L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.( Télécharger le fichier original )par Madou NIMAGA Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006 |
Paragraphe 2 : Le nomadisme politique.Le vocabulaire politique africain est assez riche pour caractériser le phénomène de changement de parti politique de la part des hommes politiques sur des élus. On utilise généralement à côté du terme nomadisme politique, des expressions comme la « transhumance politique » voire le « débauchage politique »104(*). Selon l'Ancien Ministre Malien de la fonction publique, Modibo DIAKITE105(*), aussi membre fondateur du parti du Soleil le vent (CNID) « La transhumance politique est le fait pour des hommes politiques de se faire élire à un poste politique sous la bannière ou les couleurs d'un parti politique, mais qui à la suite de conflits politiques ou d'intérêts choisissent de changer d'obédience politique ». Si l'on s'en tient à cette définition, on passera sous silence une autre facette de la transhumance des hommes politiques. Il s'agit de la situation d'hommes politiques appelés au gouvernement, qui à la suite de dissension entre leur parti politique d'origine et la coalition gouvernementale, ont choisi de quitter leur parti au profit du poste ministériel. Il faut aussi souligner que généralement, ceux qu'optent pour la transhumance politique, créent leur propre parti ou rallient d'autres partis plus forts sur l'échiquier politique. Le phénomène de la transhumance politique au Mali a comme conséquence un émiettement sans précédent des formations politiques et une inflation du nombre des partis politiques. Tous les grands partis politiques maliens ont, au cours de leur brève existence106(*), connu une ou plusieurs scissions pour diverses raisons. Ces raisons sont multiples et relèvent très rarement des motivations idéologiques ou soutenables au plan de la morale politique. Les oppositions intestines pour le contrôle de l'appareil partisan, les humeurs du moment, les questions purement « alimentaire » 107(*) sont généralement à la base de ces divisions. On peut donc soutenir que, ces changements de partis politiques ne sont justifiés pas des questions relatives aux intérêts des citoyens, mais au contraire, des seuls intérêts de ses auteurs. Toujours, selon l'Ancien Ministre DIAKITE, la transhumance politique altère la confiance entre l'élu et sa base qui a le sentiment d'être trahi même, si l'élu peut considérer que ses considérations sont nobles. La transhumance politique brouille aussi la lisibilité des citoyens du jeu politique. Ceux-ci comprennent mal, qu'ils élisent des députés ou conseillers communaux et qu'en cour de mandat, ces derniers virent dans un autre parti sans être inquiété par aucune mesure contraignante. Cette situation contribue à provoquer chez de citoyens nombreux, un sentiment d'impuissance et une tendance à l'apathie électorale. Le multipartisme intégral auquel le Mali a opté en 1992 n'a pas été encadré par les mesures nécessaires pour décourager les hommes politiques surtout les élus de transhumer comme bon les semble entre les partis politiques. A ce propos, Mr DIAKITE soutient que : « Nous n'avons pas protégé notre démocratie en tant que démocrates, c'est-à-dire que nous avons fait le choix après la chute de la IIéme République, du multipartisme intégral pour mieux coller au slogan : Nous ne voulons pas l'ancien, nous voulons du nouveau (le Kokadjè) ». Ainsi après avoir analysé l'impact de la représentation de la politique dans l'imaginaire populaire, nous allons étudier maintenant l'impact de la faible insertion sociale sur la participation électorale. * 104 Voir : Ismaïla Madior FALL, « La transhumance politique : modalités et impacts sur le processus électoral, essai d'explication théorique », Dakar, CODESRIA, Juillet 2000, 23p. * 105 Voir le quotidien, Les Echos du 25/01 /2008 en Ligne : http://www.maliweb.net/category.php?NID=26550 * 106 Créés la plupart en faveur de l'instauration du multipartisme en 1992 * 107 Jean - François Bayart, L'Etat en Afrique, la politique du ventre, Paris, Fayard, 1989. |
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