CHAPITRE 3 : Préparation de la
stratégie
Segmentation des groupes
cible
Comment s'organise le suivi de
la situation suite à un signalement au Service
compétent?
Le service compétent doit tout d'abord apprécier
la demande d'aide ou le signalement, c'est-à-dire rassembler les
informations et les avis qui lui permettront d'évaluer le degré
de danger encouru par le mineur, et la capacité des parents à y
remédier. Cette démarche comprend au moins : un contact avec la
personne qui a effectué le signalement, un entretien avec le mineur et
ses parents (si possible à leur domicile), un contact avec un
professionnel qui connaît bien l'enfant (médecin, enseignant,
etc.), et, si nécessaire, un autre contact avec un professionnel ou une
personne de l'entourage.
L'appréciation porte sur les
difficultés et les ressources de l'enfant et de sa famille. Elle dure de
4 à 6 semaines environ.
A la fin de cette démarche, le service compétent
peut en arriver à conclure que: - L'enfant ne court aucun danger, ou
que ses parents ont montré qu'ils pouvaient remédier à la
situation. - Il peut au contraire décider de mettre en place une
action socio-éducative, autant que possible avec la
collaboration des parents.
- Sans celle-ci, un mandat judiciaire peut être requis pour
mener à bien l'action socio-éducative. On parle alors non
plus d'une appréciation, mais d'une
évaluation. Le service compétent remet ses conclusions
à l'autorité judiciaire, sous la forme d'un rapport
argumenté et de propositions de suivi.
.Dans l'optique de la
prévention, comment dialoguer avec les enfants de la
maltraitance?
Le contenu des messages de prévention des mauvais
traitements envers les enfants a évolué récemment. En
ce qui concerne les abus sexuels, certains programmes de prévention qui
tentaient d'amener les enfants à les dévoiler, ont montré
leurs limites. On a constaté que les messages qui diminuent la confiance
en l'adulte, surtout ceux qui le présentent comme un abuseur potentiel,
ont des effets néfastes sur les enfants (par ex. peur et méfiance
exagérées envers l'adulte). Actuellement, on s'oriente vers une
prévention qui renforce le sentiment des enfants qu'ils peuvent
être protégés par des adultes. L'idée est
d'augmenter leurs capacités à être critiques,
débrouillards, confiants en leurs ressources, et surtout de les inviter
à communiquer avec les adultes au sujet de ce qu'ils vivent. De plus,
étant donné que certains adolescents sont également des
abuseurs, on devrait aussi concevoir des programmes de prévention de
passage à l'acte pour cette population.
En ce qui concerne les autres types de maltraitance, le message
principal consiste à indiquer aux enfants, en termes clairs et
adaptés à leur degré de compréhension, que certains
actes ne sont ni normaux, ni tolérables, et
qu'il faut en parler sans tarder, quel que soit l'auteur de
ces actes.
L'idée est de dire à l'enfant qu'il peut parler de
ce qui lui arrive, qu'on ne gardera pas le secret s'il s'agit de le
protéger, mais que l'on va aider ses parents à ne pas
répéter les violences subies, ou à le protéger si
les maltraitances ont eu lieu en dehors du milieu familial. On lui signale
aussi l'existence du Service de Protection, qui peut intervenir si sa
protection n'est plus assurée.
De façon générale, la prévention
tend à renforcer la confiance de l'enfant en lui-même, pour lui
permettre de mobiliser ses ressources personnelles et externes (confiance en
des adultes protecteurs). Pour cela, on lui indique quels adultes peuvent
l'aider dans son entourage familial et scolaire, et on lui communique le
numéro de la ligne d'aide pour enfants. On s'assure aussi qu'il sait ce
qu'il pourrait faire s'il lui arrivait quelque chose : peut-il nommer quelqu'un
de son entourage qu'il pourrait contacter?
Idéalement, on devrait faire de la prévention plus
générale, adressée aussi bien aux enfants concernant leur
protection et leur bien-être, qu'aux parents, à la population
générale et aux professionnels de l'enfance. Une éducation
de qualité et des parents avertis et soutenants sont les
premières ressources des enfants pour se protéger de la
maltraitance. Dans cette optique, il serait bon de mettre en place des
programmes de prévention et de soutien à l'usage des parents, qui
peuvent se trouver submergés par une accumulation de difficultés
ou par un excès de sollicitations de tous ordres. Une bonne
prévention devrait se faire en favorisant activement les
habiletés sociales des enfants et des jeunes. De plus, les mots, la
façon de pouvoir exprimer ce qu'il ressent, ce qu'il veut ou non,
constituent un garde-fou important pour éviter à l'enfant de
subir certains passages à l'acte.
DEUXIEME PARTIE
Plan de communication
TRAVAUX D'EXPLOITATION DES ENFANTS
Trop d'enfants employés à des travaux domestiques
sont victimes d'exploitation. Lorsque les enfants nettoient, cuisinent,
s'occupent des enfants de leur employeur ou sont occupés à des
travaux ménagers pénibles, on les prive de leurs droits en tant
qu'enfants, tels que reconnus par le droit international - le droit de jouer;
le droit de rencontrer leur famille et des amis; le droit à un logement
décent; enfin celui à une protection contre le
harcèlement, sexuel ou physique, et contre la cruauté mentale.
Les enfants qui travaillent chez les particuliers n'ont pas
accès à la protection à laquelle ils ont droit; à
la différence des autres travailleurs, ils vivent derrière des
portes closes où personne ne peut assister aux abus commis contre eux ou
à l'oppression dont ils sont victimes.
Selon des recherches entreprises à l'échelle
mondiale, les filles de moins de 16 ans sont plus nombreuses à
être employées à des travaux domestiques qu'à toute
autre forme de travail. Partout dans le monde, on commence de plus en plus
à se préoccuper de cette forme d'exploitation des enfants.
Le 11 juin 2004, à l'occasion de la troisième
Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, l'OIT centre
son action sur le travail domestique des enfants avec la parution à
Genève d'un rapport inédit destiné à être
diffusé dans le monde entier.
REPORTAGE
Au Sénégal, qui sont les
talibés?
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Au départ, ce sont des enfants confiés à
un maître d'école coranique (Marabout) en vue de leur
apprentissage du Coran.
Depuis trente à trente-cinq ans,
une grande partie de ces enfants (mais une partie seulement) est victime du
fonctionnement des daaras (écoles coraniques). Mal logés, mal
nourris, maltraités, ils sont contraints d'aller mendier au
bénéfice du maître d'école coranique.
Un récent documentaire télévisé et
diffusé par Thalassa a provoqué une prise de conscience d'un
certain nombre de téléspectateurs et suscité un nombre
important de messages d'indignation sur le forum de Thalassa. Cette «
vague » d'indignation a été peu perçue au
Sénégal. Elle a toutefois suscitée une réaction
irritée du Président Wade. Des commentaires très
émotionnellement agressifs ont été postés suite
à ce documentaire. Celui-ci, diffusé par Thalassa, n'a
montré qu'un aspect d'un phénomène très
compliqué en méconnaissant les dispositions prises par
l'État et les efforts des dizaines d'associations oeuvrant dans le
domaine. Cependant, quelques internautes très motivés ont fait un
travail de recherche et de documentation sur le sujet.
Le 20 avril
est au Sénégal la journée nationale des talibés.
Ce jour là, plusieurs manifestations sont prévues
en soutien aux textes prévus en faveur des talibés (loi du 29
avril 2005 et Convention internationale des droits de l'enfant) pour
réclamer leur application.
Des débats sont
également organisés afin de présenter le problème
sous un angle un peu moins sommaire.
D'autres actions sur cette
journée sont prévues dans tout le Sénégal pour se
joindre à cette action .
La part des talibés sur les 40% du budget alloué
à l'éducation
La mendicité au Sénégal est un
thème très sensible qui a soulevé beaucoup de
débats et suscité beaucoup de passions. Pour une meilleure
amélioration de leurs conditions de vie, les Talibés ont
invité les autorités à traduire en actes leur prise en
charge. Ceci, ils l'ont fait savoir ce mercredi 20 avril 2011 lors de la
journée qui leur était dédiée au stade municipal
des Parcelles Assainies.
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L'Association des Maitres Coraniques des Parcelles Assainies a
célébrée la journée nationale des talibés en
collaboration avec la Mairie de ladite localité. A cette occasion, les
talibés étaient bien habillés arborant tous des tee-shirts
prenant congé de leurs haillons.
Plus de 2000
talibés ont fait une marche jusqu'à la préfecture pour
remettre un mémorandum au Représentant de l'Etat. Parmi leurs
doléances, ils ont suggéré au Gouvernement
«d'agréer les Daaras afin qu'elles puissent
bénéficier des 40% du budget national en vue de régler
définitivement les problèmes multidimensionnels qu'elles
rencontrent. Ils ont également invité le Président de la
République à instaurer un grand prix du Chef de l'Etat pour les
élèves ayant mémorisés le Saint-Coran afin de les
encourager davantage à l'instar des pays musulmans, en sa qualité
de pays qui assure la présidence en exercice de l'Oci
».
Quant au Maire des Parcelles Assainies, M Moussa Sy, il a
octroyé « une subvention de 3 000 000 millions aux maitres
coraniques, des dons en denrées de première
nécessité dont 15 tonnes de riz, des produits pour la
désinfection et des carnets de santé qui leur permettront
désormais d'être pris en charge dans les structures sanitaires de
la Commune ».
En outre, il a exhorté les maitres
coraniques à utiliser à bon escient ces subventions
octroyées aux enfants afin de faire d'eux des citoyens modèles et
de diminuer la mendicité.
Maltraitance des enfants : Les «
talibés » pèsent sur l`image du Sénégal, selon
l'Unicef
Le phénomène des enfants de la rue continue
à renvoyer du Sénégal une image négative en
matière de protection de l'enfance, a rappelé mercredi 16 juin le
représentant-résident de l'UNICEF Mohamed Azzedine Salah. Mais
selon lui, des efforts sont cependant faits dans ce domaine.
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«C'est clair qu'au Sénégal, la question de la
maltraitance est liée au problème des enfants de la rue. Et
souvent les gens ont une tendance fâcheuse à faire le
raccourci, de lier ce phénomène à la religion»,
a-t-il souligné pour le déplorer.
Mohamed Azzedine Salah
s'exprimait sur la Radio futurs médias (RFM), dans le cadre de la
célébration de la Journée de l'enfant africain,
commémorée le 16 juin de chaque année, en souvenir du
massacre d'enfants perpétré à Soweto, en Afrique du Sud,
sous le régime de l'Apartheid.
Pour le représentant de l'UNICEF, il est
nécessaire, sur cette question, de faire la part des choses. «Les
religions, a fait observer M. Salah, n'ont jamais dit qu'il faut maltraiter les
enfants. Et là, ce qu'il faut combattre, ce n'est pas le changement
d'opinion au manque d'éducation par rapport à la religion. Mais
plutôt ce qui ce passe en terme de maltraitance des
enfants.»
Mohamed Azzedine Salah a reconnu que des efforts sont
faits en matière de droits de l'enfant. « Globalement, il ya eu des
progrès dans ce domaine, notamment avec le secteur de la santé.
Parce que depuis une décennie, les programmes de vaccination
ont fait des avancés significatives avec la réduction de la
mortalité des enfants», a-t-il noté. S'y ajoute que dans le
domaine de l'éducation, « il y'a un accès massif des enfants
à l'éducation ».
Il a par ailleurs indiqué que
le Sénégal a engrangé beaucoup de points dans le domaine
de la lutte contre l'excision, par exemple, mais a moins bien fait en
matière de protection de l'enfant.
Le 16 juin 1976 dans la
banlieue de Johannesburg, le régime de l'Apartheid a
réprimé sans ménagement des écoliers qui
manifestaient contre l'usage de l'afrikaans dans leurs écoles. À
cette occasion, Hector Petersen, 13 ans, élève à
l'école de Orlando West, a été tué d'une balle
à la poitrine. Aujourd'hui à Soweto, un musée porte son
nom.
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2B Problématique et Méthodologie
Appliquée
LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE ET LES ABUS SEXUELS SUR LES
ENFANTS
Pour lutter efficacement contre la maltraitance et les abus
sexuels sur les enfants, acteurs et décideurs politiques ont
décidé d'unir leur force, via la mise en place d'un observatoire.
C'est dans ce sens qu'un atelier a été organise, samedi 8 Aout
2009, par le Centre de guidance infantile et familial (Cegid), dirigé
par le psychologue, Sérigne Mor Mbaye, à la Mairie de Grand-Yoff
en présence de l'édile de la ville, Mamadou Mbaye ainsi que le
représentant du département de Famille, Mama Guèye.
«Toute connaissance est une libération et toute ignorance est une
prison. Alors libérez-nous Professeur !«. Ces propos sont de
Mamadou Mbaye, maire de la commune d'arrondissement de Grand-Yoff.
Une ville qui abrite l'observatoire de lutte contre la
maltraitance et les abus sexuels sur les enfants. Après avoir
rencontré le maire le 15 juin de la même année, le Cegid et
ses partenaires ont organisé un atelier samedi 4 juillet 2009 dans les
locaux de la ville.
Conscient de la gravité de la situation, Mamadou Mbaye
avertit déjà qu'il veut des recommandations concrètes.
« J'ai besoin des recommandations opérationnelles. Il ne s'agit pas
de faire un séminaire de plus. Si c'est ça, nous ne sommes pas
partants. Il faut que les populations puissent voir l'impact des travaux.
Sinon, ça n'a pas de sens. Quand on travaille pour
l'épanouissement des populations, nécessairement, on pense aux
enfants et aux vieux. Parce que les enfants c'est l'avenir ; les
protéger c'est protéger la société »,
déclare le maire de Grand-Yoff.
Quant à Sérigne Mor Mbaye, il rappelle les
recommandations sur l'observatoire de Saint-Louis et les négligences
notées çà et là. « Nous avons dormi sur nos
lauriers. Le phénomène a gagné en ampleur. Or,
estime-t-il, si on avait mis en place, sur l'ensemble du territoire national,
ces genres de projets, il y aurait eu un maillage. Mais il n'est trop tard de
bien faire. On sent un regain de tension des pouvoirs publics vers la lutte
contre les abus sexuels faits aux enfants. Nous nous inscrivons comme acteurs
leaders parce c'est notre métier qui consiste à identifier les
traumatismes et à les soigner ».
Ce projet érigé à Dakar devrait faire tache
d'huile sur l'étendue du territoire national si on en croit au
psychologue. Et contrairement au Garde des Sceaux, ministre de la Justice
qui a demandé de porter la peine à 15 ans pour les cas de viol et
d'abus sexuels, le directeur du Cegid s'inscrit dans une dynamique de
prévention. « Je suis plus préoccupé par la
prévention et la gestion du traumatisme psychique qui, selon lui, est la
problématique fondamentale. La réparation est certes judiciaire,
mais comment aider l'enfant à atténuer sa souffrance? ».
TROISIEME PARTIE
Stratégie de communication et Elaboration de
message
REPORTAGE - ENQUETE
Quelques témoignages d'enfants travailleurs
domestiques au Sénégal : Fatou Ndiaye est fière
d'elle-même
Fatou a quitté Mombaye, son village natal,
à 7 ans. Sa condition de fille de pauvres paysans l'a obligée
à quitter très tôt sa famille pour venir gagner sa vie en
ville.
Aujourd'hui, Fatou se souvient de ses débuts
difficiles à Dakar: "Je suis venue à Dakar en 1991.
J'étais toute petite. Je ne savais rien faire. Au village j'assurais la
corvée d'eau et le ramassage du bois mort. Le travail est très
différent de celui de la ville. Je gardais des bébés. Je
touchais alors 2 000 francs par mois. Parfois, je tombais sur des patronnes
gentilles. D'autres, par contre, me battaient".
A 13 ans, Fatou savait laver, balayer, repasser comme une
bonne ménagère. A 15 ans, son salaire mensuel est passé
à 10 000 F. Employée de maison, elle travaille pour une patronne
qu'elle juge gentille.
Avec son argent, elle subvient aux besoins de sa
mère et de ses deux jeunes frères. Quelque fois, elle
s'achète des vêtements. Et, une fois l'an, à l'occasion de
la Tabaski, elle retourne au village, au milieu des siens.Fatou fait aussi
partie d'une association de filles qui travaillent comme elle.Au sein de cette
association de filles travailleuses de Khadimou Rassoul, dont elle occupait le
poste de Secrétaire générale adjointe, elle a appris
à s'organiser, à s'exprimer, à formuler des
doléances et à connaître ses droits.
L'association, appuyée par l'organisation non
gouvernementale ENDA Jeunesse Action, à travers l'Organisation
internationale du Travail, forte de plus de 300 membres, compte à son
actif une caisse mutuelle alimentée par les cotisations des
membres.
Ce fonds aide les femmes qui prennent de l'âge ou
qui sont confrontées à des maternités à se
reconvertir dans des activités génératrices de revenus
(les employeurs préfèrent les jeunes filles sans enfant,
jugées plus disponibles).Toujours pour lutter contre la
précarité de leurs conditions, elles ont leur caisse de
santé, elles suivent des cours d'alphabétisation; ce qui leur
permet, entre autres, de trouver un travail mieux
rémunéré. Réaliste, l'association procède
par étape. "Nous avons travaillé, précise Fatou, toute
l'année dernière sur quatre droits: le droit à apprendre
un métier, à lire et à écrire, à s'organiser
et le droit au respect", droit qui commence à être pris en compte.
Selon Fatou, "les patrons n'osent plus nous faire certaines choses"
Autre fierté de Fatou: leur participation au
défilé du 1er mai. "Cela avait surpris tout le monde. Les gens ne
s'imaginaient pas qu'on puisse défendre nos droits, exprimer nos
doléances en mimant notre quotidien, qu'on puisse accéder aux
medias. Cette initiative était notre idée, et ENDA nous avait
soutenues". Fatou a aussi été déléguée par
ses camarades pour participer à des rencontres internationales pour
partager l'expérience d'autres Enfants et Jeunes Travailleurs d'Afrique
de l'Ouest.Et à Fatou de conclure avec un sourire: "Je suis fière
de moi".
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