La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik( Télécharger le fichier original )par Sylvie Lembe Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000 |
B - Une catastrophe économiqueLe principal théâtre où se sont déroulées généralement les opérations est Brazzaville, siège des institutions politiques de l'Etat. La ville est détruite à plus de 80%. Plus de 15.000 habitations détruites par le seul conflit de 1997, et plus de 350.000 par celui de 1999. Ce qui permet à un observateur stupéfait d'affirmer que l'état de Brazzaville évoque Berlin en 194571(*). Les destructions ont été d'une ampleur énorme. Comme illustration : les axes majeurs de communication sont coupés. La ligne du Chemin de fer Congo-océan (CFCO), reliant Brazzaville à Pointe Noire (poumon économique du Congo) a été la cible privilégiée des bombardements. L'économie congolaise est détruite à moitié. Ces guerres ont été très coûteuses. L'Etat congolais a essuyé d'importantes pertes. Il en ressort très endetté. Les sommes générées par l'exploitation pétrolière ont servi à l'effort de guerre, ou, elles avaient pris d'autres directions, douteuses ? Ces guerres civiles ont inscrit le Congo dans le cycle des conflits civils armés laissant ainsi des populations traumatisées. C- Un traumatisme moral sans précédentLes deux dernières guerres de 1998 et 1999 peuvent être qualifiées « d'entreprise de destruction ethnique ». En effet, dès la proclamation de Sassou Nguesso comme nouveau chef de l'Etat congolais, une autre guerre est déclenchée entre ce dernier et Pascal Lissouba, président déchu. Elle prendra une dimension nouvelle et différente. Ces deux guerres se caractérisent par les bombardements visant les villes du Sud Congo (région sous influence du Président déchu). L'objectif est de « terroriser les populations civiles et briser leur moral »72(*). C'est le cas durant la Bataille de Dolisie ; principale ville du Sud Congo, avec des victimes inutiles, notamment des enfants et des paysans sans défense. Ces victimes ont marqué à jamais les esprits des Congolais, ont ébranlé les certitudes morales et culturelles des Congolais, créant ainsi « un véritable choc »73(*). Le général Sassou Nguesso, fort de ce qu'il qualifie de « victoire », s'auto-proclame Président de la République du Congo le 24 octobre 1997. Dès lors, le Congo entre dans une période d'illégitimité, car, en rupture avec les valeurs démocratiques instituées lors de la Conférence nationale souveraine en 1992 au moyen de la Constitution. D'où le mécontentement des Congolais. * 71 Cité par François-Xavier Verschave in Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?op.cit., p.65. * 72 A partir de 1998, les Angolais, les Tchadiens, les génocidaires rwandais et autres mercenaires accentuent les exactions dans cette partie du Congo dont ils avaient la charge. * 73 Pierre Saligon et Marc Lepape, La guerre civile congolaise : une catastrophe humaine majeure, Paris, khartala, 2001, p.23. |
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