5- Méthode de travail
Pour vérifier notre hypothèse, nous allons sur
la base de nos recherches et de notre répertoire bibliographique,
présenter un travail en trois parties : La première est une
appréciation critique des réflexions sur l'être-là
de Heidegger. Cette partie rend compte de l'oeuvre d'Antoine-Dover qui s'impose
à nous comme celle qui justifie la pertinence des vues
Heideggériennes pour l'Afrique. Antoine -Dover a pu tracer la voie pour
un dialogue monologique d'un côté comme de l'autre. C'est ce qui
permet à l'Africain de poursuivre sans désemparer la
réappropriation des intuitions Heideggériennes pour resituer son
être. Un tel attachement se note du fait que Heidegger est l'un des rares
penseurs occidentaux qui a saisi la nécessité d'enraciner la
philosophie dans la culture, dans la tradition ; or, le philosophe
africain de son côté n'envisage pas le contraire, car il
philosophe et pense en suivant le cheminement de sa trame culturelle. Ainsi ce
rapport entre philosophie et culture s'impose comme le terrain d'entente entre
Heidegger et le philosophe africain.
Cette ouverture nous permettra en deuxième partie de
donner un contenu théologique à cet être-là africain
pour le rendre capable du processus herméneutique auquel il aurait
contribué dans le dialogue entre la tradition et la foi
chrétienne; il s'agit de la compréhension africaine et
théologique de l'être-là. Une compréhension qui
émane de l'intersubjectivité du Dasein pour se porter à
une appréciation culturelle ancrée dans une tradition
concrète.
La troisième partie sera le terrain de
déploiement de notre hypothèse où nous analyserons les
possibilités dont dispose l'être-là africain pour une
conciliation judicieuse entre foi et culture. C'est le lieu de montrer que
l'herméneutique n'est qu'un autre nom de l'inculturation et qu'il n'en
sera tel que si l'inculturation trouve la voie royale de son déploiement
dans la manière authentique dont elle doit procéder.
6- Limites
Nous jetons simplement l'idée d'une nouvelle
orientation des investigations dans le domaine de l'inculturation, sans avoir
l'intention d'une application concrète. Le comment de l'inculturation
que nous évoquons n'est pas pour autant une nouveauté; mais il
était implicite dans plusieurs approches. En cherchant à
l'expliciter, nous voulons exhorter désormais toutes les recherches
à s'y intéresser en commençant par prendre appui sur la
véritable identité de l'homme africain, l'être-là
concret africain actuellement inséré dans une vision
planétaire de la culture qui ne doit pas lui faire perdre la sienne
propre. Dans le présent travail c'est du philosophe Heidegger que nous
réceptionnons la vision de l'être-là africain pour un
débat théologique sur le sol culturel africain. Apparemment
l'agnosticisme de ce philosophe et son ethnocentrisme limitent nos analyses.
Notre finalité est loin de proposer une piste pour l'inculturation.
L'africain est un être religieux mais dont l'univers transcendant voire
"le théocosmos" est envahi par une multitude de médiations
(ancêtres). De plus, tout est spiritualisé et à cela il
faut ajouter la diversité religieuse. Il est juste qu'un travail sur le
comment de l'inculturation en tienne compte. Mais pour le cadre précis
de notre travail, nous ne faisons que reposer la figure de
l'être-là comme concept opératoire.
Notre mémoire présente beaucoup d'autres
limites. Les observations de nos lecteurs nous aideront à les corriger
dans les recherches postérieures.
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