B-LES PESANTEURS SOCIO-CULTURELLES
A l'heure où se posent les problèmes de
l'environnement mondial, plusieurs Africains restent attachés à
des considérations empiriques qui consistent à trouver en la
nature une source inépuisable de richesses, ce qui fait que la
mobilisation des populations pour les préoccupations environnementales
n'est pas grande. La liste très limitative des ONG et associations de
défense de l'environnement atteste suffisamment ce point de vue. Daniel
Etounga MANGUELE (11) note à ce propos que "L'Africain,
ancré dans sa culture ancestrale, est tellement persuadé que le
passé peut se répéter, qu'il ne se soucie que sommairement
du futur...or, sans une perception dynamique de ce dernier, pas de planning,
pas de prévision, pas scénario, c'est-à-dire pas de
politique volontaire pour influer sur le cours des événements".
Cette culture caractérisée par le manque de capacité
planificatrice est un handicap particulièrement considérable dans
une période où la vitesse de changement s'accélère
surtout lorsqu'il s'agit de phénomène de dégradation.
Là où il faudrait continuellement planifier et replanifier, on ne
trouve que l'apathie de la société qui, dans sons rêve
d'immuabilité du monde, refuse de faire face à la
réalité du changement et de modifier son comportement en
conséquence(12).
Ces modes de pensées traditionnelles ne sont pas
seulement l'oeuvre de simples citoyens car les autorités
elles-mêmes n'ont pas véritablement à coeur les questions
environnementales à l'exception des politiques que nous avons
examinées plus haut. Le processus démocratique enclenché
en Afrique il y a 4 ans nous en a fait la preuve. En effet, les questions
environnementales étaient malheureusement absentes dans les
débats et dans les campagnes électorales
(11)Cité par F FALLOUX, in op.cit, Page 292.
(12)F FALLOUX, op.cit, page 315
même dans un pays comme le Madagascar qui a perdu en un
temps record la plus grande partie de son couvert végétal.
Aujourd'hui comme l'environnement est devenu le mot à
la mode, bon nombre de politiciens africains en parlent, mais leur discours
n'est pas étayé de suffisamment de connaissances de
véritables enjeux environnementaux ni de leur importance dans le
contexte du développement de leur pays. Et cela se manifeste au niveau
des budgets nationaux qui, en dehors des pays sahéliens (qui allouent
une bonne partie de leurs recettes dans le cadre du CILSS et de
l'OCLALAV:organisation commune de lutte anti-acridienne et anti-aviaire) ne
consacrent pas grand-chose pour la protection de l'environnement.
Par ailleurs, l'Afrique traverse aujourd'hui une crise
politique profonde dont l'instauration du processus démocratique est en
partie responsable. Cette crise peut faire obstacle au déroulement du
processus de PNAE. Sur les 47 Etats que compte l'Afrique subsaharienne,
quelques-uns connaissent de périodes troubles arrivant à
fragiliser l'Etat (en tant qu'instrument). La fréquence de ces troubles
est telle qu'une fraction des PNAE se trouve plus ou moins affectée. Le
cas plus extrême est celui de la Somalie où le processus PNAE
pourtant bien parti a sombré dans la guerre civile.
Dans de moindres proportions, la mise en oeuvre du PNAE au
Lesotho a été retardée par des coups d'Etat, des
changements de rois, bref par l'instabilité politique. Le PNAE au Rwanda
a été retardé par l'affreuse guerre civile dont il
a encore du mal à se remettre. La mise en oeuvre de
celui de Madagascar a düaffronter une crise politique profonde.
Le processus au Togo a été freiné par
les mêmes raisons. Bref, la crise politique en cours en
Afrique et qui pourra malheureusement s'amplifier en raison de quelques
remous sociaux dus au
problèmes des inégalités sociales et de la
redistribution des richesses causera beaucoup de torts à la mise en
oeuvre des politiques environnementales.
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