III.2.3- Travaux de Gadbois (1981)
Gadbois (1981) a mené une étude sur le travail
de nuit et les modes de gestion des contraintes de ce travail au plan de la vie
familiale chez le personnel féminin des hôpitaux. Cette
étude met, tout d'abord en évidence , la multiplicité des
formules de travail de nuit existantes : pour 61 hôpitaux et 848
personnes, cinq longueurs de nuit de travail ont été
relevées (entre 8 heures et 12 heures par nuit), 16 durées
mensuelles (de 140 à 200 heures) et quinze modèles
différents de formules tournantes pour alterner période de
travail et période de repos (d'une nuit de travail par une nuit de repos
à 7 nuit de travail par 4 nuit de repos ou 7 nuit de travail par 7 nuit
de repos).
La majorité du personnel enquêtée a
été affectée à un poste de nuit `'sur demande»
(85%). Cela s'explique, sans nul doute pour une large part, par le fait que la
décision de travailler de nuit donne la possibilité de faire face
aux charges familiales pendant le jour. Ce sont surtout les femmes
mariées avec enfants qui demandent leur affectation à un certain
temps à des postes de nuit (plus de 90%). De même l'attrait
financier du travail de nuit (octroi d'une prime forfaitaire par heure de
travaillée) rend ce système attrayant pour les catégories
des moins rémunérées : agents hospitaliers et aides-
soignantes, plutôt que les infirmières.
L'analyse de ce qui est vécu par ces personnes, en
dehors du temps de travail, montre que les exigences sociales des
activités extra- professionnelles tendent à prendre partiellement
le pas sur les conditions optimales de récupération du
déficit du sommeil ; le sommeil diurne qui suit la nuit de travail est
comprimé (4 heures 30 en moyenne dans un système de nuit de
travail, 6 heure 20 dans un système de 4 nuit de repos). Ce sommeil est
quelquefois pris en deux fois, afin de permettre à la femme de
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faire face à certaine contraintes familiales (repas de
midi, par exemple) ; son début est pour les mêmes raisons
retardé : la femme rentre à 7 heures 30 chez elle, se couche
seulement à 8 heures 30, une fois ses enfants partis à
l'école.
L'étude montre également que la vie sociales de
ces femmes (vie associative, sorties, invitation familiales ou amicales,
loisir, etc.) est plus restreinte si on la compare à celle d'un groupe
de référence du personnel de jour. Les effets du travail de nuit
se répercutent, par ailleurs, sur les autres membres de la cellule
familiale : le père, obligé d'assumer un certains nombre de
fonctions classiquement remplies par la mère (repas du soir, coucher des
enfants) voit aussi sa `'vie sociale diminuée» (p. 451). Il y a
aussi le fait que les travailleurs de nuit tendent à solliciter de leurs
enfants un apprentissage plus précoce de l'autonomie, amenés
à supporter les effets des contraintes qui empêchent leurs
mères de leur fournir certains types d'aide habituellement reçus
par les enfants de leur âge.
En définitive, bien que les emplois atypique peuvent
constituer une stratégie positive d'intégration du marché
du travail, il n'en demeure pas moins elle peut être le résultat
d'un processus menant à la marginalisation des travailleurs. Pour une
part importante des travailleurs notamment, les travailleurs de nuit.
De ces différents travaux qui viennent d'être
présentés, il apparaît que les contraintes professionnelles
et les conditions de travail influencent négativement l'organisation des
activités extra-professionnelles. En conséquence, les
travailleurs ont du mal à concilier les rôles professionnels et
les rôles non professionnels. Cela débouche sur le conflit
travail-famille.
En nous appuyant sur ces travaux, nous allons élaborer
notre problématique, en précisant que la plupart des travaux
présentés, ici, ont été réalisés en
occident, nous devons donc les interpréter. En effet, nous sommes dans
un contexte différent et le conflit travail- famille n'est pas forcement
vécu de la même façon et n'a pas donc les
mêmes effets, selon qu'on est au Gabon ou en occident.
Nous devons, de ce fait, tenir compte des réalités de
l'environnement gabonais. Cela va nous conduire à préciser notre
problématique.
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