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L'orientation sectorielle de l'APD francaise en Afrique subsaharienne (1990 = 2005): les cas du Cameroun et du Gabon

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par Patrick Roger Mbida
Université de Yaoundé II - DEA 2007
  

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INTRODUCTION GENERALE

1- POSITION DU PROBLEME

L'aide au développement est certainement selon Marchant (1991), l'acte politico-économique qui a suscité plus d'espoir au cours du siècle dernier, pour les pays sous développés. Elle est certainement aussi celle qui a, semble-t-il, fait couler beaucoup de salive et d'encre.

Sur un plan historique, l'idée est plus ou moins récente, elle date d'un peu plus de 50 ans. Elle a été lancée en effet et mise en oeuvre à l'initiative des Etats-Unis, dans le cadre de l'European Relief Program, beaucoup plus connu sur le terme de plan Marshall, qui fut un programme de relance économique des pays européens ruinés au sortir de la deuxième Guerre Mondiale. Environ 13,3 milliards de dollars US furent alloués pendant quatre ans à près de 16 pays européens, représentant près de 10% de leur P.I.B (sogge, 2003 :19).

Pour ce qui est de l'Afrique, l'initiative de l'aide au développement débute au lendemain des indépendances, dans le cadre de la coopération bilatérale entre les pays africains nouvellement indépendants et leurs anciennes puissances colonisatrices. C'est une aide qui émane du secteur public, dans le but principal de faciliter le développement économique et d'améliorer les conditions socio-économiques des pays bénéficiaires (Daidj, 1998 :16). Mais, c'est dans les années 1970 que l'initiative de l'aide au développement connaît une consécration universelle et normative.

En effet, les pays donateurs, conscients du large écart socio-économique qui existe entre eux, et les pays sous développés du tiers monde ; considérant que ces derniers ne peuvent impulser une véritable politique de développement que par leurs propres moyens, se sont engagés à leur verser un pourcentage précis de leur PNB. C'est à cet effet que, le 24 octobre 1970, l'Assemblée Générale des Nations Unies vote la Résolution 2626 qui, dans son alinéa 43, dispose : «Vu l'importance du rôle que seule peut jouer l'aide officielle au développement, une portion majeure des ressources financières aux pays en voie de développement devrait s'effectuer sous forme de transfert de ressources publiques. Chaque pays économiquement avancé, accroîtra progressivement son aide (...) et s'efforcera particulièrement d'atteindre au milieu de la décennie au plus tard, un montant minimum en valeur nette de 0,7 pour cent de son Produit national brut » (Smith, 2003 : 102).

Plus récemment, en 2000, la même Assemblée Générale a adopté une série d'objectifs internationaux, afin de réduire la pauvreté et les inégalités dans le monde de cette date à 2015 : ce sont les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui s'imposent dès lors comme une "feuille de route" pour les pays donateurs en vue de contribuer efficacement par le biais de l'aide au développement, à améliorer les conditions socio-économiques des pays pauvres. C'est donc dans ce même ordre d'idée, que des ONG françaises se sont mobilisées en 2002 au sein de la campagne « votons pour un monde plus juste !», en faveur d'une augmentation de la contribution de la France au financement du développement. Cette mobilisation a permis de recueillir plus de 200000 signatures en faveur d'une aide publique au développement (APD), et a contribué à mettre cette question dans l'agenda de la campagne des élections présidentielles françaises en 2002. Cette mobilisation massive de ces différentes organisations rejoint ainsi une prise de conscience plus large au sein de la classe politique française, de la nécessité de renforcer la solidarité internationale. Prise de conscience, qui, depuis les années 1990, semble s'afficher très clairement dans le discours sur la politique française de son aide publique en faveur des pays en développement, qui sont dans une situation de besoin prégnant qui semble perdurer et devenir endémique.

Le sous continent africain semble être à ce titre au centre de la politique d'allocation de l'aide française. En 2004 par exemple, elle occupait 53,2% des 66% de l'APD française allouée en Afrique. En 2003, c'est pratiquement 57% de 69% de l'aide française allouée en Afrique, qui a été octroyée en Afrique subsaharienne. En 2002, la France a consacré environ 72% de son aide bilatérale en faveur de l'Afrique, dont 60% par l'Afrique Subsaharienne.

Toutefois, ces données globales, quoique séduisantes, doivent être prises avec beaucoup de prudence. Car, en matière d'APD, la qualité est aussi importante que la quantité. Ce qui nous amène à nous interroger sur l'allocation sectorielle de l'APD française en Afrique subsaharienne à partir de deux cas précis : Le Cameroun et le Gabon. Pourquoi le Cameroun et le Gabon ? Ce choix s'expliquerait par le fait que malgré les disparités géographiques et démographiques qui existent entre eux, ce sont deux pays ont néanmoins des rapports assez étroits avec la France, au regard de l'héritage historique commun qu'ils partagent avec cette dernière. Ces deux pays, dans une sous région en proie à une turbulence permanente, connaissent quant même une stabilité certaine depuis leurs indépendances respectives, et s'imposent comme les piliers économiques de leur sous région.

Car, l'APD française, si elle veut être plus efficace et non pas considérée comme « un maudit don du ciel », selon le terme consacré de Smith (2003) par les pays bénéficiaires, doit être orientée vers des secteurs prioritaires de ces derniers, et être plus concentrée en terme de volume, afin d'améliorer de manière rapide et croissante les conditions de vie des populations désireuses, qui vivent dans ces pays. Ceci aurait aussi pour effet rétroactif, pour le pays donateur, de bénéficier d'une aura internationale plus considérable aussi bien à l'égard de ses pairs que des pays bénéficiaires. Cela étant dit, comme principe de base, il est question de nous interroger sur l'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun et au Gabon dès 1990 à 2005; notamment dans les secteurs de la Santé, l'éducation, l'accès à l'eau potable et l'agriculture. Ceci, à travers un ensemble de questionnements : 1- comment peut-on caractériser l'orientation sectorielle de l'aide française affectée au Cameroun et au Gabon dans les différents domaines suscités depuis 1990 ?

2- Quelle incidence cette aide a pu avoir dans l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays?

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