L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.( Télécharger le fichier original )par Madou NIMAGA Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006 |
Paragraphe 1 : La corruption électorale.La corruption électorale est devenue l'une des caractéristiques des élections dans les jeunes démocraties en général et particulièrement dans notre pays. Les partis politiques, au lieu d'être des véritables machines de mobilisations des électeurs, ont plutôt tendance à être des véritables machines de fraude électorales. L'achat de conscience devenu une pratique normale de nombre de partis politiques. Il consiste à acheter la voix d'un électeur contre de l'argent ou à corrompre les agents électoraux voie l'administration électorale. Il s'agit aussi pour le parti au pouvoir l'utilisation des moyens de l'Etat à des fins partisanes. La corruption électorale crée un manque de confiance à l'égard de la sincérité des opérations électorales et entraîne une sorte de sentiment d'impuissance à changer les choses voire à se réfugier dans une attitude passive. Ainsi, plus de 80% des personnes interrogées dans le cadre de nos enquêtes dénoncent l'ampleur de la corruption aux élections et estiment qu'il est insensé de voter puisque ça ne peut rien changer. Toujours a ce propos, les déclarations des enquêtés qui reviennent le plus souvent sont assez édifiantes « que je vote ou pas celui doit être élu est connu d'avance et sera élu quelque soit alpha ... ». Le manque de crédibilité des procédures électorales peut coûter cher chère pour la participation électorale puisqu'il provoque chez la plupart des citoyens une lassitude et un découragement ou ce sentiment de pessimisme politique caractérisé par l'hypothèse de ceux qui pensent que les consultations électorales ainsi que le système électoral dans son ensemble ne sont qu'une duperie. Le phénomène de la corruption électorale est reconnu comme un comportement nuisible d'où la nécessité de mieux encadrer le financement public accordé aux opérateurs de la vie politiques. L'objectif serait de réduire l'influence néfaste de l'argent dans le champ politique et d'accroître la transparence voire de garantir l'égalité des chances entre les partis politiques en plafonnant les dépenses et les contributions (publiques et privées). Outre les partis politiques, que dire des individus qui acceptent de vendre leur conscience contre un billet d'argent ou contre des tee- shorts ou du thé. Le tableau ci-après permettra de mieux percevoir le phénomène de la corruption électorale au Mali. Tableau 1 : les attitudes des personnes interrogées face à la corruption électorale95(*).
A la lecture de ce tableau, on se rend compte que les attitudes des personnes ayant déclarées participer aux élections régulièrement fustigent plus la corruption électorale que les non votants. Cela est tout simplement du au fait que les déclarations des enquêtés par rapport à la question : « Avez-vous voté lors des dernières élections générales ? » ne traduisent pas toujours leur comportement électoral réel. Le vote étant considéré comme un acte socialement valorisant et donc devant l'enquêteur, les enquêtés ont tendance majoritairement à répondre par l'affirmative. Si l'on se refait à ces déclarations, le taux de participation moyenne aux élections de 2002 serait de 78 % à la présidentielle et 71% aux législatives, ce qui surestime en toute évidence les taux effectivement observés. Donc les taux des votants doivent être relativisés. En dehors de cette précision, les attitudes des enquêtes face à la corruption électorale témoignent, combien l'achat des conscients est nuisible à la démocratie donc à la participation électorale. Les répondants sont presque tout aussi unanimes (88 %) à fustiger les candidats qui achètent des voix. Ils sont plus nombreux à rejeter l'achat de conscience qu'à se laisser corrompre même si le tiers d'entre eux (32 %) se montrent corruptible. D'une manière générale on s'aperçoit que la corruption électorale assaille la crédibilité des élections et conduise à de véritables contestations fréquentes des résultats électoraux. * 95 Source : MATCL et PNUD, Sondage sur la perception du processus démocratique au Mali, Bamako, Les GREAT Cahiers, 2003, P.16. |
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