De la TICAD III à la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon( Télécharger le fichier original )par Patrick Roger Mbida Université de yaoundé II - Master professionnel 2011 |
CHAPITRE VI : LE JAPON ET LE CAMEROUN : VERS UN PARTENARIAT RENOVE SOUS LA TICAD IV ?Ce dernier chapitre a pour objet central d'illuter les mutations observées dans la politique la politique africaine de coopération du Japon sous la TICAD IV à la lumière du Cameroun. Il sera ainsi question de revisiter la coopération nippo-camerounaise, qui semble se rénover davantage avec l'établissement des axes de coopération prioritaires qui existent entre le pays du Soleil-Levant et « le triangle national » et qui sont appelés à se densifier davantage à moyen et à long terme. Nous analyserons tour à tour le réchauffement des relations diplomatico- culturelles établies entre ces deux pays (section 1) et par la suite les axes de coopérations tangibles qui se sont noués et qui sont appelés à s'approfondir (section 2) SECTION I : LE RECHAUFFEMENT DES RELATIONS DIPLOMATICO-CULTURELLESIl sera question ici de considérer les relations diplomatiques entre le Japon et le Cameroun comme des liens progressivement replètes (paragraphe 1), mais aussi des échanges culturels denses (paragraphe 2) PARAGRAPHE 1 : LE JAPON ET LE CAMEROUN : DES RELATIONS DIPLOMATIQUES PROGRESSIVEMENT REPLETESLes premiers contacts entre le Japon et le Cameroun sont antérieurs à la Deuxième Guerre Mondiale puisqu'il est signalé la présence nippone parmi les partenaires commerciaux du Cameroun en 1938. En janvier 1960, date d'accession à l'indépendance, le Cameroun devient un acteur des relations internationales en établissant des relations diplomatiques avec des Etats comme le Japon, représenté aux cérémonies par M. Fujieda. Une option fondamentale, « notre politique de non alignement et de coopération nous porte tout naturellement à dépasser le cadre de l'Afrique (...) pour étendre la trame de nos amitiés à d'autres régions du monde, notamment à la lointaine Asie, berceau de toutes les grandes potentialités économiques et humaines » assurait le Président camerounais Ahmadou Ahidjo193(*) Malgré la signature de quelques traités, l'officialisation des relations entre le Japon et le Cameroun a revêtu un caractère plus symbolique que pratique car pendant plus de 25 ans, ces deux Etats n'ont pas procédé à des échanges de représentants résidents. Les intérêts du Cameroun dans l'archipel nippon ont été gérés par l'ambassadeur camerounais à Pékin depuis décembre 1972, idem pour celui du Japon à Libreville. Ce qui a amené certains observateurs à noter « la faiblesse des flux politiques » des relations nippo camerounaises194(*). Les nominations des premiers ambassadeurs, avec ouverture d'ambassade à Tokyo et à Yaoundé sont intervenues respectivement en 1987 pour le Cameroun, et 1991 pour l'Empire du Soleil Levant. Avec la fin de la Guerre Froide, le Japon a pris l'initiative d'élargir son rayon d'actions dans le domaine des relations publiques internationales et plus précisément en Afrique. C'est pourquoi « dans un souci d'efficacité, le MOFA a entrepris d'implanter dans les pays amis, des représentations diplomatiques avec un personnel capable de mener des études afin de renseigner le gouvernement japonais sur les besoins réels des populations »195(*). Depuis 1991, six diplomates nippons se sont succédé à la tête de l'ambassade à Yaoundé à savoir par ordre d'arrivée, Suzuki Tadashi, Takeru Sassaguchi, Namio Takagi, Masaki Kuneida Kensuke Tsuzuki et Keiji Yamamoto qui est actuellement en poste. Du coté camerounais, trois ambassadeurs se sont déjà succédés à Tokyo196(*). Les deux pays sont respectueux du principe de non ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats et se soutiennent mutuellement au sein des institutions internationales. C'est ainsi que le Cameroun a apporté son soutien à la candidature de Koïchiro Matsuura, alors ambassadeur du Japon en France, au poste de directeur général de l'UNESCO. L'Empire du Soleil-Levant qui abrite le siège de l'Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) a soutenu de son côté, l'élection le 12 mai 2007 d'Emmanuel Ze Meka au poste de directeur exécutif de cette instance, avec rang de secrétaire général adjoint de l'ONU. Paul Bamela Engo a aussi eu à bénéficier de l'appui nippon197(*) pour son élection à la fonction de juge au tribunal international du droit de la mer à Hambourg. Le Cameroun a par ailleurs obtenu le soutien du Japon qui siège au conseil d'administration du FMI lors de l'examen du dossier d'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE198(*). Les 23 et 24 Juin 2003 déjà, le Cameroun a eu à abriter l'une des trois réunions préparatoires de la TICAD III. Une véritable entreprise diplomatique qui a renforcé l'axe Tokyo-Yaounde. Selon Seigi Hinata, ambassadeur chargé de la TICAD III, ce choix n'est pas le fruit du hasard puisque « le Cameroun est devenu un grand pilier de la croissance économique dans la région. Il faut le soutenir en renforçant l'éducation de sa jeunesse, en améliorant ses télécommunications ; notamment l'Internet, en formant des techniciens dans le domaine de l'électronique, de sorte que les investisseurs qui font les affaires via Internet aient des raisons supplémentaires de s'installer au Cameroun ».199(*) Les experts de 25 pays d'Afrique centrale et occidentale, le PNUD, les Nations Unies, la Banque Mondiale, la CMA sont ainsi venus à Yaoundé pour examiner les thèmes relatifs au développement des Etats ainsi que les modalités d'appui du processus de la TICAD à la mise en oeuvre du NEPAD. Durant les dernières élections Présidentielles de 2004, le gouvernement nippon a offert des urnes transparentes, formé des observateurs notamment ceux de l'ONG Conscience Africaine- qui a reçu un don de 8 400 000 Fcfa- et affecté une dotation financière à l'Observatoire National des Elections (ONEL) pour le suivi du déroulement des dites opérations. Cette action peut être vue comme un acte de prévention des conflits quand on sait qu'une élection mal organisée et mal gérée peut être l'étincelle qui amène une guerre civile. Dans le cadre de l'appui au cinquième programme de Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix (RECAMP), qui entend donner aux pays africains les capacités à maintenir eux-mêmes la paix en Afrique, le Japon a financé la construction et l'équipement d'un magasin de médicaments à Garoua 200(*) * 193 S.C Alima Zoa (2008), op.cit p.100 * 194 P. Mbogning, (1999), op.cit p. 146 * 195 R. Kouakam Mbenjo. (2005), "Les relations internationales par le biais du social. La construction des écoles par le Japon". Mémoire en sciences et techniques de l'information et de la communication. ESSTIC, p.35 * 196Le premier ambassadeur du Cameroun au Japon a pour nom Etienne Ntsama, nommé en 1987 ; il est remplacé en 2002 par Lejeune Mbella Mbella, et l'actuel s'appelle Pierre Ndzengue, il a été nommé le 19 septembre 2008. * 197 Cf. « Etat des relations Cameroun/Japon » de la direction des affaires d'Asie, du Pacifique et de L'OCI du MINREX. * 198 Cameroon Tribune n°8588/4787, 28 Avril 2006 * 199 Cameroon Tribune n° 7867/3156, 25 juin 2003 * 200 Cameroon Tribune n°8635/4834, 06 juillet 2006 |
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