2- L'aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon : une aide modique qui connaît une hausse
progressive
En observant l'évolution de l'aide française
allouée à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990,
deux faits saillants ressortent : d'abord c'est une aide qui se
caractérise par sa faiblesse en terme de volume et de pourcentage du
volume total de l'aide française octroyée à ces deux pays
; ensuite c'est une aide qui se caractérise quant même par une
hausse progressive en terme d'évolution.
Contrairement à ce que l'on a pu observer sur le plan
global, l'aide française dans le secteur de l'éducation au
Cameroun et au Gabon reste plutôt faible, aussi bien en termes de volume
qu'en termes de pourcentage du volume total de l'A.P.D. française.
En effet, au regard du tableau 60 ci après,
représentant respectivement pour le Cameroun et le Gabon l'aide
française allouée à l'éducation, on note que
celle-ci pour ces deux pays demeure constamment faible d'abord en terme de
volume. On note même des "années blanches" où les deux pays
n'ont bénéficié d'aucune aide venant de la France dans ce
secteur. C'est le cas des années 1991, 1994, 1996 pour le Cameroun et
1990, 1992, 1993, 1994 pour le Gabon.
En termes de pourcentage par rapport à l'aide totale
à leur accordée par la France, c'est à ce niveau que la
triste réalité s'étale avec plus de clarté. On
remarque ainsi une faiblesse notoire, avec par exemple pour le Cameroun,
près de 10 années où l'aide française à
l'éducation n'a pas franchi le seuil de 10% de l'aide publique
totale ; de 1990 à 1998, c'est avec beaucoup de peine qu'elle a
franchi le cap de 5%. C'est peu ou proue la même tendance pour ce qui est
du Gabon.
Cette réalité traduit sans aucun doute que, le
secteur éducatif au Cameroun et au Gabon est encore loin de constituer
une priorité dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide
française,tout au moins depuis 1990, au regard de l'extrême
modicité des fonds qui y sont affectés. Cela semble
refléter une absence de volonté venant de la France à s'y
impliquer véritablement ,par le biais d'une aide plus concentrée
dans ce secteur clé , où des besoins restent toujours
significatifs dans ces deux pays.
Toutefois, il existe quelques disparités entre ces deux
pays, car à y observer de près, on remarque que le Cameroun a
bénéficié de plus d'aide à l'éducation en
terme de volume, comparativement au Gabon dont l'aide est restée
relativement basse. Aussi en termes de pourcentage, on remarque quant
même que l'aide française à l'éducation au Gabon a
déjà retenu jusqu'à 60% de l'APD totale à lui
allouer, en 1997 ; plus précisément, alors que le pic pour
ce qui est du Cameroun est de 31,74% en 2001. Mais il faut retenir que cette
hausse notoire de la part de l'aide française à
l'éducation allouée au Cameroun et au Gabon, du volume total
pourrait s'expliquer par le fait que, ces années correspondent au moment
où l'aide totale française allouée à ces deux pays
a été significativement faible en terme de volume comparativement
aux autres années. C'est ainsi par exemple que l'aide française
totale se chiffre au Cameroun à 86,62 millions de dollars en 2001 alors
qu'elle se chiffrait en 2000 à 124,58 millions de dollars ou encore
à 170,99 millions de dollars en 1999.
Au Gabon de son côté, l'APD totale
française se chiffre en 1997 à 25,07 millions de dollars alors
que par le passé (en 1996 et 1995 notamment) elle se chiffrait à
110,06 et 114,32 millions de dollars. C'est dire que, la forte
représentativité en pourcentage de l'aide française
à l'éducation du volume total en 1997 et en 2001 au Gabon et au
Cameroun n'est que de façade et voile la réalité
véritable qui elle, est plutôt contraire.
Tableau 60 : Aide française à
l'éducation au Cameroun et au Gabon (en millions de USD)
|
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
Volume (millions USD)
|
7
|
0
|
5,8
|
3,5
|
0
|
5,4
|
0
|
14,1
|
12,2
|
27,1
|
26,3
|
27,5
|
30,6
|
30
|
32,8
|
33,8
|
Pourcentage (%)
|
3,2
|
0
|
1,9
|
0,65
|
0
|
1,91
|
0
|
5,81
|
6,57
|
15,84
|
21,11
|
31,74
|
18,92
|
9,23
|
25,4
|
4
|
Gabon
|
Volume (millions USD)
|
0
|
5,3
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0,8
|
15,1
|
14,5
|
21,1
|
22,5
|
21,6
|
22,2
|
22,2
|
23,3
|
20
|
Pourcentage (%)
|
0
|
3,25
|
0
|
0
|
0
|
1,83
|
0,72
|
60,23
|
37,76
|
57,33
|
1,75
|
2,56
|
39,87
|
0,65
|
1,02
|
0,4
|
Source : OCDE Stats 2007
Des disparités subsistent également en ce qui
concerne l'affectation sous sectorielle de l'aide française, à
l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990. Au
sein du secteur global de l'éducation, se regroupe trois sous-secteurs
principaux : les sous-secteurs de l'éducation de base, secondaire et
supérieur mais qui ne constituent pas les seuls.
Tableau 61 : Aide française à
l'Education de base au Cameroun et au Gabon (total en millions de
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0,9
|
0,9
|
0,8
|
1,1
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,3
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2
|
0,4
|
Source : OCDE Stats 2007
Tableau 62 : Aide française à l'
Education secondaire au Cameroun et au Gabon (total en millions de
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,4
|
1
|
1
|
0,9
|
0,9
|
0,8
|
0
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5,5
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2
|
0
|
Source : OCDE Stats 2007
Tableau 63 : Aide française à
l'Enseignement supérieur (total en millions de USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0
|
0
|
5,8
|
0
|
0
|
1,5
|
0
|
3,1
|
0
|
4,2
|
4
|
2,6
|
28,2
|
28,1
|
31,3
|
32,7
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE Stats 2007
L'observation attentive des trois tableaux ci-dessus (tableau
61, tableau 62, tableau 63), représentant respectivement l'allocation
sectorielle de la France à l'éducation de base,
l'éducation secondaire, et l'enseignement supérieur, fait
ressortir un sombre constat. On note en effet une aide disparate et infimement
représentée en volume pour le Cameroun et le Gabon depuis les
années 1990. On constate ainsi, pour ces trois sous-secteurs une
pléthore d'années blanches, où rien n'a été
affecté en terme de fonds par la France à ces trois sous
secteurs, pourtant névralgiques. Cette raréfaction notable de
l'aide française à ces trois sous secteurs clés pourrait
ainsi traduire son désengagement manifeste, et donc, son manque de
volonté à vouloir aidé le Cameroun et le Gabon, à
pouvoir relever leur système éducatif. On serait donc
poussé à se poser la question à savoir, si le
relèvement des systèmes éducatifs camerounais et gabonais
constituerait une menace pour la France ?
Cependant des particularités existent. C'est ainsi
qu'au regard de ces tableaux, on note une certaine répartition
inégale des fonds entre le Cameroun et le Gabon dans ces trois
sous-secteurs. On peut donc observer que le Gabon a
bénéficié depuis 1990 de plus de fonds venant de la France
dans les sous-secteurs de l'éducation de base et l'éducation
secondaire, alors que le Cameroun se taille la part du lion dans le
sous-secteur de l'enseignement supérieur. Mais cette
réalité ne doit pas oblitérer le fait que l'aide
française à l'éducation se caractérise par une
faiblesse notoire, aussi en terme de volume qu'en terme de pourcentage du
volume total de l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon
depuis les années 1990.
Néanmoins, cette faiblesse en terme de volume et de
pourcentage de l'aide française au Cameroun et au Gabon, ne doit pas non
plus cacher une hausse progressive et certaine de cette aide en terme
d'évolution comme l'indique le graphique 6 ci après.
Cameroun
Gabon
Graphique 6 : courbe
évolutive de l'aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon depuis 1990
Au regard de ce graphique, traduisant la courbe
évolutive de l'aide française à l'éducation au
Cameroun et au Gabon depuis 1990, on constate sur un plan global, une
augmentation progressive de l'aide française allouée à
l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990. Cette croissance est
beaucoup plus accentuée pour le Cameroun, alors qu'elle est relativement
constante pour le Gabon. On note également que l'année 1996
constitue pour ces deux pays, la période où l'aide prend
résolument une tangente ascendante, même si on peut noter que le
Gabon a connu un déclin significatif de l'aide française à
l'éducation en 2005, l'avenir nous dira si cette baisse va s'accentuer
ou si elle va reprendre le sens de la hauteur.
On pourrait donc se demander, au regard de ce graphique,
pourquoi à partir d'une certaine période, cette aide se met
à évoluer plutôt qu'avant ? En guise d'une tentative
de réponse, on peut dire que cette hausse progressive de l'aide
française à l'éducation affectée au Cameroun et au
Gabon à partir notamment de 1996, pourrait s'expliquer par un regain
d'intérêt de la France à l'égard du secteur
éducatif dans ces pays, à travers une augmentation notable des
fonds à ce dernier. Mais ce regain d'intérêt ne semble
être que de façade, car quand il faudra interroger les volumes
consentis et les proportions qu'ils occupent par rapport au volume global de
l'aide française, on constatera avec stupéfaction que celle-ci
demeure assez infime, et qu'il est par conséquent très
prématuré de considérer le secteur éducatif comme
étant une des priorités de la France dans sa politique
d'orientation sectorielle de l'aide au Cameroun et au Gabon, tout au moins
depuis 1990.
Ce que l'on peut retenir de cette sous partie est que, l'aide
française allouée à l'éducation depuis 1990 repose
sur un double paradoxe : alors que sur le plan global, elle est fortement
concentrée et consistante en terme de volume et de pourcentage, sur le
plan local (au Cameroun et au Gabon), elle brille cependant par une faiblesse,
une insuffisance aussi bien en volume qu'en pourcentage. Mais, en même
temps, elle connaît néanmoins une hausse progressive en terme
d'évolution générale, même si des disparités
sont à relever au niveau des volumes affectés aux
sous-secteurs ; ou au niveau de l'évolution de la courbe de l'aide
allouée à ces deux pays.
Après le secteur de l'éducation examinons
dès à présent le secteur suivant.
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