INTRODUCTION
Le développement de l'agriculture des pays africains
est axé sur les cultures de rentes (café, cacao, coton, etc.).
Cette politique a eu pour conséquence la négligence des
variétés traditionnelles et des plantes alimentaires mineures
(Zoro Bi et al., 2003). C'est le cas des cucurbites appelées
"Pistaches" en Côte d'Ivoire (Ndabalishye, 1995) et «Egusi»
dans la plupart des autres pays de l'Afrique de l'Ouest (Enoch et al.,
2006). En Côte d'Ivoire, le nom "Pistache" désigne au moins 5
espèces de la famille des Cucurbitaceae dont les plus répandues
sont : Citrullus lanatus, Cucumeropsis mannii et
Lagenaria siceraria (Zoro Bi et al., 2003). Leurs graines
sont consommées en sauce par de nombreux peuples africains (Enoch et
al., 2006). Aussi, les études ont montré que ces plantes
constituent une importante source de protéines et de lipides (Loukou
et al., 2007). Malgré leur importance, les pistaches ne font pas
l'objet d'une promotion et courent le risque d'une érosion
génétique. C'est pourquoi, le Groupe de Recherche sur les
Cultures Mineures (GRCM) de l'UFR des Sciences de la Nature de
l'Université d'Abobo-Adjamé a mis en place un projet de recherche
sur les cucurbites. Ce projet vise le développement
socio-économique des communautés rurales et la conservation des
ressources génétiques de ces plantes en Côte d'Ivoire par
l'amélioration des systèmes de productions agricoles et la
promotion de la culture en milieu paysan. Parmi toutes les pistaches,
Lagenaria siceraria est l'espèce qui possède les
meilleures performances, en termes de production de graines (Enoch et
al., 2006). Malheureusement, sa culture est mal connue et l'on assiste au
fil des années à une baisse des rendements en fruits et en
graines. En fait, les pistaches sont le plus souvent associées à
d'autres cultures telles que le manioc, le maïs et l'igname. Dans ces
systèmes traditionnels de culture le niveau de fertilisant
apporté au sol est bas (Ayodele et al., 2006). Aussi, les
cucurbites ne béneficient que de la fertilité naturelle du sol et
éventuellment de petites quantités d'engrais appliqués
pour l'augmentation de la production des autres cultures associées.
Cette fertilité résiduelle est insuffisante pour satisfaire les
besoins en nutriments des cucurbites (Ayodele et al., 2006). Une
fertilisation adéquate s'avère donc indispensable pour optimiser
les rendements de Lagenaria siceraria. En effet, l'emploi des
fertisants a permis d'améliorer considérablement les rendements
d'autres cultures telles que le manioc (Bakayoko et al., 2007), le
soja (Yapi, 2003) et le sorgho (Zougmoré et al., 2003).
L'apport des fertilisants organiques serait particulièrement profitable
aux paysans car les cultures sont réalisées en milieu rural
où l'accès aux engrais minéraux est prohibitif à
cause du faible revenu des paysans. De plus, Lagenaria siceraria est
cultivée à petite échelle par les femmes uniquement de
sorte que la production ne peut amortir
les frais d'achat et de transport des engrais minéraux.
Par ailleurs, les amendements organiques, notamment la fiente de poulet, ont
permis d'améliorer la production d'une autre cucurbite, Cirullus
lanatus (Dauda et al., 2009). Ainsi, dans les essais menés
à la ferme expérimentale de l'Université
d'Abobo-Adjamé, divers amendements organiques mais aussi l'engrais
minéral sont empiriquement utilisés pour augmenter la production
de Lagenaria siceraria. Cependant, très peu d'études
visant à évaluer et à comparer l'effet de ces
différents traitements ont été réalisées,
rendant ainsi difficile toute recommandation à l'attention des
agriculteurs quant au système de fertilisation de Lagenaria
siceraria.
La présente étude vise deux objectifs:
1- évaluer et comparer l'effet de la déjection
de porc, de la fiente de poulet et de l'engrais minéral (N-P-K) sur la
croissance et la production du cultivar à baies allongées de
Lagenaria siceraria.
2- prévoir le type de fertilisant (amendement organique
ou engrais) à appliquer et planifier en fonction des stades de
développement de ce cultivar.
Ce travail s'articulera autour de quatre parties. La
1ère partie aborde les généralités sur
Lagenaria siceraria et sur la fertilisation. La 2ème partie
traite du matériel et des méthodes utilisés dans la
conduite des travaux. Les résultats obtenus sont discutés dans la
3ème partie. Enfin la 4ème partie est consacrée à
la conclusion et aux perspectives.
1. GENERALITES
1.1. Systématique de Lagenaria
siceraria
Lagenaria siceraria a été
décrite pour la première fois sous le nom de Cucurbita
siceraria. Par la suite, elle a fait l'objet d'une nomenclature riche et
variée liée aux variations de forme selon les lieux de
description et les époques (Achigan, 2002). Martin (1984) et Kpongor
(2003) ont adopté la position systématique suivante :
Règne Végétal
Embranchement Spermaphytes
Sous-embranchement Angiospermes
Classe Dicotylédones
Ordre Cistales
Famille Cucurbitaceae
Sous-famille Cucurbitoïdeae
Tribu Benincasinae Ser
Sous-tribu Benincasinae (Ser.) Jeffrey
Genre Lagenaria
Espèce Lagenaria
siceraria
1.2. Origine et distribution de Lagenaria
siceraria
La culture de Lagenaria siceraria est ancienne. Des
données archéologiques montrent que la plante a été
utilisée en Egypte entre 3500 et 3300 ans avant Jésus-Christ
(Kpongor, 2003). Elle serait originaire de l'Afrique du Sud-Est
(Akoègninou et al., 2006). Sa dispersion s'est faite vers les
autres continents par les courants marins. A l'intérieur des continents,
elle a été dispersée dans les régions tropicales et
subtropicales, grâce à la domestication (Decker-Walters et
al., 2001).
Lagenaria siceraria est cultivée au
Cameroun, mais surtout sur la côte du golfe de Guinée,
principalement au Nigeria, au Bénin, au Togo, au Ghana, et en Côte
d'Ivoire (Enoch et al., 2006).
1.3. Diversité morphologique de Lagenaria
siceraria
L'espèce Lagenaria siceraria présente
une très grande diversité morphologique. C'est ce qui explique la
multiplicité d'usage dont l'espèce fait l'objet (Morimoto et
al., 2006). Selon que les graines sont consommées ou non, il existe
deux types de Lagenaria siceraria : le type pistache et le type
calebasse. Le type calebasse est caractérisé par la nature dure
de son
péricarpe. Ce type est utilisé, selon la forme
et la taille du fruit, pour la fabrication de pipes, d'instruments de musique,
d'ustensiles de cuisine et d'objets décoratif (Bisognin, 2002). Le type
pistache est caractérisé par la fragilité de son
péricarpe. En Côte d'Ivoire, deux cultivars de ce type ont
été identifiés. Ces cultivars sont reconnaissables par la
forme du fruit (allongée ou ronde). Par ailleurs, les graines issues du
cultivar à fruits ronds sont caractérisées par la
présence d'une calotte sur la partie distale (Figure 1a et
1b) alors que les graines produites par le cultivar à baies
allongées n'en portent pas (Figure 1c et 1d).
c d
a b
Figure 1. Fruits et graines de Lagenaria
siceraria. a: fruit rond; b: graines avec calotte; c fruit allongé;
d: graines sans calotte (source: Zoro Bi et al., 2006)
1.4. Importance socio-économique des pistaches en
Côte d'Ivoire
Quoique sa culture soit plus accentuée à l'Est,
des investigations sur les marchés d'Abidjan, en région Sud, ont
montré que Lagenaria siceraria vient en second rang, en termes
d'abondance des graines après Citrullus lanatus (Zoro Bi et
al., 2006). La principale importance de Lagenaria siceraria de
type pistache est son usage alimentaire. En effet, les amandes extraites de ses
graines décortiquées sont consommées en sauce. La
consommation des pistaches est plus abondante dans les sociétés
africaines traditionnelles. Chez les Akan, pendant les grandes périodes
de réjouissances (nouvel an, mariage, naissance et
cérémonies réligieuses), c'est la sauce de pistache qui
est servie aux hôtes de marque (Zoro Bi et al., 2003). Comme
toutes les autres pistaches, Lagenaria siceraria est riche en lipides
et en protéines. En effet, les pistaches contiennent 31,1 à 33,3
% de protéines et 40 à 46 % de matières grasses (Badifu et
Ogunsua, 1991). Les graines de Lagenaria siceraria nettoyées et
séchées se vendaient, en 2003, à un prix moyen de 1500 F
CFA (2,29 euros) le kilogramme en Côte d'Ivoire (Zoro Bi et al.,
2003). Par ailleurs, les études menées par Martin (1984) ont
révélé que l'huile des pistaches est extractible. Ce
chercheur a aussi mentionné que cette huile a une grande valeur
nutritive du fait de sa richesse en acides gras insaturés. La production
des pistaches peut donc constituer une activité
génératrice de revenus en même temps qu'elle couvre les
besoins alimentaires immédiats de la famille (Enoch et al.,
2006).
1. 5. Botanique et biologie de la
reproduction
Lagenaria siceraria est une plante annuelle,
monoïque, à tige rampante munie de vrilles. Les fruits sont des
baies de forme et de dimension variables. Les graines sont solidement
incrustées dans le fruit et ne peuvent être extraites
qu'après décomposition de celui-ci. Le nombre de fruits par
plante varie de 2 à 15 (Achigan, 2002). Le nombre de graines par fruit
varie de 200 à 300 (Anzara, 2007). Lagenaria siceraria se
reproduit uniquement par graines. Les plantules émergent 6 jours
après le semis et les plantes fleurissent un mois plus tard (Zoro Bi
et al., 2003). Les fleurs, de couleur blanche, naissent à
l'aisselle des feuilles. Elles s'ouvrent au crépuscule et la
pollinisation est assurée par les insectes qui seraient des papillons
nocturnes (Kouamé, 2003). Les fleurs mâles, plus nombreuses,
portées par de longs pédoncules, apparaissent en premier, avec un
décalage de 7 jours au maximum avant les fleurs femelles (Enoch et
al., 2006). L'androcée est composé de trois étamines
soudées par les anthères. Celles-ci sont en forme de filaments
regroupées au centre de la fleur. La déhiscence des
anthères a lieu peu de temps avant l'épanouissement total de la
fleur.
Les fleurs femelles, en nombre réduit, sont
portées par des pédoncules plus courts. Cependant, leur nombre
augmente de la base vers le sommet de la tige principale. La fleur femelle a un
ovaire infère dont la forme permet de prédire celle du futur
fruit. En outre, le développement du fruit qui commence
immédiatement après la fécondation, dure 3 semaines (Zoro
Bi et al., 2003).
1.6. Ecologie
Les origines subtropicale et tropicale des pistaches leur
confèrent des exigences en température et éclairement
élevées. Ces paramètres climatiques affectent la
capacité naturelle à croître, à fleurir et à
fructifier (Chaux & Foury, 1994). En Côte d'Ivoire, la culture de
Lagenaria siceraria se fait sur les espaces laissés
après la récolte de l'igname et en association avec le maïs
ou le manioc (Zoro Bi et al., 2003). Comme toutes les Cucurbitaceae,
Lagenaria siceraria utilise de grandes quantités de N dans la
phase végétative de son développement (Cabrera, 2003). Une
insuffisance de N entraîne une mauvaise croissance, le jaunissement des
feuilles âgées et réduit la production. Les cucurbites ont
également besoin de P surtout pendant la période de floraison. De
grandes quantités de Ca et de K sont aussi consommées par ces
plantes (Cabrera, 2003). La recommandation générale des doses de
N-PK à appliquer est de 200 à 300 Kg/ha. Le pH du sol doit
être compris entre 6,5 et 6,8 (Grassbaugh et al., 2001).
1.7. Utilisation des fertilisants dans
l'amélioration de la production des plantes cultivées
L'exportation des quantités importantes
d'éléments fertilisants est l'une des causes de l'appauvrissement
des sols et de la baisse des rendements des cultures. Si l'on veut obtenir des
rendements élevés pour les cultures, il apparaît
nécessaire d'apporter au sol des éléments fertilisants.
Mais il est bien de savoir quand, sous quelle forme et quelle quantité
il faut apporter les éléments fertilisants (Soltner, 2003). La
fumure minérale (engrais) a été longtemps
considérée comme la première solution à cette
préoccupation. Son usage est, certes, bénéfique car il
augmente la production des cultures, mais son effet polluant et son coût
élevé entravent encore son utilisation par les petits
agriculteurs (Bockman et al., 1990). La méthode alternative
largement acceptée par les agriculteurs est l'utilisation des
amendements organiques. Ce sont des substances qui, incorporées dans le
sol, améliorent à la fois ses propriétés physiques,
chimiques et biologiques (Soltner, 2003). Les amendements organiques peuvent
être d'origine animale (les déchets notamment) ou
végétale. Dans notre étude nous nous intéresserons
aux amendements d'origine animale.
1.7.1. Fertilisation minérale et production des
plantes cultivées
De nombreuses études menées sur diverses plantes
montrent l'effet bénéfique de l'apport d'engrais minéral
sur la croissance et la production de ces cultures, non sans mentionner
certaines contraintes et limites. Olaniyi (2008) a signalé que chez
Citrullus lanatus, la maturation du maximum de fruit peut être
retardée de 11 jours si la disponibilité de N est limitée.
Il a, en outre, noté que le rendement en graines de cette Cucurbitaceae
a augmenté avec des doses croissantes de N jusqu'à 60 Kg /ha au
délà de laquelle les baisses de rendements sont
constatées. Avec P, ce chercheur a obtenu le rendement optimal de la
plante à la dose de 17,6 Kg/ha. Par contre, Ayodele et al.,
(2006) ont obtenu le rendement optimal de Citrullus lanatus avec 20
Kg/ha de P. En En Côte d'Ivoire, Kra (2002) a révélé
que de faibles doses de N stimulent la croissance de Vigna
subterranea. Des résultats similaires sont obtenus par Kouakou
(2001) sur le Niébé. Cependant, ces études indiquent que
de fortes doses de cette fumure ont inhibé la croissance des plantes
examinées. Par ailleurs, l'application de 50 Kg/ha de fumure
azotée a entraîné une augmentation du poids sec total des
graines de voandzou (Yapi, 2003). Selon Gaebewe (1999) et Gogbeu (2002), la
production de cette même plante augmente avec les fumures potassiques et
phosphatées. L'utilisation du NPK sur la pomme de terre au Rwanda, a
permis d'obtenir 28,3 t/ha de tubercules contre 19,8 t/ha pour le témoin
(Nyenbenda, 2005). Par contre, cette fumure n'a pas eu d'influence
significative sur le rendement du manioc, au Nigeria, sur un alfisol de
forêt aussi bien en grande qu'en petite saison pluvieuse (Agbaje &
Akinlosotu, 2004). Ils ont attribué cette contre performance à la
pluviométrie qui est donc un facteur déterminant dans la
disponibilité et l'assimilation des nutriments par la plante. En effet,
ces chercheurs ont mentionné que l'inefficacité du NPK à
augmenter les rendements s'explique, en grande saison pluvieuse, par une
abondance de pluie qui a influencé négativement la
rétention des nutriments dans le sol ; et en petite saison pluvieuse,
par une pluviométrie insuffisante et incapable à rendre
disponible les nutriments. En Côte d'Ivoire, les études de Diby
et al (2006) sur l'igname, menées en zones de savane et de
forêt, ont montré que des deux variétés
(Dioscorea alata et Dioscorea cayenensis-rotundata), l'apport de
fumure minérale a augmenté de façon significative la
production de tubercules frais seulement chez D. alata sur le
site de savane. Des hypothèses de recherche en vue de comprendre les
causes de cette variabilité de la réponse de l'igname à la
fertilisation minérale ont été formulées et sont en
phase d'essais (Diby et al., 2006).
1.7. 2. Fertilisation organique et production des plantes
cultivées
La matière organique améliore la
fertilité du sol en agissant sur les propriétés
physico-chimiques et biologiques du sol (N'Dayegamiye et Côté,
1996). L'application des fumures organiques a contribué à
augmenter les rendements de nombreuses plantes. En outre, cette fumure se
révèle souvent plus efficace que la fertilisation minérale
(Bockman et al., 1990; Soltner, 2003). Au Burkina Faso, les
études menées par Zougmoré et al. (2003) ont
montré que l'application du fumier permet d'obtenir des rendements de
900 à 1600 Kg/ha de sorgho soit 20 à 39 fois le rendement obtenu
sans aucun amendement. Un essai comparatif de fertilisation sur une culture de
canne à sucre, mené à la Réunion, a montré
que les boues d'épuration et l'engrais minéral permettaient
d'obtenir des rendements et une richesse en sucre de la canne égaux
(Chabalier et al., 2006). Par contre, un essai comparant l'effet du
lisier de bovin et celui de l'engrais sur la canne à sucre, conduit par
ces chercheurs, a montré que les rendements des parcelles
fertilisées avec le lisier sont inferieurs de 5 à 20 % à
ceux des parcelles fertilisées avec l'engrais. Toutefois, ils ont
constaté que la richesse en sucre des cannes des parcelles lisier est
équivalente à celle des parcelles engrais. Une autre étude
menée par N'Dayegamiye et Côté (1996) a montré que
l'apport annuel de fumier seul à une faible dose permet à long
terme d'atteindre les mêmes niveaux de production en maïs que la
fertilisation minérale complète. Au Burundi, des doses
croissantes de fumiers de fermes appliqués sur un sol ferralitique ont
induit des rendements de plus en plus élevés du haricot, du
maïs et du manioc (Rishirumuhirwa & Roose, 1998). Sur ce même
type de sol en Côte d'Ivoire, la fumure de bovin a donné un
rendement de 61 t/ha de tubercules de manioc contre 40 t/ha pour le
témoin, 15 mois après plantation (Bakayoko et al.,
2007). Au Cameroun, le fumier et le compost utilisés sur un sol
ferrugineux lessivé, ont eu des effets comparables sur le rendement en
grains du maïs. En effet, l'application de ces fumures organiques s'est
traduite à des doses relativement élevées, par une
augmentation sensible du rendement (Awono et al., 2002). En utilisant
35,75 t/ha de fumure organique, ces chercheurs ont obtenu le double de la
production du témoin. Des études similaires menées au
Burundi sur des sols acides, lessivés de texture argileuse ont permis de
constater que les rendements du haricot et du maïs étaient
multipliés 3 à 4 fois lorsque les doses de fumiers passaient de 3
à 9 t/ha (Rishirumuhirwa & Roose, 1999). Au Rwanda, le fumier de
vache a donné 23,3 t/ha de pomme de terre contre 19,8 t/ha pour le
témoin (Nyenbenda, 2005). Ouédraogo et al. (2001) ont
obtenu, au Burkina Faso, sur des alfisols, des rendements de mil
élevés avec le compost par rapport au témoin. Par contre,
une chute de rendement du maïs a été observée par
Awono et al. (2002) sur sol ferrugineux lessivé, au Cameroun,
après application de 8t/ha de fumure
organique. Par ailleurs, Pieri (1981) a fait remarquer des
effets dépressifs des fumures organiques mal décomposées
sur les rendements de sorgho et de mil. Cependant, ces phénomènes
qu'Awono et al. (2002) expliquent par une immobilisation de l'azote
des fumures dans le sol, pendant l'année l'application, pourraient,
selon ces auteurs, être suivis d'un effet résiduel important
l'année suivante. Aussi, pour éviter les phénomènes
d'effets dépressifs, les fertilisants organiques sont de plus en plus
associés à la fumure minérale. En effet, la fumure
organique associée à l'engrais minéral constitue une
fertilisation pouvant assurer l'équilibre entre les apports et les
besoins des plantes (Giller et al., 2002). En Côte d'Ivoire, la
combinaison de la poudrette de parc (bouse sèche de bovin) à une
faible dose d'engrais a eu un effet bénéfique sur la croissance
des plants de palmier à huile en pépinière (Djeké,
2002). Les céréales également se prêtent bien
à la fumure organo-minérale. En effet, au Burundi, le
mélange du fumier à l'engrais NPK a donné 4 t/ha de grains
de maïs contre 2 t/ha pour le fumier seul (Rishirumuhirwa1999).
Les amendements organiques d'origine animale se
présentent sous forme sèche ou liquide selon la manière
dont ils sont stockés. Leur teneur en éléments
minéraux dépend de l'espèce animale, des aliments
consommés par les animaux et des modalités de stockage des
déchets (El Hassani & Persoons, 1994). Les déjections
animales couramment utilisées pour la fertilisation sont les
déchets de porcs, les fientes de poulet et la bouse de bovin.
1.7.2.1. Fientes de poulets
Plusieurs études ont montré l'effet
bénéfique de la fiente ou litière de volaille sur la
croissance et la production des plantes. Au Nigeria, l'application de doses
croissantes de fiente de poulet a permis d'obtenir des nombres de fruits par
plante tous aussi croissants sur Citrullus lanatus (Dauda et
al., 2009). Au Cameroun, 6 mois après semis de Moringa oleifera
(plante utilisée pour supplémenter l'alimentation des personnes
séropositives), la fiente de poule à la dose de 125g/plante a
induit une croissance maximale, comparée à la croissance induite
par le NPK et l'association fientes-NPK (Pamo et al., 2002). En
Côte d'Ivoire, La litière de volaille a entraîné une
floraison rapide et une augmentation de la production en graines de Vigna
subterranea (Kouakou, 2002). Aussi, les travaux de Bakayoko et
al. (2007) ont montré que 15 mois après plantation, la
litière de volaille a permis d'obtenir une augmentation des rendements
moyens de 4 variétés de manioc sur un sol ferralitique sableux
moyennement désaturé. En effet, ils ont obtenu 63 t/ha de
tubercules contre 40 t/ha pour le témoin. En outre, le rendement de la
litière de volaille était plus élevé que celui
obtenu avec
une autre fumure organique (la bouse de bovin) utilisée
dans les mêmes conditions expérimentales. Par ailleurs, ces
chercheurs ont constaté que la fumure de volaille influençait
l'apparition des symptômes du Virus Africain de la Mosaïque du
Manioc. Une autre étude, menée à la Réunion et
comparant l'influence de la fiente de poule séchée et celle de
l'engrais, a montré que le poids moyen des salades varie peu selon le
mode de fertilisation. Cependant, les parcelles fertilisées avec la
fiente de poule ont donné des salades de meilleure qualité,
c'est-à-dire mieux pommées (Chabalier et al., 2006).
1.7.2.2. Déchets de porcs
Tout comme la fiente de volaille, les essais de fertilisation
menés avec la déjection porcine ont donné des
résultats satisfaisants. En Côte d'Ivoire, Yapi (2003) a
montré le rôle bénéfique de la déjection
porcine sur la croissance et la productivité du soja. En effet, ce
chercheur a observé une augmentation de la productivité de 326 %
du soja par application de cet amendement. L'utilisation du fumier de porc au
Rwanda, a entrainé un accroissement de la production de la pomme de
terre. En effet, ce traitement a induit un rendement de 29,2 t/ha de tubercules
contre 19,8, 23,3 et 28,3 t/ha pour le témoin, le fumier de vache et le
NPK, respectivement (Nyenbenda, 2005). Une autre étude, sur la pomme de
terre, menée au Canada a montré que l'utilisation de la fraction
de lisier de porc donnait une croissance de 29 à 38 % supérieure
à celle du témoin minéral tandis que le traitement mixte
(combinaison des 2) montrait un gain de 14 %. Le bon développement des
plantes s'est traduit par de hauts rendements allant de 39 à 44 t/ha
similaires à celui du traitement minéral (Landry et al.,
2000).
Les engrais et les amendements organiques et même leur
association permettent d'accroître les productions
végétales. Cependant la pertinence de la détermination
d'un apport doit être basée sur un diagnostic du climat et du sol.
Il est en particulier important d'identifier les besoins des cultures en
éléments nutritifs (Awono et al., 2002). Cette
information est nécessaire pour des recommandations judicieuses de
fertilisation. Malheureusement dans le cas des cucurbites africaines et de
Lagenaria siceraria en particulier, les recommandations de
fertilisation sont parcellaires. En effet, exceptée Citrullus
lanatus au Nigeria, les recommandations rencontrées dans la
littérature sont trop générales et proviennent souvent
d'autres continents (Grassbaugh et al., 2001, Bastas, 2003).
Tableau 1. Caractères morphologiques et
physico-chimique du site d'étude.
Profondeur cm
|
horizon
|
description
|
Granulométrie10-2 %
|
Matière organique 10-3 %
|
Complexe absorbant mé %
|
0-4
|
A11
|
Brun gris, 10 YR 3/2 (humide) sableux
grossier
|
argile
|
limon
|
sable
|
Mo
|
C
|
N
|
C/N
|
P
|
K
|
Ca
|
CE
|
pH
|
10
|
7,8
|
80,3
|
65,5
|
38
|
2,63
|
14,5
|
0,46
|
0,09
|
0,74
|
12,1
|
4,8
|
4-20
|
A12
|
Brun gris, 10 YR 3/3 (humide) sableux
grossier
|
12,2
|
5,6
|
81,7
|
13,3
|
7,85
|
0,79
|
9,9
|
0,2
|
0,03
|
0,17
|
4,69
|
5,9
|
2. SITE D'ETUDE
Les essais ont été conduits à la ferme
expérimentale de l'Université d'AboboAdjamé à
Abidjan (Côte d'Ivoire). L'Université d'Abobo-Adjamé est
limitée au Nord par la commune d'Abobo et au Sud par celle
d'Adjamé, à l'Ouest par la forêt du banco et à l'Est
par la commune de Cocody. Le climat est de type tropical humide. C'est un
climat chaud et particulièrement humide. En effet, La ville d'Abidjan
est située entre 5°17' et 5°31' de latitude Nord et entre
3°45' et 4°31' de longitude Ouest. A l'instar de toute la
région Sud de la Côte d'Ivoire, Abidjan est abondamment
arrosée (en moyenne 2000 mm/an). Les précipitations sont
réparties en deux saisons des pluies et deux saisons sèches. Les
saisons sèches sont douces car elles sont tempérées par la
brise de mer (Avit et al., 1999). La température varie peu tout
au long de l'année (27° à 37°C en moyenne). Cette zone
méridionale est le domaine de la forêt dense. Le site des essais
est caractérisé par un sol profond et sableux à sablo-
argileux localisés sur des plateaux et des pentes faibles (Perraud,
1971). Ses caractéristiques dans les 20 premiers cm sont
résumées dans le tableau 1.
a b c
Figure 2. Différents types de
fertilisants ; a : fiente de poulet, b : déjection de porc, c :
engrais
N-P-K
3. MATERIEL ET METHODES
3.1. Matériel
3.1.1. Matériel biologique
Le matériel biologique utilisé est
constitué de graines du cultivar à baies allongées de
Lagenaria siceraria. Les graines de ce cultivar ne portent pas de
calotte, contrairement au cultivar à baies rondes. Ces graines sont
issues de la reproduction de l'accession NI 198 de la collection du laboratoire
de Génétique de l'université d'Abobo-Adjamé.
3.1.2. Matériel fertilisant et
technique
Le matériel fertilisant comprend deux types
d'amendements organiques et un engrais minéral. Les amendements
organiques utilisés sont la fiente de poulet (Figure
2a) et les déjections solides de porc (Figure
2b). Ces déchets proviennent des fermes porcines et avicoles de
l'Université d'Abobo-Adjamé. Ils ont été mis en
tas, puis séchés à la température ambiante.
L'engrais utilisé est le N-P-K 10-18-18 détenu dans le commerce,
dans les villes de la Côte d'Ivoire (Figure 2c).
Le matériel employé pour effectuer les
différentes mesures est composé d'un pied à coulisse, des
balances (Adventurer TM Ohaus de précision 1/1000 g) et d'un
mètre-ruban. L'épandage des fertilisants dans le sol où
l'essai a été conduit est réalisé à l'aide
d'une houe.
21 m
2 m
3 m
2 m
3 m
33 m
1,5 m
1,5 m
Point de semis : Traitement déjection de porc Point de
semis : Traitement fiente de poulet Point de semis : Traitement N-P-K
Figure 3. Plan de la parcelle
expérimentale
3.2. Méthodes
3.2.1. Dispositif expérimental
Le dispositif expérimental est un bloc
complètement randomisé, avec 3 répétitions
constituées de parcelles élémentaires de 4 m × 8 m
(Figure 3). Une répétition correspond à
une parcelle élémentaire contenant 3 lignes de 5 plantes. Les
parcelles élémentaires consécutives sont distantes de 3
m.
3.2.2. Epandage des fumures
Une étude préliminaire a permis d'estimer le rayon
de la rhizosphère à 60 cm. Ainsipour chaque pied les
fertilisants sont appliqués sur une surface circulaire de 1,131
m2, le point
de semis étant le centre de ce cercle. Les traitements
sont attribués aux parcelles de manière aléatoire. 33 g de
N-P-K 10-18-18 ont été épandus sur chaque surface devant
recevoir ce traitement, soit 291,77 Kg/ha (Grassbaugh et al., 2001).
Pour la fiente de poulet et la déjection de porc, 2,5 kg de
matières sèches ont été apportés
correspondant à 22,104 t /ha soit 22104 Kg/ha de matières
fertilisantes (Yapi, 2003; Chabalier et al., 2006). Les fertilisants
sont déposés sur la surface déterminée, puis
mélangés à l'aide d'une houe à une profondeur de 10
à 15 cm. L'épandage a été fait le même jour
pour tous les fertilisants avant semis.
3.2.3. Semis
Le semis a eu lieu en Août 2007. Les graines ont
été semées en lignes séparées par 2 m. Les
points de semis sur les lignes ont été distants de 2 m, soit 15
pieds par parcelle élémentaire. Cette densité a
été choisie pour tenir compte du caractère rampant des
tiges de Lagenaria siceraria. Le semis a été
effectué le même jour pour tous les traitements, à raison
de 3 graines par poquet, enfouies à 2 à 3 cm de profondeur.
Après levée (15 jours après semis), les plantules ont
été démariées et seule la plantule la plus
vigoureuse, au niveau de chaque point de semis, a été
épargnée.
3.2.4. Collecte des données 3.2.4.1. Sur le
terrain
Les données collectées ont porté sur tout
le cycle de développement de la plante depuis la germination
jusqu'à la maturité des fruits, ensuite, sur les baies et les
graines, après la récolte. Les mesures ont été
prises sur toutes les plantes, cependant, pour éviter de biaiser les
résultats, seules les plantes restées vigoureuses jusqu'à
la maturité des fruits ont été
considérées dans le traitement statistiques. Au
total, 19 caractères sélectionnés parmi les descripteurs
des cucurbites (PIC, 2004) auxquels il a été ajouté les
rendements graines, calculés à partir des productions
parcellaires, ont fait l'objet de cette étude. Les caractères
étudiés, les méthodes de mesure et les tailles
d'échantillons sont présentés dans le tableau
2.
Tableau 2. Caractères
étudiés, méthodes de mesure et taille des
échantillons
N°
|
Caractères mesurés
|
Codes
|
Méthodes de mesure et taille d'échantillon
|
1
|
Temps d'apparition de la première vrille (j)
|
TAVr
|
Elle correspond au temps moyen nécessaire pour
l'apparition de la première vrille. Le nombre de plantes
échantillonnées est de 31 pour la déjection de porc, 35
pour la fiente de poulet et 19 pour le N-P-K.
|
2
|
Temps d'apparition de la première fleur mâle (j)
|
TAFm
|
C'est le temps moyen nécessaire pour
l'émission de la première fleur mâle. Le
nombre de plantes échantillonnées est de 31 pour la
déjection de porc, 35 pour la fiente de poulet et 19 pour le N-P-K.
|
3
|
Temps d'apparition de la première fleur femelle
(j)
|
TAFf
|
C'est le temps moyen nécessaire pour
l'émission de la première fleur femelle. Le
nombre de plantes échantillonnées est de 31 pour la
déjection de porc, 35 pour la fiente de poulet et 19 pour le N-P-K.
|
4
|
Envergure de la fleur mâle (cm)
|
EnFm
|
Elle correspond au diamètre d'ouverture des
pétales des fleurs mâles. C'est la moyenne de 5 mesures par
plante. Le nombre fleurs mesurées est de 155 pour la déjection de
porc, 175 pour la fiente de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
5
|
Envergure de la fleur femelle (cm)
|
EnFf
|
Elle correspond au diamètre d'ouverture des
pétales des fleurs femelle. C'est la moyenne de 5 mesures par plante. Le
nombre de fleurs mesurées est de 155 pour la déjection de porc,
175 pour la fiente de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
6
|
Longueur du pédoncule floral mâle (cm)
|
LPFm
|
La longueur du pédoncule floral mâle est la
distance entre le point d'insertion de la fleur mâle sur la tige et la
base des sépales. Elle correspond à la moyenne de 5 mesures par
plante. Le nombre de fleurs mesurées est de 155 pour la déjection
de porc, 175 pour la fiente de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
7
|
Longueur du pédoncule floral femelle (cm)
|
LPFf
|
La longueur du pédoncule floral femelle est la distance
entre le point d'insertion de la fleur femelle sur la tige et la base des
sépales. Elle correspond à la moyenne de 5 mesures par plante. Le
nombre de fleurs mesurées est de 155 pour la déjection de porc,
175 pour la fiente de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
8
|
Largeur du limbe (cm)
|
LaLi
|
La largeur du limbe est la distance entre les bords
latéraux de la feuille. Elle est mesurée sur 5 feuilles par
plante. Le nombre de limbes mesurés est de 155 pour la déjection
de porc, 175 pour la fiente de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
9
|
Longueur du Limbe (cm)
|
LoLi
|
La longueur du limbe est la distance entre le point
d'insertion du limbe sur le pétiole et la pointe supérieure. Elle
correspond à la moyenne de 5 mesures par plante. Le nombre de limbes
mesurés est de 155 pour la déjection de porc, 175 pour la fiente
de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
10
|
Longueur de la plante (cm)
|
LoPl
|
C'est la longueur de la tige principale de la plante. Elle est
mesurée sur chaque plante en fin de cycle. Le nombre de plantes
échantillonnées est de 31 pour la déjection de porc, 35
pour la fiente de poulet et 19 pour le N-P-K.
|
11
|
Nombre de ramifications
|
NoRa
|
Le nombre de ramifications qui partent de la tige principale
sur chaque plante. Le nombre de plantes échantionnées est de 31
pour la déjection de porc, 35 pour la fiente de poulet et 19 pour le
N-P-K.
|
12
|
Longueur du pétiole (cm)
|
LoPe
|
La longueur du pétiole est déterminée sur
5 feuilles par plante. Le nombre de pétioles
échantillonnés est de 155 pour la déjection de porc, 175
pour la fiente de poulet et 95 pour le N-P-K.
|
Tableau 2 (suite et fin)
13
|
Temps de maturation du premier fruit (j)
|
TMFr
|
Le temps moyen mis pour le jaunissement du pédoncule du
premier fruit. Le nombre de plantes échantillonnées est de 31
pour la déjection de porc, 35 pour la fiente de poulet et 19 pour le
N-P-K.
|
14
|
Nombre de fruits par plante
|
NFrP
|
Le nombre de fruits est déterminé en comptant
l'ensemble des fruits matures quand le couvert végétal se
dessèche. Le nombre de plantes échantionnées est de 31
pour la déjection de porc, 35 pour la fiente de poulet et 19 pour le
N-P-K.
|
15
|
Poids du fruit (g)
|
PoFr
|
Le poids moyen des fruits récoltés sur chacune
des plantes et pesés à l'aide d'une balance. Le nombre de fruits
pesés varie de 1 à 7.
|
16
|
Nombre de graines par fruit
|
NGrF
|
Le nombre de graines est déterminé en comptant
l'ensemble des graines issues d'un fruit. Le nombre de fruits pesés
varie de 1 à 7.
|
17
|
Poids des graines par fruit (g)
|
PGrF
|
Le poids des graines issues de chaque fruit est
déterminé à l'aide d'une balance (Adventuer TM, Ohauss),
précision 1/1000 g.
|
18
|
Poids de 100 graines (g)
|
P100
|
Le poids de 100 graines à été
déterminé en pesant pour chaque fruit par plante un lot de 100
graines à l'aide d'une balance.
|
19
|
Pourcentage du tégument (%)
|
PcTe
|
C'est le rapport 100 × (p1-p2)/p2.p1 poids des graines
avec tégument, p2 poids des graines décortiquées.
|
3.2.4.2. Au laboratoire
Les travaux au laboratoire ont consisté à un
dosage des bioéléments azote (N), phosphore (P) et potassium (K)
à partir des feuilles. Au niveau de chaque traitement, des feuilles
fraîches sont prélevées juste après la
fructification des plantes. Ensuite, ces feuilles sont séchées et
réduites en poudre. A partir de la poudre obtenue, les différents
minéraux sont dosés. L'azote a été dosé
à l'aide de la méthode de Kjeldahl tandis le phosphore et le
potassium ont été dosés à l'aide de la
spectrométrie de flamme (Margas, 2009).
3.2.5. Analyse des données
Pour chacun des 20 paramètres examinés sur le
terrain ainsi que les données du diagnostic foliaire, une comparaison
des moyennes entre les différents traitements a été faite
à travers l'analyse de la variance (ANOVA). Lorsqu'une différence
significative est observée entre les traitements pour un
caractère, l'ANOVA est complétée par des comparaisons
multiples par pairs en effectuant le test de la plus petite différence
significative (ppds). Ce test permet d'identifier le
traitement dont l'effet diffère significativement du ou des autres
paramètres. Pour tous ces tests, le logiciel SAS (SAS, 1999) a
été utilisé.
4. RESULTATS ET DISCUSSION
4.1. Résultats
Les valeurs moyennes des 20 paramètres
végétatifs et agronomiques, ainsi que celles du diagnostic
foliaire, examinés, sont présentées dans les
tableaux 3 à 8.
4.1.1. Effet des fertilisants sur les paramètres
végétatifs de Lagenaria siceraria 4.1.1.1. Effet des
fertilisants sur le développement caulinaire
Les caractères agronomiques relatifs à la
croissance et au développement de la tige de Lagenaria
siceraria en fonction des traitements sont présentés dans le
tableau 3. Il s'agit du temps d'apparition des vrilles (TAVr),
de la longueur de la plante (LoPl) et du nombre de ramifications (NoRa).
Pour ces trois paramètres, il apparaît que les
valeurs sont statistiquement différentes d'un traitement à
l'autre. Cette différence est très hautement significative pour
tous ces caractères (P < 0,001). Le test de comparaisons
multiples (ppds) montre qu'avec la déjection de porc, les
vrilles apparaissent rapidement (22,47 j après semis). Le TAVr est plus
long avec le N-P-K (27,02 j après semis). Par contre, les plantes les
plus longues portant beaucoup de ramifications sont obtenues avec la fiente de
poulet.
Tableau 3 .Valeurs moyennes de trois
caractères du développement de la tige de Lagenaria
siceraria en fonction des traitements et
résultats des tests statistiques.
Caractères (1)
|
Paramètres
Traitements statistiques du test
|
|
|
Déjection de porc
|
Fiente de poulet
|
N-P-K
|
F
|
P
|
TAVr (j)
|
22,47#177;2,59c
|
24,09#177;1,62b
|
27,02#177;3,61a
|
32,12
|
<0,001
|
LoPl (cm)
|
669,30#177;192,18b
|
792,84#177;197,43a
|
337,28#177;166,48c
|
68,88
|
<0,001
|
NoRa
|
2,29#177;1,41b
|
3,53#177;1,62a
|
1,35#177;1,25c
|
30,97
|
<0,001
|
(1) Pour chaque caractère, les valeurs portant les
mêmes lettres sont statistiquement identiques au seuil de 5%.
4.1.1.2. Effet des fertilisants sur le développement
foliaire
La longueur du limbe (LoLi), la largeur du limbe (LaLi) et la
longueur du pétiole (LoPe) sont les mesures effectuées pour
l'évaluation du développement foliaire. Les différentes
valeurs obtenues sont consignées dans le tableau 4.
L'analyse statistique montre une différence très
hautement significative entre les valeurs des trois paramètres, d'un
traitement à l'autre (P < 0,001). Cependant, la comparaison
deux à deux à l'aide du test de la ppds a permis de
constater qu'au niveau de la longueur et de la largeur des feuilles, il n'y a
pas eu de différence significative entre l'action de la fiente et celle
de la déjection porcine. Pour ces deux paramètres, la
différence a été due au N-P-K. En effet, sous ce
traitement, les feuilles produites ont été moins longues et moins
larges. En ce qui concerne le pétiole, sa longueur a été
différente d'un traitement à l'autre. Les plus longs
pétioles ont été obtenus avec la fiente de poulet et les
plus courts avec le N-P-K.
Tableau 4. Valeurs moyennes de trois
caractères du développement des feuilles de Lagenaria
siceraria en fonction des traitements et résultats des tests
statistiques.
Fiente de poulet N-P-K F P
Déjection de porc
Caractères (1)
Paramètres
Traitements statistiques du test
15,88#177;10,57b 18,75#177;1,96b
14,39#177;1,52c
19,76#177;1,65a 25,89#177;2,53a 18,12
#177;2,26a
18,72#177;1,85a 25,06#177;15,37a
16,53#177;2,58b
LoLi (cm) LaLi (cm) LoPe (cm)
22,82 41,76 166,35
<0,001 <0,001 <0,001
(1) Pour chaque caractère, les valeurs portant les
mêmes lettres sont statistiquement identiques au seuil de 5%.
4.1.1.3. Effet des fertilisants sur le développement
floral
L'étude a porté sur le temps d'apparition de la
première fleur mâle (TAFm), le temps d'apparition de la
première fleur femelle (TAFf), l'envergure de la fleur mâle
(EnFm), l'envergure de la fleur femelle (EnFf), la longueur du pédoncule
floral mâle (LPFm) et la longueur du pédoncule floral femelle
(LPFf). Les résultats sont consignés dans le tableau
5.
Une différence très hautement significative a
été observée entre les valeurs des 6 paramètres
d'un traitement à l'autre (P < 0,001). La comparaison deux
à deux des valeurs à travers le test de la ppds montre
deux tendances. Pour TAFf, EnFf, LPFf et TAFm, il apparaît que les
valeurs diffèrent significativement d'un traitement à l'autre. La
déjection de porc permet une apparition rapide des fleurs alors que
l'apparition des fleurs est retardée avec le NP-K. La déjection
de porc permet également d'obtenir des fleurs femelles de grandes
envergures munies de longs pétioles. Par contre, pour EnFm et LPFm, la
différence se situe au niveau du N-P-K. En effet, pour ces deux
paramètres la ppds indique une égalité
statistique entre les valeurs obtenues avec la déjection porcine et
celles obtenues avec la fiente de poulet. Sous la déjection de porc et
la fiente de poulet, les plantes portent des fleurs mâles de grande
envergure tandis qu'avec le N-P-K, les fleurs mâles ont des petites
envergures.
Tableau 5. Valeurs moyennes de six
caractères du développement des fleurs de
Lagenaria siceraria en fonction des traitements et résultats
des tests statistiques.
Caractères (1)
|
|
Paramètres
Traitements statistiques du test
|
Déjection de porc
|
Fiente de poulet N-P-K F P
|
TAFm (j)
|
39,84#177;2,71c
|
43,07#177;3,24b
|
45,24#177;4,80a
|
23,90
|
<0,001
|
TAFf (j)
|
47,22#177;5,31c
|
50,93#177;6,11b
|
58,53#177;7,40a
|
27,75
|
<0,001
|
EnFm (cm)
|
9,12#177;1,09a
|
9,24#177;0,83a
|
8,02#177;1,08b
|
92,55
|
<0,001
|
EnFf (cm)
|
7,68#177;0,95a
|
7,43#177;0,93b
|
6,87#177;0,71c
|
28,97
|
<0,001
|
LPFm (cm)
|
22,44#177;2,68a
|
22,25#177;2,20a
|
19,75#177;9,79b
|
13,95
|
<0,001
|
LPFf (cm)
|
7,82#177;1,02a
|
7,58#177;0,99b
|
6,65#177;0,63c
|
61,58
|
<0,001
|
(1) Pour chaque caractère, les valeurs portant les
mêmes lettres sont statistiquement identiques au seuil de 5%.
4.1.2. Effet des fertilisants sur la production de Lagenaria
siceraria
4.1.2.1. Effet des fertilisants sur la production en
fruits
Les paramètres mesurés pour l'évaluation
de la production en fruits sont le temps de maturation du premier fruit (TMFr),
le nombre de fruits par plante (NFrP) et le poids des fruits (PoFr) comme
l'indique le tableau 6.
Le tableau 6 montre que les valeurs ont
été statistiquement différentes. Cette différence
est très hautement significative pour les trois caractères
(P < 0,001). La comparaison deux à deux, à travers le
test de comparaisons multiples a permis de constater que toutes les valeurs
diffèrent d'un traitement à l'autre. En effet, les plantes
traitées avec la fiente de poulet produisent beaucoup plus de baies
(2,35 baies). La plus faible production de fruits est observée chez les
plantes traitées avec le N-P-K (0,42 baie). Par ailleurs, les baies les
plus lourdes sont obtenues avec la fiente de poulet tandis que les baies de
faible poids sont produites par les plantes traitées avec le N-P-K. La
déjection de porc permet une maturation rapide des fruits (97 jours)
alors que les fruits des plantes traitées avec la fiente de poulet et le
N-P-K arrivent à maturité après 103 jours et 110 jours,
respectivement.
Tableau 6.Valeurs moyennes de trois
caractères de la production en fruits de Lagenaria siceraria en
fonction des traitements et résultats des tests statistiques.
Paramètres
Traitements
Caractères (1) statistiques du test
|
Déjection de porc
|
Fiente de poulet
|
N-P-K
|
F
|
P
|
TMFr (j)
|
97,69#177;4,89a
|
103,88#177;5,20b
|
110,71#177;4,89c
|
38,83
|
<0,001
|
NFrP
|
1,35#177;1,32b
|
2,35#177;1,99a
|
0,42#177;0,5c
|
21,23
|
<0,001
|
PoFr (g)
|
1315,48#177;555,56b
|
1442,55#177;541,59a
|
877,14#177;445,30c
|
9,81
|
<0,001
|
(1) Pour chaque caractère, les valeurs portant les
mêmes lettres sont statistiquement identiques au seuil de 5%.
4.1.2.2. Effet des fertilisants sur la production en graines
Le nombre de graines par fruit (NGrF), le poids des graines
par fruit (PGrF), le poids de 100 graines (P100), le pourcentage de
tégument (PcTe) et le rendement (RdHa) sont les paramètres
mesurés pour évaluer la production en graines. Pour ces
caractères, les différentes valeurs obtenues sont
consignées dans le tableau 7.
Pour NGrF, PoGr et RdHa, une différence très
hautement significative est observée entre les valeurs. L'application du
test de la ppds a permis de constater que pour ces trois
caractères les valeurs diffèrent d'un traitement à
l'autre. La fiente de poulet permet d'obtenir beaucoup de graines par fruit
avec un poids plus élevé et donc un meilleur rendement à
l'hectare, tandis que les fruits provenant des parcelles traitées avec
le N-P-K contiennent peu de graines. Par conséquent, le plus faible
rendement est obtenu avec ce traitement. Par contre, pour P100 et PcTe,
l'analyse statistique montre qu'il n'y a pas de différences
significatives entre les valeurs obtenues au niveau des trois traitements.
Tableau 7.Valeurs moyennes de cinq
caractères de la production en graines de Lagenaria siceraria
en fonction des traitements et résultats des tests statistiques.
Paramètres
Traitements
Caractères (1) statistiques du test
|
Déjection de porc
|
Fiente de poulet
|
N-P-K
|
F
|
P
|
NGrF
|
267,51#177;75,72b
|
306,60#177;100,15a
|
184,6#177;80,69c
|
16,12
|
<0,001
|
PGrF (g)
|
49,84#177;21,93b
|
54,92#177;22,53a
|
30,67#177;19,35c
|
9,40
|
<0,001
|
P100 (g)
|
17,63#177;4,80a
|
18,17#177;4,50a
|
16,65#177;5,34a
|
0,84
|
0,4321
|
PcTe (%)
|
35,82#177;11,27a
|
38,45#177;11,57a
|
37,69#177;11,31a
|
0,92
|
0,3996
|
RdHa (Kg/ha)
|
131,606#177;127b
|
252,01#177;167,32a
|
25,22 #177;13,98c
|
46,45
|
0,001
|
(1) Pour chaque caractère, les valeurs portant les
mêmes lettres sont statistiquement identiques au seuil de 5%.
4.1.3. Taux des bioéléments (N, P, K) dans les feuilles
issues des différents traitements
Le diagnostic foliaire a permis de quantifier les taux de N, de P
et K présentés dans le tableau 8.
Le tableau 8 montre que pour les taux de N et
de P, il existe une différence très hautement significative entre
les valeurs, d'un traitement à l'autre (P<0,001). La
quantité de ces deux minéraux est plus élevée dans
les feuilles issues des parcelles N-P-K que dans les feuilles issues des autres
traitements. Le taux de N est plus élevé dans les feuilles issues
de la déjection de porc que dans les feuilles provenant des plantes
traitées avec la fiente de poulet. Par contre, le taux de P est plus
élevé dans les feuilles issues de la fiente de poulet que dans
celles issues de la déjection de porc. Pour le taux de K aucune
différence significative n'est observée entre les
différentes valeurs.
Tableau 8. Doses moyennes en pourcentage des
trois minéraux majeurs dans les feuilles
issues des différents traitements et résultats des
tests statistiques.
Paramètres statistiques
Minéraux (1) Traitements du test
|
Déjection de porc
|
Fiente de poulet
|
N-P-K
|
F
|
P
|
N (%)
|
3,99#177;0,01 b
|
3,85#177;0,00 c
|
4,41#177;0,01 a
|
2073,55
|
< 0,001
|
P (%)
|
1,48#177;0,00 c
|
1,51#177;0,00 b
|
1,56#177;0,00 a
|
258,00
|
< 0,001
|
K (%)
|
0,265#177;0,00 a
|
0,270#177;0,00 a
|
0,280#177;0,00 a
|
13, 86
|
0,06
|
(1) Pour chaque minéral, les valeurs portant les
mêmes lettres sont statistiquement identiques au seuil de 5%.
4.2. Discussion
La présente étude réalisée en
milieu naturel, vise à identifier le meilleur fertilisant dans la
logique de l'expérimentation et de la vulgarisation en milieu paysan. Il
apparaît que la déjection de porc et la fiente de poulet ont la
même influence sur la croissance des feuilles. Ces amendements permettent
une augmentation significative de la surface foliaire. Mais, les valeurs de la
longueur du limbe (LoLi) et de la largeur du limbe (LaLi) obtenues au niveau de
ces deux traitements sont supérieures à celles obtenues avec le
N-P-K. Cependant, quel que soit le traitement considéré, nos
résultats sont supérieurs à ceux d'Anzara (2007) dont les
mesures ont été effectuées selon le même protocole
expérimental que le nôtre mais en culture sans fertilisants. En
effet, ce dernier a rapporté que la longueur et la largeur du limbe sont
respectivement de 12,05 cm et 13,19 cm, alors que dans notre étude, pour
ces deux paramètres, les valeurs obtenues avec la déjection de
porc sont de 18,72 cm et 25,06 cm, celles obtenues avec la fiente de poulet
sont de 19,76 cm et 25,89 cm et celles obtenues avec le N-P-K sont de 15,88 cm
et 18,7 cm, respectivement. Nos résultats s'expliquent par la teneur en
N des amendements dont l'incorporation dans les différentes structures
cellulaires telles que les bases azotées, les protéines de
structures et les protéines enzymatiques est nécessaire à
la mise en place des membranes ( Dauda et al., 2009; Kra, 2002).
L'augmentation de la surface foliaire a été corréler
positivement avec la production de graines, car les feuilles servent de
réserves glucidiques pour les graines (Touré, 2007).
Les paramètres végétatifs mesurés
en fin du cycle (LoPl, NoRa, LoPe), ont eu des valeurs plus
élevées chez les plantes issues des parcelles fiente de poulet.
Celle-ci permet d'obtenir les plus grandes plantes portant beaucoup de
ramifications. Cela pourrait être justifié par la
différence entre la vitesse de minéralisation de ces deux
amendements. La fiente de poulet libère les minéraux
progressivement, ce qui peut assurer leur disponibilité au moment du
besoin effectif par la plante alors que la déjection de porc a une
action intense mais fugace (Le Villio et al., 2001). Les besoins en
nutriments des plantes fertilisées avec la fiente de poulet sont ainsi
couverts durant tout le cycle de production, tandis que l'effet de la
déjection porcine s'estompe avant même la fin de ce cycle. En
effet, la minéralisation rapide de ce traitement peut entrainer
l'infiltration des minéraux dans les horizons inférieurs du sol
qui deviennent alors inaccessibles aux racines. Dans les systèmes de
fertilisation, la fiente de poulet pourra être appliquée avant le
semis et en une seule fois.
Les données phénologiques (TAVr, TAFm, TAFf,
TMFr) révèlent que la déjection de porc entraîne
une réduction sensible du cycle de reproduction. Pour ce traitement, le
temps moyen pour la maturité des fruits est de 97 j contre 103 j pour
la fiente de poulet et 110 j pour le N-
P-K. Nos résultats sont différents de ceux
d'Anzara (2007), qui a trouvé 133 et 144 j pour les deux accessions qui
faisaient l'objet de son étude. La réduction du cycle dans la
présente étude pourrait s'expliquer par une conjugaison des
effets liés à la décomposition rapide de la
déjection porcine et à sa forte teneur en P. Aussi, les
nutriments contenus dans cet amendement sont-ils assimilables par la plante
dès leur application (Le Villio et al., 2001). Cette
facilité d'utiliser les minéraux a certainement
accéléré le processus de reproduction. En outre, selon El
Hassani et Persoons (1994), le P est un facteur de précocité, car
il raccourcit la durée du cycle végétatif et
accélère la maturité des fruits. Or, la déjection
de porc en contient de fortes quantités (Hamel et al., 2004).
Etant donné qu'en Côte d'Ivoire, la petite saison des pluies est
très courte et est suivie d'une grande saison sèche, les
déchets de porc pourraient être recommandés pendant les
cultures de la petite saison des pluies. En effet, cet apport peut permettre le
déroulement d'une grande partie du cycle avant la sécheresse, de
sorte à minimiser l'effet de cette dernière sur la production.
Une deuxième approche d'évaluation de l'effet
des fertilisants sur Lagenaria siceraria est l'examen de la production
en fruits, mais surtout en graines de la plante. Les fleurs étant les
principaux organes de la biologie reproductive, leur développement
influence considérablement la production. A ce niveau, la
déjection de porc et la fiente ont eu le même effet sur la fleur
mâle (EnFm, LPFm). Ces deux fertilisants ont permis d'obtenir des fleurs
plus vigoureuses que le N-P-K. Concernant la fleur femelle (EnFf, LoPf), un
meilleur développement a été constaté avec la
déjection porcine. Ce traitement pourra être apporté en
début de floraison de Lagenaria siceraria comme fumure
d'entretien. Cela pourrait permettre la formation de fleurs femelles
vigoureuses, probablement plus aptes à être
fécondées et plus résistantes. Les caractères
agronomiques relatifs à la production en fruits et en graines (NFrP,
PGrF, NGrF, PGrF) ont des valeurs plus élevées chez les plantes
fertilisées avec la fiente de poulet. Ces plantes ont produit en moyenne
2,35 baies contre 1,35 baie et 0,42 baies pour la déjection de porc et
le N-P-K, respectivement. Dauda et al. (2009) ont noté une
augmentation du NFrP suite à l'application de la fiente de poulet chez
Citrullus lanatus. En outre, les fruits les plus lourds sont obtenus
avec la fiente de poulet. De plus, ces fruits contiennent beaucoup plus de
graines. Nos résultats sont conformes à ceux d'Enoch et al.
(2006). Ces auteurs ont mentionné que l'augmentation du poids moyen
du fruit de Lagenaria siceraria peut s'accompagner d'une
amélioration sensible du rendement en graines. Des corrélations
positives entre le poids des fruits et le nombre de graines ont
également été signalées chez la pastèque
(Nerson, 2002). De tels résultats suggèrent que la fiente de
poulet pourra être utilisée comme fertilisant dans un programme
visant l'augmentation du nombre de graines de
Lagenaria siceraria. Cette performance est, du reste,
celle qui intéresse aussi bien le producteur que le consommateur en
Côte d'Ivoire, car seules les graines sont consommées par les
populations. Par ailleurs, les traitements organiques augmentent
considérablement le rendement en graines par rapport au N-P-K. Ce
rendement est de 252,013 Kg/ha pour la fiente, 131,606 Kg/ha pour la
déjection porcine et 25,22 Kg/ha pour le N-P-K. Cette
amélioration des caractères agronomiques, notamment la production
en fruits et en graines est attribuée non seulement à la valeur
fertilisante des amendements organiques mais également à leur
action sur l'amélioration des conditions physiques et biologiques du sol
qui affectent la croissance des cultures, la minéralisation de l'azote
et sa disponibilité ainsi que l'humidité du sol (N'Dayegamiye et
Côté, 1996). En effet, les travaux ayant été
conduits à cheval sur la petite saison sèche et la petite saison
des pluies, durant lesquelles il n'y a pas eu assez de précipitations,
la matière organique aurait augmenté la capacité de
rétention en eau du sol,
contrairement aux parcelles ayant reçu le N-P-K. Les
plantes traitées avec ce fertilisant ont düsouffrir d'un
stress hydrique, surtout pendant les deux premiers mois après le semis
(Août et
Septembre).
Des rendements supérieurs aux nôtres ont
été signalés au Bénin avec le super triple
phosphate employé comme fertilisant (Enoch et al., 2006).
Cependant, notons que la densité de plantes utilisée par ces
chercheurs (20 pieds/30 m2) est plus élevée que celle
de notre étude (15 pieds/32 m2).
La troisième approche d'évaluation de l'effet de
la déjection de porc, de la fiente de poulet et du N-P-K sur
Lagenaria siceraria menée dans cette étude est le
diagnostic foliaire. Les résultats montrent que les taux d'azote et de
phosphore sont plus élevés dans les feuilles provenant des
plantes fertilisées avec le N-P-K que celles des autres traitements
tandis que le taux de potassium est identique dans les feuilles issues des
trois traitements. Par conséquent le faible rendement constaté au
niveau du N-P-K ne peut être attribué à une insuffisance de
ces minéraux ni à leur séquestration dans le sol. On
pourrait penser que d'autres minéraux, notamment les
éléments secondaires (soufre, magnésium, calcium) et les
oligo-éléments (cuivre, zinc, fer, etc.), dont la présence
dans les déjections animales, notamment avicoles, a été
montrée par Nys et al. (2003), seraient indispensables pour le
bon développement et la production de Lagenaria siceraria.
Toutefois, ces auteurs soulignent des risques de phytotoxicité de ces
déjections au-delà d'un certain seuil.
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