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Genèse et morphodynamique actuelle des bas-fonds saheliens : caractérisation des bas-fonds de Birnin Lokoyo, Doutchi et Sormo

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par Bachir ABBA
Université Abdou Moumouni de Niamey - Maitrise en géographie 2004
  

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1. 2. Les Caractéristiques climatiques

Le climat est déterminé par l'alternance de deux flux aériens : une masse d'air chaud et sec de direction NE-SW, qui prend son origine dans les hautes pressions sahariennes et une autre masse d'air humide qui est originaire des hautes pressions tropicales (Anticyclone de Saint Hélène). Il se caractérise par la constance de la chaleur, la saisonnalité et la fluctuation inter annuelle des précipitations.

Pour caractériser le climat de nos sites d'étude nous avons analysé les données des stations météorologiques de Dogondoutchi (1923-2003), de Gaya (1931-2003) et le poste pluviométrique de Matankari (1985-2003).

1. 2. 1. Les conditions pluviométriques

Pour l'analyse des précipitations, nous avons utilisé les données de la station de Doutchi qui dispose des données depuis 1923, la station de Gaya (1931) et celle de Matankari la plus récente disposant d'un relevé à partir de 1985. Pour l'étude des données annuelles, nous avons construit des graphiques des écarts en pourcentage de la moyenne annuelle des précipitations ainsi que les courbes de variation de la pluviométrie.

De nos analyses, il ressort que la pluviométrie est erratique; aucune régularité, ni en terme de quantité ni en terme de distribution, ne peut être assurée d'une année à une autre. Pour l'ensemble des stations, trois sécheresses ont été enregistrées entre 1969 et 1973, 1984 et 1985 et enfin 1992 et 1993 après une période de précipitations abondantes très supérieures à la moyenne de 1950 à 1967.

Le tableau 1 montre que les précipitations sont aléatoires aussi bien dans le temps que dans l'espace.

Tableau 1: Evolution des moyennes pluviométriques

Année

Stations

1931-1960

1940-1969

1970-1999

Doutchi-13°38'39»N

632.72

546.93

461.13

Gaya 11°52'30» N

860.05

850.05

814.43

Matankari- 13°46'N

-

-

459.3*1

 

Ce tableau montre l'importante diminution de la pluviométrie, qui reflète la péjoration climatique qui affecte le Sahel depuis plus de trois décennies.

Cependant pour mieux caractériser cette région, nous avons distingué deux domaines. Le domaine sahélien situé plus au Nord dont l'analyse a porté sur la station de Doutchi et le poste pluviométrique de Matankari.

De l'analyse des totaux pluviométriques annuels de la station de Doutchi, on s'aperçoit que jusqu'en 1966 les précipitations annuelles ont été généralement supérieures à la moyenne (calculée sur la période de 1923-2003) et restent en deçà de cette moyenne à partir de 1969.

Depuis 1969 les déficits sont pratiquement chroniques et ont tendance à s'accentuer, les records ayant été enregistrés pendant les années de grandes sécheresses. Le déficit pluviométrique calculé sur le quinquennat 1985-1989, par comparaison à celui du quinquennat 1950-1954 est de l'ordre de 49 %. Une tendance générale à l'assèchement du climat s'affiche depuis le début des années 1970 (figure 2). L'analyse de la courbe de moyennes mobiles avec pas de cinq (5) ans montre une succession d'années sèches et humides plus ou moins longues.

Il s'agit de la moyenne de 1985 à 2003.

Figure 1: Courbes de variation des précipitations à Doutchi (1923-2003)

1923 1927 1931 1935 1939 1943 1947 1951 1955 1959 1963 1967 1971 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003

Total annuel Moy Moy. Mobile

Precipitations mm

1100

1000

400

200

900

700

600

500

300

800

100

0

Source:DMN

Figure 2: Écarts à la moyenne station de Douthi (1950-2003)

Source: DMN

Pour le poste pluviométrique de Matankari, même si par ailleurs la durée des observations dont on dispose ne nous permet pas de déceler la tendance puisqu'elle n'atteint pas la norme de l'OMM (30 ans), l'analyse de l'évolution de la pluviométrie montre une irrégularité de précipitations dont la hauteur est variable d'une année à l'autre et révèle une tendance à la baisse (figure 3). La moyenne

annuelle de 1985 à 2003 est de l'ordre de 459.3 mm, le minimum (258.9 mm) et le maximum (759.7 mm) ont été enregistrés respectivement en 1990 et 1991.

Au cours de cette période on peut distinguer deux phases de 1985 à 1993, la pluviométrie a été généralement en dessous de la moyenne, seule une année (1991) a eu des précipitations supérieures à 459.3 mm, soit un surplus de 65.4 %.

Figure 3: Courbes de variation de précipitations à Matankari (1985-2003)

Source: DMN

De 1994 à 2003 la tendance se renverse, les hauteurs se situent au-dessus de la moyenne à l'exception de trois années (1997, 1998, 2001) qui ont enregistré respectivement des déficits de l'ordre de 5.7, 8.2, et 13.4 % (figure4).

Figure 4: Écarts à la moyenne station de Matankari (1985-2003)

L'analyse des courbes de variations de la pluviométrie de la station de Gaya (Figure 5) montre une fluctuation inter annuelle de précipitations (une alternance d'années sèches et d'années d'excellente pluviométrie.) Les années ont été le plus souvent excédentaires que déficitaires. Cependant le déficit a parfois concerné plusieurs années consécutives notamment (1972, 1973, de 1982 à 1984) années de grandes sécheresses sur l'ensemble du territoire national.

Figure 5: Courbes de variation de précipitations à Gaya (1931- 2003)

Precipitations mm

1200

1100

1000

400

200

900

800

700

600

500

300

100

0

Total annuel Moy mobile Moyenne

Source: DMN

Figure 6: Écarts à la moyenne station de Gaya (1950-2003)

La station enregistre d'importantes précipitations comparativement à la station de Doutchi et le poste pluviométrique de Matankari et même au reste du pays. En effet, avec moins de 800 mm en année de pluviométrie moyenne et plus ou moins 1000 mm pour les années de bonne pluviométrie et une saison de pluies de huit (8) mois, on se permet de qualifier le climat de cette station de climat sahélo-soudanien ou nord soudanien.

Les courbes de variation des précipitations au niveau de ces stations montrent d'une part une variabilité inter annuelle et d'autre part une tendance à la baisse des précipitations. D'une manière générale, ce qui caractérise les précipitations pour l'ensemble des stations, c'est la variabilité et la persistance de cette variabilité. On constate que depuis le début des années 1970 la pluviométrie connaît une baisse progressive. Ceci apparaît nettement sur les graphiques qui expriment les écarts par rapport à la moyenne. Cependant pour chacune de ces stations, la fin de la série laisse entrevoir une augmentation des précipitations.

D'une manière générale, cette région est confrontée à des graves déficits pluviométriques, ce qui n'est pas sans conséquences sur l'environnement et les activités socio-économiques de populations. La signification écologique de cette variabilité n'est pas toutefois facile à mettre en évidence, car elle touche aussi bien l'importance de précipitations que la durée de saisons, leur date d'apparition, le nombre de jours de pluies, la fréquence des épisodes secs et humides au cours de la saison de pluies. Les répercussions de ce phénomène d'assèchement sont considérables et concernent plusieurs domaines :

· Hydrologique: on assiste à une modification du régime des mares.

· Morphologique: il s'agit de la reprise de l'érosion sur les versants, le ruissellement se généralise, on assiste donc à l'apparition des rigoles, des ravines. Les conséquences sont assèchement des mares qui vont voir leur profondeur se réduire et s'assèche très vite.

· Sur le plan agronomique, on enregistre le plus souvent des déficits. C'est ce qui d'ailleurs affecte actuellement le Niger et tant d'autres pays sahéliens.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand