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Profil bactériologique des infections en stomatologie et chirurgie maxillo-faciale

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par Dr christophe constant chechom kammogne
UFR de sciences médicales-Abidjan-Côte d'Ivoire - mémoire 2010
  

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III. DONNEES BACTERIOLOGIQUES

A. Le type de prélèvement

85% des prélèvements ont été effectué à la seringue. Ce type de prélèvement, comparativement à l'écouvillon, permet de réduire considérablement les contaminations de la flore commensale.

L'écouvillon a été utilisé pour les lésions ouvertes dans 11% des cas.ces prélèvement sont en général contaminés par la flore commensale.

KOUAME [2] retrouve respectivement pour les prélèvements à la seringue et à l'écouvillon 79,2% et 20,8% des cas.

Les prélèvements osseux (séquestre) ont représenté 4% des cas

B. L'examen macroscopique

L'examen macroscopique des collections suppurées a été apprécié seulement sur des prélèvements effectués à la seringue.

92% des prélèvements avaient un aspect purulent et 8% hématiques.

C. L'examen microscopique

72% des patients avaient un taux élevé de leucocytes, ce qui est en faveur d'une infection, contre 28% qui avaient un faible taux de leucocytes. Cette prédominance est aussi rapportée par KOUAME [2]

Notre étude montre pour la flore aérobie, une prédominance des coccidé Gram positif avec 23,91% contre 17,39% pour les bacilles Gram négatif,

Cette prédominance est également rapportée par DIOMANDE [31] et KOUAME [2]

Pour la flore anaérobie, il a été observé 1 cas de bacille gram négatif soit 2,17 des cas. Ce résultat est largement en deçà de ceux observé par FOFANA [33], LAROQUE [37] et KOUAME [2]. Ceci peut s'expliqué :

par une maitrise insuffisante des techniques de prélèvements par les médecins du service (Afin d'isoler des anaérobies stricts, il convient en effet d'éviter de prélever la flore résidente par la ponction à l'aiguille apr~s désinfection locale, et de réduire au minimum la toxicité de l'oxygène sur le prélèvement durant son transport jusqu'au laboratoire. En aucun cas le prélèvement ne doit être placé au réfrigérateur)

et une attitude compulsive de prescription des antibiotiques avant les prélèvements.

D. Les bactéries du groupe infectéLe groupe infecté est représenté par les 18 patients chez qui les prélèvements étaient positifs sur les 46

patients recruté

Notre étude montre une prédominance des staphylocoques avec 55%, suivis des entérobactéries 25%, des bacilles Gram négatif non entérobactéries 15% et des anaérobies 5%.

Ces résultats semblent être en contradiction avec les travaux de KOUAME en Côte d'Ivoire, LAROQUE au Sénégal et FOFANA en Guinée qui trouvent une prédominance des streptocoques.

Dans les infections où les aérobies sont présents, Eick et coll. [38] isolent toujours un streptocoque, 5 fois un staphylocoque et 8 fois un bacille à Gram négatif.

De 1995 à 1999[39] ZAKIA sur quarante (40) cas de cellulites cervico-faciales à Oran en Algérie a obtenu un taux des Staphylocoques de 66,66 %.

Une deuxième étude a été réalisée par GHERBI et KOUAKI [39] (Oran en Algérie), ont remarqué que les cellulites étaient causées surtout par le Staphylocoque (88,88 %) et rarement par le Streptocoque (11,12 %).

En comparant ces résultats avec les nôtres, nous trouvons que les Staphylocoques deviennent de plus en plus majoritaires dans la flore microbienne des dents et leurs accidents infectieux.

D'où proviennent les Staphylocoques ?

Les Staphylocoques sont des coccidé Gram positif, typiquement groupés en amas (en forme de grappe de raisin) ; ils sont facultatifs et possèdent une catalase qui permet de les différencier des Streptocoques. Ils sont immobiles, asporulés et en général sans capsule. Les Staphylocoques dits à coagulase positif comme S. aureus ont un pouvoir pathogène important di à la présence de l'enzyme staphylocoagulase. S. aureus est le type même des bactéries pyogènes, c'est à dire, des bactéries provoquant essentiellement des lésions suppuratives et nécrotiques.

La peau et les muqueuses en particulier des cavités nasales, sont l'habitat préférentiel des Staphylocoques, S. aureus et S. epidermidis constituent la flore commensale dominante. La salive du tiers des individus sains contient S. aureus et S. epidermidis en faible proportion, et leur présence dans la plaque dentaire n'est qu'occasionnelle. On trouve constamment S. epidermidis sur les lèvres et les commissures labiales. Sur ces sites ainsi que sur la langue, la présence d'une forte proportion de S. aureus signe une pathologie. Ces données indiquent que les Staphylocoques ne font pas partie de la flore indigène de la cavité buccale. Toutefois, la proximité d'habitat où ils sont la flore dominante explique qu'ils sont une flore de passage exprimant à l'occasion un pouvoir pathogène opportuniste.

Les lésions qui caractérisent les Staphylococcies sont suppuratives et nécrotiques, d'évolution aiguë ou suraiguë et parfois même chronique.

Elles sont dues à S. aureus, appelé vulgairement Staphylocoque doré en raison de la couleur jaunâtre de ses colonies sur gélose. S. aureus devient de plus en plus résistant aux antibiotiques ! ! !

E. Profil individuel des germes

1. Staphylococcus aureus

Ce sont des coccidé Gram positif aérobies et anaérobies facultatifs. Les souches de Staphylococcus aureus sont connues pour provoquer des infections cutanées : cellulites, staphylococcie maligne de la face... S. aureus partage avec la bactérie Escherichia coli le triste privilege d'être au premier rang des germes responsables d'infections nosocomiales. L'élévation de l'incidence des infections staphylococciques est en rapport avec le nombre croissant d'immunodéprimés mais aussi avec la multiplication des procédures invasives qui lèsent la barrière cutanéo-muqueuse.

Les staphylocoques ont développé depuis longtemps une résistance à la méticilline et plus de 30 % des souches de staphylocoque doré sont maintenant résistantes à la méticilline [40].

Les bétalactamases sont des enzymes inactivant l'antibiotique par ouverture du cycle béta lactame. La bétalactamase du staphylocoque est une pénicillinase qui induit une résistance aux pénicillines G et A (Ampicilline, Amoxicilline), aux carboxypénicillines (Ticarcilline) et aux acyluréidopénicillines (Mezlocilline, Azlocilline et Pipéracilline) mais n'a pas d'effet sur les pénicillines M (Méticilline, Oxacilline, Cloxaciline), les céphalosporines et les pénèmes (Imipenème). Cette pénicillinase staphylococcique est inactivée par des produits dénommés "inhibiteurs de bétalactamases" (acide clavulanique, Tazobactam, Sulbactam) qui, associés aux bétalactamines, restaurent leur efficacité. En milieu hospitalier, 80% au moins des staphylocoques sont producteurs de bétalactamase.

LAROQUE et coll. Leur reconnaissent une sensibilité aux aminosides.

Dans notre série, ces bactéries sont sensibles à 100% aux aminosides (Nétilmicine, vancomycine) et à la fosfomycine.

Bon niveau de sensibilité aux macrolides 70-80% et aux quinolones de 50-80%

Par contre avec la péni G on note une résistance à 85%. Cette résistance est reconnue dans la littérature

[41].

2. Escherichia coli

Ce sont des bacilles Gram négatif aérobies. Ces germes sont fréquemment résistant à l'amoxicilline [42]. Dans notre étude, les souches isolées sont résistantes à 100% à l'amoxicilline et 33 % restent résistantes à son association avec l'acide clavulanique.

Par contre, pour les aminosides, on note un bon niveau de sensibilité : 100% pour la Nétilmicine et à peu près supérieur 50%. Pour la gentamycine.

Pour les autres, on note un niveau de sensibilité à 100%pour l'imipenème et la fosfomycine, un taux de sensibilité modéré pour les céphalosporines a environ 67% et un taux de résistance à 100% pour la Ciprofloxacine

3. Klebsiella pneumoniae

K. pneumoniae est naturellement résistant aux pénicillines (amoxicilline, ticarcilline) par production d'une bétalactamase de La résistance à l'amoxicilline et à la ticarcilline correspond à une résistance naturelle de cette espèce par sécrétion d'une pénicillinase naturelle.

On peut remarquer que contrairement à E. coli, il persiste une bonne activité de l'association amoxicilline -acide clavulanique.

Excellente activité des autres familles d'antibiotiques : Aminosides et quinolones, la sensibilité tend vers

100%

4. Pseudomonas aeruginosa

Ou bacille pyocyanique est une espèce bactérienne fréquemment isolée en milieu hospitalier. Le traitement des infections à pyocyanique est souvent difficile à cause de la multi résistance, l'adaptation et la résistance naturelle de cette espèce à de nombreux antibiotiques

Dans notre série on note une bonne sensibilité dans l'ensemble aux â-lactamines avec des niveaux de sensibilité allant de 50% pour l'association amoxicilline- acide clavulanique jusqu'à 100% pour les céphalosporines (Ceftriaxone, Céfotaxime, Ceftazidime...)

Céphalosporinases hyper produite.

La sensibilité aux aminosides reste bonne.

Pour les quinolones (Ciprofloxacine), on un taux de sensibilité à 66%.

5. Proteus mirabilis

P. mirabilis est naturellement résistant à la colistine.

Il persistance d'une bonne activité de l'ensemble des â-Lactamines et des autres classes d'antibiotiques (aminosides, quinolones...) avec 100% de souches sensibles.

6. Bactéroïdes

D'après LE BERGEY'S MANUEL rapporté par M'BOUP [43], ce sont des bacilles Gram négatif anaérobies strictes, non sporulées, commensales de la cavité buccale, susceptibles de provoquer chez les sujets dont l'hygiène bucco-dentaire est défectueuse, une gingivite et par progression une cellulite.

Selon la littérature, ces germes sont sensibles :

A l'amoxicilline-acide clavulanique

Aux nitro-imidazolé

Aux quinolones
Aux macrolides

Chloramphénicol

Dans notre étude le germe isolé au laboratoire n'a pas poussé, ce qui n'a pas permis de tester sa sensibilité.

7. Profil général des germes

L'étude du profil bactériologique dans le service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale du CHU de Cocody fait ressortir que escherichia coli est le germe le plus résistant à presque tous les antibiotiques testés ; surtout au bétalactamines (pénicilline A) et le Cotrimoxazole.

Il y a de nombreuses preuves de la relation entre consommation des antibiotiques et résistances aux antibiotiques [43]. Les données générées par ESAC (European surveillance of antimicrobial consumption) ont montré que la France était en 2001 le premier pays prescripteur de pénicillines en Europe [44]. On note depuis 1990 une diminution significative des sensibilités aux pénicillines A et au Cotrimoxazole d' escherichia coli (respectivement 73,1% et 91,6% en 1990 à 62,8% et 80% en 1995).

Ceci s'explique aussi dans notre service car E. coli pourrai avoir acquis une résistance du fait que, surtout les péni A sont d'utilisations systématique dans presque toute les infections et ceci depuis des années.

Dans l'ensemble, la sensibilité aux quinolones, aux céphalosporines de 3e génération, à la fosfomycine et aux aminosides reste élevée.

CONCLUSION

La fréquence des infections en stomatologie et chirurgie maxillo-faciale, la rareté de recours à un antibiogramme due à l'extrême urgence du traitement, mais surtout aux difficultés économiques des patients, imposent la pratique d'une antibiothérapie probabiliste de première intention basée sur des connaissances épidémiologiques. Le constat du développement de la résistance des germes couramment rencontrés aux antibiotiques habituellement utilisés, justifie un réajustement des protocoles thérapeutiques.

Nous avons une mené une étude de type étude transversale exhaustive et descriptive sur une période de 7 (sept) mois au CHU de Cocody, incluent les patients de tous sexes, les patients de tous âges et les patients présentant une infection patente ou latente diagnostiquée par un médecin et ayant fait un examen microbiologique.

Elle a porté sur les aspects épidémiologiques, cliniques, bactériologiques et thérapeutiques des infections en stomatologie et chirurgie maxillo-facial.

Cette étude de la sensibilité aux antibiotiques des germes isolés d'une série de 46 observations de manifestations infectieuses nous a permis de montrer que :

Les cellulites maxillo-faciales constituent la pathologie infectieuse la plus fréquente en stomatologie et chirurgie maxillo-faciale avec 60,86% des cas

Les ostéites viennent en deuxième position avec 13,04% suivi de l'association cellulite-ostéite avec 10,86% des cas

Les autres pathologies représentent 15,24% de l'ensemble des pathologies infectieuses.

L'étude bactériologique montre le type de prélèvement semble influencer les bactéries isolées ; cependant, les autres bactéries sont fréquemment isolées avec les écouvillons. Les bactéries isolées sont dominées par :

les staphylocoques (55%), suivi des entérobactéries (25%) avec pour chef de file escherichia coli (15%) les bactéries Gram négatifs non entérobactéries sont dominées par klebsiella pneumoniae (15%)

compte tenu des difficultés liées au prélèvement et au transport, une bactérie anaérobie (bactéroïdes) a été isolée dans notre étude.

Sur le plan thérapeutique, la bi ou la tri antibiothérapie est de règle compte tenu de la flore pluri microbienne. Ce travail permet de prédire aux aminosides, aux fluoquinolones, aux céphalosporines de troisième génération, à l'association amoxicilline-acide clavulanique et aux macrolides, une place prépondérante dans les prescriptions antibiotiques en stomatologie et chirurgie maxillo-faciale au CHU de Cocody.

RECOMMANDATIONS

Au terme de ce travail, nous pouvons formuler un certain nombre de recommandation :

i. Concernant la nature des prélèvements

> Les prélèvements â la seringue doivent être préconisés car la qualité des résultats dépend de la qualité des prélèvements.

> Si cela est possible, faire les prélèvements avant toute prescription médicamenteuse

ii. Concernant l'antibiothérapie probabiliste c'est-â-dire l'antibiothérapie de premiere intention sans
l'antibiogramme.

> Dans les cellulites

v' L'antibiothérapie de premiere intention

Les cellulites aigues circonscrites : amoxicilline* + aminoside**ou amoxicilline* + métronidazole.

Les cellulites aigues diffusés : amoxicilline*-acide clavulanique + aminoside** ou amoxicilline*-acide clavulanique + métronidazole.

Les cellulites diffuses : C3G + aminoside** + fluoquinolone

v' L'antibiothérapie de deuxième intention

C3G + aminoside** ou C3G + métronidazole

> Dans les ostéites

Fluoquinolone + aminoside** ou fluoquinolone + métronidazole

> Dans les stomatites et les infections des glandes salivaires

( Patients hospitalisés

En première intention : amoxicilline*-acide clavulanique + aminoside** En deuxième intention : C3G + aminoside**

V' Patients en ambulatoire Macrolide + métronidazole

L'antibiothérapie curative sera poursuivie jusqu'à la disparition des signes des signes de l'inflammation.

> Dans l'antibioprophylaxie de la chirurgie propre ou propre-contaminée aura recours â l'Amoxicilline.

> Dans l'antibioprophylaxie de l'endocardite streptococcique : l'Amoxicilline par voie orale ou parentérale (on utilisera les aminosides par voie parentérale et en cas de contre-indication aux Bétalactamines.

P.S : * :si allergie aux â-lactamines, remplacer par macrolide

** :si bilan rénal bon. Ne pas dépasser 5 jours de traitement.

iii. A l'intention des autorités

( La nécessite de la création d'une commission du médicament qui doit choisir les antibiotiques qui ont un taux de sensibilité supérieur à 75% comme antibiothérapie probabiliste.

( La collaboration entre clinicien et microbiologiste pour le choix de l'antibiothérapie probabiliste. ( Promouvoir la formation des spécialistes e bactériologies de la cavité buccale et en maxillofaciale.

iv. A l'intention de la population

( Eviter l'automédication aux antibiotiques sources de résistance ( Réaliser les soins dentaires adaptés et précoce

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon