2.21. La dévaluation
monétaire
1. Définition
La
dévaluation, en économie, acte officiel de
réduction du taux de change qui permet la conversion d'une devise sur
les marchés monétaires internationaux.
Un gouvernement peut choisir la dévaluation
monétaire lorsqu'un déséquilibre chronique de sa balance
commerciale ou de sa balance des paiements existe, compromettant l'acceptation
internationale de la monnaie ayant cours légal. La diminution de la
valeur d'une monnaie par dévaluation peut se produire lorsqu'un pays a
maintenu un taux de change fixe par rapport aux principales devises
étrangères.
En revanche, quand un taux de change flexible est maintenu,
c'est-à-dire, lorsque la valeur de la devise n'est pas
prédéterminée, mais fluctue sous les effets des forces du
marché, la diminution de la valeur d'une monnaie est appelée
dépréciation.
2. Les causes
Dans un marché libre, la valeur d'une
devise nationale est déterminée par l'interaction des deux
facteurs suivants : l'offre et la demande. Si la demande de devises est
supérieure à l'offre, le pays bénéficie d'une
balance des paiements excédentaire. Si la demande de devises est
inférieure à l'offre, la balance des paiements est
déficitaire. La demande qui s'exprime par la monnaie d'un pays
dépend du volume de ses exportations, de ses investissements
intérieurs et de ses avoirs (ou réserves) détenus en
devise locale. L'offre ou la circulation de monnaie nationale sur les
marchés dépend en partie du volume des importations du pays
considéré, de ses investissements à l'étranger et
de ses avoirs détenus en monnaie étrangère. Enfin, l'offre
dépend de la politique monétaire nationale ; si un pays
émet trop de monnaie, provoquant une inflation intérieure, la
balance des paiements enregistre un déficit.
Dans un système de taux de change
fixe, un pays peut ajuster sa balance des paiements en échangeant sa
devise nationale contre des devises étrangères ou contre de l'or.
Si la balance des paiements demeure excédentaire, le gouvernement peut
décider d'acquérir davantage de devises étrangères
ou d'or pour revenir à l'équilibre. Inversement, en cas de
déficit, le gouvernement peut vendre une partie de ses réserves
en monnaie étrangère ou en or, de façon à faire
remonter la valeur de la devise nationale. Les réserves nationales en or
ou en autres devises étant limitées, le gouvernement peut choisir
de remédier à un déséquilibre en modifiant le cours
officiel de sa monnaie. Une telle dévaluation est habituellement
réalisée par loi ou par décret.
Dans un système de taux de change flexible, les
modifications du taux de change peuvent aider une nation à atteindre
l'équilibre de sa balance des paiements.
3. Les effets
La dévaluation monétaire affecte
principalement la balance commerciale d'un pays, qui représente la
différence entre la valeur de ses exportations et celle de ses
importations.
Une dévaluation diminue la valeur de la devise
nationale par rapport aux autres devises ; par conséquent, à
la suite d'une dévaluation, un pays devra changer une quantité
plus importante de sa propre devise pour obtenir la même quantité
de devises étrangères. Ce phénomène entraîne
une hausse du prix des importations et rend les produits nationaux plus
attractifs sur le marché intérieur. Dans la mesure où il
faut moins de devises étrangères pour obtenir un montant
identique exprimé en devise dévaluée, le coût des
exportations nationales baisse, ce qui rend celles-ci plus attractives pour les
consommateurs étrangers.
Une dévaluation doit diminuer le volume
d'importations arrivant dans le pays, et augmenter la demande extérieure
pour les exportations partant du pays : son efficacité
dépend de l'influence d'un changement de prix sur le consommateur et le
producteur (élasticités de l'offre et de la demande).
L'amélioration de la balance commerciale nationale devrait
entraîner un nouveau flux de monnaie étrangère dans le
pays, et finalement une amélioration de la balance globale des paiements
du pays considéré.
L'effet global d'une dévaluation
monétaire dépend des élasticités réelles de
l'offre et de la demande de produits de consommation. Plus la demande
d'importations et d'exportations de biens commerciaux est élastique,
plus grand est l'effet de la dévaluation sur le déficit
commercial du pays et, par conséquent, sur sa balance des
paiements ; moins la demande est élastique, plus l'amplitude de la
dévaluation visant à corriger le déséquilibre
constaté est importante.
La dévaluation est souvent
dénoncée comme étant une pratique monétaire
inflationniste, car elle augmente la valeur, exprimée en monnaie locale,
des importations et des exportations. La dévaluation est une politique
impopulaire, surtout dans les petits pays très dépendants de
leurs importations pour la satisfaction de besoins alimentaires ou
structurels.
4. Historique
En 1944, les plus grandes puissances
économiques participèrent à la conférence de
Bretton Woods, afin de définir un ordre
monétaire international qui apporterait des solutions à la
plupart des problèmes de change issus de la Seconde Guerre mondiale. La
création du Fonds monétaire international (FMI), fut
décidée à cette occasion, dans le dessein de promouvoir la
stabilité monétaire, de nature à favoriser l'expansion du
commerce mondial.
Les pays participants acceptèrent de lier au dollar
américain les valeurs des autres principales devises, le dollar
lui-même étant défini par rapport à l'or. L'accord
prévoyait également la fixation de plafonds, limites
inférieure et supérieure devant encadrer la variation des taux de
change sous l'effet des forces du marché.
Initialement, le FMI fixa cette limite lorsqu'un pays
décidait un ajustement de sa monnaie dépassant, il se devait de
modifier la valeur officielle de sa devise exprimée en dollars.
Initialement, les accords de Bretton Woods déterminèrent des
réévaluations monétaires ; par la suite, les
changements constatés consistèrent principalement en
dévaluation. Ce fut le cas pour la livre sterling, monnaie britannique,
dévaluée en 1949 et en 1967, ainsi que pour le franc,
dévalué à de nombreuses reprises jusqu'au milieu des
années 1980.
Dans les années qui suivirent les
accords de Bretton Woods, le dollar acquit le statut
de devise mondiale dominante. Il était utilisé, en remplacement
de l'or, pour régulariser les déséquilibres des balances
des paiements internationales. Le dollar américain devint en quelque
sorte une devise mondiale, jouant le rôle d'unité de mesure,
d'instrument d'échange et de référence monétaire.
Dans les autres nations, les réserves monétaires en devises
internationales étaient constituées d'une large proportion de
dollars.
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