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Evolution et incidences de la Technologie sur les pratiques de communication en France des années 1960 à nos jours

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par Quinchy RIYA
Université Paris-Est Marne-La-Vallée - M1 2011
  

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3.C) Vers une nouvelle évolution de la communication politique?

L'internet 2.0 a indéniablement aidé à la mutation du schéma traditionnel par les outils qu'il propose et les possibilités croissantes d'interaction à un niveau jamais atteint. L'intronisation du web en politique est plutôt récente et il constitue en réalité beaucoup plus une nouvelle une étape qu'un nouveau modèle. Depuis les années 2005-2007, la communication politique a connu un nouvel essor indiscutable des pratiques, induisant une implication plus grande des citoyens dans le débat politique et un échange beaucoup plus important avec les élus. Les outils neufs participent également à ce nouvel essor, l'émergence des blogs et enfin l'arrivée en force des réseaux sociaux justifie cette affirmation. On constate également non pas un retrait mais une forme d'affaiblissement engendrée par le web. Néanmoins, on ne peut pas dire que les médias traditionnels connaissent une disparition. Pour le dire autrement, le web joue actuellement un rôle non négligeable dans la communication politique mais ce n'est pas uniquement sur ce terrain que se gagne une élection et que se joue la guerre de l'image et de l'adhésion.

Pour autant, on peut s'interroger sur quatre points essentiels : le rôle à venir des médias traditionnels, celui du web, la façon de l'appréhender et enfin le rôle des anciens grands de la communication politique, les publicitaires. En s'interrogeant sur ces quatre aspects décisifs qui fondent la communication politique on peut se demander quelles évolutions pourra connaître la communication politique.

A propos du rôle des médias grand public, une quantité de débats existent et une multitude de points de vue s'opposent. La problématique concernant cet aspect de la communication politique est l'une des plus complexes, car comme l'analyse Pierre Moeglin et Gaëtan Tremblay, la télévision par exemple, se trouve confrontée à une évolution structurelle, qui met en jeu notamment des questions d'ordre techniques et financières173(*). Ainsi, un possible affaiblissement de leur emprise peut t-il avoir un impact sur le choix de la part des politiques d'en faire leur outil préféré de médiation et laisser à l'Internet le monopole ? D'autant qu'une étude de l'IFOP datant du mois de Novembre 2010 montre que les élus sont de plus en plus sur Internet et que la relation entre élu et public s'établit de plus en plus sur cette plateforme, le taux de pénétration d'Internet dans les foyers rejoignant lentement mais sûrement celui de la radio et de la télévision174(*).

Concernant le rôle à venir du web, que dire et en penser son rôle ? Il devient de plus en plus important, dans la médiation politique. Le poids social et technique de plus en plus visible au cours des quinze dernières années et les évolutions observées laissent réfléchir à l'impact potentiel qu'il pourra avoir dans les années à venir. La question mérite d'être posée et on peut également estimer tout à fait possible que le web soit victime du foisonnement de son offre. Peut-il encore se renforcer ou au contraire s'affaiblir à moyen et long terme ?175(*)

Quant à l'avenir du web, Benoît Thieulin émet une hypothèse intéressante sur la question. Il estime qu'il sera amené à jouer un rôle encore différent et modifiera encore plus les pratiques il explique :

« Les hommes politiques vont de plus en plus utiliser Internet comme support pédagogique, c'est-à-dire qu'on utilisera plus Internet pour expliquer la politique qu'on fait ou qu'on souhaite faire ».

Il évoque également les évolutions probables du point de vue des pratiques des citoyens :

« Je pense que les gens vont de plus en plus prendre le temps d'aller sur Internet pour comprendre la politique, donner leur point de vue et l'expliciter »176(*).

La réflexion de Benoît Thieulin rejoint également l'idée d'une appréhension différente du web, qui lui aussi pourra changer en fonction des conditions sociales et politiques. Par exemple, il est évident que la dynamique actuelle, qui fait du web un outil aussi important, permet de penser à une évolution que l'on observe partiellement déjà, que l'on pourrait qualifier d'installation d'un «  média technique démocratique ». En revanche, si les conditions politiques et sociales évoluent encore à cette vitesse, il est possible de penser à une évolution différente de l'outil pour autant, il reste néanmoins très difficile de tabler dessus. Sur cette question Dominique Wolton, oppose en revanche un regard un peu plus critique, il estime qu'Internet pose d'énormes problèmes, notamment en termes de valeur et de structure177(*). En effet, il interroge la logique d'Internet, qui est un média relevant essentiellement de la demande et brouille par sa complexité, l'offre. Ainsi, pour lui, une revalorisation de la télévision généraliste serait nécessaire. D. Wolton, considère la télévision comme essentielle au maintien du lien social et du fonctionnement démocratique. Sur cette interrogation, les débats en cours restent encore très vifs et indécis, en effet, il y a d'une part, ceux qui voient dans le web un outil essentiellement technique, offrant un éventail de possibilités importantes entre autres, celles de débattre. D'autre part, il y a ceux qui le perçoivent comme un instrument de démocratie perfectionné178(*).

Enfin, le dernier point est celui des publicitaires. Ils sont les premiers à avoir oeuvré dans le sens d'une médiation fondée sur la rationalisation et la capitalisation de l'image politique. Ceux-ci, ont joué un rôle considérable dans la structuration du schéma traditionnel et ont vu avec l'émergence et l'usage du web par les personnalités politique leur monopole considérablement s'affaiblir. Sur cette question, les débats persistent mais de façon globale, on juge que cet affaiblissement est lié au fait que les hommes politiques ont, aujourd'hui, bien moins besoin des publicitaires pour s'adresser à l'opinion car l'habitude et la maîtrise relativement acquise des techniques de communication sont désormais instituées.

Par exemple, Jacques Séguéla, publicitaire reconnu et inventeur du slogan «  La Force Tranquille » utilisé par François Mitterrand lors de sa campagne pour l'élection présidentielle de 1981 estime que le net est une très mauvaise chose.

En réalité, la multiplicité des débats sur les probables évolutions de la communication politique pose différentes questions notamment sur l'importance de l'outil technique qu'est le web sur les pratiques qui ont accompagné son émergence et sur la façon dont on perçoit la communication. Cependant, il est aujourd'hui difficile voir impossible de quantifier précisément le rôle du web et ses effets sur l'opinion car on manque de recul sur un outil qui est utilisé en politique depuis moins de dix ans. On peut donc s'interroger sur un élément central.

Dans quelles mesures et dans quelles proportions, la sphère politique va-t-elle utiliser Internet pour échanger avec l'opinion ?

* * *

* 173 Sur cette question consulter MOEGLIN PIERRE, TREMBLAY GAËTAN, L'avenir de la télévision généraliste, Paris, L'Harmattan, Communication et civilisation, 2005, 251pp.

* 174 Etude de l'institut IFOP datant de Novembre 2010 et disponible en ligne. Source : http://www.ifop.com/media/poll/1470-1-study_file.pdf. (Consulté le 25/04/2011).

* 175 CROUZET THIERRY, Le cinquième pouvoir : Comment Internet bouleverse la politique, Paris, Bourin, 2007, 284pp.

* 176 Citation extraite de l'entretien mené en compagnie de Benoît Thieulin en date du 11/04/2011. Voir Annexes : N°3.

* 177 Voir WOLTON DOMINIQUE, Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Paris, Flammarion, 1999, 240p.

* 178 Voir en exemple sur le sujet l'ouvrage de BENVEGNU NICOLAS, « Au-delà de la technique : l'introduction d'Internet dans le répertoire de mobilisation électorale de candidats en campagne. Le cas des élections législatives de juin 2002 », Terminal, (92), 2005, p.15-25.

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