CHAPITRE 1 : LES
DÉTERMINANTS DE L'INFLATION
L'étude des déterminants de l'inflation nous
amènera d'abord à essayer de définir l'inflation,
d'énoncer ensuite les formes, causes et conséquences de
l'inflation, on terminera avec une étude descriptive du taux d'inflation
de 1967 à 2006 par la mesure de l'inflation et les modalités
pratiques de son calcul au Sénégal.
I. Definition de
l'inflation:
Il y a inflation lorsque le niveau général des
prix croît alors que la valeur des marchandises en circulation (Produit
intérieur brut) n'augmente pas.
Dans toute économie, il existe une correspondance entre
ce qui est produit (localement ou importé) et la monnaie en circulation.
Le niveau général des prix est l'expression de cette
correspondance.
L'inflation se signale par une hausse de prix, mais toute
hausse de prix n'est pas synonyme d'inflation. Une hausse de prix est toujours
équivoque. Cette dernière peut être l'émanation
d'une pénurie momentanée, d'une augmentation de la demande, d'une
hausse localisée sur quelques marchés (par exemple le
marché du pétrole en ce moment). L'inflation est un accroissement
général, durable et structurel du niveau des prix ; elle commence
quand le processus de hausse de prix devient cumulatif et incontrôlable.
La dimension la plus importante dans l'inflation est d'ordre psychologique.
La problématique de l'inflation occupe actuellement une
place de premier plan dans les discussions sur la conjoncture économique
et sociale au Sénégal. La hausse des prix ampute le pourvoir
d'achat des ménages. Pourtant, l'inflation n'est pas chronique au
Sénégal puisque l'économie n'a pas enregistré des
hausses de prix supérieures à 3% depuis plus de dix ans.
Toutefois, on relève, depuis la fin de l'année 2006, une tension
continue sur les prix puisqu'ils affichent une hausse de 5,8% en moyenne sur
les onze premiers mois de 2007.
1. Rappels
théoriques sur l'inflation:
Dans la littérature économique, les
déterminants de l'inflation peuvent être classés en cinq
principales catégories :
a. Le
prix d'un produit est sensible à la pression, en amont, sur le
marché des facteurs. Ainsi, une hausse des salaires, non
compensée par une plus grande productivité du facteur travail,
des facteurs techniques de production et des matières premières
plus onéreux, alimente la tension sur les charges de l'entreprise.
L'accroissement des coûts de production des entreprises est de nature
à augmenter le prix du bien de consommation.
b. L'inflation par la demande résulte d'une croissance
de la demande non entièrement satisfaite, par les producteurs sans
surcoût, par l'effet compensateur des importations, ou par la
disponibilité de stocks.
Le cas de plein emploi du capital et du travail justifie
également ce type d'inflation, sous l'hypothèse d'un
progrès technique donné.
Une forte demande des ménages en biens de consommation
finale et des entreprises en consommations intermédiaires annonce une
reprise de l'activité. Si le délai de réaction des
producteurs de biens de consommation finale et de consommations
intermédiaires est long, cela engendre une situation de surchauffe.
L'offre étant insuffisante par rapport à la demande, la
discrimination s'opère, en général par une augmentation du
prix.
c. La hausse de la demande relève parfois d'un effet
liquidité. La hausse des prix diminue le pouvoir d'achat de la monnaie.
Le taux de croissance de la masse monétaire, mis en balance avec la
variation du niveau de la production de biens et services, ne doit pas
être excessif, au risque de conduire à une inflation,
qualifiée de monétaire. L'impact de l'augmentation de la masse
monétaire sur le niveau général des prix dépend du
cadre théorique retenu.
En admettant la neutralité monétaire, les
variations de l'offre de monnaie affectent uniquement les variables nominales
sans impacter les variables réelles (production, emploi, prix
relatifs...). En cas de hausse de l'offre de monnaie, le niveau
général des prix s'ajuste pour égaliser l'offre et la
demande de monnaie.
d. L'inflation résulte dans certains cas d'une hausse
des prix à l'importation si l'économie est suffisamment ouverte
sur l'extérieur. Cette hausse est toutefois due à une
dépréciation du Taux de Change Effectif Nominal et parfois
à une hausse des prix extérieurs.
e. Dans une économie, la variation du niveau des prix
traduit parfois les distorsions qui caractérisent l'activité
productive. Si certaines entreprises dominent le marché des biens et
services, leur productivité déteint fortement sur la structure
des prix.
L'approche par les produits adoptée dans ce document
n'est pas directement rattachée à l'une de ces conceptions
théoriques ; elle emprunte plutôt des éléments
à certaines d'entre elles.
2. Repères et faits
stylisés :
D'un point de vue chronologique, l'économie
sénégalaise a été marquée par des faits
économiques qui ont agi sur les prix à la consommation. Les chocs
ont trait à l'environnement international ou relèvent de
considérations internes.
Au niveau interne, la société nationale de
l'électricité (SENELEC) a réajusté en septembre
2006 le prix de l'électricité, longtemps bloqué en
dépit de la hausse du coût des intrants, principalement le fuel.
De même, le gaz butane a connu un raffermissement de prix,
favorisé notamment par les pénuries constatées sur le
marché. Ces deux mouvements ont engendré des relèvements
de prix dans les secteurs qui utilisent de manière intensive ces
produits comme input.
Par ailleurs, les cours de certains produits alimentaires de
grande consommation ont augmenté sur le marché mondial. C'est
notamment le cas du riz dont l'offre subit les mauvaises conditions climatiques
des pays producteurs et, à une certaine période, la faiblesse des
stocks au plan interne.
Le lait est marqué par la restriction de l'offre suite
au gel des exportations de l'Inde, pour des raisons liées à la
satisfaction de sa demande interne.
D'autres produits pâtissent de la faiblesse
saisonnière de l'offre. C'est le cas des produits halieutiques, peu
visibles en début d'année ou au lendemain de grandes fêtes
religieuses, compte non tenu de l'effet de l'émigration clandestine sur
la disponibilité de la main d'oeuvre. Les effets conjugués de
l'ensemble de ces éléments factuels ont contribué à
l'inflation constatée.
L'économie sénégalaise est très
ouverte sur l'extérieur, avec un degré d'ouverture de 35% en
2005, pour une moyenne de 34% entre 2001 et 2005. Des statistiques sur la
contribution des produits importés et des produits locaux à
l'inflation montrent que les produits locaux ont plus contribué à
l'évolution du niveau général des prix que les produits
importés (voir tableau 1).
Graphique 1 : Part des produits locaux et
importés dans l'inflation
Source : BCEAO
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