Pour l'analyse des précipitations, nous avons
utilisé les données de la station de Doutchi qui dispose des
données depuis 1923, la station de Gaya (1931) et celle de Matankari la
plus récente disposant d'un relevé à partir de 1985. Pour
l'étude des données annuelles, nous avons construit des
graphiques des écarts en pourcentage de la moyenne annuelle des
précipitations ainsi que les courbes de variation de la
pluviométrie.
De nos analyses, il ressort que la pluviométrie est
erratique; aucune régularité, ni en terme de quantité ni
en terme de distribution, ne peut être assurée d'une année
à une autre. Pour l'ensemble des stations, trois sécheresses ont
été enregistrées entre 1969 et 1973, 1984 et 1985 et enfin
1992 et 1993 après une période de précipitations
abondantes très supérieures à la moyenne de 1950 à
1967.
Le tableau 1 montre que les précipitations sont
aléatoires aussi bien dans le temps que dans l'espace.
Tableau 1: Evolution des moyennes
pluviométriques
Ce tableau montre l'importante diminution de la
pluviométrie, qui reflète la péjoration climatique qui
affecte le Sahel depuis plus de trois décennies.
Cependant pour mieux caractériser cette région,
nous avons distingué deux domaines. Le domaine sahélien
situé plus au Nord dont l'analyse a porté sur la station de
Doutchi et le poste pluviométrique de Matankari.
De l'analyse des totaux pluviométriques annuels de la
station de Doutchi, on s'aperçoit que jusqu'en 1966 les
précipitations annuelles ont été
généralement supérieures à la moyenne
(calculée sur la période de 1923-2003) et restent en
deçà de cette moyenne à partir de 1969.
Depuis 1969 les déficits sont pratiquement chroniques
et ont tendance à s'accentuer, les records ayant été
enregistrés pendant les années de grandes sécheresses. Le
déficit pluviométrique calculé sur le quinquennat
1985-1989, par comparaison à celui du quinquennat 1950-1954 est de
l'ordre de 49 %. Une tendance générale à
l'assèchement du climat s'affiche depuis le début des
années 1970 (figure 2). L'analyse de la courbe de moyennes mobiles avec
pas de cinq (5) ans montre une succession d'années sèches et
humides plus ou moins longues.
Il s'agit de la moyenne de 1985 à 2003.
Figure 1: Courbes de variation des
précipitations à Doutchi (1923-2003)
1923 1927 1931 1935 1939 1943 1947 1951 1955 1959 1963 1967
1971 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003
Total annuel Moy Moy. Mobile
Precipitations mm
1100
1000
400
200
900
700
600
500
300
800
100
0
Source:DMN
Figure 2: Écarts à la moyenne station de
Douthi (1950-2003)
Source: DMN
Pour le poste pluviométrique de Matankari, même
si par ailleurs la durée des observations dont on dispose ne nous permet
pas de déceler la tendance puisqu'elle n'atteint pas la norme de l'OMM
(30 ans), l'analyse de l'évolution de la pluviométrie montre une
irrégularité de précipitations dont la hauteur est
variable d'une année à l'autre et révèle une
tendance à la baisse (figure 3). La moyenne
annuelle de 1985 à 2003 est de l'ordre de 459.3 mm, le
minimum (258.9 mm) et le maximum (759.7 mm) ont été
enregistrés respectivement en 1990 et 1991.
Au cours de cette période on peut distinguer deux
phases de 1985 à 1993, la pluviométrie a été
généralement en dessous de la moyenne, seule une année
(1991) a eu des précipitations supérieures à 459.3 mm,
soit un surplus de 65.4 %.
Figure 3: Courbes de variation de précipitations
à Matankari (1985-2003)
Source: DMN
De 1994 à 2003 la tendance se renverse, les hauteurs
se situent au-dessus de la moyenne à l'exception de trois années
(1997, 1998, 2001) qui ont enregistré respectivement des déficits
de l'ordre de 5.7, 8.2, et 13.4 % (figure4).
Figure 4: Écarts à la moyenne station de
Matankari (1985-2003)
L'analyse des courbes de variations de la pluviométrie
de la station de Gaya (Figure 5) montre une fluctuation inter annuelle de
précipitations (une alternance d'années sèches et
d'années d'excellente pluviométrie.) Les années ont
été le plus souvent excédentaires que déficitaires.
Cependant le déficit a parfois concerné plusieurs années
consécutives notamment (1972, 1973, de 1982 à 1984) années
de grandes sécheresses sur l'ensemble du territoire national.
Figure 5: Courbes de variation de précipitations
à Gaya (1931- 2003)
Precipitations mm
1200
1100
1000
400
200
900
800
700
600
500
300
100
0
Total annuel Moy mobile Moyenne
Source: DMN
Figure 6: Écarts à la moyenne station de
Gaya (1950-2003)
La station enregistre d'importantes précipitations
comparativement à la station de Doutchi et le poste
pluviométrique de Matankari et même au reste du pays. En effet,
avec moins de 800 mm en année de pluviométrie moyenne et plus ou
moins 1000 mm pour les années de bonne pluviométrie et une saison
de pluies de huit (8) mois, on se permet de qualifier le climat de cette
station de climat sahélo-soudanien ou nord soudanien.
Les courbes de variation des précipitations au niveau
de ces stations montrent d'une part une variabilité inter annuelle et
d'autre part une tendance à la baisse des précipitations. D'une
manière générale, ce qui caractérise les
précipitations pour l'ensemble des stations, c'est la variabilité
et la persistance de cette variabilité. On constate que depuis le
début des années 1970 la pluviométrie connaît une
baisse progressive. Ceci apparaît nettement sur les graphiques qui
expriment les écarts par rapport à la moyenne. Cependant pour
chacune de ces stations, la fin de la série laisse entrevoir une
augmentation des précipitations.
D'une manière générale, cette
région est confrontée à des graves déficits
pluviométriques, ce qui n'est pas sans conséquences sur
l'environnement et les activités socio-économiques de
populations. La signification écologique de cette variabilité
n'est pas toutefois facile à mettre en évidence, car elle touche
aussi bien l'importance de précipitations que la durée de
saisons, leur date d'apparition, le nombre de jours de pluies, la
fréquence des épisodes secs et humides au cours de la saison de
pluies. Les répercussions de ce phénomène
d'assèchement sont considérables et concernent plusieurs domaines
:
· Hydrologique: on assiste à une modification du
régime des mares.
· Morphologique: il s'agit de la reprise de
l'érosion sur les versants, le ruissellement se
généralise, on assiste donc à l'apparition des rigoles,
des ravines. Les conséquences sont assèchement des mares qui vont
voir leur profondeur se réduire et s'assèche très vite.
· Sur le plan agronomique, on enregistre le plus souvent
des déficits. C'est ce qui d'ailleurs affecte actuellement le Niger et
tant d'autres pays sahéliens.