Tresorerie des banques commerciales et dynamique inflationniste en RDC, de 2005-2010( Télécharger le fichier original )par Ephrem ALAKINI MUHIGIRWA Institut superieur de commerce, isc- Goma - 2010 |
SECTION 2. APPROCHE THEORIQUE DE LA MONNAIEL'Affirmation formulée par John STUART MILL au milieu du XXe, selon la quelle il n'est dans l'économie d'une société quelque chose de plus insignifiante en elle-même que la monnaie pourrait décourager l'économiste prêt à se consacrer sur les questions monétaires. Adam Smith (1723-1790) affirme que la monnaie qui circule peu forte peut être comparée à une grande route qui tout en aidant à la circulation et au transport de tous les fourrages, de toutes les graines et tous les autres biens du pays ne produit cependant pas une muette. Une telle affirmation n'est toutefois guère plus encourageante pour la personne prête à s'ouvrir aux questions monétaires. Peut-on actuellement, étudier la monnaie sans craindre de perdre son temps ou pire, de perdre sa tête ? La place que la monnaie occupe désormais dans l'économie porte à croire que oui. La possession de la monnaie en tant que telle calme notre inquiétude et la prime que nous exigeons pour nous séparer de la monnaie est la mesure de notre degré d'inquiétude déclarait Keynes. La monnaie est sans doute l'objet d'une étude passionnante.23(*) Pour JEVINS, un système d'échange dépourvu de monnaie se trouverait rapidement limité par des frictions spécifiques au troc. La monnaie éliminerait ces frictions en réglant trois contraintes majeures : la double coïncidence des besoins, l'absence de mesure homogène de la valeur et l'absence d'un moyen de subdivision. Quant à Sommers et MAUGHAM, la monnaie est comme un sixième sens, indispensable à l'usage compte de cinq autres. Source de liberté pour les uns, à l'origine de tous les maux pour les autres, elle fascine autant qu'elle inquiète et attire autant qu'elle répugne. Il soutient qu'il n'est d'économie que monétaire contrairement à une position trop longtemps rependue selon la quelle elle serait détachable du reste de la théorie étudiée à part et dans un second temps, comme si au fond, elle n'était qu'une « voile » qu'il suffirait de soulever pour percevoir la réalité des phénomènes.24(*) 2.1. Origine de la monnaieParler de l'origine de la monnaie revient à parler du besoin de monnaie que les hommes ont pu ressenti autours des temps. C'est besoin de la monnaie qui fut à l'origine de l'invention de la monnaie trouve son point de départ, dans ce que MICHEL CHAUVALIER appelle « un des attributs principaux de l'espèce humaine, un des mobiles les plus féconds, les plus énergiques et les plus divers par leurs effets, dont une de ses plus grandes forces, à savoir la sociabilité ». Il ajoute que c'est cette sociabilité qui se manifeste en permanence à travers l'échange. En réalité, dit-il, la monnaie est venue au monde à la suite de l'échange et à cause de l'échange. Carl MENGER, le père fondateur de l'école Autrichienne en sciences économiques, a longtemps insisté sur le fait que l'apparition de la monnaie est le produit des hommes et non l'invention d'un seul, ce qui la rend d'ailleurs difficile à dater. La monnaie ne fut pas plus instituée par une loi puisqu'en réalité ; elle est apparue comme les résultats spontanés (...) d'efforts individuels et particuliers des différents membres de la société qui stipule que : « Ludwig VAN MISES, ajoute que les thèses des économistes qui ont tenté d'expliquer l'origine de la monnaie par voie de décret, ou de convention supposent que les hommes de l'Etat sont capables de dresser le plan social d'un ordre économique entièrement différent des conditions réelles de leur temps et de comprendre l'importance d'un tel plan. Or ces thèses lui apparaissent aussi fausses que celle de Menger est correcte ». L'apparition de la monnaie sur le marché est le résultat d'un processus de sélection par les individus qui se livrent à l'échange et ce, sans qu'aucune intervention de l'Etat ne soit nécessaire. Le besoin de monnaie, dit-il, est apparu de l'impossibilité constatée des hommes à effectuer tous les échanges directs désirés. En effet, l'échange direct plus communément appelé « troc » a permis dans un premier temps aux hommes de dégager des gains substantiels par rapport à une situation d'autarcie et il a permis un début de division du travail qui a entraîné un accroissement de la production. Le troc limite de façon conséquente les avantages de l'échange puis qu'il nécessite la coïncidence des besoins des individus qui désirent échanger, et que si l'échange est limité, l'accumulation de capital nécessaire à la croissance est rendue presque impossible, le tout imposant un grave problème d'estimation des besoins et de choix dans des investissements ou des actions sans dénominateur commun. Ainsi, nous dit A. SMITH, c'est pour éviter les inconvénients de cette situation : « La monnaie est donc un instrument d'échange et plus particulièrement d'échange indirect ». * 23 N. PALUKU VAGHENI, Économie monétaire générale, Cours inédit, ISC/Goma, 2008-2009. * 24 C. OPAVI, Monnaie et financement de l'économie, éd. Hachette, Paris, 2007, p.3. |
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