CONCLUSION GENERALE
La politique étrangère du
Congo, à l'image de celle de tout autre Etat moderne, est loin
d'être monolithique. Elle est aussi bien plus nuancée que ne le
laisse supposer une approche superficielle. La compréhension de sa
logique internationale des dix dernières années est rendue
aisée grâce à un certain nombre
d'éléments.
Monsieur Sassou Nguesso accède une troisième
fois au sommet de l'Etat congolais par des méthodes non
constitutionnelles et, non conformes à la gestion des Etats
modernes. Or, la fin de la confrontation Est /Ouest a sonné depuis,
le glas de l'impunité qui permettait les allégeances aux
dictateurs.
Aussi, le principal décideur politique congolais
est-il désormais soumis à une double obligation : recourir
au moment de la décision à un revirement stratégique qui
tient compte d'abord de la conjoncture internationale et, laisser de
côté ses propres principes.
Face à la toute puissance des Etats-Unis, et aux
exigences de la Commission de l'Union européenne, des autres partenaires
internationaux au développement du Congo, les nouvelles autorités
politiques de Brazzaville ont dû repenser leur comportement politique
sous peine de sanctions qui prennent forme en 1999.
En fait, à la fin de cette année, le nouveau
gouvernement est de plus en plus isolé dans le concert des nations, y
compris africaines, en vertu des principes des chancelleries de Washington, de
Londres, de Bruxelles, voire Addis Abéba (siège de l'U.A) qui
condamnent la prise de pouvoir par la force.
Simple réalisme et pragmatisme pour le Congo que de
faire une toilette interne, de changer cette situation contraignante en
situation avantageuse.
Sur le plan politique interne un changement notoire va
s'opérer notamment, avec l'adoption d'une nouvelle Constitution et la
tenue effective de l'élection présidentielle du 20 mars 2002.
Pour prouver ses bonnes intentions, le président congolais multipliera
les exemples.
Sur le plan extérieur et diplomatique, exploitant
à fond la carte de la realpolitik, le Congo et, surtout son principal
dirigeant, réussissent leur entreprise de charme. Les projets
« réalistes » pleins de bonnes intensions
convainquent les diplomates occidentaux et les bailleurs de fonds
internationaux que la transition congolaise vaut la peine d'être
accompagnée.
Un autre facteur d'élucidation de la politique
étrangère du Congo sur la période étudiée
provient de la commune toile de fond aux différentes articulations de
son action internationale à partir de 1998. De fait, Brazzaville est
à la recherche de « puissance » que l'on peut
convertir en termes de crédibilité, de légitimité
et de reconnaissance internationales.
Devenir un jour et pourquoi pas, le porte
étendard de l'Afrique ? Pour ce faire, il joue à fond la
carte du panafricanisme. Cela doit pouvoir augmenter même si c'est pour
un temps soit peu, son prestige en Occident, contribuer à être
plus présent dans les forums internationaux et à faire parler
davantage de lui et du Congo.
Brazzaville prétend jouer un rôle important dans
les dynamiques de l'intégration politique du Continent. Mais aussi,
marquer sa présence dans toutes les instances mondiales. Après
des années d'isolement, il faut bien que la voix du quatrième
pays producteur de l'or noir au sud du Sahara soit entendue.
Pari politique gagné partiellement, comme l'atteste la
reconsidération de sa diplomatie qui aura été la
principale innovation de la politique étrangère du Congo post
guerres. Le retour des institutions financières internationales, le
rétablissement des relations diplomatiques et économiques avec
la première puissance mondiale, la présidence congolaise de la
Conférence de Chefs d'Etat et de gouvernements africains pour l'exercice
2006, laissent penser que certains objectifs ont été
atteints.
Mais à côté de ces changements parfois
spectaculaires, des permanences demeurent sur le plan interne. C'est dire
que beaucoup d'efforts sont à accomplir et que le Congo doit faire
d'avantage ses preuves.
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