L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.( Télécharger le fichier original )par Madou NIMAGA Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006 |
SECTION II : L'insuffisance de culture démocratique.Au Mali, comme dans plusieurs jeunes démocraties en Afrique et d'ailleurs l'un des constats reste la faiblesse de la culture démocratique. Les masses populaires ne sont pas assez conscientes de leur rôle primordial dans le jeu politique. Cette situation a contribué, à créer dans la conscience collective une sorte de stéréotype selon lequel l'activité politique serait réservée à une catégorie d'individus que sont les « gens d'en haut ». De ce fait, faire de la politique devient une affaire de professionnels surtout quand on ne tient pas le haut du pavé, vouloir faire de la politique, c'est en réalité travailler pour des dirigeants politiques qui profitent toujours seuls des dividendes97(*) . Le système politique Malien est passé coup sur coup du système monopartisan de fait (Ieme République avec le Régime de l'US-RDA) au monopartisme de droit (IIeme République avec le Régime de l'UDPM) avant de renouer avec le multipartisme en 1992. Cette situation d'immobilisme politique a largement contribué à freiner le développement politique au Mali. Il faut dire qu'un système politique n'est pas seulement constitué de structures, il suppose aussi un ensemble d'attitudes et de comportements plus ou moins cohérents98(*). En 1963, G. ALMOND et S. VERBA, in Civic culture, Princeton University Press, distinguent trois grands types de cultures correspondant à trois types de réaction possible face aux objets politiques : · La culture « paroissiale » qui suppose une attitude d'indifférence et d'ignorance face à l'Etat-Nation et un repli sur les unités locales d'appartenance, qu'il s'agisse de la tribu ou du village. · La culture de « sujétion » est au contraire, marquée par une connaissance du système politique national assortie d'une grande passivité à son égard : les individus le respectent, le craignent tout en se jugeant incapable de participer à son fonctionnement. · Culture de « participation » qui repose enfin, sur la volonté des citoyens d'exercer de manière pleine et entière leurs droits et leurs devoirs, pour peser réellement sur la décision politique. Tout en notant qu'aucun de ces types n'existe à l'état pur, les auteurs concluent que le dernier d'entre eux caractérise le mieux, les « démocraties stables » et donc les systèmes les plus développés99(*). Partant de cette typologie trinaire de cultures politiques on se rend compte que les sociétés en développement se rapprochent beaucoup des deux premiers types de culture. Au Mali, un certain nombre de comportements politiques surtout chez les élites politiques démontrent tout simplement un déficit de culture démocratique. Les masses populaires perçoivent négativement certains agissements des hommes politiques qui contribuent à créer chez-eux, une certaine méfiance à l'égard de la politique. Au terme de nos enquêtes quantitatives et qualitatives, la faiblesse de démocratie interne dans les formations politiques (Paragraphe I) et le nomadisme des hommes politiques (surtout les élus) entre les parties politiques (Paragraphe 2) sont donc fréquemment incriminés par nos interlocuteurs. * 97 BAGAYOKO Abdoulaye, « La sociologie électorale au Mali. Le jeu des opérateurs politiques et le comportement de l'électorat dans la district de Bamako : Cas de Commune III. », Mémoire de Maîtrise, Département: Sociologie-Anthropologie, Université de Bamako, FLASH, 2001-2002. 53P. Disponible au CODESRIA. * 98 Bertrand BADIE, le développement politique, Paris, ECONOMICA, 1978 * 99Ibid., 1978. P.34 |
|