4) L'aide française à l'agriculture au Cameroun
et au Gabon : Une aide insignifiante en volume
En matière agricole, on assiste à une
répercussion de ce que l'on a pu observer sur le plan global, en ce qui
concerne l'aide française à ce secteur au Cameroun et au
Gabon.
En effet, on assiste à une aide notoirement
insignifiante en termes de volume allouée au Cameroun et au Gabon. Trois
sous-secteurs retiennent notre attention ici, les sous-secteurs du
développement agricole, de la recherche agricole et de la production
agricole.
L'observation de l'allocation sous sectorielle qui en est
faite par la France à ces deux pays, le démontre à souhait
au regard des tableaux 66, 67,68 suivants.
Tableau 66 : Aide française
affectée au développement agricole au Cameroun et au Gabon
(millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
5,6
|
0
|
6,4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
9,6
|
0
|
13,1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Gabon
|
0
|
3,9
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,5
|
0,5
|
0
|
0
|
0
|
0.1
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
Tableau 67 : Aide française à la
production agricole (céréales) au Cameroun et au Gabon (millions
de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
29,2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
5,0
|
1,3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7,4
|
0
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
Tableau 68 : Aide française à la
recherche agricole au Cameroun et au Gabon (millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,7
|
0,6
|
0,8
|
3,6
|
0,8
|
Gabon
|
0
|
0
|
0.3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0.1
|
0,1
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007.
En effet, tel qu'il est illustré dans ces derniers,
représentant respectivement l'aide française allouée au
Cameroun et au Gabon dans les sous-secteurs du développement agricole,
de la production agricole et de la recherche agricole depuis les années
1990, un fait majeur se dégage pour tous les trois sous-secteurs. C'est
le caractère purement fictif des fonds alloués par la France
à ces sous-secteurs au Cameroun et au Gabon. Or, ces trois sous-secteurs
constituent à notre avis, des champs névralgiques, dans la
conduite d'une politique agricole moderne et efficiente, garante ainsi aussi
bien de l'autonomie alimentaire des populations, que d'une politique
économique agricole portée vers la rentabilité au
bénéfice des populations locales. Mais le constat que l'on
établit au regard de ce que la France consent, à allouer à
ces trois sous-secteurs au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990
est clair. Si par le passé, elle a consenti à affecter des sommes
considérables à ces sous-secteurs, aujourd'hui il n'est plus
question d'affecter des sommes importantes à ces derniers ; soit parce
qu'elle estime déjà avoir suffisamment investi, soit qu'elle
s'est fixée de nouvelles priorités au détriment du secteur
agricole. Mais nous ne pensons pas que ces deux hypothèses soient
plausibles. A notre avis, l'affectation des sommes squelettiques à ces
trois sous secteurs agricoles clés traduirait une volonté
manifeste de la France, à maintenir l'agriculture camerounaise et
gabonaise dans une situation délabrée, les mettant ainsi sous une
dépendance notoire de leurs apports extérieurs, du fait de leur
faible productivité. Ce qui a pour effet conséquent de placer ces
deux pays dans une situation d'insécurité agro-alimentaire, car
dépendant significativement de l'extérieur. Ce qui traduit
ainsi, ce que l'on a pu noter aussi sur le plan global, à savoir un
manque d'intérêt manifeste de sa part au secteur agricole, qui
ressort ainsi dans les maigres fonds alloués à ce secteur.
Néanmoins, quelques infimes disparités existent
dans l'allocation sous sectorielle de la France au Cameroun et au Gabon dans
ces trois sous-secteurs. C'est ainsi qu'on peut observer que, dans les
sous-secteurs développement agricole et la recherche agricole, le
Cameroun a reçu plus de fonds comparativement au Gabon alors que dans le
sous-secteur production agricole, le Gabon semble se tailler la part du lion
par rapport à son voisin Camerounais, venant de la France. Mais, ces
quelques disparités n'enlèvent en rien à la
modicité considérable des sommes allouées par la France
à ces deux pays dans ces sous-secteurs, avec pratiquement plus
d'années blanches comparativement aux années où quelques
fonds ont été versés.
En somme, il découle au regard de ce qui
précède, que malgré les quelques disparités qui
puissent exister entre l'aide française octroyée au Cameroun et
au Gabon dans les quatre secteurs étudiés, une loi
générale semble se dégager pour ces deux pays : c'est la
modicité significative du volume de l'aide française
allouée au Cameroun et au Gabon dans ces quatre secteurs pourtant
clés. Ce qui est en pure contradiction avec le discours officiel de la
France qui insiste pourtant sur ces secteurs comme étant des
priorités en matière d'aide au développement, dans
lesquels elle devrait être plus concentrée. Mais l'exemple du
Cameroun et du Gabon semble plutôt nous prouver le contraire pour ce qui
est de ces secteurs. Ce qui nous amène à nous interroger sur les
fondements même de l'aide française.
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