La croissance de la population et le problème alimentaire en Afrique( Télécharger le fichier original )par Traore METAHAN - DESS Démographie 2010 |
3.2 Action du facteur démographique sur l'accroissement de la demande de produits alimentaires.La bombe démographique des pays africains évoque la forte croissance de la population à des rythmes incontrôlés du fait des taux élevés de fécondité. Cette explosion démographique ne passe pas inaperçue dans le problème du développement du continent comme le remarque B.URLANISH « Le taux élevé de fécondité de nombreux pays est un obstacle sérieux à leur développement économique. Dans certains pays le rythme de croissance retarde même sur le rythme d'accroissement de la population. Leur économie évoque une voiture embourbée, les roues tournent mais la voiture fait du surplace et même parfois marche arrière11(*) ». L'antagonisme percutant qui existe entre le rythme de production et celui de la reproduction crée des disfonctionnements du développement des pays africains, surtout en Afrique noire. Les rythmes de croissance démographiques sont de loin plus élevés que ceux de la croissance économique, mettant aussi en péril le développement. Le rythme de croissance démographique qui se fait sans répit pèse drastiquement aussi bien sur la demande d'aliments que sur la production des denrées alimentaires. L'offre devient inférieure à la demande se traduisant par l'aggravation des problèmes écologiques, qui ont une incidence négative sur la productivité de l'agriculture traditionnelle. La population est un facteur déterminant l'augmentation de la demande en denrées alimentaires. Les taux de croissance de la production doivent être maintenus à condition qu'il le soit à 2.6%, sinon le nombre d'affamés et des sous alimentés vont doubler dans moins de 25 ans ; or ce qui est loin de la réalité. Pour améliorer le niveau des rations alimentaires, elle nécessite une primauté considérable des rythmes d'augmentation alimentaire sur les taux d'accroissement naturel de la production des aliments dans les populations africaines s'est accrue et ait exercé une action bénéfique sur les problèmes alimentaires, ces pays sont retombés dans la crise alimentaire au début des années 1980. Cela montre que la production agricole n'est pas fondée sur une base solide de production moderne. En évaluant la situation alimentaire dans les pays africains avec un niveau départ de la production agricole et surtout vivrière des états africains lorsqu'ils ont acquis leur indépendance, il ressort que la base initiale de production agricole héritée du colonialisme était très faible et le niveau de consommation des masses populaire extrêmement bas, exposait les populations à la famine. C'est pour quoi, les taux de croissance agricole surtout vivrier doivent être plus élevés afin de redresser une situation alimentaire grave. L'explosion démographique a creusé l'écart entre les besoins alimentaires et leur production. L'écart entre l'accroissement de la production et de la population s'est accentué depuis les années 70 et continue de se creuser d'année en année. Il est nécessaire de relever un autre élément de l'état actuel du problème « population-alimentation ». Pour assurer un accroissement continu et régulier de la production alimentaire par habitant , le taux d'accroissement de la production agricole doit être non seulement suffisamment élevé, mais doit être suffisamment stable. Mais ces conditions ne sont pas encore réunies dans les pays d'Afrique subsaharienne. L'instabilité de la production alimentaire et de l'approvisionnement que l'on observe d'année en année sur un fond d'accroissement continu et considérable de la population est particulièrement sensible pour les pays généralement dépourvus de stock nationaux de cereales. Les -à- coups brutaux dans l'approvisionnement et les fortes variations des prix compliquent sérieusement le problème de la faim et de la sous alimentation. Les causes d'instabilité sont généralement des conditions climatiques défavorables, comme les ecarts considérables par rapport aux normes, les parasites et les maladies des cultures et des animaux domestiques. Quand on analyse le niveau de production alimentaire de ces pays aux indépendances n'est guère reluisant. La base initiale agricole héritée de la colonisation était entièrement faible et aussi le niveau de consommation des masses populaires bas, à la limite de la faim, n'ont permis le développement de la production alimentaire. Tableau 3.2.1: Dynamique de la croissance de la population et de la production alimentaire de 1934 en 2008
Calculé d'après UN: the determinants and consequences of population trends New York, 1973....2008 Vol. 1 P 403. Avant et au début le faible rythme de croissance de la population se sont vus accroître vertigineusement quelques années après jusqu'à maintenant à tel point que le fossé s'agrandit à des rythmes effrénés entre les deux phénomènes. L'évolution actuelle des rythmes de croissance de la population doit être suivie d'un rythme de croissance alimentaire élevé afin de contrecarrer l'action négative de la croissance de la population. Pour des pays qui ne disposent pas de stock de céréales ni d'agriculture moderne subissent fortement les forces antagonistes de croissance de la population d'autant plus que l'instabilité de la production alimentaire de l'approvisionnement sont continues. Les causes d'instabilité très présentes dans l'environnement des pays sont généralement les conditions climatiques défavorables (sécheresse, inondation, variation climatiques, maladies, criquets, feu de brousse etc.). Les problèmes d'approvisionnement lies à l'importation, l'augmentation des prix accroissent la probabilité pour que la masse populaire pauvre souffre de sous alimentation et de malnutrition. Quel est l'accroissement de la population agricole qui est nécessaire aux pays en développement pour les rapprocher de l'autosuffisance alimentaire en maintenant les effectifs actuels de leur population ? Tableau 3.2.2 : Taux annuels d'accroissement de la population et de la production alimentaire (%) entre 1962-1972 et 1997-2008
Source : FAO, UN document E/CONF, 65/3, traités à partit des données de 1962, 1972, 1997 et 2008 Les besoins en denrées alimentaires et en production peuvent être exprimés par les indicateurs de besoins en céréales et en production céréalières. Selon les experts de la FAO et de l'OMS ont établie que les normes extrêmement basses de consommation sont de 230kg/an/personne. Il ressort que dans les pays en voie de développement un habitant consomme 200kg par an contre 700 kg dans les pays développés. Pour satisfaire les besoins alimentaires dans les pays il faudrait multiplier la production alimentaire annuelle par plus de 4, or ce qui est pratiquement utopique vue les le faible niveau des capacités de production. La relation population et consommation alimentaire est déterminée par la demande potentielle, puisque F. Engels affirme que « Les limites de productions (d'aliments) sont déterminées par le nombre des bourses capables d'acheter et de payer et non par le nombre de ventres affamés ». La demande réelle de produits alimentaires dépend de l'effectif de la population et de son niveau de vie. Tableau 3.2.3 : Besoins en céréales des pays en développement et le degré de satisfaction de ces besoins en fonction des différents niveaux de consommation de l'Afrique
Source: Calculé à partir des données de la FAO, production year book, 2008 vol.33 Ces statistiques montrent que le nombre de personnes qui souffrent de malnutrition et de sous alimentation sont non seulement nombreux mais continuent de s'accroître vertigineusement surtout en Afrique noire. Tableau 3.2.4 : Personnes sous alimentées, disponibilité alimentaire et la croissance alimentaire
Tableau 3.2.5 : Malnutrition chronique en Afrique subsaharienne et dans les pays en développement, tous âges confondus (FAO, 2007)
Effectivement, l'accroissement de la population crée des besoins alimentaires supplémentaires, ce qui accroît la demande effective d'aliments. Également la l'élévation des revenus par habitant augmente les dépenses par habitant augmente les dépenses pour l'alimentation. Le niveau de revenu influence significativement la demande de produits alimentaires. Quand le revenu est bas, sa majeure partie est dépensée pour la nourriture et d'autant plus que les sommes d'argent engagées sont faibles, la qualité et la quantité sont insuffisantes. Mais a mesure que le revenu augmente, la part consacrée à la consommation alimentaire s'abaisse, tandis que la quantité et la qualité deviennent suffisantes. Plus une famille est pauvre plus la part de ses revenus quelles consacre à la nourriture est grande et réciproquement. L'élasticité de la demande d'aliments selon le revenu c'est-à-dire les variations de consommation alimentaire selon le revenu est la mesure de l'augmentation proportionnelle de cette demande par pourcentage d'accroissement des revenus ; elle est généralement élevé dans les pays où les revenus par habitant sont bas et faibles quand ils sont élevés. Dans la plupart des pays en voie de développement, l'élasticité de la demande selon le revenu est telle que pour une augmentation selon le revenu de 1%, de 0.6 a 0.8% sont dépensés pour l'alimentation (contre 0.1% a 0.2% seulement dans les pays développés). En conséquence, dans les pays en voie de développement, les revenus maintiennent les populations dans les situations alimentaires précaires. Par conséquent, la dynamique de la demande solvable courante en aliments des pays en développement est directement proportionnelle au taux d'accroissement naturel de la population, mais n'est pas tributaire de ce seul facteur. L'augmentation de la demande est influencée par une certaine élévation du niveau de vie et l'augmentation des revenus dus de la population due à l'accroissement du produit intérieur brut que l'on observe depuis l'indépendance12(*). Le mécanisme d'augmentation de la demande courante de produits alimentaires (D) peut être exprimé par la formule : D= P'+y'a', Où P' est le taux d'accroissement naturel de la population ; y' - le taux de croissance du revenu par habitant ; a'- le coefficient d'élasticité de la demande de produits alimentaires en fonction du revenu. L'action combinée du taux d'accroissement de la population et du taux de croissance du revenu réel par habitant, compte tenu du coefficient d'élasticité en fonction du revenu, entraîne une augmentation de la demande courante de produits alimentaires de la les pays en voie de développement de 3.5 à 4%. Au brésil, par exemple, le taux de croissance de la demande d'aliment est de 4.6%. Cela considérable si l'on tient compte de ce que de rares pays seulement dans le monde sont capables de maintenir une croissance de la production alimentaire de plus de 3% par an. En l'absence de ressources alimentaires nécessaires la demande accrue entraîne, en économie de marché, une hausse des prix des produits alimentaires. Tableau 3.2.6 : Dynamique de la population, de la production alimentaire et la ration journalière moyenne des pays en développement
Un écart aussi durable et marqué entre la production alimentaire et la demande réelle fait ressortir la gravité de la situation dans les pays en développement, surtout si l'on tient compte de ce que la demande solvable de la population de la plupart de ces ays ne suffit pas à couvrir les besoins énergétiques (calorifiques). Cependant, par suite du bas niveau de la production alimentaire locale, d'une part, et des rythmes prioritaires de croissance des revenus moyens par habitant, d'autre part, même cette demande solvable restreinte dépasse l'offre. Cela entraîne une hausse des prix et, comme conséquence inévitable, une baisse du pouvoir d'achat des couches les plus pauvres de la population. Comme on observe une accentuation de l'écart entre le taux d'accroissement des revenus des couches les plus aisées et les plus déshéritées, il se produit une concentration plus forte encore de la masse des moyens d'achat entre les mains du premier groupe, ce qui entraîne une redistribution à son avantage de maigre ressources alimentaires du marchés au détriment du deuxième groupe, c'est-à-dire une augmentation du nombre des sous alimentés. Action des facteurs d'accroissement de la population et du revenu par habitant sur l'accroissement de la demande d'aliments dans le pays en voie de développement Selon des calculs d'experts de la FAO effectués à la fin des années 60, plus de 60% de l'augmentation de la demande de produits alimentaires dans les pays africains de 1962 à 1985 seront dus à un accroissement de la population de la population et 36% seulement à l'augmentation des revenus par habitant dont le taux de croissance reste bas dans la plupart de ces pays (voir tableau 3.2.7). Il faut s'attendre à ce que dans les prochaines l'augmentation de la demande d'aliments porte principalement sur les céréales (riz, blé). L'expérience de nombreux pays tels que le Japon, la France, les USA, les pays développés montre toutefois que , que lorsque les revenus atteignent un certain niveau la consommation de produits d'origine animale commence à croitre rapidement. cela entrainera une énorme pression sur les capacités productives des terres si, dans la deuxième moitié du siècle prochain , ,les 11 à 12 milliards d'habitants que comptera le monde la même proportion de nourriture animale que la population des pays développés. La croissance de la demande réelle d'aliments dans les pays en voie de développement en général et des pays africains en particulier est lié pour la plupart du temps aux mutations qualitatives qui se produisent dans la composition de la de la population de ces pays sous l'impact de la restauration de leur économie : urbanisation industrialisation, infrastructures, extension des sphères de l'échange et des services, etc. Ces mutations sont exprimées dans le tableau 3.2.8 qui montre l'accroissement absolu des effectifs qui ne sont pas liés à l'agriculture et la croissance rapide de leur proportion dans l'ensemble dans l'ensemble de la population dans les pays africains. Tableau 3.2.7 : Accroissement global de la demande et l'augmentation due à l'accroissement
Source: FAO, provisional indicative world plan for agricultural Il est à remarquer que les citadins ne sont les seuls à soutenir la demande de grain de marchand. Dans le cours de l'approfondissement de la division du travail la demande de céréales augmente aussi de la part des exploitations agricoles produisant des cultures industrielles destinées à l'exportation et à l'industrie nationale. La stratification sociale dans les campagnes détruit l'économie naturelle, augmente le nombre d'ouvriers agricoles et de paysans possédant peu de terre qui eux aussi présentent une demande croissante peu de terre qui eux aussi présentent une demande croissante de produits alimentaires marchands. Pour satisfaire la demande toujours plus élevée d'aliments de cette partie de la population écartée de l'économie naturelle par le cours de développement économique, le secteur agro alimentaire des pays africains en voie de développement doit non seulement accroitre le volume de la production alimentaire mais augmenter la qualité des produits marchands. Selon l'estimation de V. Rastianinikov, le niveau de production du grain marchand n'était au début des années 70 que le que de la production agricole brute des pays d'Asie méridionale. Rappelons que l'augmentation de l'importation de grain est très défavorable au développement de l'économie des Etats africains. Un taux élevé stable de croissance démographique est un facteur durable qui réduit l'effet d'un accroissement global de la production alimentaire par habitant. C'est précisément le développement plus lent que l'accroissement de la population de l'agriculture en général et du secteur agro alimentaire en particulier qui a été dans tous les pays en développement la cause dominante de la tendance qui se manifeste constamment ces 30 à 40 dernières années à l'accentuation de l'écart du PIB par habitant entre les pays en développement et les pays développés. Pour atteindre un rapport optimal entre le taux d'accroissement de la population et la production alimentaire, il est nécessaire de combler le retard extrême de l'agriculture qui est encore dans un état de dépression profonde et chronique. Il est certain que le progrès de l'agriculture est une des taches urgentes, vitales pour le développement socio économique des pays colonisés. Une politique démographique orientée vers un taux optimal d'accroissement de la population est une mesure d'appoint pour atteindre un équilibre nécessaire entre les besoins alimentaires et la possibilité de les satisfaire.
Tableau 3.2.8 : Effectif de population agricole et non agricole et proportion de la population non agricole dans l'ensemble de la population
Source: calculé d'après UN concise report on the world population situation in 1970- 1975 and its long - range Implication, New York, 1974, FAO 2008 Effectif de la population urbaine et rurale et proportion de la population urbaine dans l'ensemble de la population. Le taux annuel de croissance de la population occupée par les branches non agricoles devance considérablement le taux de d'accroissement de l'ensemble de la population qui est de 4.5% dans les pays d'Afrique subsaharienne. .... * 11 B. Urlanish, cité par L. Kniajinskaïa : croissance de la population et les problèmes alimentaires dans le tiers monde, edition du progrès, 1983 * 12 Selon les estimations, le coefficient d'élasticité de la demande de produits agroalimentaires selon le revenu varie de 0.6 en Amérique du Nord à 0.9 en Asie méridionale et en Afrique subsaharienne
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