Le « paradoxe de la crédibilité » : une application aux pays de la zone BEAC( Télécharger le fichier original )par Fabien Clive Ntonga Efoua Université de Yaoundé II SOA - DEA/MA NPTCI 2009 |
09/09/2009 Remerciements A Elyôn, pour son soutien et sa bonté. Il a été - et restera - pour moi une inépuisable source d'Inspiration. Je remercie Monsieur le Professeur Désiré Avom, sous la direction de qui ce travail a été réalisé, pour ses nombreux conseils et remarques. Je remercie les dirigeants, les membres, et les enseignants du Nouveau Programme de Troisième Cycle Inter universitaire (NPTCI) pour l'encadrement dont j'ai bénéficié ; et spécialement, Monsieur le Professeur Henri-François Henner, qui par ses commentaires avertis, a manifesté pour ce travail, un intérêt particulier, et ce malgré ses multiples occupations. Je remercie également tout le corps enseignant de l'Université de Yaoundé II- Soa, qui a guidé mes premiers pas en Sciences Economiques. Mes remerciements vont aussi à l'endroit de mes parents, de mes frères et soeurs qui n'ont ménagé aucun effort pour me soutenir durant toute la période de rédaction de mon Mémoire de DEA/Master II. En particulier, Priscille, Adriel qui m'ont aidé dans la réalisation de quelques uns des graphiques et tableaux qui vous seront présentés dans cet ouvrage ; et Suzanne Estelle Mbolé Efoua, épouse Barbiéri dont les observations ont contribué à améliorer de façon significative, la qualité de ce travail. Je remercie mes aînés en Thèse, notamment Tatiana Timba pour toute l'aide qu'elle m'a apportée, notamment dans la présentation de ce travail. Je remercie Jimmy Randri, camarade de promotion. A travers sa disponibilité, et ses précieux conseils, il a singulièrement fait preuve de solidarité à mon égard. Je remercie par ailleurs tous ceux qui de près ou de loin, directement ou indirectement, ont participé à la réalisation de ce travail de recherche. L'Auteur reste cependant seul responsable des erreurs et omissions qui peuvent subsister dans le texte. 1 Mémoire de DEA/Master II- NPTCI Economie présenté et soutenu par : Ntonga Efoua Fabien Clive, UY II (2009) A la %rifle Efoua,
aver ulle Comprehension plea profollile ~~ ii:CoPorrie, permettra ~~~~~~~~~ Introduction généraleLe contexte de l'étude et son intérêt Nos travaux ont pour point de départ, deux (2) articles respectivement intitulés : « Les Crises Financières » et «Les Banques Centrales et le paradoxe de la crédibilité »1; articles qui pouvaient déjà être considérés à la date de leur publication (2004) comme des mises en garde sur les risques de résurgence des crises financières dans le monde contemporain. Ce faisant, les auteurs de ces articles prennent le contre pied d'autres économistes qui ont prédit que le monde ne connaîtrait plus de crise financière grâce à la « nouvelle économie », en référence aux progrès réalisés dans les Nouvelles Techniques de l'Information et de la Communication (NTIC). En effet, si l'on admet la vision traditionnelle selon laquelle une politique monétaire orientée vers la stabilité des prix contribue à réduire la fréquence et la gravité des crises financières2, il se pose des questions quant à son rôle central [la politique monétaire] dans l'aggravation des déséquilibres macro financiers au cours de ces dernières décennies. Les deux (2) articles sus mentionnés soulignent qu'à l'origine de la plupart des crises financières, il y a des « prises de risque pro cycliques » par les agents économiques en général, et le système bancaire en particulier [Minsky, 1982]. En d'autres termes, en période d'expansion, les agents font preuve d'un optimisme excessif qui les pousse à s'endetter exagérément. Ce comportement est induit par un faux sentiment de sécurité3, lui même suscité par un environnement économique où se combinent stabilité (du système financier) et inflation basse [Goodfriend, 2001] : le « paradoxe de la crédibilité » signifie qu'une politique monétaire crédible (stabilité des prix) a tendance à engendrer des risques contre lesquels elle est sensée protéger les agents (instabilité financière). Selon Tsomocos [2003]4, « une économie est jugée financièrement fragile lorsqu'un nombre suffisamment important de ménages et de banques font défaut sur des montants substantiels sans pour autant faire nécessairement faillite (crise de liquidité) et lorsque la 1 Boyer R., Dehove M., Plihon, D., (2004); Mésonnier J. S. (2004). 2 Une inflation instable contribue à la fragilisation des relations financières en augmentant l'incertitude à laquelle prêteurs et emprunteurs sont confrontés, dans l'évaluation du rendement réel des investissements financés par emprunt. 3 Ceci en raison de l'engagement crédible des autorités de politique monétaire, à veiller à la stabilité des prix, et la stabilité du système financier dans son ensemble. 4 Tsomocos D.P. (2003): « Equilibrium analysis, banking, contagion and financial fragility », Bank of England Working Paper, n° 175. 3 3 Mémoire de DEA/Master II- NPTCI Economie présenté et soutenu par : Ntonga Efoua Fabien Clive, UY II (2009) profitabilité du système bancaire décroît significativement (crise bancaire) ». Ceci n'est pas sans rappeler la conjoncture économique mondiale actuelle : depuis le déclenchement de la crise des subprimes en fin 2007, les prévisions de croissance pour l'économie mondiale ne cessent d'être revues à la baisse. En Avril 2008, Le Fonds Monétaire International (FMI) a fortement abaissé sa prévision de croissance pour la Zone Euro à 1,4%, contre 1,6% dans ses prévisions de Janvier, en précisant que ceci constitue « un important ralentissement après 2,6% en 2007 »1.Le FMI soulignait - dans le même ordre d'idées- que ses prévisions de croissance dans le monde « risquent de s'avérer trop optimistes, surtout pour 2009 ». D'ailleurs, il n'est plus question actuellement [2009], de « ralentissement de la croissance », mais bien de « récession ». Le phénomène de la globalisation financière n'est certainement pas étranger aux effets de contagion de la crise de 2007, vu la vague des faillites et des lourdes pertes enregistrées dans le secteur bancaire en France, en Grande-Bretagne ou au Japon, dans le sillage des Etats-Unis, car la crise des subprimes s'est transformée en crise mondiale. Et en dépit des actions massives, répétées et plus ou moins coordonnées des autorités monétaires internationales, les places boursières du monde entier n'en finissent pas de plonger2. Or si l'on admet cette définition donnée par Stiglitz [2000]3, la politique monétaire regroupe « l'ensemble des actions visant à agir sur l'offre de monnaie et la disponibilité du crédit » ; et que ses effets sur l'activité économique passent par des canaux de transmission (taux d'intérêt, taux de change, canal du crédit, canal du cours des actions) [Mishkin, 1996], il paraît évident que les mesures de politique monétaire visent donc, soit à prévenir les crises (financières), soit à prendre des mesures adéquates pour y faire face. Remarquons cependant que malgré les progrès remarquables réalisés en termes d'Economie de l'Information et de crédibilité des politiques monétaires (décennie 1980), le monde en général, et les pays développés en particulier - Etats-Unis, champions du libéralisme en tête-, est secoué par des crises (financières et économiques) de plus en plus récurrentes et sévères par leur ampleur [Kindleberger, 2000]. Citons à titre d'illustration : le krach d'octobre 1987 (risque systémique) avec la baisse de 508 points de l'indice Dow Jones (environ 600 millions de titres échangés) ; la crise japonaise de 1989, la crise du 1 Site Internet du Quotidien Les Echos ( lesechos.fr.), visité 18/04/2008. 2 Jeudi 18 septembre 2008, les marchés asiatiques et européens ont nettement reculé. La veille, le Dow Jones et le Nasdaq aux Etats-Unis avaient enregistré des baisses spectaculaires de 4,06 % et 4,94%. La crise des subprimes se transformait ainsi en « tempête boursière » [Le Monde, le 18/09/2008]. 3 Ex économiste en chef à la BIRD, et Prix Nobel d'Economie en 2001, conjointement avec Akerlof et Spence. système monétaire européen des années 1992, les crises mexicaines de 1982 et 1994, la crise asiatique de 1997, l'éclatement de la « bulle » Internet en 2000. En particulier, il avait déjà été dit de la crise asiatique de 1997, qu'elle était la « crise la plus sévère qu'ait connu le monde depuis la Grande Dépression des années 1930 », de par son ampleur et le nombre de pays touchés. Cependant, à propos de la crise des subprimes, Alan Greenspan ex- Gouverneur de la FED, a déclaré dans l'hebdomadaire The Economist (Déc. 2008)1: « les marchés sont étouffés par un degré de peur inconnu depuis le début du 20ème siècle [...] ». Les pays de l'OCDE ne sont pas les seuls concernés par la récession actuelle, née de l'éclatement de la crise en 2007, celle des subprimes. Ce que l'on a qualifié au départ de « crise financière » est à présent devenu une crise économique, dont les effets se font ressentir dans tous les secteurs d'activité (banques, assurances, automobile...) aux quatre (4) coins de la planète y compris en Afrique2. En effet, les crises de surendettement (comme celle des subprimes) se préparent lorsque « tout va bien », et que les agents profitent de la croissance et des taux d'intérêts bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable. Mais lorsque les taux d'intérêts se retournent à la hausse, l'endettement qui semblait soutenable vire au surendettement. C'est ce que Minsky [1986] a appelé le « paradoxe de la tranquillité ». A ce « paradoxe de la tranquillité », s'ajoute un « paradoxe de la crédibilité », né du faux sentiment de sécurité, induit par la confiance qu'ont les agents vis-à-vis des engagements des autorités de politique monétaire (en matière de lutte contre l'inflation) ; et qui met ces dernières face à un risque d'aléa de moralité, ainsi que le souligne Goodfriend [2001]. Les remarques et mises en garde contenues dans les articles sus cités (cf. p. 1) concernent donc l'ensemble des économies de planète, vu l'ampleur du phénomène de la globalisation financière, et vu les succès engrangés par la plupart des Banques Centrales (BCs) en matière de stabilité du système financier, et surtout de lutte contre l'inflation, depuis une trentaine d'années. Il nous semble dès lors, que de telles réflexions méritent une application en Afrique Centrale en particulier, en ce qui concerne la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC)3. 1 Voir le Site lesechos.fr. 2 Le texte est organisé en 4 chapitres. Le lecteur pourra faire un rapprochement logique entre : les Chap. I et III d'une part ; les Chap. II et Chap. IV d'autre part. 3 Sauf indication contraire, nous considèrerons que la Zone BEAC est composée des pays actuellement regroupés au sein de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale). La CEMAC est composée de six (6) pays ayant la BEAC pour BC commune : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, et le Tchad. 5 5 Mémoire de DEA/Master II- NPTCI Economie présenté et soutenu par : Ntonga Efoua Fabien Clive, UY II (2009) Dès lors, l'intérêt d'une telle étude est double : * considérant le fait que les pays de la Zone BEAC semblent évoluer dans ce que certains économistes ont appelé un « nouvel environnement », caractérisé par un système financier stable et une inflation basse - ainsi que le verrons -, nous pouvons logiquement nous demander si l'euphorie liée à cette situation ne peut pas induire dans la Zone BEAC, les mêmes comportements pervers qui sont à l'origine de la crise de 2007 dans les pays de l'OCDE. Il s'agit donc de combler un vide théorique sur la question de la cohérence entre la stabilité des prix et la stabilité financière dans la Zone CEMAC. En effet, nous n'avons pas connaissance d'aucune étude ayant été menée dans ce sens. * Au-delà de l'enjeu théorique, l'acquisition de connaissances sur cette question ouvre de nouvelles pistes de réflexion sur la conduite des politiques monétaires dans les pays de la CEMAC. Par ailleurs, les leçons tirées de la crise actuelle dans le monde développé, peuvent éclairer les autorités monétaires de la Zone BEAC, mettant ainsi l'Afrique au diapason de ce qui se passe dans le monde contemporain ; et démentir ainsi les propos selon lesquels l'Afrique Centrale en particulier évoluerait en marge du reste du monde1 Problématique et objectifs de la recherche Borio et al. [2002, 2003]2, reprenant l'idée de Goodfriend [1993]3, intègrent un cadre descriptif traduisant un « nouvel environnement » pour les économies industrialisées depuis la fin des années 1980, « caractérisé par la conjonction de 3 facteurs :
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