Risques de credit dans une institution de micro finance en ville de Butembo, cas de crédit congolais pour la reconstruction( Télécharger le fichier original )par Amini KAMBALE MATABISHI Université Catholique du Graben (U.C.G) - Licence 2009 |
I.2.3. Types des risquesSous ce point nous tenterons de présenter les différents types des risque qu'une institution de micro finance peut engendrer. I.2.4.1.le risque de crédit Le risque de crédit est un des risques pour lequel les institutions de micro finance sont exposées. Le risque de crédit se défini traditionnellement comme le risque de pertes consécutives au défaut d'un emprunteur sur un engagement de remboursement de la dette (obligations, prêts bancaires, créances commerciales, ...) qu'il à contracté.29(*) Ce type de risque est sans doute le plus important de tout les risques auxquels sont exposées les institutions financières, dans la mesure où il met le plus en cause la survie de l'organisation, il résulte à la fois des facteurs liés à la santé de l'économie (récession/expansion) et des facteurs spécifiques aux emprunteurs. En outre ce genre de risque lié au crédit, peut être décomposé en trois compartiments :30(*) - Le risque de défaut, de défaillance, ou de contrepartie qui correspond à tout manquement ou tout retard sur le versement du principale de la dette contractée, selon l'agence de notation Moody's. - Le risque de dégradation de la qualité du crédit qui correspond au risque que la qualité de crédit perçue de l'emprunteur se détériore, cette dégradation se traduit par une hausse de la prime du risque (crédit spread) liée à l'emprunteur qui se définie comme l'écart entre le rendement exigé d'un emprunteur risqué sur le marché et le taux sans risque (rendement des titres de la dette souveraine). En effet, le risque de dégradation et de défaut, sont corrélés dans la mesure où la détérioration de la qualité peut être poursuivie d'une défaillance. - L'incertitude liée au taux de recouvrement qu'il est possible d'obtenir après survenance de défaut (à la suite de procédures judiciaires). Le risque de crédit pose des problèmes délicats de mesures du fait que les pertes possibles sur une contrepartie dépendent non seulement des engagements mais aussi de la probabilité de défaut des contreparties, qui n'est pas facilement mesurables. I.2.4.2.Le risque d'illiquidité On l'aborde, en général, sous trois angles:31(*) - Très souvent, le risque d'illiquidité intervient quand la banque ne dispose pas de liquidités suffisantes pour couvrir les besoins inattendus comme par exemple les retraits massifs des dépôts ou de l'épargne des clients. C'est donc l'absence d'un matelas de sécurité qui fait courir aux IMF ce risque. - On peut définir encore le risque d'illiquidité sous la forme d'un état d'illiquidité extrême pouvant conduire à la faillite d'un établissement du secteur financier. Des pertes importantes pouvant être à l'origine de cette situation, il peut s'en suivre des retraits massifs de fonds ou la fermeture de lignes de crédits d'autres banques ce qui peut provoquer la crise d'illiquidité. Il y a dans ce cas une crise de confiance du marché à l'égard de l'établissement concerné. - La troisième acception du risque d'illiquidité pour une IMF est relative à sa capacité de lever des ressources sur le marché à un coût normal pour couvrir ses besoins. Cette capacité dépend essentiellement de la situation de liquidité du marché et de celle de l'établissement de crédit lui-même. Il y a ici crise de confiance des prêteurs à l'égard de l'établissement considéré. Une quatrième cause, souvent exogène à l'établissement, peut être à l'origine du risque d'illiquidité. Il peut s'agir notamment d'une grave crise économique, une réglementation contraignante ou restrictive entraînant des fermetures sur certains segments de marché ou de catastrophe. Mais la solidarité entre les banques et l'intervention des banques centrales permet d'éviter ces situations extrêmes en raison du risque systémique qu'elles pourraient engendrer.32(*) Ce risque découle encore de la fonction de transformation d'échéances d'une institution ; le terme des emplois étant généralement supérieur à celui des ressources, la banque peut se trouver confrontée à deux situations délicates : ne pas pouvoir honorer ses engagements à court terme, avoir des ressources dont le terme a tendance à se raccourcir alors que les emplois demeurent à terme inchangés.33(*) Ce risque d'illiquidité peut aussi s'expliqué comme suit : La première situation, appelée également risque d'illiquidité immédiate, est celle où l'institution est impossible de faire face à une demande massive et imprévue de retraits de fonds de la clientèle. La seconde situation, appelée risque de transformation, est surveillée par le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes. L'analyste financier, quant à lui, portera son attention sur les points suivants:34(*) - Les emplois et ressources doivent être analysés selon leur liquidité et exigibilités réelles et non juridiques. Ainsi, les dépôts à vue sont souvent plus stables que les dépôts à terme; les dépôts interbancaires sont plus volatils que les dépôts de la clientèle; les comptes débiteurs de la clientèle, à court terme par définition, sont souvent plus immobilisés que les crédits à échéance plus lointaine; - les innovations financières de ces dernières années modifient le risque d'illiquidité de la banque: en le minorant grâce au développement des marchés secondaires de créances négociables, ainsi la titrisation des crédits. I.2.4.3. Le risque de taux La question du risque de taux d'intérêt est délicate dans la mesure où il existe de nos jours une multitude de taux avec des formules diverses.35(*) On pourrait citer notamment : les taux directeurs de la banque centrale, les taux du marché monétaire pour les titres de créances négociables, les taux du marché financier ou taux à long terme pour les obligations, les taux de placement à court terme pour les comptes sur livrets, les taux débiteurs (créditeurs) payés par un emprunteur (une banque) à son banquier (à ses déposants). Les formules de taux vont des taux fixes aux taux variables en passant par les taux révisables et les taux administrés. En outre, l'impact de l'évolution défavorable des taux pour la banque est encore plus marqué lorsqu'il existe des options « cachées » ou « implicites » dans les produits bancaires. C'est notamment le cas des remboursements anticipés ou des dépôts à vue lorsque ceux-ci sont transférés vers des placements plus rémunérateurs du fait des conditions du marché. En effet dans une telle situation, la banque aura du mal à prévoir et mesurer avec exactitude les incidences du comportement futur de sa clientèle.36(*) Le risque de taux est celui causée par la modification de l'équilibre entre l'offre et la demande de capitaux. C'est donc celui supporté par l'institution financière qui détient des créances et/ou dettes à taux fixe du fait de l'évolution ultérieure des taux d'intérêt. Il se répercute sur la situation de l'institution financière par deux voies : Ø La première, la plus connue est la liaison inverse taux d'intérêt-valeur d'actifs financiers, chaque actif réagit favorablement ou défavorablement aux variations de taux. Ø La seconde conduit, au niveau du compte de résultats, à un désajustement durable du rendement des emplois et du coût des ressources. On peut en effet distinguer: a. les emplois à taux fixe et les emplois à taux variable: - Un emploi à taux fixe est un emploi dont la rémunération ne se modifie pas quand les taux d'intérêt évoluent. Ainsi un crédit immobilier dont le taux est fixe au moment de l'octroi du crédit et qui ne se modifie pas tout au long de la période de remboursement qui peut durer jusqu'à vingt ans - Un emploi à taux variable est un emploi dont la rémunération évolue en même temps que les taux d'intérêt, soit parce que le crédit est à taux révisable ou plus simplement parce qu'il s'agit d'un crédit à court terme. b. les ressources gratuites et les ressources rémunérées. - Une ressource gratuite est de type dépôt à vue, - Une ressource rémunérée implique le versement d'intérêts aux taux en vigueur, d'intérêts qui sont fixes soit variables. Le risque de taux des institutions financières est donc de constater un coût des ressources supérieur au rendement des emplois. En raison des définitions précédentes, il est clair que les emplois à taux fixe et les ressources gratuites ou à taux fixe ne répercutent pas les variations de taux, à la hausse comme à la baisse. D'où, en fonction de la structure de bilan entre emplois à taux fixe et à taux variable, entre ressources gratuites et ressources rémunérées, chaque institution financière présente une plus ou moins grande sensibilité de son produit net non bancaire aux variations de taux d'intérêt. L'analyse doit s'efforcer d'apprécier la sensibilité tant du bilan que du compte de résultats aux fluctuations de taux. Il est aidé par l'étude d'activité qui s'est attachée à la structure des opérations de trésorerie et des opérations avec la clientèle.37(*) Selon l'administration des taux d'intérêt et l'encadrement des crédits, le taux d'intérêt demeure encore à ce jour sous l'administration de la Banque Centrale du Congo tandis que les crédits ont été jusque tout récemment (13 décembre 2005) encadrés via la limitation de la capacité de refinancement (limitation quantitative des dépôts des banques) et le plafond de refinancement. C'est à ce point que la libéralisation financière intérieure peut s'avérer une vraie bouée de sauvetage et indispensable pour le système financier congolais.38(*) La libéralisation financière intérieure, celle qui repose sur une révision profonde des règles qui administrent encore en ce jour l'octroi des crédits et la mobilisation de l'épargne en RDC - via le contrôle des taux d'intérêt, l'encadrement des crédits...- peut s'avérer salutaire pour la restructuration du système financier congolais. I.2.4.4.Le risque de change La détention de créances et dettes en devises fait peser sur les institutions financières un risque de change découlant de la variation du cours des devises dans lesquelles les créances et dettes sont libellées par rapport au franc.39(*) On notera que le risque de change et le risque de taux sont imbriqués puisque dans une opération de change à terme l'achat ou la vente au comptant de devises, première étape de l'opération, donne naissance au risque de change et que le placement des francs ou devises sur les marchés de capitaux, deuxième étape, donne naissance à un risque de taux. Dans un système de taux de change flottant, dès qu'une entreprise ou un individu réalise une opération qui implique une entrée ou une sortie de devises dans les mois ou les années à venir, il supporte un risque de change car l'entreprise ou l'individu ne connaît pas à l'avance le cours de cette devise et donc la contrepartie de ses flux en devises dans sa monnaie.40(*) Ce type de risque de change est désigné sous les termes « risque de change de transaction ou de conversion ».Les taux de change peuvent aussi avoir des impacts sur la valeur de l'entreprise, celle-ci étant égale à la valeur actualisée des flux qu'elle générera dans le futur. La variation de valeur de l'entreprise due aux fluctuations des taux de change traduit le risque de change économique. Enfin, les variations des taux de change ont des effets sur les états comptables et, en particulier, sur les résultats comptables des entreprises, ce qui correspond au risque de change de traduction ou comptable. Le risque de change apparaît dès lors qu'un prix
en devises ou une opération financière en devises est
établie ou accepté par une entreprise. Le risque est que le cours
de la devise considérée varie par rapport au cours existant
à l'instant de la négociation. Deux éléments peuvent inciter un particulier ou une entreprise à ne pas se couvrir : - Premièrement, les prévisions des cours au comptant futurs sont différentes des cours de change futurs garantis ; - Deuxièmement, si les variations des taux de change reflètent uniquement le différentiel d'inflation entre les deux pays considérés, le risque de change est nominal. Ne pas se couvrir implique que le risque existe toujours car il n'est pas possible de connaître avec certitude aujourd'hui la contrepartie des flux en devises attendus dans le futur, les prévisions pouvant se révéler fausses. L'objet de la couverture du risque de change, quel que soit le type de risque de change analysé, est de se protéger contre les variations non anticipées des taux de change. I.2.4.5. Le risque d'insolvabilité Tout crédit est une anticipation de recettes futures. Tout crédit comporte le risque que ces recettes ne se produisent pas et qu'aucun remboursement ou bien seulement un remboursement partiel n'ait lieu à l'échéance. Ce risque appelé risque d'insolvabilité est essentiel dans l'activité de l'institution de micro finance dont une des fonctions est la distribution de crédits. L'appréciation du risque d'insolvabilité est donc une première importance et on peut schématiser ainsi le comportement de l'institution conférée à ce risque: un crédit n'est accordé que si le banquier estime que la probabilité de remboursement excède celle de non remboursement. Il est celui propre à l'institution et concerne la survie de l'institution de micro finance. Il est présenté ici en dernier car il est en général la conséquence de la manifestation d'un ou plusieurs des risques précédents et que l'institution n'a pu prévenir.41(*) Comment apprécier la capacité d'un emprunteur à rembourser le crédit ? L'étude des documents financiers produits par l'emprunteur qui s'attache aux critères de développement du demandeur, est la méthode la plus utilisée. Cette méthode rencontre vite une limite : comment apprécier le risque d'insolvabilité lorsque l'emprunteur est un simple particulier et qu'il ne peut fournir aucun bilan ou compte de résultat ? Avec le développement du marché des particuliers, cette question s'est posée de plus en plus fréquemment et l'insuffisance des renseignements concernant ces emprunteurs a conduit les banquiers à rechercher d'autres moyens d'appréciation des risques d'insolvabilité reposant sur des méthodes statistiques. Par la suite, le problème s'est naturellement pris d'étendre ces méthodes aux crédits à destination des entreprises. L'analyse de ce risque consiste pour l'essentiel à étudier les fonds propre de l'institution financière sur lesquels, comme dans toute entreprise, viennent s'imputer les pertes. L'analyse s'intéresse donc : - au montant des fonds propres; et au-delà des données comptables, il convient de considérer avec attention les prévisions dont il n'est pas aisé d'apprécier la vraie nature, dette plus au moins exigible ou provision occulte constituée en franchise d'impôt; - au moment du fonds de roulement afin de vérifier la couverture des actifs immobilisés par les capitaux permanents; - au ratio de solvabilité qui, faute de données précise, peut être évalué par le rapport des capitaux propres au total de bilan. Conclusion du chapitre Au sein de ce chapitre notre objectif était de présenter l'institution de micro finance dans un cadre général. Car, celle-ci est liée a des risques, ces derniers étant inévitables dans la gestion d'une institution de micro finance. Cette dernière, dans sa gestion quotidienne, devrait en tenir compte, pas seulement de façon théorique, mais aussi pratiquer pour son avancement ou épanouissement surtout pour sa rentabilité. * 29 KAMBALE MIREMBE,Ggestion financière internationale, Cours, inédit, L1. Sciences économiques et gestion, UCG-Butembo, inédit, 2008-2009 * 30 :Le risque de crédit: évaluation à partir des engagements des banques auprès des grands groupes tunisiens, en ligne, le 1er décembre 2009, disponible sur http:// WWW.mémoire online.com* 31 J. DESSIC, Gestion des risques et gestion actif des banques, éd. Dalloz, Paris, 1995, P.49 * 32 A. de SERVIGNY., Le risque de crédit: nouveaux enjeux bancaire, 2eéd. , Dunod, Paris, 2003, P.72 * 33 S. DE COUSSERGUES, Gestion de la banque, éd. Dunod, Paris, 1982, P.105 * 34 A. SURVEY ,Le risque de crédit, nouveaux enjeux bancaires, éd. Dunod, Paris, 2003, P96 * 35 J. P. PATAT : La monnaie, système financier et politique monétaire, 6è éd. Economica, Paris, 2002, P.83 * 36 H. VAN GREUNING et S. BROJAVIC : analyse et gestion du risque : un cadre de référence de la gouvernance d'entreprise et du risque financier, éd. ESKA, Paris, 2004, P.121 * 37 J.P. PATAT, Op. cit, P.112 * 38 Rapport de la Banque Centrale de la RDC, décembre 2005 * 39 C. de LA BAUNE et alii., Couverture des risques de changes et de taux de l'entreprise, Economica, Paris, 1999, P. 201 * 40 Allamine Mahamat M. : couverture des opérations sur le risque d'échange par la BCC, en ligne, le23 janvier 2010, disponible sur htpp : WWW. Mémoire online.com * 41 JOL BESSIS : risque du crédit et gestion de portefeuille de prêts bancaires, éd. Dunod, Paris, 2006, p153 |
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