L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.( Télécharger le fichier original )par Madou NIMAGA Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006 |
CHAPITRE II : Les facteurs liés à la faible insertion sociale.Dans la sociologie électorale, la considération des pesanteurs liées à la faible intégration sociale de certaines couches de la population est fondamentale dans l'analyse du comportement électoral. En effet, la participation politique en général croît avec l'élévation du niveau social (diplômes, revenus, profession...)108(*). Le Mali fait partie des pays sous-développés et dépendant essentiellement de l'aide extérieure pour son développement109(*). A en croire au classement annuel du programme des nations unies pour le développement (PNUD), le Mali a été classé au 175ème rang sur 177 pays110(*). En clair, même si un tel classement du Mali a été vigoureusement contesté par les autorités de ce maliennes111(*), force est de reconnaître que la pauvreté et l'analphabétisme touchent plus d'un malien. Un nombre important de la population vit au dessous du seuil de la pauvreté112(*). Toutefois, l'interaction entre le niveau de vie et d'instruction d'un individu et sa participation électorale paraît évidente dans la mesure où la jouissance à une certaine condition d'existence serait déterminante quant à l'option pour le vote ou pour l'abstention. Ces conditions peuvent aller de l'intégration de l'individu dans une cellule familiale à l'accès aux services sociaux de base (hôpitaux, écoles, sécurité sociale...), à un logement décent et surtout à la détention d'emplois garantis. Dans cette perspective, on peut soutenir que plus les individus sont instruits et intégrés dans les circuits socio-économiques, plus ils ont tendance à faire prévaloir leur citoyenneté. Pour mieux percevoir l'impact du défaut d'intégration sociale sur la participation électorale, nous allons étudier, la faible intégration socio-économique (Section I) et l'impact de l'analphabétisme (Section II). SECTION I : La fable intégration socioéconomique.Nombreuses sont les études qui ont confirmé la corrélation entre la non participation aux élections et la faible insertion sociale de populations tenues à l'écart, comme les noirs aux Etats-Unis d'Amérique, les immigrés naturalisés dans les pays européens voire de minorités ethniques ou religieuses dans d'autres113(*). Au Mali, la faible insertion sociale ne serait liée ni à l'un, ni à l'autre des problèmes précités qui sont spécifiques à la situation particulière de ces pays. Cependant, on pourra assimiler ce facteur à la situation socio-économique difficile du Mali où la pauvreté (Paragraphe 1) et le chômage (Paragraphe 2) peuvent constituer des causes d'exclusion donc de faible insertion sociale. * 108 Cette indication générale, valable pour le vote, l'est aussi pour les autres activités politiques comme l'abstention (DENNI 1986 ; VERBA, KIM, NIE 1980). * 109 Voir : Cheichna TOURE, « Le système de contrôle des finances publiques au Mali ». En ligne, http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr/pdf/04dos8toure.pdf * 110 Rapport annuel des Nations Unies pour le développement humain, PNUD - 2006. * 111 Les autorités du Mali ont vigoureusement contesté ce classement par des déclarations officielles et des campagnes de sensibilisations populaires (séminaires, conférences...). Voir les journaux maliens de l'époque. * 112 Pour la Banque mondiale qui étudie le seuil de pauvreté dans les pays en développement, ce seuil est fixé à moins d'un dollar/jour. * 113 LAGROYE Jacques, BASTIEN François et SWICKKI Fréderic, Sociologie Politique, Paris, Presses de sciences Pô et Dalloz, 4è éd. 599Pages |
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