INTRODUCTION GENERALE
Les habitants des grandes villes sont confrontés, chaque
jour un peu plus, aux risques d'origines diverses dus au changement
environnemental. Ceci se traduit par de nombreuses perturbations dont les plus
importants sont : les tremblements de terre, des inondations
répétées, des glissements de terrains, la
sécheresse et les épidémies. Ainsi chaque année,
plusieurs catastrophes naturelles surviennent sur la planète. De 1971
à 1991, elles ont entraîné la mort de trois millions de
personnes et bouleversé la vie de 800 millions d'autres (UNESCO, 1991).
Le nombre important de victimes lié aux différentes catastrophes
est associé à une forte concentration des populations dans les
milieux à risque.
Cette pression se ressent avec beaucoup d'acuité dans les
villes. Le processus d'urbanisation a connu ces dernières années
un accroissement brutal et incontrôlable dû à une
arrivée massive des populations rurales. En effet, cette croissance
semble avoir atteint son point culminant au cours de ces cinquante
dernières années. L'occupation des milieux dits sensibles est la
conséquence de cette forte pression démographique. Celle-ci est
de plus en plus croissante dans les pays du Sud et on enregistre un taux
très élevé en Afrique avec 4% en moyenne par an (Harsch,
2001). Au Cameroun le taux d'urbanisation est passé de
37.8 % en 1987 à 47.2 % en 1997 pour 52% en 2010 (MINEFI, 1997 ; BUCREP,
2010). Environ 51% des camerounais vivaient en ville en 2003 et le Plan
National pour la Gestion de l'environnement (P.N.G.E) projetait
déjà qu'en 2010 deux camerounais sur trois vivront en ville.
Cette pression démographique est beaucoup plus observée dans les
chefs lieux des régions et certaines villes secondaires. Cette expansion
démographique, nourrie par un accroissement naturel important et un
exode rural intense qui n'a cessé de s'accélérer notamment
en direction de Yaoundé (313 706 en 1976, 649 252 en 1987 à 1 817
524 habitants en 2005), Nkongsamba (70 464 en 1976, 85 420 en 1987 à 104
050 habitants en 2005), Maroua (67 187 en 1976, 123 296 en 1987 à 201
371 habitants en 2005 ) et Bafoussam (62 239 en 1976, 112 681 en 1987 à
239 287 habitants en 2005). (BUCREP, 2005)
Douala tient principalement le fil de sa croissance
démographique de l'immigration dont les zones de départ couvrent
toutes les autres régions du Cameroun et s'étendent même
au-delà des frontières nationales. Sa population n'a cessé
de croître depuis les années 1970. Son aire urbaine et sa
population s'accroissent d'années en années sans que les
investissements infrastructurels suivent le même rythme. Les
autorités peinent à trouver les ressources nécessaires
pour répondre aux défis d'une urbanisation galopante (Michelon B.
2007). La croissance économique du Cameroun des années 1970 --
1977 a fait de la ville des
pôles d'agglomérations. C'est ainsi que Douala qui
comptait 170 000 habitants à la veille de l'indépendance est
passé à près de 400 000 habitants au premier recensement
de la population du Cameroun en 1976 (Mainet 1986). Au recensement
général de la population de l'habitat de 1987 la ville douala
comptait 1 500 000 habitants et celui de 2005 elle est passée
à
1 907 479 habitants (BUCREP, 2005).
Centre des affaires et poumons économiques du pays, la
ville de Douala n'a cessé d'être convoité par les
populations venant des autres régions du pays et même de
l'extérieur à la recherche du travail, du bien être et pour
des études. Le taux moyen d'accroissement démographique annuel
entre les recensements de 1976, celui 1987 et 2005 était
supérieur à 4%. L'augmentation régulière de la
population s'est traduite par une demande accentuée de l'espace urbain
pour le logement et l'installation des activités de toutes sortes. Cette
croissance accélérée et mal gérée par les
autorités de la ville a abouti à une véritable
conquête de l'espace. Dès lors l'accès au terrain
s'opère par discrimination des revenus et des acheteurs. Les moins
nantis face à la hausse vertigineuse du prix du mètre
carré d'un terrain légal ou immatriculé
préfèrent selon les limites de leurs moyens négocier
directement avec les autochtones. (MINDUH, novembre 2006). Ceux par contre qui
disposent des revenus suffisants ont accès à des terrains
aménagés et immatriculés. L'action des lotisseurs
autochtones constitue ainsi 80% de l'offre foncière à Douala
(Michelon B., 2007). C'est dans cet élan que Bépanda et
Maképè Missokè ont été occupé par ses
premiers habitants.
Ville très peuplée, Douala a une pression
démographique très forte en moyenne 5% par an. Comme toutes les
autres grandes métropoles africaines, elle s'est construite
anarchiquement. Les conséquences de cette urbanisation rapide se lisent
dans la saturation des infrastructures, l'intensification de la circulation,
l'étalement du périmètre urbain, l'exacerbation des
conflits fonciers et l'occupation des espaces fragiles.
L'étalement urbain se traduit par une mutation profonde de
l'organisation des territoires et une transformation des mentalités et
des idéologies. Globalement, à l'aube du XXIe siècle, les
faits sont là. « La ville triomphe : elle se répand presque
partout, jusqu'au fond des campagnes réputées profondes»
(Donadieu, 1998). Les raisons de ce mouvement de desserrement sont aujourd'hui
globalement connues et relèvent de l'aspiration des populations à
posséder et à vivre dans leurs logements propres, plus
confortables et surtout plus grands. Au total, en s'éloignant d'avantage
des centres urbains, on constate que les populations urbaines pauvres sont
poussées vers la périphérie et dans les bas-fonds
marécageux. La ville qui se limitait autour de l'espace portuaire a
connu très rapidement une forte extension. La croissance urbaine mal
maîtrisée a abouti à l'émergence des nouveaux
quartiers échappant au
contrôle total des aménageurs. Les populations
arrivant par vagues successives ont conquis tous les terrains y compris les
vallées non constructibles.
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