Section 2. LA DENOMINATION, LE BUT ET LE SIEGE DE
L'OTAN
- L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), en
français ; - North Atlantic Treaty Organization (NATO), en Anglais.
L'OTAN avait comme but et vocation initiale d'assurer la
défense et la sécurité de l'Europe face a l'Union
Soviétique après la deuxième Guerre mondiale.
Grâce à ses moyens logistiques, l'OTAN a su,
durant la Guerre froide, « garder les Américains a
l'intérieur, les Russes a l'extérieur et les Allemands sous
tutelle »29 comme le souhaitait son ancien Secrétaire
Général Hastings Lionel Ismay (du 04 Avril 1952 au 16 mai
1957).
Le siège de l'OTAN fut d'abord a Paris en France
(1949-1966). Le Président Charles DE GAULLE décida du retrait de
son pays du commandement militaire intégré de l'OTAN, suite au
refus par les Etats-Unis d'Amérique de voir le Général DE
GAULLE lancer un programme de création d'une force de dissuasion
nucléaire française, afin de s'autonomiser de ses alliés,
sur le plan de la détention de l'arme nucléaire. Ainsi
désormais, le Siège de l'OTAN est Situé a Bruxelles
(Belgique) depuis 1966 jusqu'à ce jour.
Section 3. L'ACTION DE L'OTAN DANS LA GUERRE
FROIDE 3.1. Les missions dévolues au Traité
(1949)
Avec l'OTAN, les Américains rompaient avec leur
tradition d'isolement (selon le Président Monroe), et entraient dans une
alliance permanente avec le continent Européen. Les Européens ont
tout fait pour amener les Américains à participer à leur
défense et même si le Traité les laissait libres en
théorie, en pratique, en cas d'attaque d'un des membres, les Etats-Unis
n'auraient pas d'autre solution que d'entrer en guerre.
28 Charte des NU, http//www.onu.int/
29 Hastings Lionel Ismel, cité par Daniele
GANSER, Les Armées secrètes de l'OTAN, Réseau Stay
Behind,
opération Gladio et terrorisme en Europe, Ed.
Demi-lune, Paris, 2007.
14Citation originale : « Keep the Americans in,
the Russians out and the Germans down ».
L'OTAN veut une paix active et encourage la coopération
de ses membres dans tous les domaines : économique, social, culturel et
non seulement militaire (art. 2). Le but de l'Alliance Nord Atlantique ne
serait pas simplement négatif, elle créerait un contrecourant
dynamique s'opposant au communisme, car on y trouve, dès le
préambule des idées de liberté, de démocratie et de
bien être.
Les Soviétiques s'opposaient au Traité,
l'accusant d'être « un instrument de l'impérialisme
américain ». Le Traité reposait en effet sur les principes
que les Américains ont tenté d'imposer après la guerre.
Principe de libre échange économique issu de la conférence
de Bretton Woods (voir art. 2 sur la collaboration économique). Le
Traité allait finalement être l'élément qui a
réellement soudé le bloc occidental. Sur demande des
Américains, l'OTAN ne visait pas un adversaire en particulier. Il
n'avait pas pour but de provoquer les Soviétiques.
Conformément à la charte des Nations Unies, et
notamment à son Art. 51, les pays de l'Alliance s'en remettaient
à la décision du Conseil de Sécurité (Art. 5 et 7)
lors de tout règlement des différends. Le Traité
réaffirme sa subordination a l'ONU et le rôle important de
celle-ci dans les relations internationales (Art. 1).30
3.2. L'extension de l'OTAN (1949-1991)
Situé à Londres puis à Paris à
partir de 1952, le siège de l'Alliance atlantique occupait initialement
des locaux temporaires au Palais de Chaillot (Paris), avant d'être
transféré à Porte Dauphine, avec l'inauguration du «
Palais de l'OTAN » (actuelle université Paris Dauphine) en 1959.
Les Etats-Unis ont déployé de nombreuses forces
terrestres en Europe pendant toute la durée de la guerre froide,
à savoir :
* La 7ème armée ou USAREUR a
dirigé ces forces divisées entre le Vème corps
et les VIIème corps, ce dernier ayant été
désactivé en 1991 après la guerre du Golfe ;
* Dès septembre 1954, alors que Staline puis
Khrouchtchev ont formulé la doctrine de la « coexistence pacifique
», fondée sur « l'équilibre de la terreur », le
Pentagone réplique en stockant des armes nucléaires au
Royaume-Uni, avant d'en stoker dans l'ensemble du territoire européen au
début des années 1960. Plusieurs armées européennes
eurent à leur disposition des ogives nucléaires « sans
double clé ~ équipés de dispositif de
sécurité et d'armement.
* La dissuasion nucléaire, fondée
essentiellement sur les armes nucléaires des EtatsUnis basées en
Europe de l'ouest et en Turquie, était en effet un axe dominant de la
stratégie atlantique face a l'importante force conventionnelle du bloc
de l'Est.
* Parallèlement, l'Alliance s'étendait a
d'autres Etats ; elle est rejointe par la Grèce et la Turquie (1952), la
République fédérale d'Allemagne (RFA) en 1955 et l'Espagne
de l'après Franco (1982), bien que cette dernière collaborait
précédemment avec l'OTAN, de façon informelle.
30 Charte des NU, http://www.onu.int/
3.3. Une chronologie de la guerre froide 3.3.1. Les
débuts et causes
Après la seconde guerre mondiale, les relations entre
les Américains et les Soviétiques de dégradèrent.
L'URSS affirmait vouloir garantir sa sécurité en s'entourant de
pays alliés le long de ses frontières. L'Armée Rouge
(Ancienne armée de l'URSS) ne se retirait pas des pays qu'elle avait
libérés du Nazisme Hitlérien et, contrairement aux
engagements pris à la conférence de Yalta, elle n'y organisait
pas d'élections libres. Une (( guerre ~ d'un nouveau genre oppose les
Etats-Unis a l'expansionnisme soviétique, et la guerre des influences
concernait rapidement le tiers monde, stabilisé par un équilibre
nucléaire, dit (( l'équilibre de la terreur ~ dès 1949,
année oü l'URSS possède a son tour la bombe
nucléaire.
3.3.2. Les causes immédiates
Joseph STALINE cherchait a mettre l'URSS a l'abri d'une
nouvelle attaque par la création d'un « glacis » territorial
et idéologique, c.-à-.d d'un espace protecteur qui
éloignait la menace des frontières soviétiques :
* En repoussant plus a l'Ouest les frontières de l'URSS
par l'annexion des pays baltes et d'une partie de la Pologne, alors que les
territoires allemands situés à l'Est de l'Oder et de la Neisse de
Görlitz étaient placés sous administration polonaise
(partage effectué lors de la conférence de Postdam) ;
* En imposant des gouvernements prosoviétiques dans les
pays d'Europe centrale et orientale occupés par l'Armée rouge (a
l'exception de l'Autriche), pays qui deviendront plus tard (( des
démocratiques populaires ». Le coup de Prague en
Tchécoslovaquie, une des rares réelles démocraties
d'avant-guerre en Europe de l'Est, fut l'expression la plus visible pour
l'ouest de cette politique et fut perçu comme la manifestation de la
volonté hégémonique de l'URSS.
Avant même la fin des hostilités avec l'Allemagne,
l'URSS avait établi sa domination dans les territoires
libérés par l'Armée rouge :
* L'arrestation de Seize (16) dirigeants de l'armée
secrète polonaise ; formellement conviés à Moscou pour des
entretiens politiques les deux principaux leaders de la résistance
polonaise mourraient en prison quelques mois plus tard. Le gouvernement
polonais en exil à Londres, abandonné par les occidentaux, se
voit dénié peu à peu de toute responsabilité et le
comité de Dublin, formé par les soviétiques, prend le
contrôle des pays ;
* L'attribution de la province tchécoslovaque de la
Ruthénie subcarpatique à
l'Ukraine, procurait a l'union soviétique une
frontière commune avec la Hongrie ; * L'installation au pouvoir des
partis communistes tant a Bucarest qu'à Sofia, et
l'élimination de toute autre formation politique ;
* La mise en place à Vienne (Autriche), sans consulter
les occidentaux, d'un gouvernement provisoire prosoviétique dont le chef
avait approuvé l'Anschluss en 1938 ;
* enfin, le Maréchal TITO, établi à
Belgrade (capitale de l'ex-Yougoslavie), refusait, contrairement à ce
que Kremlin avait promis aux alliés, de laisser le Roi Pierre II (de
l'ex-Yougoslavie) rentrer de son exil.
De plus en plus inquiet de ces violations
répétées de la charte de l'Atlantique et de la
Déclaration sur l'Europe libérée de Yalta, Winston
CHURCHILL s'alarmait dans un télégramme du 12 mai 1945 au
Président TRUMAN des Etats-Unis d'Amérique de risquer de voir les
forces soviétiques s'avancer jusqu'aux rives de l'Atlantique et utiliser
déjà l'expression « Rideau de fer p31, qui
deviendra célèbre.
En mars 1946, dans un discours retentissant, il
dénonçait ouvertement cette mainmise soviétique sur
l'Europe centrale et orientale. « De Stettin dans la baltique à
Trieste dans l'Adriatique, un rideau de fer est tombé sur le
continent... Les partis communistes, qui étaient très faibles
dans tous ces Etats de l'Est de l'Europe ont obtenu un pouvoir qui
dépassait de beaucoup leur importance et ils cherchaient partout
à exercer un contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers
s'installaient un peu partout, au point qu'à l'exception de la
Tchécoslovaquie, il n'y avait pas de vraie démocratie p avait
souligné W. CHURCHILL.
En Allemagne, dans leur zone d'occupation, les
Soviétiques menaient avec vigueur, la dénazification
décidée à la conférence de Potsdam. Plus de 120.000
personnes sont internées dans des « camps spéciaux p qui ont
existé jusqu'en 1950.
42.000 détenus y seraient morts de privations et de
sévices.32 Cette politique d'épuration allait de pair
avec la nomination de cadres communistes aux postes-clés de
l'Administration, de la police et de la justice ; plusieurs milliers d'agents
ayant travaillé sous le IIIe Reich étaient «
recyclés ~ par les nouveaux services de sécurité
d'Allemagne de l'Est ou maintenus dans l'Administration33 et, de
nombreux fonctionnaires de l'ancien régime, ont servi le nouveau pouvoir
jusqu'aux années 1960.
Les alliés occidentaux, en revanche, ont misé
davantage sur une « rééducation p (umerziehung en Allemand)
du peuple allemand34, car avec un succès très
limité, en novembre 1946, d'après un sondage en zone
américaine, 37 % d'allemands estimaient que « l'extermination des
Juifs, des Polonais et d'autres non Aryens était indispensable à
la survie du peuple allemand p, et en 1952, 25 % des Allemands de l'ouest
admettaient avoir « une opinion favorable p sur A. HITLER, donc une
rééducation s'avérait être très
importante.
3.3.3. L'Opposition idéologique
Le destin secret de la providence à tenir un jour dans
leurs mains les destinés de la moitié du monde avait
prédit Alexis de TOCQUEVILLE35, prédiction qui disait
dès le 19e
31 Rideau de fer : Séparation politique,
économique, militaire et stratégique de l'Europe en deux blocs
idéologiques (Est-Ouest), démarcation visible entre les pays de
l'OTAN a l'Ouest et ceux du pacte de Varsovie a l'Est, Principe mis en place
par Winston CHURCHILL.
32 A. Heinrich WINKLER., Histoire de l'Allemagne,
XIXe-XX siècle, Ed. Fayard, Paris, 2000. p. 565.
33 Christine OCKRENT et Alexandre de MARENCHES, Le
secret des Princes, Ed. Stock, 1986, p. 86.
34 Tony JUDT., Postwar - A History of Europe since
1945, Ed. Pimlico, 2005. p. 58.
35 Alexis TOCQUEVILLE, De la démocratie en
Amérique, 1er livre, 1935.
siècle, les Etats-Unis et la Russie impériale
avaient tous deux vocation à devenir un empire à l'échelle
mondiale et qu'ils s'opposaient pour la domination globale dès qu'ils
entreraient en contact. La destinée manifeste des Etats-Unis d'un
coté, la volonté d'expansion de la Russie de l'autre,
entrainaient la rivalité des deux principaux Etats
impérialistes.
Les deux systèmes socioéconomiques sont
différents, voire opposés sur plusieurs points :
|
Système du bloc de l'Est
|
Système du bloc de l'Ouest
|
Politique
|
Régime dit de « démocratie populaire
»*
|
Régime dit de « démocratie libérale
»
|
Société
|
Officiellement, société sans
classe dominante**, en réalité une
société dotée d'une nomenklatura
privilégiée.
|
Importance de la bourgeoisie
|
Economie
|
Planification centralisée (plans quinquennaux)
|
Economie capitaliste reposant sur
l'initiative individuelle et le libre marché.
|
Conception du
progrès
|
La progression de la société
entraîne le progrès des individus dans leur
ensemble.
|
La progression personnelle de
l'individu entraîne le progrès de
la société.
|
Conception de
l'individu
|
L'individu est soumis aux
objectifs politiques fixés par le parti qui réforme
la société.
|
La liberté individuelle est le moteur de la
société de l'économie.
|
*En réalité dictature d'un parti unique. Certains
pays de l'Est (comme la Pologne)
disposaient de plusieurs partis politiques mais tous ont
été sous le diktat d'un parti inféodé a l'URSS.
**Dès 1918 jusqu'à l'adoption de la constitution de
1936 l'URSS définissait officiellement comme « dictature du
prolétariat » avec les ouvriers comme classe dominante.
|
N.B : La mise en place des blocs et la question des armes
nucléaires au centre de la guerre froide se situaient les questions
nucléaires, que nous évoquions au début de ce chapitre.
Visiblement, grâce à leur capacité de destruction
inégalée, étaient en grande partie responsables de
l'absence de conflit a grande échelle entre les deux blocs, ce qu'on
appelle « l'équilibre de la terreur » par la dissuasion, une
peur du nouveau conflit mondial sous peine de la « destruction mutuelle
assurée » (DMA), à partir du moment où les super
puissances avaient admis que l'usage des armes nucléaires devaient
être restreint, au maximum l'admission faite au moment de la guerre de
Corée par exemple. Ainsi, la menace de ce conflit nucléaire aura
désamorcé la fameuse crise des missiles de Cuba, ainsi que la
crise du canal de Suez. Limitant les conflits aux théâtres
régionaux ou locaux.
La formation des blocs s'explique en partie par l'arme
nucléaire que les EtatsUnis possèdent, mais pas l'URSS (qui
l'aura bientôt cependant : la bombe A RDS-1 qui avait explosé en
1949). Chaque Etat se range donc sous la protection de l'une ou l'autre des
superpuissances ; c'est le « parapluie nucléaire ». Le
ralliement des Etats se faisait par une série de pactes ; c'est la
« pactomanie », expliquant la rapide mise en place des blocs
durant
la guerre froide. Un bloc se définit donc comme un
ensemble de pays sous le parapluie nucléaire d'une superpuissance.
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