2- Une action complémentaire :
La Diaspora africaine peut aussi être impliquée
par les bailleurs de fonds dans l'élaboration des programmes d'Aide au
développement en faveur de l'AFRIQUE. Le cadre idéal serait des
programmes de développement fondés sur les concepts d'une
négociation équitable et démocratique. Etant donnée
la vision actuelle des dirigeants du monde qui est celle de la mise en place
d'un partenariat mondial pour le développement. Afin de mieux cerner les
contours du concept de développement.
Notons que la notion de `'sous-développement» sur
laquelle s'appuie celle de `'développement» implique que ce dernier
représente un état final déjà atteint par les pays
les plus avancés et que pourront atteindre ceux qui suivront le
même exemple. Ensuite, cette dichotomie implique que le
`'sous-développement» est présenté comme un
état naturel, sans cause extérieure, tandis que le
`'développement» prend la forme d'une action d'agents
extérieurs et initiée sur des pays moins avancés. C'est
ainsi que l'on peut `'développer `'mais non »
sous-développer». Comme le souligne GILBERT
RIST19 : « l'apparition du
sous-développement évoque non seulement l'idée d'un
changement possible en direction d'un état final, mais surtout la
possibilité de provoquer ce changement. Le
`'sous-développé» et le `'développé» sont
de la même famille ; même si le premier est un peu en retard sur le
second, il peut espérer combler l'écart, à l'image du
`'sous-chef» qui peut toujours rêver devenir `'chef» à
son tour, à condition de jouer le même jeu et de ne pas avoir une
vision trop différente de celle de la chefferie. L'état de
`'développement» n'est donc pas l'inverse du `'sous
-développement», mais seulement sa forme encore inachevée
ou, pour rester dans la métaphore biologique, `'embryonnaire» ;
dans ces conditions, une accélération de la croissance
apparaît comme la seule manière logique de combler l'écart
».
Une action concertée et une vision commune de la
Diaspora africaine et des bailleurs de fonds est donc à prescrire pour
une plus rapide atteinte, entre autres objectifs, des Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Tableau 6 : Comparaison des montants en
milliards de FCFA de l'APD, des IDE et des fonds diasporiques en zone CEMAC
(Source, balance des paiements résumée de la zone BEAC)
Anné
|
199
|
19
|
20
|
200
|
200
|
200
|
20
|
200
|
200
|
200
|
200
|
200
|
2010(pré
|
es
|
8
|
99
|
00
|
1
|
2
|
3
|
04
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
vision)
|
Trans ferts
de la
diasp
|
68 , 8
|
66, 6
|
93, 3
|
135 ,5
|
145 ,4
|
163 ,7
|
20
0,0
|
225 ,6
|
247 ,0
|
250 ,5
|
259 ,4
|
250
|
377,8
|
19 Professeur à l'Institut Universitaire d'Etude du
Développement de GENEVE en SUISSE.
ora
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
IDE
|
270
|
29
|
25
|
118
|
142
|
139
|
71
|
929
|
970
|
161
|
110
|
218
|
2818,3
|
|
,3
|
1,1
|
9,6
|
3,8
|
1,5
|
0,4
|
9,2
|
,3
|
,6
|
1,7
|
6,3
|
4,4
|
|
APD
|
117
|
80
|
32
|
669
|
508
|
586
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
870
|
-1464,0
|
|
5,6
|
2,1
|
8,7
|
,3
|
,4
|
,9
|
67,
|
102
|
130
|
802
|
208
|
,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
8
|
2,2
|
5,9
|
,8
|
9,2
|
|
|
Graphique 5 : Obtenu à partir des
données du tableau 6
-1000
-2000
-3000
4000
3000
2000
1000
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010(prevision)
Transferts de la diaspora
IDE
APD
Ainsi lorsque que l'on compare de 1998 à 2010 les
montants en milliards de francs CFA de l'APD, de l'IDE, et des transferts de la
diaspora (tableau 6), pour ce qui est des pays membre de la zone BEAC, on
arrive à la constatation suivante :
-Les IDE ont une évolution relativement croissante de 1998
à 2010.
-L'APD connait une variation baissière de 1998 à
2003, avant de devenir négatif pendant l'exercice 2004. Un léger
signe de reprise est ressenti en 2009.
-Les fonds diasporiques voient leur montant s'accroitre au fil
des années de 1998 à 2010 avec un montant moyen de 191,046
milliards de FCFA sur la période d'étude
considérée.
Le graphique 5 montre donc que les fonds transférés
par la diaspora africaine peuvent combler les lacunes de l'APD dans la zone
BEAC par exemple.
Section3 : Faciliter les liens entre les programmes
d'aide au développement et les programmes de développement promus
par la diaspora africaine
Nous explorons dans cette section les pistes pouvant
créer et accroitre une synergie d'actions entre les programmes d'Aide au
développement en AFRIQUE et la Diaspora africaine.
1)- L'influence des états
:
Du fait de la diversité des configurations des Etats
à travers le continent Africain, les politiques économiques
doivent être spécifiques. Avant de transformer en profondeur les
structures de l'économie, il apparait prioritaire de restaurer la
confiance, de reconstituer un contexte institutionnel favorable et mettre en
place un Etat de droit conduisant à des pouvoirs (régimes
politiques) légitimes et permettant la reprise de l'investissement.
Les gouvernements africains doivent aussi encourager et
favoriser les regroupements20 sous-régionaux et
régionaux afin de tirer grand profit des Accords de Partenariat
Economique (APE) d'une part, et d'autre part s'échanger
d'expériences en matière de développement local
financé par la Diaspora via les associations communautaires ou les
collectivités territoriales décentralisées . Ces Etats
doivent en plus de la coopération sousrégionale et
régionale encadrer et établir des liens étroits avec leurs
Diaspora.
2)- L'impact de la communauté
internationale :
La société civile, les Organisations Non
Gouvernementales, les militants des droits de l'Homme devraient favoriser la
prise en compte du point de vue de l'élite africaine constituée
en partie par sa Diaspora, lors des discussions internationales
consacrées au développement de l'AFRIQUE. Car les projets de
développement du passé ont été un échec
parce qu'ils étaient fondés sur deux malentendus. D'abord ils
partaient de concepts et de valeurs qui n'avaient aucun sens dans un contexte
qui ne les avaient pas générés. On ne peut
développer ni les pays, ni les individus. Ils ne peuvent que se
développer d'eux-mêmes en exerçant leur droit collectif et
individuel à l'autodétermination. Les rapports de force actuels
ne le permettent pas. C'est le deuxième malentendu. La Diaspora
africaine se pose comme étant une élite africaine, une lueur
d'espoir pour de nombreuses familles africaines qui chaque jour croupissent
dans la misère.
Ajoutons que, pour que la mondialisation devienne synonyme de
développement, il ne faut pas qu'elle vise à réaliser un
monde unifié et uniforme, mais un monde où le pouvoir de
décision et les ressources seront équitablement répartis.
La volonté politique pour y arriver n'existe pas chez les
détenteurs actuels du pouvoir. La conférence de
MONTERREY21 l'a confirmé. Le développement risque ne
jamais être une conséquence logique du progrès de
l'humanité. Il semble être un projet hautement politique. La lutte
contre la pauvreté n'est plus une compétence exclusive des
gouvernements nationaux, mais peut devenir une
20 La convention de COTONOU (2000), faisant suite aux accords de
LOME, prévoient des APE soit avec des pays soit avec des ensembles
régionaux.
21 Conférence des nations unies (Mars 2002) sur le
financement du développement.
mission des organisations internationales. Tous les aspects
des politiques internes des pays pauvres passent ainsi sous le contrôle
des organisations de BRETTON WOODS. D'où la nécessité de
l'entrée réelle en jeu de la Diaspora africaine pour la recherche
d'un projet alternatif22 de développement et de gouvernance
mondiale qui prenne en compte les intérêts de l'AFRIQUE.
RECOMMANDATIONS :
Les recommandations vers lesquelles converge notre étude
sont, entre autres :
- Améliorer l'utilisation des fonds
transférés pour le développement des secteurs sociaux
- Accroitre le montant de l'Aide Publique au
Développement.
- Défiscaliser les flux financiers de la diaspora
africaine en direction de l'Afrique.
- Taxer les transactions financières internationales, en
faveur de l'Afrique. - Lever la contrainte financière
extérieure.
- Améliorer la gouvernance locale en Afrique afin de
limiter l'exode des cerveaux
- Développer des programmes « Migrations-Retour
» en vue de faciliter le retour des
cerveaux, le transfert des connaissances, le renforcement des
capacités africaines. - Diversifier les systèmes financiers
locaux.
- .Améliorer la qualité de services des
prestataires de transferts d'argent,
- Orienter les programmes d'Aide au développement vers
les objectifs prioritaires de développement humain.
- Mettre sur pied des mécanismes redistributifs permettant
des tensions sociales régulées.
- Assurer un développement durable de l'Afrique.
- Etablir un partenariat d'égal à égal entre
l'Afrique et le reste du monde.
- Redoubler les efforts à divers niveaux pour l'atteinte
des OMD.
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