II.2.2. Crise de liquidité bancaire
Les incertitudes sur les engagements directs et indirects des
établissements financiers en matière de crédit à
risque, mais aussi la crainte d'un ralentissement général des
activités de banque de financement et d'investissement, très
rentables et moteurs de la croissance au cours des années
précédentes, ont fini par entraîner une véritable
crise de confiance, ayant connu peu de précédent, entre banques.
Sur marché interbancaire, sur lequel les banques en
situation d'excédent de capitaux prêtent à celles qui en
manquent, la défiance entre banques elle-même a conduit à
une envolée du taux interbancaire.
Par ailleurs, les banques avaient mis en place au cours des
années précédentes des structures de financement,
appelées conduits ou SIV « structured investment véhicules)
qui émettaient du papier commercial à court terme à taux
faible «en) asset-backed commercial paper) vendu à des
investisseurs. Les fonds levés étaient ensuite
prêtés à long terme à des taux plus
élevés, ce qui permettait de dégager une marge
d'intérêt. Seulement, ces emprunts à court terme devaient
être renouvelés régulièrement (tous les trois mois).
Or, une fois la crise de confiance envers les banques engagée, les
investisseurs ont cessé de financer les ABCP, obligeant les banques
à les financer elles-mêmes.
La crise de liquidité bancaire a conduit les banques
centrales, Banque centrale européenne (BCE) et Réserve
fédérale des Etats-Unis (Fed) en premier lieu, à
procéder à de massives injections de liquidité sur le
marché interbancaire afin de permettre aux établissements de
refinancer leur activité et d'éviter le déclenchement
d'une crise systémique (crise de tout le système). La
première intervention a eu lieu en aout 2007, lorsque la BCE a
injecté 94,8 milliards d'euros dans le systeme financier européen
pour accroitre les liquidités qui manquaient au marché. Il s'agit
de la plus grande mise à disposition de fonds faite en un seul jour par
la BCE, dépassant le prêt de 69,3 milliards d'euros fait
après les attentats du Il septembre 2001. Le même jour, la Fed
injecte 24 milliards de dollars US dans le système financier de son
pays.
Les banques se financent traditionnellement en empruntant sur
le marché monétaire interbancaire à des
échéances de trois mois. Le taux d'intérêt auquel
elles empruntent (en Europe continentale, il s'agit de l'Euribor à 3
mois) est habituellement supérieur de 15 à 20 points de base
(0,15 à 0,20 % en langage courant) au taux directeur de la banque
centrale qui est considéré comme le taux sans risquer 14]. La
différence entre le taux auquel les banques empruntent et le taux
directeur est appelée prime de risque et est calculée par
l'indice TED (en) pour le cas américain. À partir de la crise de
confiance du mois d'aout 2007, le taux Euribor s'est envolé, atteignant
4,95 % en décembre 2007 alors que le taux directeur était de 4 %
(2007) et qu'en temps normal, elles auraient emprunté à 4,20 %.
En octobre 2008, l'indice TED a même atteint le niveau historique de 4 %
de différence alors qu'il avait été de 0.5 % en moyenne de
2004 à 2007.
La forte hausse, à partir du mois d'aout 2007, des taux
à court terme auxquels se refinancent les banques constitue un vrai
risque pour leur équilibre financier: « L'envolée des taux
du marché du refinancement bancaire, devenus supérieurs aux taux
des prêts sans risque à long terme. En effet, certaines banques en
arrivent à emprunter à des taux élevés pour
refinancer des crédits qu'elles ont accordés
précédemment à des taux moindres.
La crise de liquidité est renforcée par
l'asymétrie d'information entre banques, qui sont donc réticentes
à se prêter entre elles.
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