Représentation et migration dans The Pickup de Nadine Gordimer( Télécharger le fichier original )par Ives SANGOUING LOUKSON Université de Yaoundé I - Maitrise 2008 |
II.3.1.2- La corruption du gouvernementLe gouvernement du pays de Musa brille par la corruption de ses membres. Ces derniers monnayent tous les services, transgressant par ce fait les lois du pays. Pour accéder par exemple à un poste dans l'administration, le postulant doit mettre de l'argent en jeu pour corrompre les autorités : money to pay bribes to the right people (P. 14). Personne ne maîtrise mieux que Musa comment ce gouvernement fonctionne ainsi qu'il apprend à Julie : With money you can buy anything from the government. The landowners who call themselves a government. Same thing. That is what is here, in this place of my people. That is one of the first things for you to understand. What's true, about life in this place. There is no mystery about our life. Money - and the government will tell you the deal is done, Al-Hamdu Lillah (P. 215) C'est dire que l'argent ouvre toutes les portes dans le pays de Musa. Nul doute que cette corruption est la conséquence de l'absence dans le pays de Musa de ce que Kom, à la suite de Said, appelle une grande narration92(*). C'est-à-dire une culture nationale à partir de laquelle le pays entier définit des objectifs à atteindre partant des moyens disponibles. Confrontée à ces réalités, il est évident que Musa ne peut pas être fier d'appartenir à un tel pays. Pour ce qui le concerne, Musa n'accepte pas d'être assimilé à ce pays pauvre et corrompu. Il revendique plutôt une identité qui l'éloigne de ce pays. C'est du moins l'idée qui ressort de la réaction ci-après qu'il adopte à l'égard des amis de Julie en Afrique du Sud : I can't say that "my country" - because somebody else made a line and said that is it. In my father's time they gave it to the rich who run for themselves. So whose country I should say, it's mine? (P. 15)
C'est donc la condition pitoyable de son pays qui motive Musa à le fuir sans cesse et à lui préférer l'Occident. Les réalités palpables dans son pays confirment la représentation que l'université lui a léguée : son pays est inférieur à l'Occident. Dans cette perspective, Musa se convainc qu'il est légitime qu'il fuit son pays pour chercher le bonheur en Occident ; le monde comme il l'appréhende lui-même : If you want to be in the world, to get what you call the christian world to let you in is the only way (P. 160) Si Musa estime qu'il est légitime pour lui d'émigrer vers l'Occident, c'est sans doute à cause de l'attrait que cet Occident exerce sur lui, compte tenu de ses caractéristiques en comparaison avec son propre pays. II.3.2- Le mythe du centreDans la perspective de Musa, la condition pitoyable de la post-colonie contraste avec les conditions de vie enviables en Afrique du Sud ou en Occident. Musa s'émerveille de la bourgeoisie propre à l'Afrique du Sud ou comme dirait les post-colonialistes du centre. La vérité c'est que Musa est assiégé au plan psychologique par une multitude de pressions générées non seulement par la représentation que l'université lui a transmise mais aussi par des sources d'information propageant le mythe du centre. * 92 Voir à ce propos, Ambroise Kom, « Le drame de l'élite camerounaise », interview parue dans Mutations N°115, vendredi 28 mai 2004, P. 6 et 11. |
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