3. 2. 1. Aménagement dans les bas-fonds
Lorsque, en zone soudano-sahélienne, on cherche
à participer au développement d'un groupe de villages ou d'une
petite région par la mise en valeur des bas-fonds, on se heurte
d'emblée à un problème de maîtrise des eaux des
écoulements tant superficiels que souterrains (ALBERGEL et al; 1993,
LIDON et al; 1996)
L'utilisation efficace des bas-fonds implique l'installation
des ouvrages destinés à la maîtrise de l'eau pour mettre
les terres à l'abri de crues. Cependant ces ouvrages doivent être
techniquement fiables et gérables par les bénéficiaires,
en effet les bas-fonds sont des écosystèmes fragiles et
facilement dégradables.
Pour le bas-fond de Birnin Lokoyo, nous proposons la
réalisation de seuils d'épandage pour l'aménager en amont
où il est incisé. Les seuils d'épandage sont des mesures
« logiques » pour réhabiliter les bas-fonds
dégradés sans perturber tout le système hydrique en
équilibre relatif antérieur à la dégradation. Ce
type d'aménagement doit être accompagné par des mesures
biologiques car c'est seulement de cette manière qu'une mise en valeur
des eaux et des sols sera possible de manière durable (BENDER et
OUSSEINI; 2000). Des digues filtrantes sont envisageables au niveau des
bas-fonds où l'écoulement est en nappe pour favoriser la
sédimentation et même temps accroître l'infiltration.
Pour les berges la stabilisation par des mesures biologiques pour
empêcher l'élargissement par sapement de berges.
La revégétalisation est une mesure efficace pour
freiner la vitesse du ruissellement sur le lit mineur du bas-fond. La mise en
place du brise-vent permet de lutter efficacement contre la
sédimentation du fond de la mare par apport éolien.
Tout aménagement dans le bas-fond de Doutchi vise
à rendre pérenne la mare de Tapkin Sao. Pour stabiliser la zone
d'épandage et empêcher le développement de ravines à
lexemple de celles observées à Doutchi, Nous préconisons
un traitement par des mesures biologiques quand on sait
qu'en amont, où la végétation est assez
fournie, l'écoulement devient en nappe et les koris ont plutôt
tendance à déposer leur charge du fait de la faible pente. Cette
mesure pourrait empêcher le ravinement, et par là freiner la
vitesse de comblement de la mare. Cependant, les diguettes de pierre libres ou
encore en terre, les bandes d'herbes en touffes sont aussi des mesures
appropriées.
Pour le cas de Sormo, l'aménagement visera à
renverser la dynamique du kori principal comme le souhaitent les exploitants
qui se plaignent de l'inondation qui endommage les cultures lors de la crue. Le
seuil d'épandage accompagné des mesures biologiques permettra de
stabiliser ce kori et de réduire l'écoulement.
Le surcreusement de la mare afin d'augmenter sa capacité de
stockage et les protéger de l'ensablement par la mise en place d'une
levée de terre produit de déblai des mares.
Cependant la déviation dont nous avons
évoqué plus haut, peut à la longue jouer un rôle
dans la baisse de la nappe phréatique surtout avec la tendance
générale à la baisse de la pluviométrie (figure 8)
donc l'existence de cette mare à l'avenir.
Eu égard à cette dynamique nous pensons que la
déviation du kori n'est pas une solution comme pensent les exploitants,
car ils évoquent le problème de la salinité (GEURO &
DAN LAMSO; 2003). Il serait la intéressant de songer à faire
aménagement ouverts car les inondations réduisent les risque de
salinisation toujours élevés dans ces milieux (GEURO &
EVEQUOZ ; cités par BENDER ET OUSSEINI ; 2000)
Pour les mares, qui se trouvent au sein de ces bas-fonds le
curage est une technique qui permettra d'augmenter la capacité de
stockage à condition qu'il soit adapté à la dynamique
générale du bassin versant. En effet il peut entraîner le
ravinement en amont et accroître la sédimentation.
Souvent les aménagements proprement dits sont
implantés dans les bas-fonds, l'étude doit s'étendre aux
versants dont la mise en valeur et la protection (anti-érosive
notamment) sont essentielles à la réussite de l'ensemble.
L'aménagement de bas-fonds est donc abordé ici comme un
élément de gestion rationnelle de ressources naturelles, devant
être intégré dans un cadre plus vaste de gestion de
terroir. C'est pourquoi l'aménagement des unités
géodynamiques amont est une condition sine qua non pour la
réussite de toute action d'aménagement dans le bas-fond.
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