2. Hypothèses de départ
Afin d'orienter notre réflexion sur la dynamique actuelle
au sein de ces milieux humides à fortes contraintes nous avons
essayé de vérifier les hypothèses suivantes.
La dynamique qui affecte ces milieux humides résulterait
de l'évolution des conditions climatiques et de l'action anthropique.
Les transformations des caractéristiques
écologiques sont à l'origine de la modification des
systèmes, donc à l'origine de problèmes qui affectent ces
milieux.
3. Méthodologie
3. 1. Raison du choix
Nous devons notre connaissance sur le phénomène
d'érosion à nos enseignants BOUZOU MOUSSA I. et FARAN MAIGA O.
qui nous ont conduits sur le terrain dans le secteur de Karma où
l'érosion hydrique aussi bien qu'éolienne sont actives. C'est
là un premier pas pour cerner sur le terrain certaines
réalités des enseignements acquis théoriquement en
géomorphologie. À OUSSEINI I., qui nous a dispensé le
cours de l'UV 346 A (Analyse des milieux naturels et des paysages), au Pr.
WINISTORFER J. qui nous a appris beaucoup de chose en année de
maîtrise à travers deux sorties sur le terrain au cours desquelles
nous avons été amenés à voir diverses
réalisations en matière de CES-DRS notamment dans le secteur de
Karma et les aménagements hydroagricoles à Tillabéri et un
mini-barrage à Tondibiya gorou. Toutes ces réalisations
observées visent une meilleure protection de l'environnement physique
fragilisé par l'action conjuguée des facteurs naturels et
anthropiques. Ces facteurs ont des impacts sur les milieux humides
sahéliens, vers lesquels l'espoir est tourné après une
série de crises (sécheresses) ayant engendré des
dysfonctionnements environnementaux. C'est pourquoi, le gouvernement
nigérien a fait de la mise en valeur des bas-fonds un thème
central de sa politique d'intervention pour atténuer les effets de la
grande sécheresse de 1983-1984 (MONCHALIN; 1992).
Les milieux humides occupent une place de choix dans les
stratégies de lutte contre la pauvreté en milieu rural bien
qu'ils occupent une proportion faible dans les paysages Ouest africains 5
à 10 % (ALBERGEL & al; 1993). C'est pourquoi les paysans se sont
beaucoup intéressés aux terres des bas-fonds depuis la
sécheresse des années 1984-1985. Mais ces
écosystèmes subissent une dégradation poussée se
traduisant par une baisse de leur potentiel de production et souvent par des
conflits divers. Devant l'ampleur de ce phénomène, les actions
entreprises par les paysans se sont avérées inefficaces. C'est
pour apporter notre modeste contribution à l'étude de ces milieux
que nous avons accepté de travailler avec l'équipe du programme
de recherche Dynamique et Gestion Bas-fonds Sahéliens qui nous a
proposé le thème: Genèse et morphodynamique
actuelle des bas-fonds sahéliens: caractérisation des bas-fonds
de Birnin Lokoyo, Doutchi et Sormo (région de Dosso).
3. 2. Matériels et méthode
Pour aboutir aux objectifs fixés dans le cadre de ces
travaux d'étude et de recherche, nous avons opté pour l'analyse
systémique, le bas-fond est considéré comme un
système intégré dans un système plus large donc en
interrelation avec les autres unités paysagères. Le
système est défini
comme un ensemble d'éléments en interaction
dynamique, organisé en fonction d'un but (de ROSNAY 1977). L'analyse
systémique est une méthode servant à voir l'infiniment
complexe. Elle s'articule au tour de deux aspects dont : l'aspect structurel
qui permet d'identifier, de délimiter et de caractériser les
unités géodynamiques et l'aspect fonctionnel à partir
duquel on peut évaluer le flux et/ou l'échange de la
matière entre les différentes unités de la séquence
paysagère.
Pour mener à bien notre étude, nous avons
respecté la méthodologie du programme de recherche programme de
recherche DGBS qui comporte trois niveaux d'analyse.
Niveau régional: il consiste à
caractériser les bassins versants choisis dans leur contexte
régional, c'est-à-dire cerner le contexte physique dans lequel
sont créés les bas-fonds. Il s'agit de présenter le milieu
biophysique (la géologie, l'hydrogéologie, l'hydrologie, le sol,
la végétation, la morphologie, le climat et les dynamiques
érosives), l'objectif étant ici de faire l'esquisse d'une
typologie des bas-fonds.
Niveau local: ce niveau consiste à
caractériser le bas-fond et son bassin versant, les composantes
physiques à la délimitation du bassin versant et des
différentes unités morphogiques.
Et enfin le troisième et le dernier niveau d'analyse
consiste en la caractérisation des détails. Elle
s'est faite à partir des critères de lithologie, d'altitude, de
la topographie (pente), de la géomorphologie, du sol, du couvert
végétal et de la dynamique érosive.
3. 2. 1. Démarche
3. 2. 1. 1 Recherche documentaire
C'est la première étape qui a consisté
à l'étude des documents cartographiques (cartes topographiques et
géologiques) pour localiser et délimiter les bassins versants et
les caractériser du point de vue géologique, des photographies
aériennes qui nous ont donné des situations ponctuelles notamment
celles de 1975 et 1996 et le traitement des données climatiques; une
série des documents sur les sites, et ayant traité des sujets en
rapport avec le thème. Cette phase s'est déroulée à
Niamey et nous a conduit à visiter les bibliothèques de la
coopération Suisse, de l'IRD, du CIDES, au niveau des ministères,
de la FLSH et de la FA... et auprès des services techniques
déconcentrés de Doutchi, de Gaya et de Matankari.
3. 2. 1. 1 Le camp de terrain
Le camp de terrain constitue l'étape la plus
décisive. Elle a consisté en des missions pendant lesquelles ont
été faites des observations afin d'appréhender les
facteurs déterminants de la dynamique qui affecte les bassins versants.
Nous avons procédé au cours de cette étape à des
mesures des dimensions des koris (profondeurs et largeurs). Certaines coupes
ont fait l'objet d'échantillonnage en vue d'une meilleure connaissance
de la texture des sols et des conditions des dépôts des agents de
transport.
3. 2. 1. 3 Le laboratoire
Le travail au laboratoire a consisté d'une part
à l'analyse granulométrique afin de connaître la texture
des sols pour déterminer les agents de transport ainsi que le milieu de
sédimentation. Pour chaque échantillon, nous avons
prélevé 100g de sédiments qui sont soumis au tamisage
mouillé. Après séchage, la fraction de sable est soumise
au tamisage à sec. Les résultats ont servi à tracer les
courbes de fréquences relatives et cumulées. D'autre part, ce
travail a consisté en la réalisation des cartes des unités
géodynamiques et contraintes de différentes années afin de
les comparer pour mieux connaître la dynamique actuelle dans ces bassins
versants.
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