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Evolution et incidences de la Technologie sur les pratiques de communication en France des années 1960 à nos jours

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par Quinchy RIYA
Université Paris-Est Marne-La-Vallée - M1 2011
  

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2.C) Les sites des partis politiques : Des plateformes d'information, d'échanges et de mobilisation.

Les partis politiques ont très tôt fait usage de leur site internet. Le premier site Internet d'un parti politique français fût celui du Front National (FN). Cette arrivée précoce sur la toile s'explique simplement par le fait que le FN souhaitait diffuser plus facilement ses idées sans avoir à dépendre de la structure audiovisuelle traditionnelle. La fin des années 1990 voit déjà les premiers signes de ce qu'on appelle le « web partisan » et les plus grands partis politiques français possèdent déjà à ce moment un site web.

A partir des années 2000, ces sites évoluent et sont régulièrement mis à jour. Précisons que, si les tous partis politiques se dotent systématiquement d'un site Internet à partir des années 2000 c'est aussi par imitation et pour ne pas être doublé par l'opposition. Benoît Thieulin, confirme cette affirmation lorsqu'il dit :

« Dans le web généraliste et dans le web politique, on passe son temps à regarder ce que les autres font. Il y a une sorte de culture du «  mix » et du « remix », tout cela, puisant aux mêmes sources »133(*).

La campagne présidentielle de 2002 utilise déjà les sites web des partis politiques comme outil de communication mais pas de façon aussi poussée, comme cela sera le cas à partir des années 2006-2007, c'est-à-dire comme des plateformes d'échanges ou de mobilisation.

Nous l'évoquions précédemment le web partisan en France connaît une première évolution au moment du référendum sur le traité constitutionnel en 2005. A cette même période, les sites des partis politiques se rendent compte que l'audience de ces sites reste très faible, c'est pourquoi ils réfléchissent déjà à y introduire plus d'interactivité. On voit ainsi l'émergence au même moment de la possibilité de l'adhésion directe en ligne. Une étude du Journal du Net datant de Mai 2005 souligne le fait qu'il n'existe quasiment pas de forums sur les sites des partis du PS, UDF, UMP et du PCF en 2005. L'étude réalisée par le journal du net montre également que la moyenne de visiteurs uniques sur l'ensemble de ces sites se situe aux alentours de 100 000, c'est une moyenne relativement faible comparativement à la population134(*).

La première évolution notable, qui se trouve également dans le prolongement de cette réflexion, se produit à partir de 2006 lorsque la candidate aux primaires socialistes, Ségolène Royal, crée son propre site « Désirs d'avenir », et l'utilise comme une plateforme de mobilisation et un espace participatif135(*). La seconde évolution se produit en 2007 quand les sites évoluent pour prendre la forme que l'on connaît actuellement. En effet, progressivement, les sites Internet ne se limitent plus à de simples espaces de diffusion d'idées, ils deviennent des lieux d'informations, d'échanges et de mobilisation. Cette évolution est également liée à deux faits non négligeables. Le premier, c'est que les partis ont pris conscience qu'il fallait avoir de plus en plus recours aux sites Internet pour les campagnes électorales de leurs candidats, qui sont les périodes les plus propices à la mobilisation. Le second, c'est qu'on est entré dans une période où les campagnes de séduction deviennent permanentes, la strate politique doit constamment fédérer sans qu'il n'y ai de « temps morts ». En 2009, un sondage de l'institut Sofres publie une étude sur les pratiques politique du web. Cette étude révèle que 21% des Français consultent régulièrement le site Internet d'un parti politique et que 17% transfèrent des informations, des liens ou de fichiers liés à la politique à leur entourage136(*). Ce que souligne le sondage, c'est dans un premier temps l'évolution importante des pratiques politique sur le web depuis le début des années 2000. Dans un second temps, c'est que la consultation des sites Internet des partis politiques demeure une pratique peu très répandue chez les Français bien qu'une évolution des consultations est visible depuis le début des années 2000.

Pour illustrer ces évolutions, regardons, les sites du PS et de l'UMP qui soulignent à quels points les sites des partis politiques adoptent désormais tous une configuration similaire et prennent la forme de plateformes d'information, d'échange et de mobilisation137(*). Nous avons décidé de comparer ces deux sites car le PS et l'UMP constituent les deux plus grands partis politiques français et la rivalité qui les oppose est très intéressante dans la mesure où on peut percevoir à travers les plateformes, qu'il y a aussi sur le net une lutte idéologique très intense. Dernière précision, pour que cette analyse soit explicite, il est nécessaire de rappeler que la période pré-électorale dans laquelle nous nous trouvons actuellement, conditionne très largement, la façon dont les partis politiques communiquent en ligne.

Commençons par étudier le site du Parti Socialiste.138(*) Lorsqu'on arrive sur la page d'accueil on trouve six onglets de présentation (Le PS, L'équipe, Le Projet, Les thèmes, Le réseau P.S et La salle de presse). Chacun de ces onglets a pour fonction de présenter les différentes strates du PS. Ainsi, on peut découvrir son histoire, les têtes d'affiches du parti, le projet pour la campagne présidentielle de 2012, les idées, les thèmes ou encore les valeurs défendus par le parti, le réseau web du parti (essentiellement en direction des jeunes) et enfin les différentes informations annexes liées au parti (photos, communiqués, informations utiles à la presse, le lieu du siège social...)139(*). Par ailleurs, on trouve un formulaire dans lequel on peut entrer son adresse mail afin d'y recevoir une « newsletter ». Il y a également trois onglets importants. Le premier, «  Adhérez au PS », qui permet à la fois de débattre sur le site et d'intégrer le parti moyennant la somme tarifaire de 20€. Le second, «  Soutenez le PS », qui sert à la collecte de dons, au financement du parti ou encore à imprimer les tracts, les affiches ou enfin à organiser des réunions. Enfin, le troisième onglet «  Contactez le P.S », sert à entrer en contact avec une entité du parti en fonction de sa situation géographique sur tout le territoire. On trouve également sur le site des communiqués émanant du parti, dans la rubrique «  Les derniers communiqués », ou encore des « infos minutes », qui offrent une vision de l'actualité politique et un agenda qui présente les déplacements ou les interventions dans les médias des personnalités du parti. Enfin, on trouve également une section vidéo et un certain nombre de billets que les internautes peuvent partager via les réseaux sociaux Facebook ou Twitter.

Ce qu'il y a d'intéressant à analyser sur le site du parti socialiste, c'est la mise en avant de thématiques fédératrices mais surtout du « projet socialiste de 2012 » sur lequel les internautes sont invités à débattre et à se mobiliser sur le réseau social du parti, «  La Coopol », la plateforme annexe du site140(*). Il est également très intéressant de voir le ton adopté et à travers tout le site, la critique de la majorité présidentielle dans les communiqués ou dans les vidéos. En effet, la thématique de « changement » est très largement matraquée et le ton se veut volontaire et très militant, ce qui cadre finalement avec les ambitions, l'esprit du site et parti politique.

On voit à travers cette analyse que le site du P.S, est une plateforme multi-usage, il offre aux internautes la possibilité de s'informer sur l'actualité du parti ou l'actualité politique par le biais des communiqués, des vidéos postées, échanger ou encore se mobiliser sur le réseau social du parti, la Coopol. Le site du P.S constitue donc un lieu très important dans la communication du parti en direction des électeurs, mais aussi en direction des internautes car sans en être adhérent, on peut très facilement naviguer sur le site du parti et y trouver des informations.

Regardons désormais, le site de l'UMP qui ressemble étonnamment à celui du PS en termes de mode d'utilisation et de navigation. En effet, lorsqu'on analyse le site on voit la même arborescence que celle du site du PS. Sur le site de l'UMP, on distingue en tête cinq onglets de présentation, (S'informer, Agir, Enjeux, Personnalités, Le Mouvement). 141(*)Comme sur le site du P.S, ils ont une fonction spécifique, ils invitent à en savoir plus sur l'actualité du parti ou encore sur l'agenda des membres du parti142(*). Ils servent également à découvrir les personnalités politiques membres du parti, à en savoir plus sur les valeurs partagées par le parti ou enfin à connaître les dates clés de l'histoire du parti. Il y a également une section qui permet d'en savoir plus sur les débats de société que mène le parti présidentiel. On remarque également une section réservée aux vidéos d'interventions officielles dans les médias. Enfin, il y a une section qui offre la possibilité de débattre sur un forum dédié au sujet abordé, de pétitionner ou enfin de se mobiliser. Comme sur le site du PS deux onglets se distinguent, «  Adhérer » et «  Donner », ils permettent soit d'adhérer en ligne, moyennant une participation financière (variable en fonction de ses revenus ou de son âge), soit de donner des fonds pour le financement du parti. Ces deux onglets restent constamment présents lors de la navigation. On trouve également un formulaire pour se tenir en courant par le biais d'une «  newsletter » et on est invité très largement à partager sur les réseaux sociaux l'ensemble des idées présentées sur le site. Enfin, tout comme le site du Parti Socialiste, on peut contacter le parti en remplissant un formulaire, dans la section «  Nous contacter ». En parcourant les sections, les débats et les valeurs défendus par le parti sont très largement mis en avant sur le site, par exemple, les termes de « famille », « propositions » et de « projet » apparaissent de façon récurrente. Le site de l'UMP insiste également sur les propositions dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012, ainsi, on est invité à débattre sur les propositions qui fondent ce projet, qui est appelé, comme sur le site du P.S, « le projet 2012 ».

En outre, précisons que l'informationnel est la fonction première de ces sites web. Le conversationnel y tient une place alternative puisque ce sont les plateformes dédiées, tels que les propres réseaux sociaux des partis ou encore les réseaux sociaux généralistes, qui jouent essentiellement ce rôle d'interactivité. Cela dit, ce qui transparaît très largement sur ces sites, c'est l'incitation à l'engagement et à la mobilisation.

Néanmoins, bien que très ressemblants dans la forme, il y a dans le fond quelques différences notables qu'il convient de souligner. En premier lieu, on note que, ce qui diffère, c'est le ton. En effet, là où le P.S adopte un ton très en opposition avec le parti majoritaire, le site de l'UMP s'attache essentiellement à justifier ses propositions et à mettre en valeur l'idée que le PS est une opposition faible. Cette différence de ton s'explique notamment par le fait que l'UMP est le parti politique au pouvoir. Autre précision importante, le site, bien que représentant d'une certaine façon, la majorité gouvernementale, fait très attention à la distinction entre le parti politique et le gouvernement. Ainsi, à travers l'analyse de ces sites, des deux plus grands partis politiques français, on peut déduire trois faits essentiels. Tout d'abord, c'est que ces sites servent dans un premier temps à s'informer sur l'actualité politique nationale et sur le parti politique, à travers des billets, des communiqués ou encore des présentations. Le second, c'est que qu'ils servent également dans une très large mesure à la collecte de fonds pour le financement du parti ou d'évènements organisés par le parti. Enfin, le troisième fait marquant c'est qu'ils servent à mobiliser, fédérer, par l'exposition de valeurs et l'emploi d'un discours militant, les sympathisants via des plateformes dédiées, tels que les réseaux sociaux des partis ou généralistes du type Facebook143(*).

On comprend donc que ces sites Internet constituent des outils très importants pour les partis dans leur stratégie de médiation numérique. Pour autant, bien que relativement important pour la diffusion des idées, ces sites demeurent néanmoins très peu consultés et ce n'est pas sur ces plateformes que la mobilisation se fait dans l'essentiel. Le politologue Thierry Vedel analyse cette tendance et prend en exemple la présidentielle de 2007, il explique :

« La consultation des sites politiques reste marginale. En France, à peine 1 % des électeurs l'ont fait avant les dernières présidentielles ».144(*)

On perçoit qu'il y a dans le modèle traditionnel une évolution importante puisqu'il faut faire très attention à ce que l'on poste sur un site. On ajoutera également que ces sites permettent de changer le contact qui peut être établit avec un parti.

En effet, ces sites permettent, de créer du lien et de réconcilier, en présentant, en informant et explicitant les sujets importants, les internautes avec la politique par le biais du net, qui demeure un outil très ludique en direction des plus jeunes. En outre, il est important de préciser également qu'en cette période de pré-élection présidentielle, tous les partis politiques insistent très largement sur les propositions dans la perspective de cette élection et mettent tous leurs sites à contribution dans cette pré-campagne. Ces sites offrent une plateforme d'informations importante dans la mesure où ils permettent de présenter d'une façon plus détaillée un projet politique, ce qui ne serait pas possible dans les médias traditionnels.

On a vu que les sites des partis politiques, qui sont au départ des initiatives marginales de militants ou de dirigeant de partis, et qui ne participaient pas directement à une stratégie communicationnelle préétablie d'un parti, ont progressivement évolué au cours des années 2005-2006, parallèlement au web 2.0, pour en faire partie intégrante. On a vu que les sites des partis politiques, qui n'étaient qu'au début des lieux de diffusions d'idées, ont changé pour prendre la forme de plateformes interactives en direction des membres d'un parti mais aussi des potentiels sympathisants potentiellement futurs adhérents. On remarque également que ces sites constituent des outils pour charger l'opposition, en justifiant un discours, en informant les internautes et en présentant des idées ou des projets politiques. Ce qu'il y a de notable, c'est l'évolution dans le rapport qui pouvait exister entre les partis politiques et l'électorat. Ce dernier point est particulièrement important puisqu'il permet de voir que les sites des partis s'ajoutent aux médias traditionnels dans la logique communicationnelle en direction de l'électorat.

Enfin, les sites de partis constituent des lieux de médiation importants mais qui restent, la plupart du temps, très impersonnels, les blogs s'ajoutant aux outils déjà disponibles.

* 133 Citation extraite de l'entretien en date du 11/04/2011 mené en compagnie de Benoît Thieulin. Voir Annexes : N°3.

* 134 Voir l'article : http://www.journaldunet.com/0505/050523bilanpartispo.shtml. Source: déclarations des partis politiques recueillies par le Journal du Net, mai 2005.

* 135 Consulter  www.desirsdavenir.org/. En outre, précisons que Benoît Thieulin fût l'un des principaux artisans de la création du site en 2006 au moment des primaires socialistes.

* 136 Sondage en ligne datant du 25 et 28 Septembre 2009 du Think Tank «  Temps réels » avec la TNS Sofres. Source : http://www.temps-reels.net/files/baro-web-pol.pdf (page n°8). (Consulté le 20/04/2011).

* 137 Pour l'analyse voir en annexe le tableau comparatif des sites. Annexes : N°17

* 138 Voir Annexes «  Tableau ». N°17.

* 139 Voir annexes : N°13 ; N°13 bis. Source : http://www.parti-socialiste.fr. (Consulté le 20/04/2011).

* 140 La Coopol, pour «  La coopérative politique », est le réseau social du parti socialiste. Il sert à débattre mais aussi à mobiliser les sympathisants et les adhérents du parti de gauche. Le site a été crée en Janvier 2010, selon le site http://www.strategies.fr, le site revendique 34 000 membres 1 an après sa création en Janvier 2011. (Consulté le 20/04/2011). Consulter Annexes : N°15.

* 141 Voir Annexes : «  Tableau » N°17.

* 142 Voir Annexes : N°14 ; N°14 bis. Source : http://www.lemouvementpopulaire.fr. (Consulté le 20/04/2011).

* 143 Au moment de notre étude le réseau social de l'UMP, « les créateurs de possibles » ( www.lescreateursdepossibles.com), a été fermé à partir de Janvier 2011, par le site du parti, un an après sa création pour des raisons d'audiences insuffisantes, de coûts trop élevés et d'une mauvaise perception du site. Selon un rapport Interne, le site aurait coûté environ 1.2 Millions €. Le site a donc décidé d'utiliser Facebook comme réseau social pour la mobilisation et le recrutement. Source : http://www.lexpress.fr/actualité/politique/les-createurs-de-possibles-bientôt-fermes-par-l-ump_948217.html. (Consulté le 21/04/2011). On pourra en outre également citer le réseau social du Modem, appelé « Les démocrates ». Source : http://www.lesdemocrates.fr.

* 144 Voir l'article en ligne. Source : http://www2.cnrs.fr/presse/thema/308.htm.

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