La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik( Télécharger le fichier original )par Sylvie Lembe Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000 |
Paragraphe 2 : La difficile acceptation du nouveau gouvernementL'arrivée et la prise de pouvoir une troisième fois par Sassou Nguesso semblent avoir sonné le glas de l'espoir de plus de 81% des Congolais qui avaient, par les urnes, signifié leur refus à « ce dirigeant aux méthodes staliniennes », qui est revenu sur les devants de la scène congolaise par des méthodes non constitutionnelles. D'où sa difficile acceptation par les Congolais qui l'accusent de mener une politique de « répression et de confiscation des libertés publiques ». Toutefois, la France ne cache pas son soutien à cet acteur. Un observateur note à cet effet : « la classe politique congolaise voulait disputer le pouvoir dans les urnes, tandis que le dictateur chéri des puissances étrangères (notamment la France) se préparait à le reconquérir par les armes »74(*). Pareillement, un autre observateur constate : « le régime sanglant déjà rejeté par le vote des Congolais en 1992, n'est pas reconnu dans sa politique par l'ensemble de la communauté internationale, hormis les autorités françaises »75(*). Effectivement, le 16 octobre 1997, contrairement au processus démocratique adopté par le peuple et les dirigeants des partis politiques congolais en 1991, les soldats tchadiens, les mercenaires et autres génocidaires rwandais et leurs éclaireurs du nord du Congo, les cobras, s'emparent du palais présidentiel, du parlement et d'autres symboles de l'Etat aux moyens des armes. Leur leader, autoproclamé Président, conforte son pouvoir. Quelques mois après, il répudie la Constitution congolaise adoptée en 1992 et promulgue l'Acte fondamental : nouvelle base juridique du pays. Il s'en suivra une longue période « sombre » pour tous les opposants au nouveau régime. Ceux-ci seront, soit assassinés, soit forcés à l'exil, même ceux qui n'ont pas participé de manière active aux hostilités sont contraints de quitter le Congo76(*). S'ajoute à ceci, le contrôle strict des dissidents. Avec ces « méthodes militaires », le nouveau gouvernement pouvait-il faire l'unanimité des Congolais ? Ce gouvernement, avec de telles méthodes, n'est pas seulement honni à l'intérieur. Il suscite peu à peu, des inquiétudes de la part des pays riches industrialisés mais aussi des partenaires internationaux au développement du Congo Paragraphe 3 : La désapprobation de la Communauté internationaleAfin de mieux comprendre l'attitude ambiguë de la communauté internationale face au nouveau gouvernement, nous nous attarderons d'abord sur son silence (A) avant d'analyser les motivations de sa tardive réaction (B). * 74 Remy Bazenguissa-Ganga, « Le Congo dans la tourmente », in Les études du CERI, Paris, Fondation nationale des Sciences politiques, n°30, avril, 1998, p. 13. * 75 Yitzhk Koula, La démocratie congolaise « brûlée au pétrole » ,op.cit., p.11. * 76 François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique, op.cit., p.16. |
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