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Analyse de la prise en charge globale des orphelins et enfants rendus vulnerables par le vih/sida à  l'association des jeunes pour la promotion des orphelins (AJPO) de Ouagadougou

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par Benjamin DJOUDALBAYE
Université de Ouagadougou - Master Professionnel en Population et Santé 2007
  

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III.2 L'impact spécifique du VIH/SIDA sur les orphelins et les enfants vulnérables

Les enfants vivant dans des contextes à ressources limitées sont particulièrement vulnérables à toute une série de périls, et ce, avant même le décès dû au sida d'un de leurs parents ou d'un tuteur. Les besoins fondamentaux tels que l'éducation, le logement et les soins de santé sont menacés, alors que les enfants doivent faire face à un risque plus accru de sévices, d'exploitation et d'isolement social (Rotheram-Borus et al, 2005, ;Lamptey et al, 2006 ; Case et al, 2004).

Les orphelins du sida courent un risque d'exploitation. En raison des faiblesses des lois ou de leur mauvaise application, les orphelins sont parfois spoliés de leur héritage. Les exigences économiques les contraignent, en particulier les fillettes, à sombrer dans le commerce du sexe ou à accepter des liaisons avec des hommes plus âgés pour s'assurer un toit, de la nourriture ou de l'argent (Atwine et al, 2005 ; Case et al, 2004).

III.2.1 Dans la sphère sociale et économique

Les coûts humains et sociaux de l'épidémie du sida sont énormes. Pour les enfants dans les communautés gravement touchées, la nature même de l'enfance est en train de changer du tout au tout. Les enfants n'ont guère de chances d'aller à l'école, de recevoir des soins de santé, de pouvoir grandir et de se développer normalement avec la nutrition et l'abri dont ils ont besoin (Smart Rose, 2003).

Ainsi, en Côte d'Ivoire, le revenu des ménages affectés par le sida représente à peine la moitié de celui des ménages non affectés (Souteyrand et Comiti, 2004). Cette diminution de ressources financières installe certaines familles dans une situation de pauvreté, voire d'extrême pauvreté. Au Burkina Faso, les dépenses de santé des ménages affectés sont légèrement plus élevées par rapport aux ménages non affectés (CNLS, 2001).

Étant donné que le soutien économique de la famille est menacé et que les économies servent à payer les factures médicales, la capacité de la famille à satisfaire les besoins de base des enfants diminue. De plus en plus d'enfants sont obligés d'assumer l'immense responsabilité qui consiste à faire vivre leur famille (ONUSIDA et UNICEF, 2004).

Pour les familles, les conséquences se mesurent en termes de baisse de revenus mais également d'augmentation des charges financières pour soigner les malades et assumer le coût des funérailles. Les coûts de soins grèvent considérablement les budgets familiaux. Une des conséquences sur les budgets familiaux est une augmentation de certains postes de dépenses : alimentaires, vestimentaires ou scolaires, amenant à une déscolarisation précoce (Gehler, 2000 ; Yaro et Dougnon, 2003, Lamptey et al, 2006).

Depuis le début de l'épidémie, des millions d'enfants ont été accueillis dans leur famille élargie. Cela a peut-être contribué à rendre la crise moins visible, donc à la négliger. Dans la plupart des cultures africaines, en effet, l'enfant appartient à la communauté davantage qu'à ses parents et il existe une tradition de circulation des enfants à travers divers réseaux de parenté. On parle de « confiage » des enfants (Pilon et Vignikin, 1996, Pilon et al, 1997). Mais ce système, qui a longtemps permis aux orphelins d'être pris en charge, semble être en train d'atteindre ses limites. Si la famille élargie continue d'être le premier lieu d'accueil des orphelins de parents séropositifs, la pandémie bouleverse les modalités de cet accueil (Darmon, 2006).

La prise en charge des enfants orphelins par la famille reste une pratique courante comme ont pu le constater Barnett et Blaikie (1992), et ce rôle incombe le plus souvent aux grands-parents, oncles et tantes. Une étude menée au Burkina Faso a permis de voir auprès de 1 200 ménages que 373 ménages avaient en charge d'autres enfants que leurs propres enfants (Yaro et Dougnon, 2003). Une étude estime ainsi que huit orphelins sur dix, au Burkina Faso, ont abandonné l'école, trop surchargés et trop peu nourris pour pouvoir continuer à la fréquenter dans des conditions supportables (Yaro et Dougnon, 2003).

Il arrive fréquemment que les enfants soient obligés de quitter l'école pour s'occuper d'un de leurs parents ou d'un membre de leur famille en train de mourir. Le sida grève les budgets familiaux, il y a moins d'argent pour l'éducation des enfants, les soins de santé et autres besoins. Les problèmes financiers compromettent les besoins des enfants en termes de nutrition, d'accès aux soins, à l'habillement ou à la scolarité.

En Côte-d'Ivoire les dépenses de famille pour l'éducation ont diminué de moitié. En Ouganda, le décès d'un ou des deux parents diminue de moitié les chances que les enfants aillent à l'école et les jeunes qui vont à l'école y passeront moins de temps qu'avant. En outre, les enfants qui s'occupent des membres de leur famille en train de mourir du sida, mais qui restent à l'école sont, souvent plus âgés que leurs condisciples et courent donc davantage de risques d'abandonner l'école prématurément (Anarfi, 2002).

Le travail remplace l'école : soit à la maison, pour préparer les repas et faire le ménage, soit à l'extérieur pour rapporter un peu d'argent, et parfois dans les pires conditions. Les enfants orphelins travaillent beaucoup plus souvent que les non orphelins dans l'agriculture commerciale, et en tant que domestiques, professionnels du sexe et vendeurs ambulants. Exposés sexuellement, mal informés : comme si ce n'était pas assez, ces enfants sont des cibles idéales pour le VIH (Darmon, 2006).

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