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Le « paradoxe de la crédibilité » : une application aux pays de la zone BEAC

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par Fabien Clive Ntonga Efoua
Université de Yaoundé II SOA - DEA/MA NPTCI 2009
  

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Conclusion générale

L'Objet de cette recherche était de savoir si l'hypothèse de l'existence d'un « paradoxe de la crédibilité » des Banques Centrales (BCs) constaté dans les pays de l'OCDE, se vérifie dans les pays de la Zone BEAC ; en établissant la corrélation (et non la causalité) négative entre la stabilité des prix et l'instabilité financière en Zone CEMAC. En clair, il s'agissait de savoir si la crédibilité des politiques monétaires encourage un comportement pro cyclique et spéculatif des banques dans la CEMAC.

Ce travail reposait sur deux hypothèses principales qu'il fallait tester :

· les pays de la CEMAC évoluent dans ce que certains économistes ont appelé : le « nouvel environnement » (crédibilité des politiques monétaires, marchés de plus en plus concurrentiels, essor des NTICs) ;

· on ne peut pas parler du « paradoxe de la crédibilité » en ce qui concerne la BEAC, du moins, « au sens de Goodfriend ».

En Première Partie, nous avons dressé un parallèle entre l'amélioration de la crédibilité des BCs dans les pays de l'OCDE [chap. I], et l'amélioration des politiques monétaires dans la Zone BEAC ces dernières années [chap. II]. En confrontant la théorie aux faits, nous avons vu que la prise en compte des concepts de règle, d'indépendance, et de transparence, permettait dans une certaine mesure, aux autorités compétentes - i.e. les BCs-, de résoudre le problème de l'incohérence temporelle. En particulier, le respect d'une règle préalablement annoncée par une BC indépendante [ou plus autonome] du pouvoir politique, permet aux Etats de réaliser des taux d'inflation bas, mettant ainsi les agents à l'abri de l'incertitude liée aux variations imprévues de leur pouvoir d'achat.

Ainsi avons-nous vérifié que, la BEAC a gagné des points importants en matière de crédibilité dans sa conduite de la politique monétaire de la sous région, suivant une tendance observée dans la plupart des pays développés : en Zone BEAC, les taux d'inflation en 1995, 1998 et 2005 ont été respectivement de 9.9%, 2.4% 2.9% ; alors que dans le monde, on enregistrait (en moyenne, et aux mêmes dates respectivement) des taux d'inflation de 14.6%, 5.5%, 3.7%. Quant aux pays industrialisés (dont la crédibilité des BCs est généralement admise), ils avaient un taux d'inflation moyen de 2.3% en 2005.

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Mémoire de DEA/Master II- NPTCI Economie présenté et soutenu par : Ntonga Efoua Fabien Clive, UY II (2009)

En Deuxième Partie, nous avons établi le conflit d'objectif entre l'engagement antiinflationniste des BCs et la récurrence des crises financières d'envergure dans le monde contemporain. En effet, une inflation basse encourage un optimisme excessif qui se transforme en comportement spéculatif. Celui-ci pousse les agents à s'endetter massivement et de façon concomitante. Le gonflement - puis l'éclatement - des bulles financières qui résulte de cette « exubérance irrationnelle », débouche sur des crises aux conséquences récessives graves, ainsi que nous l'avons constaté dans les secteurs de la « nouvelle économie » en 2001, et de l'immobilier » en 2007. Ainsi, sous certaines conditions, la recherche de stabilité des prix se ferait au détriment de la stabilité financière : c'est l'existence de ce « paradoxe de la crédibilité » des BCs que nous avons mis en évidence, en ce qui concerne les pays développés [chap. III].

Le quatrième -et dernier- chapitre nous a permis d'infirmer l'hypothèse sur l'existence de ce « paradoxe » (au « sens de Goodfriend ») en Zone BEAC. Plus précisément, malgré la tendance des économies de la Zone CEMAC à évoluer dans un « nouvel environnement », elles [les économies de la CEMAC] semblent suivre une marche rétrograde - comparativement à celles de l'OCDE. L'observation graphique (plus aisée que l'estimation d'une régression) du lien entre les variables « exubérance financière » et « inflation », nous a donné des résultats auxquels nous nous attentions au départ. Nous avons relevé pour la BEAC ; une « forme de paradoxe » différente de celle à laquelle Goodfriend [2001] fait référence, ce qui justifie l'emploi de l'expression « le paradoxe de la BEAC » :

· la surliquidité des banques contraste largement avec le fait que le crédit bancaire soit systématiquement rationné dans la CEMAC. Cela est d'autant plus paradoxal que le FMI en particulier fait état d'un risque de crédit croissant dans la Zone, faisant planer la menace d'une crise de l'envergure de celle des années 1980. En effet, comment peut-on parler de risque de crédit, si les banques le rationnent systématiquement ?

· Par ailleurs, le fait que la crédibilité de la BEAC soit « importée », nous a même fait relativiser la validité de l'hypothèse sur un « nouvel environnement » dans la CEMAC. Ainsi, les prévisions font état d'un regain d'inflation dans la Zone, en relation avec la hausse des cours mondiaux du blé et du pétrole en particulier. L'inflation dépasserait les 7% en 2008, ce qui

constitue un gap important par rapport au maximum de 3% qu'imposent les critères de convergence de la Zone BEAC.

L'existence d'un tel « paradoxe » fait courir à la Zone, le risque d'être toujours taxée de « mauvais élève » sur la scène internationale : la CEMAC fournit les indicateurs économiques les plus médiocres, et ce malgré l'inestimable potentiel de croissance dont elle dispose, surtout en matière de ressources naturelles et de capital humain (population jeune) par rapport au reste du monde.

Il nous semble donc logique d'affirmer que : « le paradoxe de la crédibilité » ne se vérifie pas en Zone BEAC, parce qu'il ne se double pas d'un « paradoxe de la tranquillité ».

En l'état actuel, nos recherches nous permettent de relever des faits pouvant servir à réduire les contrastes dans la Zone BEAC, par rapport au reste du monde :

- il faut dire- et paradoxalement- que, l'atonie des investissements du secteur privé (du fait que le crédit soit rationné dans la CEMAC), est susceptible d'attirer des IDE dans la Zone: les multinationales et grands groupes bancaires internationaux, trouveraient un terrain fertile (puisque dénué de concurrent local sérieux) pour leurs affaires. Mais cette situation aurait des effets pervers : l'intégration de la sous région dans l'économie mondiale, pourrait plutôt accroître les effets de contagion d'une crise d'envergure née en Occident, car si l'Afrique en général ne subit pas de plein fouet les effets de la crise actuelle (subprimes), c'est en grande partie du fait de la quasi inexistence des marchés financiers qui contribuent à la dissémination et à la propagation des crises d'un pays à l'autre à travers la planète [cf. chapitre troisième]. En même temps, en refusant de s'ouvrir à la mondialisation, les économies de la CEMAC se mettraient en difficulté, car la concurrence qui en résulte est de nature à créer une certaine émulation, non seulement de la part des entreprises (nationales), mais aussi du secteur financier, qui serait dans l'obligation de répondre aux demandes de crédit de la clientèle, sous peine de la perdre et de réaliser de lourdes pertes au plan comptable. La crise de 2007 offre donc des opportunités à la Zone BEAC pour combler une partie de son retard sur le reste du monde, notamment en matière d'obtention de financements pour les investissements.

Une autre solution pour faciliter l'accès des entreprises au crédit rationné par les banques dans la CEMAC (au Cameroun en particulier), solution qui consiste à mettre sur

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Mémoire de DEA/Master II- NPTCI Economie présenté et soutenu par : Ntonga Efoua Fabien Clive, UY II (2009)

pied des institutions qui apporteraient des financements complémentaires à l'économie de la Zone (les sociétés d'assurance, de capital-risque, et de crédit-bail), mais cette dernière recommandation n'est pas différente de ce qui vient d'être dit à propos de l'afflux des capitaux étrangers.

- La recommandation la plus importante à faire est sans doute celle de l'amélioration du cadre des affaires de la Zone avec notamment :

· la mise en place d'un système fiscal incitatif pour encourager l'activité des entreprises. Une baisse des taux (d'imposition) se traduirait par des recettes accrues du fait d'une moindre prime à la fraude, d'un accroissement du nombre des assujettis suite à la création d'entreprises, et au passage de certaines au secteur formel. Ce serait un facteur d'accroissement de la compétitivité, et de diversification des économies dans la CEMAC. D'après la Banque Mondiale, la perte des parts de l'Afrique dans le Commerce international lui a coûté plus de USD 3000 milliards (en raison de USD 70 milliards /an depuis les années 1960). Ceci tient du fait que les pays africains en général n'ont pas su diversifier leurs productions ;

· une amélioration du cadre juridique, (mise en place d'un système de garanties, des procédures de recouvrement), afin de permettre aux banques de recouvrer leurs créances. Ceci rendrait les banques moins frileuses, et réduirait le risque de crédit dans la CEMAC. En effet, la surliquidité des banques semble jouer, pour ces dernières, un rôle de garantie, étant donnée l'incertitude liée au climat des affaires [cf. fin du chap. IV] dans l'ensemble des pays de la Zone. Cet autre aspect du problème, qui consisterait à considérer la surliquidité des banques de la Zone BEAC, non plus comme un « paradoxe », mais plutôt comme une « couverture » contre la réalisation de l'« état défavorable de la nature » dans la Zone ; cet aspect disions-nous, peut aussi faire l'objet de recherches plus approfondies ;

· améliorer la gestion des affaires publiques, et éviter les conflits. Ce sont peut-être là, les conditions les plus fondamentales de l'accélération du développement en Afrique en général. En effet, les conflits perpétuent la pauvreté, créant un cercle vicieux qui ne peut être brisé que grâce à des efforts spéciaux de développement - y compris des mesures à long terme de maintien de la paix- et des réformes politiques. Si ces efforts aboutissent, les

pays peuvent connaître une croissance rapide et bénéficier du retour des capitaux enfuis.

Les pays africains en général, ceux de la CEMAC en particulier, doivent donc redoubler d'efforts pour inverser la tendance à la marginalisation économique et à l'exclusion constatée depuis des décennies. Cela passe par une réelle volonté politique des dirigeants de la région, et un consensus avec les partenaires (nationaux et internationaux) au développement.

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Mémoire de DEA/Master II- NPTCI Economie présenté et soutenu par : Ntonga Efoua Fabien Clive, UY II (2009)

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus