2.3.3. Une sous-représentation
Electoralement parlant, l'Extrême-
Gauche francophone belge (les plus gros, que sont le
PC, le PTB et le CAP, du moins à considérer les
forces en présence en 2007) est 13.88 fois plus petite
en termes de voix que le Parti Socialiste.
On serait donc en droit d'attendre un invité
représentant l'Extrême-
Gauche pour, mettons, 14
invités représentant le PS. Et vu que nous avons
dénombré 115 invités PS sur la saison (RTBF et
RTL- TVI confondus), cela devrait donner normalement 8.29
invités d' Extrême-Gauche, disons 8. Si on se
limite au service public, en se disant que cela relève de sa
responsabilité que d'ouvrir le débat, le chiffre
d'invités PS tombe à 56 sur la saison. Et 56 divisé par
13.88, cela donne 4.03 invités d'Extrême- Gauche,
4 donc.
Or, sur l'ensemble de la saison, en 43 semaines de
débats, il y aura eu en tout et pour tout, les
-
deux chaines confondues, 5 invités
rattachés à l'Extrême Gauche. 5 au lieu de 8. Et sur la
RTBF, ce fut 2 au lieu de 4. Une sous-représentation,
donc.
2.3.3.1. Radio/Télé,
même combat ?
Voilà pour la télévision. Mais nous
avons aussi calculé ce qu'il en était à la radio, dans
la matinale de la RTBF
qu'est l'émission Matin
Première
. Du lundi au vendredi, Bertrand HENNE
y interviewe ceux qui font l'actualité,
majoritairement des hommes politiques.
Ici, les chiffres sont basés sur un recensement
allant du 2 janvier 2009 au 28 juin 2009 inclus
:
(soit 26 semaines d'émissions), et voici ce qu'il
en ressort
Tableau 3
On note qu'il n'y a pas de différence notable
ent
re le transistor et la petite lucarne, si ce
n'est qu'il n'y a que 14 partis représentés,
contre 17 dans les émissions dominicales. Et donc une
même conclusion : une exposition médiatique
écrasante dévolue aux quatre « grands ».
2.3.4. Une représentation oui, mais...
A la télévision comme à la radio, on
relève une certaine présence de l'Extrême-Gauche. Mais
cette présence est à tempérer fortement, et ce pour
plusieurs raisons.
Tout d'abord, il est à noter que l'exposition est des
plus concentrées. En effet, pour la RTBF comme pour RTL TVI, l'ensemble
des invités provient en réalité de deux émissions
diffusées toute deux le 17 mai 2009.
Sur le service public, l'émission en question
s'intitulait << Les petits partis dans la campagne », et les
invités furent, par ordre alphabétique : Jean-Marie BOURGEOIS
(CDF), Céline CAUDRON (PC-LCR-PSL-PH), Philippe DELSTANCHE
(Pro-Bruxsel), Francis BIESMANS (MS), Nadia MOSCUFO (PTB) et Nathalie
TRAMASURE-TOLLEBECK (RWF).
Quant à la chaine privée, il s'agissait de
<< Petits partis, quelles différences avec les Grands ? ». Et
en plateau, on retrouvait Pierre-Alexandre DE MAERE D'AERTRYCKE (CDF), Roberto
D'ORAZIO (CAP D'orazio), Pierre EYBEN (PC), Paul-Henry GENDEBIEN (RWF) et Raoul
HEDEBOUW (PTB), ainsi que des représentants des << grands »
partis : Michel DAERDEN, Christos DOULKERIDIS, Catherine FONCK et Pierre-Yves
JEHOLET.
Pour ce qui est de La Première, le 28 mai
2009, le Mouvement Socialiste, le Parti Communiste, le Parti du Travail de
Belgique, le parti Pro-Bruxsel et le Rassemblement WallonieFrance eurent
l'occasion de passer à l'antenne 51. Là aussi donc,
une seule et même émission.
Profitons-en pour soulever l'interrogation suivante : S'il n'y
avait pas eu d'élections cette année, les aurait-on
invités une seule fois, ces << petits » partis ?
Il n'y a pas eu d'élections en 2008, comme il n'y en aura
probablement pas en 2010... Faudra-t-il attendre 2011 pour revoir Céline
CAUDRON sur les plateaux de Reyers ?
51 Bertrand HENNE, le journaliste politique
intervieweur de Matin Première déplore ce dispositif, et
signifie son impuissance : << C'est une solution. C'était pas la
mienne. C'est un compromis. Si j'avais été seul à
décider, j'aurais fait un Matin première avec un jour
RWF, un jour PTB,... » Et il ajoute que << Un PTB et Rudy DEMOTTE
par exemple, pour moi c'est clairement un débat qui pourrait être
intéressant. En tout cas moi j'aimerais bien l'entendre ! Ca pourrait
s'imaginer. Un jour, peut être... » (Source : Entretien avec
Bertrand HENNE, Op. Cit.).
Autre élément relativisant la présence de
l'Extrême-Gauche : cette dernière s'est faite aux
côtés de nombre d'autres petites formations. Avec, en
conséquence, un temps de parole des plus limités.
Ainsi, chez Pascal VREBOS, il a fallu se partager en 11 (neuf
invités politiques et un scientifique, sans oublier l'animateur) les 53
minutes d'antenne, ce qui ne donnait même pas 5 minutes à
chacun.
Or, comme le dit Pierre BOURDIEU, << La limitation du
temps impose au discours des contraintes telles qu'il est peu probable que
quelque chose puisse se dire >> 52.
En outre, cet accès a été compensé
par une << double ration >> de partis traditionnels pendant
plusieurs semaines.
Sur RTL TVI, cela a commencé la semaine
précédent la venue des << petits >>, à savoir
le 10 mai 2009, et s'est poursuivi le 24 mai 2009, le 31 mai 2009 et le 21 juin
2009. Ces dimanchesmidi-là, au lieu d'un invité par <<
grand >> parti, ce furent donc deux invités par << grand
>> parti.
Ceci étant dit, il y a plus d'une émission
politique spéciale élections qui n'a pas permis aux <<
petits >> d'apparaitre.
Si on prend Duel à la Une par exemple, qui fut
diffusée sur la RTBF à partir du 11 mai 2009, et ce pendant 4
semaines (c'est-à-dire jusqu'à deux jours avant les
élections), on constate la distribution suivante :
52 BOURDIEU P., Sur la
télévision, Raisons d'agir, Paris, 1996, 33e
édition, page 13.
Tableau 4
9 8 7 6 5 4 3 2 1 0
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PS MR CDH Ecolo
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Et le constat est rigoureusement identique avec d'autres
émissions spéciales du service public, comme
Huis-Clos
ou bien Répondez @ leurs
questions.
Du côté de l'avenue Jacques Georgin, on
songera notamment à Face aux belges.
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