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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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PARAGRAPHE 3 : ETAT D'AVANCEMENT DE LA TICAD IV

Il n'est pas question ici de faire bilan exhaustif des réalisations de la TICAD IV, mais seulement de rendre compte ce qui a déjà été fait jusqu'ici dans certains domaines particuliers sus évoqués. C'est ainsi que nous évoquerons les avancées dans les secteurs des infrastructures (a), des investissements étrangers (b) du secteur agricole (c) et environnementaux (d)

a) Dans le domaine des infrastructures

L'objectif du Japon est de garder un contact étroit avec la communauté internationale et le secteur privé afin de faciliter l'allocation des ressources stratégiques à chaque région. Le Japon a enregistré des progrès considérables dans le secteur des infrastructures, les objectifs chiffrés des dons et de l'assistance technique figurant dans le PAY ayant d'ores et déjà été atteints (117%) et les engagements de prêts en yens concernant des projets d'infrastructures se chiffrant à près de 1,5 milliard de dollars. Toutefois, une aide accrue est nécessaire au niveau de chaque sous-secteur, notamment celui de l'irrigation. Le Japon continuera à contribuer à ce secteur au-delà des cibles du PAY.

Le Japon va concentrer son appui financier et technique sur des couloirs de transport ciblés dans chaque région, en privilégiant avant tout les routes, mais sans toutefois oublier les ports, les ponts, le transport urbain et les chemins de fer. Eu égard à l'établissement de quatorze « postes uniques de frontière » (OSBP) en vue de faciliter la fluidité et l'efficacité des procédures de passage des frontières, le soutien à huit postes est désormais terminé, tandis que six autres sont actuellement programmés. Des séminaires destinés aux cadres de l'administration des recettes et de l'administration douanière de pays africains ont également été organisés en collaboration avec l'Organisation mondiale des douanes (OMD).

A titre d'illustration, un accord en vue de l'expansion du Port de Durban a été signé le 26 mars 2009 entre l'Etat sud africain et le gouvernement japonais. Le prêt de 35 milliards de yens a été cofinancé par trois banques commerciales japonaises, la JBIC apportant également une garantie pour la tranche de leur cofinancement. Ce prêt finance les activités qui seront entreprises par Transmet, une société de transport ferré de fret, de ports et d'oléoducs appartenant entièrement à l'État sud-africain, y compris l'élargissement du chenal d'accès et l'approfondissement du Port de Durban.162(*)

En ce qui concerne les infrastructures régionales d'électricité des études sont en cours pour soutenir plus celles ci en collaboration avec d'autres partenaires, en fonction des circonstances des échanges d'énergie électrique existant dans chaque région. Mais qu'à cela ne tienne, quelques exemples récents illustrant le soutien du Japon : dans le domaine des Lignes de transport international d'électricité à grande échelle pour un échange d'énergie électrique nous avons le Projet d'interconnexion des réseaux électriques des Pays des Lacs Équatoriaux du Nil où un prêt de 5,41 milliards de yens (soit 52,6 millions de dollars) a été octroyé à l'Ouganda en mars 2010 pour l'installation d'un réseau de transport d'électricité entre 5 pays du Bassin du Nil (Ouganda, Kenya, Rwanda, Burundi et RDC) projet cofinancé avec la BAD.

Dans le domaine d'Électrification locale, nous avons le Projet de rénovation urgente du système d'alimentation en électricité de Freetown où un don de 1,651 milliards de yens (soit 16,1 millions dollars) a été octroyé à la Sierra Leone en mai 2008 pour l'installation d'une centrale électrique de 10 MW dans la capitale qui souffre d'une grave pénurie d'électricité à la suite de troubles internes163(*).

b) La promotion du commerce et des investissements

Le total des échanges commerciaux entre le Japon et l'ensemble de l'Afrique a diminué de 46% en 2009 par rapport à 2008. Malgré la baisse du montant de l'investissement direct japonais de janvier à septembre 2009 par rapport à la même période en 2008, des entreprises japonaises ont néanmoins réussi à entreprendre des activités commerciales portant sur des projets de construction et d'installation, notamment en Égypte, en Algérie et en Afrique du Sud. Des progrès ont également été enregistrés dans le domaine des accords d'investissement bilatéraux : des négociations en bonne et due forme avec l'Angola ont débuté, et des préparatifs en vue d'accords avec plusieurs autres pays sont en cours. Il importe que les secteurs privé et public japonais et africains poursuivent de concert leurs efforts, tels que ceux exposés dans les paragraphes ci-après, afin d'obtenir des résultats tangibles en vue d'atteindre l'objectif de doubler l'investissement direct japonais en Afrique d'ici 2012164(*).

Voici quelques exemples de l'aide japonaise destinée à améliorer l'environnement des affaires en Afrique dans la promotion du commerce :

?JICA: Programme «Kaizen»

«Kaizen» se réfère à une philosophie et à des pratiques visant à rechercher l'amélioration permanente mises en place de manière intégrée dans nombre d'entreprises japonaises. Suite aux deux projets Kaizen menés en Égypte et en Tunisie, la JICA a lancé en 2009 un nouveau projet en Éthiopie, suite à une série de dialogues de haut niveau sur les politiques de développement industriel avec le gouvernement éthiopien sous la direction du Premier ministre, M. Meles Zenawi.

?JETRO: ACCÈS JAPON (Mécanisme permettant l'accès des produits africains sur le marché japonais)

Le JETRO aide les produits africains à avoir accès au marché japonais grâce à l'envoi d'experts, l'organisation de séminaires et expositions en différents endroits. Le Projet « Un village, un produit » mis en place dans les aéroports de Narita et du Kansaï est une autre composante de ce mécanisme. Actuellement, six projets sont en cours pour améliorer des produits africains à haut potentiel tels que cacao, thé, paniers etc., à la suite des quatre premiers produits lancés avec succès dans six pays en 2008.

?JBIC/CNUCED: recommandations en matière de politiques au Nigéria

Le Blue Book 2010 a été préparé conjointement par la JBIC et la CNUCED afin d'encourager l'investissement direct des entreprises japonaises au Nigéria. Il comprend, outre l'amélioration des procédures et une zone économique polyvalente pilote, un plan d'action efficace et réaliste en quinze mesures à court terme165(*).

c) Dans le secteur agricole

Bien que la mise en oeuvre des objectifs du PAY en termes de dons et de coopération technique progresse de manière satisfaisante (réalisés à 79%), il convient néanmoins d'encourager les projets d'irrigation dans le cadre de dons et de prêts en yens. Il y a lieu de privilégier davantage l'appui à l'accès au marché et l'amélioration de la compétitivité agricole, notamment par le biais du renforcement des capacités des leaders agricoles. Le Japon a par ailleurs mis 100 millions de dollars à la disposition de la Banque mondiale à travers deux fonds fiduciaires afin de soutenir les organisations de producteurs et l'initiative de la Coalition pour le développement du riz africain (CARD), y compris les travaux de recherche au sein du Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (GCRAI)166(*).

En ce qui concerne le domaine de la gestion durable des ressources en eau et occupation des sols, dans le cadre des efforts conjoints menés par les partenaires de la TICAD en vue d'accroître de 20% la superficie des terres irriguées au cours des cinq prochaines années, le Japon a l'intention de construire et d'améliorer les installations d'irrigation et de développer les capacités d'irrigation des pays africains sur 100 000 hectares. Des engagements pour des projets couvrant 30 000 hectares ont été pris d'ici à la fin de mars 2010. La JICA, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et d'autres institutions financières collaborent étroitement à la formulation des projets qui seront mis en oeuvre dès que possible.

Les prêts de l'AID du Groupe Banque mondiale en faveur de l'agriculture ont atteint 1,5 milliard de dollars durant l'exercice 2009, dépassant son objectif de 1 milliard de dollars par an. La SFI a élargi son soutien à l'agrobusiness, moyennant des engagements de 74 millions de dollars en 2009. La Banque mondiale a mis en place un nouveau fonds fiduciaire multi donateurs afin d'appuyer le processus du PPDAA, les accords signés représentant une contribution totale garantie de 32 millions de dollars. Elle gère également quatre nouveaux fonds fiduciaires multi donateurs totalisant 200 millions de dollars destinés à soutenir des approches régionales de la productivité agricole167(*).

d) Les questions climatiques et environnementales

Les efforts persistants du Japon en vue de renforcer l'assistance dans ce secteur ont déjà produit des exemples patents de coopération fructueuse. Nous pouvons citer entre autre ;

?l'Introduction d'énergies propres grâce au système de production d'électricité solaire

Un plan de dons de 610 millions de yens (soit 5,94 millions de dollars) a été adopté en faveur de Djibouti en décembre 2009 pour l'installation de panneaux solaires dans l'enceinte du Centre de recherche et d'étude de Djibouti, unique institut public de recherche du pays.

? Dans la Conservation des forêts, un plan de dons de 9,9 milliards de yens (soit 96,3 millions de dollars) au total a été approuvé pour 9 pays africains en février 2010 pour permettre une exploitation et une conservation durables des forêts par la mise en oeuvre d'une évaluation des ressources forestières et d'un plan de gestion forestière approprié.

? Le Projet de centrale géothermique d'Olkaria I - Unités 4 et 5

Un prêt en yens de 29,5 milliards de yens (soit 287 millions de dollars) a été octroyé au Kenya en mars 2010 pour l'installation de deux centrales géothermiques de 70 MW dans la centrale géothermique d'Olkaria I située dans la Province de la Vallée du Rift à environ 120 km de Nairobi. Ce projet fait partie d'un projet plus ambitieux en collaboration avec la Banque mondiale et l'Agence Française de Développement (AFD)

? Dans la Gestion des inondations axée sur les communautés dans le bassin du fleuve Nyando, un plan de dons de 483 millions de yens (soit 4,7millions de dollars) a été adopté en faveur du Kenya en mai 2009 pour la construction d'aqueducs siphons, d'un déversoir, d'un centre d'évacuation, etc. et pour la promotion de la sensibilisation à la prévention des dangers des inondations dans 24 villages168(*)

· L'Initiative Hatoyama

Annoncée lors de la 15e Session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP15) en décembre 2009 à Copenhague, cette initiative a étendu le cadre de l'appui du Japon aux pays en développement, dont les pays africains, et devrait renforcer davantage la contribution du Japon dans ce domaine. Le Japon fournira a cet effet une aide financière d'environ 1 750 milliard de yens (soit 15 milliards de dollars) comprenant des fonds publics et privés, Les fonds publics s'élèvent à 1 300 milliard de yens (soit 11 milliards de dollars) sur trois ans jusqu'en 2012. L'objectif étant d'aider les pays en développement à prendre des mesures d'atténuation et d'aider les populations vulnérables à s'adapter aux effets défavorables du changement climatique tout en contribuant au déblocage des négociations internationales dans ce domaine169(*).

Ces engagements forts pris par le gouvernement japonais lors de la TICAD IV augurent une réelle volonté du pays du soleil levant à établir un véritable partenariat rénové avec l'Afrique où ce dernier n'est plus en simple position d'assisté mais un véritable partenaire d'affaire. C'est là où se situe la grande innovation de l'édition de Yokohama comparativement à celle de Tokyo. Néanmoins la rupture qu'apporte la TICAD IV par rapport à la TICAD III ne saurait être appréhendée dans l'absolue, car l'ancienne doctrine reste tout de même présente dans l'élaboration et la mise en oeuvre du PAY.

* 162 Cf. Rapport d'activités annuel de la TICAD IV 2009, pp : 6-8

* 163 Idem, pp :8-9

* 164 Ibid p.10

* 165 ibid

* 166 Ibid, p.12

* 167 Ibid, p13

* 168 Ibid, p.23

* 169 Ibid,p.24

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein