5.2- PERSPECTIVES.
Au regard de ce qui précède, on peut envisager
le changement des attributions de longue date que l'individu peut faire sur
lui-même ou que le groupe peut faire sur l'individu.
Les parents et les attitudes de la société
doivent changer. Il s'agit de favoriser la sortie de la femme de ce
système clos où l'on estime que les valeurs de la religion sont
opposées à celles de l'école, ce pourrait signifier qu'il
existerait un conflit de socialisation entre les instances de
l'éducation. L'on observe que les conflits de socialisation proviennent
de ce que les femmes se trouvent soumises aux instances contradictoires de ces
derniers. L'individu, au mieux la femme peut adhérer totalement à
l'un des groupes d'appartenance et dévaloriser les pratiques dans
l'autre groupe.
Le conflit entre socialisation familiale et socialisation
scolaire en offre ainsi l'illustration en ce qui concerne l'éducation de
la jeune fille. En fait, au-delà de ce qui pourrait apparaitre comme un
banal problème d'indépendance, d'autonomie, de liberté de
la jeune fille, on découvre sous-jacent un véritable rejet des
pratiques sociales. La femme adopte un comportement duel et fonctionne sur deux
registres différents selon les situations sociales comme elles se
trouvent. La jeune fille respecte les valeurs traditionnelles envers ses
parents et se compose un rôle d'adolescente émancipée au
milieu du groupe de pairs. Un tel clivage de comportement en fonction des
sphères d'activités est le plus difficile à soutenir sur
une longue période.
L'individu peut également rechercher des formules de
compromis entre les attentes des différents niveaux de socialisation. Il
adopte un comportement intermédiaire et essaie de diminuer le niveau
d'exigence de chaque milieu en faisant prévaloir l'impossibilité
dans laquelle il se trouve de répondre à des attentes de
rôle impossible.
Le conflit peut enfin induire le comportement de
déviance : alcoolisme, drogue, délinquance, suicide. On peut
ainsi expliquer la sur délinquance des jeunes filles issues de ce
milieu. Cette délinquance semble être une réponse
collective des problèmes rencontrés par les jeunes filles issues
de ces milieux qui sont en contradiction avec les valeurs scolaires.
Dans ce cas-là, voila ce cela pourrait avoir comme
impact sur la durée de la fille dans le système scolaire.
5.3- RECOMMANDATIONS.
Au terme de ce travail, il convient de dégager des
recommandations. En effet, l'école en général et la
scolarisation de la jeune fille en particulier se trouve inscrite dans une
logique où il est important de comprendre comment utiliser l'esprit,
comment se comporter avec l'autorité bref comment traiter les autres,
aussi convient-il de suggérer quelques recommandations d'abord, aux
appareils idéologiques de l'Etat, ensuite à l'ensemble de la
communauté éducative et enfin à l'endroit de la jeune
fille.
5.3.1- Recommandations aux appareils idéologiques de
l'Etat.
A ce niveau, il convient d'exhorter les pouvoirs publics, les
ONG nationales et internationales à continuer d'oeuvrer inlassablement
pour faire reculer davantage les frontières de l'ignorance en vue de
permettre une meilleure scolarisation des filles dans l'arrondissement de Mora,
par conséquent leur maintien dans le système scolaire.
Toutes ces actions entreprises permettront aux filles
d'achever leur cycle primaire au même titre que les garçons. Pour
ce faire, le Minedub à travers ses services déconcentrés
(DDEB, IAEB) doit :
- faire en sorte que les écoles deviennent des milieux
vie pour tous les enfants en âge scolaire et surtout les filles ;
- travailler en synergie avec les leaders locaux et religieux
en ce qui concerne le processus de solarisation de la jeune fille en termes de
survie dans le système éducatif ;
- mettre sur pied un mécanisme de motivation à
base communautaire durable (à adresser à la
communauté) ;
- tenir compte de la place de la fille dans le design
de l'éducation.
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