SECTION II : Le calendrier électoral.
Le calendrier électoral au Mali est souvent
peu propice à une forte mobilisation électorale dans la mesure
où il a coïncidé avec la saison des pluies. Cette saison est
à profit par de nombreux Maliens pour les activités agricoles qui
constituent d'ailleurs la principale occupation de la population.
Dans la même perspective, le temps du scrutin qui est
normalement de dix heures d'horloge peut souvent s'avérer insuffisant
pour une plus grande participation électorale.
Ainsi nous allons donc analyser ici, dans (un premier
Paragraphe) la ténue d'élection pendant l'hivernage et dans (un
deuxième Paragraphe) la durée du scrutin.
Paragraphe 1 : La tenue d'élection pendant
l'hivernage.
Pour ce qui concerne l'élection du
Président de la République c'est la constitution, loi
fondamentale qui réglemente la fixation du calendrier électoral
en période normale comme en période d'intérim. La
constitution dispose dans son article 32 que « Le premier tour de
l'élection présidentielle a eu lieu vingt un jours au moins et
quarante jours au plus avant l'expiration du mandat du Président en
exercice ».
Quant aux calendriers des élections
législatives et locales, ils sont à
leur tour choisis par décret pris en conseil des Ministre.
En dépit de cet encadrement constitutionnel et
institutionnel de la fixation des dates électorales, la pratique en la
matière, nous montre une certaine coïncidence des dates
électorales avec la période d'hivernage qui dure au Mali selon
les régions de trois à six mois et est consacrée
essentiellement par les populations rurales aux activités agricoles.
Depuis la consultation référendaire du 12
Janvier 1992 pour l'adoption de la constitution du 25 février 1992, la
date des élections présidentielles, sont toujours fixées
entre le mois d'Avril et le mois de juillet. Cette période
coïncide très souvent avec les premières pluies que le monde
rural met à profit pour les travaux champêtes.
Au Mali, les 2/3 de l'électorat se trouvant en milieu
rural et ont principalement comme activité professionnelle
l'agriculture. Si l'on sait qu'un électorat essentiellement
composé de cultivateurs n'est pas disposé à laisser le
champ pour le bureau de vote, dans un pays où la culture politique des
masses n'est pas assez élevée et ou la chose politique manque
souvent de crédit aux yeux de nombre de citoyens.
La coïncidence des périodes électorales
avec la saison des pluies dans un pays à vocation agro-sylvo postasoral
comme le Mali est donc susceptible de réduire la tendance à
l'abstention électorale qu'on observe lors des consultations
électorales.
Il ressort de l'enquête de 2003 sur la perception de la
démocratie au Mali que l'abstentionniste est majoritairement de sexe
féminin vivant en milieu rural et se recrute principalement parmi les
agriculteurs, les ménagères et les artisans.
Toujours au terme du même enquête, ils sont 40%
des sondés à affirmer que : « Les
élections ont coïncidé avec l'hivernage » et
donc de surcroît constitue un motif d'abstention. C'est l'une des
réponses à la question : « A votre avis,
pourquoi certains Maliens n'ont pas voté ? ».
En d'autres termes, s'il pleut le jour du scrutin dans un pays
comme le notre, où certains bureaux de vote sont placés souvent
sous des hangars en paillote.
En plus, le Mali expérimente les bureaux de vote
mobile ou itinérant. Dans ces conditions en cas de pluies diluviennes,
le scrutin risque d'être paralysé.
Pour éviter de telle situation, nous suggérons
un décalage du calendrier électoral vers le premier trimestre de
l'année, c'est-à-dire, entre les mois de Janvier et Mars ;
et un couplage des élections présidentielles et
législatives le même jour. Ceci permettra d'éviter
d'éventuelles coïncidences entre les périodes
électorales et hivernales. Aussi, le couplage des élections
présidentielles et législatives permettra d'accentuer les enjeux
électoraux, de rationnaliser le coût de l'organisation voire de
favoriser une plus grande mobilisation électorale.
Ainsi, nous allons nous pencher maintenant sur l'impact de la
durée du scrutin sur la participation électorale.
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