2.2.3- Un être de
transcendance et d'auto transcendance
Exister, c'est transcender. La transcendance est le
dépassement. Et ce qui réalise ce dépassement se nomme
transcendant. C'est la manière d'être humain. Car, l'homme
transcende tout étant et lui-même en premier : il se porte
toujours au-delà de ce qui est et de ce qu'il est. La transcendance
est le produit, le pro-jet. Le fait que seul l'homme existe et transcende,
est ce qui lui vaut d'avoir un monde qui lui est essentiellement relatif. C'est
en ce sens que la transcendance devient synonyme de liberté. Comme
caractère de l'être humain, la liberté consiste en ce que
l'homme se projette vers ses possibilités. C'est elle qui engendre le
monde et le moi. Elle est donc le fondement de tous les fondements et reste
sans fondement. C'est dans cette assimilation de la liberté à la
transcendance que nous voyons l'existentialité du dasein se poser comme
auto-transcendance. Le premier point que nous allons aborder dans le cadre de
cibler tous les contours de l'être qui s'impose comme
particulier-universel est la question de la cosmicité humaine avec cette
résonance particulière où l'homme cherche à
être '' source et origine de soi''. L'homme apparaît
déterminé par des caractères physiologiques,
psychologiques et personnels. Si les deux premiers traits dépendent de
son appartenance à l'univers physique et son entourage socioculturels,
ainsi qu'il en est conditionné, le dernier provient de lui-même,
de ce que l'homme aura fait lui-même de son existence. Il a donc
l'impérieux devoir de construire. Car, jeté dans l'existence sans
l'avoir choisi, il ne possède rien mais hérite tout et partant
reste soumis, assujetti à l'être. Or il est appelé à
se distinguer des animaux, à marquer la différence ontologique.
Voilà qu'il est un être de besoins qui vit en constante
dépendance. Il n'est rien sans les autres et tout ce qu'il a,
résulte de l'emprunt. Enraciné dans l'univers physique, l'homme
ne peut subsister sans lui. Il lutte constamment pour la survie, contre la
mort. La vie pour lui devient un combat contre la mort. Malheureusement la mort
a le dernier mot puisqu'il est un être pour la mort. Mais face à
cette situation de précarité, il ne démissionne point, il
fait de sa vie une priorité à défendre, à
sauvegarder. L'être pour la mort meurt à la quotidienneté
afin d'engendrer la vie à travers laquelle la mort elle-même
reçoit un sens. Tout être humain refuse ainsi de se réduire
à une chose, il prend conscience qu'en lui regorgent des
capacités pour dépasser ce qu'il subit et par le fait
mériterait l'estime de soi et d'autrui. Il y a là une vocation
à se dépasser qui toutefois reste conditionné par la
présence en nous du biologique. Le ''moi'' totalement
préfabriqué est une barrière qui devient notre besoin
d'être. Il l'emporte sur nos réalisations et toute entreprise
humaine. Il détourne de l'essentiel qui demeure caché à
nos yeux. Ce qui reste à faire, c'est de redécouvrir l'humain
qui est source de la dignité humaine; c'est un passage du monde
inauthentique au monde authentique qu'il faut opérer.
L'authenticité sera alors la capacité qu'a l'être-là
de s'approprier soi-même, de se projeter sur la base de sa
possibilité la plus propre. Ainsi il y a là un engagement
à la responsabilité qui appelle à devenir sa propre
origine, c'est-à-dire changer son ''moi possessif'' en ''moi oblatif''
par désappropriation pour retrouver ce qu'il y a en nous d'intime , de
plus qu'intime à nous -même, notre être-là. Le seul
qui reste ouvert à accueillir la transcendance.
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