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Le concept de développement durable : le cas de l'Afrique subsaharienne

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par Vincent Thierry BOUANGUI
Université de Reims Champagne - Ardenne - Diplôme d'étude approndie 1995
  

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PARAGRAPHE III : L'ACTE FINAL DE L'URUGUAY ET

L'ENVIRONNEMENT

Déjà mis à mal au cours des décennies passées par des politiques suicidaires, l'environnement et le développement vont subir de plein fouet les effets pervers du nouvel ordre marchand dirigé dorénavant par l'organisation mondiale du commerce (OMC). Car comme l'a su bien le dire Mr Gil ARCOAT, entre les accords du Gatt signés à Marrakech en Avril 1994 et la déclaration de Rio de Janeiro de Juin 1992, on se trouve en présence de deux logiques contradictoires dont on a quelque mal à croire qu'elles aient pu être adoptées par les mêmes chefs d'Etat à moins de deux ans d'intervalle(24). On ne peut pas comprendre que, d'un côté, 150 pays signataires de la charte de la terre reconnaissent que certaines activités de développement sont responsables de la dégradation de l'environnement terrestre et de l'épuisement des ressources et se prononcent en faveur d'un principe de développement durable, et de l'autre, 125 Etats signataires de l'acte final de l'Uruguay round optent pour la toute puissance du marché. Ils érigent le libre échangisme en dogme et s'octroient les prérogatives énormes leur permettant, encore plus que par le passé, de gaspiller les ressources, aggravant ainsi l'avenir de la planète(25).

Le problème paraît grave et les craintes justifiées dès qu'on se rend compte que les documents de Rio ne sont pas soumis au même pouvoir

(24)commerce, environnement, développement: le marché prédateur, Politis N°20 oct-nov, page 43. (25)Ibdem, page 43

contraignant que les accords de l'Uruguay round qui engagent, avec menaces de rétorsion en cas de refus, tous les signataires. Cette toute puissance des accords concoctés par des grandes firmes telles Coca-Cola, Carry, General motors, Boeing etc. -à travers les "comités de conseil en négociation commerciale"- paraît encore plus grave lorsqu'on se rend compte que les questions touchant à l'environnement étaient écartées de l'ordre du jour des discussions par ces firmes. Pour ces grands bénéficiaires du nouveau Gatt, il fallait bien entendu réussir le coup, car les mesures de protection de l'environnement ne devraient pas constituer une "entrave aux échanges commerciaux".

Avec le nouveau Gatt devenu OMC, les signataires dont 93 Etats du tiers- monde sur 125 seront contraints d'ouvrir sans restrictions leurs frontières aux multinationales, disposeront d'un bien plus grande liberté de manoeuvre que par le passé; les accords du Gatt jouissant d'une primauté sur les réglementations nationales. L'article XIV nous renseigne mieux à ce sujet. Il stipule en effet que "Chaque membre assurera la conformité de ses lois, ses réglementations et procédures administratives avec ses obligations telles qu'elles sont énoncées dans les accords", ce qui veut dire que les Etats ne peuvent pas établir des politiques de préservation de leurs milieux et édicter leurs propres normes et contrôler l'exportation de leurs ressources naturelles. Ceci est plus vrai pour les pays d'Afrique subsaharienne qui constituent le grand réservoir d'espèces vivantes de la planète, une richesse convoitée par les grandes firmes pharmaceutiques.

Dans le chapitre intitulé produits industriels, l'accord décide de la suppression des droits de douanes de plusieurs secteurs dont celui du bois et des produits de bois. On voit que là aussi l'acte de l'Uruguay round ouvre une grande voie à l'exploitation intensive des forêts, parce que la suppression des

droits de douane par définition veut dire favoriser la multiplication des importations des bois d'Afrique et d'ailleurs.

Ces failles que présente l'acte final de l'Uruguay round ne sont pas d'aujourd'hui. Depuis le début des négociations plusieurs défenseurs de l'environnement en avaient fait état. La création du Comité du commerce et de l'environnement de l'OMC est une volonté de repréciser certains principes dans la relation environnement-commerce. Mais la marge de manoeuvre du comité reste très infime d'autant plus qu'il ne peut pas faire plus d'effort de conciliation de ces deux secteurs sans que les Etats membres, les ultralibéralistes notamment, puissent taxer ses recommandations de dangereuses manifestations de protectionnisme commercial, comme ils l'ont fait lors de sa création. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas de l'OMC lui-même que proviendra une juste protection de l'environnement, car comme toute organisation incriminée, l'OMC tente de rejeter la responsabilité de la destruction de l'environnement sur d'autres. L'allocution du directeur général sortant du Gatt M. Peter SUTHERLAND lors du symposium du Gatt sur le commerce, l'environnement et le développement durable (10 Juin 1994) au siège de l'organisation en dit long. En effet, selon M. SUTHERLAND, "on ne peut demander aux seules politiques commerciales de résoudre tous les problèmes d'environnement. Ces politiques, et en particulier l'élimination des restrictions et distorsions commerciales qui sont préjudiciables à l'environnement, ont un rôle important à jouer, mais le commerce n'est que l'un des aspects de la politique économique à prendre en compte pour la protection de l'environnement et le développement. Les financements et le transfert de technologie constituent des pièces du puzzle tout aussi importantes."(26)

(26)Gatt press communiqué, Gatt 1636 du 10 Juin 1994, page 2/3

Ces obstacles tant internes qu'externes que nous venons d'examiner ont été pour certains déjà analysés à l'occasion de la conférence de Rio de Janeiro qui a arrêté un plan d'action visant à apporter des solutions à ces problèmes, donc à mettre en place le développement durable.

CHAPITRE II :
LE PLAN D'ACTION DE RIO A L'EPREUVE
DE L'AFRIQUE.

" Le "test de vérité durable" du succès ou de l'échec de la CNUED ne sera pas la reconnaissance éphémère de l'événement en tant que tel, mais la mise en oeuvre

effective des engagements pris"

Guy CORCELLE*

Dans l'engagement pris par la communauté internationale -Action 21 ou Agenda 21-, l'Afrique fait partie des régions où il y a plus de défis à relever. En dehors des programmes de lutte contre la pauvreté, préalable au développement durable en Afrique, les organismes des Nations unies se sont engagés à relever le défi de l'augmentation de niveau de santé mais aussi celui de lutte contre la désertification et l'augmentation de la démographie.

Ainsi, 3 ans après l'adoption de l'Action 21 il nous convient d'examiner la mise en oeuvre de celle-ci en dressant une sorte de bilan préliminaire de l'action du système des Nations unies et des gouvernements. Ce bilan se fera sur le plan institutionnel (I) et sur le plan pratique (II).

*20 ans après Stockholm :la conférence des Nations unies de Rio de Janeiro sur l'environnement et le développement: point de départ ou aboutissement?, revue du marché commun et de l'union européenne, n° 365, février 1993, page 131

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci