans l'unité
de gestion des FCs. Ces facteurs étant la représentativité
des femmes dans l'organe de gestion des FCs, la participation des femmes aux
assemblées générales, la prise en compte des besoins
pratiques des femmes, les facteurs qui influencent l'intégration genre
et les opportunités qui pourront permettre d'accroitre cette
intégration.
Représentativité des femmes dans
l'organe de gestion des Forêts Communautaires
D'après Nguenang (2006), la
représentativité des femmes dans le bureau de gestion des FCs se
présente comme étant honorifique et permet de satisfaire de
manière illusoire à la « mode » actuelle
d'intégration du genre dans les processus de développement. Ceci
est la conséquence du niveau d'alphabétisation qui est
très bas et du manque d'une stratégie développée
par les organisations locales d'appui pour renforcer les capacités des
femmes.
Participation des femmes aux réunions et aux
activités de foresterie communautaire
La participation des femmes aux réunions est faible
dans le cadre de la FC. Cependant, elles assistent aux réunions à
caractère cérémonial telles que les grandes
assemblées générales, les réunions de concertations
marquées par la présence des autorités administratives. La
participation des femmes est le plus souvent suscitée (Nguenang, 2006).
Cette faible implication des femmes est paradoxale eu égard au dynamisme
des femmes observé sur le terrain car, dans les 17 communautés
enquêtées il existe au moins une organisation féminine
fonctionnelle qui effectue des activités telles que les tontines, les
groupes d'entraide pour les travaux communautaires. Selon ce constat, l'auteur
affirme que les femmes sont mieux organisées et plus dynamiques autour
d'une cause surtout lorsqu'elles perçoivent leurs
intérêts.
Prise en compte des besoins pratiques des
femmes
Nguenang (2006) a effectué une comparaison du listing
des besoins spécifiques des femmes et celui des hommes mentionnés
dans les PSGs. Hors mis les problèmes d'accès à l'eau
potable et à la santé qui sont des problèmes
généraux et concernent toutes les couches sociales, l'auteur
s'est rendu compte que les besoins spécifiques des femmes ne sont pas
pris en compte. Il rappelle que la production des bâtons de manioc est
l'une des principales activités source de revenus pour les femmes dans
la plupart des communautés visitées, mais celles-ci utilisent
encore des outils rudimentaires tels que les mortiers, pierre à
écraser. Malheureusement il n'est mentionné dans un seul PSG,
l'achat d'un moulin à écraser qui pourrait rendre le travail plus
facile et augmenter la production. Il rapporte que la non prise en compte des
besoins spécifiques des femmes dans les PSG est une conséquence
de deux facteurs : les facteurs économiques car les femmes ne
perçoivent pas à court terme l'intérêt
économique qu'elles pourraient tirer de la forêt et de ce fait ne
s'intéressent pas au début aux activités ; et le
niveau d'éducation des femmes en milieu rural qui n'est pas
élevé. Elles se mettent en retrait et ne participent pas aux
prises de décision.
Malgré ces facteurs, l'auteur a relevé quelques
opportunités pouvant faciliter l'intégration accrue des femmes
dans le processus de foresterie communautaire à savoir :
l'existence dans les villages des associations des femmes et des associations
mixtes (canaux de sensibilisation des femmes) et l'existence au sein des
communautés des femmes leaders (présidentes des associations).
Minorités et Forêt
Communautaire
Il ressort d'une
étude menée par Nguibourg (2007) sur l'implication des
Bagyéli dans la gestion de la FC de Biboulemam, que le niveau de
participation des Bagyéli est faible ; 86 % de la communauté
Bulu ont déjà participé à des activités
liées à la FC contre seulement 14 % des Bagyéli. Ce faible
taux de participation peut s'expliquer par leur minorité aux
côtés des Bulu et par leur faible niveau associatif.
L'auteur a également enregistré un faible taux
de participation des Bagyéli dans les ateliers/séminaires. Un
seul Bagyéli est le représentant de sa communauté
auprès de l'entité juridique : il occupe le poste de
Commissaire aux comptes n°2. Dans la plupart des évènements,
c'est le Président, le Secrétaire Général, le
Trésorier et le Commissaire aux comptes n°1 qui représentent
la Communauté lors des manifestations. La faible participation des
Bagyéli aux réunions s'explique aussi par l'arrivée
tardive de l'information due à l'éloignement de leur
campement. En plus, cette faible représentativité des
Bagyéli aux réunions se justifie par le fait que toutes les
réunions se tiennent exclusivement à Biboulemam jamais au
campement Pygmée.
Dans notre 3ième objectif, il est question
de déterminer les facteurs qui influencent de manière positive et
négative le fonctionnement des EFC. L'intégration du genre et
des minorités (pygmées) font partie des facteurs que cette
étude se propose d'analyser.
2.2.4. Evaluation des MED des populations autour du Tri
National de la Sangha
En 2002 et 2003, le CIFOR, le WWF, l'UICN et CARPE ont
utilisé la TNS comme terrain d'essai et de collaboration pour
développer les approches intégrées aux problèmes de
conservation à l'échelle des paysages (Endamana & Tadjuidje,
2008). Ces institutions organisent chaque année depuis juin 2004, un
atelier de modélisation Conservation - Développement à
l'échelle du paysage du TNS qui vise à développer des
approches de suivi des indicateurs de conservation de bien-être des
populations locales vivant dans le paysage et le développement des
scenarii d'utilisation durable des ressources naturelles.
Le TNS est situé au Nord-Ouest de
l'écorégion des forêts congolaises de basse altitude et
couvre une surface totale de 28000 km2. Il comprend un réseau
de trois parcs nationaux : Lobeke (2100 km2) au Cameroun,
Dzanga-Ndoki (1220 km2) en République Centrafricaine et
Nouabe Ndoki (4000 km2) en République du Congo, ainsi que
leurs zones périphériques. La zone du TNS fait partie des aires
de conservation les plus importantes d'Afrique centrale à cause de sa
position dans le Bassin du Congo.
Méthodes et outils utilisés lors de
cette évaluation
La mise à jour des indicateurs s'est
opérée par des entretiens avec des groupes villageois pour avoir
leur point de vue sur l'état des indicateurs. Lorsqu'il s'agissait d'un
village d'ethnie Bantou, les entretiens séparés se faisaient pour
les hommes, les femmes et les jeunes. Lorsque le village était
composé de l'ethnie Pygmée, une seule assemblée
représentative était tenue. Enfin si le village était
mixte Bantou et Pygmée, les entretiens étaient
séparés (Endamana & Tadjuidje 2008). Cette répartition
a permis à tous les groupes sociologiques d'exprimer leur opinion.
Après cette étape avec les villageois, ils ont travaillé
avec les responsables techniques des projets pour évaluer les
indicateurs et apporter les informations quantitatives.
L'analyse des MED a permis de mesurer la contribution des
forêts aux moyens d'existence des populations rurales. Le questionnaire
utilisé comprenait 4 grandes parties : les sources de revenus annuels,
les ressources régulièrement utilisées par les
communautés, les dépenses effectuées par les
communautés pour améliorer leur cadre de vie et l'investissement
de la communauté pour protéger la forêt. Cinq principales
sources de revenus ont été identifiées : PFL, PFNL
d'origine animale et végétale, produits agricoles (les arbres
fruitiers, les produits d'élevage), et enfin les services (emplois,
restaurations, commerces...). Pour mesurer l'importance des différentes
sources de revenu, le Programme on Forest (PROFOR) a proposé
d'utiliser 20 graines qu'on doit affecter devant chaque ressource. Mais lorsque
les populations citent près ou plus de 20 ressources, l'affectation de
20 graines devient difficile. Pour pallier à cette difficulté, la
méthode du rang a été utilisée pour classer les
ressources en termes de contribution au revenu (Endamana et Tadjuidje,
2008).
L'approche de Sayer et al (2006) a permis d'analyser
les données sur les indicateurs de suivi. Le rang affecté
à chaque groupe a permis de calculer un coefficient de
pondération représentant son poids dans le revenu, la
consommation totale de la communauté : ceci a constitué
l'analyse des MED. Les dépenses des communautés ont
été regroupées en différents groupes d'avoirs :
humains, physiques, sociaux et financiers (Endamana & Tadjuidje, 2008). Les
rangs de chaque groupe d'acquis ont été sommés pour voir
dans quel groupe les communautés investissent leur revenu. Le pentagone
des avoirs, les camemberts et les histogrammes de fréquence ont
été utilisés pour apprécier les changements
opérés dans le paysage du TNS, et évaluer l'apport des
ressources naturelles dans les avoirs humains, sociaux, physiques et financiers
des populations vivant dans le TNS.
Les avoirs humains regroupent toutes les
dépenses concernant la santé, l'éducation, la nutrition,
l'habillement, les biens de première nécessité à
usage journalier et les produits de beauté.
Les avoirs sociaux comprennent les
dépenses liées au payement des amendes dans les réunions,
organisation des fêtes, payement de la dime ou offrande dans les cultes
et églises, mariage (dot), le transport, communication (achat
crédit de téléphone), jeux (casino, cartes..).
Les avoirs physiques concernent les
dépenses sur les biens tels que les ustensiles de cuisine, fusil,
pirogue, brouettes, matériels agricoles, équipement de la maison
(lits, chaises, tables, meubles...), moto, groupe électrogène,
vélo, lampe, moulin, construction de maison.
Les avoirs financiers concernent toutes les
transactions financières : payement des dettes, transferts
d'argent, épargne dans les tontines, argent de poche. Ils concernent
aussi tous les investissements dans l'agriculture (payement de la main
d'oeuvre, achat des intrants agricoles), le cheptel, la chasse (achat des
munitions), la pêche (achat des filets, hameçons..).
La présente étude s'est inspirée de cette
méthodologie pour évaluer les MED des populations vivant en
périphérie du Parc National de Campo-Ma'an, ce qui constitue
notre 4ième objectif.
Chapitre 3 : METHODOLOGIE
La démarche scientifique a consisté à
faire une description physique et sociale de la zone d'étude, suivi
l'approche méthodologique de la collecte des données.
3.1. Localisation géographique des trois
communautés
Les communautés d'Akak, de Biboulemam et de Tya'assono
ont été choisies pour cette étude parce qu'elles sont les
seules dans l'UTO Campo-Ma'an à avoir un PSG approuvé et une CG
signée : elles ont donc des FCs conformes au sens de la Loi de
1994. En plus elles sont situées en périphérie du PNCM
(confère carte 1) qui est une aire protégée de
première catégorie et transfrontalière.
3.1.1. Situation géographique et description du milieu
physique
Les 3 communautés sont situées en
périphérie du PNCM au Sud Cameroun (latitude Nord comprise entre
2°4' - 3°2' et longitude Est comprise entre 6° - 7°2')
: la communauté d'Akak est située au Sud-Ouest du parc dans
l'arrondissement de Campo, celle de Biboulemam est située au Nord-Est du
parc dans l'arrondissement d'Akom 2 et celle de Tya'assono est située
à l'Est du parc dans l'arrondissement de Ma'an. La carte 1
présente les trois communautés dans l'UTO Campo-Ma'an. Les
données issues du milieu physique sont tirées du Plan
d'Aménagement (PA) du PNCM et des PSGs des trois FCs.
Le Relief
Le relief est constitué de basses terres où l'on
rencontre de petites vallées marécageuses au sud, avec une
altitude qui n'excède pas 300 m au nord, des montagnes et quelques
plateaux : ce sont les deux principaux types de relief qui
prédominent sur l'étendue du parc et sa
périphérie.
Le PNCM et sa zone périphérique se trouvent
à l'ouest du plateau sud camerounais. Il comporte une surface
côtière d'altitude inférieure à 200 m. Ainsi d'Ouest
en Est l'on distingue : une zone d'alluvions fluviomarines quaternaires,
(coïncidant avec l'extension de la forêt littorale) et des
massifs de bordure tel le massif des Mamelles (323 m) dans le prolongement de
la surface côtière située à
l'extrémité ouest du plateau sud camerounais.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an12.png)
Carte 1 : Présentation de la zone
d'étude.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an13.png)
Le sol
Le sol est du type ferralitique, caractéristique des
forêts équatoriales. Les sols sont profonds et dominés
d'argile. L'importance de la couche humifère traduit une bonne
fertilité des sols.
Le climat
Le climat est du type équatorial à 4
saisons : deux saisons sèches et deux saisons de pluies qui
s'alternent : une grande saison de pluie (mi-août - novembre), une
petite saison de pluie (mars - juin), une grande saison sèche
(décembre - mi-mars), une petite saison sèche assez brève
(juin - mi-août).
Les FC sont situées dans une zone pluvieuse et
ensoleillée avec une température moyenne qui avoisine 25°C.
La pluviométrie moyenne annuelle est d'environ 2800 mm. Le tableau 3
donne les précipitations moyennes mensuelles de l'UTO Campo Ma'an en
2004.
Tableau 3 :
Précipitations moyennes mensuelles, région de Campo
(1994-2004).
Mois
|
Janv
|
Fev
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juil
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Dec
|
P(mm)
|
76,4
|
123,5
|
240,4
|
246,8
|
294,1
|
173,5
|
46,9
|
113,3
|
430,2
|
559,9
|
223,4
|
76,7
|
Précipitation
totale
|
2 635 mm
|
Source : Adapté du
Plan d'Aménagement de l'UTO Campo Ma'an (2004).
Les mois les plus chauds sont février et mars avec une
température moyenne maximum de 28°C et les plus froids sont
août et juillet avec une température moyenne minimum de
25,2°C.
Hydrographie
Ces communautés sont arrosées par plusieurs
rivières : "Bitande", "Eveleu
Otom" pour Akak, "Biwome" et
"Awomo" pour Biboulemam et
"Abera" pour Tya'assono. La pêche est une
activité très pratiquée par les femmes à Akak, ces
dernières ont crée l' "Association des Pêcheuses des
Crevettes d'Akak" (APECRAK). Cette association réalise d'autres
activités telles que les cotisations et les champs communautaires.
La végétation
La végétation est fortement influencée
par la pluviométrie, la proximité de la mer, l'altitude, les sols
et l'activité humaine. Elle est presque côtière (Campo)
avec une transition entre la zone côtière et la forêt
guinéenne (Akom 2 et Ma'an). Les espèces phares de ces
forêts sont l'Azobé (Lophira alata) famille des
auchnaceae, le Fraké (Terminalia superba), famille des
Combretaceae, l'Ebiara (Berlinia bractéosa), l'Ilomba
(Pycnanthus angolensis), famille des myristicaceae, l'Okan, le Padouk
(Ptérocarpus sauyoxii), famille des Fabaceae, le Bibolo
(Lovoa trichilioïdes), famille des Méliaceae ... La liste
des espèces floristiques est en annexe 6.1.
En plus du bois, on retrouve aussi les PFNLs dans ces FCs que
les populations envisagent exploitér pour accroître leur revenu.
Les PFNLs les plus exploités sont le "ndo'o" (mangues sauvages,
Irvingia gabonensis), Trichoscypha acuminata, l'"Essok"
(Garcinia lucida). La liste des PFNLs est en annexe 6.2.
La faune sauvage et aquatique
La faune de ces FC est très diversifiée. Ces
forêts regorgent de grands mammifères tels que les gorilles
(Gorilla gorilla) famille des cercopithécideae, le sitatunga (
Tragelaphus spekei), le mandrill (Papio sphinx) ; les
amphibiens, les reptiles tels que la vipère, la tortue de forêt,
le varan (varanus sp), le python (Python sebae), les oiseaux
(pintade, calao...), les crustacées et les poissons (silure,
tilapia...). La liste des espèces fauniques est en annexe 6.3.
3.1.2. Description des communautés
La
communauté d'Akak s'étend sur 30 Km environ et regroupe 5
villages : Nkoélon, Afan Essokié, Akak, Doum Essamebenga et
Nko'adjap. Ces villages sont essentiellement peuplés des bantous,
particulièrement de l'ethnie Mvae, avec des clans
différents. Il faut cependant noter la présence d'une
communauté Bagyéli dans les villages Nkoélon et Afan
Essokié. La FC d'Akak est gérée par le Groupement
d'Initiative Commune des Agriculteurs du Canton Akak (GICACA)
créé et légalisé en août 1999. Cette
communauté travaillait avec une ONG locale appelée Soutien au
Développement Durable - SDD - (GICACA, 2005).
La communauté de Biboulemam regroupe 3 hameaux :
Biboulemam Centre, Biboulemam Angalé et Awomo. Biboulemam Centre et
Angalé sont distants d'environ 500 m, par contre Awomo est à
environ 2 km des deux autres hameaux. Cette communauté a
été encadrée par une ONG locale appelée
Réseau d'Appui à la Foresterie Communautaire -RAFCOM- (RDFCAB,
2006). Cette FC est gérée par le Rassemblement
pour le Développement de la Forêt Communautaire et l'Agriculture
de Biboulemam (RDFCAB).
Tya'assono est un village constitué
de deux hameaux qui datent de près de 115 ans :
« NTET NGA'A » qui signifie « Cent
armes » et « MBANG » qui signifie
« Iroko ». C'est dans l'optique d'adhérer à
la politique forestière (qui vise à gérer durablement les
forêts tout en assurant un développement de façon durable)
que cette communauté s'est constituée en 2003 en entité
juridique dénommée Association pour la Forêt Communautaire
de Tya'assono (AFSONO). Elle bénéficie de l'accompagnement
d'une organisation locale d'appui, Stratégie d'Appui au Genre et
à la Gestion Environnementale Durable (SAGED), (AFSONO, 2006).
Ces communautés ont bénéficié de
l'appui des ONGs locales dans la rédaction des PSG. Les processus
d'élaboration des PSGs ont commencé avec l'appui financier et
technique de la SNV et des ONGs locales d'appui (SDD pour Akak, RAFCOM pour
Biboulemam et SAGED pour Tya'assono). L'insuffisance des moyens financiers a
interrompu les processus et c'est dès lors que l'élaboration des
PSGs ont été relancées par le WWF.
Le tableau 4 présente les noms des villages et hameaux
des différentes communautés
Tableau 4: Villages et hameaux des trois
communautés.
Communautés
|
Villages
|
Hameaux
|
Akak
|
Nkoélon
|
Mvini
|
Afan Essokié
|
Ma'an
|
Akak
|
Akak 2
|
Nko'adjap
|
Assok bitandé
|
Doum Essamebenga
|
Bibabimvoto
|
Biboulemam
|
-
|
Biboulemam Centre
|
-
|
Biboulemam Angalé
|
-
|
Biboulemam Awomo
|
Tya'assono
|
-
|
Tya'assono 1
|
-
|
Tya'assono 2
|
Source : adapté de GICACA (2005) ; RDFCAB
(2006) ; AFSONO (2006).
Le hameau Biboulemam Awomo est essentiellement
constitué de Pygmées ; c'est l'un des plus importants
campements Pygmées en périphérie du PNCM. Une
minorité Pygmée est également rencontrée dans les
hameaux Mvini et Ma'an dans la communauté d'Akak.
3.1.3. Description des Forêts communautaires
Lors de la rédaction d'un PSG, chaque entité
juridique établit des micro-projets de développement qu'elle aura
à réaliser avec les revenus obtenus de l'exploitation de la FC
ainsi que des usages principaux et secondaires qu'elle fera dans ladite
forêt. Les besoins prioritaires sont fonction des problèmes
urgents exprimés par la communauté. Le tableau 5
récapitule les usages prioritaires et les micro-projets de
développement que chaque communauté devrait réaliser
suivant son PSG.
Tableau 5: Usages prioritaires et
micro-projets de développement.
Forêts Communautaires
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Localisation administrative
|
Département
|
Océan
|
Océan
|
Vallé du Ntem
|
Arrondissement
|
Campo
|
Akom II
|
Ma'an
|
Superficie des FC
|
5 000 ha
|
2 157 ha
|
1 649 ha
|
Usages prioritaires
|
A titre principal
|
- Exploitation durable des PNFLs et,
- Agriculture écologique
|
- Exploitation durable du bois d'oeuvre, -
Exploitation des PFNLs, - Agriculture écologique et,
- Eco-tourisme.
|
- Collecte durable des plantes médicinales, -
Production durable des PFLs et PFNLs et,
|
A titre secondaire
|
- Chasse et cueillette
|
- Chasse et cueillette
|
- Chasse durable
|
Micro-projets de développement
|
- Electrification villageoise, - Construction d'une
case de santé, - Construction des forages,
- Elevage et - Amélioration de l'habitat
|
- Construction d'un foyer culturel, - Construction
d'une case de santé et - Amélioration de
l'habitat
|
- Electrification villageoise, - Aménagement des
sources d'eau potable, - Construction d'une case de santé
|
Source : adapté de GICACA (2005) ; RDFCAB
(2006) ; AFSONO (2006).
Les trois communautés envisagent exploiter les
ressources forestières (PFLs et PFNLs) et pratiquer de l'agriculture
dans leurs FCs. La construction d'une case de santé communautaire fait
partie des micro-projets des trois communautés, Akak est la seule
communauté qui envisage faire de l'élevage.
3.2. Types et collecte des données
3.2.1. Types de données
Cette étude s'est appuyée sur les données
primaires et secondaires.
Les données secondaires ont
été collectées dans les ouvrages, les mémoires et
les rapports scientifiques portant sur l'amélioration des conditions de
vie, la gestion des ressources naturelles, l'analyse des moyens d'existence
durables des populations locales. Les documents portant sur la gestion des FCs
au Cameroun en général et dans le Sud Cameroun en particulier et
les PSGs des FCs d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono ont également
été consultés.
Tous ces documents ont été trouvés dans
les bibliothèques et les centres de documentation suivants : la
bibliothèque de l'Université de Dschang, du CRESA
Forêt-bois, du programme Kudu-Zombo (WWF-Campo), des Nations-Unies, de la
GTZ (Coopération Technique Allemande) et du Centre d'Information sur la
Documentation Environnementale (CIDE).
Les données primaires : la
collecte des données primaires a été
réalisée du 4 au 18 juillet 2008 dans la communauté d'Akak
et du 11 au 30 septembre 2008 dans les communautés de Biboulemam et de
Tya'assono.
Elles ont été collectées à travers
des interviews semi-structurées auprès des populations riveraines
à chaque FC, des chefs traditionnels, des autorités
administratives (maires et préfets), du bureau des entités
juridiques et des responsables des Organisations Non Gouvernementales (ONG)
d'appui.
3.2.2. Outils de collecte des
données primaires
La Méthode Active de Recherche et Planification
Participatives (MARPP) a été utilisée pour collecter les
données primaires. Selon Vabi & Togho (2002), la MARPP peut
être définie comme un processus intensif, systématique,
participatif et semi-structuré de collecte de données et
d'apprentissage conjoint, conduit dans une communauté donnée par
de petites équipes multidisciplinaires comprenant
généralement des membres de la communauté.
Selon les mêmes auteurs, il existe des MARPP
exploratoires, thématiques, de planification et de
suivi/évaluation. Dans le cadre de cette étude, c'est la MARPP
exploratoire qui a été utilisée afin de
générer des informations d'ordre général sur le
site de démarrage des activités liées ou non à
l'exploitation des FC. Elle a permis d'avoir des indications de
référence pour l'évaluation de l'impact dans les trois
communautés.
Dans la boîte à outils de la MARPP, la carte
participative, l'interview semi-structurée et l'observation directe ont
été retenues pour les investigations sur le terrain.
Les cartes participatives ont permis de
matérialiser la disposition des infrastructures et des ressources au
sein des villages.
L'interview semi-structurée s'est
faite sous forme de conversation contrôlée et structurée
où quelques questions et sujets seulement ont été
prédéfinis, le reste de la conversation s'est fait en posant les
questions suivantes : quoi ? quand ? qui ? pourquoi ?
comment ? où ? Un guide et une check-list ont
été utilisés pour poser des questions ouvertes portant sur
le thème de l'étude. Les nouvelles pistes ont été
exploitées pendant le déroulement de l'interview.
L'observation directe s'est faite
pendant les entretiens avec les populations locales et a consisté
à observer les comportements ou les attitudes, et le milieu environnant.
3.2.3. Niveaux de la collecte des données
La collecte des données primaires s'est faite au niveau
communautaire par les assemblées villageoises et les groupes cibles, au
niveau intermédiaire avec le bureau de l'entité juridique et
autres associations, et au niveau individuel par des enquêtes
auprès des ménages. Trois guides spécifiques d'entretien
ont été utilisés au niveau communautaire pour les
assemblées villageoises, les groupes de femmes et de Pygmées. Au
niveau intermédiaire, deux guides d'entretien ont été
employés pour les membres du bureau de l'entité juridique, les
chefs traditionnels et les responsables des organisations locales d'appui. Au
niveau individuel un seul guide d'entretien ménage a été
utilisé.
- Niveau communautaire :
L'Assemblée villageoise a
consisté à réunir le village et d'aborder
différents sujets de l'étude : l'état des infrastructures,
les initiatives communautaires déjà réalisées ou en
cours, l'effet genre et des minorités et les méthodes
utilisées pour une gestion durable des ressources.
Les groupes focaux ont
consisté à réunir d'une part les femmes entre
elles et de l'autre les Pygmées pour aborder de manière plus
détaillée les facteurs qui influencent leur intégration
dans l'unité de gestion et autres associations. Les débats
étaient aussi axés sur leurs AGR qui leur procurent le plus de
revenus.
Les assemblées villageoises et les groupes
focaux étaient sous forme de conversation contrôlée
entre l'enquêteur et la communauté. A la fin de la conversation,
les cartes participatives ont été dressées par les membres
de chaque communauté durant les assemblées villageoises et font
ressortir de manière globale, l'ensemble du paysage du
village à savoir les différentes infrastructures sociales et
affectations des terres (les espaces agricoles, UFA, PNCM...), les routes et
autres aspects naturels du paysage. La photo 1 illustre la réalisation
de la carte participative de Biboulemam.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an14.png)
Photo 1:
Réalisation de la carte participative de Biboulemam par la
population (Septembre 2008).
- Niveau intermédiaire :
Les membres du bureau des entités juridiques et des
autres associations existantes dans le village ainsi que les chefs
traditionnels étaient concernés dans cette catégorie. Les
débats étaient surtout axés sur les facteurs qui
influencent le fonctionnement de l'entité de gestion des EFC.
- Niveau individuel :
Durant les enquêtes après des ménages, il
a été question de déterminer la taille et la composition
du ménage, d'identifier les AGRs, les biens physiques ainsi que les
revenus du ménage, les différents postes de dépenses et
leur schéma de consommation.
Echantillonnage
Pour avoir un échantillon représentatif et
diversifié, la collecte des données s'est faite à
plusieurs niveaux (tableau 6).
Tableau 6: Récapitulatif des
différents niveaux de collecte des données.
Communautés
|
Villages
|
Assemblées villageoises
|
Groupe de femmes
|
Groupe de pygmées
|
Ménages
|
Akak
|
Nkoélon
|
12
|
6
|
4
|
4
|
Afan essokié
|
7
|
-
|
-
|
4
|
Akak
|
7
|
4
|
-
|
0
|
Nko'adjap
|
10
|
-
|
-
|
0
|
Doum essamebenga
|
17
|
-
|
-
|
0
|
Total
|
5 villages
|
53 personnes
|
12 personnes
|
4 personnes
|
8 ménages
|
Biboulemam
|
Biboulemam centre et angalé
|
11
|
3
|
-
|
4
|
Awomo
|
8
|
3
|
-
|
0
|
Total
|
3 hameaux
|
19 personnes
|
6 personnes
|
-
|
4 ménages
|
Tya'assono
|
Tya'assono1
|
25
|
2
|
-
|
6
|
Tya'assono 2
|
8
|
-
|
-
|
5
|
Total
|
2 hameaux
|
33 personnes
|
2 personnes
|
-
|
11 ménages
|
Au total : 9 Assemblées villageoises (105
personnes), 6 groupes focaux (5 pour les femmes et 1 pour les Pygmées)
et 23 ménages
|
3.3. Traitement et analyse des données
Les différents outils de collecte ont été
traités ainsi qu'il suit : les guides d'entretien ont
été dépouillés manuellement et les cartes
participatives ont été dessinées
manuellement dans les communautés puis améliorées par
l'auteur. Les questions avec peu d'intérêt pour l'étude ont
été écartées. Les questions ouvertes ont fait
l'objet d'une analyse descriptive sur les différents objectifs. Les
questions fermées ont été codifiées puis
regroupées en bases de données dans les logiciels Microsoft Excel
et SPSS. Les résultats des traitements des bases de données sont
constitués des tableaux et fréquences simples, de diagrammes en
bâtons et en camembert et des radars (pentagones). Ces
résultats ont ensuite été répartis en fonction des
différents objectifs.
1er Objectif : Etat des
infrastructures socio-communautaires
Les infrastructures recensées sont les habitations, les
écoles, les cases de santé communautaire, les points d'eau
potable, les différentes sources d'électrification villageoise.
2e Objectif : Economie des
ménages
L'économie des ménages regroupe le patrimoine
des ménages, les AGRs, le schéma de consommation et les postes de
dépenses. Le tableau 7 donne les différents postes de
dépenses regroupés en différents capitaux ou formes
d'acquis.
Tableau 7 : Différents postes de
dépenses.
Humain
|
|
Social
|
|
Physique
|
|
Financier
|
Naturel
|
Alimentation
|
|
Cérémonies familiales
|
|
Crédit téléphonique
|
|
Tontine
|
Défrichement
|
Vêtements
|
|
Déplacements
|
|
Essence
|
|
|
|
Scolarité
|
|
Visites familiales
|
|
Gasoil
|
|
|
|
Santé
|
|
Offrandes à l'église
|
|
|
|
|
|
Boisson
|
|
loisirs
|
|
|
|
|
|
Tabac
|
|
|
|
|
|
|
|
Bien de première nécessité
|
|
|
|
|
|
|
|
A partir du total de chaque poste de dépense, un
pourcentage pour chaque acquis a été calculé
3e Objectif : Facteurs
influençant le fonctionnement des entités juridiques
Les différents facteurs identifiés sont d'ordre
social, économique, institutionnel, technique et environnemental.
4e Objectif : Evaluation des moyens
d'existence des différentes communautés
Une proposition des indicateurs a été faite sur
la base des trois premiers objectifs. Le tableau 8 donne les différents
scores qui ont permis d'évaluer les moyens d'existence des trois
communautés.
Tableau 8 : Méthode utilisée
pour l'évaluation des moyens d'existence.
Critères
|
|
Scores
|
Capital humain
|
|
1. Très bas
|
2. Bas
|
3. Passable
|
4. Elevé
|
5. Très élevé
|
Capital social
|
|
1. Très bas
|
2. Bas
|
3. Passable
|
4. Elevé
|
5. Très élevé
|
Capital physique
|
|
1. Très bas
|
2. Bas
|
3. Passable
|
4. Elevé
|
5. Très élevé
|
Capital financier
|
|
1. Très faible
|
2. Faible
|
3. Moyen
|
4. Elevé
|
5. Très élevé
|
Capital naturel
|
|
1. Pas disponible
|
2. Peu disponible
|
3. Moyennement disponible
|
4. Disponible
|
5. Très disponible
|
Les scores ont été affectés en fonction
de la valeur que chaque indicateur présente pour une communauté
donnée. La démarche de collecte des données a
été résumée dans le tableau 9.
Tableau 9 : Récapitulatif de la
démarche de collecte des données.
Objectifs
|
Sources d'information
|
Moyens de collecte
|
Variables à collecter sur le terrain
|
Variables à mesurer
|
Inventorier les infrastructures socio-communautaires
dans les villages
|
- Communautés locales
- Rapport des GIC ou association
- Rapport du WWF
|
- Discussion avec les populations riveraines
- Observation
- Interview au niveau communautaire
|
- Effectif des écoles, le personnel enseignant, le nombre
d'écoles et de salles de classe
- Etat des routes
- Fréquentation des centres de santé
- Nombre de maisons électrifiées
- Description de l'habitat
- Nombre de points d'eau potable
- Différents loisirs existants (terrain de foot...)
- Le nombre d'associations/communautés
- Le nombre de projets actifs et en cours de
réalisation ;
|
- Niveau d'éducation de chaque communauté ;
- Le taux de réparation des routes
- Les pourcentages des cas de maladie, des types de traitement,
le taux d'hospitalisation et les coûts pour certains
traitements ;
- Le taux de maisons électrifiées
|
Analyser de l'économie des
ménages
|
- Entité juridique
- Autres GIC ou association
- Rapport WWF
|
- Observation
- Interview au niveau individuel
|
- Recensement des activités rurales (pêche,
agriculture, élevage, chasse et collecte des PFNLs ;
- Diverses dépenses des ménages
- Consommation en protéines animales ;
- Consommation en énergie ;
- Cheptel ;
- Biens à usage domestique (TV, radio,
téléphone portable)
- Biens de production
|
- Contribution de chaque activité dans le revenu ;
- Les dépenses en fonction des acquis sociaux, physiques,
financiers, naturels et humains ;
- Le taux de consommation en protéines animales ;
- Le taux de consommation en énergie
- Le recensement des biens/communauté
|
Déterminer les facteurs qui influencent la bonne
marche des unités de gestion des FC
|
- Entité juridique
- Membre des associations
- ONG locales d'appui
|
- Discussion avec les membres de l'unité de gestion
- Observation
|
- Les facteurs social, économique et environnemental qui
influencent le fonctionnement des entités juridiques ;
- Nombre de pygmées appartenant à l'unité de
gestion
- Nombre de femmes/hommes dans l'unité de gestion
|
- Pourcentage des femmes et hommes dans l'unité de
gestion ;
- Pourcentage de pygmées appartenant à
l'unité de gestion
|
Evaluer les moyens d'existence des trois
communautés
|
- Sur la base des trois premiers objectifs
|
- Observation
|
Identification du potentiel de chaque communauté en
fonction des acquis
|
- Proposer des critères et indicateurs en fonction des
différents acquis disponibles pour la communauté : les
acquis sociaux, physiques, financiers, humains et naturels.
|
Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats issus du traitement et de l'analyse des
données sont présentés en quatre sections :
description du profil socio-économique, analyse de l'économie des
ménages, identification des facteurs qui influencent le fonctionnement
des EFCs et évaluation des MEDs.
4.1. Profil socio-économique des trois
communautés
Cette sous-section fait une analyse détaillée de
la démographie, des habitations, des écoles, des cases de
santé, des routes et autres infrastructures retrouvées dans les
communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono.
4.1.1. Le milieu humain
Les communautés sont
essentiellement constituées de Bantous avec différentes ethnies
(Mvae, Bulu et Ntumu). La communauté Akak est constituée de
l'ethnie Mvae, celle de Biboulemam de l'ethnie Bulu et celle de Tya'assono de
l'ethnie Ntumu. Akak et Biboulemam abritent en leur sein une minorité
Pygmée qu'on appelle généralement les Bagyéli. La
figure 3 donne la démographie de chaque communauté. Les chiffres
démographiques provenant des PSGs ont permis d'établir la figure
3.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an15.png)
Figure 3 : Démographie pour les
trois communautés.
Source : adapté de GICACA (2005) ; RDFCAB
(2006) ; AFSONO (2006).
La communauté de Biboulemam a la plus forte
démographie, celle d'Akak et de Tya'assono sont semblables. A
Biboulemam, le nombre d'adultes est plus élevé. Tya'assono
enregistre le plus grand nombre d'enfants ; dans toutes les
communautés, les femmes ont des effectifs intermédiaires (figure
3). La démographie des Pygmées et des Bulu de Biboulemam a
été détaillée dans la figure 4.
Figure 4 : Effectifs des Bulu et des
Bagyiéli de Biboulemam.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an16.png)
Source : adapté de RDFCAB, 2006.
La population Bagyéli constitue environ 11 % de celle
Bulu : ce qui explique leur infériorité numérique par
rapport aux Bulu. L'effectif des différentes composantes sociales sont
identiques (figure 4).
4.1.2. Infrastructures socio-communautaires de base
Description de l'habitat : dans les
communautés d'Akak, de Biboulemam et Tya'assono, chaque individu est
propriétaire d'une concession. Les matériaux de construction
varient d'un arrondissement à un autre. Le tableau 10 donne un
aperçu des types d'habitats rencontrés dans chaque
communauté. Dans ce tableau, les Pygmées n'ont pas
été pris en compte car leurs habitations sont semblables.
Tableau 10 : Description de
l'habitat.
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Type d'habitat
|
planche
|
3
|
0
|
0
|
dur
|
1
|
1
|
2
|
semi-dur
|
1
|
3
|
3
|
terre battue
|
3
|
0
|
6
|
Sol
|
terre battue
|
3
|
3
|
3
|
ciment
|
4
|
1
|
7
|
carreaux
|
1
|
0
|
1
|
Latrine
|
plein air
|
2
|
3
|
2
|
fosse avec abri
|
4
|
1
|
7
|
moderne
|
2
|
-
|
2
|
Nombre de maisons enquêtées
|
8
|
4
|
11
|
Tous les ménages enquêtés vivent dans leur
propre logement et aucune des maisons ne dispose de clôture ; aucun
aménagement pour bétail n'a été rencontré et
les cuisines sont extérieures à la maison principale sauf chez
les Pygmées où elles en font partie intégrante. On note la
présence des claies dans chaque cuisine : la claie est une
étagère utilisée comme grenier où on
sèche et garde des vivres ; elle est faite de raphia appelé
communément « bambou » et est
généralement située au dessus du foyer de la cuisine.
A Akak, le matériau de construction qui
prédomine est la planche non rabotée. Ceci s'expliquerait par la
proximité d'Akak de la côte où les températures sont
assez élevées contrairement aux régions d'Akom 2 et de
Ma'an où elles sont relativement basses. A Tya'assono, on retrouve
beaucoup d'anciens fonctionnaires d'où l'importance des maisons en dur
et en semi-dur. Une autre raison qui explique les 45% de maisons en dur et semi
dur à Tya'assono est le type d'AGR qui est pratiqué. En effet,
à Akak, l'activité qui procure le plus de revenu est la chasse
contrairement à Tya'assono où c'est l'agriculture. Ces deux
activités génèrent des revenus substantiels mais, ceux
tirés de la chasse ne peuvent satisfaire à des investissements
planifiés à cause de son inconsistance dans le temps. Ceux
tirés de l'agriculture (surtout des cultures de rente) par contre, du
fait de leur concentration dans le temps, offre une meilleure visibilité
pour l'exécution d'un plan de financement.
Toutes les maisons rencontrées sont tôlées
sauf celles où résident les Pygmées : on comprend que
l'amélioration de l'habitat des Pygmées fait partie des projets
communautaires mentionnés dans le PSG de la communauté
Biboulemam.
Les toilettes sont à l'extérieur des maisons et
un peu éloignées des habitations. Elles sont creusées
comme une fosse sur laquelle on a mis des planches servant de support. Ces
toilettes sont pour la plupart à l'air libre et entourée des
feuilles de palmier ; les ménages les plus aisés les
entourent avec des tôles mais ces maisons sont rares.
L'élevage intensif est inexistant dans ces
communautés ; les animaux sont le plus souvent en divagation et se
baladent dans le village en journée à la recherche des aliments
puis reviennent le soir dans la cuisine de leur propriétaire.
Les écoles : le niveau
d'éducation est variable dans ces communautés, le tableau 11 en
donne un aperçu. La plupart des chefs de ménages
rencontrés ont au moins le CEPE.
Tableau 11 : Niveau d'éducation
dans les ménages enquêtés.
Niveaux d'éducation des membres des
ménages
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Jamais été à l'école
|
2
|
1
|
5
|
Pas en âge scolaire
|
6
|
3
|
4
|
Maternelle
|
2
|
-
|
-
|
Primaire en cours
|
8
|
3
|
12
|
Primaire sans CEPE
|
8
|
3
|
10
|
Primaire avec CEPE
|
3
|
5
|
7
|
Secondaire avec CEPE
|
9
|
2
|
14
|
Secondaire sans BEPC
|
4
|
1
|
1
|
Secondaire avec BEPC
|
5
|
2
|
5
|
Baccalauréat
|
-
|
-
|
1
|
Taille totale de la population
|
47
|
20
|
59
|
Sur notre échantillon, environ 6 % des
enquêtés ne sont pas allés à l'école. Ce sont
pour la plupart les personnes ayant entre 65 et 70 ans. Environ 16 % des
enquêtés ont fait l'école primaire sans avoir obtenu un
CEPE, 13,5 % ont arrêté les études avec un CEPE ; 18 %
ont fait le secondaire jusqu'en classe de 4ième ; 5 %
ont fait le second cycle du secondaire sans obtenir un BEPC et 10 % ont obtenu
un BEPC. Un seul bachelier a été identifié dans notre
échantillon ; il habite la communauté de Tya'assono et il
est actuellement le responsable des opérations forestières dans
cette FC.
Ces communautés ne disposent que des écoles
primaires, les établissements d'enseignement secondaire sont
situés dans les chefs lieux d'arrondissement tels que Campo, Akom2 et
Ma'an. Les communautés de Biboulemem et Tya'assono ont chacune une
école tandis que Akak (qui regroupe cinq villages) a deux écoles
primaires situées dans les villages Nkoélon et Akak. Le
tableau 12 donne les effectifs dans ces écoles pour l'année
académique 2007-2008. D'une manière globale, ces trois
communautés ne sont pas à l'abri des problèmes scolaires
car dans les villages ou les hameaux défavorisés en école,
les enfants parcourent des distances allant jusqu'à 8 km (allée
et retour) pour se rendre en classe.
Tableau 12 : Effectifs des écoles
primaires d'Akak, Biboulemam et Tya'assono.
|
Communauté d'Akak
|
Communauté de Biboulemam
|
Communauté de Tya'assono
|
EP de Nkoélon
|
EP d'Akak
|
EP de Biboulemam
|
EP de Tya'assono
|
Genre
|
F
|
G
|
Total
|
F
|
G
|
Total
|
F
|
G
|
Total
|
F
|
G
|
Total
|
SIL
|
11
|
16
|
27
|
12
|
18
|
30
|
16
|
18
|
34
|
8
|
14
|
22
|
CP
|
8
|
10
|
18
|
10
|
15
|
25
|
4
|
13
|
17
|
CE1
|
10
|
6
|
16
|
12
|
17
|
29
|
9
|
10
|
19
|
9
|
13
|
22
|
CE2
|
3
|
6
|
9
|
11
|
11
|
22
|
8
|
6
|
14
|
CM1
|
4
|
7
|
11
|
9
|
11
|
20
|
12
|
11
|
23
|
4
|
8
|
12
|
CM2
|
3
|
2
|
5
|
8
|
6
|
14
|
8
|
11
|
19
|
Total
|
39
|
47
|
86
|
52
|
78
|
130
|
37
|
39
|
76
|
41
|
65
|
106
|
Nombre d'instituteurs par école
|
2
|
3
|
1
|
4
|
Nombre de salles de classe
|
4
|
6
|
3
|
4
|
EP= Ecole Primaire, F = filles et G = garçons
Sources : Inspections des enseignements de base des
arrondissements de Campo, d'Akom 2 et de Ma'an (2008).
Les garçons sont plus nombreux que les filles et les
effectifs des filles diminuent au fur et à mesure que l'on progresse
dans les classes d'étude. D'une manière générale
dans ces trois communautés, le nombre d'enseignants dans les
écoles n'est pas proportionnel au nombre de classes (tableau 1).
L'école de Tya'assono a le plus grand effectif
d'enseignants, peut-être parce que le PNDP a construit un logement pour
le directeur et les instituteurs. Un autre problème majeur des
écoles est l'insuffisance des salles de classe, donnant lieu au jumelage
des niveaux de formation différents dans la même salle à
l'école primaire de Biboulemam.
L'école publique d'Awomo (campement Pygmées du
village Biboulemam) a été construite pour soustraire les enfants
Pygmées du mépris des Bulu. Du fait de la déserte des
classes par les enfants Pygmées (privilégiant la chasse et autres
AGR), une démotivation de l'enseignant s'en est suivie. Cependant, cinq
enfants Pygmées fréquentent à l'école primaire de
Biboulemam : un garçon et trois filles au CP, et un garçon
au CE1.
Les effectifs des écoles de Nkoélon
étaient de 31 élèves et ceux d'Akak étaient de 39
élèves en 2002. En 2008, on assiste à une augmentation de
64 % et 70 % respectivement pour les écoles de Nkoélon et d'Akak.
Ceux de Biboulemam ont augmenté de 17 % car on est passé de 63
élèves en 2002 à 76 élèves en 2008. Les
effectifs de l'école primaire de Tya'assono étaient de 103
élèves en 2002, soit une augmentation de 3 %. Les écoles
d'Akak et de Tya'assono ont bénéficié d'un instituteur
supplémentaire depuis 2002. La photo 3 montre l'école primaire de
Tya'assono.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an17.png)
Photo 2 : Ecole primaire de Tya'assono
(Septembre 2008).
Quelques statistiques socio-sanitaires :
l'accès aux soins de santé reste un problème
majeur. La seule case de santé communautaire fonctionnelle est celle de
Biboulemam, celle d'Akak qui a été construite depuis 1997 avec
l'argent provenant de la RFA n'a jamais été fonctionnelle. En
plus des frais de traitement, la population doit payer les frais de transport
pour se rendre à l'hôpital. Le tableau 13 donne quelques
données sanitaires de notre échantillon.
Tableau 13 : Quelques données
sanitaires au cours des 12 derniers mois.
Paramètre
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Traitement moderne
|
11
|
7
|
22
|
Traitement traditionnel
|
4
|
4
|
5
|
Cas d'hospitalisation
|
7
|
6
|
11
|
Coût du traitement
|
Traitement < 5 000 frs
|
4
|
3
|
7
|
5 000 - 10 000 frs
|
4
|
4
|
4
|
10 000 - 20 000 frs
|
4
|
1
|
8
|
20 000 - 50 000 frs
|
2
|
1
|
1
|
50 000 - 100000 frs
|
0
|
1
|
1
|
100000 - 200000 frs
|
1
|
1
|
1
|
300 000 - 400 000 frs
|
-
|
-
|
5
|
Cas de maladies ces 12 derniers mois
|
15
|
11
|
27
|
Sur les cas de maladies enregistrés, 73 % à Akak
utilisent un traitement moderne contre 64 % à Biboulemam et 81 %
à Tya'assono. 60 % des cas de paludisme ont été
recensés à Akak, contre 73 % et 26 % respectivement à
Biboulemam et à Tya'assono. Les cas de rhumatisme sont rencontrés
chez les personnes du troisième âge.
Près des 2/3 des malades recensés ont recours
à la médecine moderne sauf chez les Pygmées où les
traitements se font uniquement à base de plantes médicinales. Les
cas d'hospitalisation sont rencontrés chez les malades qui ont recours
à la médecine moderne. Ainsi, Tya'assono a le plus grand nombre
de patients hospitalisés suivi d'Akak et de Biboulemam.
Le coût du traitement varie en fonction des
maladies : pour le paludisme, il s'élève à 5000frs en
moyenne et peut aller jusqu'à 20000 frs CFA pour les cas
compliqués ; ceux compris entre 20 000 - 100 000 frs CFA
sont pour les cas d'empoisonnement, de rhumatisme, mal de nerfs... ; et
enfin les traitements qui varient entre 100 000 - 400 000 frs CFA
sont les opérations chirurgicales, les maladies des yeux.
Dans la communauté d'Akak, un malade dépense en
moyenne 6 000 frs CFA de frais de transport pour se rendre à
l'hôpital de l'arrondissement le plus proche contre 3 000 frs
CFA pour celui de Biboulemam ou de Tya'assono.
Fonctionnement de la case de santé
communautaire de Biboulemam : l'ONG locale Fonds d'Appui à
l'Auto-promotion des Groupes pour l'Environnement (FAGAPE) basé à
Kribi depuis 1995, gère la case de santé communautaire de
Biboulemam depuis le mois d'avril 2008. Cette ONG envisage mettre sur pied un
comité de gestion (président, secrétaire,
trésorier, commissaires aux comptes 1 et 2) pour la case de santé
afin de gérer les bénéfices qui en découlent.
D'après l'infirmier généraliste qui est le seul personnel
soignant, les trois principales maladies qui affectent la population sont le
paludisme, le rhumatisme et la fièvre typhoïde.
Cette ONG prend des médicaments à crédit
dans les hôpitaux de Kribi et les revend à la population. Le
tableau 14 dresse un compte d'exploitation sommaire après deux mois
d'activités.
|
|
Nombre de patients
|
|
Coût d'achat en frs CFA
|
|
Recettes réalisées en frs CFA
|
|
Bénéfices obtenus en frs CFA
|
Mois
|
|
Homme
|
Femme
|
Enfant <15 ans
|
|
Août
|
|
7
|
11
|
5
|
|
30 000
|
|
95 000
|
|
65 000
|
Septembre
|
|
6
|
17
|
4
|
|
40 000
|
|
130 000
|
|
90 000
|
Total
|
|
50
|
|
70 000
|
|
225 000
|
|
155 000
|
Tableau 14 : Fréquentation de la
case de santé communautaire de Biboulemam (Août à Septembre
2008).
Source : Case communautaire de Biboulemam (2008).
D'après le tableau ci-dessus, la case de santé a
reçu 23 patients le mois d'août avec un bénéfice de
65 000 frs et le mois suivant, 27 patients avec un bénéfice
de 90 000 frs. Il faudra quelques mois de pratique pour déceler les
véritables tendances mais on assiste à une augmentation de 28 %
des bénéfices en deux mois d'activités. L'infirmier touche
une commission de 15 % sur les recettes du mois et envisage s'équiper en
fonction de leurs bénéfices et des financements des bailleurs de
fonds. Pour le moment, la case de santé communautaire compte deux lits
d'hospitalisation situés dans une seule chambre et elle envisage
augmenter ce nombre. La case communautaire de Biboulemam est illustrée
sur la photo 3 :
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an18.png)
Photo 3 : Case de santé
communautaire de Biboulemam (Septembre 2008).
Aucune de ces communautés n'avait de case de
santé opérationnelle en 2005 et 2006 lors de l'élaboration
de leurs PSGs ; celle d'Akak reste non opérationnelle.
L'accès à l'eau potable :
le forage est la seule source d'approvisionnement en eau potable dans
les villages ; cette eau est utilisée pour la cuisine tandis que
l'eau des rivières est utilisée pour les autres tâches
domestiques. L'approvisionnement en eau potable pour la cuisine et autres
tâches domestiques est une activité réservée aux
femmes et aux enfants. Dans le but de rationaliser l'utilisation de l'eau
potable de façon durable, et éviter que certains forages ne
tarissent, il est parfois interdit d'utiliser l'eau du forage pour la
fermentation du manioc. Mais en règle générale, le nombre
de forages est réduit et l'accès à l'eau potable est un
problème majeur (tableau 15).
Tableau 15 : Disposition spatiale des
forages dans les trois communautés.
Communauté
|
Village
|
Nombre de forages
|
Année de construction
|
Initiateur
|
Canton Akak
|
Nkoélon
|
1
|
2004
|
SNV
|
Akak
|
1
|
2005
|
PNDP
|
Nko'adjap
|
1
|
2005
|
PNDP
|
Doum Essamebenga
|
1
|
2005
|
PNDP
|
Bibabimvoto
|
1
|
2005
|
PNDP
|
Total
|
5 forages
|
Tya'assono
|
Tya'assono
|
2
|
2001
|
Coopération Cameroun-Allemagne
|
Total
|
2 forages
|
D'après le tableau, Akak compte cinq forages pour
quatre chefferies. Deux forages ont tari car d'après la population,
ils avaient été mal creusés : c'est le cas du forage
du village Nko'adjap (canton Akak) ; le second se trouve à
Tya'assono. Le village Afan Essokié (Akak) et la communauté de
Biboulemam utilisent l'eau de la source pour la nutrition et les divers travaux
ménagers ; il en est de même pour le campement Pygmées
d'Awomo. La photo 4 montre le forage du village Nko'Adjap (Akak).
Photo 4 : Forage du village Nko'Adjap,
Akak (Juillet 2008).
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an19.png)
Accès à
l'électricité : l'électrification
villageoise fait partie des projets communautaires mentionnés dans les
PSGs des FCs d'Akak et de Tya'assono car elles ne sont pas nanties
d'énergie électrique. La Société AES-SONEL
n'alimente aucune de ces communautés. Certains ménages
achètent des groupes électrogènes pour s'alimenter en
électricité, d'autres utilisent des plaques solaires, le tableau
16 en donne un récapitulatif.
Tableau 16 : Disposition des habitations
suivant les sources d'éclairage.
Communautés
|
|
villages
|
|
Nombre de maisons
|
|
Groupes électrogènes
|
|
Nombre de plaques solaires
|
|
Nombre de maisons
électrifiées
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Akak
|
|
Nkoélon
|
|
13
|
|
1
|
|
-
|
|
1
|
|
Afan essokié
|
|
25
|
|
2
|
|
-
|
|
3
|
|
Akak
|
|
11
|
|
0
|
|
8
|
|
8
|
|
Nko'adjap
|
|
17
|
|
1
|
|
-
|
|
1
|
|
Doum essamebenga
|
|
12
|
|
3
|
|
-
|
|
2
|
|
Total
|
|
78
|
|
7
|
|
8
|
|
15
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Biboulemam
|
|
Biboulemam centre
|
|
22
|
|
1
|
|
-
|
|
-
|
|
Biboulemam angalé
|
|
11
|
|
-
|
|
-
|
|
1
|
|
Awomo
|
|
7
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
Total
|
|
41
|
|
1
|
|
-
|
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tya'assono
|
|
Tya'assono1
|
|
19
|
|
3
|
|
-
|
|
3
|
|
Tya'assono2
|
|
37
|
|
5
|
|
-
|
|
6
|
|
Total
|
|
56
|
|
8
|
|
-
|
|
9
|
La communauté d'Akak est la mieux lotie dans l'ensemble
avec 7 groupes électrogènes et 8 plaques solaires (don de
l'Agence d'Electrification Rurale en 2007). Biboulemam est le moins bien loti
avec un seul groupe électrogène. Les Pygmées d'Awomo ne
bénéficient pas de moyens d'électrification moderne.
Les plaques solaires et les groupes électrogènes
ont des contraintes respectives de recharge en journée et
d'approvisionnement en essence. L'électricité n'est donc
généralement disponible que dans la nuit et n'est utilisée
que pour l'éclairage des ménages.
Les routes : les trois
communautés vivent dans des villages rues c'est-à-dire des
villages situés le long d'une route. Le canton Akak est situé sur
la route qui va de Campo-ville au PNCM, celui de Biboulemam est situé
sur l'ex route Nationale N°7 Kribi-Ebolowa, et celui de Tya'assono est
situé sur la route qui va d'Ebolowa à Ma'an-ville. Ces routes
sont mal entretenues, surtout par les sociétés d'exploitation
forestière qui abiment le plus ces routes car elles y font parvenir leur
bois au port pour embarquement vers les pays importateurs. Il est prévu
dans le cahier de charge des sociétés d'exploitation
forestière (WIJMA près de Tya'assono et la Société
Camerounaise d'Industrie et d'Exploitation du bois - SCIEB - près
d'Akak) qui ont des UFAs en périphérie de ces villages,
d'entretenir régulièrement les routes. Seule la
société WIJMA fait des travaux de réhabilitation de la
route au moins une fois par an.
Autres biens socio-communautaires : en
plus des infrastructures de base citées plus haut, on a
dénombré quatre églises (dont 2 en construction) et trois
stades de football à Akak ; une église et un stade de
football à Biboulemam ; quatre églises en construction et un
stade de football ont été recensés à Tya'assono.
Les autres biens communautaires incluent : la case éco touristique
de Nkoélon, le foyer culturel de Biboulemam et le logement des
enseignants de l'école primaire de Tya'assono.
La case éco touristique de Nkoélon a
été construite par le PNDP en 2006 et elle est
gérée par le Comité de Développement de Vigilance
et Eco touristique (GIC CODERVIR ECOTOUR). Ce GIC légalisé a pour
but principal d'escorter les touristes dans le parc moyennant une somme de
5 000 frs par touriste. En plus, il constitue un comité de
vigilance pour lutter contre le braconnage car le village Nkoélon est
situé à peu près à 10 km du PNCM. Les grands
mammifères tels que l'éléphant, le gorille, le mandrill...
constituent en effet une attraction pour les touristes. Le GIC organise aussi
des danses culturelles pour distraire les touristes et leur montrer la culture
Mvae qui est l'ethnie principale à Nkoélon et même dans
toute la communauté Akak.
Le foyer culturel de Biboulemam
a été construit par le PNDP en 2006. Doté d'un
téléviseur, d'un VCD et d'un groupe électrogène,
cette salle constitue le pôle de distraction du village. Cette salle est
aussi utilisée pour diverses cérémonies
(célébration des mariages, deuil etc...) ; ses chaises sont
louées aux particuliers pour diverses manifestations.
Le logement des enseignants de l'école
primaire de Tya'assono a également été
construit par le PNDP en 2004. C'est un bâtiment construit en dur et
moderne qui permet de loger tout le personnel enseignant de cette école.
Elle permet de stabiliser les enseignants dans la localité.
D'une manière générale, ces
communautés sont pourvues en infrastructures communautaires.
4.2. Economie des ménages
Il est question de présenter les biens naturels et
physiques des ménages, leurs différentes sources de revenu ainsi
que leurs postes de dépenses et enfin le schéma de consommation
des ménages.
4.2.1. Patrimoine et Ressources des ménages
Les ménages
possèdent des surfaces cultivables, un cheptel, des équipements
de production ainsi que des biens à usage domestique.
- Patrimoine naturel
Il englobe les surfaces cultivables et les jachères de
chaque ménage. D'une manière générale les terres
abondent dans ces trois zones. Les surfaces cultivées par an varient
entre 2 et 6 ha par ménage. Aucun problème de terre n'a
été rencontré. Les titres fonciers sont inexistants et les
terres ne sont acquises que par héritage. Les familles qui ont des
vastes superficies cultivées (au delà de 4ha) sont celles qui ont
des revenus suffisants pour le défrichement des parcelles et le suivi
des cultures.
- Biens de production
Les biens de production regroupent les équipements de
production (figure 5) et le petit élevage (tableau 17).
Figure 5 : Proportion des
équipements de production.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an20.png)
Les filets et les fusils sont les équipements de
production retrouvés à Akak ; ceci explique l'importance de
la chasse et de la pêche dans le revenu des ménages (tableau 19).
Par contre le nombre de tronçonneuses et de pulvérisateurs
à Tya'assono explique la pratique intensive de l'agriculture (surtout le
cacao, la banane plantain) car la tronçonneuse est utilisée pour
abattre les arbres et étendre les surfaces cultivables. En plus des
équipements de production, les ménages font de l'élevage
domestique. Le tableau 17 présente la situation d'animaux par cheptel
pour chaque communauté.
Tableau 17 : Inventaire du cheptel
des enquêtés.
Cheptel
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Ovins
|
8
|
0
|
10
|
Caprins
|
1
|
2
|
28
|
Porcins
|
0
|
12
|
35
|
Volaille
|
85
|
38
|
132
|
La volaille constitue le produit d'élevage dominant.
Tya'assono a le cheptel le plus élevé. A Akak, la filière
porcine n'est pas développée par rapport aux autres
communautés, c'est pour cette raison qu'un GIC de la localité a
mis en oeuvre un projet d'élevage des porcs qui a malheureusement
échoué à cause d'un manque d'expertise des membres du GIC.
Notons que le projet d'élevage fait parti des projets communautaires
mentionnés dans le PSG d'Akak.
- Biens à usage domestique
Les biens à usage domestique sont ceux utilisés
quotidiennement par les ménages ; le tableau 18 donne un inventaire
des biens physiques recensés.
Tableau 18 : Patrimoine physique des
ménages.
|
Communautés
|
Biens physiques
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Moto
|
4
|
-
|
6
|
Vélo
|
1
|
1
|
5
|
Brouette
|
4
|
1
|
17
|
Porte-tout
|
0
|
1
|
4
|
cuisinière à gaz
|
4
|
-
|
6
|
réchaud à pétrole
|
1
|
2
|
8
|
machine à coudre
|
0
|
1
|
5
|
poste radio
|
10
|
6
|
18
|
télévision
|
4
|
2
|
9
|
VCD
|
1
|
-
|
3
|
antenne parabolique
|
0
|
-
|
2
|
groupe électrogène
|
4
|
2
|
9
|
téléphone portable
|
9
|
-
|
9
|
Appareil musical
|
-
|
-
|
2
|
réfrigérateur
|
-
|
-
|
3
|
machine à laver
|
-
|
-
|
1
|
machine à sécher
|
-
|
-
|
1
|
La distribution des biens à Tya'assono explique les
dépenses liées au capital physique (confère
figure 7). D'une manière générale, chaque
ménage dispose d'au moins un poste radio à quatre piles.
Malgré le fait qu'il n'y a pas de couverture pour le réseau
téléphonique, quelques ménages ont des
téléphones portables.
4.2.2. Activités
Génératrices de Revenu
Les sources de revenus sont presque les mêmes pour
chaque communauté, mais c'est la contribution de chaque activité
dans le revenu des acteurs qui varie. Une identification des sources de revenus
des ménages est présentée dans le tableau 19.
Tableau 19 : Revenu moyen annuel des
ménages et leur provenance.
Communautés
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Source de revenu
|
Culture annuelle
|
60 000
|
73 000
|
153 167
|
Culture pérenne
|
92 500
|
125 000
|
390 218
|
Élevage
|
25 750
|
30 000
|
125 583
|
Chasse
|
220 000
|
177 333
|
248 000
|
Pêche
|
52 667
|
10 000
|
156 000
|
Collecte PFNL
|
39 000
|
23 333
|
71 000
|
Petite entreprise
|
316 667
|
340 000
|
150 000
|
Artisanat
|
-
|
120 000
|
-
|
Salaire
|
268 000
|
1 200 000
|
1 708 000
|
Pension retraite
|
396 000
|
300 000
|
1 200 000
|
Moyenne des revenus annuels par
ménage
|
614400,00
|
611000,00
|
888854,55
|
Ecart-type
|
94248,607
|
154889,208
|
378275,921
|
Erreur standard
|
42149,259
|
77444,604
|
114054,482
|
Intervalle de confiance à 95% pour la
moyenne
|
Borne inférieure
|
497374,90
|
364536,71
|
634725,32
|
Borne supérieure
|
731425,10
|
857463,29
|
1142983,77
|
Minimum
|
517000
|
384000
|
546500
|
Maximum
|
731000
|
730000
|
1773000
|
Un ménage à Akak qui pratique l'agriculture a en
moyenne 152 500 frs CFA de revenu par an (cultures annuelles et
pérennes) ; ceux de Biboulemam et Tya'assono en ont respectivement
198 000 et 543 385 frs CFA. L'écart de revenu d'une
communauté à l'autre est sans doute dû à
l'activité pratiquée et au système de production
utilisé. Ainsi, l'activité agricole est restée extensive
à Akak alors qu'à Tya'assono, on y trouve quelques exploitations
à système intensif. Ce constat induit la nécessité
de soutenir l'activité agricole afin d'accroitre le revenu substantiel
des populations des trois communautés.
A Akak, l'écart de revenu entre les ménages
n'est pas très grand, ce qui explique une population où les
individus ont un même niveau social. Par contre à Tya'assono, la
variation de revenu entre les ménages est très grande d'où
une grande différence de classe sociale et comme conséquence, on
retrouve des ménages à revenu élevé et d'autres
à revenu faible.
Les petites entreprises et la chasse rapportent le plus de
revenu aux ménages à Akak ; à Biboulemam ce sont les
petites entreprises et l'agriculture ; quant à Tya'assono, les
activités qui rapportent le plus sont l'agriculture et la chasse. A
Akak, pour un intervalle de confiance de 95%, le revenu moyen est compris entre
497 374 - 731 425 frs CFA. A Biboulemam, le revenu moyen est compris
entre 364 536 - 857 463 frs CFA et à Tya'assono le revenu
moyen est compris entre 634 725 - 1 142 983 frs CFA à
l'intervalle de confiance de 95%.
Le tableau 19 a permis de faire une comparaison sur la
contribution de chaque source de revenu dans les ménages qui est
illustrée dans la figure 6.
Figure 6 : Contribution des AGRs dans le
revenu des ménages.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an21.png)
Dans chacune des communautés, le type d'activité
pratiquée a une influence sur le revenu des ménages. Ainsi, les
ménages ayant les plus grands revenus sont ceux où l'on retrouve
des fonctionnaires en service ou en retraite. Ceux vivant de la chasse et de la
collecte des PFNLs ont les plus bas revenus tandis que ceux vivant de
l'activité agricole ont des revenus intermédiaires. Par ailleurs
la faiblesse du revenu issue de la chasse et de la collecte des PFNLs est
tributaire de la baisse du potentiel faunique et de la saisonnalité des
PFNLs.
L'activité agricole est très intense à
Tya'assono ; une grande partie de la récolte approvisionne les pays
voisins tels que la Guinée Equatoriale et le Gabon. Les cultures qui
rapportent le plus dans cette communauté sont : le cacao suivi des
concombres et des arachides. Le manioc est intensément cultivé
dans ces trois communautés ; c'est d'ailleurs la culture phare des
femmes. Ces dernières ont des groupes d'entraide pour les champs
communautaires, transforment le manioc en « bâton de
manioc » et les vendent dans les villes de Campo, Akom 2 et
Ma'an. La faible contribution de l'agriculture dans le revenu
des ménages à Akak est due à la dévastation des
champs et au système agricole pratiqué : la population
pratique une agriculture extensive.
La vente des produits de l'élevage à Akak est
intense lors des périodes de Septembre à Janvier avec
l'arrivée des touristes. A Tya'assono, les produits de l'élevage
sont surtout la volaille et sont consommés pour la réception des
étrangers.
L'inexistence des marchés dans les trois
communautés a entraîné le développement du petit
commerce qui inclut toute activité incluant la vente des produits
alimentaires tels que les bâtons de manioc,
« ovianga » (viande de brousse cuisinée), l'alcool,
les biens de première nécessité (savon, huile,
pétrole, sardine) et même les beignets. Le projet de
création d'un marché rentre dans les ambitions des
communautés d'Akak et de Biboulemam ; malheureusement, la
population se plaint du fait que les communes de Campo et d'Akom2 ne veulent
pas de concurrence dans ce domaine. Quatre boutiques ont été
recensées à Akak, une à Biboulemam et cinq à
Tya'assono.
Tya'assono est passé de 3 boutiques en 2006 à 5
boutiques en 2008 ; une supplémentaire dans le premier hameau et
deux dans le second hameau.
4.2.3. Principaux postes de dépenses
Les
affectations des revenus dans les différents acquis ont
été calculées à partir des dépenses
annuelles des ménages. Le tableau 20 donne les dépenses moyennes
annuelles réparties dans les acquis humain, social, financier, naturel
et physique.
Tableau 20 : Dépenses
moyennes annuelles des ménages.
Postes de dépense
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Capital humain
|
Bien de première nécessité
|
63 133
|
52 650
|
99 909
|
Alimentation
|
226 500
|
180 000
|
148 395
|
Vêtements
|
85 000
|
21 667
|
56 600
|
Scolarité
|
99 700
|
37 500
|
290 625
|
Santé
|
33 333
|
45 625
|
160 818
|
Boisson
|
134 000
|
129 667
|
297 200
|
Tabac
|
33 600
|
56 000
|
185 760
|
Total
|
675 267
|
523 108
|
1 239 308
|
Capital social
|
Cérémonies familiales
|
101 250
|
48 333
|
65 000
|
Déplacements
|
256 000
|
122 000
|
176 091
|
Visites familiales
|
33 000
|
30 000
|
57 375
|
Offrandes à l'église
|
17 250
|
20 200
|
28 327
|
Loisirs
|
37 500
|
|
162 000
|
Total
|
445 000
|
220 533
|
488 793
|
Capital physique
|
Gaz
|
-
|
-
|
16 000
|
Gasoil
|
-
|
-
|
510 000
|
Essence
|
97 200
|
-
|
83 175
|
Crédit téléphonique
|
62 600
|
111 000
|
53 050
|
Total
|
199 800
|
161 000
|
833 475
|
Capital financier
|
Tontine
|
360 000
|
60 000
|
162 000
|
Total
|
360 000
|
60 000
|
162 000
|
Capital naturel
|
Défrichement
|
40 000
|
50 000
|
171 250
|
|
Total
|
40 000
|
50 000
|
171 250
|
A Akak et Biboulemam, l'alimentation constitue le premier
poste de dépense ; à Tya'assono c'est l'achat du gasoil pour
le fonctionnement du groupe électrogène et le brûlis des
cultures. Une autre dépense non négligeable inclut celle
liée aux appels téléphoniques et à l'alcool. Les
montants de ce tableau ont permis de déterminer les contributions des
revenus sur les moyens d'existence. La figure 7 permet de visualiser les
dépenses dans les différents acquis ou capitaux.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an23.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an24.png)
Figure 7 : Contribution du revenu sur les
moyens d'existence.
Dans toutes ces communautés, les ménages
dépensent la grande partie de leur revenu dans les acquis humains
surtout dans l'alimentation, l'alcool et le tabac. A Tya'assono, les
dépenses dans les acquis physiques sont plus élevées
à cause du patrimoine du ménage (confère tableau 18). Les
acquis financiers d'Akak et de Tya'assono s'expliquent par les tontines. Aucune
de ces communautés n'investit dans le logement ou dans l'achat des
terres mais elles utilisent de la main d'oeuvre pour défricher les
parcelles de culture. La valeur du capital naturel à Biboulemam et
Tya'assono explique la pratique de l'agriculture dans ces communautés
car les superficies sont vastes et elles nécessitent l'utilisation de la
main d'oeuvre pour défricher.
4.2.4. Schéma de consommation des ménages
Dans cette sous section, une analyse
détaillée des différentes consommations des ménages
a été effectuées. Il s'agit des consommations en
protéines animales, en énergie et le taux de dépendance en
protéines sur le marché.
- Consommation en protéines animales des
ménages
La figure 8 donne les consommations en protéines
animales pour chaque communauté
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an26.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an27.png)
Figure 8: Taux de consommation en
protéines animales.
La viande de brousse et le poisson constituent la principale
source de protéines animales les plus consommées. A Biboulemam et
Tya'assono, la chèvre est consommée pendant les
cérémonies familiales ; c'est également le cas du
porc à Tya'assono. La viande de boeuf est le plus souvent
consommée lors des déplacements en ville.
La chasse ou la pêche n'est pas pratiquée par
tous les ménages ; au moins les 80 % font le petit élevage.
La figure 9 donne le taux de protéines acheté sur le
marché.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an28.png)
Figure 9 : Taux de dépendance
en protéines sur le marché.
A Akak, plus de 60% du poisson et de la viande de brousse sont
issus des prélèvements : ce qui veut dire que moins de 40%
des ménages ne pratiquent pas la chasse et la pêche. A Biboulemam
et Tya'assono plus de 75% du poisson est acheté : donc seulement
25% des ménages font la pêche. D'une manière
générale, un ménage sur trois achète le poisson et
la viande de brousse aux particuliers, et trois ménages sur quatre
pratiquent l'élevage. A Tya'assono, il y'a une forte dépendance
sur l'achat des produits de chasse et de pêche et un grand niveau de
prélèvement des produits d'élevage ce qui ramènne
à penser à une grande présence du petit élevage
dans chaque ménage.
- Consommation en énergie des
ménages
Les sources d'énergie des ménages sont le bois
de chauffe, le pétrole, le gaz, l'essence et le charbon ; la
figure 10 donne les consommations d'énergie par communauté.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an32.png)
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an33.png)
Figure 10: Consommation en
énergie.
Les énergies les plus utilisées sont le bois et
le pétrole. De ces sources d'énergies, le bois est
utilisée pour le chauffage et la cuisson des aliments et supplée
dans certains ménages d'Akak et de Tya'assono par le gaz domestique
alors que le pétrole et le plus souvent utilisé pour
l'éclairage dans les lampes tempêtes. Le taux élevé
de consommation en essence et en gasoil à Akak et Tya'assono se justifie
par l'utilisation des groupes électrogènes. Biboulemam est la
seule communauté où le charbon est utilisé. L'essence et
le gasoil sont également utilisés pour faire l'agriculture
itinérante sur brûlis.
D'une
manière générale, les AGRs n'ont pas changé depuis
l'élaboration des PSGs des trois FCs. Les habitudes alimentaires restent
les mêmes, surtout au niveau de la dépendance des populations sur
la viande de brousse. Néanmoins la population se rend compte de la
rareté progressive des ressources fauniques au fil des ans.
4.3. Facteurs qui
influencent la bonne marche des unités de gestion des FCs
Cinq catégories de facteurs on été
recensées : les facteurs sociaux, institutionnels,
économiques, techniques et environnementaux ; le tableau 22
résume ces facteurs. Ces derniers ont des influences négatives et
positives sur le fonctionnement des entités de gestion des FCs.
Tableau 21: Facteurs qui influencent le
fonctionnement des entités de gestion des FC.
Types de facteurs
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Facteurs sociaux
|
Nombre d'associations et GIC
|
11 (1 GIC légalisé)
|
2
|
2
|
Initiatives communautaires
|
2 projets réalisés et 5 en cours
|
1 projet réalisé et 3 en cours
|
Aucun projet réalisé et 3 en cours
|
Facteurs institutionnels
|
Genre et minorités dans le bureau de
l'entité juridique
|
7 hommes et 4 femmes
|
4 hommes et 3 femmes Bulu, et 3 Pygmées
|
10 hommes et 3 femmes
|
Répartition membres du bureau par village ou
hameau
|
Tous les villages sont représentés
|
Tous les hameaux sont représentés
|
Tous les hameaux sont représentés
|
Chantier d'exploitation
|
Surplus d'ouvriers
|
-
|
-
|
Communication entre la communauté et le
bureau
|
Absence d'un feedback des informations
|
Absence d'un feedback des informations
|
Présence d'un feedback des informations
|
Disponibilité des membres du bureau
|
Absentéisme des membres du bureau
|
Absentéisme des membres du bureau
|
Présence de tous les membres du bureau
|
Facteurs économiques
|
Salaire des ouvriers de l'EFC
|
Salaires élevés
|
-
|
-
|
Exigence du partenaire
|
Refus de l'achat de certaines espèces par le
partenaire
|
-
|
-
|
Fonds pour les travaux
|
Manque de fonds pour travaux
|
Manque de fonds pour travaux
|
Manque de fonds pour travaux
|
Facteurs techniques
|
Distance entre FC et village
|
Eloignement de la FC
|
Eloignement de la FC
|
-
|
Qualité du travail
|
Pénibilité du travail
|
-
|
-
|
Niveau de qualification du personnel
|
Manque de personnel qualifié
|
-
|
-
|
Facteurs environnementaux
|
Niveau de conservation des ressources
|
-
|
Protection des espèces médicales
|
Coupe illicite du bois
|
Certains facteurs sont identifiés seulement à
Akak parce qu'elle a la seule FC qui a commencé l'exploitation
forestière.
4.3.1. Facteurs sociaux
- Esprit associatif
Les entités juridiques sont avant tout une structure
gérée par un groupe de personnes, ce qui lui confère un
volet associatif. Si la loi camerounaise du 20/01/1994 recommande
l'exploitation des FCs par un GIC ou une association, c'est parce qu'elle
voudrait encourager la dynamique sociale au sein des communautés.
L'esprit associatif est très évolué à Akak et un
peu moins à Tya'assono et Biboulemam. Dans toutes les associations les
femmes sont plus nombreuses que les hommes. Ces associations font des tontines,
des groupes de travaux communautaires appelés communément
« société ». Akak a deux associations
exclusivement pour les femmes, Biboulemam et Tya'assono en ont chacune
une. Ces résultats corroborent ceux de Nguenang, (2006) qui affirme que
leur faible implication aux réunions organisées dans le cadre des
FCs est paradoxale par rapport au dynamisme des femmes observé sur le
terrain car elles sont mieux organisées et plus dynamiques autour
d'une cause quand elles perçoivent leurs intérêts. La liste
des GICs et associations recensés est en annexe 5.
- Initiatives communautaires
Les initiatives communautaires sont des projets initiés
et développés par des associations et GIC au sein des
communautés ; ces projets ne sont pas mentionnés dans le
PSG.
Akak a déjà réalisé deux
projets : un qui consistait à faire l'élevage des porcs mais
qui n'a pas réussi car les porcs sont morts faute de suivi et de
spécialiste. Le second projet consiste à gérer la case
éco touristique de Nkoélon : ce projet est en
exécution jusqu'à présent. Le projet que Biboulemam a
exécuté en 2008 est la mise sur pied d'une case de santé
communautaire qui fonctionne depuis le mois d'Août. La communauté
d'Akak a cinq projets en cours, celles de Biboulemam et de Tya'assono en ont
trois. La liste des projets est dans l'annexe 4.
4.3.2. Facteurs institutionnels
- Composition du bureau des entités
juridiques
La loi de 1994 recommande que toutes les composantes sociales
soient représentées dans les entités juridiques. Les
pourcentages du genre et des minorités dans les entités
juridiques des trois EFC ont été calculés et sont
illustrés dans les figures 11 et 12 ci-dessous
Figure 12 : Répartition
Bulu/Pygmées dans l'entité juridique de Biboulemam.
Figure 11 : Répartition du genre
dans les entités juridique d'Akak, Biboulemam et Tya'assono.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an35.png)
Dans toutes ces communautés, les femmes sont
représentées dans le bureau mais occupent des postes tels que
secrétaire, commissaire aux comptes, conseillère et responsable
des femmes. Néanmoins, à Akak c'est une femme qui est
trésorière et elle est un membre très influent dans le
bureau.
- Répartition des membres du bureau par
village/hameau
Certains villages se plaignent d'une mauvaise
répartition des membres du bureau par village. C'est pour cette raison
que lors des dernières élections à Tya'assono, une
répartition équitable par hameau a été
faite. Mais d'une manière générale tous les villages
sont représentés dans le bureau et dans l'EFC même s'ils
n'ont pas le même taux de répartition. Les villages Afan
Essokié et Akak ont à eux seuls, 37% des membres du bureau et 59%
des effectifs des ouvriers de l'EFC. Cela peut s'expliquer par le fait que ces
deux villages sont voisins et le délégué du GICACA est
chef du village Afan Essokié et le village Akak est
considéré dans le canton comme le village mère :
c'est là que réside le Chef de canton.
Ce cas de figure où une majorité de la
population se sent écartée du processus de gestion a
également été observé dans la FC d'Endoum.
La population de Biboulemam se plaint de l'absence
régulière de certains membres du bureau qui de ce fait ne font
pas leur travail. C'est le cas du responsable des opérations
forestières qui travaille à Yaoundé et n'est
présent que les week-ends.
La communauté de Tya'assono a renouvelé son
bureau en mai 2008 ; le nouveau bureau n'a pas encore effectué
d'activités mais la communauté est confiante parce que le
président convoque des réunions régulièrement
où il rend compte de l'évolution des dossiers et montre une
transparence dans la gestion.
La composition du bureau et la répartition des membres
du bureau par village et par hameau sont dans l'annexe 3.
4.3.3. Facteurs économiques
Ces facteurs sont surtout rencontrés à Akak
parce qu'elle a déjà deux années d'exploitation
contrairement aux autres qui n'ont pas encore commencé.
1. Certains membres de la communauté se plaignent que
le Délégué prélève 20% des revenus qui
proviennent de l'exploitation comme son propre salaire ;
2. La communauté se plaint que les salaires sont trop
élevés ;
3. Le GICACA a signé un contrat avec la
société PARQUETCAM depuis 2006 pour une durée de cinq ans.
Le problème qu'ils ont avec ce partenaire est dû au fait que
celui-ci refuse de commander l'Azobé qui d'après le GIC abonde
dans leur FC. L'Azobé figure parmi leurs essences à plus grande
valeur commerciale.
4. Manque de fonds pour le lancement des travaux.
5. Grève des ouvriers à cause du retard des
paiements des salaires ;
6. Certains membres de la communauté,
particulièrement les jeunes (surtout les moins de 30 ans) pensent que
l'argent issu de la vente du bois doit être partagé.
La non
exploitation de l'Azobé fait partie des lacunes relevées lors de
l'étude menée sur l'état des lieux des FCs au Cameroun. En
effet ceci confirme les idées selon lesquelles certaines essences ne
sont pas exploitées et les partenariats avec les opérateurs
économiques ne sont pas toujours à l'avantage des
communautés.
4.3.4. Facteurs techniques
Dans la communauté d'Akak, on note :
1. l'éloignement de la FC par rapport au village :
les ouvriers doivent parcourir au moins un km pour se rendre au chantier et
cela a un effet sur le rendement ;
2. la pénibilité du travail : le transport
des débités de bois se fait sur la tête ;
3. le manque de personnel (scieur) qualifié. La
communauté a été obligée de prendre les scieurs
ailleurs (HEVECAM, Campo) ;
4. la population se plaint qu'il y a trop d'ouvriers pour un
petit chantier ; certains membres du bureau n'assurent pas leur fonction
correctement et que le délégué ne rend pas compte
à la communauté des activités qu'il mène.
Les trois communautés souffrent d'un manque de
matériel de travail.
D'après le rapport sur l'état des lieux des FCs
au Cameroun (MINFOF, 2006), l'un des acquis relevé est
l'amélioration du personnel qualifié ; tout porte à
croire que la FC d'Akak, n'a pas formé assez d'ouvriers.
Après deux années d'exploitation, la FC d'Akak
n'a effectué aucune réalisation. Cela est en effet dû au
fait que les revenus ont été utilisés pour les frais de
fonctionnement, donc aucun bénéfice n'a été
effectué. La non réalisation des projets communautaires fait
également partie des lacunes observées dans le processus de FC.
Les facteurs techniques et économiques ont des influences
négatives à Akak. Ces facteurs sont pour l'instant inqualifiables
dans les deux autres communautés car leurs FCs ne sont pas encore
entrées en exploitation.
4.3.5. Facteurs
environnementaux
La communauté de Biboulemam interdit aux populations de
couper les essences telles que le Guibourtia demeusei (Bubinga), le
Garcinia lucida (Essok) et le Garcinia kola (Biter cola) car
ces espèces sont non seulement en voie de disparition et d'après
la population, ces essences permettent également de soigner certaines
maladies. D'après cette communauté, le Bubinga est un excellent
médicament contre plusieurs maladies, l'Essok est un contre poison et le
Garcinia kola soigne le mal d'estomac. Autre facteur environnemental
identifié dans la communauté de Tya'assono, c'est la coupe
illicite du bois. Certains paysans qui avaient certaines essences de grandes
valeurs marchandes les vendaient aux exploitants forestiers à des
coûts bas. D'après certains membres de la communauté,
l'arrivée de la FC a diminué, voire même
arrêté la coupe illicite du bois.
4.4. Evaluation des moyens d'existence durable
L'appréciation des indicateurs des moyens d'existence
s'est faite en fonction de l'état des infrastructures sociales, des
AGRs, des facteurs qui ont des effets négatifs sur le fonctionnement de
l'entité juridique et des opportunités des diverses
communautés (confère tableau 8). Ces critères et
indicateurs sont présentés dans le tableau 22.
Tableau 22 : Critères et
indicateurs d'appréciation des changements occasionnés par les
FCs.
Critères
|
Indicateurs
|
Akak
|
Biboulemam
|
Tya'assono
|
Capital humain
|
Accès à l'éducation
|
4
|
3,5
|
4
|
Accès aux soins de santé
|
4
|
4,5
|
4
|
Accès à l'énergie
|
3
|
2
|
4
|
Accès à l'eau potable
|
3
|
1
|
3
|
Moyenne
|
3,5
|
2,8
|
3,8
|
Capital social
|
Niveau de vie associative
|
4
|
3
|
3
|
Niveau d'intégration des femmes et Pygmées
|
4
|
3
|
3
|
Initiatives communautaires
|
3
|
2
|
1
|
Moyenne
|
3,7
|
2,7
|
2,3
|
Capital physique
|
Présence des infrastructures sociales
|
3
|
3
|
3
|
Possessions physiques des ménages
|
3
|
2
|
4
|
Etat des routes
|
2
|
2
|
3
|
Qualité de l'habitat
|
3,5
|
2,5
|
4
|
Moyenne
|
2,875
|
2,375
|
3,5
|
Capital financier
|
Epargne
|
3,5
|
2
|
3
|
Revenu des ménages
|
3
|
3,5
|
4
|
Emploi dans le secteur formel
|
3
|
2,5
|
3,5
|
Petit commerce
|
3,5
|
3,5
|
4
|
Moyenne
|
3,3
|
2,6
|
3,2
|
Capital naturel
|
Disponibilité en produits agricoles
|
3
|
4
|
5
|
Disponibilité en viande de brousse
|
4
|
3,5
|
3,5
|
Disponibilité en PFNLs
|
5
|
5
|
5
|
Disponibilité en poisson
|
5
|
5
|
5
|
Disponibilité en terre
|
5
|
5
|
5
|
Moyenne
|
4,4
|
4,5
|
4,7
|
Ces indicateurs sont résumés dans les polygones
des acquis présentés dans la figure 13.
![](Diagnostic-socio-economique-initial-des-forets-communautaires-autour-du-parc-national-de-Campo-ma-an37.png)
Figure 13 : Polygone des acquis pour les
trois communautés.
Un polygone est régulier lorsque tous les acquis
égaux à cinq (5) et cela correspond à la situation
idéale pour un individu car tous les acquis sont abondamment
disponibles. Les polygones des acquis représentent la
disponibilité de chaque acquis par communauté (figure 13).
Le capital humain a un score "passable" pour ces trois
communautés car chacune dispose d'une école ; les
populations ont accès aux soins de santé même si dans la
communauté de Biboulemam, les coûts de santé vont
être réduits à cause de la case de santé
communautaire ; ces communautés ont accès à l'eau
potable et à l'énergie sauf Biboulemam qui n'a pas de point d'eau
potable. La différence des scores au niveau de l'accès à
l'éducation est due aux effectifs des enseignants et au nombre de salles
de classe qui est légèrement plus faible à Biboulemam.
Le capital social est plus élevé dans la
communauté d'Akak à cause des initiatives communautaires
déjà réalisées et du nombre d'associations qu'elle
dénombre. L'esprit associatif n'est pas très
développé à Biboulemam et Tya'assono car même si
elles ont quelques associations, le nombre de membres est faible. Dans chacune
des ces communautés, il y a des femmes dans le bureau de l'entité
juridique, mais le taux de femmes est plus élevé à
Akak.
Le capital physique est élevé à
Tya'assono à cause des biens physiques, de la qualité de
l'habitat et l'état de la route. Dans les communautés d'Akak et
Biboulemam, la route n'est pas très bonne. La qualité de
l'habitat et les biens physiques sont faibles à Biboulemam
L'épargne est élevée dans la
communauté d'Akak à cause des tontines. L'emploi dans le secteur
formel et le revenu moyen par ménage est assez élevé
à Tya'assono car il y a quelques fonctionnaires et retraités.
Toutes ces communautés ont des boutiques et font du petit
commerce ; ce dernier est légèrement plus
élevé à Tya'assono car ce commerce approvisionne les
marchés du Gabon et de la Guinée Equatoriale.
Le capital naturel est élevé pour toutes ces
communautés car elles ont toutes des ressources naturelles telles que
les surfaces cultivables, la disponibilité en PFL et PFNL.
D'après les observations faites sur le terrain, la disponibilité
en gibier est légèrement plus élevée à Akak
(à cause de la proximité du PNCM).
Chapitre 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
5.1. Conclusion
Il était question pour cette étude de
déterminer la situation initiale sur le plan socio-économique des
communautés d'Akak, Biboulemam et Tya'assono. Ceci a été
fait en identifiant les infrastructures socio-communautaires au sein de chaque
communauté, en analysant l'économie des ménages, en
déterminant les facteurs qui influencent le fonctionnement des
entités juridiques en charge des EFCs et en proposant des indicateurs
qui permettront de faire le suivi-évaluation au sein des
communautés.
Les infrastructures de base recensées sont les
habitations, les écoles, les centres de santé, les sources d'eau
potable, les sources d'électricité et l'état des
routes ; d'autres infrastructures ont également été
recensées telles que les églises, les stades de football, la case
éco touristique de Nkoélon, le foyer culturel de Biboulemam et le
logement pour enseignant de Tya'assono.
Les AGRs incluent l'agriculture, la chasse, la pêche, la
collecte des PFNLs, et l'activité salariale. Hormis les salaires et les
pensions retraites, les activités les plus rentables à Akak et
à Biboulemam sont le petit commerce et la chasse ; l'agriculture
vient en troisième position ; à Tya'assono c'est
l'agriculture et la chasse. Tya'assono dénombre le plus grand nombre de
salariés et de retraités. Les dépenses des ménages
sont plus orientées vers les acquis humains. Le produit d'élevage
dominant dans les trois communautés est le poulet. Le bois de chauffe et
le pétrole sont les sources d'énergie les plus
consommées.
Comme facteurs qui influencent le fonctionnement des
entités de gestion, le développement des initiatives
communautaires et l'esprit associatif sont de bons atouts pour la
communauté d'Akak ; l'interdiction aux populations de couper
certaines essences à Biboulemam est un atout pour préserver les
espèces en voie de disparition dans leurs forêts et
jachères ; le dynamisme du nouveau bureau de AFSONO et la
diminution de la coupe illicite du bois sont des atouts importants pour
Tya'assono.
L'évaluation des moyens d'existence a montré
qu'à Akak, les capitaux humain et physique ont une valeur passable, le
capital social est élevé, les capitaux financier et naturel sont
élevés. A Biboulemam, tous les capitaux ont une valeur assez
faible sauf le capital naturel qui est élevé et à
Tya'assono, tous les acquis sont assez élevés.
5.2. Recommandations
Au terme de ce travail, nous proposons les recommandations
suivantes :
Le WWF devrait:
- accentuer les formations sur l'esprit d'entreprenariat pour
renforcer les capacités des communautés ;
- encourager les différentes formes d'épargne
surtout dans les communautés de Biboulemam et Tya'assono afin d'orienter
les revenus issus des différentes AGRs ;
- encourager l'activité agricole et
l'élevage ;
- s'assurer que les besoins des femmes sont pris en compte
lors de la révision des PSGs ;
- encourager les initiatives communautaires ;
- renforcer les capacités des dirigeants et de
permettre à tous les volontaires d'assister aux diverses formations
organisées ;
- créer des activités parallèles comme
c'est le cas de la gestion de la case éco-touristique de Nkoélon
ou de la case de santé communautaire de Biboulemam ;
- encourager l'éducation sur la gestion durable des
ressources naturelles dès le cycle primaire et de renforcer
l'instruction primaire chez les Pygmées.
Les organisations locales d'appui devraient :
- encourager l'esprit associatif au sein de chaque
communauté ;
- travailler en collaboration rapprochée avec les
communautés ;
- accompagner les communautés dans toutes les
initiatives ;
- être plus présentes dans ces
communautés.
Les communautés d'Akak, de Biboulemam et
Tya'assono devraient:
- continuer à développer les initiatives
communautaires ;
- impliquer davantage les jeunes et les femmes dans la gestion
des EFCs ;
- favoriser la création d'une section pour les
activités des femmes (hormis la cuisine) et des jeunes qui pourrait
permettre à ceux-ci de se sentir plus concernés dans le
processus ;
- intégrer l'exploitation des PFNLs pour les femmes et
les enfants lors de la révision des PSGs ;
- alterner les réunions entre Biboulemam centre et
Awomo afin de contribuer à une meilleure intégration des
Pygmées au sein de l'unité de gestion ;
- quant aux populations d'Akak, d'assurer une meilleur
répartition des ouvriers au sein des villages ;
- les communautés doivent s'assurer que tous les
membres de l'organe de gestion ont une résidence permanente dans leur
communauté respective ;
- devraient se concentrer sur l'exploitation artisanale comme
le préconise la Loi N°94 et cibler le marché local.
BIBLIOGRAPHIE
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