L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.( Télécharger le fichier original )par Madou NIMAGA Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006 |
Paragraphe 2 : La pertinence de l'offre électorale.L'affaiblissement des différences politiques ou idéologiques entre les principaux partis politiques est l'une des explications récurrentes de la non pertinence de l'offre électorale. Les électeurs perçoivent de plus en plus difficilement les différences politiques entre les principaux partis politiques, cela augmente le coût du choix et explique pour une large part la baisse de mobilisation lors des élections. Il existe peu de différences politiques ou idéologiques entre les formations politiques maliennes. Une partie importante d'entre elles se revendique de la famille socialiste. C'est le cas de l'ancien parti au pouvoir, l'ADEMA-PASJ, de l'US-RDA, de l'URD, du RPM qui sont tous membres de l'International socialiste. Cependant, on a observé une différence notoire entre la politique gouvernementale menée l'ADEMA et sa ligne idéologique. L'Exemple typique est tout simplement les importantes privatisations des sociétés et entreprises d'Etat entreprises par ce régime qui s'est toujours revendiqué du socialisme. En plus, les discours des partis politiques n'apparaissent pas tellement ce particularisme auquel les citoyens s'attendent surtout sur les grandes questions de notre société comme l'abolition de la peine de mort, les problèmes du chômage, la crise Touareg au Nord, les problèmes scolaires et universitaire, la décentralisation, code de la famille, l'excision, le pouvoir d'achat et l'augmentation des salaires. BUTLER et STOKES (1966, chap. II) 89(*) ont analysé les conditions nécessaires pour qu'un problème social devienne un enjeu politique : il faut que les électeurs aient une opinion sur le problème que leurs opinions soient nettement tranchées, s'écartant le plus possible d'une distribution « normale » et qu'ils perçoivent de nettes divergences entre les prises de position des candidats sur les grands problèmes sociaux. Outre la personnalité des candidats, leur rapprochement avec l'électorat c'est-à-dire le contact direct90(*) compte beaucoup pour la perception par l'électorat de l'offre électorale. S'il y a donc bien une relation entre la perception des enjeux et l'offre électorale, le vote pour un candidat donné, il reste à mesurer le poids exacts des enjeux sur la décision électorale, comparé à celui des autres facteurs susceptibles de l'influencer. Il n'est pas toujours facile de démêler, dans un comportement électoral donné, ce qui tient de la sympathie pour le candidat, de sa capacité à résoudre un problème jugé important, de sa proximité à l'égard de son parti ou de son camp. Au terme du sondage de 2003 sur la perception de la démocratie au Mali, les motifs d'abstention différent selon que le répondant répond à la question « Pourquoi n'avez-vous pas voté, si jamais aux dernières élections ? » ou à l'autre « A votre avis pourquoi certains maliens n'ont pas voté ? ». Ainsi, en réponse à la deuxième question, ils sont 77% des répondants qui pensent que « Les gens ne comprennent rien aux élections » et 42% affirment que « Les élections ne changent rien au Mali » ou estiment que « les élections sont pour les hommes politiques ». Ces réponses nous montrent clairement que les enjeux électoraux ne sont pas bien saisis par les électeurs. Ce qui a pour conséquence logique l'apathie électorale. Cependant, outre les enjeux électoraux, la période choisie pour la tenue du scrutin impacte aussi la participation électorale. * 89 Butler et Stokes (1966, chap. II), cités par Boy Daniel Mayer Nonna l'électeur à ses raisons, Paris P5P, 1997, P219 * 90 A travers les meetings voire les descentes vers les électeurs. |
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