A - DROIT D'ENTREE OU PRIX D'ENTREE ?
Le Produit des Droits
d'entrée est perçu au profit du musée
\u9312@, qui exploite les revenus pour le
financement de ses activités diverses, ce qui nous pousse à
demander si c'est le même cas pour tous les musées publics ou
privés ?
Les musées tunisiens, comme ceux
français relèvent en grande partie du secteur public qui affirme
que, comme le droit à la santé et le droit à
l'éducation, le droit à la culture est une mission à
satisfaire essentiellement par l'autorité publique. C'est dans cette
optique que les musées, dont l'origine est publique, n'envisagent pas
l'objectif de rentabilité financière comme une
priorité.
Mais la situation est différente pour
les musées d'origine privée, là ou le prix d'accès
et les coûts de fréquentation sont les plus cherchés et
les plus visés de la part des investisseurs et des
`commerçants.'
Dans les établissements
muséaux tunisiens ,le droit d'entrée n'est plus
considéré comme étant un facteur de rentabilité
financière mais, plutôt un facteur de
rentabilité sociale permettant de rendre
les établissements muséaux des lieux de rencontre et des espaces
ouverts et accécssibles au plus grand nombre des visiteurs surtout
tunisiens.
1-article 1du décret du 17-04-1907
susvisé.
A fin d'atteindre cet objectif,
les responsables sont tenus d'intégrer le musée dans son
environnement politique et urbain, soit à travers les actions
spécifiques et les moyens modernes de communication tel que la
publicité, les affiches,les guides et surtout les médias qui
présentent ,actuellement,des supports indispensables et essentiels pour
toucher un public élargi (plusieurs émissions sont
réalisées dans l'intérêt de rendre le patrimoine,
les oeuvres ,les sites et les monuments d'intérêt historique
,artistiques et culturels plus proches de toutes les sphères du
public :élèves, jeunes, étudiants, adultes et
handicapés )\u9312@
Soit à travers
l'organisation de grandes manifestations culturelles tels que : le mois
du patrimoine, les jours mondiaux des musées, des monuments et des
sites culturels.
De même, et ce qui est le
plus important, par l'organisation de la vie du musée ; qui doit
être ouvert six jours sur sept (comme il est le cas pour, presque, toutes
les institutions muséales tunisiens) et à travers la fixation
d'un prix d'entrée qui soit à la portée de toutes les
catégories de la population et qui ne sert qu'à valoriser le
service muséal aux yeux de ses utilisateurs.
Ainsi, le prix d'entrée ne
peut être considéré comme une véritable
déterminante de la fréquentation du fait que plusieurs
musées dont les tarifs sont parmi les plus élevés
affichent des taux de fréquentation très importantes.
D'ailleurs le Musée National de Bardo a accueilli plus
que 600.000visiteurs, pendant l'année
2003, le musée archéologique de Sousse
60.000 et 20.000 pour le musée
traditionnel et populaire de Djerba. \u9313A
Cependant, pour plusieurs autres dont les tarifs sont moins
élevées et trop basses, les taux de fréquentation
demeurent beaucoup plus faibles même, pendant les grandes manifestations
culturelles, telles que, Dar Ben Abdallah, \u9314B
et Le musée de la poste....
A la lumière de ce que
nous venons d'exposer, on peut déduire que le musée n'est plus
un simple « geste architectural qui marque la
ville. \u9315C» mais plutôt
c'est un `projet scientifique' comme l'explique Jean
Pierre Cusin, le Directeur de l'Inspection Générale des
Musées de France. \u9316D
1-Citons l'exemple de l'émission
à caractère culturel, intitulée `connais ton
pays'.
2-le renouveau du15-05-2003.
3-à savoir la journée mondiale des
monuments et des sites archéologique, le moins du patrimoine, la
journée mondiale des musées, le 1er dimanche de chaque mois, les
jours fériés ...
4- le Monde mardi 2-02-1993, p.16.par SINTES
Claude.
5-le monde 02-02-1993, p.16.
Aujourd'hui, les musées tunisiens
sont obligés , pour répondre aux attentes des visiteurs
;tunisiens et étrangers ,jeunes et âgés, de dresser de
véritables stratégies et de réviser leur système de
fonctionnement dans l'intérêt de mieux adapter au nouveau
contexte,afin de rapprocher les publics éloignés et ceux qui ont
des difficultés à se déplacer- tels que les adultes dans
les quartiers défavorisés, jeunes isolés dans les
montagnes et les personnes du troisième age -de la vie culturelle et des
centres urbains. Pour cela, l'institution nécessite de mieux
diversifier ses services annexes sans autant s'éloigner de sa principale
mission éthique de démocratisation culturelle.
B- LA DEMOCRATISATION
CULTURELLE :
La fixation d'un prix d'entrée ,
d'une manière ou d'une autre,est largement liée à la
mission du service public assignée aux institutions muséales,
surtout celles dont l'origine est publique qui veut que celles ci soient
accessibles à tous .Or ,le service public muséal et culturel
nécessitent d'être analyser au regard de ce qu'on appelle le
droit à la culture ;La culture ,en tant que composante
essentielle de toutes les activités humaines et de tous les droits de
l'homme \u9312@
, s'est largement diversifiée et enrichie en fonction du temps
.\u9313A
Malgré le
silence de la constitution tunisienne en ce qui concerne le droit à la
culture, que plusieurs autres législations ont reconnu directement
\u9314B, Les
autorités publiques et politiques n'hésitent pas, il y a quelques
années, à renforcer les capacités (matérielles et
financières) dans l'objectif que la culture soit l'occupation de tous et
offerte à tous. , vu que sur le plan pratique il n'est plus
aisé de séparer le culturel de l'éducatif, du social et
même du commercial \u9315C De
sa part, le service muséal, comme tout autre service culturel, vise
depuis toujours à être ouvert, gratuit, compréhensible et
accessible \u9316D à tous, par ce que
"les grandes oeuvres d'art ne sont grandes que par ce qu'elles
sont accessibles et compréhensibles à tous."\u9317E
Or, la fixation d'un prix
d'entrée \u9318F fait- elle du droit
à la culture un droit prépayé? Ou un critère de
choix de ceux qui puissent être acceptés et
bénéficiés du dit droit?
1-MEYR-BISH Patrice, les droits culturels, projet de
déclaration, ed UNESCO, Paris, collection Interdisciplinaire, VOL 25,
p.3.
2-on parle récemment des industries
culturelles
3-l'exemple du droit français.
4l'institution muséale moderne est le meilleur
exemple. Elle marque l'intervention de plusieurs acteurs: A.M.V.P.P.C .L'office
National du tourisme, l'I.N.P...
5-voir annexe concernant les droits d'entrée :
l'augmentation au niveau du prix d'entrée ne dépasse pas 3 dinars
(pour les musées relevant de la première catégorie) entre
la période de 86 à 2000. C.à.d.: un moyen d'augmentation
de moins de trois cents mil limes pour l'année.
6-TOLSTI Léon, in qu'est ce que
l'art ? , p.89.
7-dans sa conception économique.
Il est incontestable que la
considération du prix d'entrée comme étant une contre
partie du service muséal peut endommager, sans doute, la mission
essentielle et éthique de l'institution
\u9312@ étant donné qu'elle
traite les activités culturelles menées au sein de
l'établissement comme étant des services
"vendus".
Le droit d'entré, à lui seul,
ne fait pas de véritables problèmes ,mais la fixation du dit
droit nous pousse (plusieurs
visiteurs)\u9313A à penser qu'il
demeure une limite et une barrière à l'accessibilité
,puisque la consultation des arrêtés portant à la fixation
des droits d'entrée pour les musées tunisiens permet de constater
qu'il est mis en place des tarifs réduites
\u9314B outre la gratuité du service
muséal pour certaines catégories de visiteurs
énumérées à titre limitatif dans l'article
5 de l'arrête des Ministères des Finances et de
la Culture du 8 Avril 1996 portant fixation
des droits d'entrée aux musées, monuments historiques et sites
archéologiques ;à savoir ,les élèves * ,les
étudiants* ,les enfants âgés de moins de
six ans accompagnant des visiteurs ayant acquitté les droits
d'entrée ,les personnes handicapées ,les journalistes
présentant une carte de journaliste professionnelle
délivrée par les autorités compétentes ,les membres
du corps enseignant sur présentation d'une carte professionnelle ,les
militaires et les agents de l'ordre en uniforme ,les associations sportives ou
de jeunesse sur demande écrite adressée à l'Agence et les
personnes titulaires des cartes ICOM et ICOMOS.
Il serait possible, donc, de
déduire que les musées relevant du secteur public se trouvent
confrontés à deux objectifs : d'une part la volonté
d'accroître au plus large possible la fréquentation, ce qui peut
rendre directement ou indirectement la culture plus accessible, en
privilégiant la gratuité et les tarifs réduits.
D'autre part, la volonté des gestionnaires peut
contribuer à la démunissions voire même l'échec du
service muséal.
La politique de gratuite et du faible prix
d'entrée, peut engendrer plusieurs problèmes de
dévalorisation, platitude, dégradation et banalité du
service muséal en plus de l'insuffisance des revenus et du produits des
droits d'entrée pour le financement des services muséographiques,
Portant on ne peut pas nier que la gratuité est le facteur
d'égalité d'accès par excellence.
1-Nous soulignons.
2-en fonction de la diversité au
niveau des catégories et dont le seul critère de
Classification est ce lui du "prix
d'entrée".
3-adaptée dans la plupart des
musées surtout régionaux et locaux (relevant de la
Troisième et la
quatrième catégorie .exemple : Musée Dar ben Abdallah
Musée Enfidha :1 100 Musée Lamta : 1100, ,Mahdia ,
Zarzis ,Gabes...(1100millimes.)
*- muni de leurs cartes
scolaires.
*- muni de leurs cartes
d'étudiantes.
Certains auteurs soulignent d'autres
points de vue qui se rattachent essentiellement au financement du musée
.Citons le cas de Yves Tinard qui souligne qu'une
politique systématique de faibles prix
d'entrée \u9312@ ne pouvait
qu'alourdir le déficit financier des institutions
muséales , dans la mesure où un bon nombre de ces
établissements ne disposent pas de budget propre -
comme il est le cas pour la plupart des musées tunisiens
- les responsables ne se sentent pas vraiment concernés
par les résultats financières de tarifs très faibles .
De sa part,
Française Choay suggère de limiter
l'accès du public parce qu'il constitue une source de
dégradation pour les oeuvres du patrimoine
culturel, \u9313A Ce qui nous engendre un
autre problème : Celui de la dégradation
des collections du musée et de la détérioration des
collections.
En effet, exposer de
manière permanente et exploiter l'espace du musée, ouvert tous
les jours de 8 à 19heures, peut et sans le moindre doute, endommager les
oeuvres culturelles et accélérer leur
détérioration.
Si la légitimé des prix
d'entrée demeure l'une des plus importantes discussions
,Stéphanie Châtelain affirme qu'il est largement permis de penser
que la modernisation ,le développement et l'objectif de répondre
mieux aux multiples attentes du public justifient en grande partie la
modulation des droits d'entrée.
\u9314B
Qu'ils soient légitimes ou non,
les doits d'entrées nécessitent d'être accompagnés
et "alimentés" par certaines nouvelles sources
de financement qui uniquement à leur existence, la question de fixation
des droits d'entrées pourra être légitime.
1-musées et économie, 1992,
op.cit.p.236.
2-CHOAY Française," L'Allégorie du
patrimoine ", Paris, le seuil ,1992.p.181.
3-CHATELAIN Stéphanie, « Le
contrôle de gestion dans les musées», 98, op.cit.p.100
.s.
C- L'AUTOFINANCEMENT :
« Quand il n' y a
plus d'agriculture ou d'industrie, il faut faire fructifier son
patrimoine. »\u9312@
L'institution muséale en tant que
organisation a but nom lucratif ,ne vise pas à gérer des
opérations commerciales ,bien que celles- ci permettent de faire face au
multiples charges dont dispose l'institution et d'assurer une saine gestion
financière pour l'entreprise.
Pour les droits d'entrées, ils
peuvent servir, en quelques sortes, comme produit et source de financement,
mais ils sont largement insuffisants pour affronter les charges de
conservation, de restauration, de mise en valeur et d'exposition des oeuvres
d'arts.
Le monde des musées est
largement délicat et fragile de fait, outre que les charges des
activités patrimoniales, le musée souffre de plusieurs
problèmes tenant généralement à son infrastructure
: locaux modestes, vétustes et dans la plupart des cas
inadéquats (ancienne église ou zaouïa...)
\u9313A en plus de la diminution de la
fréquentation - surtout de la part des tunisiens -.
Il est
nécessaire de noter que la diminution de la fréquentation ne
signifie pas obligatoirement que les musées cessent de remplir leurs
fonctions culturelles ni que les autorités publiques n'accordent pas de
véritables importances pour la modération et le
développement des institutions culturelles privées ou publiques,
et parmi eux les musées. Mais plutôt, elle peut résulter de
plusieurs facteurs tenant, soit aux conditions climatiques défavorables,
soit aux situations politiques graves ou même à des raisons
économiques (crise, récession...), sans oublier que le citoyen et
le visiteur tunisien sont encore loin de considérer la pratique de
visiter et de partager les espaces culturels, les manifestations et parmi eux
les musées comme étant une "tradition
culturelle".
1-ROUQUETTE Jean Maurice, in le Monde 02-02-0993,
p.16.
2-le Renouveau du 15-05-03.
Aujourd'hui, pour toute entreprise
espérant d'être beaucoup plus développée et
d'accroître son rendement, nécessite un budget suffisant et
garanti. De même pour l'établissement muséal ,pour assurer
sa pérennité et serve comme une institution de transmission et de
création culturelle ,il lui faut la réalisation d'une saine
gestion financière qui passe également ,non seulement ,par une
augmentation au niveau du nombre des visiteurs ou par une évolution au
niveau des prix d'entrée ,mais aussi par la diversité et la
multiplication des services ,et les produits périphériques
,rendus et vendus dans l'espace muséal - évidemment en plus des
services culturelles -. En effet, la particularité des musées,
c'est d'être des temples où les prêtres
cherchent à avoir des servants des cultes, il faut donc
arriver à faire fonctionner cette
harmonie"\u9312@
Prévoir pour l'institution
muséale, le droit d'opter pour son autofinancement ne peut être ni
une obligation pour qu'elle réalise systématiquement des
bénéfices ou des gains économiques, ni un alourdissement
de ses capacités financières par des pertes
systématiques. Néanmoins, le recours à l'autofinancement
peut servir comme étant une véritable façon et
manière pour faire face à l'insuffisance des sommes et des
produits consacrés au financement des activités
muséographiques ; subdivisions directement versées par les
services responsables de l'Etat ou provenant des droits d'entrée et de
photographies.
Ainsi, on constate que la
nécessite contraint les établissements muséaux, quelles
que soient leur statut et leur taille, à recourir à des
activités et des opérations abusivement mercantiles
\u9313A pour répondre essentiellement
et uniquement aux attentes du publics. Tel est le cas pour la plupart des
institutions muséales mondiales, publics ou privés, Comme La
National Gallery à Londres, La Pinacothèque de Munich, le
Musée d'Amsterdam, le fameux Louvre de Paris \u9314B
et Le Bardo à Tunis (il y a également le
Musée de Carthage, le Musée Régional de Sousse ou le
Musée d'art et de traditions populaires à Djerba ...).
1-Musées et économie, 1992, op.,
cit.p.69.
2-la vente des produits divers: bijoux,
livres, montres, cassettes... Aujourd'hui, le musée
Tunisien t en besoin de développer ses
annexes pour attirer, non seulement le
Visiteur tunisien, mais aussi et également
l'étranger, pour ce la, il est tenu d'utilisés
Les moyens les plus développés: la
vente à distance, par Internet.
3-Le musée de Louvre possède un espace
commercial immense (40000 m2) destiné
Essentiellement à des magasins de luxe et
qui propose également dans son grand hall
Sous la pyramide, restaurant,
cafétéria, librairie, de même, il dresse des gammes de
produits esthétiques (eau de toilette... voir également
CHATELAIN Stéphanie.op.cit.p.16.
D'une manière globale ,le
musée tunisien ,qu'il soit Local ,Régional ou National, public ou
privé , nécessite d'opter pour la création de nouvelles
services annexes et périphériques permettant le financement de
ses services principales. En plus, il faut y avoir de véritables
stratégies de marketing et de diffusion qui peuvent contribuer à
qualifier l'offre culturelle.
En définitif, on peut
déduire que le musée, pour qu'il dépasse son état
d'un simple dépôt et devenir le véritable lieu de
rencontre, les responsables du dit musée qu'il soit privé ou
public sont tenus d'apprendre à "jouer sur toutes les cordes
du management pour augmenter la fréquentation des monuments, donc leur
rentabilité ». \u9312@
Pour finir ce
chapitre, le musée "s'il n'avait pas de problèmes
financiers, le marketing demeurerait en dehors du
musée".\u9313A Ainsi l'évolution
du paysage muséographique nécessite-t-elle la réalisation
de plusieurs projets de rénovation et de présentation des oeuvres
culturelles et pour ce faire, les Finances Publiques ne le permettent pas,
malgré les considérables efforts pris de la part des
autorités publiques, de couvrir toutes les dépenses de
l'institution muséale. Seul le recours à des activités
annexes et mercantiles sert à la création de nouvelles sources
de financement, sans bien sûre trop s'éloigner du métier
principal de l'établissement.
1-L E Monde de 28-04-1993, p.32.
2-Le management N°167, p.210.
CONCLUSION :
Pour satisfaire les attentes du
public, le musée nécessite de diversifier ses services et ses
relations traditionnelles , de chercher le nouveau, l'inédit et tout ce
qui peut attirer le plus, tel que l'ouverture des espaces commerciaux ou la
production de certains objets réformés ou même la vente des
produits ou des objets spécifiques au musée, tel que eaux de
toilette, parapluies ou même des tee-shirt portant le nom ou l'image du
dit musée, pour que le visiteur garde un souvenir, outre que le
culturel.
Aussi ,et dans le but d'enrichir ses
services principaux à savoir l'exposition ,la collecte, les recherches
,les études , les animations et les manifestations culturelles
(nationales ou mondiales), le musée est invité à faire
appel de plus en plus aux expositions temporaires ,aux conférences et
à l'organisation des tables rondes ,là où on peut faire
intervenir le musée dans tous les problèmes et toutes les
occupations culturelles ,sociales et politiques ,pour dépasser
l'ancienne image de l'institution qui limite les fonctions et l'importance de
l'établissement à une simple machine pour la
conservation et l'exposition .
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